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On reprend un rythme de publication normal, au fait. Le déstockage de novembre est terminé ;)


Chapitre n°4 :

Déni


« Le silence est brisé, la confiance est partie, alors que tout ce à quoi tu te raccrochais tombe en lambeaux. »

- Kari Kimmel, "Black"


- Il semblerait que vous ayez fait un déni de grossesse, Dame Omek, déclara le médecin qui la recevait dans son bureau du centre médical de Daplona.

- Je ne comprends toujours pas bien la situation, lâcha Zannah.

De façon très inhabituelle, elle se sentait flotter dans un épais brouillard depuis le matin même. C'était comme si son esprit ne parvenait pas à encaisser ce coup dur. Elle s'était à peine trouvée en état de quitter le manoir enveloppée dans une très large cape noire, afin de ne pas éveiller les soupçons de Cognus.

Son apprentie, dépourvue de la moindre once de compassion, y aurait vu une faiblesse certaine chez elle.

- Qu'est-ce que vous ne comprenez pas, exactement ? lui demanda le médecin d'une voix douce.

- Je ne pouvais pas tomber... enceinte, je porte des dispositifs intra-utérins depuis presque quinze ans ! protesta la Dame Noire.

- Malheureusement, aucun contraceptif ne peut être fiable à cent pour cent... Il existe toujours une marge d'un ou deux pourcents d'insuffisance.

- Alors, pourquoi cela ne s'est-il jamais produit auparavant ?! insista-t-elle.

Mais, au fond d'elle-même, elle savait en partie pourquoi cet incident s'était produit. Elle prenait habituellement une double-précaution avec ses partenaires d'un soir, au moins pour éviter les infections et autres mycoses.

Elle ne l'avait pas fait avec Bane. Dans le feu de l'action, et obnubilée par l'idée de plier son inflexible Maître à sa volonté, elle avait considéré que son stérilet seul suffirait.

- Vous savez, répondit le médecin, le corps humain est une machine complexe dont certains mécanismes nous échappent encore. Nous faisons tout pour réduire ces aléas au minimum, mais nous ne pouvons toujours pas tout contrôler.

- Je continuais d'avoir mes règles..., souffla Zannah, le regard vague.

- C'est souvent le cas lors d'un déni de grossesse. Corps et esprit sont liés dans l'idée d' « étouffer l'affaire », si je puis m'exprimer ainsi, et peu importe la raison qui les y poussent. Parfois, d'ailleurs, c'est comme s'il n'y avait aucune raison, car personne ne parvient à y trouver la moindre explication. C'est probablement la bizarrerie du corps humain la plus mystérieuse pour la science.

- Pourquoi mon ventre a-t-il enflé ainsi en une nuit ? persista-t-elle.

- Impossible là aussi de le savoir avec certitude. On ne peut émettre que des hypothèses. La seule chose dont nous puissions être certains, c'est que vous avez vécu un déni de grossesse pendant huit mois.

- Je suppose que c'est beaucoup trop tard pour y mettre fin ? soupira la jeune femme en s'enfonçant davantage dans son siège.

- Légalement, en effet, plus aucune interruption de grossesse n'est possible, sauf pour raison médicale. Or, vous et votre enfant à venir êtes en pleine santé. Le dernier recours qu'il vous reste est un accouchement sous X, d'ici un mois dans votre cas, afin que le bébé soit donné à l'adoption. Je vais vous laisser réfléchir mûrement à cette option jusqu'à l'accouchement, que je peux déjà planifier pour une date donnée si vous le souhaitez.

Zannah hocha simplement la tête, un goût de bile dans la gorge. Passer une nuit avec Bane s'était révélé être la pire erreur de sa vie...

- Est-ce que vous souhaitez connaître le sexe de l'enfant ?

- Pourquoi pas..., fit-elle en haussant les épaules.

- C'est une fille, sourit faiblement le médecin.