Merci à ZeAngel pour sa correction et sa relecture.
Disclaimer : Les personnages ne sont pas à moi à part les trois ravisseurs et éventuellement certaines ex-copines de Draco Malfoy (comme Marilyn par exemple).
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Chapitre 2 :
Des rires firent écho dans la cave vide où deux hommes tabassèrent à coups de pied, le souffre-douleur qui se trouvait au sol. Draco supportait de moins en moins leurs coups, mais il s'était juré de ne jamais s'effondrer jamais devant ses ravisseurs.
« On devient célèbre Jimmy, on devient célèbre ! Répéta Bryan pour la énième fois depuis la veille
- Oui, Nylia va être ravie. » Répondit le métis, un grand sourire aux lèvres.
Draco ne comprenait pas à quoi ils faisaient allusion. Pourquoi ils deviendraient célèbres ? Et qui était-ce cette Nylia ? Il n'arrivait pas à réfléchir tellement les coups pleuvaient sur son corps meurtri. Depuis hier, les deux bourreaux ne l'avaient pas laissé tranquille une seule fois. Draco n'avait pas réussi à dormir, la nuit dernière. C'était son deuxième jour en tant que captif et ses deux tortionnaires s'amusaient énormément à lui infliger des douleurs insoutenables sur son pauvre corps qui supportait de moins en moins toute cette torture.
Depuis hier après-midi, Draco les entendait dire qu'ils allaient être célèbres et que le monde allait encore parler d'eux. Il n'osait pas leur demander de quoi ils causaient, par crainte d'avoir une sentence encore pire que ce qu'il subissait déjà. Le regard envieux de Bryan le dissuada rapidement de dire quoi que ce soit. Il ne préférait même pas imaginer ce qui cachait derrière son air pervers et tenta depuis la veille d'oublier ses mains sur lui. Il espérait en son for intérieur que Bryan ne recommencerait pas à faire ce genre de chose.
Un coup plus féroce lui arracha un cri aigu. Soudainement, il ne ressentit plus le tabassage. Il sentit brutalement les maux provenant de ces ecchymoses ici et là, présents sur son torse ainsi que son visage. Il devina qu'une petite bosse était en train de pousser sur son front. Quelques traces rougies des coups de fouet étaient fraîchement ancrées sur sa peau pâle, lui rappelant la longue torture qu'il avait dû exposer sous ses propres plaintes. Il crut durant un instant que son nez était cassé lorsqu'un léger saignement surgit de sa cavité nasale. Il essaya de se tenir droit, tenant tête aux deux hommes qui étaient toujours devant lui. Le mat prenait un papier journal avant de comprendre que c'était La Gazette, le plus célèbre des journaux sorciers. L'homme lui jeta négligemment le journal dans sa direction, accentuant un bruit sourd, preuve que le magazine venait de tomber auprès du blond. Ce dernier observa les gros titres d'un article et comprit que ce dernier parlait de la prise d'otage.
« Bon, il est temps de rejoindre Nylia. » Dit simplement Jimmy dans un ton neutre.
Sans un mot de plus, les deux complices quittèrent le sous-sol d'un pas impatient, laissant Draco seul, avec pour seules compagnies un journal et ses blessures vives. Le jeune homme observa les photos en noir et blanc qui s'animèrent sous son regard surpris : Les journalistes avaient écrit un article sur la prise d'otage et sur son enlèvement. Rapidement, il parcourut les lignes dans une lecture silencieuse.
« Draco Malfoy kidnappé lors d'une prise d'otage !
Le jeudi 14 février vers 22hOO trois personnes cagoulées se sont introduites dans un des restaurants les plus chics de Londres The Palm Court. D'après plusieurs témoignages, les trois individus étaient armés de leurs baguettes et ont commencé à persécuter l'héritier Malfoy qui était accompagné d'une charmante jeune femme. D'après sa petite amie, Marilyn McLastest, ils étaient en train de dîner tranquillement en amoureux lorsque des bruits suspects ont été entendus, avant d'apercevoir les trois ravisseurs les menacer. Ces derniers ont finalement laissé les otages sains et saufs, une heure plus tard, en prenant Draco Malfoy avec eux.
Rappelons, que Draco Malfoy et sa famille avaient soutenu les idéaux du Mage Noir durant la guerre, il y a trois ans. Un procès l'avait innocenté malgré la marque des Ténèbres sur son bras. En effet, lors de cette audience, le célèbre Survivant, Harry Potter, a témoigné pour assurer sa liberté.
Pour le moment, des recherches ont été demandées afin de retrouver l'héritier Malfoy ainsi que les malfaiteurs. La nouvelle équipe de la section des personnes portées disparues constituée de Neville Londubat, Théodore Nott et de Harry Potter, va tout faire pour permettre à Draco Malfoy de retrouver les siens. Qui aurait cru qu'Harry Potter serait dans cette nouvelle équipe ? Son courage légendaire prouve encore une fois qu'il est prêt à sauver des gens !
Maintenant que va-t-il se passer ?
Est-ce que cette prise d'otage avait pour but d'enlever l'héritier Malfoy ? Qui sont ces trois ravisseurs ? La famille Malfoy recevra-t-elle une demande de rançon ?
C'est une affaire que votre journaliste préférée, Rita Skeeter, compte bien suivre ! »
Une équipe était à sa recherche… Il songea à Théodore qui l'avait informé, quelque semaine plus tôt, de sa réussite à la formation d'auror, et que ce dernier comptait s'insérer dans une équipe en manque d'effectif. Draco n'aurait jamais cru que Théodore travaillerait en équipe, lui qui aimait la solitude, ce fut une grande surprise pour l'héritier Malfoy. Il avait compris que son ami n'était pas réellement dérangé par la compagnie des autres personnes et que ce n'étaient pas des collègues stupidement suicidaires - comme Draco aimait dire en parlant de Potter et de Londubat — qui l'empêcheraient de faire comme il le voulait. Après tout, Théodore était un Serpentard, quand il voulait quelque chose, en général, il l'obtenait.
Ses pensées dérivèrent vers les collègues de son ami. Il y a quelques jours encore, avec Blaise, il avait revu Théodore et ce dernier lui avait révélé qu'il appréciait la compagnie de Neville. Un sourire se forma sur les lèvres de Draco face à ce souvenir. Il se rappela que Blaise avait demandé à leur ami s'il n'était pas malade. Celui-ci avait soupiré doucement en levant les yeux face à l'exagération de Blaise. Quant à lui, il avait observé Théodore avec plus d'attention, se demandant silencieusement en quoi la compagnie du sorcier le plus maladroit qu'il n'avait jamais connu pouvait être agréable. Il devait admettre que parfois, il ne comprenait pas Théodore.
À ce souvenir, son sourire devint triste. Il voulait tant revenir en arrière, remonter le temps et éviter d'aller à ce restaurant. Il voulait revoir ses amis et sa mère qui la savait angoissée face à son absence. Une petite pensée se tourna vers son père emprisonné à Azkaban, est-ce qu'il savait que son fils unique était en danger ? Peut-être que sa mère l'avait averti, à moins que cela soit Potter ? En songeant à lui, Draco se souvint de l'avoir aperçu parfois au ministère de la magie ainsi que sur le chemin de Traverse où la plupart du temps, ils s'étaient croisés dans une boutique de Quidditch. Il s'appuya contre le mur où ses poignets touchèrent le tuyau humide tout en reposant sa tête, le regard vers la petite fenêtre. Son ventre commença à le tirailler et le manque de sommeil se fit sentir. Il ferma doucement ses yeux, profitant de l'absence de ses bourreaux pour se reposer.
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Il était midi moins le quart lorsque Harry Potter traversa les couloirs de la prison des Sorciers, où Narcissa Malfoy était à ses côtés pour rencontrer le père de Draco. Cela faisait plusieurs années que le Survivant ne l'avait pas revu. Pas depuis les procès contre les Mangemorts songea-t-il. Il observa le dos du gardien en face de lui, qui les accompagnait jusqu'à la salle des visiteurs où les familles avaient le droit de voir les détenus une fois par semaine.
« C'est ici. » Déclara le surveillant pénitencier avant de lui saluer et de reprendre son poste.
Harry ouvrit la porte et tel un gentleman, laissa entrer Narcissa avant lui. Puis, sans se retenir, il observa la décoration. C'était une petite pièce où trois chaises entouraient une table en bois de forme rectangulaire. Les murs étaient gris clair. Cette pièce était faite pour mettre le plus à l'aise les visiteurs, rendant ainsi leurs moments avec les prisonniers plus intimes. Il vit Narcissa s'installer en face de son mari avant qu'Harry décidât, lui aussi, de prendre place.
Il dévisagea doucement l'homme qui se tenait en face de lui. Ses longs cheveux blond pâle étaient abîmés et son visage était terne. Ses yeux de couleur mercure étaient soulignés de cernes foncés et devant cette vue, Harry ne pouvait s'empêcher de détourner son regard, mal à l'aise. Lucius Malfoy était dans un piteux état et Harry connaissait les séquelles que pouvait avoir la prison Azkaban sur ses détenus. Depuis la disparition de Voldemort, le ministère de la magie avait changé certains dispositifs en ce qui concernait la prison sorcière. Il s'était inspiré des prisons moldues où des espaces confidentiels étaient aménagés ainsi qu'une nouvelle surveillance, supprimant ainsi la présence des Détraqueurs à tous les étages. Cela avait, pour la même occasion, crée une nouvelle formation, celle de surveillant pénitencier qui était en expansion.
Après de brèves salutations, Harry vit Narcissa prendre la main de son mari et songea simplement que c'était un couple fort qui pouvait traverser n'importe quelle épreuve, même celle du milieu carcéral. Il admira le courage de Narcissa à faire face à toutes les situations qui lui faisait obstacle. Son mari était en prison et son fils s'était fait enlever, il y avait quoi à devenir dépressif, s'écrouler et ne plus pouvoir se relever. Étonnamment, Narcissa était toujours droite, la tête jamais baissée, prête à encaisser toutes critiques et rumeurs que la population sorcière pouvait dire. Narcissa était une femme forte.
« Des nouvelles de Draco ? » S'enquit Lucius avec sa voix froide.
On pouvait dire tout ce qu'on voulait sur Lucius Malfoy, mais ce qui était sûr, c'était qu'il s'inquiétait pour son fils comme tout parent constitué d'une conscience et de responsabilités. Harry savait par le biais de Narcissa que la relation entre Draco et son père était très fragile. Draco en voulait à Lucius de l'avoir forcé à devenir Mangemort à son tour. Il lui en voulait aussi d'être peureux alors que son rôle était de protéger son unique enfant et de sa femme. Harry pouvait comprendre cela, songeant à ses parents qui avaient donné leurs vies pour lui.
« Pas pour l'instant. J'aurai quelques questions à vous poser, cela peut nous aider à retrouver votre fils. »
Dès que Narcissa avait su pour la disparition de Draco, elle avait contacté Azkaban afin qu'elle puisse le voir d'urgence pour lui faire part de cette effroyable nouvelle. Elle n'aurait jamais cru qu'un jour cela leur arriverait. Lorsque La Gazette s'en était enthousiasmée de cette affaire, elle avait simplement craqué dans les bras de Lucius qui l'avait réconforté du mieux qu'il pouvait. Malheureusement dans ce monde, les malheurs des uns faisaient le business des autres.
Lucius acquiesça simplement, signe qu'il était d'accord pour lui fournir des informations nécessaires.
« Est-ce que vous avez reçu des menaces ? Que cela soit par écrite ou orale. »
Un sourire hypocrite se forma sur son visage avant de glisser un regard en direction de sa chère et tendre.
« Je suis en prison, Monsieur Potter. Bien sûr que d'autres détenus m'ont déjà menacé et insulté, mais elles me concernent personnellement. Jamais je n'ai entendu de menaces à propos de ma femme ou de mon fils.
- Avec mon équipe, nous avons établi plusieurs hypothèses. Par exemple, le fait que ça peut être des anciens Mangemorts en libertés qui se sont pris à votre fils afin de vous atteindre. Vous connaissez des personnes susceptibles d'en avoir après votre fils ? Ou après vous, Monsieur Malfoy ? »
La main de Lucius serra instinctivement celle de Narcissa qui, à ce contact, échangea un petit sourire rassurant qu'elle seule savait faire.
« C'est possible. Je ne suis plus en contact avec eux depuis la guerre.
- Bien. J'aurai quand même besoin de leurs noms, même ceux que vous rencontrez en prison.
- Même ceux en prison ? S'étonna Narcissa
- Oui, il se peut que la personne derrière tout cela puisse être enfermée et manipuler d'autres personnes pour faire le travail à sa place. Tout comme il se peut que cela soit d'autres personnes qui ne sont rien à voir avec Monsieur Malfoy et les autres Mangemorts repentis. Nous devons vérifier toutes les pistes. Et malheureusement si cela ne vous concerne pas, c'est que votre fils a des ennemis qui peuvent être n'importe qui, et qu'ils ont un désir de représailles.
- Oh Merlin... »
Narcissa mit sa main à sa bouche, essayant de supporter le choc de ces informations qu'Harry venait de leur révéler.
« Je ne souhaite qu'une seule chose Monsieur Potter : que mon fils soit sain et sauf. Si vous pensez que je connais les identités des personnes qui ont kidnappé Draco, alors permettez-moi de vous les fournir au plus vite.
- Bien sûr. » Répondit Harry en ouvrant son petit sac en bandoulière posé sur ses genoux.
Le jeune homme venait de sortir un parchemin ainsi qu'une encre et une plume. Il les avança vers Lucius, pour lui faire comprendre qu'il devait écrire les noms des anciens Mangemorts. Dix minutes plus tard, le parchemin fut rempli de plusieurs noms et fut entre les mains de l'Auror. Ce dernier le plia et rangea soigneusement dans sa grande sacoche en espérant que cela facilitera leur enquête. Plus le temps s'écoulait, plus les chances étaient minimes pour retrouver Draco Malfoy en vie. Mais cela, il avait préféré rien dire aux parents, ne supportant pas de les voir encore plus anéantis qu'ils étaient déjà. Harry laissera Théodore se charger de leur avouer cette terrible réalité, sachant qu'il était plus proche de la famille que Neville et lui.
« S'il y a quoi que ce soit qui vous revienne et qui peut nous être utile, n'hésitez pas à nous le faire savoir par le biais de votre femme. »
Il s'avérait que le contact avec l'extérieur était très difficile à nouer lorsqu'on était détenu d'Azkaban. Harry préférait que Lucius fasse part de ses renseignements à sa femme, qui elle, pourrait facilement les contacter en cas de besoin. Après avoir rangé le matériel, Harry salua Lucius dans une poignée de main avant d'incliner légèrement sa tête dans un « Madame Malfoy » et de laisser le couple seul. Il avait du travail sur la planche et s'il voulait retrouver les ravisseurs ainsi que Malfoy, il devait impérativement agir au plus vite.
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Quittant un grand studio luxueux d'un quartier du Londres Sorcier, Théodore soupira de frustration lorsqu'il sortit la liste des anciennes petites amies de Draco. Bon sang, il y avait beaucoup trop de noms ! Il avait décidé de commencer sa journée en interrogeant les premières filles inscrites sur le parchemin que Blaise et Pansy avaient écrit. La veille après le départ de ses deux amis, il s'était empressé de chercher les adresses des ex de Draco dans la base de données. Cette fameuse base de données se situait dans le coin des archives, au sous-sol. C'était un accès privé et protégé par de nombreux sorts, où un justificatif devait être présenté afin qu'un Auror puisse atteindre cet endroit. La base de données contenait les coordonnées de la population britannique ayant de près ou de loin la connaissance de la société sorcière, c'est-à-dire tous les sorciers vivant sur le territoire ainsi que les familles moldus ayant un ou plusieurs membres sorciers.
Il examina la prochaine adresse inscrite à côté du nom de la vingtième fille. Il espéra qu'elle serait chez elle comme celle qui la précédait. Malheureusement, certaines étaient sûrement au travail ou en sortie - après tout, on était samedi après-midi -, ce qui obligea le jeune Auror à reporter la visite ou à envoyer une lettre pour que les personnes absentes puissent se présenter à leurs bureaux. Alors qu'il glissa une main dans sa chevelure sombre, il transplana dans un crac sonore jusqu'au prochain domicile.
Il réussit, tout de même, à avoir quelques renseignements utiles en ce qui concernait son ami. Théodore avait su grâce à sa dernière visite, que Draco s'était déjà fait harceler par d'autres anciennes relations. Cela avait l'air anodin, mais c'était un détail qui pouvait avoir une importance capitale au sein de l'enquête. Ce fut sur cette pensée positive que Théodore frappa à la porte d'un joli pavillon. Quelques secondes plus tard la porte s'ouvrit sur une femme assez mûre, sûrement plus de la trentaine et comme les autres femmes qui précédaient sur sa liste, elle était tout aussi blonde que ces dernières.
« Bonjour. Je souhaite parler à Linda Mulberry.
- Oui, c'est moi. »
Théodore écarquilla ses yeux noirs face à cette réponse avant de détailler discrètement la fameuse femme. Elle sortait du lot. Toutes les femmes qu'il avait rencontrées étaient plutôt jeunes qui étaient soit encore étudiantes dans des universités prestigieuses ou bien salariées. Alors comme ça, le fameux Draco Malfoy avait réussi à se taper un couguar ? Il vit une alliance à son doigt avant de constater qu'elle était mariée. Il avait envie de soupirer grandement face à cette situation. Là, il pouvait en être sûr, son ami aimait vraiment les blondes, ironisa-t-il au fond de lui. Bon sang, Draco avait eu une liaison avec une femme mariée !
« Je suis Théodore Nott, Auror de la section des personnes portées disparues. J'aimerais vous parler de Draco Malfoy. » Se présenta-t-il en montrant un badge.
Linda s'effaça afin de laisser entrer le jeune homme qui observa le petit salon à sa droite. Il vit quelques photos de famille accrochées aux murs et présentées sur des meubles ici et là. Il aperçut sur l'une d'elles une photo d'un petit garçon châtain assis sur les genoux d'un homme à grande carrure, supposant que ce dernier était le chef de famille. La trentenaire lui proposa de s'installer dans l'un des canapés avant de le suivre et de s'asseoir, elle aussi, en face de lui.
« Qu'est-ce vous voulez savoir sur Draco ? »
L'Auror remarqua le ton non assuré de la femme. Cette dernière triturait ses doigts entre eux, comme si elle était angoissée. Théodore savait que Madame Mulberry ne voulait pas qu'il sache sur sa liaison avec Draco.
« Vous devez être au courant de la disparition de Monsieur Malfoy.
- Oui, c'est terrible.
- Vous avez eu une liaison avec lui, n'est-ce pas ?
- C'est vrai, répondit-elle nerveusement. Écoutez, je veux bien vous donner des réponses à vos questions, mais s'il vous plaît, je ne veux pas que mon fils et mon mari soient au courant.
- Bien, c'est entendu. Où est votre mari ?
- Il travaille aujourd'hui et mon fils est chez sa grand-mère.
- Comment avez-vous rencontré Draco Malfoy ?
- Il y a deux mois, pour l'anniversaire d'une amie, on est parti en boîte et je l'ai rencontrée sur la piste de danse. J'avais bu de l'alcool et bien sûr, j'ai commencé à flirter avec lui. Je n'étais pas vraiment moi-même et Draco avait joué le jeu. On a fini par coucher ensemble.
- Vous l'avez revu après cette soirée ?
- Oui, on s'est revu deux jours plus tard pour éclaircir les choses et on s'est séparés. Je lui ai demandé de rien révéler pour éviter que ma famille soit au courant. J'aime mon mari, cette aventure d'un soir était une grande erreur. »
Pendant qu'elle racontait les événements, Madame Mulberry n'avait pas réussi à croiser le regard de Théodore, signe qu'elle s'en voulait vraiment. Elle avait honte de raconter tout cela à un inconnu et tout ce qu'elle souhaitait, c'était oublier cette histoire. Le brun l'avait bien compris et décida d'interrompre l'interrogatoire, ne trouvant pas de raison de le continuer. Il s'excusa pour le dérangement et quitta le pavillon rapidement avant de statuer qu'il devrait aller aux bureaux afin de faire part de ses premières impressions à ses collègues.
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Il était treize heures lorsque Bryan descendit au sous-sol avec une assiette à la main. Draco l'entendit venir et avait naturellement plié ses jambes jusqu'à son torse. Il ne pouvait toujours pas bouger ses pieds qui étaient toujours serrés l'un contre l'autre. Quand son bourreau se présenta devant lui, un sourire au coin, il savait qu'il allait passer un mauvais moment. Il le vit déposer l'assiette sur le sol froid lorsqu'il sentit ses mains se détacher du tuyau derrière lui. Son tortionnaire l'observait toujours d'un regard malsain et compris à la baguette qu'il avait dans sa main que Bryan l'avait séparé du tuyau à l'aide d'un sort informulé. Soudainement, il sentit ses poignets se resserrer encore plus. Il grimaça de douleur. Si la corde continuait à serrer autour de ses poignets, son sang ne pourrait plus circuler normalement...
« Sois reconnaissant Malfoy, je t'ai apporté de quoi te nourrir. » Déclara-t-il
Le blond dériva son regard vers l'assiette à quelques mètres de lui et il sentit son estomac crier famine. Il vit des pâtes étalées négligemment dans une vaisselle creuse. Aucune ombre d'un couvert était accompagnée. Allait-il manger avec ses mains ? Cependant, ses poignets étaient toujours à son dos. Malgré l'apparence peu alléchante, il avait envie de prendre cette assiette et de manger le peu de coquillettes qu'il y avait à l'intérieur. Il voulait rassasier un tant soit peu sa faim.
Une douleur se fit sentir à son crâne. Bryan venait de le prendre par ses cheveux. Malgré la longueur assez courte, il avait réussi à lui faire mal dans une grosse poignée sauvage. Draco lui lança un mauvais regard en voyant un sourire satisfait illuminer le visage de son bourreau. Il détestait qu'on lui touche les cheveux. La seule personne qui avait le droit de les toucher, était sa mère. Sans avoir eu le temps de songer à autre chose, Draco fut soudainement attiré vers le bas, la tête vers l'assiette.
« Sois mignon et mange tout. »
Il écarquilla des yeux, comprenant que son bourreau souhaitait le voir manger dans une position dégradante. Draco était à genoux, les mains toujours à son dos et le nez au-dessus de la nourriture encore chaude. Il constata que c'était juste de la pure humiliation et décida de ne pas y céder. Cela avait l'air d'amuser foutrement Bryan, songea-t-il amèrement.
« Jamais je ne mangerai de cette façon ! » Objecta-t-il avec haine.
Il sentit la main de son kidnappeur se retirer de sa chevelure avant de la ressentir au niveau de son torse nu où des caresses le firent tressaillir de dégoût.
« Tu sais, c'est plutôt une très jolie façon de manger... » Murmura-t-il à son oreille.
Pendant qu'il déclarait ces mots-là, Draco sentit ses mains descendre jusqu'à ses hanches, son visage se figea dans une moue peureuse. Était-ce toujours sa main qui lui touchait son postérieur ? Il frissonna de peur, songeant à ce que Bryan était capable de lui faire. Il n'osa pas bouger par crainte d'empirer la situation.
« Ne me touchez pas ! Cria-t-il avec mépris.
- Si tu ne manges pas, je vais te faire goûter autre chose que des pâtes. »
Draco était affolé et avait les larmes aux bords des yeux, brisant ainsi le peu de dignité qu'il lui restait. Le blond sentit une pression au niveau de ses fesses. Bryan continuait ses attouchements. Tel un esclave qui obéissait à son maître, il obtempéra dans un « d'accord, je vais manger » qu'il avait à peine chuchoté.
« Je n'ai pas entendu.
- D'accord, je vais manger, répéta-t-il plus fort.
- Bien. »
Subitement, Draco ne sentit plus les mains de son martyriseur, ce qui échappa un soupir de ses lèvres, soulagé. Il sentit sur lui le regard insistant du rouquin. Il voyait une bosse au niveau de son entrejambe, constatant avec angoisse qu'il l'avait excité. Il comprit qu'il devait impérativement commencer à manger avant que son bourreau décidât de changer ses plans. Il ferma les yeux tout en prenant une petite bouchée de pâtes tandis que le sentiment d'humiliation s'abattit comme une foudre sur lui.
Il ressentait le regard de Bryan brûler son corps et Draco se sentait rabaissé par cette humiliation. Subitement, la voix de son père résonna dans sa tête. Elle lui murmura qu'un Malfoy ne s'abaissait pas à cela, qu'il était indigne de lui. Évidemment, c'étaient des phrases qu'il avait longtemps entendues lors de son enfance et qui refaisaient surface dans sa mémoire. Il se sentait tellement honteux de faire une chose pareille... Draco préférait largement les Doloris et les coups de fouet qu'à cette dégradation de sa personne. Il ne souhaitait qu'une seule chose que cette humiliation soit terminée.
O/O/O
Plusieurs lettres étaient éparpillées sur son bureau tandis que Neville soupirait grassement. Ce matin, il avait dû contacter la maison de retraite où sa grand-mère séjournait durant la semaine. Neville payait les frais de ce séjour de repos, mais seulement en semaine. En effet, il n'avait pas les moyens pour que sa grand-mère puisse rester dans l'établissement le week-end et devait donc s'occuper d'elle.
Cela ne le dérangeait pas de prendre soin de sa grand-mère, sauf lorsqu'il était pris par le travail comme c'était le cas actuellement. Il avait trouvé un arrangement avec le directeur de « Sorcerer Rest », une des modestes maisons de repos pour personnes âgées qui avait ouvert peu de temps après la guerre. En échange, il avait réussi à le convaincre de garder son aïeule pour la journée et il allait la ramener chez lui jusqu'à lundi. Il espérait que d'ici là, l'enquête aura bien progressé pour qu'il se permette de s'absenter de son travail. Il en avait parlé à Harry lorsque celui-ci l'avait averti qu'il avait une piste. Le Survivant lui avait promis de le soutenir auprès des chefs. Malgré les motifs, il ne pouvait pas arrêter son travail sans demander l'autorisation...
Ce fut sur cette pensée qu'il entendit la porte s'ouvrir sur Théodore. Ce dernier avait l'air exténué et cela inquiéta le jeune homme.
« Tu as l'air fatigué.
- Tu peux le dire, répondit-il en s'affalant sur son fauteuil de bureau, j'ai commencé à rendre visite aux ex-copines de Draco, j'en peux vraiment plus. J'ai l'impression que la liste est interminable. Et toi, les lettres donnent quelque chose ?
- Non. Ce sont toutes des lettres anonymes avec toutes des différentes écritures et sont généralement adressées à Draco Malfoy. Mais j'ai quand même donné pas mal de lettres à Luna pour qu'elle les examine. »
Luna Lovegood travaillait au ministère de la magie dans un des laboratoires où elle examinait les preuves de chaque enquête. Elle était scientifique en version sorcière. Elle avait aussi dans son laboratoire quelques gros matériels moldus qui rendaient grandement service aux Aurors. Elle avait fait des études plus poussées et avait étudié durant une année dans une école moldue qui entretenait un lien très fort avec le monde sorcier. Soudainement, un Patronus en forme de lièvre apparut dans la pièce d'où une voix féminine en sortit gaiement.
« Les résultats des lettres sont prêts et vous attendent dans le laboratoire. »
Les deux collègues s'échangèrent un regard complice avant de quitter rapidement leurs bureaux afin de retrouver Luna au sous-sol. Quelques instants plus tard, ils arrivèrent dans le laboratoire de la jeune femme. Cette dernière était en train d'arroser une plante dans un coin de la pièce en chantonnant une musique inconnue.
« Luna, tu as des nouvelles. » Interpella Neville en entrant dans le laboratoire.
La jeune femme s'interrompit dans son activité et se tourna vers son ami. Un grand sourire apparut sur ses lèvres tandis que sa démarche fit basculer ses longs cheveux blonds. Elle arriva à la hauteur du brun avant de croiser le regard de son collègue.
« Bonjour Théodore. » Salua-t-elle gaiement.
Un léger rougissement jaillit sur ses pommettes avant qu'un marmonnement se fît entendre par le concerné. Théodore se sentait gêné par l'éternelle bonne humeur de Luna. Comment faisait-elle pour garder le sourire ?
« Je pense que mes analyses sur les lettres pourraient vous aider dans votre enquête.
- Qu'est-ce que tu as trouvé ? » Demanda Neville.
La jeune femme se mit devant une des grandes tables où les lettres étaient disposées l'une à côté de l'autre.
« J'ai d'abord regardé les écritures ensuite, j'ai cherché une présence d'empreinte et il s'avère que la plupart sont écrites et envoyés par des femmes.
- Des femmes ? Cela peut-être des ex qui voulaient dire leur façon de penser, répondit Théodore
- C'est possible. Mais ce n'est pas tout.
- Ah ? Tu as trouvé autre chose ? » Continua Neville.
Un sourire plus discret se dessina sur le visage de Luna qui se déplaça devant un écran transparent qui survolait au-dessus d'une autre table.
« Exactement. J'ai dit que j'avais trouvé des empreintes de femme, mais pas que. J'ai trouvé une belle empreinte masculine et j'ai rentré l'analyse dans la base de données de mon laboratoire. Il s'avère que l'homme soit fiché pour petit délit.
- Qui c'est ?
- Bryan Hugrevenge. Il y a deux ans, il s'est fait arrêter pour vol dans un magasin de Quidditch. Il n'a eu finalement qu'une amende avec un an de sursis.
- Hugrevenge ? Ça me dit quelque chose... »
Neville et Luna regardèrent leur collègue sortir un parchemin plié de la poche arrière de son uniforme avant de comprendre qu'il s'agissait d'une liste.
« C'est la liste des ex de Malfoy ? Demanda Neville
- Oui et l'une d'elles porte le même nom que cet homme, répondit-il en examinant la liste, peut-être sont-ils de la même famille...
- Merci Luna pour ton aide. »
Tandis que Neville s'apprêtait à suivre son collègue qui se dirigeait vers l'ascenseur, il fut subitement tiré vers l'arrière. Il comprit que Luna l'avait empêché de partir en tenant par son bras.
« Luna ?
- Est-ce que tout va bien Neville ? Demanda-t-elle d'un air rêveur
- Euh... Oui. Répondit-il d'un air hésitant.
- Tu es sûr ? Je vois plein de Jonqueruines autour de toi. Cela m'inquiète beaucoup. »
Un sourire se faufila sur les lèvres de Neville en entendant le terme « Jonqueruines ». Luna avait toujours cru aux choses inexistantes, aux croyances parfois douteuses et cela avait toujours étonné le maladroit sorcier qu'elle puisse travailler dans un laboratoire pour trouver des réponses à des faits réels. Sur ce coup-là, il n'avait jamais compris pourquoi elle n'avait pas décidé de suivre son père dans le journaliste ou bien simplement à faire des recherches sur des croyances qui semblaient importantes pour elle.
« Ne te fais pas de soucis pour moi. Je vais bien. »
Et dans un mouvement un peu gauche, il déposa un baiser sur le front de son amie avant de quitter rapidement le laboratoire où Théodore l'attendait devant l'ascenseur.
J'espère que ce chapitre vous a plu. A bientôt pour le chapitre 3.
