Voyage suite et fin pour nos amis Dragons et quelques doux moments de vacances pour nos Kamuis ! Tout un programme…

En tout cas, je vous souhaite à tous de bonnes vacances !

Je m'excuse aussi pour le retard, mais cette année était un peu spéciale pour moi (j'ai habité à Sarajevo…). Je vous promets de faire des efforts pour la suite et rassurez-vous, je finirais cette histoire, parole de scout !

Roxane : Ils survivront, ne t'inquiète pas : la preuve en image, euh…en mots ! Et puis quant à leur installation à Roquefort, moi j'aimerais biens, comme ça on les retrouverait tous l'année prochaine, héhé ! Je suis redevenu moi-même dans ce chapitre, plus de momie ! Bon pûûûûû et à demain !

Florinoir : Aussitôt dit aussitôt fait ! Euh… avec quelques mois de retard… mais après tout ne dit-on pas : mieux vaut tard que jamais !

Kotori Shiro : Merci merci ! Ca fait toujours plaisir. J'espère que je ne te décevrais pas avec ce chapitre, à part pour le retard mais je crois avoir déjà culpabilisé assez éè se tape dessus…

Seddy : Tiens, une nouvelle ! Choueeeeette alors ! Bienvenue dans mon esprit malade et merci pour la review ! Je te souhaite une bonne lecture et un bon voyage à… Roquefort la Bédoule !

Nb : pour ceux qui se posent la question, Roquefort la Bédoule existe bel et bien ! Pour les curieux : mer bleue s'étendait à perte de vue, emplissant le regard du jeune homme d'une uniformité reposante. Que ses yeux s'égarent un peu et c'était le bleu du ciel qui s'emparait de ses iris. Il soupira d'aise. Le soleil, presque à son zénith, répandait dans son corps une douche chaleur et le brin de vent qui soufflait suffisait à ne pas la rendre étouffante. Les cris des mouettes qui virevoltaient au-dessus des vagues ainsi que le ressac le berçaient doucement.


Il s'étira et s'allongea sur les tuiles brûlantes, laissant son regard dériver sur les nuages peu nombreux qui éclaboussaient le ciel d'azur. Le toit était vraiment son endroit préféré. Ici, personne ne venait le déranger. Les gloussements des jeunes filles dans l'eau, les hurlements des bébés, les slogans des vendeurs ambulants, tout ça ne l'atteignait pas ici. Il y était parfaitement seul. Surtout, il était libéré des constantes récriminations de la « mère Villat », leur acariâtre voisine. Elle n'avait pas trouvé meilleure activité que de se plaindre de tout ce qu'ils faisaient, les arrosant à longueur de journée de longues tirades furibondes dont Kamui ne comprenait pas un traître mot. Comme quoi, il y avait peut-être du bon à ne pas savoir parler français !

Etonné, il avait demandé à Fuma depuis quand il maîtrisait la langue de Molière mais celui-ci s'était contenté de répondre par un sourire diabolique. Ne souhaitant pas créer de conflit entre eux, sa situation étant déjà suffisamment précaire, Kamui avait préféré abandonner. Après tout, comment auraient-ils réussi si Fuma n'avait pas fait preuve d'aussi extraordinaires et soudains talents linguistiques ?

Néanmoins, Kamui se sentait d'humeur partagée. Certes il avait réussi à emmener l'Ange sur la Côte d'Azur, retardant sa propre mort au passage, mais il lui restait tout de même un arrière-goût d'insatisfaction dans la bouche. Peut-être parce qu'il avait espéré plus de ce voyage ? Ramener Fuma par exemple ? Kamui secoua légèrement la tête. Il était vraiment stupide s'il pensait pouvoir ramener son ami juste en l'emmenant en France. Ça ressemblait plus à un plan de collégienne pour récupérer son ancien petit ami qu'à une manière d'achever la bataille imminente entre la Terre et le Ciel…

Et pourtant.

Par instant, il avait l'impression que ça pouvait marcher. Pourquoi Fuma se montrait-il si gentil à certain moment sinon ? Kamui devait cependant admettre qu'il n'agissait pas ainsi à tout moment. Jusque-là, la conduite de l'Ange avait été des plus inégale. Après sa menace initiale, Kamui, quelque peu refroidi, avait essayé de maintenir ses distances avec le Dragon de la Terre au tempérament quelquefois si violent. Et c'est à ce moment précis que Fuma avait fait preuve de plus de prévenance que le Sceau ne l'en aurait cru capable. Il se rappelait leur longue promenade sur la plage, le soleil couchant dans leur dos, le bruit des vagues rythmant leurs pas. Il revit Fuma lui acheter une glace. Une glace ! Le Kamui des Dragons de la Terre ! Le jeune homme en aurait presque pleuré de joie ; un peu plus et il gardait le cône en souvenir…

A leur retour à la villa, il faisait nuit noire. Les deux Dragons s'étaient vite faufilés à l'intérieur, la chaleur du jour ayant rapidement désertée l'air. Dans la pénombre du salon, Fuma avait attrapé le poignet de Kamui et l'avait attiré autoritairement dans la seule chambre du rez-de-chaussée. En constatant qu'elle ne disposait que d'un lit double, le cœur du jeune homme s'était emballé et il s'était soudainement figé. Sentant les appréhensions de son compagnon, l'Ange était passé derrière lui et l'avait pris par les épaules. Le contact des mains de Fuma sur sa peau nue avait complètement bouleversé le Sceau et il s'était finalement laissé entraîné doucement vers le lit sans émettre la moindre protestation.

Mais une fois couché, Fuma s'était tourné vers le mur. Kamui, avançant une main vers lui, avait entendu sa voix grave s'élever dans l'obscurité :

- Si tu essayes de t'enfuir, je te tuerai.

Sa main s'était immobilisée dans l'air à quelques centimètres de l'Ange. Ce n'était pas tant la menace qui l'avait effrayé mais plutôt le ton glacial avec lequel elle avait été proférée. C'était comme si toute la soirée avait disparue en moins d'une demi-seconde. Pour le coup, le Sceau n'avait pas osé bougé de toute la nuit, fixant le plafond à s'en donner le vertige.

Depuis cet instant, les choses avaient continué sur la même lancée. Kamui ne savait jamais sur quel pied danser. Un instant Fuma était tout miel, l'autre il était froid et dur comme du marbre. Comment tenter quoi que ce soit dans ces conditions ? Ne cessait de se répéter le Dragon du Ciel.

Epuisé, désemparé, désespéré, sur les nerfs, il avait décidé de laisser les choses suivre leur cours. Même s'il devait bien l'admettre, sa belle résolution de laisser les choses couler s'était plutôt transformer en partie de cache-cache. Si tu n'aimes pas les confrontations, évite-les ! Lui soufflait une petite voix dans sa tête. Alors plutôt que de risquer les sautes d'humeur de l'Ange, Kamui fuyait son compagnon. Et pour ça, il n'avait pas encore trouvé mieux que le toit…

- Tu comptes rester là encore longtemps ? Chuchota une voix juste au creux de son oreille.

Kamui sursauta violemment et se sentit glisser sur les tuiles lisses. Il eut une brusque poussé d'adrénaline et sa bouche s'ouvrit sur un cri muet. Puis une grande main l'agrippa par le col de la chemise, interrompant sa chute.

- Tu crois pouvoir m'échapper aussi facilement ! Continua la voix, goguenarde.

Mais Kamui avait beau fuir, Fuma finissait toujours par le retrouver…


Arrivés devant le tapis à bagage, les treize Dragons furent bien obligés de se rendre à l'évidence : ils étaient de fait tous là. Plus aucun moyen de nier la réalité à présent. Les deux groupes se faisaient face de part et d'autre du tapis roulant qui charriait mollement valises et sacs à dos. Les autres voyageurs avaient dû sentir la soudaine tension qui s'était accumulée dans l'air car ils s'étaient réfugiés, pour la plupart, à l'autre bout du tapis.

Chacun en tête d'un groupe, Kanoe et Subaru se fusillaient mutuellement du regard. Le reste des Dragons était plus partagé : Seishiro regardait le chef des Suméragi avec un sourire en coin, Yuzuriha et Kusanagi s'adressaient de timides gestes de la main, Sorata fit un clin d'œil à Yuto, qui lui répondit d'un simple sourire. Les autres restèrent de marbre en se contentant d'attendre de voir ce qui allait se passer.

Ce fut finalement Subaru qui fit le premier pas. Il s'éclaircit la gorge et adopta un air digne, un brin méprisant.

- Il semble que nous ayons un…hum…problème commun.

Kanoe le fixa quelques secondes sans réagir, puis son rire cristallin retentit dans le hall de l'aéroport.

- Un problème ? Doux euphémisme, Suméragi-san !

Elle lui adressa un sourire amusé et repoussa une mèche de jais qui lui tombait devant les yeux.

- Mais je suis d'accord avec vous sur un point, poursuivit-elle avec une soudaine gravité, nous sommes confrontés au même problème. Mes camarades m'ont suggéré que nous fassions une…trêve.

Le mot sembla lui poser quelques difficultés.

- Afin de partager nos informations seulement, s'empressa-t-elle d'ajouter.

Subaru jeta un coup d'œil mal assuré derrière lui et répondit :

- Oui, nous…hum…en étions arrivés à la même conclusion.

Kanoe hocha la tête.

- Bien.

Subaru émit un monosyllabe d'assentiment. Kanoe croisa les bras gracieusement. Subaru mit les mains dans ses poches. Kanoe se mit à observer distraitement une valise abandonnée sur le tapis. Subaru réajusta la ceinture de son trench-coat. Kanoe remonta la bretelle de son sac à main sur son épaule.

Le silence commençait à s'éterniser quand ils demandèrent enfin en cœur :

- Et maintenant ?

Derrière eux, Yuto gloussa.

- Les plus farouches ennemis deviennent bien maladroits quand ils doivent coopérer….

Kanoe lui lança un regard noir.

- Et pourrais-je savoir ce que suggère Monsieur, puisqu'il se croit si malin !

Yuto haussa les épaules avec désinvolture.

- Je n'ai jamais été très doué pour diriger, mais je pense que la première chose à faire ce serait d'atteindre notre but, non ? Parce que j'aimerais rappeler à ceux qui n'ont jamais été en France que nous ne sommes pas encore arrivés sur la Côte d'Azur. Nous ne sommes qu'à Paris. Enfin qu'à Paris n'est sûrement pas une expression adéquate pour décrire cette superbe vil…

- Oui, oui, on a compris Yuto, merci ! L'interrompit Kanoe, acide.

La jeune femme dardait maintenant un regard assassin vers l'employer de Mairie, qui se contenta de lui adresser un sourire désarmant et de croiser les mains derrière la tête.

- Il n'a pas tort, intervint froidement Satsuki qui pianotait fiévreusement sur son ordinateur. Deux solutions se présentent à nous maintenant. La première : prendre un autre avion pour se rendre à Toulon, la seconde : prendre le train.

Elle releva la tête vers Kanoe guettant sa réponse, probablement pour réserver des billets. Celle-ci prit un air embêté et se tourna à nouveau vers Subaru.

- Pourrions-nous plutôt prendre le train, Suméragi-san ?

L'exorciste fronça les sourcils.

- Bien sûr, mais ne serait-il pas plus rapide et plus facile de prendre l'avion ?

Kanoe passa de l'embarras à l'irritation.

- Certes, mais il semblerait que nos deux fuyards aient décidé de financer leur escapade au soleil avec ma carte de crédit…, fulmina-t-elle entre ses dents.

Après un instant de surprise, Subaru eut du mal à réprimer un sourire.

- Oh. Je vois… Puis-je vous proposer une aide financière dans ce cas ?

A présent, il souriait franchement.

- Non merci, cracha Kanoe en détachant et en insistant bien sur chaque mot.

- Alors soit, nous prendrons le train. Je vous en prie, fit Subaru d'un ton amusé en s'inclinant et en désignant la sortie.

Kanoe se drapa dans ce qui lui restait de dignité et passa devant l'exorciste sans lui adresser le moindre regard.

- Allons-y, décréta-t-elle sèchement, comme si l'idée venait d'elle.


Le soleil avait disparu derrière les montagnes mais ses derniers rayons enflammaient encore le ciel. Fuma était langoureusement allongé sur la chaise longue de la terrasse, observant les derniers baigneurs ranger leurs effets. Il n'avait pas ôté ses lunettes de soleil si bien que le verre teinté empêchait Kamui de deviner de quelle humeur il était. Le jeune homme était assis lui sur le bord de la terrasse, ses pieds balançant dans le vide. Le vent, tout de suite plus frais lorsque le soleil avait disparu, lui chatouillait agréablement la nuque.

- A quoi penses-tu ? Demanda Fuma à brûle-pourpoint.

Surpris par sa question, le Sceau ne sut que répondre dans un premier temps. Il était rare que l'Ange se préoccupe de ce qu'il pouvait bien penser.

- A toi, répondit-il finalement.

Fuma parut plus intéressé qu'étonné. Pourtant, il garda le silence, laissant l'honneur au jeune homme de prendre la parole. Kamui reposa son regard sur la mer. C'était son moment préféré. A cette heure-ci, la mer se transformait en nappe d'huile, son bleu changeant lui rappelant les reflets du pétrole.

- Je pensais à quand on était petit.

L'Ange ne dit toujours rien.

- Je t'admirais tellement… Tu réussissais tout, tu nous protégeais toujours Kotori et moi. Tu avais tout ce que je voulais : une sœur, un père…une vraie famille. J'étais tellement heureux d'être votre ami. Par moment, j'avais même l'impression d'être votre frère.

Kamui baissa la tête.

- Frère ? Répéta Fuma en baissant ses lunettes.

Ses lèvres s'étaient étirées en un sourire que le jeune homme avait du mal à décrypter. Se moquait-il de lui ? Ou est-ce qu'il sous-entendait autre chose ?

- Bah, après tout, ce ne sont que de vieux souvenirs, ça n'a pas beaucoup d'importance ! Fit Kamui pour essayer de mettre un terme à une conversation qui s'engageait sur une pente un peu trop glissante à son goût.

Pourquoi donc n'arrivait-il jamais à le comprendre ? A savoir ce qu'il pensait vraiment ? Des questions qui revenaient souvent ces derniers temps, des questions dont il connaissait la réponse : tout simplement parce qu'ils n'auraient pas dû être là, pas comme ça, ça n'était pas « normal ». Ce qui était normal entre eux était ce qui s'était passé avec Kotori, pensa-t-il douloureusement, ce qui s'était passé avec Saeki, ce qui avait commencé à se passer dans la clairière. La suite n'était qu'une espèce de rêve auquel Fuma, contre toute attente, avait accepté de prendre part. Mais au fond, ça ne changeait rien, ils étaient ennemis et ça ne servait à rien d'essayer d'avoir une conversation normale, comme quand Fuma était encore Fuma…

- C'est ce que tu penses ? Demanda l'Ange calmement.

Une fois de plus, le Sceau fut pris au dépourvu. Il lui avait semblé voir passer un éclat d'une étrange tristesse dans le regard de son interlocuteur. Mais il le regardait maintenant avec une telle dureté que Kamui doutait de ce qu'il avait pu entrevoir. Voilà qu'il se sentait encore mal à l'aise, comme à chaque fois qu'il parlait avec Fuma. Il avait l'impression que son compagnon passait son temps à le tester et que lui ne cessait d'accumuler les faux-pas. Il regretta soudain d'avoir ouvert la bouche.

Un silence s'installa dès lors sur la terrasse.

- Rentrons, déclara finalement Fuma, j'ai froid.

Et il se leva, disparaissant quelques secondes plus tard dans l'obscurité de la maison. Kamui laissa dériver ses yeux sur la mer qui s'était maintenant parée des couleurs de la nuit. Si tout était bien comme il le pensait, alors pourquoi pourquoi pourquoi espérait-il encore ? Il soupira et finit par regagner à son tour le salon.

Dans le ciel, la première étoile venait d'apparaître.


Cela faisait maintenant bien cinq minutes que Kanoe et Subaru discutaient de manière plutôt « échauffée ». Les passants avaient tendance à éviter ce couple se disputant à coup de grands éclats de voix en japonais. La plupart des autres Dragons aspiraient eux-même à s'éloigner de leurs chefs respectifs par crainte d'être pris à parti.

- Nous perdrons un temps fou avec vos méthodes ! On ne peut se permettre de gaspiller inutilement la moindre minute ! S'exclamait violemment Subaru, habituellement si calme.

Kanoe, les bras croisés en signe de protestation, n'en démordait pas :

- Je ne vois pas en quoi c'est si dramatique. Nous ne sommes pas à une seconde près. Ce n'est pas comme si votre Kamui allait se faire manger !

Un fin sourire sarcastique étira ses lèvres.

Kanoe un, Subaru zéro.

- Ttt ttt, répliqua Subaru, méprisant. C'est plutôt à vous qu'il faudrait faire remarquer que prendre le taxi n'est pas si dramatique. Vous ne voulez tout de même pas prendre le métro ? Après tout, nous ne sommes pas à un sous près, n'est-ce pas Kanoe-san ?

Les yeux de la belle brune s'étrécirent de rage.

Un partout.

- Nous proposez-vous de prendre en charge les taxis, Suméragi-san ? Comme c'est galant de votre part ! Je comprends maintenant pourquoi Seishiro-san ne tarit pas d'éloges sur vous.

Deux à un…

- Jamais je n'oserais vous infliger cette humiliation, Kanoe-san ! S'exclama mielleusement Subaru. Que diriez-vous de nous retrouver à la gare plutôt ? Je ne voudrais surtout pas vous imposer mes vues.

Et de deux partout, songea l'exorciste en voyant la mine renfrognée de son interlocutrice.

- Soit ! Nous verrons bien quelle solution était la meilleure ! Accorda-t-elle finalement.

Puis elle vit volte-face, ses longs cheveux virevoltant dans son sillage.

- Dragons ! Avec moi ! Nous allons prendre le métro, fit-elle en lançant un regard appuyé au chef des Suméragi.

Oh ? Un défi ? Comprit-il. Un sourire se peignit lentement sur son visage. Presque imperceptiblement, il hocha la tête. J'accepte… Kanoe eut l'air satisfaite par sa réponse. A défaut d'avoir pu coopérer, au moins s'étaient-ils mis d'accord. Dans une certaine mesure en tout cas. Après avoir rassemblé les retardataires, à savoir Kusanagi qui ne voulait pas lâcher la main de Yuzuriha, elle s'éloigna des Dragons du Ciel à grand pas victorieux et bientôt disparut dans la foule grouillante des touristes.

- Ils s'en vont ? Demanda Yuzuriha avec candeur. Ils se défilent ?

- Non, ils vont juste prendre le métro, nous les retrouverons à la gare.

La jeune fille hocha la tête d'un air entendu.

- J'ai lu dans Cosmopolitan que c'était le métro le plus sale d'Europe ! Je suis bien contente que l'on prenne le taxi. C'est la première fois que je viens en France, je suis si excitée ! Je n'aimerais pas perdre une occasion d'arpenter les rues de Paris.

Elle sautillait maintenant sur place avec enthousiasme.

- On y va, Subaru-san ? Dis, on y va ?

Elle s'était pendue à son bras, les yeux plein d'étoiles. Subaru opina, il ne savait pas pourquoi mais il lui semblait que ce voyage allait être fatigant, très fatigant…

Ils se déplacèrent donc vers la longue file de voitures devant l'aéroport qui attendaient de prendre des passagers. Etant donné leur nombre, le chef des Suméragi avait opté pour deux taxis. Cela devrait suffire pour qu'ils soient tous les six confortablement installés. Malheureusement, si cela avait paru simple en théorie, la pratique, elle, se révéla bien plus compliquée :

- Calmez-vous, Arashi-san, ce n'était pas pour vous offenser, c'est seulement… avait tenté d'expliquer Subaru.

- Je ne vois pas pourquoi je devrais m'asseoir à côté de cette engeance du mal, l'avait aussitôt interrompu la jeune femme en désignant Sorata.

- C'est peut-être un peu exagéré, non ?

- Nee-chan, ce ne sera pas long, tu dois juste…, intervint Sorata, volant au secours du pauvre Subaru.

- Toi, la ferme ! S'exclama avec une inhabituelle grossièreté la prêtresse d'Ise, en faisant volte-face vers le jeune homme. Je me suis déjà tapée ta compagnie « vomissante » pendant tout le vol, je ne veux pas avoir à subir ça encore une fois !

Subaru soupira profondément et sentit poindre dans son crâne le début d'une migraine particulièrement violente. Kamui, tu as intérêt à avoir de bonnes raisons…

Le problème se régla finalement quand Yuzuriha accepta d'échanger de place avec le jeune moine du Kansaï, l'expédiant du coup dans l'autre voiture.


Les lignes s'entrecroisaient en de multiples carrefours d'un bout à l'autre de la carte. Toutes ces couleurs se tressant les unes aux autres finirent par donner le tournis à Kanoe. Et tous ces noms auxquels elle ne comprenait rien : RER, correspondance, station, RATP, Opéra, Châtelet, Orlyval… Comment une ville pouvait-elle être aussi compliquée ? Pourtant, autour d'elle, les gens allaient et venaient naturellement, sans que les innombrables couloirs sans aucunes indications n'aient l'air de les perturber un temps soit peu.

Elle soupira et tourna à nouveau son regard vers le plan. Ces simple traits entrelacés lui posaient bien plus de problèmes qu'elle ne l'aurait cru. Qu'est-ce qu'elle n'aurait pas donné pour voir des inscriptions en japonais, pour reconnaître la ligne Yamanote ou Toei ? Mais au lieu de ça, tout était en français…

- Satsuki, où en es-tu ? Demanda-t-elle, sentant sa patience diminuer.

L'informaticienne releva la tête de son ordinateur. Son visage arborait une expression aussi indifférente qu'à l'accoutumée.

- BEAST calcule l'itinéraire le plus efficient, mais il nous manque quelques données.

- Lesquelles ? Maugréa Kanoe.

- La gare.

- La gare ?

- Oui. La gare. Quelle gare ?

- Comment ça quelle gare ?

- A quelle gare vous êtes-vous donnés rendez-vous avec les Sceaux ?

La perplexité envahit soudain Kanoe. La gare… Comment avait-elle pu oublier ? Non, se corrigea-t-elle immédiatement, comment a-t-il pu oublier ? On était tout de même à Paris ici, elle ne pouvait pas espérer qu'il n'y ait qu'une seule et unique gare. Tokyo en comptait déjà une dizaine. Elle prit une grande inspiration pour essayer de se calmer. Recommençons depuis le début !

- Satsuki, de quelle gare partent les trains pour Toulon ? Et dépêche-toi un peu, je déteste que tout le monde nous fixe ainsi !

Et en effet, autour d'eux, de plus en plus de passants les observaient. Certains s'arrêtaient même pour les regarder. On ne doit pourtant pas être le seul groupe de Japonais perdus à Paris…, songea Kanoe avec un désespoir grandissant.

- Gare d'Austerlitz ! S'exclama alors Satsuki. BEAST est en train de calculer l'itinéraire.

Kanoe hocha la tête en souriant. S'énerver ne servait à rien. En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, ils seraient tous à la gare et pourraient attendre tranquillement les Sceaux. Voilà enfin une pensée satisfaisante, songea-t-elle. Parce que l'idée que les Dragons du Ciel puissent arriver avant eux n'avait même pas effleurer l'esprit de Kanoe.

- Je l'ai, ajouta Satsuki.

- Bien, alors allons prendre les billets. Où sont les distributeurs ?

Elle regarda autour d'elle, guettant une rangée de distributeurs automatique de tickets mais elle n'en vit que deux et de chacun partait une queue vertigineuse.

- Aaah, pourquoi faut-il qu'il y ait toujours quelque chose qui ne marche pas ? S'exclama-t-elle en portant la main à son front.

Elle se sentait au bord de la crise de nerf. Après douze heures d'avion sans sommeil, on lui imposait encore cette épreuve et elle n'avait personne dans ses rangs pour la seconder efficacement. Elle se passait la main devant les yeux quand elle sentit qu'on tirait sur sa manche.

- Oui ? Grogna-t-elle en se retournant violemment. Qu'est-ce que c'est encore ?

Elle se retrouva soudain face au large torse de Kusanagi. Elle toussota et fit un pas en arrière pour pouvoir regarder le militaire sans attraper un torticolis.

- Et bien, je pensais juste qu'on pouvait essayer au guichet pour les tickets…

Il pointait une petit cabane dans laquelle était installée une femme lisant un magazine. Mais plus important, il n'y avait personne devant qui faisait la queue.

- Dieu merci, soupira Kanoe.

Il y en avait au moins un qui réfléchissait, même si elle ne s'était pas vraiment attendue à ce que ce soit celui-là. Partant en tête, elle traîna sa petite troupe vers le guichet. La vendeuse leva un œil morose des pages de Paris Match et soupira :

- Vous désirez ?

- Osuterulitsu Station, seven tickets please, répondit Kanoe en articulant du mieux qu'elle pouvait.

La vendeuse fronça les sourcils et secoua la tête.

- Combien de tickets ?

- Osuterulitsu Station, répéta Kanoe, se méprenant sur ce que l'autre lui demandait.

La dame lui désigna alors un point sur le plan suspendu à côté d'elle.

- Yes, Osuterulitsu Station ! S'exclama la chef des Anges.

- Prenez le RER B…, commença paresseusement à expliquer la guichetière.

- No, tickets ! L'interrompit Kanoe, sur le point d'éclater.

- Combien de tickets ? Reprit la vendeuse.

- Seven tickets, répondit-elle lentement.

- Dix cinquante.

- No seven ! Répéta-t-elle.

Visiblement, la guichetière commençait aussi à s'énerver.

- Dix euros cinquante !

Kanoe se figea. Cette fois-ci, elle avait compris mais quelque chose d'autre, de plus important, de plus grave venait de lui apparaître. Un détail qu'elle avait négligé, une fois de plus. Elle se tourna vers ses compagnons, laissant les tickets et la vendeuse, passablement en colère, attendre.

- Est-ce que l'un d'entre vous à des euros ?


La migraine de Subaru ne cessait de s'amplifier. Il avait maintenant l'impression que des coups sourds résonnaient dans sa tête. Chaque bruit lui été devenu douloureux. Il ferma les yeux, espérant que le noir l'aiderait à calmer la douleur.

- Here, it's the Champs-Élysées, expliqua joyeusement le chauffeur de taxi avec un accent déplorable.

- Les Champs-Élysées ! S'exclama Yuzuriha. Je n'arrive pas à y croire. Tu te rends compte Arashi-san, nous sommes à Paris ! Paris !

La prêtresse resta de marbre, le regard perdu dans le vague.

- And here, young lady, what you can see is the Arc de Triomphe! Reprit le chauffeur en entamant pour la troisième fois le tour de la place.

- Oooooh ! Gloussa la jeune fille, les yeux grands ouverts.

Subaru sentit qu'on tirait sur sa manche. Il rouvrit les yeux et tourna la tête. Arashi avait l'air soucieuse. Elle fronçait les sourcils et regardait l'extérieur d'un œil suspicieux.

- Je ne suis pas sûre qu'on se dirige vers la gare d'Austerlitz…

Subaru regarda la rue dans laquelle ils roulaient. C'était un grand boulevard qui longeait de beaux bâtiments couleur crème.

- Que veux-tu dire ? Demanda le Suméragi en soupirant.

Il n'avait vraiment pas envie de s'occuper de ça maintenant. Pour l'instant, tout ce dont il avait envie, c'était un peu de calme et de silence. Il en avait assez d'être celui qui devait régler tous les problèmes. En prenant le taxi, il avait espéré pouvoir éviter toutes les complications que représentait, par exemple, le métro avec ses tickets et ses correspondances. Et voilà que là aussi, on ne le laissait pas tranquille…

- Je crois qu'il est en train de nous balader, lâcha Arashi d'un ton méfiant.

Subaru scruta le chauffeur.

- The Louvre ! S'écriait-il. One of the biggest museum in the world, young lady!

Yuzuriha poussait de petits cris émerveillés en désignant la pyramide en verre et le chauffeur hocha la tête en pouffant devant son enthousiasme.

- D'après mes connaissances de Paris, reprit la prêtresse d'Ise, nous devrions être de l'autre côté de la Seine…

A ce moment-là, la voiture prit un tournant et traversa la rivière.

- The Pont Neuf !

Subaru haussa les épaules.

- Tu vois, Arashi, pas de raisons de t'inquiéter !

Pas réellement convaincue, la jeune fille fit la moue et se laissa retomber au fond de son siège. Subaru put refermer les yeux et s'abandonner au doux bercement de la voiture. Peut-être que maintenant, il pourrait enfin se…

- Ouiii ?

On tirait à nouveau sur sa manche.

- Subaru, regarde derrière.

L'exorciste s'exécuta, rassemblant toute la patience dont il disposait encore.

- Et bien ? Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda-t-il.

Arashi le fixait ardemment, semblant attendre quelque chose de sa part.

- Et bien ? Répéta-t-elle. Et bien, l'autre taxi n'est plus derrière nous ! Voilà ce qu'il y a !

- Il aura pris une autre route, c'est tout, tenta de justifier l'exorciste pour se débarrasser rapidement de toutes ces ennuyeuses interrogations. Rien qui doive nous inquiéter !

- Mais Subaru-san… !

- Détend-toi Arashi, tu es juste un peu sur les nerfs, essaya de la rassurer le Suméragi.

Il se réinstalla dans son fauteuil, laissant ses yeux dériver sur les bâtiments qui défilaient par la fenêtre. Comment avaient-ils pu en arriver là ? D'un jour à l'autre, ils s'étaient retrouvés à l'autre bout du monde à faire une trêve avec l'ennemi…

Il repensa à Kamui qui était la cause de tout ce remue-ménage dans leurs vies et se demanda fugitivement s'il allait bien, ne parvenant pas à rester en colère contre lui malgré tous les embêtements qu'il leur avait causés depuis peu.

- Subaruuu, appela une voix plaintive à côté de son oreille.

- Qu'est-ce qu'il y a encore, Arashi ? Fit-il sèchement.

La jeune fille se mordait la lèvre en regardant par la fenêtre.

- Quelque chose ne va pas, je te dis. Nous sommes bien trop à l'ouest !

Cette fois-ci, Subaru s'énerva franchement.

- Et depuis quand tu connais si bien Paris ! Qu'est-ce qui te dis que nous sommes trop à l'ouest ? Tu as une boussole peut-être ? Et mainten…

- Montmartre ! S'exclama fortement le chauffeur, immédiatement suivi par les piaillements de délice de Yuzuriha.

Subaru referma la bouche et laissa retomber son bras.

- Bon d'accord, tu as peut-être raison…

Il se tourna vers le bruyant chauffeur.

- We are quite in a hurry, so would you please drive us quickly to Austerlitz Station.

Sans se troubler, le Français lui accorda un sourire radieux.

- Sure, mister !

Quand il les déposa finalement devant la gare, Karen, Aoki et Sorata étaient déjà là, les attendant apparemment avec inquiétude.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda immédiatement Karen.

- Oh ! Si tu savais, Karen-san ! Nous avons fait un formidable tour de Paris ! S'écria Yuzuriha.

La jeune femme haussa un sourcil et regarda Subaru. Celui-ci soupira et fit un geste de la main. Il sortit son porte-monnaie et se dirigea vers le chauffeur.

- Cinquante euros, déclara gaillardement celui-ci.

L'exorciste se crispa brusquement et serra les dents. Il sortit néanmoins un billet de son portefeuille mais le tendit avec difficultés au chauffeur de taxi. Quand il fut parti, Sorata lui donna une grande tape dans le dos.

- Tu aurais dû attendre qu'on ait rejoint la vieille Kanoe pour faire des folies ! Plaisanta-t-il.

Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Il se dégagea violemment du jeune moine et s'en alla à grands pas rageur vers l'entrée de la gare.

- Bah quoi ? Entendit-il dire Sorata derrière lui.

Kamui, tu as vraiment intérêt à avoir de bonnes raisons…


Il faisait une température parfaite : ni trop chaud, ni trop frais. Un léger vent marin faisait danser gracieusement les franches du parasol. Le soleil, particulièrement agressif à cette heure de la journée, semblait avoir changé la plage en une couche de nacre incandescente. Mais malgré toute la force de l'astre du jour, la mer paraissait encore un peu fraîche à Kamui. Il se mit à nager pour essayer de se réchauffer un peu. Il opta rapidement pour le crawl, délaissant la plus reposante brasse à cause de la gêne que ne cessaient d'occasionner ses sandales.

Fuma lui avait présenté la paire de chaussures en plastique le deuxième jour, après que le Sceau soit revenu de sa première baignade avec les pieds en sang. Le fond marin, en face de la villa, était couvert de récifs particulièrement tranchant et il n'y avait pas moyen d'atteindre une profondeur suffisante pour nager sans passer par cette allée de verre pilé. Cela, Kamui l'avait vite compris et c'était avec une gratitude sans borne qu'il avait accepté la paire de sandales de Fuma.

Néanmoins, il n'avait pas pu les utiliser immédiatement car en voyant ses plaies aux pieds, Fuma avait décidé de prendre les choses en main :

- Cela va s'infecter si tu continue à marcher comme ça dans le sable, avait-il dit d'un air soucieux.

Et sans prévenir, au beau milieu de la plage et aux yeux de tous, il avait soulevé Kamui sans mal.

- Hé ! S'était exclamé le jeune homme. Lâche-moi !

Il avait essayé de se débattre mais son aîné était tout simplement trop fort –et trop décidé- pour lui.

- Tss tss, avait fait celui-ci. Après t'être mis dans un état pareil, tu n'as pas à protester.

Son ton était sans appel et, rougissant jusqu'à la racine de ses cheveux, il s'était laissé emmené jusqu'à la villa, niché au creux des bras de Fuma. A leur passage, un groupe de jeunes filles s'était mis à glousser en se donnant des coups de coude. Le Dragon de la Terre leur avait adressé un clin d'œil que Kamui avait jugé particulièrement déplacé.

De sa terrasse, la mère Villat les observait, poings sur les hanches, sourcils froncés. Le Sceau aurait presque pu entendre son reniflement réprobateur. Il se sentit soudain un peu mieux : faire bisquer la vieille était devenue son occupation préférée depuis peu.

A la villa, Fuma avait déposé son précieux chargement sur une chaise longue à l'ombre de la marquise et avait disparu dans la maison le temps de revenir avec une trousse à pharmacie. Sur les pieds de Kamui, l'eau, le sable et le sang s'étaient mêlés, formant une pâte foncée à l'aspect passablement repoussant. Néanmoins, les coupures étaient surtout superficielles, à part l'une d'entre elles qui s'allongeait sur son pied gauche des orteils au milieu de la plante. Des gouttes écarlates roulaient jusqu'à son talon et plusieurs s'étaient écrasées sur les dalles écrues.

- Tu vas nous ensanglanter toute la terrasse si ça continue comme ça, avait fait remarquer Fuma d'un ton qui se voulait critique.

Mais ses yeux avaient fixé les taches pourpres avec une insistance presque malsaine. Kamui avait décelé un léger sourire sur les lèvres de l'Ange avant que celui-ci ne tourne son attention vers lui. Il avait sorti coton et désinfectant et s'était ensuite mis en devoir de nettoyer les différentes coupures. Il s'y était pris avec une étrange lenteur qui avait mit le Sceau quelque peu mal à l'aise. Quand l'alcool était finalement entré en contact avec sa plaie au pied gauche, le jeune homme n'avait pu réprimer un gémissement de douleur. Mais Fuma avait laissé le coton imbibé sur la blessure jusqu'à ce que finalement Kamui lui dise :

- Arrête Fuma, tu me fais mal !

Comme s'il avait été arraché d'un rêve, l'Ange avait brutalement relevé la tête et l'avait fixé d'un regard luisant, un éclat mauvais au fond de ses prunelles d'onyx.

- Je suis Kamui

Ces trois mots avaient eu quelque chose de menaçant, de dangereux même.

Puis, en silence, il avait tout simplement apposé un bandage sur chacun de ses pieds et s'était relevé, accordant un dernier coup d'œil languide aux marques vermillons souillant le sol avant de s'engouffrer dans la bouche obscure du salon.


La gare était bondée à cette heure-ci : travailleurs qui rentraient chez eux après une longue journée, étudiants partant pour le week-end ou groupes de jeunes se retrouvant avant de sortir. Il fallait ajouter à cela les innombrables touristes qui foulaient chaque jour les quais, les sans-abri habitués des gares qui venaient y trouver un peu de chaleur et les mendiants un peu de générosité. Au milieu de tout ça, treize japonais passaient parfaitement inaperçus, Dragons ou pas.

Ils s'arrêtèrent au milieu du hall, juste en face des tableaux d'affichage qui tournaient inlassablement, voyant défiler quantité de trains chaque jour. Contemplant paresseusement les écritures auxquels ils ne comprenaient strictement rien, les Dragons attendaient que Kanoe et Subaru donnent la marche à suivre. Ce qui avait pour effet d'énerver particulièrement les deux concernés, obligés de coopérer pour le « bien commun » comme l'avait pointé Yuto.

Ils se décidèrent finalement à laisser le gros du groupe là et à aller chercher tous les deux les billets pour Toulon. Kanoe avait encore senti son humeur s'assombrir d'un coup quand elle avait vu les Dragons du Ciel pousser la porte de la gare alors qu'elle-même et ses compagnons gravissaient les escaliers en provenance du métro. Le sourire amusé de l'exorciste avait eu le don de l'énerver au plus haut point et se voir à présent obligé de l'accompagner au comptoir lui était tout simplement insupportable. Pourquoi ne pouvaient-ils pas acheter leur billet chacun séparément ? Pourquoi avait-il fallu que quelqu'un ait l'idée de faire une maudite trêve ? Elle se demanda brièvement ce qu'en aurait pensé Kamui s'il avait été là. Qu'elle était faible probablement…

Un vieil homme crasseux en habits râpés et décolorés par les ans, une casquette informe tombant sur son visage mal rasé, posa une main sale et calleuse sur le bras de Kanoe.

- 'auriez pas une 'tite pièce, m'dame ?

Son haleine exhalait des relents d'alcool et il s'appuyait fermement sur la jeune femme pour maintenir son équilibre. Celle-ci se dégagea violemment de son étreinte et recula d'un pas.

- Hanase kudasai ! Wakarimasen !

L'ivrogne ramassa sa casquette qui était tombé par terre et l'épousseta du revers de sa veste.

- Faut pas le prendre sur c'ton, m'dame, maugréa-t-il en s'éloignant d'un pas chancelant.

Elle soupira et se laissa entraîner dans le sillage du Suméragi. Elle retrouva un peu d'espoir quand elle vit qu'ils n'eurent aucun problème à acheter les billets. Bien sûr, elle ne voulut pas croire que c'était dû aux talents de l'exorciste et s'appropria ses billets sans lui dire un mot. Heureusement, ils avaient réussi à obtenir des compartiments séparés.

Une vingtaine de minutes plus tard, ils montaient dans un long TGV flambant neuf. Yuto lui sourit et posa une main sur son épaule alors qu'ils rejoignaient leurs places.

- Les affaires reprennent, on dirait !

Kanoe commença vraiment à se relaxer seulement au bout d'une heure de voyage. Ils étaient à présent dans le bon train et plus rien ne pouvait les ralentir. Bientôt, ils atteindraient la côte, elle pourrait demander des explications à Kamui et surtout, surtout, cette fichue trêve prendrait fin. Elle fit rouler ses omoplates pour détendre ses muscles contractés et roula son écharpe en boule afin de s'en faire un oreiller. Elle enfonça son visage dans le moelleux de l'étoffe et ferma les yeux.

Une grande secousse se fit alors ressentir dans tout le train, suivit d'un violent crissement. Puis, petit à petit, le train se mit à freiner jusqu'à l'arrêt complet. Kanoe se releva brusquement et regarda par la fenêtre. Ils étaient en pleine campagne. Pas une gare, pas une maison à l'horizon. Juste des champs jaunes, verts et violets à perte de vue. L'Ange ouvrit la porte du compartiment et passa sa tête à l'extérieur. Dans le couloir, rien ne semblait anormal. Un jeune homme, une cigarette à la bouche, regardait tranquillement le vent jouait dans les feuilles d'un peuplier et une vieille femme criait dans son téléphone, n'entendant apparemment pas bien son correspondant.

- Viens te rassoire, Kanoe. On va sûrement redémarrer d'un instant à l'autre, dit Yuto pour l'apaiser.

Elle referma finalement la porte et se laissa tomber sur son fauteuil. Il faisait chaud dans le compartiment, l'employé de mairie avait déjà tombé la veste et Kusanagi avait remonté ses manches. De son côté, elle enroula ses longs cheveux noirs en un chignon serré. Ses yeux ne quittaient pas la fenêtre, guettant le moindre mouvement, et ses doigts martelaient inlassablement son accoudoir.

- Ça n'est sûrement rien, ajouta le militaire.

Kanoe hocha la tête doucement et recala sa tête contre son oreiller improvisé. Alors qu'elle fermait à nouveau les yeux, le bruit du haut-parleur la fit sursauter. Elle se redressa d'un bond tandis que la voix fatiguée du conducteur déclarait dans le micro :

- Mesdames et Messieurs, ici le conducteur du train 3774 à destination de Toulon, on m'annonce la présence d'une vache un peu plus loin sur les rails. La SNCF s'excuse de ce contre-temps indépendant de sa volonté et fait tout son possible pour que l'on puisse redémarrer dans les plus brefs délais…


Un silence lourd régnait dans le luxuriant jardin. On n'entendait pas un oiseau, pas un bruissement, même les cigales semblaient avoir décidé de se taire pour lui compliquer la tâche. Il avançait lentement, écartant les branches avec délicatesse pour éviter qu'elles ne craquent. Depuis qu'il avait franchi le muret, il avait l'impression que la végétation se densifiait et qu'il plongeait toujours plus profondément dans une forêt vierge aux dangers insoupçonnée. Pourtant, de la terrasse, le jardin ne lui avait pas paru si étendu et voilà que maintenant il se retrouvait en plein cœur d'une jungle. De hauts bambous le surplombaient, lui cachant une partie de la lumière du soleil et l'empêchant de se repérer correctement dans cette semi-obscurité.

Cependant, il se refusait à abandonner son projet et puis il devait bien avouer que cette aventure avait un petit goût excitant qu'il ne lui avait pas imaginé. Un sourire de loup se dessinant sur ses lèvres, il se fit encore un peu plus petit et continua sa progression furtive vers la maison.

La bâtisse était blanche, comme la plupart des maisons du village, avec un toit de tuile ocre et, seul détail remarquable, de hauts volets turquoises que l'on ouvrait ou fermait selon la température et l'heure de la journée. Quand Kamui émergea enfin de la végétation, il se trouvait sur le flanc gauche de la maison. Son sourire s'élargit encore un peu : parfait. La fenêtre ouverte qu'il avait remarquée depuis la terrasse se situait à quelques deux mètres au-dessus de sa tête. Un jeu d'enfant pour un Dragon du Ciel…

Il se positionna à un pied du mur et, d'un bond souple et leste, s'envola vers l'ouverture et agrippa le rebord en pierre. Après il ne lui resta plus qu'à balancer habilement l'une de ses jambes et en un tournemain, il prenait pied à l'intérieur de la demeure de la mère Villat.

La pièce dans laquelle il venait d'atterrir devait être une sorte de mercerie car elle était peuplée d'appareils tels qu'une machine à coudre ou une planche à repasser. Une forte odeur de renfermé planait dans la pièce malgré la fenêtre ouverte et la brise marine qui s'y infiltrait. Faisant attention à l'endroit où il posait les pieds, Kamui rejoignit la porte silencieusement.

Elle donnait sur un grand hall abritant l'escalier qui menait au premier étage. Le sol était dallé de marbre blanc et noir, comme un échiquier géant. L'intérieur lui parut plus majestueux qu'il ne se l'était représenté : une longue tapisserie représentant une scène de bataille pendait à l'un des murs et de vieilles lampes XIXème en verre coloré égayaient la pièce par-ci par-là. Une haute horloge de grand-père en merisier faisait entendre son tic-tac dans un coin au bas de l'escalier.

Kamui leva la tête et par une porte entrouverte lui parvint le léger ronflement de la mère Villat qui faisait toujours la sieste à cette heure de l'après-midi. C'était exactement ce qu'il lui fallait pour pouvoir mettre son plan à exécution. Toujours aussi discrètement, le jeune homme gravit le haut escalier. Le tapis persan d'un teint rouge agressif qui le recouvrait absorbait le bruit de ses mocassins sur les marches.

La porte de la chambre ne se trouvait plus qu'à un mètre maintenant. Kamui se faufila entre le chambranle et le battant en redoublant de prudence. Il serait bête de se faire prendre si près du but. Au fond de la pièce, dans un grand lit garni d'une épaisse couverture bleu roi, la mère Villat dormait paisiblement. Kamui lui trouva soudain un air de gentillesse qu'il ne lui aurait pas cru possible et pendant une fraction de seconde, il hésita. Puis l'image de la vieille lui donnant des coups de canne pour s'être aventuré dans son jardin s'imposa de nouveau à son esprit, lui qui voulait seulement récupérer le ballon que Fuma lui avait envoyé avec un rien trop d'enthousiasme…

Cette canne, d'ailleurs, était l'objectif de son escapade. Il scruta rapidement la pièce et l'aperçut contre la table de nuit. Bien décidé à la subtiliser à la vieille en guise de revanche, Kamui s'en approcha sur la pointe des pieds. Quand il posa enfin les doigts dessus, un sentiment de profonde jouissance s'épanouit en lui. Il imaginait déjà la tête de la mère Villat quand, à son réveil, elle se rendrait compte de l'absence de sa précieuse canne. Il avait presque envie de se glisser dans un placard pour ne pas manquer ce délicieux moment. Mais non, ce serait trop risqué.

Il ne lui restait maintenant plus qu'à quitter la maison aussi silencieusement qu'il y était entré. Mais alors qu'il avait fait un premier pas vers la porte, la grande horloge du hall d'entrée se mit à sonner bruyamment quatre heures. Kamui se figea : la vieille venait de remuer…

Il essaya d'évaluer ses options : la porte se trouvait encore loin et après ça, il lui faudrait traverser toute la maison avant de pouvoir se retrouver dehors ; beaucoup moins enthousiasmante, l'autre solution consistait à… Un autre froissement de drap acheva de convaincre Kamui. Se retournant, il s'enfuit par la première ouverture à sa disposition.

La fenêtre.

Il se retrouva suspendu à une corniche courant à environ huit mètres du sol avec seulement une main pour se retenir, l'autre étant toujours cramponnée à la canne. Voilà qu'il se retrouvait à jouer les amants en fuite maintenant, même si on ne pouvait pas dire que la mère Villat était un premier prix de beauté… Après avoir réassuré sa prise sur la maigre bordure, il enfila le bout arrondi de la canne dans un des passants de son pantalon, récupérant ainsi sa deuxième main et pouvant enfin soulager la tension que l'autre devait supporter.

Puis il commença à se mouvoir vers l'angle de la maison, déplaçant précautionneusement ses mains une à une. A l'intérieur, il entendit un gémissement de colère échapper à la mère Villat. Kamui se permit un sourire avant de reprendre sa difficile avancée. Il avait repéré au bout de la corniche un arbre duquel il pourrait se servir pour redescendre. J'espère que personne ne me voit, songea-t-il anxieusement en tournant brièvement son regard vers la plage en contrebas. Il était vrai que si quiconque l'apercevait ainsi, il aurait tôt fait de le prendre pour un voleur et alors ses ennuis ne feraient que commencer…

Mais heureusement, il parvint sans difficultés à l'angle de la maison et à l'aide d'un simple saut, il s'accrocha à une épaisse branche et rejoignit le tronc de l'arbre. Là, il prit le temps de souffler un peu et d'apprécier sa situation. Caché qu'il était par l'épais feuillage, on ne risquait plus de le voir à présent. De la maison lui parvenait toujours les cris énervés de la vieille.

- Sucre d'orge, s'égosillait-elle, Sucre d'orge, viens ici tout de suite !

Sucre d'orge, avait fini par comprendre Kamui malgré ses piètres connaissances en français, était le nom de son chien. Fuma lui en avait expliqué la signification et le jeune homme avait bien cru qu'il allait s'étouffer de rire. Revenant à ses problèmes actuels, il posa un pied sur une branche en dessous et commença prudemment sa descente.

Mais alors qu'il touchait au but, une boule noire déboula dans son champ de vision et s'il n'avait pas eu d'aussi bons réflexes, son pied droit aurait fini dans la puissante gueule de Sucre d'orge. Or Sucre d'orge n'avait vraiment rien de « sucré » : c'était un doberman de presque un mètre qui n'avait aucune pitié envers les intrus. Kamui remonta prestement d'une ou deux branches alors que le molosse posait ses pattes antérieures sur le tronc de l'arbre en aboyant hargneusement.

La bête allait probablement attirer la vieille maintenant et même si elle mettrait plus de temps qu'à l'accoutumée à cause de la perte de sa canne, lui n'aurait probablement pas le temps de fuir avant son arrivée. Il regarda les arbres autour de lui, espérant un instant pouvoir fuir le jardin en passant d'arbre en arbre. Mais la distance séparant le sien du plus proche le dissuada rapidement… Que lui restait-il à faire maintenant ? Monter plus haut dans l'arbre en espérant que la mère Villat ne le verrait pas et attendre sagement que Sucre d'orge se lasse de lui aboyer dessus ?

Alors qu'il commençait à considérer sérieusement cette option, les aboiements cessèrent brusquement. Il baissa la tête et devant ce qu'il vit, se demanda s'il n'aurait pas mieux valut que la mère Villat ne le découvre. Il en aurait était quitte pour quelques coups de bâtons et une tirade véhémente en français mais au moins il n'aurait pas eu à subir la honte qu'il ressentait maintenant…

En bas, assis en tailleur, le molosse bavant gaiement sur ses genoux alors qu'il le caressait entre les oreilles, Fuma le regardait avec un sourire débonnaire.

- Besoin d'un coup de main, chenapan ?


La gare de Toulon était assez petite et surtout peu fréquentée, lorsque l'on enlevait les employés moroses qui la parcourait paresseusement en quête d'un quelconque formulaire et les sans-abri dormant sur leurs vieux sacs de randonnée éliminés et usés jusqu'à la trame par les déménagements incessants. Dans le hall clair et silencieux, les Dragons semblaient peu à leur aise. Pourtant il ressemblait à s'y méprendre à celui de la gare de Shibuya ou d'Ikebukuro. La fatigue et les angoisses du voyage commençaient à se faire sentir. Yuzuriha s'était assise sur son sac, caressant distraitement Inuki et Nataku avait un air un peu éteint, même si personne n'aurait pu dire si c'était naturel chez lui ou dû aux treize heures d'avion et aux quatre heures de train…

Cependant, leur épuisement avait ça de bien qu'ils n'avaient même plus la force de se quereller. Subaru se sentait au bord de la crise de nerf. Il ne comprenait pas comment on pouvait accumuler autant de malchance sur un même voyage. Il secoua la tête avec une pointe de désespoir : une vache… On aurait dit un mauvais film ou en tout cas, un ressort dramatique quelque peu éculé. La paupière gauche de Kanoe, agitée d'un tic nerveux, semblait montrer qu'ils étaient au moins d'accord sur une chose : ce voyage n'avait que trop duré. L'exorciste se passa une main sur les yeux et essaya de s'éclaircir les idées : ils touchaient au but.

- Et maintenant, il ne nous reste plus qu'à rejoindre la villa que…BEAST a découverte.

L'hésitation de Subaru n'était pas passée inaperçu pour Satsuki, qui fusillait maintenant l'exorciste du regard. Elle finit par rajuster ses lunettes sur son nez et montra l'écran de son ordinateur sur lequel s'affichait un tableau.

- J'ai retrouvé cette facture grâce à la carte bancaire de Kanoe qui a servi de moyen de paiement à Kamui

- Venons-en aux faits, Satsuki, l'interrompit la grande brune d'un ton appuyé.

- Elle montre qu'ils ont loué une villa auprès d'une agence appelée « Mar Vivo ». Celle-ci propose différents types de logement tout autour de la ville de Toulon et notamment à Roquefort la Bédoule. Malheureusement je n'ai pas accès au détail du contrat, à savoir l'adresse exacte de la villa. Je suggère donc que nous nous rendions au comptoir de l'agence pour obtenir l'information…

Sans émettre d'objection, le petit groupe se dirigea dans la direction indiquée par l'informaticienne. Ils parvinrent rapidement devant un guichet aux couleurs bariolées sur lequel s'étalaient des oiseaux et plusieurs palmiers au bord de l'eau qui donnaient à la mer des allures plus d'océan pacifique que de Méditerranée. Un homme court sur pattes affublé d'une moustache fournie les reçut froidement.

- Qu'est-ce que je eux faire pour vous ?

Kanoe, qui avait décidé d'éviter les tentatives de communications avec la faune locale à l'avenir, avait laissé sa place à Seishiro. Le Sakurazukamori comptait en effet à son palmarès la maîtrise du français, langue emblématique de la séduction.

- Cher monsieur, nous aimerions obtenir l'adresse d'amis à nous ayant pris une location auprès de votre agence.

L'homme ne daigna même pas lever la tête vers le Dragon.

- Nous ne transmettons pas l'adresse de nos clients, répondit-il mollement.

Seishiro se pencha sur le comptoir, amenant sa tête à quelques centimètres de celle du français. Il baissa ses lunettes noires du bout des doigts, laissant apercevoir un œil blanc et vitreux.

- En êtes-vous bien sûr ? Susurra-t-il dans un souffle qui n'était destiné qu'à son vis-à-vis.

Subaru frissonna et crispa ses poings dans ses poches. Il pouvait sentir l'odeur de danger qui se dégageait du Sakurazukamori. L'odeur de sang. En une seconde, l'homme avait perdu toutes couleurs. Ses yeux restaient désespérément cloués dans ceux du tueur.

- Je vous donne ça tout de suite, parvint-il à articuler péniblement.

Seishiro remonta ses lunettes très doucement. Il se redressa et tira sur les pans de son trench-coat avec une grâce animal qui ne cessait de fasciner le Suméragi.

Peu de temps après, il claquait la porte d'un taxi et rejoignait le reste des Dragons sur le trottoir s'étalant devant une vaste villa qui arborait une plaque au nom du « Grand Cap ». Leur voyage touchait enfin à sa fin. Ils allaient retrouver Kamui – en un seul morceau espérait-il – et pouvoir enfin lui demander ce qu'il lui avait pris de disparaître du jour au lendemain avec leur ennemi le plus mortel.

Personne ne répondant à la sonnette, ils décidèrent de pousser la barrière et d'entrer dans le jardin. Une petite allée dallée de pierres chaudes contournait la maison en pente douce d'un côté. Tout autour, de grands eucalyptus ombrageaient agréablement la bâtisse.

- C'est fermé, constata Kusanagi devant la porte, on peut peut-être essayer de faire le tour.

Au bout de l'allée, ils se trouvèrent face à une volée de marches qui les conduisit sur une spacieuse terrasse carrelée d'ocre. Sur celle-ci se trouvait une table, deux chaises, un vieux tube de crème solaire, un chapeau en paille qui se détressait sur les bords et une boîte de pansements.

- Je vais inspecter la maison, annonça Karen.

- Je vous accompagne, ajouta Aoki.

Subaru hocha la tête et se servit du panorama que lui offrait la terrasse pour inspecter le jardin. Il y avait là une rocaille, un garage à bateau et une porte au fond qui devait probablement mener à la plage. Il se mit à détailler celle-ci. Il n'y avait pas encore grand monde : à peine un couple et un groupe de jeunes se doraient sur les fins galets.

Son regard s'arrêta alors sur deux silhouettes qui s'ébattaient dans l'eau. Il reconnut Kamui au moment où les premiers cris lui parvinrent. Son cœur s'emballa : le jeune homme semblait vouloir se soustraire à la deuxième silhouette, silhouette qui n'était autre que celle du dangereux Fuma. Kamui émit encore un long cri perçant avant de disparaître sous l'eau.

Subaru n'hésita pas plus d'une seconde. Il enjamba la balustrade de la terrasse d'un bond et s'élança vers la porte du fond du jardin. Celle-ci était barrée d'une planche en bois, refusant du cou le passage au Suméragi. Il s'échina dessus pendant une minute qui lui sembla durer toute une vie avant qu'elle ne cède enfin.

Levant les yeux vers la mer, il se figea.

- Relax, Suméragi-san ! S'exclama malicieusement Yuto qui se tenait en équilibre sur le toit du garage. Kamui ne va pas manger votre « chef » !

Dans la mer, les cris s'étaient changés en rire et Subaru put contempler à loisir Kamui en train d'éclabousser celui qui venait banalement de le couler…


Que peuvent donner 15 Dragons réunis dans une seule maison à votre avis ?