Skiadrum

Les humains tendent à craindre le noir, principalement car ils n'ont pas de vision nocturne et ne peuvent donc pas vérifier de manière définitive que la voie est libre de prédateurs prêts à les grignoter plus ou moins entièrement et autres vilaines surprises. Ça, c'est une attitude que Skiadrum peut comprendre.

Ce qui lui échappe, en revanche, c'est leur obstination à associer le noir avec tout ce qui est mystère, ignorance et énigme – Skiadrum a connu le monde pendant la journée, il a connu le monde pendant la nuit, et franchement la seule différence c'est la présence du soleil ou de la lune dans le ciel. Pour le reste, les plantes poussent, les animaux cherchent à ne pas se faire dévorer par plus gros que soi, les rivières coulent, et voilà.

Le monde n'est pas compliqué, et pourtant les bipèdes roses cherchent à rajouter de l'incompréhensible dans tous les recoins qu'ils parviennent à dénicher. À affubler des significations et du symbolisme loufoque à des objets et des événements qui ne sont rien de plus qu'eux-mêmes.

Et le plus grand mystère de tout, c'est le fait qu'ils ont trouvé moyen d'extirper leurs âmes de leurs corps et de leur donner des formes qu'ils peuvent interpréter selon leur bon plaisir. Là, le dragon qui en a pourtant vu d'autres au cours de sa longue existence s'avoue sincèrement vaincu.

Il ne comprendra jamais les créatures diminutives, peu importe combien de siècles il consacre à la tâche. Au fond de lui, il pense que les humains ne veulent pas qu'on les comprenne.

Ils ne s'amuseraient pas à inventer des casse-têtes dans le cas contraire.