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Ce chapitre est une traduction adaptée (pour littéralement quatre mots de différence) de l'OS "Death of a Dream" par DarthRuinous.


Chapitre n°21 :

Death of a Dream


« Ma face cachée je garde pour moi, bien en sécurité sous cadenas. »

- Skillet, "Monster"


Des bruits de pas résonnèrent dans le couloir.

- Sheev ! Montre-toi ! Sheev !

Sa tête se releva vivement en entendant l'appel, mais il ne bougea pas de son emplacement face à la large fenêtre. Le garçon, mince et pâle et pas encore quatorze ans standard, ne modifia jamais sa position relaxée, même lorsque le propriétaire de la voix apparut à l'angle du couloir. Cependant, il y avait une nouvelle rigidité dans ce petit corps qui trahissait son assurance, une nouvelle tension dans les doigts qui tenaient un épais livre de droit.

- Ne m'as-tu pas entendu appeler ton prénom ? grogna Cosinga Palpatine lorsqu'il aperçut son fils debout devant le paysage de la Contrée des Lacs.

Il grimaça face à la réponse calme du garçon :

- Non, Père.

- Ne me mens pas, gronda le Palpatine le plus âgé en avançant jusqu'à se tenir à côté de la fenêtre.

- Je n'ai pas entendu mon nom, dit doucement le garçon en regardant son père sans presque jamais cligner des yeux.

- Pourquoi insistes-tu sur une telle sottise ? demanda Cosinga.

- Voyez les choses sous cet angle, si cela vous plaît, répliqua-t-il en haussant nonchalamment les épaules.

Pas assez nonchalamment. Cosinga pouvait voir qu'il était en colère.

- De quelle autre manière suis-je censé voir cela ?

Il ne reçut aucune réponse. Cosinga soupira.

- Tu devais recommencer avec ça aujourd'hui, évidemment ? Tu sais que je reçois d'importants invités ce soir.

- Je ne vois pas ce que vous voulez dire, Père, affirma son fils en haussant ses sourcils broussailleux.

- Bien sûr que non ! le coupa Cosinga.

Il reçut un regard condescendant pour son emportement. Il n'avait jamais aimé ce regard pâle, et encore moins lorsqu'il se remémorait le sinistre regard doré qui avait brièvement brillé depuis le berceau après la naissance difficile.

Il secoua la tête pour se débarrasser de ces souvenirs.

- Fais-toi appeler comme tu le veux sur ton temps libre, mais ici chez moi, tu répondras lorsque je t'appellerai, et tu répondras au nom de Sheev Palpatine, par tous les dieux !

L'insolent sourire narquois sur les lèvres fines de son fils mit Cosinga en fureur, et sans réfléchir, impulsivement, il fit rencontrer la paume de sa main avec la joue creuse dans une vive gifle.

Le son se réverbéra à travers la froide pièce en pierre, les tapisseries murales ornées faisant peu pour étouffer l'écho. Cosinga regarda, fasciné, la peau pâle rougissant sous la forme de doigts puissants.

Le garçon le regarda avec assurance. Une haine froide assombrissait les bords du bleu pâle.

- Ne me regarde pas ainsi, Sheev, dit-il.

Cela faisait des mois qu'il n'avait pas fait physiquement mal au garçon. Il n'en avait pas eu besoin, jusqu'à ce que Sheev devienne obsédé par cette tentative inutile de changer son nom, de se libérer de ses responsables légaux.

Ce n'est rien qu'une phase, chéri, avait plaidé sa femme, mais Cosinga voyait le véritable but de la manœuvre. Le garçon le défiait, c'était impossible à manquer. Cette fois, ils étaient tous les deux sérieux, et pourtant Cosinga était déterminé à ne pas être celui qui craquerait.

Il avança avec une petite feinte, levant une main en l'air.

- Pourquoi ne peux-tu pas être davantage comme ton cousin ?

- Je ne suis pas mon cousin, répondit son fils d'un ton aussi froid que le sommet des montagnes au loin.

Cosinga le jaugea et lâcha ses prochains mots avec une précision calculée :

- C'est bien dommage. Tu pourrais bien devenir quelqu'un si tu l'étais.

- Le prochain Grand Concierge du Palais de Theed, Père ? dit-il entre ses dents serrées. Quelle fière dynastie. Presque aussi grande que la vôtre.

Pour la seconde fois de la journée, Cosinga regarda les yeux de Sheev se fermer sous la douleur alors que la main de son père venait à sa rencontre.

- Ne t'avise pas de parler de mon neveu de cette manière, siffla le Palpatine le plus âgé alors que le plus jeune se redressait. Et ne t'avise plus de me parler sur ce ton.

Sheev ne détourna pas le regard. Cela énervait Cosinga à quel point le garçon pouvait visiblement ignorer la douleur, à quel point ces yeux condamnateurs semblaient regarder droit dans son âme. Ce qu'il n'aimait pas, il ne le tolérait pas.

- Tu peux oublier l'idée de nous rejoindre pour le dîner, ce soir, déclara Cosinga en faisant un pas en arrière. En fait, ne prends même pas la peine de te montrer tant que tu n'as pas réglé cette ineptie. Je dirai aux domestiques que tu n'as pas faim.

Sheev cligna des yeux et tourna délibérément le dos à son père, s'enfonçant encore davantage dans l'alcôve de la baie vitrée et ramenant l'épais livre vers lui.

Cosinga se sentit congédié dans sa propre maison. Il détestait cela, et la haine lui fit perdre tout contrôle sur ses prochains mots :

- Je leur dirai également de verrouiller ta porte jusqu'à ce que tu te comportes avec civilité. Réfléchis à cela pendant un moment.

Aucune réponse.

Il se sentit impuissant. Et enragé. Tournant les talons, Cosinga quitta la pièce, pressant la commande de fermeture de la porte et la verrouillant avec sa signature, en même temps que les fenêtres de la chambre. Par le passé, le garçon capitulait toujours après environ quatre jours. Cette fois ne serait pas différente.

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~oOo~

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Il était le maître dans sa propre maison, et personne ne dirait jamais le contraire. Treize jours plus tard, les larmes et les yeux implorant de sa femme, ainsi que les murmures alarmés des domestiques, le firent grimper le grand escalier jusqu'à la porte froide et silencieuse. Même les frères et sœurs de Sheev, obéissants et prometteurs, regardèrent leur père avec circonspection.

Cosinga se tint là pendant un long moment, la main au-dessus du panneau de contrôle. Était-il allé trop loin cette fois ?

Il repoussa ses doutes au fond de son esprit et ouvrit la porte. La pièce principale était sombre, tout comme la petite salle de bains, mais une faible lumière émanait de la lampe de chevet, et il avança doucement sur le tapis luxueux.

Le garçon était couché sur le côté dans son lit, sensiblement plus maigre que Cosinga l'avait jamais vu. Un pincement au cœur le traversa. Cela n'aurait pas été nécessaire si Sheev n'avait pas été aussi têtu.

Il traversa la longue pièce étroite.

- Sheev, réveille-toi, réclama-t-il.

Il vit à peine son torse mince se soulever lentement. Cosinga ressentit un bref coup tranchant d'inquiétude. Il accéléra le pas.

- Sheev ?

Son fils ne répondit pas. Cosinga fit le tour du lit et remonta jusqu'à sa tête. Il retint son souffle.

Les yeux du garçon étaient ouverts, grands ouverts au milieu d'un visage cireux et jaune, ses boucles rousses sales retombant négligemment sur ses yeux. Ils se fixèrent sur Cosinga ; un sourire fit tressaillir ses lèvres gercées.

- Je pensais... que vous aviez davantage de courage, Père, murmura-t-il. J'avais... tort, de toute évidence.

Cosinga frémit.

- Ta mère s'inquiétait pour toi.

- C'était gentil de sa part... de vous envoyer prendre des nouvelles.

Les yeux de son fils se brouillèrent, se perdant dans le vague, et Cosinga ravala sa peur. Il pouvait pratiquement compter les côtes du garçon sous ses vêtements.

- Je vais faire immédiatement venir les droïdes médicaux pour qu'ils s'occupent de toi, dit-il en sachant qu'il s'agissait de la chose la plus proche d'une excuse.

Ils étaient allés trop loin cette fois, ils le savaient tous les deux.

Aucun des deux ne l'admettrait jamais.

Le garçon releva le bras à une vitesse surprenante et agrippa le poignet de son père de sa main osseuse.

- Ne comprenez-vous pas ? demanda-t-il, sa voix rauque de n'avoir pas été utilisée, râpeuse par son ton urgent.

Ses yeux brûlaient d'un but clair à ce moment, et la peur ténue que Cosinga ressentait pour son fils devint une plus grande peur pour lui-même.

Et finalement, Cosinga vit. Cosinga accepta. Ce n'était pas Sheev. Ce n'était pas son fils.

Il se libéra de la faible prise et recula. Ses propres yeux se brouillèrent, à sa grande surprise, et il anéantit rageusement ses larmes.

La mort d'un rêve.

Sa voix vide, il déclara :

- Je comprends.

Palpatine sourit.