36 | Des révolutions très douces
"Harry dit que Albus Dumbledore est comme son grand-père", lança Cruz qui tournait sur elle-même et autour d'eux dans leur chambre depuis un bon moment.
Sa robe vermillon faisait comme un rappel aux fleurs de l'hibiscus que le décorateur avait placé devant la fenêtre. Ils étaient presque prêts. Aesthelia finissait une coiffure élaborée, et Sirius cherchait, un peu désespérément, le deuxième bouton de manchettes d'une paire que Alphard lui avait offerte pour ses dix-sept ans et qu'il avait retrouvée avec surprise dans les affaires de Regulus juste avant de les envoyer aux Malefoy. La vérité demandait d'ailleurs de dire que Reg avait indiqué où les chercher.
"Albus le considère comme son petit-fils", confirma Sirius en ne sachant pas trop ce qu'il pensait de cette prétention. Est-ce que James en aurait été touché ? Peut-être se serait-il satisfait que leur vieux mentor considère Lunard comme un de ses héritiers ? Ou alors il aurait perçu que Albus se sentait en partie coupable du fait que Harry soit orphelin. C'était une décision qui ne lui appartenait sans doute pas et il était sans doute souhaitable que toutes les décisions ne lui reviennent pas. Comme de savoir que sa mère avait conservé ces boutons de manchette en souvenir de lui. Un savoir embarrassant.
"Si tu es son parrain, et que c'est un peu comme un papa, est-ce que c'est mon grand-père aussi ?", continua Cruz avec curiosité.
"Non, pas vraiment", soupira Sirius. "Ce n'est pas comme cela que ça marche, Cruzinha, et Albus ne te connaît pas vraiment. Il connaît bien Harry et il se sent comme son grand-père", proposa-t-il. "Surtout que Harry n'a pas de famille - les parents de Remus sont morts depuis longtemps."
"Vous non plus, vous n'avez pas de parents", remarqua judicieusement Cruz. "Enfin, si : il y a les tableaux de tes parents, Daddy. Mais je n'ai pas le droit de leur parler."
"Cruz, tu comprendras un jour", répéta Aesthélia en finissant de ramener une deuxième natte en couronne sur le dessus de sa tête. "Et tu as déjà une famille : un papa, une maman, des oncles, des tantes, des cousins... et bientôt d'autres !"
Sirius crut un instant que la conversation allait s'arrêter là.
"Quand est-ce que j'aurais un petit frère ?"
"Clémente Arasy !", marmonna Aesthelia peut-être parce que une épingle lui avait échappé. Quelque part, Sirius doutait que ça l'amène à invoquer la déesse suprême du panthéon guarani..
"Je ne peux pas demander ?", s'enquit la fillette les sourcils froncés.
"Tu peux demander, ça ne veut pas dire que nous avons une réponse", répliqua Aesthelia avec fermeté.
"Ah ? Vous ne savez pas comment faire ?", s'inquiéta Cruz, et Sirius sentit un rire profond lui secouer les entrailles. Il croisa le regard de Aesthelia dans le miroir et devina qu'elle était aussi amusée que lui. Restait à essayer d'endiguer ce flux de curiosité.
"Dis-moi, Cruzinha", lança-t-il le plus platement possible. "Est-ce que tu as encore beaucoup de questions pour agacer les adultes dans tes réserves ou ça va, on peut partir chez Albus ?"
"Désolée, Daddy", s'excusa l'enfant un peu automatiquement avant de fondre comme un oiseau de proie vermillon sur quelque chose à la limite du tapis et des double-rideaux. "Oh, regarde, c'est ça que tu cherches, non, Daddy ?"
Cruz brandit fièrement le bouton de manchette manquant, et Sirius se demanda mollement comment il avait pu rouler si loin du lit.
"Si, merci".
"Je peux te le mettre moi ?", s'enquit Cruz et il accepta de bonne grâce.
Quand elle leva les yeux vers lui avec la satisfaction de la mission accomplie, il décida de reprendre le fil de leur échange - il allait être l'heure de partir.
"Seriamente", insista Sirius parce que la forme portugaise lui donnait moins l'impression de faire de mauvais jeux de mots. "Si tu as d'autres questions, c'est maintenant. Chez Albus, ce ne sera pas un bon endroit pour poser des questions à tort et à travers."
"Harry dit que Albus est très gentil et qu'il veut toujours bien expliquer des choses compliquées", leur apprit encore Cruz. Est-ce qu'elle ne faisait que lui poser des questions toute la journée ? Son filleul était bien patient !
"Sauf que cette réunion n'est pas le bon endroit pour lui poser des questions", ajouta Aesthelia en se tournant vers eux, sa coiffure achevée. "Ce n'est pas réellement une réunion de famille... mais il y aura Harry - tu pourras t'amuser avec lui !"
La fillette opina l'air distant avant de rajouter : " Harry dit que bientôt on sera trop grands pour appeler nos daddies "daddy", qu'il faudra dire Dad..."
"Vraiment ?", questionna Sirius avec un demi-sourire.
"C'est une blague ?", questionna Cruz avec une suspicion affichée.
"Pas vraiment, mais il n'y a aucune obligation", répondit Sirius. "Tant que tu ne m'appelles pas vieux pot de chambre pourri, je m'y ferais !"
"Vieux...", commença Cruz, ses yeux gris écarquillés
"Ça, c'est une blague", indiqua Aesthelia.
"Moi, je t'aime, Daddy", affirma Cruz en lui prenant la main. "Je veux qu'on reste ensemble toujours !"
"Un jour, tu seras prête pour t'envoler et ce sera bien", promit Sirius plus ému qu'il ne l'aurait pensé.
"Mais je ne veux pas !"
"Ok", sourit Sirius. "J'ai des témoins, méfie-toi."
"Toi, tu ne veux pas ?", se désola ouvertement la fillette.
"Quoi ? Cruz, je ne sais pas comment j'ai fait pour vivre aussi longtemps sans quelqu'un comme toi dans ma vie", avoua Sirius avec une voix serrée qui lui fit mal.
"Vrai ?"
Aucune réponse ne lui venait alors il la serra dans ses bras. Quelques minutes plus tard quand ils s'alignèrent devant la cheminée du salon, Cruz entre eux, Sirius pensa à toutes les fois où il s'était placé devant cette cheminée avec ses parents. Aucune n'avait été précédée de blagues ou de câlins. Il était des révolutions très douces, décida-t-il en jouant machinalement avec son anneau alors que Aesthelia prononçait le lieu de leur destination.
oo
Albus était amaigri, et ça faisait ressortir son nez busqué, ses yeux pétillants et l'état désolant de sa main droite. Il se tenait au centre du petit groupe qu'il avait réuni. A sa droite, il y avait Remus, accompagné de Dora et Harry. Dominic Branstone, l'avocat de Remus, était installé à côté d'eux avec d'épais dossiers. Une partie de l'Ordre, ancien ou nouveau, ou ce qu'il en restait, s'était déplacée, dont Minerva et Severus, évidemment. Le maître des potions se tenait debout à côté du docteur Susan Smiley qui les salua d'un sourire. Ces deux-là n'avaient plus l'air trop loin de rendre leur relation officielle, réalisa Sirius avec un certain ébahissement, dans lequel le fait qu'il en soit presque content pour eux ne tenait pas pour rien.
Il aurait pu se concentrer sur ça, mais il y avait encore plus étonnants : la présence de Hyperion Greengrass, sa femme et ses filles par exemple. L'homme d'affaire lui avait déjà fait comprendre qu'il ne soutenait pas Fudge et sa clique et qu'il aurait aimé le compter parmi ses relations politiques, mais Sirius ne l'envisageait pas si proche de Dumbledore et plus encore de Remus. On n'était pas dans une réunion publique certes, mais être présent aujourd'hui n'était pas anodin.
Pendant que les adultes se serraient la main avec des regards qui en disaient assez long sur l'ampleur de leur réflexion réciproque, Albus réunit les enfants et leur parla de sa serre tropicale avec sa piscine et proposa à Harry "qui connaissait bien les lieux d'emmener tout le monde jouer là-bas". Les deux fillettes Greengrass avaient l'air dubitatives et Cruz un peu nerveuse, mais Seren Greengrass - un joli rameau d'une branche basse et galloise des Lestrange ; moins folle que d'autre de ce que Sirius savait - prit les choses en main :
"Je suis sûre que vous allez bien vous entendre quand vous vous connaîtrez mieux ; et Drago n'est pas là", souligna-t-elle.
Sirius se souvint que Seren et ses filles avaient été là lors du thé organisé par Androméda et apprécia l'effort.
"Cruz sera contente de vous montrer qu'elle sait aussi être bonne camarade", renchérit Aesthélia avec un regard plutôt entendu pour leur fille..
"Promis", articula Cruz avec difficulté. Un instant, Sirius eut peur qu'elle parte en courant devant l'ampleur du défi social posé, mais la fillette inspira et tendit la main à l'ainée des fillettes qui devait avoir l'âge de Harry. "Je suis contente qu'il y ait d'autres enfants et Harry dit que la serre vaut le coup."
"Harry, je crois que tes trois amies ont envie de voir cette serre", pressa Albus quand les deux fillettes Greengrass eurent serrer la main de Cruz avec une solennité qui aurait pu faire sourire.
"Il serait peut-être sage de ne pas faire reposer toute la responsabilité de leur petit groupe sur Harry", intervint Remus pour la première fois. Albus le regarda, mesura sans doute comme Sirius la pression que Lunard mettait dans son regard et acquiesça.
"Les elfes veilleront sur eux."
Les enfants partis, Albus prit fermement les rênes de la discussion : "Nous sommes à dix jours de l'ouverture du procès du Peter Pettigrow ; un procès qui revient sur les heures les plus noires de notre histoire récente et peut constituer une pierre importante de la refondation de notre communauté..."
Sirius regarda Remus qui eut un petit rictus mais ne protesta pas. Severus sembla s'inviter au silence. Peut-être était-il passé à côté d'une évolution collective, pris comme il était par la réalisation des projets de Regulus ?
"Nous ne minimisons pas la possibilité que le Ministère cherche à utiliser ce procès pour ses propres fins, notamment pour régler des comptes mal faits avec Remus et Severus ici présents. L'important est d'imposer notre agenda et c'est pour cela que je vous ai réunis aujourd'hui. L'important est en effet de nous coordonner pour bousculer l'agenda de Cornélius de façon décisive, à l'intérieur comme à l'extérieur du Ministère."
Une elfe apparut à ce moment là à la gauche du vieux sorcier et lui glissa des paroles rapides et chuchotés. A la fin, le regard d'Albus se posa sur Aesthélia.
"il semblerait que Cruz ait besoin de sa maman pour arbitrer une dispute bien féminine sur l'usage des maillots de bain", formula-t-il, les yeux rieurs.
Aesthélia rougit légèrement, mesurant sans doute le possible faux pas de leur fille - Sirius l'imaginait sans peine exiger de se baigner nue comme dans les rivières du Brésil. Il aurait aimé pouvoir lui proposer d'aller régler le conflit mais c'était abandonner Remus et le reste de la discussion. Aesthélia se levait déjà de toute façon, mais Seren aussi.
"Je pense que c'est plus que souhaitable que je vous accompagne, lady Black. il faut être plusieurs pour se disputer."
Il ne restait plus que Nymphadora pour représenter la gente féminine et quelques regards avaient dû se poser sur elle parce que Sirius entendit sa petite cousine déclarer : "Je n'ai aucune compétence particulière en maillot de bain".
"Je pense que les mamans des tenantes des oppositions de principe suffiront", lui concéda Albus. "Remus vous aviez raison ; il n'est pas certain que Harry aurait su mener cette négociation. Pour reprendre là où nous en étions. Je veux insister sur le fait qu'il s'agit moins d'inventer un nouveau plan que de coordonner nos actions. Remus et Dominic Branstone ont prévu la plupart des rebondissements juridiques ; il ne s'agit pas de changer de stratégie, mais de les aider en allumant les bons contre-feux au bon moment et aux bons endroits."
"Créer à la fois des diversions et un contexte favorable dans l'opinion", approuva Dominic Branstone, l'avocat de Remus - plus jeune qu'eux mais l'air sérieux,jugea Sirius l'estomac serré. Non, il n'arriverait pas à avaler que quoi que ce soit de mauvais arrive à Remus.
"Le premier contre-feu est important parce qu'il a plusieurs ramifications intéressantes", reprit Albus. "Il se trouve que Rufus Scrimgeour présente dans les jours qui viennent sa démission de la tête du bureau des Aurors pour avoir les mains libre dans sa future campagne pour le poste de Ministre de la magie. Kingsley ?"
Le grand et solide Auror que Sirius se rappelait vaguement avoir vu lors de l'opération de Little Hangleton s'éclaircit la voix avant d'exposer : "Cette démission ne sera pas une surprise pour Fudge, même s'il n'apprécie pas l'émergence d'un rival qu'il considère comme sérieux. Mais il pense en profiter pour imposer un proche, Dawlish pour ne pas le nommer, à la tête du Bureau. Il ne mesure pas l'opposition de la majorité des Aurors en exercice à ce projet et surtout l'existence d'un autre candidat..."
"Si Dawlish est nommé, je peux parier que j'aurais toutes les missions pourries pendant les dix prochaines années", marmonna Nymphadora. "Et pas que moi !"
"Il n'aura pas assez de missions pourries pour ses ennemis", sourit le fameux Kingsley.
"Mais quelle serait l'alternative ?", s'intéressa Remus.
"Moi", répondit l'Auror sans fausse modestie. "Je suis sans doute jeune pour ce poste, mais j'ai le soutien de pas mal de monde au sein du Bureau et de la Division de la justice, voire du Magenmagot..."
"Et notre communauté a besoin de renouvellement", ponctua Greengrass.
"Je pense faire connaître ma candidature dès que Rufus aura déposé sa démission... Je ne sais pas si j réussirai à contrer Dawlish, mais ça devrait occuper Fudge..."
"Surtout qu'il s'agit d'un seul des contre-feux en cours. Hyperion, parlez-nous de l'élection des maîtres de Guilde", continua Albus. Sirius ne savait où en était sa magie mais sa diplomatie semblait toujours sans égale dans le monde magique britannique.
"Si Scrimgeour démissionne maintenant, c'est que, juste avant l'ouverture du procès, aura lieu l'élection des maîtres des guildes et qu'il veut peser sur cette élection qui sera décisive pour la sélection et la confirmation du prochain Ministre de la magie. Rufus a quelques bons réseaux, je ne le sous-estime pas, mais je crois réellement avoir bien avancé de mon côté. Selon mes calculs, Fudge va se retrouver avec un maximum de quatre Guildes en sa faveur - le Bâtiment, les Transports, les Nourrisseurs et, avec moins de certitude, les Cueilleurs sécheurs de plantes. Et ça, ce n'est pas certain qu'il l'ait bien mesuré. Moi même je devrais être confirmer à la tête de la Guilde de l'artisanat."
Il y avait douze Guildes se souvint Sirius. Il aurait été en peine d'en dresser une liste exhaustive. Quatre était sans doute une minorité mais comment se répartiraient les autres ?
"Scrimgeour devrait avoir pour lui la Guilde des fonctionnaires du Ministère, c'est un milieu que je perce assez mal ; celle du Commerce aime l'idée de sécurité et apprécie ses résultats à la tête du bureau ; je pense qu'il est bien placé également auprès des éleveurs d'animaux magiques. Je compte avoir pour moi, outre l'Artisanat, les Sciences magiques et les Diseurs de droit. Il restera deux inconnues : la première est les Soignants qui regroupent des professions divisées entre elles ; je suis majoritaire à Sainte-Mangouste, mais les praticiens libres sont souvent pour Fudge et ils sont disséminés et difficiles à toucher. La seconde est celles des Artistes et saltimbanques ; un peu pour les mêmes raisons, sauf que mes informations la mette plutôt dans l'escarcelle de Scrimgeour pour l'instant."
"Et les Diseurs de droits ?", questionna Branstone.
"J'y ai des entrées mais j'ai peur qu'elles soient insuffisantes. Vous allez peut-être me confirmer si cette guilde serait prête à se détacher de Fudge pour Scrimgeour..."
"Je pense qu'elle est prête à se détacher de Fudge, c'est assez clair. Et Scrimgeour y est connu mais pas toujours apprécié. Il n'aura pas été un Commandant des Aurors prêt à beaucoup de négociation. Certains ont apprécié sa connaissance de droit mais... moi je ne voterai pas pour son candidat en tout cas."
"Cela recoupe ce que me dit ma candidate", commenta Greengrass. "Je compte bien interpeller Fudge sur la justice, passée et future durant cette campagne... On peut penser que Scrimgeour sera plus mesuré, mais ça va le déstabiliser et peut-être le faire choisir une stratégie moins frontale..."
"Ou au contraire, lui donner envie d'emporter le plus possible de ses ennemis dans sa chute", s'inquiéta Severus.
"Si tout se coordonne, ça ne devrait pas être possible", estima Albus.
"Et moi, je fais quoi ?" questionna Sirius.
"Mon cher Sirius, vous allez participer au débat général sur l'identité de notre belle communauté en lançant une fondation qui renouvelle la façon dont les questions publiques sont posées..."
oooo Débriefing avec Abigail
"Vous avez passé une bonne journée ? Le procès se présente bien ?" s'enquit Abigail quand ils se rematérialisèrent dans leur salon. Elle s'était levée pour les accueillir laissant de côté un tricot taille naissance.
"Pas si mal, merci", répondit Aesthélia. "Cruz a évidemment fait des siennes mais blessé personne cette fois ! Je laisse Sirius te répondre sur le procès."
Abigail regarda sa nièce qui haussa les épaules et resta prudemment silencieuse. Sirius qui n'arrivait pas réellement à trouver grave l'affaire du maillot de bain décida d'enchainer sur le procès.
"Une conjonction de gens, finalement plus large qu'on aurait pu le penser, semble avoir à coeur de ne pas laisser Fudge mener sa petite vengeance très tranquillement. Je ne sais pas si ça s'annonce bien, mais ça s'annonce pas joué d'avance, et tout sauf calme." Il vit sa belle soeur essayer de ne pas s'inquiéter trop ouvertement. "Je vais m'engager ; je le suis déjà mais la vengeance de Fudge n'est pas directement contre moi..."
"Contre Lupin", abonda Abigail qui avait lu pas mal les journaux sorciers depuis qu'elle vivait avec eux. "Je me rappelle de lui... il avait l'air souvent malade mais plutôt gentil... Regulus disait qu'il le préférait à James, que... s'il avait été ton seul ami, peut-être qu'il aurait réussi à te parler..."
La confidence tourna dans la pièce. Personne ne savait exactement quoi en faire sans doute. Cruz tirait sur la ceinture de sa robe ; Aesthélia grimaça ; Sirius, dont le coeur s'était furtivement serré à la mention de James arriva, Merlin sait comment, à hausser les épaules.
"Mettre la connerie Black sur le dos de James serait une belle saloperie à lui faire", énonça-t-il.
"C'est des gros mots, ça, non ?", releva Cruz notablement bas. Aesthélia la serra en réponse contre elle mais ses yeux étaient sur lui - Sirius le sentait sans avoir besoin de le vérifier.
"Je suis désolée si...", tenta Abigail, notant sans doute sans peine la tension générale.
"Mais de quoi ?", coupa Sirius, sincère. "J'étais trop en colère pour m'inquiéter de Reg ; je peux le regarder en face ; je dois le regarder en face. Il était trop blessé et trop jeune pour faire le premier pas. Je l'entends. James me faisait rire ; il me faisait croire en l'avenir... peut-être qu'il faisait trop de bruit pour que Reg ose s'approcher... Mais alors il faudrait aussi reprocher à Remus de ne pas avoir plus insister quand il a parfois pensé que j'aurais dû fêter l'anniversaire de mon petit frère... Ce serait très injuste de les accuser de... quelque part ce serait un façon de me disculper. Je ne compte pas me disculper, Abigail. Uniquement payer mes dettes."
Abigail eut un air entendu et une de ses mains glissa sur son ventre encore plat. Comme pour dire qu'elle savait être une partie de ce paiement de dette.
"Tu lui as dit... je sais que tu lui as dit", souligna-t-elle avec un certain courage. "Je ne voulais pas avoir l'air de critiquer, juste partager le souvenir qui me revenait..."
"Et je ferai tout mon possible pour que Remus ne devienne pas la vengeance de Fudge du fait d'avoir dû me laisser reprendre ma liberté...", affirma Sirius en retour.
"Tant qu'il sera ministre...", commença Abigail sombrement avant de s'arrêter. "Vraiment ?", questionna-t-elle presque timidement.
"Il semble en effet qu'il soit nécessaire d'aller jusqu'à soutenir ses opposants", admit Sirius. Et il allait dès demain s'employer à leur donner une caisse de résonance grâce à une fondation et peut-être un journal. Merlin, est-ce qu'il se reconnaîtrait dans une glace ? Est-ce que James se foutrait de sa gueule jusqu'à en pleurer de rire ? Remus et Aesthélia avaient l'air de penser que c'était ce qu'il fallait faire.
"Une révolution", estima Abigail dans un souffle.
"Une révolution douce", espéra Aesthélia, et le silence qui suivit était plus tranquille que ceux précédents.
oooo
Je vous mets en notes mes 13 guildes avec leur répartition a priori entre Rufus Scrimgeour (RS) H Greengrass (HG) et Cornelius Fudge (CF). Les ? sont les réputées indécises
Fonctionnaires du Ministère RS | Commerce RS | Éleveurs d'animaux magiques RS | Les soignants ? | Producteurs et utilisateurs de plantes CF | Sciences magiques HG | Artisans HG | Diseurs de droits ? | Transports CF |Bâtiments CF | Artistes et saltimbanques ? | Finance HG | Nourrisseurs CF
Si je vous poste celui-là, c'est que le 37 existe (avec une grande incertitude sur le titre encore). Quand le 38 aura pris corps à son tour... vous connaissez le refrain !
