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Chapitre n°124 :

Un nouveau délai


Une main sur la poignée de son sabre-laser, elle s'avança jusqu'au seuil et jeta un coup d'œil circonspect à l'intérieur. Dès le premier regard, les dégâts lui apparurent. Le plâtre des murs était craquelé et brûlé à plus d'une dizaine d'endroits. Ici et là, le marbre du sol était noirci. Les filaments poisseux d'un filet synthétique de capture et des cendres étaient visibles un peu partout.

Les meubles étaient renversés ou brisés. Elle ne détectait aucune présence dans la maison, mais c'était d'un pas toujours prudent qu'elle se rendit à l'étage.

Une rapide inspection des différentes pièces lui confirma qu'elle n'avait aucun danger immédiat à redouter, et elle rangea son arme. Il semblait que la plus grosse part des dégâts s'était concentrée dans l'entrée et le salon attenant. S'il y avait des réponses à trouver, c'était très certainement là qu'elle devrait les chercher.

Lorsqu'elle revint sur le balcon, ce fut pour constater sans grande surprise que Set lui avait désobéi. Il était assis dans un fauteuil à peu près intact, un verre de vin à la main, et il attendait avec décontraction qu'elle le rejoigne. Une bouteille tout juste ouverte était posée à côté de lui, sur le sol.

- Votre Maître a très bon goût, dit-il en levant son verre comme pour porter un toast à Bane.

Il était évident qu'on avait attaqué le Seigneur Sith ici, et il était logique de supposer que les agresseurs étaient arrivés dans le vaisseau non-enregistré qu'avait évoqué Chet. Qui étaient-ils et pourquoi avaient-ils agi ainsi, c'étaient là les mystères pour l'instant sans réponse. Elle descendit l'escalier et alla fermer la porte d'entrée.

- Je t'avais dit d'attendre dans le speeder.

- Je m'ennuyais, répondit-il avant de changer de sujet. Il semble que la confrontation à laquelle vous vous attendiez ne soit plus d'actualité, finalement. Je suppose que vous devenez la nouvelle Dame Sith par forfait.

- Les choses ne se font pas ainsi, marmonna-t-elle. Par ailleurs, mon Maître est toujours vivant. S'il était mort, je l'aurais senti.

Set se pencha pour prendre la bouteille et se resservir.

- Je ne sais pas pourquoi, mais je craignais que vous disiez cela. Une idée de qui a pu faire tous ces dégâts ?

- Aucun de nos ennemis ne sait que les Sith existent toujours, lui rappela-t-elle.

- J'ai comme l'impression qu'il y a quelque chose que vous ne me dites pas, remarqua Set avant d'ajouter, ma Dame.

- Bane est revenu sur Ciutric cette nuit seulement, répondit-elle car elle ne voyait aucune raison de lui cacher ce qu'elle avait appris. Et Chet m'a dit qu'un vaisseau non-identifié s'est posé près d'ici peu de temps avant son arrivée.

- Vous pensez que ces deux faits sont liés ?

- Je ne crois pas aux coïncidences, répliqua-t-elle. Je pense possible que Bane m'ait envoyée sur Doan pour me tenir éloignée quelques temps, et je pense qu'il s'intéressait à quelque chose sans rapport avec le reste.

- N'en soyez pas si sûre, répondit Set.

Il lui montra ce qui ressemblait à un petit bouton bleu qu'il tenait entre le pouce et l'index.

- Où l'as-tu trouvé ?

- Dans les débris de ce qui fut un canapé, là-bas.

Il lui lança sa trouvaille, qu'elle attrapa au sol. Un peu de sang maculait le bouton, et masquait en partie l'insigne doré.

- C'est le symbole de la Maison Royale de Doan, lui dit Set.

- Doan ? répéta-t-elle, de plus en plus perplexe. Pourquoi des gens de Doan viendraient-ils ici ? Et comment auraient-ils fait pour nous localiser ?

Set haussa les épaules.

- C'est vous la Dame Sith, à vous de me le dire.

Zannah ne répondit pas immédiatement. Se mordillant la lèvre inférieure, elle analysa la situation avec le plus grand soin, l'examina sous tous les angles. Il demeurait encore trop de facteurs inconnus pour qu'elle puisse arrêter un plan sans défaut, mais elle savait déjà ce qu'elle devait faire.

- Nous devons aller sur Doan.

- Attendez une petite minute, protesta Set en levant sa main libre. Vous êtes certaine de le vouloir ? Je veux dire, même si votre Maître est toujours vivant, je pense probable qu'il soit prisonnier.

- Oui... et il est prisonnier sur Doan.

- Et alors ? Nous allons voler à son secours uniquement pour que vous puissiez tenter de le tuer vous-même ?

Ce serait en accord avec la Règle des Deux, songea-t-elle, mais il existait d'autres raisons, plus pragmatiques, d'agir ainsi.

- Mon Maître est intelligent, puissant et très rusé. Il est trop dangereux pour qu'on puisse l'ignorer. S'ils le retiennent prisonnier, il peut très bien trouver un moyen de s'évader, et s'il le fait, il reviendra m'affronter... mais ce sera au moment et à l'endroit que lui aura choisis, et non moi. Même s'il ne parvient pas à s'échapper, il est à peu près certain que ses ravisseurs le soumettront à des interrogatoires pour lui soutirer des informations. Or, il risque de révéler mon existence aux Jedi, ou à d'autres ennemis, et je ne tiens pas à courir ce risque. De plus, je veux savoir qui l'a attaqué, et pourquoi. Et s'ils l'ont bien capturé, je veux apprendre comment ils s'y sont pris, les tactiques qu'ils ont employées pour venir à bout d'un adversaire aussi formidable, et comment je peux avoir l'assurance que la même chose ne m'arrivera jamais.

- Donc, c'est juste pour ne rien laisser au hasard ?

Elle perçut de la réticence dans sa voix, cette même réticence qu'elle avait sentie lorsqu'elle lui avait proposé de le prendre pour apprenti. Set avait passé la majeure partie de son existence à fuir les problèmes, plutôt qu'à les résoudre. Elle savait qu'il préférerait éviter ses ennemis, que de chercher un moyen de les détruire. Avec le temps, elle le guérirait de ce défaut. Elle lui apprendrait la voie Sith, mais pour l'instant, elle avait simplement besoin de son aide.

- Je dois aller voir quelqu'un, lâcha-t-elle.

Quelques jours avant tous ces événements, Chet lui avait parlé de la rencontre entre Bane et Argel Tenn, elle s'en souvenait. Il n'était pas impossible que le collectionneur ait déniché un quelconque manuscrit Sith dont le contenu aurait poussé Bane à quitter Ciutric.

- Je vous accompagne ?

Zannah secoua la tête.

- Non. Trouve tout ce que tu peux sur Doan. Si la famille royale est impliquée, où ils auraient pu emmener mon Maître, et comment le localiser.

Set poussa un soupir de mécontentement.

- Je suis donc promu bibliothécaire distingué ?

- Rejoins-moi ici dans deux jours, ordonna Zannah. D'ici là, j'aurai décidé de ce qu'il conviendra de faire ensuite.