Coucou !

Je voulais publier le 8ème chapitre plus tôt mais il y a pas mal de bugs sur le site, j'ai préféré attendre :-)

Ce huitième chapitre sera surtout centré sur Théodore Nott.

En vous souhaitant bonne lecture !


Disclaimer : Les personnages appartiennent à J.K Rowling. (sauf de mon invention comme les ex de Draco, les agresseurs et le serveur du bar)


Chapitre 8 :

La musique était forte. Les couleurs étaient multiples et clignotantes. L'atmosphère était à la fête, à la soirée, à la drague pure et dure. La foule était en délire et les serveurs étaient magnifiques. Dans la discothèque gay de Londres, la folie était à son comble. Certains étaient en coller serrer avec d'autres, quelques-uns plus discrets buvaient en groupe dans un coin tandis que d'autres se déhanchaient au rythme de la musique. Tous riaient aux éclats, tous avaient le sourire aux lèvres, tous semblaient heureux. Sauf un.

Assis auprès du comptoir du bar, Théodore venait de finir son verre de whisky pur-feu et demandait un autre au serveur. Ce dernier était celui qu'il avait interrogé avec Neville, se rappelait le jeune homme.

« Eh bien, tu as passé une sale journée, on dirait… »

Théodore le détailla sans répondre. Il vagabondait son regard fatigué sur le corps finement musclé du serveur avant de croiser ses yeux marron qui le fixaient d'une lueur inquiète. Il ne voulait pas faire la conversation. Tout ce qu'il souhaitait, c'était se soûler pour oublier. Pour oublier qu'il avait vu son coéquipier donner sa vie pour la sienne, pour oublier qu'il l'avait vu mourir dans ses bras, pour effacer ce souvenir où il voyait la lueur intense disparaître dans les yeux de Neville. Il ne voulait pas reconnaître que désormais, il ne le verrait plus dans son bureau, qu'il n'entendrait plus sa voix qui silencieusement il aimait tant, qu'il ne pourrait plus le voir sourire maladroitement et encore moins rire avec lui. Parce que oui, Théodore pouvait parfois rire et partager des moments de rigolades avec quelqu'un, même si ses rires étaient discrets et parfois très brefs.

Il se rappelait très distinctement, la voix tremblante de son ami qui lui ordonnait de veiller sur Luna, qu'elle aurait besoin de sa présence pour tenir le coup. Il avait voulu rire jaune à ce moment-là, mais sa gorge s'était serrée avant qu'il réussisse à lui dire qu'il devait tenir le coup, que les médicomages étaient là pour le maintenir en vie. Qu'est-ce qu'il était bête d'y croire durant un instant que son souhait serait réalisé. Personne n'avait pu le sauver, ils étaient tous en train de le voir crever en spectacle dans ses bras qui ne voulaient plus l'abandonner.

Il mit à nouveau son verre à ses lèvres et avala amèrement le liquide qui lui brûlait la gorge avant de glisser sa main dans ses cheveux châtain foncé. Il se remémora l'odeur de son parfum, le frisson qui le parcourait parfois lorsqu'il touchait ses doigts par mégarde lorsque Neville lui donnait des dossiers ou le café brûlant devant la cafetière magique. Il se souvenait encore l'écho de son rire et, il avait l'impression de l'avoir encore au creux de ses oreilles.

« Un autre verre, s'il vous plaît. »

Il avait peur d'oublier le son de sa voix, de ses bégaiements que de temps à autre, trahissaient sa timidité et sa maladresse. Il lui en voulait tellement. Oui, Neville n'aurait jamais dû jouer aux héros, et prouver une nouvelle fois son stupide courage de Gryffondor.

Théodore glissa sa main sur son cou avant de relever sa tête dans un étirement musculaire montrant, sans le vouloir, sa clavicule au serveur qui l'observait du coin de l'œil. Celui-ci lui avait rempli à nouveau son verre de whisky pur-feu. Avant de venir dans ce bar, le jeune homme était rentré chez lui afin de se changer les idées. Il avait espéré que prendre une bonne douche glacée l'aiderait à voir plus clair dans ces récents événements. Mais ce fut tout le contraire. Il avait chialé comme un gosse qui avait perdu son jouet préféré, insultant mentalement de tous les noms son coéquipier décédé. Il lui en voulait d'être parti sans prévenir, sans lui laisser une chance de le sauver, de lui dire…

Oui, Théodore lui en voulait d'être parti trop tôt, d'être parti sans lui avoir laissé du temps de lui révéler ses sentiments. L'Auror avait compris que ses sentiments envers Neville étaient plus forts qu'une simple amitié, il avait eu peur. Très peur au point de ne pas avoir dormi certaines nuits.

Bien sûr qu'au début, il avait nié. Il avait mis sur le compte de son asociabilité légendaire que ses amis Serpentards considéraient comme hors-norme, et même sur ses expériences foireuses avec les femmes. Pendant un moment, il en avait même reproché silencieusement à Harry de l'avoir contaminé avant de se reprendre rapidement. Ce n'était pas la faute à Harry s'il était gay. L'homosexualité n'était pas une maladie et il le savait pertinemment… Peut-être était-il plutôt bisexuel ? Après tout, c'était la première fois qu'il ressentait de l'amour pour un garçon, cela ne voulait pas dire qu'il ne pouvait pas aimer les femmes. Et puis de toute façon Neville attirait les gays alors… Ce n'était pas tellement de sa propre faute s'il était tombé amoureux de lui, songea-t-il de mauvaise foi.

« Un autre.

- Tu es sûr que tu veux continuer de boire ? »

Il jeta un mauvais regard au serveur avant que celui-ci soupire doucement tout en remplissant une nouvelle fois le verre de son client. C'était quoi, cette manie de tutoyer ses clients ? Le brun ferma ses yeux durant quelques secondes afin de contenir sa colère puis bu d'une traite son verre d'alcool sous le regard soucieux du barman. Théodore savait qu'il donnait une image lamentable de lui-même et que le barman semblait inquiet, mais il ne voulait pas de sa foutue inquiétude et encore moins de son regard qui en disait long sur son appréhension de le voir plus saoulé qu'il devrait être. C'était quoi, son troisième ou quatrième verre ? Il avait connu des situations plus extrêmes…

OOO

Le noir total. Le noir si intense, si flippant, synonyme de néant. C'était la noirceur parfaite pour une âme profondément blessée.

Soudain, un sanglot, suivit d'un autre, plus bruyant, retentit presque comme un écho. Une silhouette sombre bougea à peine contre un mur avant que celle-ci reste immobile. Harry venait de mettre sa tête aux creux de ses bras. Il était assis au sol près de son armoire, recroquevillé au plus près du mur, comme s'il voulait disparaître, faire partie du décor de sa chambre.

Il versa encore des larmes, étouffées et brûlantes, traçant inéluctablement ses joues devenues humides, atterrissant lamentablement sur ses bras qui serraient ses genoux frêles. Il était bientôt vingt-trois heures et le jeune homme avait sauté son dîner décidant de rester cloîtrer entre les quatre murs de sa chambre, dans le noir le plus complet. Cela durait depuis qu'il était entré, vers vingt et une heures.

Il avait encore du mal à réaliser que son ami n'était plus de ce monde. Quelques heures auparavant, il était encore avec Neville à travailler sur la disparition de Draco. Il se souvenait encore de leur conversation ce matin même, devant le distributeur de boissons chaudes où Luna s'était conviée avec sa naturelle aisance. Un petit sourire triste s'installa sur ses lèvres avant que celui-ci disparaisse. Neville lui manquait déjà.

Il pouvait sentir son cœur se serrer à cette pensée. Cela faisait tellement mal. Il n'avait pas connu cette douleur de perdre quelqu'un qui lui était cher, depuis la fin de la guerre quelques années plus tôt. Et encore, les plaies de la guerre n'étaient pas complètement cicatrisées et la perte de Neville risquait d'ouvrir ses autres blessures que son inconscient avait réussi à effacer temporairement.

La fatigue l'obligea à se dévêtir, toujours dans la noirceur de la pièce. Il avait encore son uniforme sur son dos et décida de le troquer contre son habituel pyjama constitué d'un pantacourt ample et un long tee-shirt lui arrivant jusqu'en bas de ses fesses. Il fallait avouer que ce pyjama rendait un air négligé et donnait l'allure au Survivant, d'un sac à patates. Mais au moins, il se sentait à l'aise, et prêt à s'emmitoufler dans sa couette. Quoi qu'il arrive, il était déjà pathétique avec ses larmes qui ne voulaient plus se tarirent ainsi que ses cheveux qui devaient être désordonnés plus que d'habitude, alors ce n'était pas cette tenue de nuit qui le rendrait encore plus déplorable, songea-t-il laconiquement.

Il rentra dans son lit, posant sa tête devenue lourde dans son oreiller moelleux et prit le second polochon dans ses bras alors que sa couverture était déjà remontée jusqu'à ses épaules. Dans son lit à deux places, Harry se sentit soudainement seul avant de fermer ses yeux naturellement l'emmenant dans un sommeil profond.

OOO

Il avait la tête qui tournait dangereusement. Il avait arrêté de compter les verres depuis longtemps et la musique remixée lui titillait ses tempes, provoquant un début de mal de tête. Toujours assis sur le tabouret Théodore essayait de se tenir droit, mais il avait fini par tenir sa tête au creux de sa paume, gardant son peu de contenance qui lui restait.

Il ne savait plus à quoi il pensait. Tout ce qu'il ressentait c'était cette douleur qui s'insinuait petit à petit dans son crâne ainsi que l'alcool qui dictait sa conduite silencieuse. Théodore avait gardé son silence toute la soirée, malgré le barman qui tentait de discuter un peu avec lui. Il avait sûrement espéré lui faire lâcher quelques mots, histoire de le convaincre d'arrêter de boire, mais Théodore avait décidé d'être muet et de ressasser le pourquoi du comment Neville était mort. C'était purement et simplement de sa faute… Il se sentait si coupable, il ne méritait pas de pratiquer la profession d'Auror. Peut-être qu'il devait songer à changer de métier…

« Un autre verre, demanda-t-il avec la voix légèrement traînante.

- Je refuse de te servir. Il est temps de rentrer. »

Théodore n'avait plus la force de lui lancer un mauvais regard. Il avait simplement observé d'un air absent son verre vide avant de soupirer doucement et de contempler une deuxième fois de la soirée, l'interlocuteur qui osait le résister. Ce dernier le regardait avec ses yeux noisette, cherchant à comprendre ce qu'il pouvait pousser un Auror à boire autant un soir en pleine semaine. N'avait-il pas prévu de travailler le lendemain ? Et pourquoi n'avait-il pas ramené l'autre beau gosse ? C'était ce genre de question que le serveur se demandait en voyant le piteux état de son client.

« Tu sais quoi, je vais t'aider à rentrer. »

À peine avait-il déclaré ces mots-là que le barman disparu de la vue de Théodore, qui ne comprenait pas trop ce qui se passait. Il soupira doucement et profita de son absence pour demander à un autre serveur de lui remplir son verre.

« Hé ! Sers-moi du whisky pur-feu. » Interpella-t-il un homme blond à quelques mètres de lui.

Ledit barman ne se fit pas prier et servit le jeune homme. Ce dernier vit le liquide de l'alcool monter petit à petit dans son verre, provoquant à peine un sourire sur ses lèvres. Au moins, ce serveur le laissait faire ce qu'il voulait, il ne l'empêchait pas de boire. Après tout, il avait le droit de boire même s'il savait qu'il avait déjà bu plusieurs verres et qu'il était déjà bien assez saoul. Alors qu'il prenait une gorgée de son whisky pur-feu, il sentit une prise légère sur son poignet, l'obligeant à s'interrompre et à lever les yeux vers la personne qui osait le déranger. Il croisa à nouveau les fameux yeux couleur noisette de l'autre homme et se maudit silencieusement de l'avoir oublié un instant. Qu'est-ce qu'il l'avait dit déjà ? Ah oui, qu'il l'aiderait à rentrer…

Il avait envie de lui crier qu'il pouvait rentrer tout seul, qu'il n'avait pas besoin de quelqu'un pour l'aider et qu'il était assez grand pour décider quand il devrait partir de cette foutue discothèque. Il avait à peine la bouche ouverte et aucun son ne sortit, exaspérant Théodore qui se sentit subitement impuissant face à ce barman. Il profita pour le détailler et s'aperçut que celui-ci avait troqué son nœud de papillon et son gilet sans manches très classe contre un pull fin blanc en col rond et un long gilet épais lui arrivant à mi-cuisses. Il avait l'air soudainement plus jeune. Théodore se demandait bien quel âge il avait. Il pariait tout ce qu'il voulait qu'il fût plus âgé que ce barman. Il se sentit subitement stupide de savoir que c'était un jeune qui lui montrait l'exemple à suivre. Certes, il ne le montrait pas réellement, mais il semblait vouloir forcer Théodore à arrêter et à finir sa soirée loin de cette agitation de fête et d'alcool. Peut-être était-il plus mature que sa gueule d'ange montrait…

Une minute venait de s'écouler et Théodore soupira doucement, décidant de céder face à cet homme qui ressemblait plus à un adolescent. Il lâcha le verre de ses doigts fins et descendit doucement du tabouret en cuir. Il était las. Il n'avait pas envie de faire une once d'effort pour convaincre qui que ce soit qu'il voulait rester. Et puis, voulait-il vraiment rester dans ce bruit infernal de la discothèque ? Théodore ne savait plus ce qu'il souhaitait faire et songea qu'un peu d'air frais lui ferait du bien. Tandis qu'il fit quelques pas en direction de la sortie, il trébucha et se retint rapidement au comptoir avant de sentir l'épaule de ce barman, qu'il ne connaissait toujours pas l'identité, en dessous de son bras.

« Hé Benoît, interpella le serveur blond, tu pars déjà ?

- Ouais, je raccompagne un client. La patronne est au courant, t'inquiète. »

Alors comme cela, il s'appelait Benoît. Enfin, il connaissait le nom de l'homme qui l'avait servi toute la soirée et qui avait décidé de l'embêter jusqu'au bout. Théodore savait qu'il était pathétique. Il se l'était toujours dit, il l'avait toujours pensé. Lui et ses livres. Lui et son insigne d'Auror. Lui et sa vie amoureuse inexistante. Il était le pathétisme en personne.

Et encore maintenant, il se trouvait plus pathétique que jamais à ne pas savoir marcher correctement avec la forte odeur d'alcool qui le suivait comme son ombre et ses vertiges démesurés. Il se laissa entraîner par les pas de Benoît qui se dirigeait vers la sortie tout en évitant le plus possible la foule. Arrivé à la sortie, il sentit un vent frais lui caresser les cheveux et ses joues se glacèrent doucement à la basse température de la nuit. Cela lui faisait tellement du bien.

Il voyait à sa droite, un couple gay contre un mur faisant les premiers préliminaires tandis qu'un petit groupe de jeunes hommes plus loin dans la ruelle riait, dont certains avaient des cigares d'une marque sorcière à leurs lèvres. Sans se rendre compte, Théodore laissa le fameux Benoît mener le chemin jusqu'à la fin de la ruelle en pavés et entendit de moins en moins la musique de la discothèque. Le silence était de plus en plus présent entre les deux hommes.

« Je crois que le transplanage, c'est mort pour toi. Tu habites où, je vais t'emmener jusque chez toi. »

Il tourna sa tête vers le jeune homme et le dévisagea pendant quelques secondes avant de regarder à nouveau en face, le regard vide. Il l'entendit soupirer doucement. Hors de question qu'il dise son adresse. Et puis quoi encore. Il le connaissait à peine, il n'allait pas non plus lui divulguer l'endroit où il vivait.

« Bon, si tu ne veux pas me le dire… On va chez moi alors. »

Hein ? Mais hors de question qu'il aille chez lui. Et puis quoi encore, il n'allait pas squatter chez un inconnu surtout dans son état. Il commença à se débattre afin de s'éloigner du châtain avant que celui-ci le lâche pour du bon, provoquant sa perte d'équilibre.

« Attention, tu risques de tomber ! »

Alors qu'il s'apprêtait à chuter misérablement, les fesses en première sur le sol pavé, il sentit les bras fins de Benoît l'encercler, l'empêchant ainsi de tomber. Une nouvelle fois Benoît prit son bras autour de son épaule afin de le soutenir et reprit sa marche, toujours sous le silence de Théodore qui suivait, malgré lui, le pas.

« Tu aurais dû ramener quelqu'un avec toi si tu avais prévu de te saouler. »

Théodore lâcha un petit rire à peine inaudible. C'était un rire jaune rempli d'ironie, et le barman l'avait entendu malgré la discrétion de ce ricanement.

« Et j'aurai ramené qui ? » Répondit-il dans une voix enrouée

C'était la première fois de la soirée qu'il répondait à Benoît. Ce dernier fut soudainement étonné, l'observant discrètement du coin de l'œil avant de serrer davantage sa main sur son poignet afin de bien maintenir le jeune homme. Théodore était plus grand que lui, d'au moins dix centimètres de plus et il était un peu plus musclé que lui, sans aucun doute grâce à sa formation d'Auror.

« Hum… L'autre beau gosse, non ? »

Théodore savait très bien de qui il faisait référence. Son cœur se serrait de plus en plus songeant que Neville avait vraiment tapé dans l'œil à ce foutu barman. Qu'il aille se faire paître, Neville était à lui. Juste à lui. Mais maintenant, c'était trop tard. Neville n'appartenait à personne. Il était désormais libre comme l'air, loin de ses dettes et des fous qui peuplaient ce monde. Loin de ses amis. Loin de lui. Son cœur se serrait à nouveau. Il avait tellement mal.

« Neville est mort. » Déclara-t-il de but en blanc.

Soudainement, il sentit Benoît se raidir. Par la suite, il sentit également son pas se ralentir un peu plus et de s'arrêter quelques secondes avant de reprendre sa cadence habituelle. Théodore devina que Benoît regrettait d'avoir posé la question, mais ce n'était pas sa faute, il ne pouvait pas le savoir.

« Je suis désolé. »

Le silence tomba à nouveau entre eux, plus brutal, plus amer. Chacun était dans leurs pensées. L'un jugea sa bévue tandis que l'autre songea à son ami défunt. Théodore se permit de s'alourdir un peu plus sur l'épaule de sa connaissance, ayant le pas plus traînant et la fatigue plus intense.

Il se laissa guider par le barman qui, tournait dans une autre rue, déjà loin de l'agitation festival de la discothèque. Parfois, il releva un peu sa tête afin de contempler la nuit noire peuplée d'étoiles scintillantes avant de se concentrer avec difficulté sur sa marche. Il avait peur de trébucher, de ne plus savoir tenir ses pieds qui risquaient une seconde à l'autre de le lâcher, tellement ces derniers étaient étrangement douloureux et engourdis. Sûrement était-ce dû au fait qu'il soit resté presque toute la journée debout ?

« Voilà, c'est là où j'habite. Ce n'est pas très glorieux, mais au moins j'ai un endroit où je peux vivre décemment. »

Quelques secondes plus tard, ils s'arrêtèrent devant un immeuble gris et usé par le temps. Théodore contempla la bâtisse songeant que c'était la première fois qu'il rentrerait dans un lieu aussi sinistre. Il songea au Manoir Malfoy à l'époque de la guerre où Voldemort avait pris les quartiers afin d'installer son règne. Le manoir avait changé de décoration, tombant ainsi dans une noirceur terrifiante. Il avait déjà mis les pieds une fois durant la guerre, et se rappelait des anecdotes de Draco qui, lui, avait malheureusement vécu auprès du Lord Noir. Il savait que son ami avait vu certaines choses qu'un enfant ne devait pas voir, ni entendre. La mort. La souffrance. Les cris. Théodore n'arrivait pas à imaginer ce que Draco avait pu endurer pendant ces longues semaines de terreur. Et malheureusement, Draco avait encore vécu des choses terribles dernièrement, comme si ce n'était pas suffisant avec cette guerre immonde.

Lui, il avait eu la chance que Voldemort ne se fût pas intéressé à lui, il savait que son père l'avait protégé le mieux possible de ce monstre et il savait que son paternel avait regretté ainsi soit peu la marque bien qu'il partage certaines idées avec le Lord. Théodore savait très bien que son père s'était laissé embarquer dans cette atmosphère puissante et effrayante dans le but d'oublier la douleur immense de la perte de sa femme. Au début, son père lui en avait voulu de sa mort, l'avait quelque peu délaissé, avant de comprendre que son unique fils était ce qui était de plus précieux dans ce monde. Théodore savait très bien qu'il était la seule preuve vivante, la seule trace du passage de sa mère sur cette Terre et que son père ferait n'importe quoi pour lui.

Des marches les séparèrent de l'entrée principale de l'immeuble, le forçant à lever un peu plus ses pieds endoloris. Il avait envie de dormir, d'oublier cette soirée et surtout cette journée. Il aurait espéré que lorsqu'il ouvrira les yeux le lendemain que cela soit qu'un mauvais rêve, et que tout ce qui s'était passé depuis la semaine précédente n'était qu'irréel. Il espérait que Draco n'était jamais enlevé, que Neville était toujours en vie et que sa rencontre avec ce barman était juste son imagination qui lui jouait un tour.

Ses iris bleu clair observèrent la décoration médiocre des couloirs de cet immeuble qu'il connaissait l'existence depuis quelques instants. Les murs étaient blancs salis par endroits et tagués par d'autres dans des inscriptions illisibles, faisant grimacer Théodore de dédain. Quel piètre endroit songea-t-il. Ce n'était rien à voir avec sa résidence, bien plus belle que cet immeuble ingrat. Comment Benoît pouvait-il bien vivre dans un endroit pareil ?

« Mon studio est au cinquième étage. » Informa Benoît avant de s'avancer vers les escaliers.

Théodore comprit que cet immeuble n'était pas doté d'ascenseur magique et vu son état d'ivresse, le jeune homme ne pouvait pas se permettre de transplaner avec lui jusqu'au fameux studio. Durant un instant, il se demanda si l'immeuble était ensorcelé afin d'empêcher les éventuels transplanages des personnes extérieures et potentiellement dangereuses ? C'était fort possible… Théodore essaya de relativiser, de voir le bon côté des choses de cette amère situation, en soufflant un bon coup. Bon… Au moins Benoît n'habitait pas au dernier étage, c'était déjà un bon point… Et puis combien cet immeuble pouvait contenir d'étages ? Il avait remarqué que celui-ci était assez haut, sûrement huit étages au moins. Alors qu'il songea à nouveau à la piètre décoration du bâtiment, il sentit son hôte d'une nuit, se serrer un peu plus contre lui avant de comprendre qu'il mettait un peu plus son poids sur ce pauvre garçon. Théodore n'avait pas le courage de faire une once d'effort pour ne serait-ce que soulager son poids contre l'épaule frêle de Benoît. Après tout, celui-ci avait insisté pour qu'il quitte la discothèque, donc il devait prendre sa foutue responsabilité. Benoît ne l'avait plus lâché, alors tant pis pour lui, s'il avait mal à son épaule, songea Théodore de mauvaise foi.

Au bout de dix minutes, Théodore ne put s'empêcher de ralentir sa marche obligeant son hôte de s'arrêter, le regard inquiet tourné vers lui.

« Désolé, je monte un peu trop vite.

- Ces escaliers me donnent le tournis, murmura-t-il

- Courage, il reste encore deux étages et on y est. »

Deux putains d'étages. S'il ne s'était pas bourré autant la gueule, il aurait clairement monté vite fait, bien fait ces cinq étages à la noix. Non, s'il n'était pas aussi bourré, il aurait pu transplaner bien comme il faut jusque chez lui et aurait terminé sa soirée à lire un bouquin ou dans son lit à se culpabiliser encore et encore jusqu'aux lueurs de l'aube. Il ne serait pas dans ce bâtiment laid à en pâlir toute une famille noble de la haute société, et encore moins accompagné d'un barman qui s'avérait être plus jeune que lui et qui ne voulait absolument plus le lâcher. Sans se rendre compte, il avait repris sa montée auprès du jeune homme qui le tenait toujours aussi fort contre sa hanche.

Passant d'une pensée à une autre, ruminant sur son mal de tête qui se pointait de nouveau et sur ses jambes lourdes, Théodore ne remarqua pas toute suite, que Benoît et lui venaient de quitter les escaliers pour se diriger vers une porte au fond d'un couloir impersonnel. Il soupira de soulagement lorsqu'il vit son hôte insérer sa clé en cuivre descellant magiquement la porte dans la serrure de la porte en bois. Il allait bientôt pouvoir se poser et ne plus bouger, enfin espérait-il.

Sans perdre une seconde, Benoît sortit sa baguette afin de redresser le canapé pliant en lit qui se situait contre le mur de l'unique pièce à vivre, afin d'emmener l'ivrogne auprès de celui-ci. Théodore ne cacha absolument pas sa satisfaction d'être enfin posé alors que Benoît le força à s'allonger sur le canapé-lit.

« Repose-toi maintenant. »

Soudainement, un petit aboiement joyeux retentit dans le studio faisant sursauter le jeune homme, qui releva difficilement sa tête. Il découvrit un petit chien à poil court, les dents et les oreilles pointues, qui dressait ses pattes antérieures sur les jambes de son maître. Merlin que ce chien était minuscule, s'étonna Théodore dans un rapidement écarquillement d'yeux.

« Lucky ! Ah mon chien ! Tu es content de me voir hein… »

Théodore l'observa caresser avec joie son petit chien dont il avait oublié la race alors que le canidé s'excitait dans ses léchouilles très humides et baveuses. En effet, Benoît était accroupi auprès du fameux Lucky et se faisait mouiller, malgré lui, son visage par les coups répétitifs de la langue rose de son chien. Théodore soupira encore, mais cette fois-ci de lassitude, et se permit de fermer ses yeux un instant avant de sursauter à nouveau sous un autre aboiement du canin. Il ne pourra pas s'habituer à la présence de chien, ce n'était tout bonnement impossible.

Alors qu'il mettait instinctivement sa main sur son crâne dû à la douleur de plus en plus persistante de ses tempes, il découvrit soudainement le visage de son hôte au-dessus de lui, le faisant trembler rapidement de surprise. Heureusement, qu'il était allongé, sinon, il était sûr, qu'il serait tombé au sol vu de toutes ses crises de paniques qu'ils se faisaient…

« Excuse-moi, mais je ne me souviens pas de ton prénom…

- Théodore, répondit-il laconiquement.

- D'accord. Moi, c'est Benoît. Je vais te laisser seul quelques instants, je vais promener Lucky. »

Au moment où il annonça le nom de son chien, celui-ci sauta sur le lit, faisant une nouvelle fois sursauter le pauvre brun qui ne s'y attendait pas à sa venue. Vraiment, il se terrorisait pour un rien…

« Hé Lucky, ne dérange pas notre invité. »

Le surnommé Lucky avait une laisse en nylon dans sa gueule, ses yeux noirs pétillants, trahissant sa joie de sortir du minuscule logement. Théodore se demandait comment faisait ce canin pour ne pas devenir claustrophobe. À sa place, il aurait sûrement fini par déclencher une crise tellement cet appartement était petit. C'était tout le contraire du sien, qui était composé de plusieurs grandes pièces lumineuses et agréables. Et voilà, qu'il compatissait une minuscule bête à quatre pattes, lui le grand Théodore Nott, le Serpentard distant et solitaire !

« Tu as mal à la tête ? »

Pour seule réponse, Théodore acquiesça, sa main toujours à son front. Il vit le visage de son logeur disparaître de sa vue avant de voir le chien descendre du lit afin de suivre son maître. Il entendit ce dernier se diriger de l'autre côté de la pièce. Théodore avait rapidement observé les lieux lorsqu'il était rentré et il savait que Benoît était dans sa petite cuisine. Au son des bocaux entrechoqués, il devina que son hébergeur était devant les placards de la kitchenette où il cherchait une fiole pouvant l'aider à atténuer son mal de tête.

Il ferma de nouveau ses paupières tout en massant ses tempes avant d'entendre une nouvelle fois le chien aboyer. Il ne fit pas attention aux pas de Benoît qui fit écho sur le parquet et essaya de faire le vide dans sa tête.

« Tiens, dit Benoît en déposant une fiole sur le petit meuble auprès du lit, c'est une potion contre les maux de tête et les gueules de bois. »

Théodore qui venait de tourner sa tête, regarda d'un air envieux ladite fiole avant de poser ses yeux bleus sur le locataire des lieux. Ce dernier était déjà auprès de la porte, et attachait la laisse au collier en cuir de son chien. Quelques secondes plus tard, il entendit la porte claquer tandis que la voix de Benoît résonna les mots « À plus » dans sa tête, qui suivait le rythme du tambour crânien. Il n'arrivait plus à se concentrer sur le vide qu'il avait réussi à entretenir depuis sa venue. Il décida donc de prendre la fiole qui le narguait depuis la table de nuit et but d'une seule gorgée le contenu avant de succomber dans un profond sommeil.

OOO

Trois heures approchaient lorsqu'un cri accompagné d'un sursaut de frayeur se fit dans la chambre 36 de l'hôpital Sainte-Mangouste. Le front en sueur et le corps tremblant, Draco émergea de son récent cauchemar. Il essaya de reprendre son rythme cardiaque normal tandis que ses yeux s'habituèrent à la noirceur de la chambre. Il pouvait voir une infime lumière en dessous de sa porte, signe que le couloir était illuminé par les lampes magiques disposées aux plafonds.

Soudainement, la porte s'ouvrit et une lumière s'éclaira vers son visage. Il comprit qu'une médicomage de nuit venait voir s'il allait bien, devinant qu'il avait hurlé dans son sommeil avant de se réveiller précipitamment.

« Je vous ai entendu crier. Je vais vérifier votre état, Monsieur Malfoy. »

Alors qu'elle activa d'une baguette la lampe magique qui se trouvait près du lit, Draco s'installa plus confortablement dans son lit. Il profita pour détailler la médicomage. Cette dernière avait ses cheveux blonds attachés en un chignon négligé tandis que son uniforme d'hôpital mettait en valeur ses hanches fines et sa poitrine assez conséquente. Cela aurait été le genre de femme que Draco aurait apprécié regarder durant de longues heures et sans aucun doute l'aurait dragué sans équivoque dans un sourire parfait digne d'un grand coureur de jupons. Oui, il aurait dû faire ce genre de chose. Mais maintenant, rien qu'en y songeant, Draco grimaça de dégoût. Il avait banni définitivement ce plaisir de sa vie, faisant désormais partie du passé.

Il laissa la professionnelle de santé lui prendre sa température ainsi que sa tension avant de l'entendre lui conseiller de changer de vêtements. Il constata à cet instant que son haut était humide, dû à sa transpiration et se trouva soudainement crasseux. Il se sentait désagréable dans ce vêtement mouillé, et à la sortie du médicomage, il quitta rapidement son lit afin de débarrasser son haut à manches longues pour l'échanger contre un autre, tout propre. Au moment où il commença à mettre son nouveau haut, une envie de prendre une douche le submergea, et décida finalement de se rincer son corps en vue d'effacer toute cette transpiration qui s'était incrustée dans ses pores. Arrivé dans la salle bain, il se déshabilla et constata amèrement et inutilement l'état de son corps face au miroir. Qu'est-ce qu'il était misérable se plaignait-il silencieusement. Il se sentait tellement laid. À la vue des bleus qui s'étaient bien installés sur sa peau blanche, ici et là, il baissa son regard vers le bandage de son bras gauche où il n'osait défaire. Il ne voulait pas voir la marque, déjà qu'il devait supporter toutes ces autres blessures, il ne pouvait pas se permettre de revoir son tatouage maléfique qui contrastait si bien avec la pâleur de sa peau.

Sans perdre une seule minute encore, il rentra dans la cabine de douche et déclencha l'eau chaude. Un gémissement soudain surgit de ses lèvres, qui trahissait la souffrance. En effet, le contact de l'eau chaude contre ses plaies lui faisait resurgir des douleurs et dû supporter le mieux possible cette aspersion brutale. Il baissa ses paupières, essayant malgré tout de profiter de la douche. Des images de sa séquestration apparurent en flashs dans sa mémoire obligeant le blond à ouvrir rapidement ses yeux. La palpitation de son cœur venait de se déchaîner démontrant l'angoisse de Draco face à ses récents souvenirs.

Il repensa à son cauchemar, où il se voyait encore dans cette sombre cave à se faire malmener par son ex-copine. Instinctivement, il mit sa main sur ses fesses où se trouvait l'antre souillé. Il avait encore du mal à comprendre qu'une femme lui avait fait ce genre chose, c'était si atroce. Déjà qu'il était contre le viol des femmes, il n'aurait jamais pensé qu'un homme pouvait réellement en être une victime. Il ne pouvait qu'admettre que cette cause le touchait plus qu'auparavant, plus que jamais.

Il prit le savon disposé sur une étagère accrochée à la cabine et se mit sur tout le corps avant de se frotter bien consciencieusement avec sa paume devenue rouge par la chaleur du liquide clair. Supportant de moins en moins la douleur de ses blessures au contact de l'eau, Draco décida d'interrompre le jet d'eau et de sortir de la cabine. Il mit sa nouvelle tenue de nuit tout en évitant de voir son propre reflet malgré la légère buée qui s'était ancrée sur le miroir.

Il parcourut la distance qui le séparait de son lit et s'engouffra dans sa couverture, à la hâte, se sentant subitement en insécurité. Il avait l'impression d'être à nouveau un petit enfant qui cherchait du réconfort auprès de la chaleur de son lit face aux monstres qui pourraient se camoufler dans la noirceur qui l'entourait. C'était tellement stupide pensa-t-il, mais il n'arrivait pas à évacuer cette soudaine peur qui l'encombrait. C'était l'effet de son cauchemar, songea-t-il. Il vit soudainement la porte s'ouvrir, augmentant ainsi son angoisse avant de constater que ce n'était qu'autre que la médicomage de nuit qui venait vérifier s'il avait suivi son conseil.

« Bien. Je vois que vous avez aussi pris une douche. Je vais vous administrer une potion pour vous aider à mieux dormir. D'accord ? »

Un peu plus rassuré de sa présence et de sa proposition, il acquiesça silencieusement tout en s'enfonçant doucement dans son oreiller. Après avoir donné la potion, Draco vit la professionnelle éteindre la lampe avec sa baguette magique et sortir, en silence, de sa chambre. Il soupira doucement avant de poser plus tendrement ses paupières, en espérant retrouver le sommeil. Quelques minutes plus tard, son souffle fut plus calme et son corps était immobile, signe que la potion faisait de bons effets sur le jeune homme. Alors que sa respiration sereine coupa discrètement le silence imposant de la pièce, quatre heures étaient déjà passées…

OOO

Lorsqu'il voulut se réveiller, Théodore ne pouvait s'empêcher de fermer longuement ses yeux face au mal de crâne atroce qu'il ressentait. Il songea amèrement à la potion qu'il avait ingurgitée avec force, la veille, et qui avait fait effet, ou du moins l'avait aidé à dormir plus sereinement. Il tenta une nouvelle fois de relever ses paupières, mais cette fois-ci, plus lentement et découvrit avec stupeur le visage d'un bichon maltais - à moins que ce ne fût un chihuahua, ou bien un épagneul songea Théodore - si près du sien. Il recula brusquement tout en lâchant un petit cri pas très viril. Il vit à quelques centimètres de lui, l'autre côté de l'animal, Benoît gémir dans son sommeil. Il avait failli le réveiller et heureusement que celui-ci n'était pas sorti de son sommeil. Il ne voulait pas qu'il le voie dans cet état, déjà qu'il l'avait vu ivre, il ne souhaitait pas non plus que Benoît puisse le voir la tête dans le cul. Déjà qu'il n'avait pas une très belle image quand il se réveillait, il ne voulait surtout pas montrer une image encore plus déplorable à une personne qui a souhaité l'héberger pour une nuit. Même s'il n'avait pas eu le choix de venir chez lui, songea amèrement le jeune homme.

Il sentit le regard de petit canidé sur lui, l'obligeant à baisser ses yeux dans sa direction. Merlin qu'est-ce qu'il était ridiculement petit. Il n'aurait jamais cru qu'un chien pouvait être si petit. Peut-être était-ce un chiot ? Et pourquoi le fixait-il aussi intensément ? Cela perturbait le jeune homme qui ne savait pas où poser son regard. Finalement, il décida de contempler un peu mieux l'endroit où vivait le barman de la discothèque gay.

Les murs étaient étonnamment blancs alors que le sol était en parquet marron foncé. Seule une salle de bains faisait office de seconde pièce alors que la petite cuisine était au bout de la chambre, prenant le minimum de place dans le studio. Elle bordait une mince armoire, où contenaient sûrement les habits de Benoît. Au-dessus de la planche de travail se trouvaient deux placards vert pomme ainsi qu'un tableau noir où des mots étaient écrits à la craie. Ses yeux bleus se dirigèrent ensuite vers la fenêtre qui se trouvait à sa gauche, camouflée à moitié par un rideau fin alors qu'un mètre de celui-ci se trouvait un drôle d'objet posé sur une table basse en bois. Cela ressemblait à une boîte noire où il pouvait voir son reflet d'une étrange façon. Un objet long et rectangulaire était posé au-dessus de cette chose inconnue. Mais qu'est-ce que c'était ce truc ? Curieux, il s'approcha de la boîte noire et la toucha doucement. Bon sang, jamais il n'avait senti une matière pareille, c'était tout lisse et dur. Il décida de prendre en main le petit objet qui était posé dessus et découvrit des touches de différentes couleurs. Ayant peur de faire une mauvaise action, il décida de remettre à sa place le mince objet et de revenir sur le lit.

Benoît avait des choses bizarres chez lui. Était-il un né-moldu ou bien un sang-mêlé ? Il savait qu'Harry disait des mots ou des expressions qu'il ne comprenait pas et savait que c'était dû à ses origines moldues. Il songea que cela devait de même pour tout ce qui était les objets et les coutumes. Enfin bon, les moldus étaient des spécimens très étranges… Alors savoir qu'un sorcier avait en sa possession des choses moldues, c'était presque encore plus bizarre, selon lui. Il soupira doucement, lorsqu'il entendit Benoît bouger dans son lit. Il s'aperçut qu'il avait partagé le même lit que lui, provoquant un nouveau soupir. Déjà qu'il ne laissait pas ses amis dormir avec lui, alors avec un inconnu c'était vraiment de l'exploit. On pouvait bien dire que Théodore n'était vraiment pas lui-même, après tout, il avait été complètement ivre jusqu'à savoir à peine marcher.

« Théodore… »

Il se tourna à nouveau vers le jeune homme qui se redressait doucement son torse hors du drap et le vit s'essuyer son œil dans un air encore étourdi. Il avait ses cheveux châtain clair décoiffés et était vêtu d'un tee-shirt qui semblait un peu large pour son corps fin, le rajeunissant encore plus.

Le chien sauta sur son maître, lui offrant une série de coups de langue sur son visage, obligeant, malgré Benoît, à mieux se réveiller. Théodore découvrit un petit sourire naître sur ses lèvres face à l'affection sans limite de son canidé.

« Oui Lucky, je suis bien réveillé là… »

Théodore ne put s'empêcher d'afficher un discret sourire face à sa remarque, et songea que son hôte aimait beaucoup son chien.

« Tu prends quelque chose le matin ? »

Alors que Benoît réussit à se dégager de son chien et de sortir de son lit, en direction vers sa mini-cuisine, Théodore lui répondit d'un air soupçonneux vers l'animal qui l'observait de nouveau, qu'il souhaitait boire du café noir.

Alors qu'il décida de se mettre debout, il sentit toujours le regard du canidé, le rendant de moins en moins à l'aise. Il dirigea son regard ailleurs lorsqu'il découvrit une photo non animée et en couleur dans un cadre blanc, sur la petite table de nuit. Il n'avait pas fait attention jusqu'à présent. C'était un portrait de Benoît avec son chien, on aurait dit qu'ils étaient encore plus jeunes qui maintenant, jugeant que la photographie datait de plusieurs années. Il finit par rejoindre Benoît, en espérant que le chien dérive son regard vers son maître.

« Pourquoi ton chien me regarde comme ça ? » Demanda-t-il, en zieutant de nouveau vers l'intéressé.

Il vit Benoît jeter un œil vers son chien avant de sourire doucement. Théodore ne savait pas si son sourire était bon signe. Il ne savait pourquoi mais il craignait le pire. Comme toujours d'ailleurs…

« Oh, ça doit être parce que c'est la première fois qu'il voit quelqu'un dans le studio. »

Est-ce qu'il sous-entendait qu'il n'invitait jamais personne à venir chez lui ? Peut-être qu'il n'aimait pas que ses amis puissent venir dans son minuscule studio. Après tout, il n'y avait pas beaucoup de place pour inviter plusieurs personnes… C'était quand même bizarre. Même lui, il invitait Blaise, Draco et Pansy chez lui. Même si dans la plupart des cas, c'était eux qui s'invitaient chez lui, réalisa âcrement Théodore. En plus, il n'y avait pas de cheminée, ce qui était très rare pour un logement sorcier. De plus, il devait monter cinq étages que Théodore se souviendrait longtemps. C'était peut-être aussi à cause de cela que les amis de Benoît ne venaient pas chez lui. Personne n'avait envie de monter cinq étages et on savait tous que les sorciers préféraient largement le réseau de cheminées pour venir chez les gens.

« Tiens. »

Benoît tendit une tasse fumante vers lui. Le jeune homme ne se fit pas prier, et arracha doucement la tasse chaude de la main de son hébergeur avant de souffler au-dessus afin de dissiper la fumée. Il but une gorgée et ferma ses yeux, savourant le liquide qui se glissait dans sa gorge. Que cela faisait du bien de boire un bon café. Il devait admettre que Benoît savait s'y faire en matière de café.

« Euh… Tu ne travailles pas aujourd'hui ? » Demanda timidement Benoît

Ce dernier venait de verser des croquettes dans une gamelle alors que Lucky dévora déjà sa nourriture, sa gueule dans l'épaisse écuelle.

« Non, soupira Théodore, j'ai congé aujourd'hui. »

Son équipe s'était forcée à prendre des congés depuis que Neville est tombé sous un sort impardonnable. Luna aussi, qui était très proche de Neville, ne travaillait pas aujourd'hui. Il glissa sa main dans ses cheveux sombres et, sans attendre, déposa sa tasse dans l'évier avant d'avertir son hôte qu'il avait besoin de se rincer le visage.

« Oui, pas de soucis, la salle de bains est juste là. » Montra-t-il de l'index une autre porte.

Rapidement, le jeune homme rentra dans la salle d'eau, laissant Benoît s'occuper de son chien et de son petit-déjeuner. Devant le miroir, il détailla sa dégaine dans un juron. Ses vêtements étaient dans un sale état et son visage était plus pâle que d'habitude. Ses cheveux couramment lisses étaient légèrement rebelles à certains endroits de son crâne. Il essaya d'améliorer au mieux sa coiffure avant de décider d'utiliser sa baguette pour remettre ses cheveux en ordre.

Un rapide rinçage du visage lui fit du bien avant que Théodore conclût qu'il devait maintenant rentrer chez lui pour se reposer. La fatigue était encore intense et il ne se voyait pas rester encore longtemps dans ce minuscule appartement avec pour seule compagnie un serveur gay qui ressemblait plus à un adolescent qu'à un jeune homme et un chien miniature qui ne cessait de l'observer avec un air curieux.

Il quitta la salle de bains, et commença à ouvrir sa bouche afin d'annoncer son départ à Benoît. Celui-ci venait de s'installer devant la fameuse boîte noire. Il le vit prendre l'objet long avec les touches et découvrit miraculeusement, sous un air ébahi la boîte noire s'allumer sur des visages. Mais comment était-ce possible ? Des gens étaient rentrés dans la boîte, ce n'était pas possible… Il entendit soudainement un petit rire enfantin et constata que Benoît l'observait.

« Je vois que tu es impressionné par ma télévision.

- Ta quoi ?

- Télévision. C'est une invention moldue.

- Ah. Et… Pourquoi il y a des gens dans ta boîte ? »

Une nouvelle fois, Benoît rigola de bon cœur avant de demander à Théodore de s'asseoir auprès de lui afin qu'il lui explique à quoi consistait cette invention moldue. Curieux, le jeune décida d'obéir et s'installa sur le rebord du lit où il observait avec appréhension l'objet moldu.

« Tu vois, on appelle ça une télécommande, informa-t-il en montrant l'objet fin au creux de sa main, et elle nous sert à choisir un programme à distance, cela nous évite de revenir sans cesse jusqu'à la télévision pour changer de chaînes.

- Quelle chaîne ? » Demanda-t-il, sans réellement comprendre ce que disait le jeune.

Il ne voyait pas de chaînes autour de cette télévision et ne comprenait donc pas pourquoi ils devaient changer de chaînes, il avait du mal à suivre.

« Je vais te montrer. Regarde, lorsque j'appuie sur cette touche par exemple, ça met sur la deuxième chaîne. »

Alors qu'il l'observait faire, il se concentra sur la télévision où une nouvelle image animée jaillit et remarqua le chiffre 2 apparaître dans un coin.

« Tu as vu, le numéro de la chaîne s'affiche sur l'écran, qui indique que j'ai bien appuyé sur la touche 2 de ma télécommande. »

Il commençait à cerner un peu mieux, mais il ne savait toujours pas comment des personnes ont pu rentrer dans cette boîte… Mais une autre question lui effleura l'esprit.

« Qu'est-ce que l'écran ?

- C'est la surface de la télévision, ça, c'est l'écran, dit-il en allant toucher le fameux écran.

- Mais pourquoi il y a des gens derrière ton écran ? S'étonna le jeune homme.

- En fait, ce sont des films, ou bien des émissions, des séries… »

Théodore resta perplexe face à la réponse de son hôte et ce dernier constata à son air incompris, qu'il devait détailler ses explications. Il sourit doucement, les yeux pétillants, avant de s'installer à nouveau auprès de Théodore afin de lui expliquer le concept même des films.

« Alors, les films ce sont des créations faites par d'autres personnes et… »

Alors que Benoît partit dans d'autres explications, Théodore songea que peut-être, il allait finalement rester un peu plus longtemps dans ce minuscule appartement.


Actuellement je suis sur l'écriture du chapitre 16 de cette fiction. Je pense publier de façon plus régulière (soit une fois par semaine ou tous les dix jours). Je remercie les nouveaux follows et favoris ainsi que Petite-Licorne-Arc-en-Ciel pour sa review sur le précédent chapitre .

A la prochaine ;-)