32 | La nature du traquenard

"Je peux venir ? Daddy, posso ir ? Por favor ?", sautillait Cruz à la droite de Sirius comme un jeune chiot.

"Vous pensez que Lucretia va l'accepter cette fois ?", s'enquit Sirius au peintre sans répondre à sa fille.

C'était une nouvelle compétence qu'il développait à son propre insu - être capable de faire abstraction partiellement de Cruz pour mener à bien une conversation. Il se demanda si c'était un bien et puis, repensant aux conseils répétés de Remus et de Aesthélia, il décida de ne pas chercher de réponse.

"Je l'espère sans doute autant que vous, Monsieur Black", répondit stoïquement Art Avery. Il semblait amusé par le manège de Cruz mais faisait bien attention de ne pas trop le montrer. Ça aussi Sirius n'était pas sûr qu'il s'en serait rendu compte avant. "Est-ce que vous, il vous plaît ?"

"Il est muito muito joli", annonça Cruz avec conviction.

Le tableau, sans personnage, dépeignait bien ce que lui se rappelait de cette maison au temps de sa splendeur, mais Tante Lucretia avait déjà refusé par trois fois les propositions de Avery, mettant en cause l'éclairage, la disposition des meubles et plus récemment le détail d'une sculpture.

"Il est parfait", décréta Sirius. "Je vous accompagne, Art."

"Daddy ! Et moi ?", insista Cruz.

Il se retourna pour lui faire face et il vit la fillette faire un effort notable pour cacher une certaine appréhension. Ils avaient encore des tas de choses à apprendre l'un de l'autre, se força-t-il à se rappeler.

"Tu viens si tu veux mais..."

"Je suis sage ! Je ne touche à rien ! Je ne dis rien !"

"Tous ces tableaux ne sont pas aussi... gentils que oncle Regulus", lui rappela-t-il en ravalant le sourire qui lui venait devant ces promesses.

"Je sais", assura Cruz.

Sirius se retint consciemment de dire oui tout de suite ; cette fillette-là n'avait pas peur de grand-chose, il fallait s'en souvenir. Le moment dura et il sentit la sincère appréhension de Cruz qui semblait déjà se résigner à être laissée là.

"Allons", décida Sirius en lui prenant la main et il fut récompensé d'un sourire éblouissant que la gamine avait piqué à sa mère malgré l'atavisme des gènes Black.

La Galerie des portraits les accueillit avec curiosité. Lucrétia était ravie de l'attention que ça lui apportait et elle prit un temps infini à donner son accord, commentant pour ses voisins et son père qu'une fois de plus la réalité dépassait de très loin la représentation

"Ma chère tante, est-ce à dire que ce tableau n'est pas digne de vous ?", finit par l'interrompre Sirius les bras croisés sur la poitrine.

"Sirius, je sais que tu fais de ton mieux..."

"Je paie, ma tante, et, tant qu'à faire, je préfère payer des oeuvres de qualité. Si ce n'est pas le cas... nous verrons à trouver un autre peintre..."

"Vraiment ? Qui ? Comment ?", s'intéressa Lucretia.

Avery à sa gauche essaya de cacher son inquiétude. Cruz leva des yeux sidérés vers lui.

"Aucune idée, aucune piste", reconnut Sirius parce qu'il y avait une limite à la duplicité. "Il vous faudrait être patiente, ma tante..."

Certains portraits ricanèrent discrètement. Lucretia comprit ce qu'elle avait à y perdre.

"Ce jeune homme a passé beaucoup de temps sur ce décor", commenta-t-elle. "Ce serait dommage de... recommencer à zéro."

"Il me semble aussi."

Le transfert de Lucretia dans son nouveau tableau se fit ensuite avec beaucoup de délicatesse. Sirius eut l'impression que toute la galerie retenait son souffle, mais Lucretia finit par s'asseoir à sa coiffeuse se regarder dans le miroir et déclarer : "Je vais être bien ici."

"Tu lui as dit que tu allais changer pour qu'elle accepte ?", vérifia Cruz quand ils eurent refermé la porte sur le jeune peintre avec la promesse qu'ils feraient appel à ses services si besoin et qu'ils le recommanderaient à l'occasion.

"Je lui ai fait comprendre qu'elle perdrait à tester ma patience", formula Sirius.

Ça se voulait une blague - une imitation gratuite des adultes. Remus, ou James, ou même Peter, l'auraient compris. Mais Cruz ouvrit des yeux ronds et murmura avec un respect inquiet : "Eu sei, Daddy."

Ça n'avait rien d'une blague dans la voix de sa fille.

"Cruzinha... je... Je ne parle pas de toi, ce n'est pas une insinuation", précisa-t-il.

"Mais ta patience a des limites. Tout le monde a des limites, a dit Mãe."

Il ne sut pas quoi faire de l'indication que sa femme et sa fille avaient ainsi discuté de lui. Ce n'était pas foncièrement étonnant, mais c'était un peu perturbant.

"Il ne faut pas avoir peur de moi", fut tout ce qu'il trouva à répondre.

La fillette le regarda à la dérobée et finit par répondre.

"Je n'ai pas peur. Mais avant... il n'y avait que Mãe, et Mãe je savais toujours ce qu'elle allait dire... Toi, non, je ne sais pas."

"Tu commences à savoir, non ? Je ne mets pas en... colère", Sirius eut du mal à articuler le mot mais il devait le regarder en face, "tant que toi, tu ne te mets pas en danger alors que tu sais que c'est une bêtise..."

"Des fois, je n'ai pas le temps de me demander si c'est une bêtise", proposa Cruz.

"Ou tu préfères ne pas trop te demander", suggéra Sirius.

Cette fois, sa fille eut l'air de considérer la réponse et eut le bon goût d'acquiescer.

"Peut-être un peu."

"Eh bien, ce qu'il faudrait, c'est que tu te poses la question", insista Sirius en retenant que Harry, lui, se posait ce genre de questions. Il se rappelait combien Cyrus trouvait ça agaçant. "Au moins quelques fois."

"Tu te poses la question, toi ?" questionna la fillette après quelques secondes.

"Pas assez, certainement", décida Sirius. Peut-être que la sincérité ferait mieux que les leçons de morale."Tu sais pourquoi je suis allé en prison, Cruzinha ?"

"C'était une erreur, il se sont trompés...", commença la fillette avec une certaine passion.

"Oui, mais surtout, quand j'ai vu la maison des parents Harry ravagée, quand j'ai vu mon ami James et mon amie Lily morts, et Harry blessé... quand j'ai compris que Peter les avait trahis... qu'est-ce que j'ai fait, Cruz ?", coupa Sirius en se baissant pour être à sa hauteur. "J'ai courru derrière Peter, sans prévenir quiconque, sans expliquer ce que je faisais, sans chercher d'aide ou de second. Je me suis mis tout seul en danger, sans porte de sortie, sans défense... et Peter en a profité pour me rendre coupable de ses crimes. Parce qu'il me connaissait assez pour savoir qu'il y avait très peu de chance que j'aie été assez malin pour faire autre chose que chercher à me venger tout seul..."

Cruz écarquillait les yeux mais Sirius avait l'impression qu'elle le comprenait totalement.

"Je sais ce que c'est de suivre ses envies et de réfléchir après, Cruzinha. Je comprends beaucoup mieux que tu ne croies et je souhaite que tu apprennes à te méfier de cet élan. Pour que tu ne fasses pas la même erreur que moi", insista-t-il encore.

"C'est pour ça que pour oncle Reg... tu as tout le temps voulu que Mãe ou Remus soient là", commenta la fillette. "Tu avais peur de te tromper, de décider trop vite..."

"Exactement", admit Sirius une nouvelle fois sidéré de constater combien sa fille l'observait et l'analysait. Il ne se souvenait pas d'avoir autant étudié ses parents - mais après tout, il avait vécu toute sa vie avec eux.

"Je vais essayer, Daddy", soupira la fillette.

"Merci", conclut Sirius en la serrant contre lui.

oo

"Pourquoi il n'y a pas de tableau de toi, Papa ?", s'enquit Cruz au dîner quand Sirius eut fini de raconter à Aesthélia l'installation de Lucrétia dans son nouveau tableau.. "Dans la Galerie."

Sirius s'interrogea sur l'opportunité de biaiser et regarda sa femme qui pencha la tête de côté. Sa réponse à lui manifestement l'intéressait.

"J'imagine que mes parents les ont détruits", répondit-il donc avec sincérité. "Je me souviens qu'il y avait un portrait de moi et mon frère On avait quoi, sept et cinq ans. Longtemps il a été dans la chambre de ma mère..."

"Ta mère n'avait pas la même chambre que ton père ?" vérifia Cruz les sourcils froncés;

"Non", reconnut Sirius, réalisant qu'il ne s'était jamais étonné de cet arrangement, à aucun moment de sa vie. Aesthelia avait l'air de se retenir de rire. "Je n'ai aucune idée d'où ce tableau a pu finir..."

"Peut-être que oncle Reg sait", estima Cruz.

"Peut-être", admit Sirius à contrecoeur. Il eut un léger vertige en s'imaginant regarder dans les yeux aujourd'hui un jeune Sirius de huit ans qui lui aurait sans doute très sérieusement expliqué l'importance d'un sang pur. Sans doute encore une encore moins bonne fréquentation que le portrait de l'oncle Reg ou même que Drago pour sa fille, décida-t-il.

"Et jamais d'autres ?", continua d'enquêter Cruz avec sérieux et concentration.

"Mon père avait voulu que je pose quand j'avais quinze ans, mais c'était aussi l'année où... nos différends", lâcha Sirius, sentant sa gorge se serrer. Sa femme et sa fille le regardaient. Il eut la tentation de tout oublier puis décida une nouvelle fois d'être franc. "Cruz, je n'étais pas du tout d'accord avec mes parents. Petit, je ne savais pas réellement pourquoi. Quelque chose me gênait, mais j'essayais d'être celui qu'ils voulaient que je sois : l'héritier de la maison Black. Sauf que j'étais du genre à avoir envie d'aller jouer avec les enfants moldus sur la place..."

"Je peux aller jouer sur la place ?"

"Cruz !", protesta Aesthelia avec véhémence. "Tu poses des questions et tu n'écoutes pas la réponse !"

"Elle est trop longue ma réponse ?", s'enquit Sirius pour sa fille. Quelque part, si elle ne voulait pas savoir, il pouvait laisser tomber sa confession

"Non, Daddy... enfin.. ta maman, je vois bien comment elle est... et ton père... il n'a pas l'air de m'aimer non plus... Oncle Regulus, il dit qu'ils doivent rager que tu hérites à ta façon... alors j'ai compris... ils étaient un peu comme les parents de Drago..."

"Voir pire", confirma Sirius.

"Pauvre Daddy", décida la fillette en plantant ses grands yeux gris dans les siens.

"Je vous ai vous, maintenant, j'ai une famille qui vaut le coup" lui promit Sirius en essayant de la rassurer. La pitié n'était pas le sentiment qu'il voulait inspirer à sa fille.

"Et Harry, et Remus, et Dora, et Andromeda", lista Cruz. Sirius sourit. "Alors on pourrait faire un tableau avec toute notre famille qu'on aime !"

"On pourrait", admit Sirius. "Ce n'est pas une priorité mais, présenté comme ça, c'est presque tentant."

"En attendant, on pourrait faire une belle photo", proposa Aesthelia.

"Oui !", s'enthousiasma Cruz.

Sirius se sentit sourire, heureux de leur enthousiasme, de la simplicité des solutions. Cruz se remit à manger avant de repasser à l'attaque :

"Et jouer sur la place ?"

Aesthelia leva les yeux au ciel.

"On peut y réfléchir... Je pense qu'il y a des parcs avec des jeux pas loin d'ici où on pourrait aller..."

"Je pourrais jouer avec les enfants ? Même s'ils sont moldus ?"

"Tant que toi, tu ne fais pas de magie ou que tu n'en parles pas", répondit Sirius après avoir vérifié que Aesthelia ne s'y opposait pas;

"Comme au Brésil", ajouta cette dernière en guise de confirmation, et Cruz opina. Ok, il aurait dû sans doute poser la question à Aesthélia avant. Il était sans doute trop centré sur ses problèmes, ses angoisses et ses limitations. Elles avaient eu une vie sans lui qu'il continuait à ne pas réellement connaître ; et il pouvait sans doute faire confiance à Aesthélia pour ne pas avoir fermé le monde de Cruz.

"Si tout le monde est d'accord, alors, on doit pouvoir organiser ça", conclut-il;

Ooo

Sirius ne savait pas ce que Remus avait promis, dit - ou menacé - Severus Rogue pour qu'il contacte son "amie" Susan Smiley, la chef du services des maladies magiques de Sainte Mangouste, et l'une des meilleures médicomages au monde. Restait qu'ils avaient eu rendez-vous dans la semaine. Selon Abigail, ils auraient dû attendre des semaines, plutôt.

Le docteur Smiley était accompagnée d'une jeune collègue spécialisée en reproduction humaine. Sirius était le seul homme de la pièce.

"Résumons-nous : vous voudriez tenter une fécondation posthume. Vous disposez de matériel génétique conservé magiquement de votre compagnon... défunt', formula Susan. "Ce compagnon pour des raisons de sécurité, ne souhaitait pas que cette fécondation ait lieu sans que son frère aîné, Monsieur Black ici présent, ne soit en mesure de l'autoriser. Il a placé sur ce patrimoine génétique une protection que seul le sang de Monsieur Black donné volontairement peut lever ?"

"Exactement, Docteur Smiley", formula Abigail très sagement.

Elle était assise à leur droite, à Aesthélia et elle. Pas entre eux, comme s'il s'était agi de la santé de Cruz, mais pas comme une personne totalement indépendante, jugea Sirius, sans savoir ce qu'il en pensait. Que ne devaient-ils faire face à un dragon, un sorcier noir ou tout autre opposant clair quelque soit sa puissance, plutôt de de devoir trouver leur chemin dans ce labyrinthe de clair-obscur !

"Il faut que nous étudions ce matériel... libéré de cette protection assez... originale", rajouta Susan Smiley, "avant même de pouvoir discuter plus avant de la faisabilité... Mais vous confirmez Monsieur Black, votre autorisation ?"

"Je peux vous donner mon sang pour lever la protection maintenant s'il le faut. J'exécute ici les dernières volontés de mon frère, avec beaucoup de retard... un retard qui n'est pas de mon fait", rajouta Sirius. Il ne savait pas ce que les deux médicomages savaient de la guerre et de la division interne de la maison Black mais ce n'était pas la question. "Nous sommes en train parallèlement de faire reconnaître l'union posthume de mon frère Regulus avec ma belle soeur Abigail. Je ne doute pas qu'à un moment nos affaires familiales intéressent une certaine presse... j'aimerais néanmoins que ça n'arrive pas trop tôt. Laissons à Abigail le bénéfice d'un début de grossesse... tranquille."

"Évidemment, Monsieur Black. Il est de notre habitude de protéger nos malades de toutes les façons possibles. Je mesure comme vous que même avec les précautions juridiques que vous prenez, l'entreprise sera... sans doute avidement commentée..."

"Elle ne vous pose pas de problème éthique, docteur ?", vérifia Aesthélia.

Bonne question, songea Sirius. Mais, c'était une copine de Rogue, selon Remus - mettre copine et Rogue dans la même phrase remuait des sentiments étranges au fond de lui. Lily avait été amie avec Rogue... un truc que Sirius n'avait jamais totalement compris... Qu'est-ce qu'une femme pouvait trouver chez l'ancien Mangemort ? Mais qu'est-ce qui poussait une femme comme Aesthélia à traverser l'Atlantique, bousculer sa vie, pour sauver la sienne ? Qu'est-ce qui avait conservé la foi d'Abigail dans l'assurance qu'un jour elle porterait un enfant de Regulus ? Est-ce que ça faisait partie du soi-disant mystère féminin ?

"Mon éthique est... Je refuserais de participer à un projet qui voudrait faire revivre votre frère, ou tous les participants ne seraient pas entièrement consentants. Vous m'expliquez qu'en raison de la guerre, votre beau-frère a repoussé l'idée d'avoir un enfant ; que craignant pour sa vie, il a néanmoins préservé le matériel pour cette entreprise ; confiant la décision finale à la fois à sa fiancée et son frère... Ce n'est pas une demande habituelle mais c'est... une demande qui me semble tout sauf une impulsion mal réfléchie ou un projet imposé... Nous pouvons essayer de vous aider à le mener à bien."

"Nous n'avons pas beaucoup de matériel", remarqua très doucement Abigail. "Je veux dire... si vous n'êtes pas sûres de vous..."

"J'entends vos inquiétudes mais... je mentirais en vous promettant que tout va bien marcher sans avoir évalué le matériel.."

"Reg était un excellent maître des potions, meilleur que Rogue quelque part", l'interrompit Abigail en regardant Sirius comme s'il allait l'approuver.

"Tout être humain est faillible et beaucoup de temps est passé. Je ne dis pas qu'il est trop tard ; je dis qu'il serait imprudent de ne pas envisager qu'il puisse y avoir un problème. Ne serait-ce que pour nous méfiez de nous même quand nous allons le manipuler."

Susan et Abigail se regardèrent et la seconde finit par soupirer et secouer la tête.

"Abigail, si ça ne va pas, on peut y réfléchir", proposa Aesthelia.

"Non, le docteur a raison. J'ai confiance en Regulus, je sais que son sortilège aura marché mais je comprends les doutes du docteur. Peut-on en finir ? Sirius ?"

Ils quittèrent l'hôpital une demi heure plus tard avec la promesse que la doctoresse reviendrait vers eux avant la fin de la semaine. Sirius et Aesthelia essayèrent de proposer à Abigail de dîner avec eux, mais celle-ci refusa.

"Nous célébrerons le lancement de la fécondation", annonça celle-ci. "En attendant, je préfère... je préfère rester dans ma routine... Et le mariage avant aussi... bien sûr, il faudra sans doute en discuter... mais pas ce soir. "

Il sembla à Sirius qu'il y avait une part de superstition dans le refus de la fiancée de Regulus mais Aesthélia avait affirmé qu'ils comprenaient et il ne s'était pas senti capable de la contredire.

oooo

"Vous étiez où ?", voulut savoir Cruz quand ils arrivèrent, finalement assez tard, à Poudlard.

"On a... accompagné quelqu'un à Sainte-Mangouste", répondit Aesthélia avec un bref regard interrogateur pour Sirius. Ils n'avaient pas pensé à discuter de leur alibi avant.

"Quelqu'un de malade ?", insista la fillette, clairement suspicieuse pour des raisons que Sirius peinait réellement à imaginer.

"Non, quelqu'un qui voudrait avoir un enfant", développa sans surprise Aesthélia - ce n'est pas quelqu'un qui ment, et je le sais, songea Sirius en souriant presque devant l'air concentré de Remus en suivant l'échange.

"Dora ?", questionna alors Harry contre toute attente. Sirius vit son vieux pote Lunard blêmir. "Non ?", vérifia ensuite le garçon qui avait une bonne lecture des adultes.

"Non," confirma Sirius, tentant de déminer la conversation. "Ok, je suis sans doute celui qui peut expliquer. C'est une histoire de plus qu'il serait bien de garder pour vous. Reg.. mon frère Regulus était fiancé au moment de sa mort. Sa fiancée a attendu tout ce temps... mais elle voudrait maintenant être unie par mariage à Reg et avoir un enfant de lui... Il se trouve qu'il a laissé des instructions et des... des choses qui rendent tout ça possible. Donc, si ça marche, Cruz, tu vas avoir une tante et sans doute un cousin ou une cousine... dans plein de mois, pas demain..."

"Elle a attendu tout ce temps ?", vérifia Cruz avec son inimitable air sérieux. Sirius et Aesthélia retinrent un sourire quand ils se virent opiner du même ensemble. "Comme Maman, si elle ne m'avait pas eu... Il aurait mon âge ce cousin ?"

Il fallut quelques secondes à Sirius pour avaler ce double coup-là - est-ce que Aesthélia aurait autant attendu sans l'existence de Cruz ? Qu'est-ce qui ce serait passé si Reg avait pris une autre décision ? Aurait-il abandonné la destruction des Horcruxes à d'autres , C'était fou ce que un évènement, un choix, la fécondation d'un ovule, pouvait changer à l'histoire d'un nombre conséquent de personnes.

"En fait, il serait sans doute plus âgé que Harry, s'il était né et s'il était un garçon", arriva-t-il à articuler. "Mon frère est mort avant la naissance de Harry, deux ans avant..."

"Alors, il serait l'aîné de la branche aîné", jugea Cruz. "Surtout si c'était un garçon !"

"Cruz, ne recommence pas cette histoire d'aînesse ! C'est Drago qui lui a mis ça en tête", rajouta Sirius pour Remus. "Je t'ai déjà dit que pense changer tout ça !"

"Mais, tu portes l'anneau parce que tu es l'héritier de la branche aînée. C'est pour ça que je n'ai pas le droit", argumenta Cruz.

"Non, tu n'as pas le droit parce que tu es une enfant, pas une fille ou je ne sais quoi. Parce que les règles n'ont pas été modifiées et que, pour l'instant, le temps que je mette de l'ordre dans tout ce bazar, c'est plus simple que je le porte et que je parle au nom de la maison Black !", s'énerva Sirius. Il vit Aesthelia le regarder avec un peu d'inquiétude. "Si tu savais... Merlin, si tu savais combien tout cela..."

Sirius inspira et décida de se taire. Il ne voyait aucune façon de se justifier envers sa fille. C'était terrifiant. Dans ce silence tendu, Aesthelia fut la première à se rapprocher des enfants.

"Cruzinha, tu as parlé avec ton oncle, et il t'a dit que tes grands-parents enrageaient parce que Sirius changeait les règles, c'est bien ça ?" Cruz opina sans quitter Sirius des yeux. "Eh bien, ils ragent typiquement pour des raisons comme celles-là : ton papa change les règles de la famille Black... lentement, sûrement. Du vivant de tes grands-parents, Regulus n'aurait pas épousé une femme née moldue, ou alors il aurait été renié, comme Sirius, comme Andromeda. Moi non plus, ce n'est pas sûr que je leur aurait beaucoup plu, tu sais. Mais je suis là et je porte le nom de Papa et toi aussi. Il a réintégré Nymphadora et Andromeda dans leurs droits. Et là, Papa rend leur mariage et leur descendance possibles. Il utilise son autorité donnée contre leur gré par ses parents pour le faire... "

"Il désobéit ?"

"Il ne va pas dans leur sens, mais il y a un âge où on peut décider de ce genre de choses", sourit Aesthélia. "Ce n'est pas neuf ans, ni dix."

"Je sais", bouda presque Cruz.

"Bien. Est-ce que tu crois qu'en faisant ça, il a tort ? En réintégrant Dora et Androméda, en faisant plaisir à Regulus et à Abigail ?"

"Non, sans doute pas. Mais oncle Regulus... il va être Papa ? Un Papa Tableau ?"

"Ce ne sera sans doute pas simple mais, toi, tu n'avais pas de Papa, même pas de tableau."

"Mais maintenant, j'en ai un... je préfère en avoir un", assura la fillette avec un regard éloquent pour Sirius.

"On est tous d'accord", continua Aesthélia devant un Sirius totalement impressionné par la nature de la conversation. "Et ce cousin et cette cousine, il nous aura aussi, non ? Il pourra compter sur toi ?" Cruz acquiesça assez solennellement. "Pas parce que tu es je ne sais quelle héritière de la branche aînée mais parce que c'est ton cousin et qu'il a besoin d'une famille ?", insista Aesthelia.

"Bien sûr... c'est juste... je veux juste savoir..."

"Cruz, tu es ma fille", intervint Sirius, décidant d'essayer de couper court à ces bêtises d'héritage. "Je ne sais pas ce qu'il te faut de plus. Ma seule et unique fille... Crois-moi, quel que soit le nombre de cousins, il y en aura bien assez !"

"Même pour des frères et soeurs ? Et mes frères et soeurs ?"

"Quels...?"

"Cruz, pour l'instant, tu vas avoir un cousin", tempéra Aesthélia.

"Mais moi, je veux des frères et soeurs... Rappelle toi ! Cousin Claudio, il disait toujours que si j'avais un père et des frères et soeurs, je serai..." le mot sembla lui échapper en anglais. "Mieux", elle résuma.

"Cousin Claudio", soupira Aesthélia. "Tu le vois dans cette pièce ? Tu penses que j'ai traversé l'Atlantique pour suivre ses conseils, Cruz ? C'est un chouette miracle que... finalement, nous puissions être une famille mais... pas parce que tu seras mieux élevée mais parce que... Merlin... là, c'est mon tour de botter en touche..."

"Moi aussi, j'aimerais bien un frère ou une soeur", intervint alors Harry. "Mais...

"Harry", soupira Remus.

"Oui, je sais. Déjà, je t'ai. Et puis, j'ai Sirius et Aesthelia, maintenant, et puis Cruz..."

"Oui", affirma cette dernière, alors que Sirius réalisait que sans doute Harry et Remus avaient eu des conversations proches des leurs. C'était inquiétant et rassurant à la fois..

"...on est une famille de coeur", termina Harry, un peu embarrassé mais courageux, décida Sirius.

"...On est une famille de coeur", répéta Remus en venant à son tour dans le cercle. "On fait tous de notre mieux. Les adultes, ils ne peuvent pas changer le monde, ou que par petites touches... et souvent simplement en faisant de leur mieux leur boulot d'adultes, protéger les enfants, payer les dettes, tenir les promesses... On a tous hâte de connaître cet enfant dont Reg et Abigail ont tant rêvé... de l'aider à devenir grand et sage... Et pour le reste..."

"... on verra, j'imagine", soupira Harry. "Elle ne veut pas de bébé, Dora ?"

Sirius eut presque envie de sourire au nouveau soupir de Lunard, mais Aesthélia le regardait et eut l'impression qu'elle n'apprécierait pas qu'il sourit à cette question-là.

"Harry... Harry, Dora, je l'aime, mais... elle est très jeune et ... je suis un loup-garou. On fait de notre mieux mais... ce n'est pas simple. Je suis content que tu l'aimes bien et que... tu considères que si elle avait un enfant avec moi ce serait ton frère ou ta soeur... Je crois que si elle le savait, elle serait très honorée."

"Faut lui dire alors !", jugea Harry.

Lunard regarda Sirius comme s'il espérait que celui-ci ait une inspiration miraculeuse mais n'insista pas quand rien ne vint.

"D'accord, Harry. Tu lui diras si tu veux. C'est ton avis, ce n'est pas à moi de lui donner."

Il sembla à Sirius que son filleul se demandait quand il était tombé dans un traquenard. Faire de son mieux dans un traquenard... voilà une définition de la maturité qui lui semblait assez juste.

oooooo

La fenêtre qui renvoyait son image - exactement comme le soir où Cruz avait débusqué le portrait de Regulus, sauf que ni sa femme ni sa fille n'étaient dans la pièce. Aesthélia avait accompagné Cruz pour leurs rituels de coucher. Sirius avait dit qu'il arrivait mais il restait là, debout face à la fenêtre à essayer de savoir s'il arrivait à définir la nature du traquenard. Il faillit ne pas entendre arriver Aesthélia

"Tu es là", constata-t-elle. "Tu n'étais ni dans la chambre, ni dans le bureau..."

"Je n'avais pas envie de discuter avec Reg", reconnut Sirius sans se retourner. Le bureau était parfois devenu intimidant depuis la présence du portrait. Ce n'était plus un refuge ; il fallait soutenir la conversation avec un portrait qui le connaissait trop bien.

"On peut le déplacer ailleurs", commenta Aesthélia en venant se placer à sa droite.

"Dans notre chambre par exemple, pour qu'il constate si et quand on fabriquera un héritier", lâcha Sirius presque à son propre insu.

"Cette histoire d'enfant te tracasse", constata Aesthélia.

"Je ne devrais pas ?"

"Tout dépend comment tu te poses la question", observa-t-elle. "Je ne vais pas... il n'y aura pas de deuxième enfant surprise - si c'est le fond de ton inquiétude."

"Mais tu veux un enfant ?", osa questionner Sirius. Si elle avait pleuré, si elle s'était énervée, il n'aurait peut-être pas osé et il en était conscient.

"Dans l'idéal, peut-être même plus que un", confirma Aesthélia sur le même ton calme et mesuré qu'elle avait adopté depuis le début. "J'aime l'idée d'une famille un peu nombreuse, un peu bruyante, qui nous dépasserait sans doute mais irait de l'avant" expliqua-t-elle et, immédiatement, Sirius eut sous les yeux des images de gamins aux cheveux noirs et aux yeux clairs se roulant sur le tapis du salon. Ei, singulièrement, l'image ne l'intimida pas autant qu'il l'aurait pensé. "Et je sais que ça demande une énergie que je n'aurais peut-être plus dans cinq ans. Mais d'abord, évidemment, il faudrait que l'idée t'amuse - et que je tombe enceinte et que je tienne le coup derrière... Il y a le rêve et il y a la réalité. Vu tout ce que nous avons vécu, je ne voyais pas trop comment aborder le sujet, mais il y a le projet de Regulus et Abigail et du coup, ça fait écho... évidemment..."

"Tu en as parlé à Cruz, de ce rêve ?", questionna Sirius.

"Peut-être même qu'il vient d'elle. Elle a toujours eu besoin de monde autour d'elle ; ce n'est pas une solitaire. J'ai du coup pas mal fréquenté mes cousins, qui ont tous des enfants, de joyeuses fratries, peut-être que ça vient de là", confia Aesthélia.

"Le cousin Claudio", se souvint Sirius. Il avait voulu en savoir plus de toute façon.

"Ce n'est pas mon cousin préféré mais il a de fait été toujours là, a toujours proposé de prendre Cruz chez eux pour des séjours..."

"Et toujours critiqué son éducation", compléta Sirius.

"Oui. Il a quatre enfants et leur donne une éducation stricte, assez traditionnaliste... Je ne dis pas que c'est l'horreur, ou qu'il est abusif, mais il ne tolère pas une expression totalement libre, ou de faire mauvaise impression... et, quelque part, Cruz et moi, sans père et sans mari, avec ce métier un peu en marge de la société, on pourrait faire mauvaise impression sur toute la famille. Du coup, il a décidé de s'investir ; pour pouvoir dire qu'il fait tout ce qu'il peut, que ce n'est pas faute d'avoir essayé de donner à Cruz un vrai cadre..."

L'agacement rétrospectif d'Aesthélia était clair dans l'amertume de sa formulation. Il l'imagina faire face à ce cousin bien-pensant, subir les critiques, entendre répéter qu'elle ne faisait pas le poids... A cause de lui, quelque part. Instinctivement, Sirius la prit dans ses bras, elle se laissa faire.

"Je suis désolé de ne pas avoir été là... Je ne sais pas si ma réapparition fera taire ton cousin mais je suis là, Aesthélia, je suis là pour toi, pour Cruz et pour tout ce qui viendra..."

"Ce qui viendra ?"

"J'avoue que j'en suis encore à me demander ce que je dois ou ne dois pas faire avec Cruz alors augmenter les enjeux... me fait un peu peur."

"Mais personne ne sait, Sirius. Seuls des gens comme Claudio pensent savoir ! La plupart des gens font de leur mieux - découvrent de nouvelles facettes, de nouveaux besoins, de nouvelles solutions... se trompent puis parfois ont des intuitions. Franchement Sirius, moi, je trouve que tu... tu es constant, tu es présent, tu es ferme sans être dogmatique, tu veux la comprendre et non la changer... Je sais qu'elle te teste énormément - je n'arrête pas de lui dire qu'elle en veut trop trop vite mais... ce n'est ni toi ni elle que je blâme, c'est des gens comme le cousin Claudio qui lui ont mis en tête qu'elle était mal élevée... Merlin, est-ce que tu la trouves mal élevée ?", termina-t-elle d'une toute petite voix.

"Je ne sais pas ce qu'est être bien élevé", soupira Sirius. "Elle a du coeur, elle a de l'énergie et de la curiosité et, du coup, parfois elle se met dans des trucs incroyables, mais est-ce que je préférerais quelqu'un de timide ou de plus conformiste ?... Je pense de ma responsabilité d'adulte est de la prendre comme elle est. On a essayé de me dresser - il n'y a pas d'autre mot. Je ne reproduirai pas ça, pas consciemment en tout cas."

"Et toi comme ton frère quelque part vous vous êtes totalement rebellés et êtes allés plus loin dans cette rébellion que beaucoup n'auraient pu ou su le faire. Vous n'aviez plus rien à perdre puisque vous aviez déjà renoncé à votre héritage quelque part", analysa Aesthélia.

"Tu es en train de dire que je devrais être insupportable afin que Cruz découvre qui elle est vraiment ?", se marra Sirius.

Aesthélia gloussa contre son épaule. "On pourrait écrire un traité alternatif sur l'éducation !"

"Sérieusement... tu me trouves... trop sévère, pas assez ?", questionna Sirius dans ses cheveux. La conversation qu'ils fallaient qu'ils aient.

"Je te trouve... juste. Quand tu la grondes, tu as de bonnes raisons de le faire et tu fais de ton mieux pour expliquer. Si j'étais seule avec elle, je crois que j'aurais été plus sévère que toi mais j'ai toute cette pression, ce modèle familial, le persiflage du cousin Claudio... Tu fais autrement mais tu fais front, et je me dis que l'important est là. Tu ne laisses pas courir non plus. Tant pis pour le modèle de Claudio - qui ne m'a jamais tant convenu que cela de toute façon."

"Concrètement... tu aurais fait quoi ?"

"Je ne sais pas, parce que je t'ai laissé la place et au moment où, elle comme moi, je crois, nous attendions à ce que tu l'envoies dans sa chambre avec une fessée, j'ai senti une telle peur en toi... J'ai eu peur pour toi... que ce soit trop, que je te demande trop..."

"J'ai cru que tu avais peur pour elle."

"J'aurais dû ?", sembla sincèrement s'inquiéter Aesthélia en levant les yeux vers lui.

"J'avais peur de lever la main et de ne pas savoir me contrôler - mon père ne savait pas se contrôler, enfin, je crois même qu'il n'en voyait pas l'intérêt : je méritais sa colère dans toute sa violence si j'avais l'impudence de le provoquer ", avoua Sirius.

"Je suis désolée de ne pas avoir compris... alors... alors je t'admire encore plus... peut-être que moi, à ta place, je me serais enfuie.."

"Il est hors de question que je m'enfuie - et je ne crois pas que tu sois du genre qui s'enfuie."

"Avec Cruz, avec Regulus, avec Harry, tu fais face, Sirius... incroyablement face... et je ne sais pas toujours t'aider", soupira Aesthelia.

"Sans toi, je ne saurais pas", la détrompa-t-il. "J'aurais trop peur de devenir fou..tu ne fais que cela de m'aider - tu mets ta vie entre parenthèses pour le faire, et je le sais !"

"Quelle drôle d'idée ! Est-ce qu'on ne pourrait pas dire que j'ai mis dix ans ma vie entre parenthèses plutôt ? Ma vie, elle est là, avec toi, dans tes combats, dans notre famille..."

"Je veux aussi prendre ma part des tiens", livra Sirius parce qu'il y avait cette réalité ; Aesthélia avait des combats qu'il respectait infiniment.

"Mais tu le fais quand tu prends ta part avec Cruz."

"Mais ton travail - je sais combien il compte", insista Sirius.

"Mon travail, c'est faire connaître et reconnaître les magies traditionnelles. Je fais ça aussi quand je donne des cours à Londres. Ne t'inquiète pas, Sirius, je ne suis pas frustrée sur ce plan là. Construire ma famille est ma priorité en ce moment..."

"Mais on se retrouve à rester ici plus longtemps que... on peut partir au Brésil... tout laisser là", proposa Sirius.

"Pas maintenant, Sirius. Si tu fais cela, tu t'en voudras - il y a Remus qui joue tout ce qu'il a construit, il y a Harry qui a besoin d'un parrain, il y a Abigail qui... D'ailleurs, tu devrais exiger d'être le parrain de son enfant..."

"Tu... tu n'as pas cessé de me pousser à dire oui et..."

"Je pense qu'il faut le faire, que tu le dois à Regulus mais... mais on ne connait pas Abigail, ni toi ni moi... Tu ne peux pas dire oui et te désengager après... Pourquoi ton frère a-t-il mis cette condition ? Il aimait sans doute Abigail mais... il n'était pas sûr qu'elle respecterait cette condition de la mort vérifiée de Voldemort... ça pose questions, ça, non ? Que craignait-il d'autre ?"

Sirius resta silencieux à se maudire de ne pas avoir vu cette énorme objection avant.

"Dans tous les cas, c'est ce que j'ai dit à Cruz. J'ai élevé neuf ans notre fille seule, Sirius, et même si je n'adorais pas toujours ce que disait ou faisait Claudio, toute l'aide, tout ce que peut apporter une famille, choisie ou non, je ne le minorerais pas. Je crois que tu as une aura auprès d'Abigail qui fait qu'elle t'écoutera... et que c'est bien que tu aies cette autorité formelle, c'est dans la droite ligne de ce que Regulus a voulu..."

"Je me sens tomber dans un traquenard qui me fait m'occuper du choix du ministre de la Magie à l'éducation de mon futur neveu alors que je voudrais... m'occuper que de toi..." marmonna Sirius la tête entre les mains.

"Mais tu t'occupes de moi, Sirius", contra Aesthélia en levant les yeux au ciel. "Je suis capable de me trouver des choses à faire - mes propres choses à faire, un lieu où transmettre à un sens... et je ne crois pas que laisser à d'autres certains combats soient s'occuper mieux de moi et de Cruz. Le Ministère avec sa direction actuelle n'est pas l'ami de tous ceux qui nous sont chers ; si tu peux peser pour qu'il le devienne, tu dois le faire. Ce neveu ou cette nièce, c'est ma famille de fait, maintenant. Je ne me sens pas du tout abandonnée quand tu fais ce que tu dois faire. Je me sens au contraire... pas seule, tu vois ce que je veux dire ? J'ai quelqu'un avec qui imaginer l'avenir... Ne me lance pas, je fais finir par pleurer", souffla-t-elle. L'émotion dans sa voix était palpable.

Sirius la serra plus fort.

"Tu peux pleurer, Aesthélia. Si tu as besoin de lâcher, je suis là. Comme tu es là... Rien n'a plus de sens que cela."

"Non", confirma Aesthelia en lui rendant son étreinte.

oooo

Je poste parce que le 33 est presque fini à une scène près. Il n'a pas de nom encore... Mais la famille Black Da Silva y est plus tournée vers l'extérieur... voilà, j'espère que vous aimerez