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Chapitre n°1 :

Convergence


« Un jour, toute cette douleur sera utile. »


Depuis ce balcon finement sculpté du deuxième étage, la vue sur le gigantesque parc du manoir de Convergence était à couper le souffle. Ses sentiers de fin gravier blanc le parcouraient telles de petites veines, menant les pas des promeneurs toujours plus près du grand lac qui les séparait d'une autre grande demeure typiquement Naboo : Vakyrino.

Cosinga Palpatine s'enorgueillissait de ce spectacle. Tout ceci était à lui, et lui appartiendrait définitivement à la mort de son père. Ce somptueux décor était l'héritage de la puissance Maison familiale qui perdurait depuis des générations sur Naboo.

Le jeune homme fut interrompu dans ses pensées par l'arrivée timide d'un domestique.

- Monsieur, entendit-il derrière lui, votre père vous demande près de lui.

Cosinga hocha la tête. Les Palpatine appartenaient certes aux Maisons Royales de premier plan, mais contrairement à beaucoup d'entre elles, ils ne possédaient plus aucun titre de noblesse. Les épouses des patriarches conservaient cependant le privilège d'être respectueusement appelées Lady.

Conformément à l'ordre qui venait de lui être transmis, il se rendit dans le bureau de son père. Malgré son âge avancé et sa condition psychiatrique préoccupante – un trouble de la personnalité paranoïaque lui avait été diagnostiqué bien des décennies plus tôt –, Arvis Palpatine tenait à gérer lui-même les affaires de sa famille et de son domaine. Toutes les personnes ayant tenté de lui faire comprendre qu'il serait mieux pour lui de déléguer s'étaient vues agressées verbalement par le vieillard persuadé que tout un chacun complotait contre lui. Celui-ci avait d'ailleurs poussé le délire jusqu'à faire construire un large bunker sous les caves de Convergence, comme refuge en cas d'attaque armée contre ses biens.

Cosinga hésita un court instant avant de frapper à la porte du bureau. Il ignorait tout des derniers projets obsessionnels de son père, et ne pouvait deviner la raison pour laquelle ce dernier le convoquait aussi spontanément. Réprimant un soupir, il lui fit savoir sa présence.

- Entrez ! tonna la voix du patriarche.

Cosinga le découvrit assis derrière son imposant bureau en bois, fidèle à lui-même : ridé, mais énergique.

- Que me vaut cette entrevue, père ? s'enquit le jeune homme.

- Mes efforts ont été récompensés, affirma Arvis avec fierté. Notre famille sera préservée.

- Que voulez-vous dire ?

Il n'était hélas pas rare que le vieil homme se montre aussi cryptique, mais Cosinga ne pouvait à chaque fois s'empêcher de froncer les sourcils.

- Je t'ai trouvé une épouse, mon fils, lui annonça-t-il triomphalement. Il s'agit de la fille cadette des Orainn.

- Comment cela ?! s'emporta son fils.

Il n'avait même pas été consulté pour l'arrangement d'un mariage ! Si cela avait été le cas, il s'y serait opposé : il n'en voulait pas, pas maintenant. Pas à vingt-cinq ans. Pas alors qu'il avait encore quelques années de jeunesse devant lui...

Arvis avait probablement dû anticiper ce refus, réalisa-t-il avec incrédulité. C'était pourquoi il le mettait ainsi au pied du mur. Une position où la seule action qui pouvait avoir cours était d'obéir au patriarche, ou d'en subir les conséquences.

- Ne me réponds pas sur ce ton, fils ! cria Arvis en frappant violemment du poing sur le bureau.

Cosinga grimaça. Bien trop souvent, il s'était retrouvé face à cette fureur...

- Je m'excuse, père, marmonna-t-il en baissant la tête avec une humilité de façade.

- Le mariage aura lieu dans trois semaines, ici même, poursuivit le vieillard comme si de rien n'était. Ta future épouse s'appelle Amara, mais nous n'avons hélas pas le temps d'organiser une rencontre avant la date retenue pour la cérémonie. Tu la rencontreras le jour même, comme cela était de coutume il y a encore quelques siècles.