29 | Un fil de lumière
Sirius se tenait devant la fenêtre du salon. Il faisait noir dehors. En miroir, il voyait Aesthélia soigner Cruz, lui mettre la main dans un bol de décoction de Murlap, ramenée par une jeune elfe empressée, puis bander les doigts avec un minimum de mots entre elles.
Les battements de son coeur s'étaient régularisés. Peut-être était-il capable d'affronter ce qui venait de se passer... II était tard et il fallait certainement crever l'abcès. Pas qu'il ait envie de plus de cris et de tensions.
Lentement, il se tourna vers elle et croisa le regard d'Aesthélia qui parut soulagée de ce qu'elle lut en lui. Merlin... Il s'avança vers le canapé où étaient sa femme et sa fille, et les deux se figèrent. Cruz surtout. Peut-être que sans Aesthélia qui la tenait, elle se serait enfuie, songea froidement Sirius. Il eut l'impression que son ombre se projetait sur elles et il se dépêcha de s'asseoir à même le sol. Quand sa main droite toucha le plancher, il sentit la chevalière à son doigt et eut un haut le coeur. Devait-il l'enlever ? Sa main gauche fit tourner l'anneau autour de son index droit et il décida que non. Il prendrait ce contact comme un rappel de ce qu'il ne voulait pas être.
"Eu lamento", souffla Cruz en levant et baissant les yeux.
Sirius ferma les siens presque par réflexe et les rouvrit lentement.
"Cruzinha, il va falloir que je comprenne", il répondit en portugais. Peut-être que dans cette langue, toujours exotique, il se laisserait moins aller. "Il va falloir que tu m'expliques... la chevalière, le journal, la galerie... tout."
Cruz regarda Aesthélia qui opina imperceptiblement, entre l'encouragement et la confirmation alors que les mots portugais remplissaient la pièce - o anel, o jornal, a galeria... tudo.
"Não vais acreditar em mim", estima la fillette avec un geste désolé. "Tu ne vas pas me croire", répéta-t-elle en anglais pour bonne mesure.
"Pour l'instant, je ne crois rien. Tout est simplement incroyable", articula Sirius. Oui, les mots portugais, les verbes et leur conjugaison complexe, tout ça ne prêtait pas à dire trop vite des choses trop dures, espéra-t-il.
"La chevalière", soupira l'enfant sans sembler savoir par où commencer, puis elle sembla se résoudre à parler. "En fait, Harry et moi, on essaie de faire chanter les tableaux - pas ici, on sait que tu ne veux pas ; les elfes nous font partir dès qu'on s'approche de la galerie. Mais à Poudlard, on y est presque et... c'est pour ça que je voulais rester l'autre soir", précisa Cruz gagnant en spontanéité devant leur silence médusé. "Et ce soir, tu as encore voulu que je rentre..."
"N'essaie même pas de rejeter la faute sur d'autres !", s'écria Aesthélia, clairement agacée.
"Je n'ai pas dit ça, Mãe ! Je dis juste que Harry, ce soir, il fait chanter les tableaux sans moi... et même Remus a dit que ce n'était pas une bêtise tant qu'on n'abimait rien et qu'on ne se faisait pas aider des elfes !", argumenta Cruz.
C'était tellement improbable, jugea Sirius, que c'était peut-être vrai. Clémente Cerridwen, faites que ça soit vrai !
"Je vais demander à Harry", souligna-t-il quand même. La fillette opina, les yeux écarquillés mais en ne cherchant pas à l'en dissuader. Un point pour Ceridwen.
"Tu voulais faire chanter les tableaux ?", répéta Aesthelia entre sidération et soulagement.
"Oui. Ce n'est pas facile... Je me suis dit depuis plusieurs jours que peut-être la chevalière aiderait... si j'essayais ici bien sûr... Et j'ai vu que Papa l'enlevait... Et puis cet après-midi quand on est rentrés de la Forêt, elle était là, sur la cheminée de Remus", continua Cruz en baissant de nouveau les yeux. "Je me suis dit que je te la rendrais dès que tu la chercherais... mais tu ne l'as pas cherchée..."
"Cruz !", protesta Aesthelia.
"Je sais, je sais, ce n'est pas bien... je demande pardon !", s'écria Cruz en se tournant en alternance entre ses deux parents.
"Et après ?", questionna Sirius refusant de se laisser à décider quoi que ce soit. Même pas à hurler.
"On est rentrés, on a dîné... Je me suis dit que je pouvais essayer... juste vite fait..."
Aesthelia retint un geste de frustration impuissante, et Sirius ne dit rien. Cruz trouva, Merlin sait où, le courage de continuer : "Donc je suis montée vite avec la chevalière, je l'ai mise à mon doigt et elle a pris la taille... toute seule ! C'était bizarre et excitant... comme si je sentais des choses nouvelles mais qui passaient trop vite pour que je les reconnaisse !"
L'image était tellement conforme aux souvenirs d'enfance de Sirius qu'il se sentit presque sourire. Mais Cruz continuait :
"Je suis allée dans la galerie en espérant qu'il n'y ait pas d'elfes. Ils ne veulent jamais que j'y reste - je sais, tu leur as dit que je ne devais pas", elle rajouta pour Sirius. "Au début, je ne l'ai pas vu..."
"Qui ?", questionna Aesthélia en même temps que Sirius proposa : "Reg ?"
"Non, pas ton frère, Kreaturr", précisa la fillette.
"Kreaturr ?", répétèrent Sirius et Aesthélia ensemble.
"Oui, il était là... avec le journal et il marmonnait en se promenant dans la pièce. J'ai voulu me cacher, parce qu'il allait sans doute me dire de partir... ou vous appeler", raconta la fillette avec un agacement certain pour le vieil elfe que Sirius aurait sans doute pris totalement différemment en d'autres circonstances. "Mais un portrait m'a vu - je ne sais pas les noms, et il a dit : 'l'héritière de Sirius', et ils se sont mis tous à parler en même temps, et Kreaturr... Je crois qu'il a eu peur, en fait", elle développa avec une perplexité affichée. "Il m'a supplié de ne rien dire... promis qu'il ne faisait pas ce que je croyais... puis il a jeté le journal par terre, s'est frappé la tête et est parti en courant..."
"Kreaturr ?", répéta Sirius.
"Isto eu juro, Daddy", déclara solennellement Cruz en plaçant sa main droite sur son coeur et en grimaçant de douleur en le faisant.
Aesthelia le regarda, lui, l'air éperdu, comme si elle le suppliait de lui promettre à son tour que ça pouvait être la vérité.
"Je sais que j'ai... désobéi", se lança Cruz interprétant à sa façon silence qui suivit. "Je sais que la chevalière, la galerie - vous pouvez être fâchés, mais le journal, je ne l'ai pas pris dans ton bureau, Papa ! Eu juro ! Je l'ai ramassé par terre... Je ne pouvais pas le laisser là, non ?"
Ses yeux gris étaient inquiets mais transparents, décida Sirius. Ils le fixaient sans ciller. Ils transpiraient la sincérité.
"Je peux sortir une Pensine, Cruz Maghalis, et te faire nous montrer ton souvenir. Tu ne pourrais pas mentir", énonça-t-il en se sentant un peu minable de le faire mais en refusant d'être trop crédule. Tu as trop envie qu'elle soit sincère.
"Je peux vous montrer ? Oui ? Je veux", s'écria Cruz l'air totalement soulagée par l'idée de prouver que son histoire était vraie.
"Ce serait... le mieux", décida Aesthelia en le regardant.
Oui, sans doute, réalisa Sirius même s'il croyait maintenant peu probable que la fillette ait menti. Mais ils seraient sûrs de sa sincérité et sans doute qu'ils pourraient tous se remettre plus vite de... l'incident s'il n'y avait plus d'ambiguïté sur les faits. Si ses collègues avaient fait leur boulot et cherché à vérifier les faits, n'aurait-il pas passé près de neuf années à Azkaban ? Sirius se remit donc sur ses pieds et remonta dans son bureau pour sortir d'un placard la Pensine qu'il avait trouvée en triant les affaires que le décorateur avait entassées dans la chambre de Regulus. Quand il se redressa, il croisa le regard inquisiteur de son frère dont le portrait était juste posé sur le meuble.
"Cruz va nous montrer ce qu'il s'est passé, exactement", raconta-t-il, presque embarrassé, sans trop savoir pourquoi.
"Tu ne la crois pas ?"
"Reg... En fait, si, mais j'ai un peu trop envie de la croire, alors je préfère être sûr", avoua Sirius. "Elle dit que c'est Kreaturr qui a amené le journal dans la galerie et non elle qui l'a pris dans mon bureau..."
"Mais oui, Kreaturr ! Je n'ai pas pensé à te demander s'il était vivant !", s'écria Regulus avec une quasi joie.
"Reg... Merlin, il va falloir que... Kreaturr savait pour le tableau ?", vérifia Sirius - est-ce que les événements, les révélations et les complications allaient s'arrêter ? Est-ce qu'ils allaient enfin avoir le temps de mettre les événements dans l'ordre ?
"Évidemment. Kreaturr en savait presque autant que Abigail. Sans lui, je n'aurais jamais réussi", raconta Regulus posément.
"Kreaturr t'a aidé à abattre Voldemort ?", questionna son frère aîné sans cacher son incrédulité.
"D'abord, je ne l'ai pas abattu. Ensuite, il m'a aidé, moi. Juste moi. Pas pure loyauté et... amitié... Je ne crois pas que Kreaturr ait eu une opinion personnelle sur Voldemort", tempéra Regulus.
Reg aimait une Sang-mêlée et était l'ami d'un elfe... ? Le vertige n'était pas loin.
"Cruz dit qu'il cherchait... qu'il essayait sans doute d'entrer en communication avec toi avec le journal dans la galerie... Enfin, elle n'en a pas compris autant, évidemment", raconta Sirius quand il eut digéré ces développements.
"Elle ne te ment pas", souligna Regulus.
Sirius eut un rire nerveux.
"Merlin, tu es pire tonton-gâteau que Alphard, tu sais, ça, Reg ?"
"Je ne crois pas que notre famille souffre d'un surplus de tontons-gâteaux... et puis, je lui dois d'avoir récupéré ce tableau qui est quand même un moyen plus facile pour discuter avec toi", rappela Regulus.
"Il semble qu'elle ait un sacré instinct quand il s'agit de venir au secours des membres de sa famille", soupira Sirius. "Reste que... Merlin, tu ne sais pas la chance que tu as de ne pas avoir d'enfant !"
"Tu ne penses pas ce que tu dis", estima Reg assez froidement. "Je l'ai senti quand tu as écrit sur elle et je t'ai vu tout à l'heure et là quand tu as dit que tu avais envie qu'elle ait été sincère..."
"N'empêche que...", soupira Sirius qui ne pouvait pas oublier qu'il devrait trouver une réponse appropriée à l'emprunt de la chevalière et à la visite de la galerie. En cet instant, il n'était pas loin de penser que c'était un piège bien plus dangereux que l'héritage Black. Quoi que...
"... et je t'envie", continua Regulus. "Crois-moi, si... si la vie avait été plus juste... moi aussi, j'aurais un enfant.. Abigail... c'est sans doute le plus grand sacrifice que je lui ai demandé... de renoncer à notre enfant..."
"Pardon ?", releva Sirius. Juste après, il se rappela que Regulus avait déjà mentionné ce désir d'enfant auparavant. Il fut sincèrement triste pour son frère et Abigail.
"Abby, elle désirait un enfant de moi, elle disait que c'était le seul engagement qui avait du sens... magiquement, biologiquement.. qu'elle se fichait de mon nom, de mon or, qu'elle pourrait comprendre que je décide mourir pour réaliser la mission que je m'étais fixé mais que...", continuait Reg avec une certaine fougue douloureuse.
"Sirius ? Qu'est-ce que tu fais ? Cruz est épuisée, c'est trop tard", commença Aesthélia en entrant leur fille en remorque. "On peut sans doute remettre ça à demain..."
"Non, je veux que vous sachiez que je n'ai pas menti !", pleurnicha Cruz. "C'est ça, une Pensine ?"
Toutes deux parlaient portugais et semblaient, de fait, épuisées. Mais Abigail avait raison : le nom, la fortune, rien ne les aurait remplacées, décida Sirius.
"Reg, il va falloir que nous remettions cette conversation à plus tard", indiqua-t-il en posant la Pensine sur son bureau pour prendre Cruz dans ses bras. Elle se serra automatiquement contre lui avec un abandon qui ne mentait pas. "Ton oncle Regulus pense que Kreattur essayait de le retrouver avec le journal... qu'il savait qu'il était en fond d'un des autres tableaux..."
"Ce n'est pas moi, alors ?", s'enquit la fillette passant à l'anglais sans un clignement d'yeux.
"Cruz, ça ressemble a un sacré... coup de chance paraît inadapté, mais tu étais là, avec la chevalière... et Kreattur avec le journal, et tu as pris le journal - un objet que Regulus a enchanté pour repousser la chevalière." Les yeux de Cruz s'écarquillèrent devant l'information, et Sirius décida d'enchaîner avant que trop de nouvelles questions ne soient posées : "Je ne saurais pas t'expliquer mieux qu'en disant que les magies se sont affrontées en se nourrissant de toi... et que le tableau, qui est lié au journal, a laissé paraître Regulus..."
"Alors c'est un peu moi ?"
"Je ne suis pas certain que tu devrais tellement me rappeler que tu étais là volontairement en m'ayant piqué ma chevalière", soupira Sirius avec sincérité.
"Eu lamento muito, Daddy", souffla Cruz retournant au portugais.
"J'ai déjà entendu ça."
"Nous l'avons déjà entendu tous les deux", intervint Aesthélia avec une certaine autorité dans la voix. "Je pense qu'on peut en tirer comme conclusion qu'il est nécessaire de te faire moins confiance que nous l'aimerions. Si on peut même pas te laisser aller seule dans ta chambre, eh bien, soit !"
La fillette se blottit contre Sirius.
"C'est aussi toute cette baraque, toute cette noirceur accumulée", murmura ce dernier.
"Sirius, Aesthelia", se lança Regulus. "Je me sens coupable de ce que je vous impose... vous ne devriez pas avoir à gérer ça... Oubliez-moi et..."
"Mais tu as sauvé Harry, oncle Regulus", estima Cruz. "Et nous tous, parce que sinon... le lord... je-ne-sais-plus-son-nom, il nous aurait tués, tous : Harry, Papa, Remus, Mãe, moi, Dora, le professeur Albus... tout le monde ! Je ne sais pas ce que tu demandes, mais tu es mort, c'est ça, pour que, un jour, Harry réussisse... Alors tu as... Ele se sacrificou "
"Il s'est sacrifié - oui, tu as raison, Cruz, Reg s'est sacrifié", reconnut Sirius.
"Et c'est juste moi qui n'ai pas été sage ! Pas la maison... ou lui..."
"Oui", décida Sirius. Peut-être qu'il fallait jusqu'au bout de la conversation. Maintenant, malgré la fatigue.
"Je ne dois pas prendre les affaires des autres", récita Cruz en réponse.
Comme si je tenais à cette fichue chevalière, ragea Sirius intérieurement. Comme si la seule chose qui donnait du sens à ce fatras de biens matériels, c'est de pouvoir te protéger et t'offrir le meilleur avenir possible ! La réponse lui vint alors, lumineuse, comme si elle l'avait attendue cacher dans un coin de son cerveau.
"En fait", commença-t-il en déposant la fillette sur le bureau et en se plaçant droit en face d'elle.."Ce n'est pas le problème, Cruz. Le vrai problème est que tu aies décidé d'utiliser la chevalière sans avoir la moindre idée de son pouvoir et surtout du coût de son pouvoir. La magie ne fait jamais rien pour rien, dans la forêt comme ici..." Les yeux écarquillés, Cruz le regardait sans rien dire, mais il vit à la périphérie Aesthélia approuver la nouvelle orientation de la conversation. La chevalière à sa main droite semblait vouloir son attention, mais il la repoussa fermement. "Donc, le problème est que tu te lances dans de la magie toute seule, entre deux portes, 'vite fait' comme tu dis, dans un lieu tout sauf neutre magiquement, sans aucune idée de ce que tu mets en branle. Ça ne me met pas en colère, Cruz", prétendit-il. Enfin, j'aimerais que ça ne soit pas de la colère. "Ça me terrifie parce que je tiens à toi et que je ne veux pas qu'il t'arrive du mal."
"Je sais, Papa", souffla Cruz, clairement impressionnée par la sortie.
"Et comme si ça ne suffisait pas, quand un autre objet que tu sais magique se trouve en face de toi, tu le mets en contact avec le premier. Merlin, si tu veux, je lancerais Remus sur le sujet, tu l'auras mérité : c'est n'importe quoi, Cruz, et je doute que tu ne le saches pas !"
Cruz regarda Aesthélia mais ne trouva sans doute pas une sympathie suffisante pour espérer une intervention et refixa son regard sur lui sans trouver de réponse. Sirius suivit son fil de lumière :
"Tu nous as dit 'je ne pouvais pas le laisser par terre'. Eh bien, en fait, si. Tu aurais dû le laisser par terre et te dire que le mieux était de quitter les lieux - ou encore de nous appeler, mais ça, je veux bien admettre que tu aies préféré ne pas y penser."
"Mais...", tenta Cruz en désignant le portrait derrière lui.
"Kreaturr l'aurait trouvé ou pas... Peut-être que demain, on aurait reparlé, oncle Regulus et moi, du tableau et que j'aurais trouvé... Peut-être que ça aurait été plus long", admit Sirius sans la quitter des yeux. "Mais dans tous les cas, tu n'aurais pas failli perdre un doigt et tu ne te serais pas mis tes deux parents sur ton dos sans doute jusqu'à ce que tu entres dans une quelconque école de magie."
"Eu lamento", ponctua la fillette.
"D'accord, mais est-ce que tu comprends ce que je dis ?"
"Je... j'ai fait n'importe quoi avec des objets magiques ?", proposa Cruz après avoir clairement cherché autre chose à dire.
"Nous voilà d'accord", conclut Sirius, singulièrement épuisé. Il passa sa main droite dans ses cheveux et vit briller la chevalière comme une tentation qu'il repoussa. 'Je me débrouille sans toi, je suis mon chemin et je n'ai pas besoin de toi', songea-t-il. Il tourna ensuite ses yeux vers sa femme et fut intimidé de ce qu'il y lut. "Je pense qu'il est temps de te mettre au lit ; il est presque demain !"
Visiblement totalement d'accord avec lui, Aesthélia amorça le geste de la prendre à son tour dans ses bras.
"Dans ma chambre ? Toute seule ?", résista Cruz d'une voix minuscule. Aesthelia s'arrêta et regarda Sirius qui se retint de demander ce qu'il était censé répondre à un truc pareil.
"On... Cruz et moi... Je comprends qu'elle n'ait pas envie d'être seule et, moi, je ne sais pas si je ne vais pas passer la nuit à aller vérifier qu'elle est bien dans son lit, sinon..", souffla Aesthelia.
"Tu veux qu'elle dorme avec nous ?", reformula Sirius.
"Si... si tu veux bien."
Quand est-ce qu'on l'avait investi de pouvoirs de décision aussi vastes, s'inquiéta Sirius.
" Comme si... Aesthélia, c'est évidemment comme tu veux", finit-il par répondre.
"Muito obrigado, Daddy !", se réjouit ouvertement Cruz. Ses yeux gris étaient brillants et souriants - comme ils devaient l'être.
"J'arrive", trouva-t-il seulement à répondre.
"Je suis impressionné", déclara Regulus quand la porte du bureau se fut refermée sur la mère et la fille. "Vraiment... tu es... Je suis jaloux, Sirius. Pas que ce soit la première fois, mais cette fois, c'est pour un truc que je n'aurais jamais envisagé... Ta petite leçon... wahou..."
"Crois-moi, c'est de l'improvisation totale."
"Mais c'était juste sur le fond, équilibré... Je parie qu'elle s'en souviendra... et qu'elle la paraphrasera dans un paquet de devoirs à Poudlard ou ailleurs ! Si elle ne le fait pas, elle est plus bête qu'elle en a l'air."
Sirius ne savait tellement comment réagir à l'enthousiasme de Regulus et il décida de laisser tomber.
"Va te coucher, Sirius, tu as l'air d'un gars qui s'est fait écrasé par le Magicobus."
"J'avoue que... A demain, Reg..."
"A demain, Sirius. Et ..." Sirius, la main sur la poignée de la porte, se retourna pour faire face à ce jeune Regulus, à la fois étrangement proche et lointain. "Tu n'es définitivement pas Orion, pas que j'en ai vraiment douté mais là... j'en suis certain."
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Merci à vous tous qui avez partagé votre lecture avec moi cette semaine - mh, chrys63, Noellou, Arrion, Ellie Evans. Ce chapitre vous est dédié en attendant la suite : "Quelques idées intimidantes"...
