.
Chapitre n°129 :
Sur sa piste
Zannah approchait du but. Son cheminement dans le labyrinthe de salles et de couloirs que formait la Prison de Pierre s'était déroulé dans une obscurité presque totale. Seule la faible lumière verdâtre de son bâtonnet éclairant l'avait guidée – ainsi que la Force.
Elle pouvait déceler la présence de son Maître dans les profondeurs du complexe carcéral, mais elle prit plusieurs fois un mauvais embranchement aboutissant à un cul-de-sac. La disposition des lieux était, à dessein, déroutante afin de contrarier tout effort de secourir les prisonniers enfermés ici, mais elle finirait par atteindre son objectif, elle n'en doutait pas.
Elle vit devant elle une lumière pâle qui se déversait derrière un coude du couloir, et elle sut que sa patience allait être récompensée. Elle s'approcha du tournant à pas de loup, et découvrit un passage brillamment éclairé. Elle avait atteint la section qu'on avait remise en service. Bane devait être tout proche.
Elle laissa tomber son bâtonnet et s'avança prudemment, tous les sens aux aguets pour ne pas croiser le chemin d'un garde, tandis qu'elle continuait de se concentrer sur la position de la cellule où ils retenaient son Maître prisonnier.
Elle avait parcouru moins de cent mètres, lorsqu'elle sentit une perturbation soudaine et violente dans la Force. Un instant plus tard, la sirène hurla et Zannah compris ce qu'il venait de se passer : Bane s'était échappé !
Son sabre-laser s'alluma avec un bourdonnement léger, et elle se mit à marcher plus vite. Elle n'essayait plus de détecter les gardes qui pouvaient se trouver devant elle. Avec Bane libre de ses mouvements, elle avait besoin de se concentrer uniquement sur lui. Son Maître allait se déplacer, et elle était allée trop loin pour le perdre maintenant.
La sirène emplissait toujours l'air de son cri. Zannah fit abstraction de ce son et se focalisa sur les éclairs de puissance qu'elle sentait à travers la Force, chacun ressemblant à un signal qui la guidait vers Bane.
Elle emprunta un couloir, et arriva à un coude derrière lequel elle découvrit une porte entrouverte.
Il est là. Dans la pièce suivante, ou celle qui est juste après. Elle sentait sa présence, son pouvoir incomparable.
Elle longea le mur et s'approcha de la porte, puis elle plongea en un roulé-boulé et se redressa dans le même élan au centre de la pièce.
Ce qu'elle découvrit était la preuve que Bane était passé par là. Les corps des gardes massacrés jonchaient le sol. Une porte en duracier pendait de travers, à moitié arrachée à ses gonds, révélant l'amorce d'un escalier qui donnait sur une autre salle, en contrebas.
Le Côté Obscur s'était déchaîné ici quelques minutes plus tôt seulement. Elle pouvait détecter les dernières traces de sa puissance.
Elle avança vers la porte avec une extrême prudence, tout en sondant mentalement la pièce suivante. Une fois encore, elle perçut le pouvoir de son Maître.
Il est piégé.
Elle interrompit ses efforts pour pister Bane, et se concentra sur l'usage de la sorcellerie Sith afin de dissimuler sa propre présence, puis elle dévala les marches.
Inutile de s'évertuer à ne pas faire de bruit, car avec la sirène, il y avait peu de risques qu'il entende le son de ses pas.
Elle surgit dans la salle inférieure et, une fois de plus, ses espoirs furent déçus. D'autres cadavres de gardes étaient éparpillés autour d'une table fracassée, mais Bane n'était visiblement nulle part. Elle avait pisté un écho de sa personne, et elle avait raté sa véritable cible.
C'est impossible... à moins que...
Bane savait qu'elle était là ! Il s'était joué d'elle, en laissant son empreinte dans cette pièce pour l'y attirer pendant qu'il s'échappait – mais il ne pouvait être allé très loin.
Elle tourna son regard vers l'escalier, puis elle examina les cadavres. L'un semblait avoir péri des mains mêmes de Bane. Un autre était mort d'un coup de vibrolame, et deux autres avaient été abattus à bout portant avec un blaster.
Intriguée, Zannah remonta dans l'autre pièce. Là, les corps étaient tout simplement désarticulés, leurs membres tordus selon des angles impossibles, les os brisés sous la peau.
Il n'y avait rien de remarquable dans la façon dont ils étaient morts. À maintes reprises dans le passé, elle avait vu son Maître utiliser des tactiques similaires. Elle s'intéressait beaucoup plus à ce qui manquait : il n'y avait aucune blessure infligée par un sabre-laser.
Bane était désarmé lorsqu'il avait attaqué ses adversaires. Bien sûr, il se pouvait qu'il ait retrouvé son arme depuis ce combat – mais si ce n'était pas le cas, et qu'il rôdait dans les couloirs de la prison sans elle, alors il était vulnérable. Aussi puissant qu'il soit, Zannah estimait être maintenant son égale. Sans son arme, le Seigneur Sith n'avait pratiquement aucun espoir de la vaincre.
Elle ferma les yeux, oublia le hurlement de la sirène et fit appel à la Force. Cette fois, elle ignora la trace dense du Côté Obscur que Bane avait laissée dans les salles de garde. Il ne lui fallut que quelques secondes pour retrouver la piste du Seigneur Noir. Comme elle l'avait pensé, il était toujours dans la prison.
J'arrive, Maître, et un seul d'entre nous sortira d'ici vivant.
