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Chapitre n°2 :

Du tracas dans l'air


Vaheín avait rarement partagé un dîner aussi tendu avec ses parents. Loki tout autant que Sigyn avaient l'air morose, pour ne pas dire contrarié dans le cas du Prince. Bien évidemment, leur fille n'avait pas la moindre idée de la raison de cette humeur négative. Elle se contenta donc de manger son assiette en respectant ce curieux silence... jusqu'au moment où elle n'y tint plus.

- Que se passe-t-il donc ? lança la jeune femme à ses deux parents, sa voix le seul son vivant émis depuis le début du repas.

Loki et Sigyn se tournèrent instantanément vers elle, dans une synchronicité si parfaite que Vaheín en aurait plaisanté dans d'autres circonstances.

- Tu n'es pas sans savoir que la vie d'adulte comporte parfois quelques contrariétés, ma chérie, fit doucement Sigyn.

- Cela ne répond pas à la question, pointa Vaheín.

- Tu n'as pas besoin d'être mise au courant de ce souci... mineur, car il sera très bientôt réglé, renchérit Loki avec une inflexion étonnamment sèche dans la voix.

Il dut s'en rendre compte, car il reprit immédiatement la parole d'une voix plus tendre :

- Ce que je veux dire, mon poussin, c'est qu'il n'y a aucune raison de t'inquiéter inutilement avec cette histoire.

Loki souriait désormais, et Vaheín lui rendit son sourire, surtout attendrie par l'utilisation de son surnom. Son père avait toujours eu l'habitude de l'appeler « son poussin », bien que c'était de moins en moins souvent le cas depuis qu'elle avait réellement commencé à grandir.

Pour autant, malgré son apparente docilité, elle était toujours déterminée à connaître le fin mot de l'histoire.

- Et si moi aussi, j'avais envie de m'en soucier tout autant que vous ? répliqua-t-elle en perdant son sourire de façade.

- Eh bien, malheureusement pour toi, tu devras attendre encore un peu avant que les soucis ne décident enfin de te tomber dessus à tout va, plaisanta Sigyn.

- C'est vraiment bête, ricana Loki.

- Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle dans tout ça, se renfrogna la jeune femme.

- Justement, il n'y a rien de drôle, donc c'est pour cela que nous t'épargnons un long moment désagréable.

- Je ne suis plus une enfant depuis longtemps, vous savez, alors il serait peut-être temps d'arrêter d'essayer de me protéger.

- Crois-moi, ne réclame jamais à grandir trop vite, souffla Sigyn en posant sa main sur celle de sa fille. Tu ne réalises pas entièrement la chance que tu as de pouvoir t'offrir ce luxe.

Décidément, ces deux-là avaient tout mis en œuvre pour avoir à éviter de lui répondre. Une tactique bien étrange pour un problème soi-disant mineur... Mais Vaheín savait qu'elle n'en tirerait pas davantage. Pas ce soir, en tous cas. Alors, elle se contenta de hocher la tête et de laisser son père s'empresser de changer le sujet de leur conversation, même s'il ne semblait pas avoir le cœur à discuter.