Pour Tiphaine : J'aime te faire plaisir ! Et tant mieux si tu as compris la fameuse scène du verre d'eau. lol Mais t'inquiètes ! Le jour où tu l'as lu, tu étais fatiguée, alors ça influence forcément !

Pour Alhenorr : Merci. Ça me rassure. Je ne suis finalement pas si nulle dans le rendu des sentiments et sensations… Et il est vrai que ta review sur le chapitre 1 m'a fait énormément plaisir car elle montrait bien ce que tu ressentais et, ça, c'est très important pour moi.

Pour Sady : Mais non ! C'est rien ! Du moment où j'ai un coucou de ta part, c'est la journée qui s'illumine !

Pour Emmatheancient : Ben… encore merci. Je vais finir par être à cours, moi… lol Je n'ai pas vu le film "Jarhead", mais j'ai vu la bande-annonce. C'est vrai que dans le fond les deux histoires ont le même point d'origine.

Note de l'auteur : Merci ! Pour mon petit Kruck, la descente continue…

A force, je me demande si je ne devrai pas aller voir un psy… à voir ce que j'ai écrit dans cette fic…

Indications : Les phrases en " italique "indiquent les pensées des personnages. Les phrases en / italique / indiquent une transmission radio reçue. Les phrases en / normal / indiquent une transmission radio envoyée.

- Chapitre 03 -

-ooO-Ooo-

Les invectives fusaient dans la pièce. Mais Kruck n'en avait cure. Tout ce qu'il l'intéressait c'était de regarder inlassablement les gouttes transparentes tomber une à une du rebord de cette table branlante de planches de bois mal rabotées. Si on remontait le cours, on voyait la flaque laissée par le contenu du verre. Nez-Cassé l'avait renversé auparavant dans un accès de rage. Il lui avait d'ailleurs asséné un revers particulièrement cuisant à l'occasion.

Ploc ! Ploc ! Ploc !

Ça lui rappelait… rappelait… le rouge. Tout était en rouge. Le liquide sombre qui gouttait comme l'eau. Ça, il s'en rappelait. Mais son esprit butait sur le souvenir. Le souvenir s'échappait comme un animal rétif à se faire attraper. Il ne lui restait que des bribes : le rouge et les gouttes sombres gouttant… Et ce son… "Ploc !"

Ce son prenait parfois des dimensions d'échos de cathédrale. Il l'assourdissait. Noyant les propos incompréhensibles de ses geôliers. Il secouait la tête alors. Mais rien n'y faisait. Le son était toujours là. Insistant. Obsédant. Tout ce qu'il récoltait alors, c'était un élancement de douleur de son crâne. Et un revers de Nez-Cassé.

Sa tête avait fini par résonner comme un tambour. Continuellement.

Ploc ! Ploc ! Ploc !

Encore… Toujours.

Il avait l'impression de flotter. Tout était cotonneux autour de lui. Même les sons de leurs voix ne lui parvenaient plus. Il soupira de soulagement. Il était enfin dans un calme infini.

Sa tête partit violemment en arrière. Un coup de poing de Nez-Cassé. Mais il ne sentait rien. Ça l'avait plus décontenancé de ne plus pouvoir regarder les gouttes transparentes. Il ramena son regard sur le goutte à goutte.

Cependant les sons étaient revenus. Dommage…

Une paire de mains crasseuses et mâtes lui saisirent la tête sans ménagement et l'obligea à détourner son regard. Balafré. Son visage carmin le dévisageait à la recherche de quelque chose. Il voulut tourner la tête, mais Balafré le maintint fermement. Alors il détourna le regard pour chercher à voir les gouttes tombantes. Il entendait le "Ploc !". C'était à côté. Juste à côté. Il en était sûr…

Balafré s'adressa à quelqu'un derrière lui avant de le lâcher. Mais avant d'enfin pouvoir voir les gouttes, Nez-Cassé tira sa chaise dos à la table. Balafré le toisa à nouveau, de son regard dur. Il laissa échapper un juron excédé quand Kruck voulut tourner à nouveau la tête. Il lui saisit encore plus rudement la tête, le martelant de ses mots sans sens, distinctement, un à un, insistant. Kruck plissa les yeux d'incompréhension.

" Pourquoi veulent-ils absolument me parler alors ? Ne voient-ils pas que je n'y entends rien ? "

Planqué parla fort. Et Balafré secoua la tête de fatalité en réponse. Une réponse négative. Nez-Cassé jura bruyamment et vint lui donner un coup à la tempe qui l'assomma complètement.

-ooO-Ooo-

Retour à sa cellule.

A moins que ce n'en soit une autre ?

Finalement, il s'en fichait… Ça n'avait aucune importance. Rien n'avait plus d'importance.

Son regard dériva vers la lumière rouge, ténue, de la fente de la porte. Il en suivit les rais jusqu'au sol poussiéreux. Sa joue se posa sur le sol. Là où la lumière tombait, le sol semblait onduler. Des grains sombres voletaient. Il regarda la danse. Son regard se perdait dans les mouvements aléatoires des grains de poussière.

Les heures durent passer, parce que la lumière décrue peu à peu jusqu'à ce qu'elle disparaisse. Avec la danse des grains. C'est ce qu'il regretta le plus.

Il n'y avait plus que le noir dans la cellule.

-ooO-Ooo-

Retour de la lumière.

Il tourna à nouveau la tête. La sarabande avait repris.

Ça le fit sourire.

Mais ses lèvres sèches et tuméfiées par les coups le tiraillèrent. Pas de sourire, donc. Au moins il pouvait encore voir un peu. Son œil gauche était encore valide. Pour le droit, ce n'était pas la peine. Il n'arrivait plus à ouvrir la paupière. D'ailleurs… Il n'arrivait même plus à bouger son corps. Seule sa tête. Et le bras droit. Quand il le pouvait. Son dos refusait la plupart du temps.

Il restait alors dans la position où on l'avait jeté.

Mais il y avait toujours les mouvements de la lumière douce et rouge.

-ooO-Ooo-

Les jours défilèrent.

Enfin… Ce qu'il supposa. Il n'arrivait plus à se rappeler combien de jours avaient passé. Ni quel jour il était quand il s'était réveillé pour la première fois dans ce trou à rats. Sa notion du temps l'avait lâché. Même les heures s'égrainaient sans qu'il ne s'en rendît vraiment compte… Tout ce résumait à une chose : lumière ou pas lumière. Juste ça.

Il s'endormait sans qu'il s'en aperçût. Le sommeil le prenait dans ses rets sans prévenir. Mais cela relevait plus de la perte de conscience qu'autre chose…

Et ils venaient parfois lui donner à boire. Et un peu à manger. Juste de quoi le maintenir en vie.

D'ailleurs… Pourquoi le garder en vie ? Ça lui paraissait si… futile ! Dérisoire. Sans intérêts…

Il ne comprenait pas ce qu'ils lui disaient. Leurs séances d'interrogatoire étaient toujours les mêmes. Invariables. Il finissait toujours par se réveiller dans une cellule. Il n'aurait même pas su dire si c'était la même ou d'autres…

Même s'il avait pu, il ne pouvait rien leur dire. Il ne savait ce qu'ils lui voulaient.

En fait… Il s'en fichait. Royalement. Il en avait cure de tout.

Mais on ne le laissait jamais longtemps tranquille ou sans le sustenter. Ça l'aurait énervé s'il avait eu assez de sentiments pour. Mais il n'en avait pas. Il était comme une coquille vide. Réagissant tout juste à ce qui l'entourait. Il ne voulait même plus réagir à quoi que ce soit…

Ça l'aurait fait grincer des dents… avant. De ça, il en était certain. C'était bien sa seule certitude sur son comportement antérieur. Sur ce qu'il était avant.

Pour le reste… Ce n'était que nuages nébuleux. Il n'arrivait même plus à se souvenir d'avant.

" Avant… Avant quoi ? … Avant d'être dans ce trou ! … Tout ce que je rappelle c'est mon nom et que je suis militaire. Enfin… J'ai des vêtements militaires. Et j'ai des blessures dignes d'un soldat. … En tout cas… je crois… Et les hommes qui me détiennent sont des Afghans. Mais je ne saurais pas dire pourquoi je le sais… Tout est confus… Rhaaa ! Ma tête ! "

Il gémit de douleur en subissant une migraine carabinée. Ça arrivait à chaque fois qu'il essayait de se souvenir. De pousser sa mémoire à lui fournir des explications. Et comme toujours, il n'y avait pas de réponse au bout. Et seul la lassitude en était l'amer résultat. Il n'arrivait jamais à passer le cap de la douleur. Malgré ses efforts. Ça le laissait plus épuisé qu'avant.

Il finit par y renoncer. A quoi cela pouvait bien servir ? Il allait mourir de toutes façons…

Qu'on le laisse mourir de faim ou de soif, ou qu'on le tue. Qu'importe ! Ça lui était complètement égal… Du moment qu'on en finissait une bonne fois pour toute…

Il était las de cette situation sans fin…

-ooO-Ooo-

- A suivre… -