Bien bien bien, faisons court. Cette fanfiction n'a pour seul et unique but que de divertir, et au mieux de communiquer le plaisir que j'ai à l'écrire.
Deuxième étape. Dedans, vous trouverez : du Harry Potter ( surtout ) ( J.K.Rowling ), du Star Wars ( rien qu'une mention ), du Seigneur des Anneaux ( itou ) ( J.R.R.Tolkien ), du Pratchett, et même des Inconnus ( cherchez la citation ! ). Voilà, bonne lecture !
2. Affronter ses élèves
Pour l'heure, les longs couloirs de Poudlard étaient désert. Mais cela ne durerait pas longtemps. Dans quelques secondes, des flots d'élèves mesquins et bruyants se déverseraient sur les dalles concaves du château, tels un raz-de-marée d'algues vertes à l'affût d'une victime à étouffer de leurs commentaires désinvoltes... En d'autres termes, la victime : Severus Rogue. Les prédateurs : les élèves de Poudlard. Leur cible : le nouvel aspect de leur professeur de Potions. Leur arme : les critiques... qui, Severus le craignait, ne seraient pas que constructives.
Le malheureux sorcier songea à se tapir contre les murs pour se fondre dans le paysage, mais maintenant que ses cheveux étaient propres et que sa peau avait subi un décapage en règle, il n'avait plus aucune chance de passer pour une vielle statue kitch et ternie par les âges. Une pensée seule turlupinait notre homme : trouver un refuge, et vite ! Une première porte s'ouvrit sur sa gauche, puis une autre, et encore une autre. L'inéluctable allait se produire... Comme il aurait souhaité que Legolas soit à ses côtés pour l'aider à affronter ses démons ! Trop tard pour gagner son bureau, trop tard pour se terrer parmi les fioles de son cachot, trop tard pour faire demi-tour, trop tard pour...
- Ouah ! s'émerveilla une deuxième année qui venait à passer près de lui, ses livres de cours serrés contre elle.
Ses camarades ne restèrent pas silencieuses bien longtemps. Aussitôt, Rogue vit trois élèves braquer leur regard écarquillé sur lui pour le scanner des pieds à la tête. Le sorcier, extrêmement mal-à-l'aise, dansa d'un pied sur l'autre. Même son habituelle répartie, cassante et furieuse à souhait, ne parvenait pas à se frayer un chemin jusqu'à ses cordes vocales. L'essaim d'adolescentes s'éloigna lentement après s'être arraché difficilement de l'objet de sa contemplation.
- Vous avez vu ce beau ténébreux ? entendit-il une élève dire d'un air excité. Il est si... craquant !
- Je ne sais pas qui c'est, mais j'aimerais l'avoir comme prof ! dit une autre.
- Oui, approuva la troisième rêveusement. Je crois qu'avec un sorcier comme ça j'arriverais à aimer la pire des matières ! Même les cours de Potions seraient tolérables !
Severus Rogue n'en entendit pas plus et laissa les trois écervelées à leurs gloussements trépidants. Mentalement, il avait pris note des visages de ce trio d'impertinentes. Le prochain cours ne se passerait pas sans étincelles, surtout pour la dernière qui avait émis une sympathique remarque sur la « tolérance » de ses enseignements.
A peine les filles s'étaient-elles éloignées qu'un groupe de sixième années, composé de Malefoy et de ses loyaux escorteurs, passa près de lui, une lueur de jalousie couvant dans le regard.
- Pfff, scanda Drago, il y aurait donc un successeur à ce cher Gilderoy Lockhart à Poudlard ? Depuis quand recrute-t-on des esthètes ici ? Il faudra que mon père ait une petite discussion avec ce vieux fou de Dumbledore !
Et son cortège de gorilles de toiser Rogue en assouplissant nonchalamment leurs muscles à sa hauteur.
Rogue émit un petit sifflement de colère que Malefoy saisit tout de suite. Il avait visiblement identifié son professeur, car une lueur de peur était passée dans ses yeux, et il bouscula ses acolytes pour s'éloigner le plus vite possible de la zone sensible. Severus eut un sourire satisfait. Il savait toujours se faire respecter, c'était un fait. Et apparemment, il passait plutôt pour un bel homme, ce qui était quant à lui un plus.
Désormais, il saurait affronter le reste de Poudlard s'il le fallait. Tenez, justement Hermione Granger et Luna Lovegood, élèves qu'il méprisait par-dessus tout, la première pour son génie exaspérant, la seconde pour bâiller systématiquement aux corneilles dans ses cours, même sous la menace d'une sanction, eh bien donc, ses deux élèves fétiches venaient à passer près de lui. Miss Lovegood sembla s'extirper d'un rêve métaphysique pour plonger dans une transe béate à la vue du nouveau Severus. Quant à Hermione, ses joues pâles piquèrent un fard avec une telle brusquerie qu'on aurait dit que sa peau suffoquait.
- Si j'avais pensé qu'un jour on trouverait pareil sorcier... ! s'exalta Luna Lovegood, aux anges.
- Oui, soupira une Hermione énamourée, c'est notre jour de chance ! Ce bel inconnu n'est en rien comparable à ces minables gamins qui peuplent les murs de Poudlard. Je me demande qui...
N'en pouvant supporter davantage, le sorcier décampa dans des volutes de tissu noir et échappa ainsi à la verve pseudo-poétique d'Hermione... contrairement au malheureux lecteur, j'en ai bien peur... :
- Quelle belle âme émane de cet être tourmenté ! Bien que je ne sache d'où me vient cette impression, j'ai le sentiment de le connaître de longue date, mais c'est impossible... Oui, comment aurais-je donc pu oublier un tel sorcier ? Luna, as-tu remarqué la délicatesse de ses traits, la finesse de sa peau d'albâtre, le lustre de sa chevelure, et ses yeux, oh, ses yeux ! Deux lacs aux eaux insondables dans lesquels je m'abandonnerais volontiers, me laissant porter par un courant de mystère, succombant aux charmes insoupçonnés de ses profondeurs, parmi les créatures métaphysiques de son esprit pur et... Ouïlle ! Luna, qu'est-ce qui te prends, pourquoi m'as-tu brisée les côtes ?
Luna Lovegood agitait ses lèvres dans un discours silencieux et faisait les gros yeux. Hermione comprit juste à temps.
- Vois-tu, ma chère Luna, se rattrapa-t-elle comme Harry Potter et Ron Weasley s'arrêtaient à leur hauteur pour les saluer, pour attirer un lézard nécromancien des plaines abyssales de Sarmailie, il suffit d'imiter son cri...
- Ah oui, intéressant, et c'est quoi ? s'immisça Ron.
Déstabilisée, Hermione, pour la seconde fois en l'espace de quelques minutes, rougit comme une pivoine. Elle bafouilla quelques syllabes tandis que ses méninges cherchaient à la tirer de ce mensonge éhonté.
- Fl... Hum...ah ah... ben.
- Ah ? Curieux, vraiment curieux, faudrait que j'en touche un mot à mon frère Charlie, ça l'intéresserait sûrement.
Hermione, sous le regard étonné de Harry, et celui alarmé de Luna, prenait une teinte violacée lorsque la délivrance vint.
- C'est un lézard nécromancien des plaines... fit-elle, suffocante.
- Oui oui, tu m'écriras ça et je le donnerai à Coqcigrue. Bon, tu m'excuseras, j'ai à parler à McGonagall.
Et, d'un pas pressé, il s'éloigna, suivi de Harry qui se retourna pour lancer un regard interrogateur à son amie.
- Ouf, on l'a échappée belle ! soupira Hermione en retrouvant une teinte normale.
- Tiens mieux ta langue la prochaine fois. On n'est jamais à l'abri des oreilles indiscrètes ! C'est si facile de devenir la risée de Poudlard !
Hermione déglutit péniblement. A l'idée qu'elle puisse passer pour une fille assoiffée d'amour et de romantisme, elle frissonna. Non, ça devait rester entre Luna et elle.
- Si tu veux mon avis, ton bel inconnu n'a pas fini de faire parler de lui !
Hermione eut un sourire radieux et serra contre elle ses affaires de cours. Puis elle et Luna s'acheminèrent lentement vers la salle commune des Gryffondor.
Soufflant comme une locomotive, Severus Rogue se passa une main moite sur le visage, comme pour chasser ses pensées affolées qui roulaient sous son crâne fraîchement lavé. Appuyé contre le battant de la porte, le pauvre sorcier gémissait :
- Oh ! Comme j'aimerais que Yoda soit là pour m'éclairer de sa sagesse ! Lui, qui par sa sérénité parcourt les âges et n'est point atteint par les absurdités de cette époque, lui seul, grand Maître Zen parmi les plus grands, saurait m'aider à retrouver la foi... Oh, Yoda, viens à mon secours !
Une partie récalcitrante de Rogue, que même le talent incontestable de Yoda à lessiver les esprits n'avait pu éradiquer, revint tarauder son ego. A sa grande surprise, un homme à l'allure particulièrement soignée en matière de dernier cri fit son apparition dans un grattement de cordes discordant. Du hard rock, assurément. Equipé d'une paire de lunettes de soleil rutilantes et d'un costume impeccablement lisse, l'apparition, miniature, notez bien, adressa son plus beau sourire à Rogue. Un sourire carnassier, autant que ce dernier pouvait en juger. Deux minuscules cornes noires, ainsi que des ailes de chauve-souris charbonneuses et une queue fourchue venaient parfaire le tableau.
- Severus ! fit la créature, amicale. Pourquoi ces tourments ? Tu sais qu'il ne faut pas réprimer ses sentiments...
A l'expression de profonde stupeur du sorcier, la créature poursuivit :
- Ah oui, je ne me suis pas présenté ! lança-t-elle avec nonchalance. Normal, tu ne t'es jamais abandonné à moi. Tu sais ce qu'on dit, les voix du Seigneur sont impénétrables, et tout le tintouin.
Rogue adopta une attitude plus digne face à cet énergumène. Sans conviction.
- Rampa, démon des couches inférieures de notre monde, dit la créature en lui faisant un clin d'œil. Et ferme ta bouche, on croirait le trou des Enfers !
- Rampa ? chargea le sorcier, revenant de sa torpeur hébétée. Jamais entendu parler.
Le démon abaissa ses lunettes de soleil d'un geste expert.
- Tu veux rire ? s'exclama-t-il en s'esclaffant à pleins poumons. Tu dis ça après près de quarante années de cohabitation ? Bien sûr que tu me connais ! Je suis ton démon, tu sais, celui qui te souffle la mauvaise voie à suivre.
Rampa fit une pause et toisa longuement Severus Rogue.
- D'ailleurs il y a eu du sérieux laisser-aller ces derniers temps, pas vrai ?
Rogue n'aima pas la façon dont ce mini-démon prétendument sorti de sa tête venait le narguer. Surtout sur le thème ô combien sensible de l'apparence. Il crispa les poings jusqu'à s'en bleuir les phalanges.
- Je n'en crois rien ! cria Rogue avec force, le sang battant violemment à ses tempes.
Rampa suspendit ses battements d'ailes, interloqué. Il les réactiva juste avant de toucher le sol.
- Je ne vous crois pas ! vociféra le sorcier. Un démon qui encouragerait mes mauvaises pensées est un concept complètement glucose ! Et ce costume n'apporte aucune crédibilité !
Rampa plissa ses paupières, sur lesquelles il avait appliqué un fard rouge pour renforcer sa nature démoniaque.
- Ah oui ? riposta-t-il. Tu penses que je suis un démon de pacotille, une pâle copie des bas-fonds infernaux ? Tu veux une preuve, Severus ?
Ragaillardi, Rogue se planta devant la créature en croisant les bras d'un air de défi. Mais Rampa ne se laissa pas démonter pour autant.
- Bon, très bien, tu l'auras voulu, dit lentement le démon, une lueur sournoise brillant de derrière ses verres fumés. Alors, par où commencer ? Eh bien, dans l'ordre. L'adolescence... Qui, d'après toi, t'a poussé à avoir la collection complète des Lais Sentimentaux et Poétiques des Elfes Mélancoliques ?
Rogue déglutit nerveusement, souhaitant désespérément que les murs n'aient pas d'oreilles.
- Oh ? Surpris ? lâcha sadiquement Rampa. Bien, qui t'a donné la volonté de lire Secrets de Fées, les Clés de la Jeunesse Eternelle ? Faut-il que je continue ? Qui t'a encouragé à écouter les Cantiques Elfiques pour Elbereth, Chants d'Amour à Arwen et autres Elans du Cœur pour la Dame de Lumière ? Et à dessiner les paysages tourmentés des plaines de Cornouailles, le soir, caché sous ton drap dans le dortoir des Serpentard ? Oui, tu me comprends, Rogue. Tu sais de quoi je parle...
Severus avait plaqué ses mains contre ses oreilles pour ne plus entendre Rampa, mais le mini-démon s'acharnait, de plus en plus fort.
- Non, ne le prononce pas ici ! implora le professeur, au bord du gouffre.
- Tu as l'âme romantique, Severus ! ricana le démon. RO-MAN-TI-QUE !!! Ah ah ah !
Rogue avait fondu en larmes, incapable de se contrôler.
- Tu deviens faible, Rogue ! Tu pleures comme une madeleine à la moindre incartade, je t'ai connu plus résistant ! Veux-tu connaître la suite ?
Comme Rampa se préparait pour une nouvelle fournée, la porte du bureau s'ouvrit à la volée, laissant passer un homme vêtu de blanc.
- Arrête ça tout de suite, Rampa ! intima-t-il sèchement. N'as-tu donc pas de cœur ?
Rampa alla se percher sur une étagère, à côté d'une tête de triton gonflée dans un bocal crasseux.
- Oh, et enlève ce costume ridicule ! l'apostropha encore l'homme en blanc.
Contrarié, le démon sauta à bas de son perchoir et reprit taille humaine en touchant le parquet. D'un geste boudeur, il arracha ses ailes mécaniques, décolla ses fausses cornes et tira sur sa queue.
- Tu n'auras donc jamais le sens de l'humour, Aziraphale ? ( Il se tourna vers Rogue pour chercher un peu de soutien. ) Ces anges, tous les mêmes !
Rogue sécha ses larmes et foudroya Rampa du regard. Le démon eut un sourire sarcastique et de la fumée nauséabonde s'échappa de son tailleur.
- Tu t'égares, mon vieux compagnon, fit l'ange d'une voix douce. Le droit chemin vers la sagesse n'inclut pas d'incartades vers la déraison.
- Ne prêche pas tes bonnes morales comme ça ! soupira Rampa, agacé. Tu ne me convertiras pas au bon chemin !
- Comme tu voudras ! lança l'ange en réponse, avant de se tourner vers Rogue. Excusez Rampa pour sa taquinerie. Rien de ce qu'il a pu vous dire n'est vrai.
Au regard apitoyé du sorcier, l'ange Aziraphale se rattrapa :
- Enfin, son histoire d'ange gardien et de démon, c'était des salades. Non, même s'il est vrai que lui et moi sommes tous deux des créatures de Dieu, nous n'habitons pas les esprits des gens. Tout ce qu'il a pu vous dire, il l'a simplement extrait de votre cerveau. C'est un pouvoir dont il jouit.
Le visage d'Aziraphale s'illumina d'un large sourire.
- Bien, ravi d'avoir fait votre connaissance, Monsieur Rogue. Peut-être nos routes se croiseront-elles de nouveau, seule la Providence serait en mesure de le dire. Malheureusement, le secrétariat est en congé, alors advienne que pourra !
Rampa pouffa et agrippa l'ange par un pan de sa veste.
- Dépêchons-nous, il faut encore trouver les Quatre ! lui souffla-t-il à l'oreille.
- Ah oui, fit Aziraphale, cher monsieur, encore pardon du dérangement, au revoir !
Sur ce, les deux créatures disparurent en un claquement de doigts, laissant Rogue seul avec lui-même.
- Maudite fenêtre ! fulmina le sorcier, retrouvant de bonnes bases. Cette humiliation ne cessera donc jamais ? Quelle plaie que Dumbledore ait décidé d'ouvrir un carrefour culturel à Poudlard !
Donnant un coup de pied sur son bureau pour évacuer sa colère, il y gagna une énorme douleur arrosée d'une généreuse lampée de jurons. La mine bougonne, Severus clopina jusqu'à sa chambre. Un somme lui remetrait peut-être les idées claires.
A suivre...
