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Traduction partielle de "Lessons Learned #2: Crime and Punishment" par DarthRuinous.


Chapitre n°17 :

Lessons Learned (#2)


« Envoie-moi ton meilleur coup, car la douleur je peux l'encaisser aisément. Pensais-tu vraiment que je tomberais à genoux ? »

- Bastille, "Power"


Cela prit deux semaines avant que Sheev ne parvienne à s'enfuir pour retourner dans les marais. Après que Père eut affiché son... profond déplaisir quant à l'incident avec le speeder du directeur, l'enfant de huit ans avait été enfermé dans sa chambre durant cinq jours. Bien évidemment, il ne retournerait pas dans son ancienne école, alors il avait un bref répit pendant que Père négociait son inscription dans une stricte Académie pour Garçons, à l'autre bout de la ville. Il pouvait les entendre à travers l'hologramme, tentant de convaincre Père que leurs méthodes étaient hautement efficaces, et cela le faisait sombrement rire.

Il était toujours partant pour un bon défi.

Une fois autorisé à quitter sa chambre, Sheev prit le temps d'étudier le schéma des nouveaux gardes du corps que Père avait embauchés pour garder un œil sur lui. Il refit ses forces lentement, mangeant de petites quantités de nourriture ici et là, bien que son appétit n'ait jamais été très présent dans les meilleures circonstances, et son estomac lui faisait mal presque en permanence, bien qu'il ait appris à ignorer cela.

Il se concentra sur les gardes, apprenant leurs habitudes et tentant sa chance avec de petits trajets hors de vue dans la Contrée des Lacs. Ils ne racontaient jamais rien à Père du moment qu'il revenait, car leurs boulots et leurs carrières seraient ruinés s'il l'apprenait. Ils l'imploraient, le soudoyaient, et il souriait et acceptait leurs courbettes sans la moindre intention d'honorer sa parole. Les marchandages conclus sous la contrainte ne comptaient pas.

Donc, Sheev agrandit son champ de fugue une fois deux semaines passées et la surveillance de son père réduite au plus bas possible, puis il sollicita un trajet en speeder auprès d'une famille de classe moyenne de la région (il savait se montrer charmant lorsqu'il le voulait) pour se rendre à Theed, et une fois à Theed il prit un taxi pour se rendre en bordure du territoire Gungan. Il prit soin de demander au conducteur du taxi d'attendre après lui, et lui versa une somme conséquente de crédits de son père sous forme de monnaie pour qu'il reste en position dans l'intervalle de temps.

Le conducteur du taxi fut particulièrement heureux de l'attendre autant de temps que nécessaire, après avoir compté la somme totale. Père ne remarquerait rien de manquant, fort probablement.

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~oOo~

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Le conducteur du taxi attendait encore patiemment son retour lorsqu'il émergea des marais, couvert de poussière et épuisé. Heureusement, aucune question ne fut posée alors qu'il se glissait sur la banquette arrière et que le conducteur redémarra en direction de Theed.

De retour à Theed, il parvint à obtenir un trajet à l'arrière du speeder d'un fermier – sans que le fermier en question ne le remarque, bien évidemment.

Malheureusement, il était impossible d'entrer dans Convergence sans se faire repérer, car la salle à manger se trouvait au centre et que chacun des couloirs principaux s'y rejoignaient. Sheev grimaça lorsqu'il ouvrit les portes d'entrée et qu'il croisa les visages renfrognés et réprobateurs des gardes de son père. Le plus grand d'entre eux lui pointa la salle à manger.

Un autre lui dit moqueusement :

- On dirait que tu vas passer un mauvais moment, gamin.

Sheev le fusilla du regard et se traîna pour le dépasser, insouciant de la traînée de poussière et de boue qu'il laissait dans son sillage sur le sol de pierre rutilant. Convergence était sombre par nature, illuminée à la fois par des lumières artificielles et des torches naturelles, ses murs de pierre recouverts d'anciennes tapisseries et décorations murales, car Père avait toujours apprécié la tradition. Des ombres dansèrent sur les murs alors qu'il marchait, comme si elles le moquaient d'un rire silencieux et frissonnant.

Lorsqu'il atteignit la large arche d'entrée de la salle à manger, Sheev grimaça et baissa la tête.

- Où étais-tu passé ? grogna Père depuis sa place à la tête de la table.

La famille toute entière – pourquoi la famille toute entière ? – était assise autour de la table dans un silence de plomb, la tête de Mère inclinée vers l'avant et tous ses frères et sœurs fixant leurs assiettes pleines, à l'exception de Kervan, qui le regardait moqueusement.

Intrus, disait ce rictus.

Sheev l'ignora et leva la tête pour croiser le regard orageux de son père.

- Dehors, Père.

Cosinga souffla lourdement.

- L'un de tes enseignants, Bakro, t'a vu prendre un taxi en direction des abords de la ville.

Bien. Cet enseignant n'allait pas tarder à avoir une mauvaise surprise, songea Sheev. Il n'y avait aucune raison de rapporter tous ses mouvements comme s'il était une sorte de criminel. À moins... à moins que Père n'ait recruté le professeur pour espionner son fils. Chacune de ces possibilités était équitablement déprimante.

- J'étais parti explorer.

Les yeux de Cosinga s'étrécirent avec une rage à peine contenue.

- Explorer ? Alors que je t'ai interdit de quitter la maison ? Tu m'as délibérément désobéi.

Sheev masqua son tressaillement en rejetant hautainement en arrière ses épais cheveux roux.

- Je commençais à m'ennuyer.

La chaise retomba bruyamment en arrière sur le sol en pierre alors que Cosinga bondissait de son siège. Kervan rit lorsque son aîné recula d'un pas alors que leur père s'approchait de lui.

Le sang de Sheev bouillonna face à ce rire, et il se figea sur place. Tu ne fais pas partie de la famille, disaient moqueusement les yeux de son frère. Il te hait, tu sais.

Il le savait.

Cosinga se dressa de toute sa hauteur au-dessus de lui.

- À t'ennuyer ? Tu utilises une excuse aussi bidon pour faire les choses comme bon te semble ?

- Cinq jours au même endroit commencent à devenir long, Père, cracha Sheev en jetant un regard purement haineux à son frère moqueur. Si cela ne tenait qu'à vous, j'y serais enfermé en permanence, n'est-ce pas ? Vous vous en fichez.

La gifle le frappa sur l'oreille et sonna comme un coup de tonnerre. Sheev recula en grimaçant, l'oreille tintante, son équilibre renversé, et il entendit sa mère avoir le souffle coupé.

Cosinga tendit la main et agrippa son bras fin dans sa poigne, puis le secoua rudement jusqu'à ce que Sheev cesse de résister.

- Espèce d'imbécile. Tu vas apprendre la place qui est la tienne, sois sûr de cela. Regarde-toi, on dirait que tu as été traîné au sol par un tooka. Ce n'est pas un comportement respectable pour le fils d'un aristocrate. Tu me fais honte. Sous les yeux des gardes. Sous les yeux de ma propre famille.

Sheev ne répondit rien pendant un moment. Ne faisait-il pas partie de la famille, lui aussi ?

Cosinga soupira et fit un pas en avant, ne relâchant jamais sa poigne sur le bras de Sheev, et Sheev savait qu'il y aurait à cet endroit une ligne de fraîches ecchymoses le lendemain matin, mais c'était le cadet de ses soucis, car Cosinga se pencha vers lui et persifla :

- Si t'enfermer dans ta chambre ne te fais pas comprendre la leçon, je le ferai par une autre méthode, Sheev. Monte à l'étage.

Résistant à l'envie pressante de jeter un regard à sa mère inutile, Sheev baissa encore davantage la tête.

- J'ai perdu la notion du temps, Père, c'est tout. Je voulais rentrer plus tôt.

Ceci, au moins, était la vérité.

Cela ne fit aucune différence. Cosinga secoua la tête.

- Tu as échoué. Tu échoues toujours. À écouter. À faire les choses convenablement. À faire les choses, tout simplement. J'ai été trop tendre avec toi, clairement.

Il abaissa sa voix profonde à un sifflement.

- Monte. À. L'étage.

Sheev s'exécuta. La voix de son père était noire de rage, ses mots résonnant dans sa tête alors qu'il montait les sombres marches du grand escalier et se dirigeait vers sa froide chambre. Une fois à l'intérieur, il laissa échapper un soupir tremblant et se laissa glisser le long du mur, ne prenant même pas la peine d'allumer la lumière. Il était allé trop loin. Père était furieux, comme il n'avait plus été furieux depuis des mois et des mois. Tout ça parce qu'il avait eu envie de jouer avec un stupide animal...

Il n'avait pas pensé de manière logique. Désormais, il allait payer pour cela.

Non... Père devrait être celui qui devrait payer... Sheev cligna des yeux avec stupéfaction. D'où avait pu provenir cette pensée ? Elle n'était pas nouvelle, mais il l'avait enterrée pour sa propre sécurité, tout comme l'étrange pouvoir qui courait à travers ses membres.

Mais il devrait. Tu étais parfaitement dans ton droit de sortir. Il n'est pas ton propriétaire. Personne ne te possède... Un jour, ils s'en rendront tous compte.

La porte s'ouvrit brutalement, et Sheev releva vivement la tête. La silhouette de Cosinga se découpait dans l'encadrement, une longue ceinture en cuir roulée entre ses larges mains, ses sourcils épais froncés sous sa colère noire.

Sheev aplatit ses petites mains sur le sol froid.

- Debout, gronda Cosinga.

Cela allait faire mal. Il ravala un gémissement au fond de sa gorge. Et se leva.