Chapitre mis à jour le 02/12/2017.


Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas, à part les ravisseurs et les rares personnages secondaires.


Chapitre 4 :

Il était vingt-trois heures passées lorsque la célèbre journaliste Rita Skeeter s'apprêtait à partir. Elle avait passé toute sa soirée à contempler ses articles devant un verre de vin. Elle adorait son métier. C'était une vraie passion pour elle. Ce soir-là, Rita était nostalgique, cela lui avait donné envie de consulter son classeur qu'elle gardait précieusement dans un tiroir de son bureau où elle rangeait tous les articles qu'elle avait écrits.

Elle venait de mettre sa cape épaisse sur son dos lorsqu'elle entendit un « toc toc » l'obligeant à tourner sa tête vers la fenêtre de son bureau. Elle aperçut un hibou qui tenait une grande enveloppe marron. Elle se précipita vers la volaille, se demandant qui pouvait lui envoyer une lettre à cette heure tardive. Lorsqu'elle ouvrit la fenêtre pour prendre l'enveloppe du bec de l'oiseau, celui-ci repartit sans attendre une seule seconde, laissant la femme seule face à cette mystérieuse découverte. Peut-être est-ce une personne anonyme qui avait voulu lui faire part des informations qui vaillent la peine d'être publiées ? Ou bien était-ce encore une de ces plaintes qu'elle recevait parfois lorsqu'un lecteur était déçu de ses articles ? Ce n'était pas rare que des sorciers fassent part de leurs impressions ou de leurs découvertes.

À cette pensée, Rita sourit tout en ouvrant la grande lettre. Elle regarda à l'intérieur et remarqua qu'il n'y avait pas de parchemin, juste des clichés. Elle les fit glisser sur son bureau lorsqu'elle s'exclama, stupéfaite, face à ces photos animées qui se présentaient sous ses yeux.

« Merlin... »

Malgré la surprise qui se lisait dans son regard, un sourire presque fier s'installa sur ses lèvres tandis qu'elle décida de remettre à son bureau, prête à travailler de nouveau. Elle avait trouvé le scoop de demain. Et pour ne pas perdre une seule seconde, elle commença à sortir des parchemins afin de faire les premiers brouillons.

Elle n'avait pas peur de faire les nuits blanches, surtout quand elle avait l'exclusivité apportée sur un plateau d'argent...

O/O/O

Harry avait très peu dormi. Il n'arrêtait pas de songer à l'enquête. Il avait fini par avoir un mal de crâne et il avait donc fini la nuit, éveillé, en observant les étoiles. Après sa formation, il avait décidé d'emménager dans un appartement dans un quartier calme et chic. Il avait eu un coup de cœur pour ce trois pièces et il avait tout simplement cédé à son caprice.

C'était dimanche et il était à peine sept heures et demie, qu'il avait déjà son uniforme sur son dos. Dans de rares occasions, Harry travaillait le dimanche. Mais il savait qu'il ne serait pas tranquille tant que Malfoy ne sera pas retrouvé. D'habitude il n'allait au travail qu'à huit heures, mais il ne faisait rien d'autre que tourner en rond dans son appartement, cela le rendait fou. Il décida donc d'aller au travail à pied. Il avait besoin de marcher un peu, de se vider la tête, de voir autre chose que les murs de son appartement.

Quand il arriva non loin du ministère de la magie, il constata une agitation inhabituelle au sein du Pré-à-Lard et comprit en observant autour de lui que cette animation était dû à la Gazette. Il avait un mauvais pressentiment lorsqu'il entra à l'intérieur du ministère où beaucoup de personnes lisaient le journal en petit groupe. Il accéléra le pas, rentra dans l'ascenseur de justesse où il entendit une conversation révélatrice.

« Quelle horreur, il est complètement humilié.

- Tu m'étonnes, il y a pleins de photos de lui dans le journal... »

Mais de qui peuvent-ils bien parler ? Il vit un homme redressé son journal et aperçut avec effroi une photo de Malfoy quasiment nu, son corps rempli de blessures en couverture. Il arracha le journal de l'inconnu sans prendre la peine de s'excuser. L'inconnu se révolta tandis que les portes de l'ascenseur s'ouvrirent laissant ainsi le trois-quarts des gens sortir.

Il jeta un œil à l'article indiqué sur l'enlèvement de Draco Malfoy et découvrit plusieurs photos animées du blond. Ce dernier semblait attaché et la lumière du jour n'était pas très présente, supposant qu'il était prisonnier dans une pièce sombre et sans doute au sous-sol ou dans un grenier.

Furieux par ce journal qui montrait des preuves au grand public de la capture de Malfoy, Harry rendit un peu brutalement le journal à l'inconnu avant de quitter à son tour l'ascenseur.

Il vit Théodore au bout de couloir, les sourcils froncés, le regard toujours vers le journal.

« Théodore ! »

Le concerné releva son regard vers son collègue avant de froncer ses sourcils. Harry savait pourquoi il était mécontent et il se doutait que d'une seconde à l'autre, son coéquipier lâcherait une crise de colère.

« Harry il y a des photos de Draco dans la Gazette !

- Oui, j'ai vu. Ce sont des preuves qui pourraient grandement nous aider ! Les kidnappeurs se sont servis du journal pour humilier Malfoy, il n'y aucun doute là-dessus...

- Ces journalistes sont complètement inconscients ! S'énerva-t-il, j'espère que Narcissa n'a pas encore vu la Gazette... Je crains le pire.

- Allons aux bureaux de La Gazette, on va interroger Rita Skeeter et saisir les photos originales. »

À peine avait-il achevé sa phrase qu'il vit son collègue prendre ses affaires et se diriger rapidement vers les ascenseurs. Il le suivit sans un mot, pressé lui aussi d'être face à la journaliste.

O/O/O

Depuis une heure environ, de nombreuses lettres arrivèrent sur le bureau de Rita. Cette dernière souriait de toutes ses dents sachant que son journal avait exploser les ventes en un temps record. Actuellement, ses employés essayaient par tous les moyens de négocier le plus rapidement possible avec l'imprimerie magique afin que les milliers d'exemplaires puissent être livrés à temps. Elle remit en place ses lunettes noires et s'appliqua du rouge à lèvres face à son miroir de poche qu'elle venait de sortir. Il fallait être impeccable à toutes occasions. Rita avait réussi à camoufler une partie de ses cernes grâce à un sort et elle se sentit revivre lorsqu'un de ses collèges lui informa qu'une centaine d'exemplaires de la Gazette venait d'être envoyé aux divers kiosques de Pré-à-Lard.

Malgré l'euphorique qui s'était installé depuis tôt ce matin au sein de ses bureaux, Rita entendit une agitation inhabituelle et découvrit non loin d'elle des Aurors rentrer dans l'établissement. Son sourit s'agrandit un peu plus en en constatant qu'il s'agissait d'Harry Potter et d'un de ses collègues. Elle se leva et va à leur rencontre.

« Monsieur Potter.

- Madame Skeeter. Vous savez pourquoi nous sommes là. »

Elle savait très bien pourquoi ils étaient là. Bien sûr, ils avaient vu les photos de Draco Malfoy et qu'ils étaient venus pour l'interroger.

« Pour les photos, je présume.

- Comment les avaient eues ? ! » Demanda furieusement Théodore.

La journaliste observa le jeune homme et le détailla sans gêne de la tête aux pieds. Elle sourit à nouveau tout en passant ses doigts dans une de ses mèches blondes avant de mettre ses mains sur ses hanches.

« Théodore Nott. Pendant un instant, j'avais oublié que vous travaillez pour la section des personnes portées disparues, déclara-t-elle orgueilleusement, et puis je ne révèle pas mes sources !

- Vous rigolez, j'espère ?! Ces photos sont des preuves importantes pour notre enquête. » Riposta Harry.

Tandis que Théodore lançait un de ses fameux noirs dont il avait le secret à la journaliste et qu'Harry essaya de calmer sa colère, une voix familière retentit dans les locaux. Rita Skeeter fronça ses sourcils et essaya de comprendre ce qui se passait dans ses bureaux.

« Je veux la voir ! Mais laissez-moi passer ! »

Les deux Aurors ainsi que la journaliste observèrent la scène. Ils virent des cheveux blonds avant d'apercevoir le visage tiré par la colère de Narcissa Malfoy. Cette dernière avait réussi à rentrer dans le bureau de Rita Skeeter. Les collègues de cette dernière avaient finalement décidé de laisser faire, se doutant que l'animosité de Madame Malfoy soit très grande. Ils ne voulaient pas recevoir plus de foudre d'une Malfoy ! Cela serait du suicide pur et dur.

« Madame Skeeter ! Comment osez-vous humilier mon fils avec ces photos sorties de je-ne-sais-où ! Vous n'avez pas conscience des conséquences ! »

C'était la première fois que Rita voyait Narcissa Malfoy aussi en colère. Elle voyait bien que la femme avait des larmes aux bords des yeux, qu'elle s'apprêtait à tout moment à verser des larmes.

« Ça vous amuse d'étaler les malheurs des gens, d'humilier des parents qui s'inquiètent de leur enfant disparu ! Vous ne méritez même pas de continuer à publier vos saletés d'articles, vous n'avez vraiment pas de conscience ! »

Soudainement, elle sentit ses mains s'accrocher sur sa robe, surprise par cette approche qui ne ressemblait pas à Narcissa Malfoy.

« Madame Malfoy, calmez-vous s'il vous plaît, essaya Harry d'apaiser la situation

- Vous connaissez les ravisseurs Madame Skeeter ? Ils vous ont donné ces photos humiliantes de mon fils et au lieu de nous aider à retrouver mon fils, vous avez profité pour faire un joli petit article exclusif sur notre malheur ! J'ai l'impression ça vous excite de voir les gens malheureux, Skeeter ! »

Ses mains se serraient un peu plus sur le vêtement de la journaliste qui observait la noble femme désespérée. Elle voyait les Aurors essayer de calmer la pauvre femme qui, sous l'émotion, tremblait de plus en plus.

« Vous avez des enfants, Madame Skeeter ? Non, je présume. Vous êtes seule, je le sais. Vous ne pensez qu'à vos petits journaux, à votre carrière. Vous ne pouvez pas comprendre ce que c'est d'angoisser chaque jour, d'imaginer le pire pour son propre enfant. »

Oui, c'était vrai. Elle n'avait pas d'enfant, elle n'avait que des relations sans lendemain. Rita était loin du modèle d'une bonne femme de foyer et encore loin d'une femme prête à s'engager avec un autre homme. Le journal, c'était toute sa vie. Elle frissonna en voyant le regard glacial de Narcissa. Elle le fixait intensément l'obligeant à baisser le regard. Elle avait soudainement perdu sa fierté.

« Je vous jure que si on ne retrouve pas mon fils, je vous ferai la peau, vous et votre petit journal adoré. » Murmura-t-elle d'une voix froide.

Rita n'avait pas peur des menaces, elle avait toujours réussi à garder la tête haute face aux personnes qui se permettaient de l'intimider avec leurs grands airs. Rita avait toujours réussi à avancer peu importe les critiques et les jugements que son entourage pouvait dire sur elle. Elle avait déjà reçu des lettres de menace, et même sur le palier de sa porte de son domicile. Mais à cet instant-là, le regard glacial et le murmure frissonnant de Madame Malfoy l'avait complètement pétrifié de crainte. Pour la première fois, Rita Skeeter craignait réellement pour l'avenir de son journal et pour sa vie. Elle se doutait bien que derrière le caractère calme de Narcissa se cachait une mère qui n'hésiterait pas user tout le pouvoir et l'influence qu'elle pouvait avoir en sa possession pour protéger et venger son fils. Rita savait désormais que Madame Malfoy ne rigolait pas et qu'elle pourrait voir sa vie s'anéantir du jour au lendemain. Elle déglutit doucement avant d'apercevoir Théodore retirer délicatement la prise de la femme qui la menaçait toujours de son regard noir.

Narcissa s'éloigna enfin de la journaliste qui ne pipait mot. Elle soupira doucement avant de jeter un œil vers Harry. Ce dernier demandait à Théodore de s'occuper de Narcissa dans un autre bureau tandis que Rita observait autour d'elle. Tous ses collègues avaient assisté à la scène et se sentit subitement honteuse d'avoir publié ces photos compromettantes. Certains de ses confrères la jugeaient soudainement du regard comme si c'était un monstre tandis que d'autres murmuraient leur compassion envers Madame Malfoy. Comme elle faisait d'habitude, le regard fier et le visage droit, elle s'installa à son bureau. Elle n'avait pas trop le choix que d'assumer son acte. Elle avait agi sous la pulsion de sa passion pour le journalisme, elle n'avait jamais réellement pris en considération les conséquences que pouvaient avoir cette publication. Elle prenait conscience ; elle avait humilié Draco Malfoy et sa famille devant toute la communauté entière en publiant ces photos en couverture et dans le journal et, sans aucun doute, rendu une fierté inestimable aux Kidnappeurs.

Et puis il ne fallait pas lui en vouloir, tout le monde savait que sa passion pour La Gazette était au-dessus de tout, que parfois cette passion la mettait en danger et la rendait complètement inconsciente.

Elle vit le survivant se mettre face à elle et l'entendit soupirer. Elle savait qu'il ne la lâcherait pas tant qu'elle n'aura pas fourni les réponses qu'il souhaitait avoir.

« Je crois que c'est le moment de nous révéler vos sources, Skeeter.

- Je suppose que c'était les ravisseurs, soupira-t-elle, j'ai reçu une enveloppe contenant plusieurs photos de Draco Malfoy hier soir par un hibou inconnu.

- Vous avez toujours cette enveloppe ?

- Oui, répondit-elle en sortant l'objet de leur conversation de son tiroir, les photos originales sont à l'intérieur. »

Harry jeta un œil à l'intérieur de l'enveloppe avant de sortir lesdites photos. Son cœur se serrait en voyant l'état dégradant de son ennemi. Il avait l'air mal au point et il pouvait voir d'innombrables bleus sur son corps. Il se demandait un instant comment Narcissa avait réussi à tenir le choc face à cette triste découverte. Elle ne s'y attendait pas à voir ces photos atroces en prenant le journal, et savoir que toute la communauté magique les avaient aperçues devait être une grande souffrance pour cette mère digne et forte.

« Bien. Si vous recevez des informations louches qui seraient liées à notre affaire, n'hésitez pas à nous le faire savoir. »

Après cette brève discussion, Harry rejoignit son collègue qui était toujours auprès de Narcissa Malfoy. Cette dernière était plus calme et semblait se remettre de sa colère. Elle était assise sur un siège d'un bureau, buvant de l'eau dans un verre en plastique que Théodore avait réussi à se procurer auprès du personnel.

« Madame Malfoy, je pense que le mieux à faire est de vous reposer. Rentrer chez vous. »

Harry observa autour de lui cherchant une personne des yeux. Il se demandait bien où était l'Auror qui devait rester en permanence avec Narcissa, après tout, il avait pour mission de la protéger. Devinant ce qu'il pensait, Narcissa sourit tristement avant de croiser son regard interrogateur.

« Ne me sous-estimez pas Monsieur Potter, j'arrive souvent à mes fins même s'il s'agit de fausser compagnie à un Auror. »

Harry ne pouvait s'empêcher de sourire face à cette réponse. Il faut dire que Narcissa avait plus d'un tour dans son sac et qu'il fallait mieux ne pas la prendre de haut.

« Bon, ça sera Théodore qui va vous raccompagnez. Cela vous convient ?

- Parfaitement. Vous avez pris les photos originales ?

- Oui. Je vais de ce pas les faire examiner. »

Et sans tarder, il salua la mère de Draco ainsi que son coéquipier avant de sortir rapidement des bureaux afin de transplaner jusqu'au ministère de la magie. Il fallait absolument montrer ces preuves à Luna. Cette dernière pourrait lui apporter une grande aide...

O/O/O

Cela empestait l'urine. Depuis la veille, personne n'était revenu voir le captif. Ce dernier n'avait pas bougé depuis la dernière humiliation et son corps avait fini par s'imprégner de cette odeur forte de l'urine et de ce liquide jaune qui lui collait sur sa peau et sur le boxer à moitié humide. Draco ne savait plus quelle heure il était ni quel jour on était. Il avait fini par perdre la notion du temps malgré les lueurs du jour qui traversaient la petite fenêtre du sous-sol.

Sa fierté en avait pris un coup et ceci l'avait plus que touché en fond de lui. Il n'avait pas supporté cet affront humiliant et il avait fini par craquer dans ses larmes chaudes et bouleversantes. Lorsque ses bourreaux l'avaient laissé comme un vulgaire déchet, enveloppé dans sa propre urine, Draco avait laissé sa fierté de côté et avait pleuré un bon coup.

Un bruit d'un claquement de porte résonna dans la cave avant que des pas ne se firent entendre. Draco n'osa pas relever son regard vers la personne qui se présentait à lui. Il entendait seulement sa voix et savait de qui il s'agissait. C'était Bryan. Il venait de jeter un sort faisant disparaître l'urine sur le sol. Draco sentait le liquide disparaître sous lui avant de sentir son boxer sécher petit à petit.

L'odeur de son urine était moins présente dans l'air tandis que le froissement familier d'un journal arriva aux oreilles de Draco. Il osa jeter un œil à ce qu'il se passait et vit La Gazette entre les mains de son bourreau.

« On parle de toi dans le journal. »

On parlait de lui ? Mais qu'est-ce que le journal disait sur lui ? Était-ce par rapport avec sa disparition comme le dernier article qu'il avait lu ? Tandis que Bryan laissa tomber le magazine à ses pieds, il en profita pour jauger son prisonnier. Ce dernier sentit le regard de son kidnappeur avant d'entendre un bruit suspect d'une fermeture éclair. En jetant un œil vers son bourreau il comprit avec frayeur que ce dernier avait desserré sa ceinture et ouvert sa braguette.

Il se redressa, conscient qu'il devait agir pour éviter les pulsions ingrates de son ravisseur lorsqu'il reçut un coup de pied sur sa tête le forçant à rester visage à terre. Bryan profitait pour caresser un peu plus sa peau pâle et parsemée de blessures. Draco frissonna de dégoût.

« Arrêtez, sale pervers !

- Qui est le plus pervers entre toi et moi ? Celui qui saute plein de nanas sans rien foutre de leurs sentiments, c'est toi Malfoy ! »

Tandis que Bryan glissa sa main sous le sous-vêtement, faisant lâcher un petit cri de stupeur à Draco, ce dernier tenta de bouger, mais ses mains liées à son dos et la forte prise de son agresseur l'empêchèrent de le faire.

C'était vrai, il avait eu beaucoup de brèves liaisons qui ne comportaient pas de sentiments. Il avait couché avec des femmes en les laissant espérer d'un avenir à deux alors que tout ce qu'il souhaitait, c'était prendre son coup. Il n'était pas un saint, Draco le savait, mais il n'aurait jamais couché avec une fille contre son gré. Il avait tout de même un certain respect envers elles et préférait recevoir un râteau au lieu de forcer la personne à passer dans son lit à faire quelques galipettes.

« Au moins, les femmes avec qui je couche sont consentantes ! » Répliqua-t-il avec haine.

Alors qu'il venait de lâcher sa pensée, il sentit subitement la main de Bryan lui toucher sa verge. Il sursauta avant de lui crier à nouveau de le laisser tranquille. Il avait encore du mal à croire qu'un autre homme touchait à ses endroits intimes. Draco avait peur.

« Non, ne me touchez pas ! »

Il pouvait sentir le membre de son bourreau se durcir sur ses fesses encore camouflées par son boxer, le tétanisant d'appréhension. Draco ne voulait pas imaginer ce qu'il allait lui arriver. Il ne voulait pas que Bryan lui fasse des choses horribles qu'il redoutait en son for intérieur. Il ne voulait pas qu'il le touche encore plus, qu'il sente son corps contre le sien. L'unique tissu qui restait encore sur lui glissa progressivement entre ses jambes le rendant complètement nu.

Draco était pétrifié de peur. Il sentait les mains chaudes de son agresseur sur ses fesses nues avant de sentir subitement un doigt rentrer dans son intimité. Il lâcha un petit cri de douleur tout en retenant ses larmes aux bords de ses yeux gris. Chaque glissement de doigt dans l'antre faisait accroître sa douleur. Il essayait tant bien que mal de retenir ses cris tandis que la voix doucereuse de Bryan résonna au creux de son oreille droite. Il pouvait sentir son souffle tiède lui caresser le lobe, ce qui le fit grimacer de dégoût.

« C'est tout étroit... Ton corps à l'air d'aimer ça.

- Non... Arrêtez, ça fait mal... »

Tandis que le souffle tiède de son agresseur caressait toujours son oreille, il sentit un second doigt suivre le mouvement à l'intérieur de lui. Il lâcha une exclamation aiguë avant de sentir la seconde main de Bryan remonter sur son torse et lui tripoter son téton gauche. À ce contact répété, le téton commença à durcir et un sourire morbide étira les lèvres à l'homme.

« Ça t'excite quand je touche là, hein Malfoy. » Murmura-t-il

Draco retint un sanglot alors qu'il se sentait faible face à cet homme qui profitait de son corps. Il se détestait de le laisser faire, il se dégoûtait se faire prendre comme un objet sexuel. Il ne supportait pas sa respiration à son oreille et ces mots qui sous-entendait qu'il n'était rien d'autre qu'une petite traînée.

« S'il vous plaît, arrêtez... Ah ! »

Bryan venait de lui pincer le téton. Il continuait à faire des va-et-vient avec ces deux doigts dans l'intimité du blond qui souhaitait qu'une seule chose : que Bryan arrête de lui faire ces choses abjectes.

« Oh oui, continue de me supplier. »

À ces mots, Draco ne put contenir une larme couler silencieusement sur sa joue. Comment en était-il arrivé là ? Était-ce sa faute si ce monstre abusait de lui ? Sûrement songea-t-il...

Draco n'arrivait pas à réfléchir, il ne pouvait pousser plus loin ses réflexions obscures, car son agresseur venait de retirer ses doigts de son intimité pour mettre à la place sa verge excitée.

Draco la sentit s'enfoncer durement dans son intimité et cria douloureusement avec d'autres larmes qui roulèrent sur ses joues pâles. Il avait tellement mal. Jamais il n'avait senti une pareille souffrance. Draco se sentait sali de l'intérieur. Il se sentait tellement écœurant.

« Putain, tu m'excites... »

Bryan se redressa et mit ses mains sur les hanches de Draco tout en faisant des allées et venues dans le blond qui ne faisait que de gémir avec douleur. Draco voulait parler, mais il ne réussit qu'à pleurer encore plus tellement son intimité lui brûlait.

Les coups de reins ne cessaient de s'enchaîner au grand damne de Draco qui se sentait de plus en plus souillé. Il essayait de bouger ses bras comme si cela pouvait l'aider à supporter ce supplice atroce, mais cela ne faisait que rougir ses poignées trop serrées par la corde. Les va-et-vient étaient plus rapides et plus violents tandis que les râles satisfaits de Bryan résonnaient en échos dans la petite cave.

Cela dégoûtait Draco d'entendre ses grognements de plaisir. Comment un homme pouvait autant prendre de jouissance à abuser un de ses semblables ? Comment un humain pouvait-il adorer faire ce genre de choses ? Ses yeux rougis par ses larmes semblaient fatigués alors que ses muscles étaient contractés par cette terreur que Bryan lui faisait émettre par ses gestes répugnants. Sa fierté était brisée en mille morceaux, ses airs égocentriques et ses sourires narquois étaient dorénavant engouffrés dans cette honte sans nom qu'il l'avait simplement détruit en quelques secondes. Draco n'était plus rien.

Un coup de rein plus féroce que les précédents arracha un cri à Draco alors qu'il sentit subitement un liquide chaud dans son intimité. Il écarquilla les yeux en comprenant que son bourreau venait de jouir à l'intérieur de lui. Il ne put retenir un autre sanglot constatant amèrement que Bryan avait pris plaisir à éjaculer en lui. Il entendit subitement d'autres pas pendant que Bryan s'écarta de lui et su à la grande silhouette qui avançait dans la pénombre de la cave que c'était Jimmy qui venait voir le spectacle.

« Tu n'as pas perdu de temps. Il est comment ?

- Il est super étroit, il crie comme une pute en manque. »

Il entendit Jimmy rigoler aux éclats avant de le voir ramasser la Gazette sur le sol froid. Il reçut durement le journal en pleine tête avant de le voir tomber en face de son visage toujours à terre où il découvrit avec effroi la couverture. C'était des photos de lui. Ses kidnappeurs avaient envoyé des photos de l'humiliation de la veille à La Gazette ! À ce constat, il ne pouvait que redoubler ses pleurs dans un spasme violent.

« Vas-y, je vais l'essayer. »

À ces mots qu'il venait d'entendre, Draco avait peur de comprendre. Il observa le mat et su, à son pantalon, défait qu'il allait subir des terribles supplices sexuels. Il le vit sortir son membre avant d'écarquiller ses yeux, effrayé.

« Non... » Réagit-il en grelottant

Le sexe de Jimmy était immense, plus grand que celui de Bryan qui lui avait fait connaître tant de maux et de douleurs. Il ne voulait pas revivre cela avec un autre homme. Il ne voulait pas recevoir cette grande verge dans son intimité.

« Non, s'il vous plaît... Non ! »

Tandis qu'il supplia Jimmy de ne pas abuser de lui, ce dernier s'avança dans un sourire malsain vers l'antre déjà dépucelé où un léger fil de sang s'échappait mélanger avec le sperme encore chaud de Bryan. Draco sentit ses grandes mains froides sur ses hanches avant de hurler de douleur en sentant le gros pénis de son agresseur en lui. Jimmy s'était inséré en lui sans préparation provoquant une douleur insurmontable au pauvre blond qui pleurait à nouveau aux éclats.

« T'as raison Bryan, c'est super étroit. »

Comme une évidence, Draco observa la couverture de journal qui était encore auprès de lui, songeant qu'il avait mérité tout ce qui lui arrivait. Les coups de reins étaient plus intenses et plus brutaux, faisant ainsi bouger en va-et-vient le corps meurtri de Draco.

Fixant toujours les photos animées sur le journal, il n'avait pas remarqué la présence de Bryan auprès de lui. C'était lorsqu'il sentit sa main sur sa joue qu'il releva son regard vers lui, comprenant qu'il voulait souiller aussi sa bouche. Sans attendre, Bryan prit son visage de force, redressant ainsi un peu son corps blessé puis dans un gémissement étouffé, Draco absorba la verge de son agresseur au fond de sa cavité buccale. Ses mains moites s'accrochaient à sa chevelure blonde, l'appuyant et le reculant dans un mouvement singulier. Draco tenta à plusieurs reprises de retirer sa bouche de sa verge, mais à chaque fois il avait l'impression que Bryan glissait encore plus son membre excité sur sa langue rose.

Draco avait envie de gerber. Il avait fini par avaler les gouttes de sperme qui restait sur la verge de Bryan. Ce dernier prenait un malin plaisir à accélérer petit à petit ses allées et venues dans la bouche du prisonnier.

« T'aimes sucer à ce que vois... » Commenta Bryan dans un petit sourire au coin.

Dans un nouvel gémissement étouffé, Draco avait du mal à suivre la cadence de son bourreau, pour cause, sa respiration se faisait plus rare. De plus, les coups de reins de Jimmy lui faisait mal. Il avait envie de crier, mais seuls des sons faibles et asphyxiés se faisaient entendre.

Draco songea soudainement à toutes ces femmes auxquelles elles lui avaient offert cette érotique gâterie. Il se rappelait encore de son plaisir à sentir sa propre verge dans leur bouche, à sentir leur langue caresser longuement et tortueusement son membre. Malgré qu'il y en était contraint, il n'aurait jamais cru être à la place d'une de ses enquêtes à faire des choses qu'il ne pensait jamais faire.

Alors que le rythme des coups de reins se fit plus rapide, Draco sentit les mains de Bryan appuyer sa tête, l'obligeant à prendre toute la verge dans sa bouche. Puis sans avertir, cette dernière fut remplie de semence. Draco ouï son premier agresseur gémir dans un râle satisfait alors que ses mains, toujours tenant sa chevelure claire, l'empêchait de se retirer. Du liquide blanc débordait de ses lèvres alors que Bryan dégagea enfin sa verge de la bouche souillée de Draco. Celui-ci voulut tout recracher, mais au moment où il s'apprêtait à le faire, les mains de Bryan relevèrent sa tête où leurs regards se croisèrent.

« Avale. »

Il le vit mettre ses doigts dans sa bouche et Draco songea à le mordre lorsque soudainement l'agresseur retira sa main afin de fermer lui-même sa bouche. Draco essaya de se débattre mais un coup de rein plus brutal, qui venait de toucher sa prostate, l'en empêcha. Il finit par avaler la semence de Bryan, qui, ravit l'insulta une nouvelle fois dans un regard envieux.

« Merlin, je vais venir... » S'écria Jimmy.

Et sans plus tarder, Draco sentit à nouveau du liquide tiède dans son intimité avant d'entendre le robuste bourreau crier sa jouissance dans un râle non retenu et se retirer enfin de lui. Le blond s'effondra totalement sur le sol, épuisé et sali.

Il avait espéré que ses violeurs s'en aillent et qu'ils ne reviennent plus jamais. Il avait songé un instant que tout ce qui venait de se produire était un terrible cauchemar et qu'il allait sortir de ce mauvais rêve d'une seconde à l'autre. Il le fallait, se persuada-t-il...

Malheureusement, la violente prise de Jimmy sur ses jambes le forçant à se retourner vers le plafond brisa ses infimes espoirs.

« Hé regarde Bryan, il est en érection. »

Il sentit la grande semelle d'une chaussure sur son entrejambe avant de comprendre que Jimmy s'amusait à bouger son membre dressé dans tous les sens. Draco grimaça de douleur et essaya de se retenir de jouir. Il ne voulait pas donner ce plaisir à ces monstres sexuels. Il ne voulait pas que ses agresseurs le voient encore plus faible qu'il ne l'était...

« C'est qu'il est tout excité... T'es qu'une petite salope ! T'aimes quand on touche là Malfoy !

- Non... S'il vous plaît... » Gémit-il

Sans une once de pitié, Jimmy continua sa torture sous le regard observateur et désireux de Bryan. Quelques secondes plus tard, Draco jouit honteusement malgré lui. Sa semence se déversa rapidement dans des petits éclats blancs toujours sous leurs regards attentifs et malsains. Le blond se sentit une nouvelle fois humilié, anéanti d'avoir éjaculé devant ses bourreaux. Alors que leurs ricanements résonnèrent dans la cave, Draco laissa à nouveau ses larmes couler sans réussir à les retenir. Inconsciemment, il se mit en position fœtale, tout en essayant de cacher son appareil génital aux deux hommes qui se moquèrent encore de lui.

À cet instant, Draco voulait mourir afin de ne plus ressentir ces sentiments de rabaissements, de cette honte qui le ronge, ne plus entendre leurs railleries.

Draco souhaitait, plus que tout, disparaître.

O/O/O

Il était onze heures lorsqu'Harry et Théodore revinrent du laboratoire de Luna où cette dernière avait analysé les photos et l'enveloppe que Rita Sketter avait reçu la veille. Ils avaient découvert que l'enveloppe n'était pas fabriquée dans une des entreprises sorcières, mais qu'elle venait d'une marque moldu.

Naturellement, Harry avait contacté Hermione par téléphone portable afin de lui faire par de cette subtile découverte. Il savait qu'Hermione connaissait plus de choses que lui lorsqu'il s'agissait de la papeterie moldu. Hermione était finalement venue au ministère de la magie où elle avait aperçu l'enveloppe et avait conclu que cette dernière ne se vendait que dans des boutiques indépendantes, dans certaines parties de l'Angleterre. Elle avait avoué qu'elle achetait aussi ce genre d'enveloppes pour son travail et qu'elle profitait à chaque fois qu'elle allait rendre visite à ses parents pour faire le plein de fournitures. Après avoir fourni les explications à Harry, la jeune brune s'en alla aussi vite qu'elle était partie. En effet, Hermione gérait un cabinet avec deux autres associés dans la psychologie et dû revenir au plus vite sur son lieu de travail où un patient n'allait pas tarder à arriver à son prochain rendez-vous.

« Hermione a dit qu'elle trouvait ce genre d'enveloppes dans les boutiques PaperChase dans le monde moldu. Draco est sûrement gardé dans une habitation moldu, peut-être proche de cette boutique, déclara Harry.

- Ouais, il y en a dans le sud de Londres et dans les petits villages campagnards. »

Théodore regardait le mini-rapport de Luna où il informait les composantes de l'enveloppe ainsi que les observations sur les différentes photos animées. D'après une recherche sur ses clichés, les Aurors étaient sûrs que Draco était dans un sous-sol d'un pavillon. Alors que Théodore releva son regard du bilan, il constata que depuis son arrivé, il n'avait pas vu Neville. Il fronça ses sourcils, inquiet. Certes, on était dimanche, mais ce n'était pas une raison de ne pas venir l'épauler au travail. Après tout, Neville lui avait promis qu'il ferait tout son possible pour l'aider à retrouver Draco. Alors pourquoi n'était-il pas là avec eux ?

« Mais où est Neville ?

- Oh, il ne pourra pas être là aujourd'hui. »

Il observa Harry détourner le regard vers son bureau et le vit s'installer sur son fauteuil. Il avait le pressentiment que le Survivant lui cachait quelque chose c'était, sans aucun doute, lié à l'absence de Neville.

Il avait l'impression de se sentir trahi et il n'aimait pas du tout ressentir ce genre de chose. Il pouvait comprendre que Neville ait parlé de ses éventuels problèmes avec Harry mais il aurait pensé qu'il était assez proche de lui pour qu'il puisse aussi lui confesser certaines choses. A priori, ce n'était pas le cas, songea Théodore amèrement.

« Ah. Il doit faire quelque chose plus important que nous aider à retrouver Malfoy. » Stipula-t-il d'une certaine mauvaise foi.

Il ne pouvait pas s'empêcher d'en vouloir à Neville d'être absent dans un moment pareil. Ils formaient une équipe on n'était pas censé abandonner un coéquipier lorsque ce dernier avait besoin d'aide et de surcroît, du soutien pour cette enquête difficile.

« Théodore, souffla Harry avant de continuer sur un ton plus sérieux, tu ne peux pas en vouloir à Neville d'être absent. Il a des raisons personnelles qui l'obligent à ne pas être là. »

Théodore soupira tout en fermant le rapport et se tourna complètement vers son collègue. Sans réellement savoir pourquoi, il était un peu jaloux d'Harry. En fait, si, il savait pourquoi il ressentait cette jalousie, mais il ne voulait simplement pas l'assumer. Neville était largement plus proche d'Harry, après tout ils se connaissaient depuis la première année à Poudlard et ils avaient fait la guerre ensemble. Pas étonnant qu'ils soient des amis proches. Il enviait cette complicité. Finalement, en y songeant, Théodore n'était pas spécialement proche de Blaise ou de Draco. C'était plutôt Draco et Blaise qui semblaient avoir une amitié fusionnelle. Parfois il nouait une drôle d'entente avec Pansy, mais ce n'était pas comme Harry et Neville. Loin de là.

Était-il vraiment un cas désespéré lorsqu'il s'agissait des relations humaines ? L'ex Serpentard repoussa ses idées pessimistes et essaya de reprendre son calme. Depuis l'enlèvement de Draco, Théodore avait les nerfs à vif, ce qui n'était pas vraiment le genre du jeune homme, qui était ordinairement posé.

Il s'approcha du bureau d'Harry avant de croiser ses orbes étonnamment verts. Il aurait voulu savoir les raisons de l'absence de Neville, mais puisque c'était de motif personnel, il n'osait pas les demander à son collègue. Après tout, s'il n'était pas au courant, c'était pour une bonne raison. Il y avait bien une explication à ce qui ne sache pas. Peut-être que Neville ne lui faisait pas assez confiance ? Et voilà qu'il retombait dans ses doutes...

« Théodore, arrête de te tracasser, si Neville ne t'a rien dit, c'est simplement pour ne pas t'inquiéter. »

Troublé, Théodore écarquilla ses yeux de surprises. Mais comment Harry pouvait savoir ce qu'il pensait ? Pouvait-il lire si facilement en lui comme un livre ouvert ?

« M'inquiéter ? Pourquoi je m'inquiéterai ? répondit d'un air présomptueux.

- Théodore, à force de te côtoyer, on finit par comprendre comment tu fonctionnes. Ça se voit que tu es contrarié par son absence et que cela t'agace que tu ne saches pas pourquoi.

- Bien. C'est vrai, admit-il un peu énervé. Après tout ce n'est pas comme si on essayait de retrouver un de mes amis et qu'on a besoin de toute l'équipe pour avancer les recherches. »

Il savait que son comportement pouvait être enfantin et que cela pouvait en énerver plus d'un. Pourtant, c'était assez rare qu'il réagisse de cette façon. D'une certaine manière, cela le touchait plus qu'il ne le pensait.

« Écoute, j'aurai bien voulu t'expliquer pourquoi il n'est pas avec nous, mais je préfère que ça soit Neville qui te le dise. » Avoua Harry d'un air désolé.

Théodore s'apaisa à ses mots. Harry avait raison, il ne devait pas chipoter pour un rien et demander lui-même les raisons à Neville. Qui sait, peut-être qui aimerait lui en parler. Cela avait l'air sérieux, il avait sûrement des soucis et il espérait simplement que son coéquipier puisse les régler le plus rapidement possible.

O/O/O

Il était treize heures lorsque Théodore arriva dans le quartier pavillonnaire du Londres Sorcier où habitait Neville. Il avait essayé de se retenir de venir mais sa curiosité avait fini par le pousser à sortir du ministère de la magie. Il n'avait jamais été chez lui, mais il se rappelait, lors d'une de ses premières missions, d'avoir passé devant sa maison que sa grand-mère avait donnée après que cette dernière s'était fait interner partiellement dans une maison de retraite.

Il s'arrêta devant l'un des petits pavillons. Celui-ci était fait de pierre tandis que le toit était marron clair. Théodore vit une fenêtre ouverte où une voix féminine et autoritaire émana discrètement jusqu'à ses oreilles. Il semblerait qu'il y avait quelqu'un avec Neville...

Devant la porte, il hésita longuement à appuyer sur la sonnette magique. Il avait peur de regretter de rentrer dans l'intimité de Neville. Après tout, il ne l'avait pas prévenu de sa venue. Il aurait peut-être dû lui envoyer simplement un hibou pour avoir de ses nouvelles. Parfois, Théodore ne comprenait pas vraiment ce qu'il faisait.

« Théodore ? »

À la voix familière de son collègue, il sortit de ses pensées et remonta son regard sur la fenêtre ouverte où il le découvrit.

« Euh... Salut.

- Salut. Vas-y entre, c'est ouvert. »

Il acquiesça puis amorça la clenche du portail en bois marron et lisse, avant de traverser la petite cour. Il vit apparaître son ami à quelques mètres de lui avec un sourire maladroit sur ses lèvres.

« Désolé, il y a un peu de bazar.

- T'inquiète. »

Neville le laissa entrer à l'intérieur puis ferma la porte. Théodore entendit une radio magique où de la musique classique résonna doucement dans un coin du salon. Il aperçut une vielle dame, assis sur une chaise auprès de la table de la salle à manger où elle semblait tricoter un début de pull.

« Grand-mère, voici Théodore. C'est un de mes collègues.

-Bonjour madame. » Salua le brun.

Seuls des marmonnements sortirent de la bouche de la vielle dame. Théodore croisa le regard désolé de son ami avant que ce dernier ne lui propose quelque chose à boire. Avec politesse, Théodore refusa tandis qu'il le vit rentrer dans la cuisine ouverte. Il le suivit silencieusement.

« Désolé, elle n'en fait qu'à sa tête. »

Tandis que Neville rangeait de la vaisselle propre dans un placard, Théodore profita pour l'observer. Il avait remarqué des cernes accentués, soulignant ses yeux foncés ainsi qu'une légère barbe naissante. Il semblerait que Neville n'avait pas beaucoup dormi et qu'il avait négligé son apparence par faute de temps.

« J'ai vu les photos dans la Gazette, c'est vraiment horrible.

- Ouais tu peux le dire...répondit amèrement, en plus Narcissa a menacé Rita Skeeter.

- J'imagine bien la scène... Comment avance l'enquête ?

- Ça avance doucement. On essaie de localiser le lieu où les ravisseurs gardent Draco.

- Vous avez réussi à trouver des indices sur les photos ?

- Ouais, on est sûr que Draco est caché dans un sous-sol d'un pavillon et que...

- Neville ! » Interrompit la voix d'Augusta.

Le petit-fils soupira doucement avant de quitter la cuisine tandis que Théodore le suivit discrètement.

« Emmène-moi dehors.

- Enfin grand-mère, on est sorti ce matin, repose-toi un peu.

- Quoi ? Je veux sortir ! Tu ne veux pas que ta pauvre grand-mère prenne l'air ?! Petit-fils indigne ! »

Théodore n'aurait jamais cru que la grand-mère de Neville aurait un caractère trempé et autoritaire. Il avait l'impression qu'elle le rabaissait et cela ne plaisait guère à Théodore qui souhaitait avidement défendre son collègue.

« Je veux ma canne. »

Obéissant, Neville prit ladite canne qui était posée à côté du canapé en velours au bout de la pièce et l'emmena auprès d'Augusta. Cette dernière la prit sans remercier Neville qui essaya à nouveau de convaincre sa grand-mère de se reposer encore un peu.

« Non, je veux sortir !

- Et si tu prenais l'air dans le jardin, on sortira plus tard, d'accord ?

- Hein ? Neville, pas de négociation avec moi !

- D'accord, d'accord ! Je finis de ranger la vaisselle et on sort. » Céda Neville, las.

Pour seule réponse, Augusta acquiesça dans un petit marmonnement avant de poser sa canne sur la table et de reprendre son tricot. Alors que Neville repartit dans la cuisine, Théodore ne put s'empêcher de dévisager la vieille dame. Elle était vêtue d'une robe en mousseline sous un gilet en fourrure épaisse et des chaussures pointues. Ses cheveux gris étaient attachés en un chignon français où des petites mèches rebelles entouraient son visage tiré par les rides. Il avait l'impression qu'elle se fichait de sa présence, mais il se trompait lourdement.

« Vous avez quoi à me fixer comme ça ? Vous savez que c'est malpoli... »

C'était la première fois qu'elle lui parlait et déjà, elle lui tapait sur les nerfs. Elle osait parler de politesse alors qu'elle n'était pas foutue de lui dire un simple bonjour. Il jura intérieurement puis se força un sourire hypocrite.

« C'est sûr que vous avez de la marge niveau politesse, ironisa-t-il

- Je n'ai pas à recevoir des leçons de moral d'un rejeton frustré. »

Il tiqua à l'expression « rejeton frustré » songeant que cette irritante vieille avait pesé sur ses derniers mots. Et en quoi il était frustré, d'abord ?!

« Parce que vous pensez que tout vous ait permis. Ne croyez surtout pas que vous avez un prétexte de lancer des critiques à qui bon vous semble. »

Il eut pour réponse un mauvais regard et ne put s'empêcher d'être satisfait. Il avait du mal à croire que Neville vivait avec une personne pareille ! Durant un court instant, il imagina son ami se faire exploiter par sa grand-mère sous les commentaires rabaissant de cette dernière. Il grimaça et songea que décidément, Neville était vraiment courageux de supporter cette vieille grincheuse.

« Hum. Vous êtes tous les mêmes. »

Théodore sourcilla d'incompréhension, se demandant silencieusement de quoi Augusta pouvait bien sous-entendre.

« Comme si vous montrez le bon exemple, vous et tous ces autres Aurors... Marmonna-t-elle

- Les Aurors montrent l'exemple en protégeant les personnes vulnérables ou en danger. Je ne comprends pas où vous voulez en venir. »

Une nouvelle fois, il reçut un mauvais regard de la part d'Augusta et essaya de cerner le commentaire de cette dernière. Il n'arrivait décidément pas à comprendre cette drôle de femme.

« Et c'est comme cela qu'on pousse des personnes naïves et rêveuses comme Neville à devenir Auror. Vous ne croyez pas qu'il en assez souffert ?! Si cela continue comme cela, il finira comme ses parents... Un cinglé !

- Attendez, vous lui en voulez d'être un Auror ?! » S'étonna Théodore.

Un bruit de vaisselle brisée résonna dans la cuisine interrompit la discussion tumultueuse des deux protagonistes. Inquiet, le jeune homme rejoignit rapidement son collègue et le découvrit la main mutilée. Il comprit à la vue des morceaux de porcelaine que Neville avait brisé une assiette et cela avait, par la même occasion, coupée sa paume.

« Tu saignes ! »

Il vit une boîte à mouchoir non loin de lui et en piocha plusieurs avant de prendre la main de Neville afin de compresser la blessure. Quant à Neville, il semblait soudainement ailleurs. Il laissa son ami prendre soin de sa blessure avec un sort pour soulager la douleur soudaine et pour désinfecter. Il en profita pour disparaître d'un coup de baguette l'assiette cassée éparpillée en plusieurs morceaux sur le carrelage avant de s'inquiéter à nouveau de l'état de son coéquipier.

« Ça va ? Tu as mal ? »

Neville répondit non de la tête alors que Théodore soupira doucement en croisant le regard terne de son ami. Il avait l'impression que celui-ci était perdu dans ses pensées.

« Neville ?

- J'ai écouté la conversation...»

Théodore se sentit honteux. Il avait réagi spontanément avec sa grand-mère sans penser aux conséquences qui découleraient auprès de Neville. Il voulait s'excuser malgré sa fierté qui l'opposait fortement.

« Neville, je...

- Faut dire aussi que ma grand-mère a toujours été opposé à ce que je devienne Auror, interrompit-il involontairement, mais je peux comprendre qu'elle ait peur que quelque chose m'arrive. Après tout, c'est un métier à risques. »

Théodore affirma ses dires dans un acquiescement et songea que malgré le caractère insupportable d'Augusta, cette dernière cachait une angoisse sourde de perdre son petit-fils. Il ne savait pas réellement ce qui était arrivé aux parents de Neville. Il savait juste qu'ils étaient Aurors et qu'ils n'avaient jamais pu prendre en charge leur fils unique. Il n'avait jamais su pourquoi Neville avait toujours vécu chez son aïeule lorsqu'il était enfant et n'avait jamais osé demander les raisons. Il avait longuement supposé que ses parents étaient morts, mais lorsqu'Augusta avait sous-entendu que ceux-ci étaient devenus dingues, il se demanda silencieusement si c'était vraiment le cas. Peut-être qu'elle exagérait, qu'elle le disait dans le sens où ils étaient accros au travail, qu'ils préféraient leur métier plutôt qu'à leur fils... Au fil des pensées, des hypothèses vinrent à nouveau dans sa mémoire.

« En plus, je me suis disputé avec elle hier, lorsque je suis venu la chercher dans sa maison de retraite, confessa-t-il, elle me reprochait de trop travailler et de l'abandonner trop souvent le week-end avec ses colocataires.

- Ah ? Je ne savais pas qu'elle vivait avec toi tous les week-ends. C'est pour cette raison que tu n'es pas venu aujourd'hui au bureau ?

- Ouais, souffla-t-il, je ne pouvais pas à nouveau négocier avec le directeur, déjà que je dois régler les frais en retard de la maison de retraite, je n'avais pas trop le choix de prendre sur mes heures de travail. C'est un miracle que j'ai réussi pour hier. »

Théodore écarquilla ses yeux de surprise en découvrant cette confession. Il n'aurait jamais cru que Neville serait endetté. Il comprit, maintenant, les allusions d'Harry lorsque ce dernier lui avait avoué que seul le maladroit sorcier pouvait révéler ses problèmes. Ce n'était pas le genre d'information qu'un ami pouvait dévoiler à une autre personne.

« Neville, je peux t'aider et...

- Non. Je ne veux pas. »

Il vit son regard se changer et lu une sorte de pudeur mélangée à de la détermination. Ah, ces Gryffondors, ils ne veulent jamais accepter l'aide de quelqu'un... Toujours à vouloir affronter les situations seuls.

« Écoute Théodore, je n'ai pas besoin qu'on m'aide. Je ne veux pas dépendre de quelqu'un. Tu comprends ?

- Oui, murmura-t-il avant de continuer sur un ton plus interrogatif, ta grand-mère est au courant ? »

En voyant le regard fuyant de son ami qui dirigeait sur sa blessure et le silence qui tombait brusquement, il comprit qu'Augusta ne savait rien.

« Elle n'est pas au courant, n'est-ce-pas ?

- Ouais... Si tu pouvais éviter d'en parler devant elle...

- Je ne dirais rien. » Assura-t-il d'une voix calme.

Un silence étrangement gênant s'installa entre les deux hommes. Théodore se sentait misérable d'avoir pensé que Neville ne lui faisait pas assez confiance. Après tout, c'était son coéquipier, il risquait sa vie pour le couvrir tout comme il le faisait pour lui lors des quelques missions périlleuses qu'ils pouvaient rencontrer dans leur métier. Il s'insulta mentalement d'idiot pour n'avoir jamais remarqué quoique ce soit qui pouvait trahir le comportement de son ami par rapport à ses problèmes personnels. S'il avait su plus tôt, peut-être que Neville ne serait pas là, à galérer et à gérer seul ses soucis financiers ? Est-ce qu'Harry savait depuis longtemps ? Il mordilla sa lèvre inférieure, frustré par tous ces remords qui s'infiltraient en lui. Il n'osait pas lui demander de combien de temps remontait la facture impayée de la maison de retraite et préférait rester silencieux, par peur d'empirer cette situation déconcertante.

« Neville ! T'as fini ? »

La voix d'Augusta sortit les deux jeunes hommes de leurs pensées respectives. Neville sursauta doucement avant de quitter la cuisine afin de rejoindre sa grand-mère. Théodore ne savait plus s'il devait partir ou rester. La discussion qu'il venait d'avoir avec lui l'avait un peu troublé et il se sentait stupidement impuissant. Il soupira doucement avant de s'avancer vers l'encadrement de la porte où il s'appuya discrètement sur le côté. Il observa la scène qui se déroulait sous ses yeux.

« Oui, on va sortir. Tu veux prendre ton chapeau ? »

Tandis qu'il voyait Neville s'activer dans le salon, il songea à la réaction récente d'Augusta à propos de Neville et ne put s'empêcher d'avoir un peu de compassion pour elle. Après tout, elle s'inquiétait pour son petit-fils, même si elle le montrait d'une mauvaise façon. Il vit Neville arrivé à sa hauteur, sa main ébouriffant sa chevelure noire.

« Oh, désolé Théodore, on va sortir. Ce n'est pas que je n'apprécie pas ta compagnie mais je ne crois pas que cela plairait guère à ma grand-mère. Puis de toi à moi, je crois que tu as mieux à faire que de rester avec une mamie hargneuse. »

Il revit le fameux sourire maladroit qu'il affichait si souvent sur ses lèvres. Théodore lui rassura qu'il allait partir et qu'il n'avait pas besoin d'être accompagné jusqu'à la porte. Après avoir salué son ami, il commença à se diriger vers la porte d'entrée lorsqu'il entendit un « C'est quoi cette blessure Neville ! Que tu peux être maladroit... » d'une voix aiguë, le faisant sourire malgré lui. Il s'avérait qu'il n'était pas le seul à s'inquiéter et cela rassura le jeune homme, sachant que Neville pouvait compter sur Harry et lui à tout moment.