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Vous n'y croyiez plus ? Pourtant, ce chapitre est bel et bien le tout dernier de cette deuxième partie, qui vous aura fait voyager d'un bout à l'autre du premier tome de la trilogie ;)

C'est l'occasion d'appairer enfin le tout premier duo Sith de la Règle des Deux !


Chapitre n°69 :

La rencontre de deux destins


À de nombreux kilomètres de là, dans la direction opposée, Darth Bane ressentit lui aussi les répercussions de l'explosion. Il sentit l'onde d'énergie du Côté Obscur le traverser, et sa puissance le faire frissonner malgré la distance. Lorsqu'elle disparut, il invoqua la Force pour localiser ceux qui auraient pu s'en échapper. Comme il s'y attendait, il ne détecta personne. Ils étaient tous morts : Kaan, Kopecz, Githany... tous disparus.

La Confrérie des Ténèbres avait été purifiée, et d'après ce que savaient les Jedi, les Sith n'existaient plus. Bane avait bien l'intention de le leur faire croire encore longtemps.

Il était le seul Seigneur Noir des Sith, le dernier de son espèce. La charge de reconstruire l'Ordre lui incombait, désormais, mais cette fois-ci, il ferait comme il l'entendait. Au lieu d'une multitude, il n'y aurait que deux Sith : un Maître et son apprenti.

Pour survivre, les Sith devaient disparaître et devenir des créatures de mythes, de légende et de cauchemar. Ainsi soustraits aux regards des Jedi, ils pourraient se consacrer à la découverte des secrets perdus du Côté Obscur jusqu'à ce qu'ils contrôlent sa pleine puissance. Une fois leur victoire assurée, ils pourraient déchirer ce voile d'ombre et révéler leur existence.

Le chemin qui les attendait serait long et pénible. Il leur faudrait probablement des années ou des décennies avant de pouvoir de nouveau s'attaquer à la Lumière, peut-être même des siècles. Mais Bane était patient. Il avait conscience de ce qu'il allait advenir et de ce qui devait être accompli. Il ne serait peut-être plus présent pour assister au triomphe du Côté Obscur, mais ceux qui le suivraient continueraient son action. Un jour, dans un lointain futur, la République tomberait, les Jedi périraient, et la galaxie toute entière s'inclinerait devant un Seigneur Noir des Sith. C'était inévitable. Telle était la nature du Côté Obscur.

Satisfait d'avoir mené à bien son objectif sur Ruusan, il se mit en route pour rejoindre son vaisseau. Il savait que les Jedi qui avaient réchappé à l'explosion viendraient rechercher d'éventuels survivants, mais à ce moment-là, il serait déjà loin.

Un souci continuait néanmoins à le tracasser. Afin que la destinée des Sith puisse s'accomplir, il devait encore trouver un apprenti digne de ce nom. Un individu possédant de fortes aptitudes dans la Force, mais qui n'avait pas été corrompu par les enseignements des Jedi. Il devait trouver un enfant digne de devenir l'héritier de la toute-puissance du Côté Obscur.

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~oOo~

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Rain avait le sommeil agité, mais elle ne se réveillait pas. Quelqu'un l'appelait, mais elle ne voulait pas répondre. Dans ses rêves, elle s'imaginait encore vivre chez elle avec ses cousins, et jouir d'une vie simple et joyeuse. Si elle se réveillait, elle devrait accepter la vérité : cette existence avait disparu à jamais.

Réveille-toi, Rain...

Elle avait disparu le jour où le Jedi – il s'appelait Maître Torr – était venu les recruter pour rejoindre l'Armée de la Lumière. Elle n'avait jamais vraiment voulu le suivre, mais Bug et Tomcat, ses cousins, partaient tous les deux. Ils étaient sa seule famille, et elle ne voulait pas rester seule. Elle était jeune, dix ans à peine, mais bénéficiait déjà d'une aptitude à maîtriser la Force assez puissante. Maître Torr l'avait donc laissée venir, elle aussi.

Il leur avait dit qu'il les conduisait sur Ruusan, où ils deviendraient des Jedi, mais rien ne se déroula comme prévu. Leur navette avait été attaquée lorsqu'ils avaient pénétré dans l'atmosphère de la planète. Peu de choses lui revenaient en mémoire, hormis le souvenir d'une explosion et de cris. L'une des ailes du vaisseau avait été arrachée, et Rain était tombée. L'épave fumante de la navette devint une tache dans le ciel. Tandis que le vaisseau s'emballait, Rain chutait encore et encore jusqu'à ce que...

Rain, réveille-toi !

Laa ! Laa l'avait sauvée, et c'était Laa qui l'appelait maintenant. Elle ouvrit lentement les yeux et s'assit, encore un peu sonnée.

Rain a dormi longtemps. Rain doit se réveiller, maintenant.

- Je suis réveillée, Laa, répondit-elle au bondissant qui lévitait dans les airs au-dessus d'elle.

Laa l'avait sauvée en la rattrapant en plein vol, alors qu'elle effectuait une chute libre de plusieurs centaines de mètres dans le ciel de Ruusan.

Des mauvais rêves, Rain.

- Non, rétorqua-t-elle. Pas des mauvais rêves, Laa. J'ai rêvé que j'étais chez moi.

Laa ne lui parlait pas réellement. Elle entendait uniquement ses paroles dans son esprit. Laa avait beau lui avoir expliqué qu'elles communiquaient grâce au pouvoir de la Force, lorsque Rain lui répondait, elle le faisait toujours à voix haute.

Des mauvais rêves arrivent.

Rain fronça les sourcils en essayant de comprendre ce que Laa tentait de lui expliquer. Lorsque les bondissants parlaient de rêves, ils désignaient parfois autre chose. Par moments, les bondissants semblaient avoir des prémonitions. Rain se souvenait parfaitement des paroles de Laa, juste avant que la forêt toute entière ne disparaisse sous les flammes : Des mauvais rêves, Rain. Des rêves de mort.

L'incendie avait tué la plupart des autres bondissants. Les survivants étaient tous devenus fous, à l'exception de Laa. Rain avait réussi à la sauver. Elle avait utilisé la Force pour les protéger, elle et Laa, de l'incendie et de la destruction, sans vraiment savoir comment elle y était parvenue. C'était tout simplement... arrivé. Rain et Laa étaient maintenant seules.

Des mauvais rêves arrivent, répéta le bondissant.

Quelques heures plus tôt, Rain avait ressenti une sensation étrange : la terre avait tremblé sous ses pieds, comme si quelque chose avait explosé, au loin. Laa parlait-elle de cela ? Était-ce son mauvais rêve ? Ou son ami essayait-elle de l'avertir d'une chose qui allait se produire ?

- Je ne comprends pas, reprit Rain en balayant des yeux la petite clairière entourée de broussailles où elle s'était endormie.

Elle ne vit rien d'étrange – du moins, pas encore.

Adieu, Rain.

Rain percevait de la douleur dans les propos de Laa, et cela lui fendit le cœur comme un coup de couteau. Pourtant, elle ne voyait toujours pas de quoi le bondissant pouvait bien parler.

Avant qu'elle ne puisse le lui demander, elle entendit un bruit dans les buissons. Elle se retourna et aperçut deux hommes qui pénétraient dans la clairière. Elle comprit immédiatement qu'il s'agissait de Jedi, parce qu'ils portaient les mêmes robes brunes que Maître Torr, et qu'à leur ceinture pendait un sabre-laser. Chacun d'eux portait également un fusil blaster.

- Un bondissant ! cria le premier Jedi. Attention !

Ils réagirent si rapidement qu'elles ne les virent même pas ouvrir le feu. Le temps que Rain laisse échapper un cri, son amie était déjà morte.

Elle hurlait encore, lorsque le premier Jedi courut à sa rencontre.

- Tu vas bien, ma petite ? lui demanda-t-il en se baissant.

Elle réagit instinctivement et l'attaqua. Elle ignorait comment elle faisait cela, c'était inconscient de sa part. Elle savait seulement qu'il avait tiré sur son amie. Il avait tué Laa !

- Qu'est-ce qu'il y...

Ses paroles moururent dans sa bouche, Rain lui brisant le cou avec la Force. Son compagnon Jedi écarquilla les yeux d'horreur, mais avant qu'il ne puisse réagir, elle lui fit subir le même sort.

Rain s'arrêta alors de crier. Elle se mit à pleurer, le corps secoué de sanglots. Elle se pelotonna contre le pelage doux et vert du cadavre encore chaud de Laa, à l'endroit même où il gisait.

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~oOo~

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Bane la découvrit à cet endroit. Une jeune enfant humain pleurant la mort d'un bondissant de Ruusan. Les cadavres des deux Jedi se trouvaient à proximité, leurs nuques brisées et horriblement déformées. Il ne lui fallut qu'un instant pour comprendre ce qu'il venait de se passer.

La petite fille leva la tête dans sa direction, les yeux rouges et gonflés. Elle devait avoir neuf ans, dix tout au plus. Il sentait le pouvoir de la Force qui brûlait en elle, alimenté par le chagrin, la rage et la haine. Bien qu'il n'ait pas tout de suite détecté ses talents, les corps brisés des deux Jedi en disaient long sur ses aptitudes.

Il ne dit rien, et se contenta de la regarder en silence. Les sanglots de la petite fille cessèrent. Elle renifla et essuya son nez avec le revers de sa main. Puis, elle se leva et fit un pas hésitant dans sa direction.

- Qui es-tu ? lui demanda-t-il d'une voix grave et menaçante.

Sa réponse se fit hésitante, mais elle ne recula pas et ne chercha pas à s'enfuir.

- Je m'appelle Rain... ou plutôt Zannah. Mes cousins m'appelaient Rain, mais ils sont morts maintenant. Zannah, c'est mon vrai nom.

Bane opina du chef, comprenant tout à fait ce qu'elle lui racontait. Rain était un surnom, un nom lié à son enfance et à l'innocence – une innocence désormais perdue.

- Tu sais qui je suis ? lui demanda-t-il de nouveau.

Elle acquiesça et fit un autre pas vers lui.

- Tu es un Sith.

- Et tu n'as pas peur de moi ?

- Non, insista-t-elle en secouant la tête.

Bane devinait cependant qu'elle n'était pas entièrement honnête. Il sentait sa peur, mais elle était enfouie sous d'autres émotions bien plus fortes : le chagrin, la colère, la haine et le désir de se venger.

- J'ai tué de nombreuses personnes, l'avertit Bane. Des hommes, des femmes... et même des enfants.

Elle frissonna, mais ne recula toujours pas.

- Moi aussi, je suis une tueuse.

Bane jeta un coup d'œil aux cadavres des deux Jedi, puis reporta son attention sur la petite fille qui se tenait avec défi devant lui. Était-elle celle qu'il recherchait ? La Force l'avait-elle volontairement guidé sur ce chemin, tandis qu'il rejoignait son vaisseau ? La Force l'avait-elle conduit jusqu'ici pour qu'il trouve son apprentie ?

Il lui posa une dernière question, la plus importante de toutes.

- Connais-tu la nature de la Force ? Comprends-tu la vraie nature du Côté Obscur ?

- Non, répondit Rain en toute sincérité sans baisser les yeux. Mais tu peux me l'enseigner. Je suis jeune. J'apprendrai.