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Première partie : traduction d'un texte partagé sur Discord. Seconde partie : reprise de "Every scar will build my throne #35 : Idées noires".


Chapitre n°28 :
Entre passé et futur

[An 1 969 après J.C. / -66 avant Yavin]


« Les larmes que l'on ne verse pas attendent-elles en petits lacs ? Ou seraient-elles des rivières coulant cachées vers la tristesse ? »


De longs doigts, trop longs, peu naturellement longs, tendus dans sa direction depuis les sombres ténèbres, et peut-être étaient-ils faits de ténèbres eux-mêmes, alors qu'ils s'enroulaient autour de sa peau soudain nue avec de froides intentions, et il ravala un gémissement au fond de sa gorge.

Non... que se passe-t-il... laissez-moi...

Il se réveilla avec le souffle court, les couvertures rabattues au niveau de sa taille, son torse fin trempé de sueur. Le dortoir, silencieux et plongé dans le noir, était là à son retour.

Était-il vraiment réveillé ? Il pouvait toujours sentir ces doigts glisser le long de son torse, tracer les courbes maigres de son abdomen, et il eut le souffle coupé. Ils glissèrent plus bas encore, trop bas, vers un endroit qui frissonnait et tiraillait, et il sentit ses joues brûler sous le choc et la terreur sourde. Et sous quelque chose d'autre, quelque chose de terrible se produisant entre ses jambes.

Et il se réveilla de nouveau. Dans le dortoir. Plongé dans le noir. Silencieux.

Pas de doigts.

Il respira en haletant, soulagé. Simplement un cauchemar. Il ne boirait plus de vin de fleurs jusque tard le soir tout en révisant pour ses examens.

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~oOo~

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Le paysage était magnifique. Le parc était impeccable, l'herbe vert émeraude, les bosquets illuminés par des fleurs de toutes les couleurs, et l'eau claire de la fontaine créait de petits arcs-en-ciel sous le soleil radieux. Un peu plus loin, l'immense lac à l'eau cristalline s'étendait à perte de vue.

Le manoir de Convergence était resplendissant sous les couleurs de l'été. Mais Sheev Palpatine n'y prêtait même pas attention.

L'adolescent arpentait les allées de sable fin du parc, et le soleil ne parvenait pas à chasser ses idées noires. Elles étaient comme accrochés à sa cheville par une chaîne, telles un boulet trop lourd, et il n'avait d'autre choix que de les faire suivre dans son sillage. Malheureux prisonnier d'une situation familiale trop écrasante.

Palpatine ne pouvait s'empêcher de rêver du jour où il pourrait enfin s'éloigner de Cosinga, un père froid, autoritaire et abusif. Les mois défilaient, le rapprochant de sa majorité, mais celle-ci semblait toujours trop loin, toujours inaccessible.

Le soulagement serait total lorsqu'il quitterait enfin Convergence, manoir hanté par de mauvais souvenirs, et qu'il laisserait par la même occasion derrière lui des années de violence physique et morale.