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Alors, comment se débrouille cette pauvre petite ? :o


Chapitre n°75 :

Seule contre tous


Zannah avait mal aux pieds. Elle avait mal aux mollets. Ses cuisses la brûlaient à chaque pas. Pourtant, elle ignorait la douleur et s'obligeait à continuer d'avancer.

Elle marchait depuis que le vaisseau de Bane avait disparu à l'horizon, la laissant seule, une fois de plus. Sa mission était claire : rallier Onderon. Pour l'accomplir, il lui faudrait un appareil lui permettant de quitter Ruusan, ce qui impliquait de trouver d'autres personnes. Comme elle n'avait pas la moindre idée de l'endroit où chercher des gens, elle avait choisi une direction au hasard et s'était mise en route.

Elle était trop petite pour piloter le motojet dont Bane s'était servi. Tout d'abord, cela ne l'avait pas gênée : elle se servait de la Force pour se propulser, et elle courait si vite que le paysage autour d'elle n'était qu'un défilé flou de couleurs. Mais si la Force était infinie, ses aptitudes à l'utiliser ne l'étaient pas. Ses talents se développaient toujours, alors elle ne tarda pas à sentir la fatigue. Elle avait vu ses foulées ralentir à mesure que ses forces s'épuisaient, et bien qu'elle ait tenté d'invoquer le pouvoir du Côté Obscur encore et encore, en puisant dans ses dernières réserves de colère et de haine. Sa volonté harassée n'avait obtenu qu'une réponse vacillante.

À présent, elle n'était plus qu'une petite fille exténuée qui avançait d'un pas lourd dans les contrées dévastées de Russan. Pourtant, elle refusait de céder au désespoir, et elle concentrait toute son énergie à poser un pied devant l'autre, mécaniquement. Elle n'aurait pu dire ni combien de temps, ni sur combien de kilomètres elle s'entêta dans cette épreuve avant d'être récompensée, lorsqu'au loin, elle aperçut une navette.

Une vigueur nouvelle envahit ses membres, et elle se lança dans une course maladroite. Elle voyait plusieurs personnes autour du vaisseau – une jeune femme, un homme plus âgé, et deux adolescents. À son approche, la femme la remarqua enfin, et appela l'un de ses compagnons :

- Bordon ! Dis aux garçons que nous avons quelqu'un qui a besoin d'aide !

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~oOo~

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Quelques minutes plus tard, Zannah était installée à l'intérieur de la navette. Perchée sur un coffre d'approvisionnement, elle dévorait à la chaîne des barres nutritives prises dans un kit de rations, qu'elle faisait descendre avec l'aide d'une tasse de café bouillant. L'un des garçons avait déployé une couverture épaisse sur ses épaules, et tout l'équipage formait maintenant un demi-cercle protecteur autour d'elle.

- Je n'avais encore jamais vu quelqu'un d'aussi menu manger autant, commenta la femme en riant.

Elle ne semblait pas être originaire de Ruusan. Elle avait la peau mate, les cheveux noirs coupés courts, et elle portait un gilet rembourré sous son blouson. Un blaster était accroché à sa ceinture, ce qui, pour Zannah, en faisait assurément une militaire quelconque.

- À quoi t'attendais-tu, Irtanna ? dit l'homme.

Au contraire de la femme, il paraissait être natif de cette planète. Il était large d'épaules, avec le teint buriné et une courte barbe brune. Il ressemblait un peu à Root, le cousin de Zannah qui l'avait élevée durant ses premières années, sur Somov Rit, son monde de naissance.

- La pauvre n'a que la peau sur les os. Quand as-tu mangé correctement pour la dernière fois, gamine ?

Zannah secoua la tête.

- Sais pas, fit-elle sans cesser de mastiquer.

Elle n'avait pas accepté leur offre de nourriture que par politesse. Depuis son arrivée sur Ruusan, elle n'avait avalé que des racines et des baies, et son corps avait continuellement été à la limite de la famine. Ce régime avait duré si longtemps qu'elle s'était habituée aux crampes qui nouaient son estomac toujours vide, au point qu'elle n'avait quasiment plus conscience de sa faim chronique. Mais dès l'instant où la première bouchée de nourriture décente toucha sa langue, elle se souvint de son appétit, et à présent, tout son corps était déterminé à compenser des semaines de malnutrition.

- Où sont tes parents ? demanda Irtanna.

- Morts, répondit la fillette après une seconde d'hésitation.

Cette nourriture était délicieuse. Le simple plaisir physique de manger était une sensation extraordinaire, mais elle ne pouvait se permettre la moindre distraction – pas maintenant. Elle devait se montrer très prudente dans ce qu'elle dirait à ces gens.

L'homme s'accroupit à côté d'elle et la regarda dans les yeux. Quand il parla, ce fut d'une voix douce, pleine de sympathie :

- Tu as d'autres proches ? Des frères ou des sœurs ? N'importe qui ?

Cette fois, elle secoua simplement la tête.

- Une orpheline de guerre, murmura tristement Irtanna.

- Je m'appelle Bordon, lui dit l'homme. Voici Irtanna, et ces deux-là sont mes fils, Tallo et Wend. Et toi, quel est ton nom ?

Elle n'avait aucune envie de leur révéler sa véritable identité, et elle préféra donc se rabattre sur son surnom d'enfance.

- Rain, lâcha-t-elle.

- Rain ? C'est un prénom bizarre. Jamais entendu quelqu'un qui le portait, jusqu'à aujourd'hui, dit Tallo.

C'était le plus grand des deux garçons, et il devait avoir seize ans.

- Il y a beaucoup de noms que tu n'as pas encore entendus, se moqua son père d'un ton voilé par l'ombre d'une remontrance.

Il s'adressa de nouveau à Zannah :

- Es-tu blessée, Rain ? Ou malade ? Nous avons des médicaments, si tu en as besoin.

- Je vais bien. J'avais faim, c'est tout.

- Nous ne devrions pas l'emmener avec nous ? interrogea Irtanna.

Bordon ne quitta pas Zannah des yeux pour répondre :

- Pourquoi ne pas le lui demander directement ? Rain, veux-tu venir avec nous ?

- Je dois aller sur Onderon, répondit Zannah sans réfléchir, et elle s'en voulut aussitôt.

- Onderon ? Il n'y a rien sur ce morceau de caillou, à part des monstres ailés et des Chevaucheurs de Bêtes, railla Tallo. Tu dois être un peu tordue, si tu veux te rendre là-bas.

- Du calme, garçon, le tança Bordon. Tu n'as jamais quitté Ruusan, alors comment le saurais-tu ?

- J'ai entendu des gens en parler, répliqua l'adolescent. Autour des campements, dans ce genre d'endroits.

- Eh bien, il ne faut pas croire toutes les histoires qu'on raconte dans les campements, lui rappela son père. Maintenant, va attendre avec ton frère à l'avant de la navette.

- Allez, viens, grogna Tallo en saisissant le bras de son frère.

- Ce n'est pas juste ! protesta ce dernier. Je n'ai rien fait, moi !

- Pourquoi veux-tu aller sur Onderon ? demanda Irtanna quand les garçons furent partis. C'est une planète très dangereuse, pas du tout l'endroit indiqué pour une petite fille toute seule.

- Je ne serai pas toute seule. J'ai... j'ai de la famille là-bas, mentit Zannah. Il faut juste que je les retrouve.

Bordon se caressa le menton d'une main, puis tirailla pensivement dans sa courte barbe.

- Ce pourrait être très difficile de les retrouver sur un monde comme Onderon, dit-il. Il n'y a pas quelqu'un d'autre que nous pourrions contacter pour toi ? Un ami de la famille sur Ruusan, peut-être ?

- Il faut que j'aille sur Onderon, répéta Zannah.

L'homme se redressa et se tourna vers Irtanna.

- Je vois. Notre jeune invitée m'a l'air sacrément déterminée à quitter cette planète.

- Nous ne pouvons pas te conduire sur Onderon, dit Irtanna, mais nous pouvons t'emmener avec nous quand nous quitterons Ruusan.

- Pour m'emmener où ? demanda Zannah, instantanément soupçonneuse.

- Nous avons toute une flotte de vaisseaux en orbite autour de la planète, Rain. Là-haut, tu seras en sécurité. Nous trouverons quelqu'un pour s'occuper de toi.

- Je peux m'occuper de moi toute seule, fit-elle d'un air de défi.

- Oui, je m'en rends compte, dit Bordon, mais ce n'est pas très gai d'être tout le temps seule, n'est-ce pas ?

Comme la fillette ne répondait pas, il ajouta :

- Voilà ce que je te propose : la nuit ne va pas tarder à tomber, que dirais-tu de venir avec nous pour rejoindre la flotte ? Demain, nous pourrons toujours réfléchir à ce qu'il convient de faire. Et si tu veux toujours aller sur Onderon, nous verrons comment t'aider, mais si tu changes d'avis, peut-être pourras-tu rester avec moi et les garçons pendant quelques temps, sur Ruusan, au moins jusqu'à ce qu'on ait retrouvé ta famille.

Zannah ne cacha pas son ébahissement. Bordon lui tapota gentiment l'épaule.

- Pas de problème, dit-il. Tu n'es pas obligée de répondre tout de suite, mais penses-y, d'accord ?

L'enfant réussit à hocher la tête, puis elle se remit à manger, l'esprit toujours chaviré.

- Je vais tout préparer pour le décollage, fit la jeune femme qui sortit du compartiment en direction de l'avant du vaisseau.

Bordon se tourna une fois de plus vers Zannah.

- Je dois aller aider Irtanna. Toi, tu restes ici et tu termines tranquillement ton repas, entendu ?

Zannah acquiesça une fois de plus. Il y avait quelque chose de réconfortant dans la façon dont Bordon s'adressait à elle. Il lui donnait l'impression qu'elle était en sécurité, et importante. Elle le regarda qui passait le sas séparant ce compartiment du cockpit.

- Tu n'as qu'à appeler, si tu as besoin de quelque chose, lança-t-il encore sans se retourner.

Une minute plus tard, les moteurs rugirent et la navette s'arracha du sol, mais Zannah en eut à peine conscience. Son cerveau était assiégé par des émotions opposées. Une partie d'elle-même hurlait en silence qu'elle ne pouvait pas rester là, qu'il fallait qu'elle agisse maintenant ! Il était hors de question qu'elle les laisse la ramener au sein de la flotte. Il y avait trop de gens là-haut, trop de Jedi. Quelqu'un ne tarderait pas à remarquer ses talents particuliers, et commencerait à poser des questions. Ils découvriraient la vérité sur Darth Bane, et tout ce que son Maître lui avait promis – tout le savoir et les pouvoirs du Côté Obscur –, tout serait irrémédiablement perdu.

Pourtant, une autre partie d'elle-même désirait rejoindre la flotte. Bane l'avait prévenue que son apprentissage serait une lutte longue et difficile, et elle était lasse de lutter. Et puis, il l'avait abandonnée. Bordon, à l'inverse, lui avait offert d'intégrer son foyer et sa famille. Qu'y aurait-il eu de mal à simplement accepter sa proposition ? Bane avait déclaré qu'elle était l'élue qui devait recevoir l'héritage des anciens Sith, mais était-ce réellement ce qu'elle voulait ?

Avant qu'elle ne puisse trouver une réponse à ce dilemme, elle entendit un bruit et leva les yeux. Wend revenait du cockpit pour lui parler. Elle lui donnait treize ans à peu près, à peine quelques années de plus qu'elle.

- Papa dit que tu n'as plus du tout de famille, fit-il en guise de préambule.

Zannah ne savait pas trop comment répondre, aussi se contenta-t-elle d'un petit signe de tête.

- Ils sont morts à la guerre ? demanda-t-il. Les Sith les ont tués, c'est ça ?

Elle haussa les épaules. Elle préférait ne pas trop s'expliquer au cas où, par inadvertance, elle dévoilerait un détail qui mettrait en danger la crédibilité de son histoire.

- Ma mère était soldat, dit encore le garçon. Elle était très brave. Elle est allée combattre les Sith quand ils ont débarqué sur Ruusan.

- Que lui est-il arrivé ?

Elle posait la question uniquement parce que c'était ce qu'il attendait d'elle, et que ne pas le faire aurait pu lui paraître étrange. Elle ne voulait surtout pas attirer trop l'attention sur elle.

- Elle est morte pendant la Quatrième Bataille de Ruusan. Tuée par les Sith. Papa dit que...

- Wend ! fit la voix de Bordon depuis le poste de pilotage. Reviens ici et laisse Rain un peu tranquille.

Avec un sourire gêné, le garçon tourna les talons et la laissa seule avec ses pensées. Mais grâce à ce qu'il venait de dire, elle avait pris sa décision.

Bordon avait offert de l'accueillir chez lui, comme membre à part entière de sa famille. Il la tentait avec une vie simple mais heureuse, et pourtant, ses belles paroles ne décrivaient que des promesses creuses. La paix est un mensonge.

À quoi servaient une famille ou des amis si vous n'étiez pas assez fort pour les protéger ? Bordon avait perdu sa femme, Tallo et Wend leur mère. Quand les Sith étaient arrivés, ces trois-là avaient été incapables de sauver celle qu'ils aimaient le plus au monde.

Zannah savait ce que c'était que se sentir impuissante et ce que l'on éprouvait quand on vous ôtait ce qui vous était le plus cher, et elle s'était juré que cela ne lui arriverait plus jamais.

Bordon et sa famille étaient des victimes, des esclaves enchaînés par les fers de leur propre faiblesse. Or, Zannah se refusait à endosser de nouveau le rôle de victime. Bane lui avait promis de lui enseigner les voies du Côté Obscur. Il lui montrerait comment déchaîner le pouvoir intérieur et se libérer des fers de ce monde.

Par le pouvoir, je gagne la victoire. Par la victoire, mes chaînes sont brisées !

La découverte de ce qu'elle était – l'acceptation de son destin – poussa Zannah à l'action. Elle voulut faire appel à la Force pour retrouver l'énergie nécessaire, mais elle était encore trop harassée pour pouvoir recourir à ses talents. Sans se décourager, elle entreprit de fouiller les caisses d'approvisionnement entassées dans la soute, à la recherche de quelque chose qui lui permettrait d'empêcher la navette de rejoindre la flotte.

Elle trouva ce qu'elle désirait à l'instant où Tallo revenait à l'arrière.

- Papa voulait que je voie si tu... Eh ! Qu'est-ce que tu fais ?!

Zannah referma les doigts sur la crosse du blaster une fraction de seconde avant que l'adolescent ne la percute et la plaque au sol.

- Sale petite voleuse ! jura le garçon en essayant de lui arracher l'arme.

Il pesait bien trente kilos de plus qu'elle, mais elle se débattait avec un désespoir sauvage et faisait tout pour qu'il ne l'immobilise pas complètement.

Alertés par les bruits de leur lutte, Bordon arriva en courant.

- Mais qu'est-ce qui se passe ici ? tonna-t-il.

À cet instant précis, la décharge partit. Il était impossible de dire quel doigt avait pressé la détente, car Tallo et Zannah agrippaient tous deux l'arme pour l'accaparer. Mais par l'effet d'une malchance sinistre ou d'un noir destin, le canon de l'arme était pointé sur le garçon. L'impact créa un trou béant au centre de sa poitrine, et il mourut instantanément.

Les mains de l'adolescent s'amollirent et lâchèrent le blaster. Son corps bascula en avant, et s'effondra sur les jambes de Zannah, la coinçant sous sa masse. À l'autre extrémité du compartiment, Bordon assista à la scène, les yeux agrandis par l'horreur. Avec un cri de détresse presque inhumain, il se rua vers son fils pour lui porter secours.

Quand elle vit le père du garçon qu'elle venait de tuer se précipiter sur elle, Zannah réagit par pur instinct de conservation, et elle tira. La décharge toucha l'homme juste au-dessus de la ceinture. Il tomba à genoux avec un grognement de douleur, et ses deux mains se crispèrent sur le trou fumant à son estomac, puis il en tendit une vers la fillette. Elle laissa échapper un hurlement de terreur et de dégoût, et actionna l'arme une nouvelle fois. Bordon fut tué net.

- J'ai entendu des détonations ! cria la voix d'Irtanna par l'interphone de bord. Bordon ! Que se passe-t-il à l'arrière !

Il n'y avait pas une seconde à perdre. En se tortillant, Zannah parvint à se dégager de sous le corps de Tallo. Elle se releva et courut vers l'avant. Elle y fit irruption pour trouver Wend, toujours sanglé à son siège par le harnais de sécurité. Irtanna s'était détachée et se levait, très probablement pour aller aider Bordon. Elle avait dû engager le pilote automatique avant de pouvoir quitter sa place, ce qui avait fourni à la fillette les quelques précieuses secondes nécessaires pour prendre la main.

- Rasseyez-vous et ne bougez plus ! cria Zannah en pointant le blaster sur la femme.

Elle eut l'impression que sa voix sonnait creux dans l'espace confiné du cockpit – la voix d'une enfant apeurée. Irtanna hésita, puis obéit.

- Qu'est-il arrivé ? demanda-t-elle d'un ton étonnamment maîtrisé. Quelqu'un est blessé ?

- Définissez le tracé optimum jusqu'à Onderon, ordonna Zannah sans répondre à la dernière question.

Son cœur battait tellement fort qu'elle avait du mal à entendre sa propre voix.

- D'accord, fit Irtanna en entrant les coordonnées dans la console de commande. Je ferai tout ce que tu voudras, mais garde ton calme.

L'autonav du vaisseau émit un tintement pour signaler qu'il avait enregistré la nouvelle destination, et la femme se tourna à demi sur son siège. Elle regarda droit dans les yeux de cette fillette qui les avait pris en otage.

- Pose ce blaster, Rain.

Il y avait dans sa voix une assurance froide qui faisait écho à son expression résolue.

- Je ne m'appelle pas Rain, répliqua l'enfant sans desserrer les dents. Mon nom, c'est Zannah !

Irtanna se leva très lentement.

- Qui que tu sois, tu vas me donner ce blaster.

- Plus un geste, ou je vous abats ! menaça Zannah d'une voix étrangement aiguë.

Comment peut-elle rester aussi calme ? se demanda-t-elle alors qu'elle-même luttait pour apaiser sa respiration affolée. C'était elle qui tenait l'arme, et pourtant elle avait l'impression de perdre le contrôle de la situation.

- Non, dit la jeune femme d'une voix posée en avançant d'un unique pas vers elle. Tu ne m'abattras pas. Tu n'es pas une tueuse.

L'image des deux Jedi morts sur Ruusan s'imposa subitement à l'esprit de Zannah, aussitôt suivie de celle de Bordon et de son fils qui gisaient sans vie dans le compartiment arrière de la navette.

- Oh si, j'en suis une, grinça-t-elle en écrasant la détente de son index.

Irtanna eut le temps de pousser un hoquet de surprise, avant de s'effondrer sur le plancher. Une mort instantanée, propre. Zannah attendit une seconde, le temps de s'assurer qu'elle n'était plus, puis elle braqua le blaster sur Wend. Celui-ci avait assisté à la scène sans bouger d'un pouce, ni même penser à déboucler son harnais de sécurité. La peur le paralysait.

- Ne me tue pas ! implora-t-il.

Elle sentait la terreur qui émanait de tout son être, et cette chaleur à présent familière du Côté Obscur qui se revivifiait en elle. C'était comme un feu liquide qui s'écoulait dans son corps, calcinait sa culpabilité et ses doutes, raffermissait sa détermination.

L'esprit de Zannah fut soudain submergé par une découverte aussi soudaine qu'écrasante : la peur et la douleur étaient des composantes inévitables de toute existence, et il valait bien mieux les infliger à autrui qu'en souffrir.

- Je t'en prie, ne me tue pas..., gémit Wend. Je ne suis qu'un enfant, comme toi...

- Je ne suis pas une enfant, dit Zannah en tirant. Je suis une Sith.