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Il était grand temps qu'ils remettent ça :D
Chapitre n°138 :
Second round
Zannah s'attendait à ce que Bane entame l'assaut avec agressivité, mais la férocité de l'attaque la prit tout de même au dépourvu.
Il commença par une série de coups haut-portés à deux mains, en profitant de sa grande taille pour abattre sa lame. Elle bloqua sans problème, mais la puissance des impacts la força à reculer et la déséquilibra quelque peu.
Elle se reprit aussitôt, et d'un mouvement tournant, se mit hors d'atteinte lorsqu'il enchaîna avec une attaque basse visant ses genoux. Elle riposta d'une feinte d'une de ses lames vers le visage de Bane, mais il inclina la tête et revint aussitôt à la charge par un large assaut en arc visant le torse.
Zannah dévia sa alme en l'abaissant. La pointe du sabre-laser vitrifia la poussière à leurs pieds. Bane aurait pu s'exposer à une riposte dangereuse, s'il n'avait pas déjà réagi en se lançant de tout son poids vers Zannah avant qu'elle ne puisse relever son arme.
Il percuta violemment, et elle rejeta la tête en arrière, juste à temps pour éviter qu'il ne la frappe du front en plein visage.
Elle recula précipitamment sans perdre l'équilibre, et fit tournoyer les lames jumelles devant elle, formant un mur défensif qui intercepta la demi-douzaine d'attaques que Bane décocha.
Tout au long des années passées à se former sous la férule de son Maître, elle l'avait affronté des centaines de fois. Et, au fil de ces séances, elle avait compris qu'il conservait par-devers lui quelques techniques pour le jour où, c'était inévitable, ils combattrait sans limites – mais c'était seulement maintenant qu'elle découvrait tout ce qu'il avait gardé en réserve.
Il était plus rapide qu'elle ne l'avait jamais imaginé, et il se jetait dans des enchaînements inédits et des mouvements qu'il ne lui avait jamais montrés durant leurs séances d'entraînement. Mais elle avait réussi à survivre au premier assaut, et désormais elle savait à quoi s'attendre.
La séquence suivante lui parut plus familière. Bane accentua la pression avec une combinaison complexes d'attaques, mais Zannah put parer, intercepter ou dévier chacune d'elles. Elle avait un style défensif sans fioritures, mais qui, s'il était exécuté correctement, était quasiment impénétrable.
Bane ne tarda pas à s'en rendre compte. Il rompit le contact et changea de tactique. Au lieu d'assauts incessants et violents destinés à la submerger, il alterna feintes et piques rapides, sondant les défenses de la jeune femme à la recherche d'un point faible. Tous deux se préparèrent à une longue bataille d'usure.
Zannah l'avait combattu une fois, à l'époque où il portait son armure d'orbalisks. Les parasites chitineux recouvrant son corps stoppaient tous les coups de sabre-laser, ce qui avait permis à Bane de se laisser aller à une rage animale. Elle n'en avait réchappé qu'en persuadant le Seigneur Sith qu'elle ne l'avait pas trahi, et finalement, il lui avait laissé la vie sauve.
Son style à l'époque avait été brutal et simple, quoique d'une efficacité indéniable. Aujourd'hui, sa technique était plus élaborée. Puisqu'il ne pouvait vaincre par l'intensité de la charge, il paria sur la surprise et enchaîna les coups les plus originaux sur un faux rythme. Chaque fois qu'elle pensait pouvoir anticiper l'attaque suivante, il la déroutait par une autre invention et la forçait à céder du terrain.
Peu à peu, elle devait battre en retraite, et bientôt, elle se rendit compte qu'il la repoussait vers les navettes, sans doute dans le but de la coincer contre l'un des appareils. Zannah jouait le jeu en reculant à pas comptés, et en concentrant toute son énergie pour le maintenir à distance. Elle devait lui donner l'illusion qu'il contrôlait l'action, alors qu'en fait, elle était à quelques secondes de déchaîner un sort Sith censé mettre son esprit en lambeaux.
Bane amorça un large mouvement tournant sur sa gauche. Zannah modifia simplement l'angle de sa riposte, et elle fit plusieurs pas en arrière tout en repoussant quelques coups de taille et d'estoc.
Son attention étant partagée entre l'adversaire devant elle et le sortilège Sith qu'elle s'apprêtait à lancer, Zannah ne remarqua pas qu'elle s'était rapprochée des tombes fraîchement creusées. Son talon s'enfonça dans la terre meuble alors qu'elle reculait, elle perdit l'équilibre et bascula en arrière. Elle se reçut sur le dos.
Bane fut sur elle en un éclair, et son sabre-laser fendit l'air dans une attaque vicieuse, tandis qu'il frappait le haut de son corps de ses lourdes bottes. Elle riposta et se tortilla pour éviter les coups. De la pointe du pied, il l'atteignit aux côtes et elle entendit un craquement sec, mais elle roula sur le côté et réussit à se relever dans le même mouvement.
Sa vision était brouillée, et la douleur brûlait son flanc gauche à chacune de ses inspirations. Bane ne lui laissa aucun répit, et repassa à l'attaque. Durant les quelques secondes suivantes, Zannah s'en remit entièrement à son instinct et aux automatismes développés durant plus de vingt ans pour endiguer le flot des coups. Miraculeusement, elle l'empêcha de porter le coup fatal.
Zannah effectua un saut arrière, qu'elle répéta trois fois très rapidement, pour mettre un peu d'espace entre lui et elle. Avant le quatrième, elle s'arrêta brusquement, s'accroupit et se fendit en une attaque de pointe destinée à empaler son assaillant qui se ruait sur elle... mais Bane n'était pas là.
Il avait senti le piège, et était resté à plusieurs mètres de distance.
Serrant les dents à cause de ses côtes cassées, Zannah se redressa. Bane ne l'avait pas tuée, mais elle avait payé cher sa survie. Elle était fatiguée, et ses efforts désespérés pour ne pas succomber après sa chute avaient accentué son épuisement. Elle sentait sa blessure au flanc à chaque respiration, et elle savait que ce handicap la gênerait dans tous les mouvements rotatifs, ce qui limiterait l'efficacité de ses parades.
Elle ne pouvait attendre plus longtemps. Elle avait voulu surprendre Bane et rassembler progressivement de ses forces, avant de les lâcher subitement pour qu'il ne puisse pas se défendre correctement, mais elle savait maintenant qu'elle ne survivrait pas à un autre déluge de coups.
S'ouvrant au pouvoir du Côté Obscur, Zannah toucha l'esprit de son Maître.
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~oOo~
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Bane sentit l'attaque et s'y prépara.
Il avait encouragé son apprentie à se perfectionner dans les arts de la sorcellerie Sith, tout en ayant conscience qu'un jour, elle risquait de les utiliser contre lui – mais s'il ne se montrait pas suffisamment fort pour y survivre, alors il n'était pas digne de demeurer Seigneur Noir des Sith.
Toutefois, cela ne signifiait pas qu'il n'avait rien fait pour se prémunir de cette éventualité. La sorcellerie du Côté Obscur était une chose complexe. Elle s'attaquait au psychisme de diverses façons difficiles à expliquer, et encore plus à contrer. Bane n'avait pas de don pour cela, mais il s'était appliqué à étudier ces techniques, et il avait appris que la seule parade efficace tenait à la force de volonté de la victime.
L'assaut de Zannah débuta par une douleur horrible dans son crâne, comme si on avait enfoncé la lame chauffée à blanc d'une dague directement dans son cerveau, et qu'on essayait d'en dissocier les deux hémisphères. Puis, la lame explosa, et projeta des milliers d'éclats brûlants dans toutes les directions. Chaque éclat s'enfonça dans son subconscient, pour y chercher les peurs et les cauchemars enfouis, dans le seul but de les libérer et de les faire remonter à la surface de son esprit.
Avec un cri, Bane tomba à genoux. Lorsqu'il se releva, le ciel grouillait d'une nuée d'abominations volantes. Leurs ailes étaient déchirées, et des lambeaux de peau pendaient de leurs os dénudés. Leurs corps étaient petits et malformés, leurs pattes tordues se terminaient par de longues griffes acérées. Leur chair était d'un jaune maladif – la même couleur que celle du visage des mineurs qui avaient péri sur Apatros dans une galerie emplie de gaz.
Leurs traits étaient inhumains, pourtant il ne pouvait se tromper sur leurs regards, enfiévrés par cette même haine qu'il avait vue dans les prunelles de sa brute de père. Les créatures fondirent sur lui, en poussant un cri qui ressemblait au nom de son père : hurst, hurst, hurst !
Frappant à grands coups de sabre-laser la volée démoniaque, Bane se baissa tandis que, de sa main libre, il se couvrait le visage pour protéger ses yeux des serres qui les visaient. L'une de ces créatures l'enserra par derrière, dans une étreinte ressemblant horriblement à celles dont son maudit voisin de palier avait l'habitude de lui faire, sous les douches du baraquement – avant qu'à chaque fois, son esprit ne décide de se déconnecter de la pénible réalité pendant quelques heures. À travers la masse de ses assaillants ailés, il aperçut Zannah, qui se tenait immobile à quelques mètres, le visage figé par la concentration.
Bane savait que c'était une illusion. Ces monstres n'étaient pas réels, seulement les produits de son imagination, nés de souvenirs refoulés de son enfance. C'était la manifestation physique de ses plus grandes peurs, mais il les avait domptées depuis longtemps. Il avait transformé la terreur que lui inspirait un père violent, puis un voisin pédophile, en colère et en haine, ces atouts qui lui avaient donné la force de supporter son existence sur Apatros pour finalement la fuir.
Il savait comment vaincre ces démons, et il passa à la contre-offensive. Avec un cri animal, il canalisa sa terreur pour la muer en rage pure, puis riposta avec le Côté Obscur. Une lumière violette aveuglante déchiqueta la nuée de monstres, les renvoyant au néant.
