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Chapitre n°5 :
Crise conjugale
« Peu importe à quel point tu te crois éduqué, talentueux, riche ou cool, c'est la manière dont tu traites les autres qui, ultimement, dit tout de toi. »
- Cosinga ? s'éleva la voix hésitante d'Amara au milieu du repas. Pourrais-je te faire une requête ?
Le concerné tourna un regard bleu surpris vers elle. Depuis l'arrivée de Daerich pour le souper – messager pour l'absence de Lady Cardan, qui se remettait de son récent accouchement –, Amara était restée inconsistante, pratiquement invisible.
- Bien sûr, l'encouragea-t-il, intrigué malgré lui.
- Lady Traviss s'apprête à reprendre le chemin de la campagne pour organiser le mariage de sa fille unique, et elle m'a proposé de l'accompagner. Je me disais que j'aurais pu résider à Convergence pendant ce temps, car nous sommes plutôt proches voisi...
- Seule ? l'interrompit-il, interloqué.
- Eh bien, j'ignore quelles sont tes prochaines obligations ici...
La voix d'Amara n'était presque plus qu'un murmure, étouffée par son malaise évident. Elle ne voulait pas éveiller le monstre qui sommeillait en lui.
C'était raté.
- Ta place est avec moi ! s'exclama Cosinga en dardant un regard sévère sur elle. Tu n'iras nulle part sans moi !
- Lady Traviss a insisté...
Amara s'interrompit dans un glapissement lorsque son mari se leva brutalement de sa chaise pour la surplomber de toute sa hauteur, les poings crispés. La jeune femme s'affaissa visiblement sur elle-même.
- Cosinga, intervint Daerich en levant une main apaisante. Ne pourrais-tu pas envisager de faire une exception ?
- Une exception, souffla-t-il en renâclant, en entraîne toujours une autre. Puis encore une autre. J'ai pris ma décision. Amara restera ici.
- Elle ne sera pas vraiment seule, objecta son cousin. Nous vivons nous aussi près de Convergence... et cette chère Amara serait bien entendu invitée à nous rendre visite autant qu'elle le souhaite, ajouta-t-il en jetant un sourire timidement encourageant à l'intéressée. Je suis certain que mon épouse a hâte de présenter notre fils au maximum de personnes possible.
Cosinga crispa la mâchoire. Si Amara avait tôt fait de comprendre qu'il n'y avait pas lieu d'insister, Daerich ne prenait pas aussi facilement peur – et sa proposition sociale rendait les choses difficiles à refuser en bloc, même s'il fallait y voir un second niveau de lecture : lorsqu'Amara ne serait pas chez Lady Traviss, elle serait sous la surveillance étroite des discrets membres au service de la Maison Cardan.
- C'est d'accord, grogna-t-il. Laissons donc toutes ces femmes s'occuper entre elles près des Lacs.
