Coucou ! Merci pour vos reviews, ça fait super plaisir ! Voici le chapitre 12, je réactualise le chapitre à la suite de la correction de ma beta. Bonne lecture.
Chapitre mise à jour le 06/01/2021 : Merci à Cassopeia Von Black pour sa relecture et sa correction, tu as été géniale ! :-)
Disclaimer : Les personnages et l'univers magique appartiennent à J.K Rowling à part certains personnages OC qui sortent de ma tête.
Chapitre 12
Dans son studio, Benoît mettait les croquettes achetées la veille dans une supérette moldu dans la gamelle de son canidé. Lucky, le chihuahua, aboya de contentement en voyant son maître sortir la nourriture et s'empressa de prendre les premières bouchées, la gueule plongée dans l'écuelle.
Le mois de février se terminait sous un torrent de pluie et les premières floraisons envahissaient peu à peu la capitale. Benoît bâilla d'un air négligé tout en lissant son large t-shirt de la main. Il voyait toujours Théodore à son bar, moins souvent que la semaine précédente, mais il savait que c'était parce qu'il avait repris son travail au ministère. La plupart du temps, il l'emmenait chez lui après une soirée à se saouler, sans que cela puisse vraiment déranger l'Auror. Ce dernier ne semblait pas avoir l'alcool mauvais et était persuadé qu'il pourrait être encore plus bourré s'il le voulait.
Peu à peu, il avait appris à connaître certains traits de cet homme. Lorsqu'il avait été dans ces moments éthylés, Théodore lui avait raconté comment son coéquipier était décédé et à quel point il se sentait coupable de sa disparition. C'était une épreuve très difficile pour lui et il comprenait pourquoi il préférait parfois se noyer dans un verre d'alcool. Il soupira doucement et sourit en voyant son animal dévorer sa nourriture.
« T'aimes ces croquettes Lucky ! » S'exclama-t-il joyeusement.
Le jeune homme regardait plus en détail l'étiquette de la boîte à croquettes d'un air concentré, une tasse portée à ses lèvres, lorsqu'il entendit son animal couiner. Il baissa son regard dans sa direction et fronça ses sourcils, inquiet. On aurait dit que son chien était victime d'étouffement. Benoît se baissa rapidement à sa hauteur, en un cri d'inquiétude.
« Lucky ! »
Le petit chien recula tout en toussotant, comme s'il voulait expulser quelque chose de sa gueule. Benoît espérait que Lucky allait recracher une croquette mais lorsqu'il vit son animal baver étrangement, il perdit son peu de sang-froid et bondit. Avant même qu'il ne puisse faire quoi que ce soit, l'animal était déjà allongé sur le côté, les yeux encore ouverts, sans aucune once de vie.
« Non…Lucky… Lucky ? Lucky ! »
Il s'approcha de lui, toucha le corps encore chaud du canidé et pleura en constatant qu'il était désormais trop tard… Des sanglots retentirent dans le silence pesant du studio alors que le jeune homme prenait délicatement son fidèle ami dans ses bras. Son regard se posa sur les croquettes dans la gamelle. Il en prit une et l'observa de plus prêt. Elle n'avait pas l'air dangereuse… Il renifla mais ne sentit aucune odeur inhabituelle se demandant un instant si c'était à cause des nouvelles croquettes que Lucky était décédé. Aurait-il été empoisonné ? En tout cas, cela ressemblait bien à une intoxication et Benoît sentit la culpabilité l'accabler. S'il n'avait pas acheté ces nouvelles croquettes, rien de tout cela ne serait arrivé… Il resserra un peu plus son chien contre lui, le visage défiguré par les larmes et l'âme anéantie par le chagrin et la culpabilité.
O/O/O
Deux semaines s'étaient écoulées depuis l'enterrement de Neville. Harry avait repris son travail, tout comme Théodore qui essayait tant bien que mal de maîtriser ses émotions au bureau. Le service avait été lourdement affecté par la disparition de Neville et ne disait que du bien de lui, présentant les condoléances aux deux coéquipiers restants ainsi qu'à Luna, qui était revenue dans son laboratoire deux jours plus tôt.
La grand-mère de Neville était selon les rumeurs tombée en dépression elle ne mangeait plus et ne parvenait pas à réémerger. Cela avait alarmé Harry et Théodore qui, chacun leur tour, venaient rendre visite à la pauvre vieille dame. Malheureusement, rien de positif n'en résultait. Luna aussi avait tenté de rencontrer la retraitée mais cela ne semblait pas suffire à aider cette dernière à surmonter son deuil et encore moins sa dépression.
Se sentant toujours aussi responsable de la mort de son ami, Théodore avait décidé de payer les frais de la maison de retraite afin qu'Augusta n'ait à s'inquiéter d'avoir un toit sur sa tête. Il revenait souvent au bar où il croisait le barman habituel, Benoît, et avait commencé à sympathiser avec lui. Il restait tout de même réticent vis-à-vis de lui, ayant encore du mal à admettre son attirance récente pour les hommes.
Il avait pris conscience que son attirance n'était pas uniquement liée à Neville et comprenait depuis peu que son orientation sexuelle avait quelque peu changé. Il n'était pas encore prêt à l'assumer, bien qu'il sorte fréquemment dans la discothèque gay pour se saouler en présence de Benoît. Étrangement, cela ne le dérangeait pas que le barman lui tienne compagnie durant ses soirées en solitaire avec la boisson et avait, petit à petit, accordé sa confiance à ce serveur trop jeune, trop souriant, trop gentil… Trop gnangnan, trop chiant aussi. Théodore soupira grassement. Et voilà qu'il pensait à Benoît…
« Je vais manger à la cafétéria, tu viens avec moi ? »
Théodore sortit de ses pensées. Il acquiesça à la question d'Harry qui était d'ores et déjà prêt à quitter son bureau. Il prit sa veste et le suivit dans les couloirs afin de descendre à la cafétéria du ministère. Il était ailleurs, perdu dans ses pensées. Une fois arrivée au rez-de-chaussée, ils passèrent devant l'accueil lorsque Théodore reconnu une voix qui lui paraissait familière. Il tourna la tête et découvrit Benoît qui essayait de convaincre la standardiste de faire quelque chose… Il fronça doucement les sourcils en remarquant son visage dévasté par la fatigue et ses yeux rouges, comme s'il avait pleuré. Inconsciemment, il s'arrêta, attisant la curiosité de son collègue.
« Théodore ?
- Euh… Harry je te rejoins, j'ai finalement un truc à faire avant.
- OK. À toute à l'heure. »
Pour seule réponse, il acquiesça rapidement avant de parcourir les quelques mètres qui le séparaient de Benoît. Il l'interpella, le faisant se retourner complètement vers lui, illuminant quelque peu son visage d'un pauvre sourire.
« Oh… Théodore.
- Qu'est-ce qui se passe ? Tu n'as pas l'air en forme.
- Hier, Lucky est mort dans ma cuisine. Il… Il a été empoisonné, raconta-t-il, les larmes aux bords des yeux.
- Quoi ? S'étonna l'Auror, mais comment ça « empoisonné » ? »
Il lui relata les faits de la veille et lui révéla que son vétérinaire soupçonnait un empoisonnement et allait faire analyser la substance qui était sortie de la gueule du canidé. Benoît avait du mal à contrôler les vibrations de sa voix, laissant deviner que d'autres larmes s'apprêtaient à sortir. Cela brisa le cœur de Théodore de le voir dans cet état, se demandant qui aurait bien voulu empoisonner l'animal de son ami. À peine s'était-il interrogé que Benoît lui apprit que l'empoisonnement était dû aux nouvelles croquettes qu'il avait achetées récemment.
« C'est ma faute…
- Non, tu n'es pas coupable. Tu ne pouvais pas savoir que ces croquettes pouvaient empoisonner ton chien.
- Oui, mais si je ne les avais pas achetés, et si…
- Avec des si on refait le monde, déclara-t-il sombrement, songeant encore à Neville qu'il n'avait pas pu sauver. Dis-moi plutôt, pourquoi tu es là… »
Benoît lui expliqua qu'après quelques renseignements qu'il avait réussi à glaner sur un ordinateur dans le monde moldu, il avait découvert que les croquettes avaient été retirées du marché l'an dernier à cause de mauvaises composantes dans la nourriture et il souhaitait lancer une action en justice contre le magasin où il avait acheté la boîte de croquettes. Il s'avérait que le vendeur n'avait toujours pas enlevé le produit en question et que d'autres victimes seraient sans doute à déplorer.
« Je crois que ça va être compliqué d'impliquer la justice sorcière dans le cas d'une boutique moldu. Pourquoi n'essaies-tu pas avec la justice moldue ?
- Eh bien… Je suis assez mal à l'aise avec la police… Et la justice moldu. Et puis je trouve qu'elle ne punit pas assez sévèrement et qu'elle est même laxiste. »
Théodore comprit que Benoît ne voulait pas s'étendre davantage sur son choix et acquiesça silencieusement avant de sentir son ventre réagir face au manque de nourriture. Il fut soudainement embarrassé lorsqu'il vit les yeux écarquillés du jeune homme.
« Oh, tu dois être en pause ! Je vais te laisser te…
- Attends ! Je… je vais te laisser mon adresse, si jamais, tu as besoin d'aide. Euh… Un parchemin… »
Benoît n'eut le temps de réagir Théodore écrivait déjà sur un parchemin qu'il avait demandé à l'hôtesse d'accueil.
« Tiens.
- Merci.
- Tiens-moi au courant.
- Ouais… »
Ce fut sur ces mots que Théodore laissa son nouvel ami et rejoignit rapidement Harry qui était dans la queue à attendre son tour pour commander son repas. Lorsqu'il fut enfin installé à une table auprès de son coéquipier, Théodore songea de nouveau à la détresse de Benoît. C'était la première fois qu'il le voyait si désemparé, si triste, aux bords des larmes. Il ne pouvait pas se le nier, cela l'avait quelque peu troublé. Il était tellement habitué à le voir sourire, s'agiter dans tous les sens dans son minuscule studio avec son mini-chien Lucky…
« C'était un de tes amis ?
- Hum ?
- Le gars avec qui je t'ai vu parler dans le hall…
- C'est un des collègues de cette folle de Nylia. Il a découvert que les croquettes qu'il donnait à son chien l'avaient empoissonné.
- Oh mais c'est horrible !
- Dis, est-ce que la justice sorcière peut intervenir dans une affaire moldu ?
- Hum…Difficile à dire. C'est pour ton ami ?
- Ouais, j'aimerais tellement l'aider… »
Au fil de la conversation, Harry lui révéla que leurs supérieurs ne souhaitaient pas encore leur proposer d'enquête et qu'il pouvait donc, s'il le voulait, mener une petite enquête officieuse à propos de cet empoissonnement.
« Sinon, comment va Draco ?
- Il est très... traumatisé. Il ne parle presque pas. Narcissa est actuellement avec lui. Il y a quand même un Auror qui surveille devant chez moi quand je ne suis pas avec lui.
- Je passerai lui rendre visite. »
Petit à petit, les deux hommes changèrent de sujet et finirent rapidement leur repas avant de repartir illico dans leur bureau pour se plonger dans la paperasse qui les attendait.
O/O/O
Il était dix-neuf heures lorsque Harry rentra chez lui, épuisé. Il se sentait très courbaturé, surtout au niveau de sa nuque et de ses jambes, à force d'être trop penché sur les dossiers et d'être resté scotché si longtemps à son bureau. Il pouvait sentir ses yeux le piquer tellement il se sentait fatigué et camoufla rapidement son bâillement lorsqu'il vit la mère de Draco observer ce dernier dormir sur le canapé.
« Oh, Madame Malfoy. Bonsoir. »
Rapidement, Narcissa le salua d'un petit sourire puis reposa à nouveau son regard sur son unique fils.
« Vous semblez épuisé.
- Oui. J'ai eu une journée plutôt chargée. »
Harry déposa ses affaires sur le portemanteau près de la porte et s'assit sur le second fauteuil, auprès de Narcissa. Il jeta un œil curieux vers le blond profondément endormi. C'était la première fois qu'il le voyait dormir. Son visage avait l'air si apaisé, rien à voir avec le Draco qu'il connaissait.
« Vous avez des nouvelles des prisonniers fugueurs ?
- Pour l'instant les Aurors sont à leur recherche. Ils ont diverses pistes. »
Voyant le visage de Narcissa se fermer à cette réponse, il sut que ces mots ne l'avaient nullement rassurée.
« Ne vous en faites pas, on les retrouvera jusqu'au dernier. Votre fils restera le temps qu'il faudra ici jusqu'à ce que l'affaire soit complètement résolue. »
Narcissa sourit amèrement mais acquiesça avant de finalement se lever du fauteuil et d'appeler l'elfe de maison de Draco pour qu'il lui apporte ses affaires. Rapidement, sans qu'aucun mot ne soit échangé, Harry la laissa disparaître dans le réseau de cheminette, tandis que son regard fatigué se dirigeait, à nouveau, vers l'ancien Mangemort endormi. N'ayant aucune motivation pour se préparer à manger, Harry décida de commander chez le traiteur chinois d'un quartier moldu qu'il connaissait depuis la fin de la guerre. Quelques instants plus tard, il partit chercher ladite commande dans un transplanage discret pour ne pas réveiller son colocataire.
O/O/O
Une odeur de nourriture chatouilla ses narines, réveillant son estomac qui cria rapidement famine. Doucement, Draco se réveilla et vit encore dans les vapes du sommeil Harry lui déposer les divers récipients remplis de nourriture asiatique en face lui. Il se redressa convenablement sur le canapé puis jeta un regard interrogateur à son hôte. Il remarqua que celui-ci montrait des signes de fatigue, notamment les énormes cernes qui soulignaient ses yeux verts. Il constata que le brun avait retiré brièvement ses lunettes afin de s'essuyer ses yeux épuisés.
« T'as une sale tête. »
Il le vit lever les yeux au ciel, signe que son commentaire était inutile mais le faisant malgré tout sourire légèrement. Au moins, il semblerait que Potter ne s'emportait pas à la moindre remarque. Draco décida de s'intéresser à ce qui se passait sous son nez, dévisageant certains plats qu'il n'avait encore jamais vus auparavant.
« Commence à manger avant que cela ne refroidisse. »
Il eut envie de rétorquer qu'il n'avait aucun ordre à recevoir de lui avant de garder finalement le silence. Son regard se posa soudainement sur les baguettes en bois qu'Harry avait saisi pour s'aider à se nourrir. Il s'aperçut qu'une paire de baguettes étaient disposées à côté de lui et décida de l'imiter. Il n'avait jamais utilisé ces drôles de couverts mais cela ne devait pas être si compliqué…
Finalement si. Il entendit Potter étouffer un rire en le voyant galérer à manger correctement avec ces foutues baguettes. Comment arrivait-il à manger sans faire de dégâts ?! Il avait l'impression de se retrouver à Poudlard, à essayer d'être le meilleur alors qu'il savait pertinemment que peu importe ce qu'il pourrait faire, Potter serait toujours au-dessus de lui.
« Ah je n'arrive pas ! » S'énerva-t-il soudainement
Harry fini par éclater de rire, ne pouvant plus se retenir face à la médiocrité de l'ancien Serpentard.
« C'est bon, arrête de te marrer, ce n'est pas drôle, répliqua Draco, en se renfrognant.
- Si, c'est drôle. Attends, je vais te montrer comment faire. »
Joignant les gestes à la parole, Harry prit sa main et positionna ses doigts sur les deux baguettes sous le regard observateur de Draco. Celui-ci avait rapidement délaissé sa colère pour laisser place à une certaine curiosité qu'il pensait avoir perdue depuis l'époque de Poudlard. Il se prit à songer que les doigts du Sauveur National étaient étonnamment délicats pour un homme, bien qu'il puisse sentir une sorte de rudesse dans le creux de ses paumes.
« Voilà, essaie maintenant. C'est juste une question d'habitude. »
Il retenta, de nouveau, et sourit en voyant qu'il arrivait mieux à maintenir les nouilles entre ses deux baguettes.
« Sinon je t'apporte une fourchette si vraiment tu n'y arrives pas… Commença Harry
- Hein ? Mais pas besoin ! »
Il le vit sourire une nouvelle fois d'un air moqueur tandis que Draco se renfrognait, de nouveau, face à la proposition de son hôte. Jamais il ne s'abaisserai à déclarer forfait face à ces baguettes. Et puis quoi encore, il n'allait pas se laisser faire ! Il arriverait à finir son plat avec ces foutus couverts asiatiques, foi de Malfoy !
Ce fut sur cette pensée que Draco se concentra sur sa nourriture, qui lui donnait soudainement faim. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti le besoin de manger. Même sa mère qui était restée toute la journée avec lui n'avait pas réussi à lui faire avaler quoi que ce soit. L'ancien Serpentard jeta un œil discret au Survivant, qui semblait dévorer un bol de riz cantonais, songeant que celui-ci était décidément le seul qui réussissait à lui faire dire et réaliser des choses… Et ça, Draco n'aimait absolument pas.
O/O/O
Vingt et une heures venaient de passer et le silence régnait en maître dans l'appartement de Harry Potter. Enfin, pas exactement. Le balafré, à moitié sous la couette, pleurait à chaudes larmes, un cadre photo à la main dépassant du lit. Ses lunettes rondes étaient encore posées sur son nez tandis que son corps ne cessait de sursauter au rythme de ses sanglots. Ses cheveux noirs étaient éparpillés dans tous les sens seules quelques mèches caressaient son front fièrement orné de la cicatrice en forme d'éclair éclairée à la lumière de la lune. Le temps semblait être figé, les pleurs rendant ce moment de perdition éternel. Doucement, Harry se replia un peu plus en boule, frissonnant face à la multitude d'émotions qui coulaient dans ses veines. Il sentait sa magie s'épuiser un peu plus, suivant ses forces qui le quittaient à chaque rivière de larmes ruisselant sur ses joues creusées de fatigue. Petit à petit, les sanglots laissèrent place au silence réconfortant de la chambre. Sans s'en apercevoir, Harry s'était endormi, gardant toujours dans sa main, visible, la photographie d'un souvenir heureux.
O/O/O
Il était pétrifié. Il ne se serait jamais attendu à cela. Jamais il n'aurait pu imaginer voir le balafré pleurer avec autant de tristesse… Il s'était senti extrêmement mal à l'aise. Surtout lorsqu'il avait détourné le regard, de peur que le survivant puisse le remarquer. Il avait l'impression de violer un moment intime et ne savait pas s'il regrettait réellement d'avoir posé son regard sur cette scène déchirante. Draco avait bien compris que le brun pleurait son ami perdu. Il se doutait bien qu'à un moment ou à un autre, Harry allait finir par complètement craquer et évacuer sa tristesse…
Sa main était restée sur la poignée de la porte. Il avait un instant hésité à la fermer, à laisser le brun tranquille mais il n'avait pas réussi à esquisser un seul mouvement. Il était complètement déboussolé par la scène à laquelle il venait d'assister. Il avait eu, un bref instant, envie d'aller le voir et le réconforter, lui dire que c'était sa faute à lui si Neville n'était plus là… Mais bien sûr, il n'en aurait pas été capable.
Où était le sourire moqueur qui était encore affiché sur les lèvres roses quelques heures plus tôt ? Où était le fou rire retenu qui résonnait dans l'appartement à l'heure du dîner ? Où étaient ces yeux verts fatigués mais illuminés par une lueur que Draco ne pouvait décrire ? Tout cela avait disparu. Tout cela avait laissé place à une infinie souffrance. À des pleurs. À des sanglots. À des tremblements. À un abandon.
Harry se sentait abandonné, Draco en était persuadé. Après tout, n'avait-il pas assez perdu de proches depuis la guerre ? Lui-même savait ce que la guerre arrachait. Il avait assez vu d'horreurs pour comprendre à quel point Harry se sentait seul à cet instant, complètement effondré par la disparition d'un ami cher, d'un frère. Draco ne préférait pas imaginer perdre Blaise, son meilleur ami. Non, il ne pouvait pas se permettre d'y penser ne serait-ce qu'une seule seconde. Ce serait bien trop douloureux.
Derrière la porte entrouverte, Draco soupira doucement en voyant que l'ancien Gryffondor s'était endormi les lunettes sur le nez et la couverture à moitié rejetée. Il décida donc silencieusement de s'immiscer, sans comprendre son geste, dans l'intimité de Potter. Comme poussé par un sortilège, Draco eut l'impression de ne plus être lui-même à cet instant et retira les lunettes rondes du visage de son propriétaire avant d'enlever doucement le cadre de sa main encore libre. Il observa un instant la photo animée où il voyait Harry et Neville en uniforme d'Auror, tenant leur diplôme universitaire. Cette photo avait été prise le jour de la remise des diplômes, le jour où les deux anciens Gryffondor étaient officiellement devenus Aurors. Délicatement, Draco déposa le cadre sur la petite table de nuit, puis sans s'attarder, replaça correctement la couette. Sans un bruit, il quitta la chambre et jeta un dernier regard au jeune homme profondément endormi avant de fermer entièrement la porte.
O/O/O
Minuit venait de sonner lorsque Benoît réussit à briser les sortilèges de protection de Théodore. Il était un peu ivre, un peu drogué peut-être aussi… Il ne savait pas exactement ce qui le poussait à rentrer dans l'appartement luxueux de l'Auror, sachant pertinemment qu'il était en totale infraction. Il n'avait pas eu le courage de sonner à l'interphone pour déranger Théodore et lorsqu'un couple guindé avait décidé de sortir faire des folies en discothèque, il avait saisi l'occasion pour rentrer dans la tour où vivait son ami. Devant la porte, il avait longuement hésité à appuyer sur la sonnette, sachant pertinemment qu'il allait le réveiller. Il ne voulait pas. En fait, il ne savait pas trop ce qu'il souhaitait. Il ne voulait simplement pas rentrer chez lui, de peur que des souvenirs ne lui reviennent et entaillent son esprit déjà trop abîmé par la tristesse et la douleur. Il n'osait plus dormir dans sa chambre, sachant à quel point il serait difficile de s'endormir avec l'odeur de son chien et le silence écrasant que ce dernier avait laissé derrière lui…
Puis, comme un coup de poignard en plein cœur, il avait réalisé à quel point sans Lucky, il se sentait seul. Il avait oublié à quel point il n'avait pas de réel ami à qui il pourrait confier ses secrets et ses peines. Son chihuahua avait si bien réussi à combler son imposante solitude depuis ces dernières années qu'il avait oublié à quel point la douleur de l'isolement lui était atroce.
Après s'être inséré illégalement dans le logement de son client, il remit rapidement les protections grâce à des sorts qu'il connaissait avec une rapidité incroyable puis décida de faire le tour du propriétaire pour occuper quelque peu son esprit tourmenté. Il ne voulait pas être seul ce soir, et inconsciemment, il avait songé à Théodore et aux peines que celui-ci avait réussi à lui confier. Il s'était senti honoré d'avoir pu partager quelque chose avec lui et presque naturellement, les pas de Benoît l'avaient mené jusqu'à l'adresse du brun, comme si la présence de celui-ci pourrait soulager un tant soit peu sa souffrance. Silencieusement, à l'aide d'un « Lumos » de faible intensité, il observa les lieux avec une admiration non dissimilée. Ainsi, Théodore était assez riche pour s'offrir ce luxe. Il se sentit pitoyablement pauvre avec son studio d'un quartier minable. Il n'aurait jamais cru que son ami vivait dans une baraque pareille. Il s'émerveilla devant un tableau qu'il pouvait distinguer à la faible lueur, avant de remarquer que la signature de l'artiste et d'en déduire que l'œuvre en elle-même devait coûter plusieurs milliers de gallions. Il admira la décoration et les objets de valeurs qui avaient trouvé leur place dans le salon avant de rentrer dans d'autres pièces et d'arriver, sans s'y attendre, à la chambre du propriétaire.
Il retint son souffle en détectant le corps endormi de Théodore sous les draps fins de son lit à deux places. Doucement, il s'avança, éloigna du mieux qu'il pouvait sa baguette allumée de l'intéressé et l'observa longuement. C'était dingue à quel point son visage endormi était différent de celui qu'il montrait d'habitude. Il avait l'air si adorable qu'un instant Benoît voulut caresser sa joue… et se retint de justesse de peur de le réveiller. Voyant le grand espace vide à côté de lui, il y fut attiré et s'installa dans les draps, oubliant déjà qu'il était rentré dans un appartement sans se soucier outre mesure de l'intimité de quelqu'un. Il fut soudainement consterné par son audace, songeant que l'alcool qu'il avait volé en cachette dans la discothèque, parcourant ses veines, y était pour beaucoup. Et ce fut sur cette pensée qu'il osa enfin clore ses paupières lourdes, partant rapidement au royaume des songes…
Le décès du chien a été une épreuve difficile pour moi, j'ai horreur de faire tuer les bêtes dans les fictions mais là... Disons que c'est pour le bien de la fiction XD
J'espère que ça vous a plu. A
