.
Traduction d'un texte ayant été partagé par autrui sur Discord.
Chapitre n°13 :
Cadeau
[An 1 960 après J.C. / -75 avant Yavin]
« Si tu n'attends rien de la part de quelqu'un, tu ne seras jamais déçu. »
- Sylvia Plath
Sheev s'approcha lentement de l'encadrement de la porte richement ornée et jeta un coup d'œil dans le large bureau. C'était le bureau de Père, et ce dernier s'y trouvait bel et bien.
Cosinga Palpatine était courbé au-dessus de son bureau, le regard rivé sur un datapad avec une expression de mécontentement, celle que Sheev connaissait bien. C'était l'expression que Père lui réservait chaque fois qu'il le voyait pour la première fois de chaque journée.
Mais... peut-être que cela pourrait changer les choses. Sheev se racla la gorge, ses doigts fins agrippant le cadeau emballé de façon brouillonne qu'il tenait en main. Père n'eut aucune réaction. Sheev déglutit, et se racla de nouveau la gorge, plus fort cette fois.
Père releva brusquement la tête, son regard affûté cherchant le domestique qui avait stupidement osé venir le déranger dans son travail. Ses yeux s'écarquillèrent aussitôt dès qu'ils aperçurent son fils, petit et maigrichon, frissonnant à la porte.
- Sheev ? dit-il, hébété. Que fais-tu hors du lit, mon garçon ?
Sheev avança prudemment vers lui, incertain quant à l'humeur de son père ce soir.
- Je vous ai amené... ceci.
Il lui tendit le petit paquet. Père continua de l'étudier du regard pendant un long moment, avant d'attraper le présent des mains de son fils.
- De quoi s'agit-il ? grogna-t-il.
- Nous sommes en train de travailler sur la Semaine des Fêtes, à l'école, expliqua Sheev en baissant les yeux sur le paquet. C'est une fête que tous les mondes du Noyau célèbrent, et... les gens offrent des cadeaux aux autres... et...
Père ne semblait ni enthousiaste, ni en colère, simplement... confus. Il fixa Sheev du regard jusqu'à ce que le jeune garçon ait envie de se tortiller.
- Je vous ai vu offrir un cadeau à Kervan le mois dernier, pour son anniversaire, poursuivit Sheev en baissant le regard sur la pointe de ses bottes, les oreilles rougissantes. Alors, j'ai pensé...
- C'est un cadeau ? demanda Père, les sourcils froncés. Pour moi ?
Sheev hocha la tête, mais il regrettait déjà son initiative. Il n'y avait rien de la chaleur dans la voix de Père qu'il avait pu exprimer à l'attention de Kervan pour son anniversaire.
- J'ai cru...
Père souffla silencieusement, et ses longs doigts fins déchirèrent l'emballage aussi efficacement que des couteaux. Il retira l'emballage fait de flimsi et souleva une petite figurine. Elle était faite de paille, d'aiguilles de pin Gallo, et de pierres de rivière lisses. La paille et les aiguilles avaient été enroulées, avec amour mais aussi avec maladresse, autour des pierres, et collées les unes aux autres.
Père releva la tête, une expression étrange sur son visage, ses lèvres fines pincées.
- C'est Shadowdancer, votre greysor de chasse préféré, fit Sheev avec espoir. Je l'ai reconstruit pour que vous puissiez l'emmener avec vous à Theed lors de votre prochain voyage.
Père continua de le fixer. Sheev rougit et se balança d'un pied sur l'autre.
Finalement, les yeux de son père s'étrécirent, et il se leva de derrière son bureau.
- Je ne paie pas des écoles privées folkloriques à des prix exorbitants pour qu'elles t'enseignent ces platitudes sentimentales, mon garçon.
Sheev suivit d'un regard exorbité mais peu surpris Père qui avança vers la cheminée ronronnante pour y jeter la figurine de greysor dans les flammes dévorantes. Elle disparut dans un crépitement de chaleur. Sheev ne comprenait pas pourquoi il lui semblait qu'un fragment de son cœur se consumait lui aussi.
Son dos se raidit alors que Père approchait.
- La Semaine des Fêtes est une festivité étrangère, mon garçon. Elle n'a rien à voir avec Naboo, et encore moins avec les greysors.
Il pencha la tête et se renfrogna.
- Et certainement pas avec les héritiers des Maisons Royales de Naboo, conclut-il. Sors de mon bureau, Sheev.
Sheev s'enfuit aussi silencieusement qu'il était arrivé, Père le regardant avec des éclairs dans les yeux jusqu'à ce qu'il passe la porte. Au moins, il avait échappé aux coups, cette fois-ci.
Mais Père avait raison... offrir des cadeaux était stupide.
