Titre : Les voies du démon

Auteur : Mokoshna

Manga : Naruto

Crédits : Naruto est la propriété de Masashi Kishimoto et de Jump. Je ne reçois pas d'argent pour cette fic, je ne risque pas d'en donner à qui que ce soit (vu l'état de mes finances ça n'irait pas loin de toute façon).

Avertissements : Spoilers, sûrement. Yaoi. Ah ça oui ! Et oui au cas où vous vous demanderiez : Couple bizarre, même pour moi, ici un Orochimaru X Shikamaru. Mais aussi à partir de ce chapitre un Naruto X Sasuke. Oui, dans cet ordre, parce que trouve ça drôle. Et pour le reste, on verra quand je l'aurais écrit.

Commentaires artistiquement idiots de l'auteur : Je suis en vacances jusqu'à lundi, alors j'en profite ! Voici donc le premier chapitre (la suite du prologue) de cette fic bizarre que j'écris pour passer le temps, on peut pas dire que je me sois foulée pour le scénar ou l'écriture. Courage, Shikamaru, je t'aime quand même ! (Heureusement, parce que si je l'aimais pas je vous dis pas...) Comme d'hab', pas de scénar, pas de piste, je tape et je découvre au fur et à mesure ce qui va lui arriver. Et je m'amuse beaucoup !

XxXxXxX

Chapitre 1 : Ce qu'il faut pas faire...

xxxxx

Shikamaru fit un sourire un peu crispé à l'homme qui gardait la porte de sa chambre. Cela faisait presque deux jours qu'il s'était « réveillé » et il en avait déjà marre. Il était confiné comme un prisonnier de guerre, pas comme l'amant attitré d'Orochimaru (il ne s'en vantait pas, loin de là, mais il fallait dire les choses telles qu'elles étaient). Il avait passé le premier jour à essayer de récupérer du choc ; pour cela, il avait feint d'être atrocement malade (c'était plutôt facile, il n'avait qu'à penser à Orochimaru et sa langue monstrueuse et c'était parti pour une demi-heure de vomissements et de crampes abdominales). Malheureusement, le camp adverse (pouvait-il encore dire ça alors qu'il couchait avec l'ennemi ?) possédait un formidable médecin en la personne de Kabuto ; il lui fit prendre un médicament assez puissant qui lui ôtait même l'envie d'avoir une petite nausée syndicale pour la forme. Bon. Il ne lui restait plus qu'à dormir.

Le deuxième jour, il se dit qu'il était quand même temps de se bouger un peu.

Il se « lia » avec Kabuto, qui était bien la seule personne à part Orochimaru qui pouvait raisonnablement répondre à ses questions. Enfin il essaya. Mais il se trouvait que le ninja déserteur avait autre chose en tête ce jour-là et il dut remettre son plan à plus tard. Il aurait pu insister mais comme il était déjà en terrain glissant... Il passa la journée à lire un traité de médecine sur les maladies sexuellement transmissibles que lui avait remis le médecin pour se faire pardonner. Et décida derechef en voyant les photos des séquelles desdites maladies qu'il n'aurait jamais de relation sexuelle. Sauf que c'était un peu tard, d'après ce que lui avait dit Orochimaru. Et merde. Donc, penser à au moins utiliser une protection la prochaine fois.

Mais qu'est-ce qu'il racontait ? Il n'y aurait pas de prochaine fois parce que d'ici-là, il aurait trouvé le moyen de s'enfuir (ou de finir dans l'estomac de l'un des serpents d'Orochimaru, au choix). En parlant du psychopathe, il ne l'avait plus revu depuis qu'il lui avait vomi dessus deux jours plus tôt. Cela avait suffit pour le tenir à distance ? Il en doutait... Mais bon, ce n'était pas plus mal. Sauf s'il préparait un gros coup à son insu (sans sous-entendu aucun !).

Donc, ça l'amenait au matin du troisième jour. Pour la troisième fois (dans son souvenir), il fit le chemin entre sa chambre et le laboratoire de Kabuto sous les regards intéressés des gardes. Fort heureusement, il n'était pas très loin ; Shikamaru n'arrivait déjà plus à supporter les gloussements et les regards de biais des imbéciles qui le voyaient passer. Ils ne l'avaient jamais vu ou quoi ? Moquez-vous de l'amant amnésique, c'était plus sûr et moins fatiguant que d'écrire un pamphlet sur le patron aux pulsions meurtrières ! Bandes de...

- Daisuke, l'accueillit aimablement Kabuto en le faisant rentrer.

- Kabuto, bonjour.

- Bonjour à vous. Je suis désolé de n'avoir pas pu vous recevoir hier ; vous savez ce que c'est, le travail...

Il lui servit machinalement une tasse de thé noir que Shikamaru prit sans même s'en rendre compte, comme par habitude. Il se demanda combien de fois il avait dû venir voir le médecin... et il repensa au livre qu'il lui avait donné. Il espérait que ce n'était pas un indice à peine dissimulé, parce que si c'était le cas...

- Ne vous excusez pas. Mais vous devez savoir ce qui m'amène...

- Bien sûr. Toujours aucun souvenir ?

- Hélas, non. J'espérais que vous pourriez m'aider un peu à retrouver mes repères.

- Je comprends. Que voulez-vous savoir ?

- Eh bien... Vous avez affirmé que je m'appelais Daisuke Asakura... pourriez-vous m'en dire plus ?

Kabuto hocha la tête d'un air grave. Il paraissait réfléchir à toute vitesse, peser le pour et le contre... Donc il y aurait un tri à faire parmi les informations qu'il allait donner. Sans parler des omissions , des doubles sens, des oublis ou tout simplement des faits qu'il ne connaîtrait pas...

- Vous êtes un ninja originaire du village caché de Yuugi, du pays de l'Ombre. Vous avez... dix-huit ans, je crois...

Dix-huit ans. Mais bien sûr. Donc il avait un trou de mémoire d'au moins deux ans. Ce qui expliquait le changement radical d'apparence, même si en deux ans quand même... Il avait dû y aller question ravalement de façade pour posséder une si belle gueule actuellement, ou alors Kabuto s'y connaissait autant en cosmétiques qu'en remèdes et poisons en tous genres. Nul doute qu'il aurait fait fortune à Konoha en vendant ses produits de beauté, avec toutes les pimbêches soucieuses de leur apparence qui se pavanaient dans les rues jusqu'aux bancs de l'académie de ninja...

- Vous étiez un bon ninja, continua Kabuto, juste un peu... non respectueux des règles. Enfin, c'est ce qu'on m'a dit. A douze ans, vous êtes devenu Jounin. A quinze ans, un Anbu. A dix-sept, vous aviez tué le chef de votre village et tenté un coup d'état, qui s'est malheureusement soldé par un échec du fait de l'intervention de forces extérieures, en l'occurrence celles du village caché de Konoha et de celui de Suna. Vous avez néanmoins réussi à vous enfuir et avez demandé l'asile au pays du Son, qui est actuellement dirigé par Orochimaru. Il vous l'a accordé, vous êtes devenu un élément de sa garde et il y a environ un an, vous êtes devenus amants. Voici en gros le résumé de ce qui s'est passé.

C'était... condensé, en effet. Mais sans doute très exact, à quelques détails près.

- Et donc, fit Shikamaru en se renfrognant, je serais un ninja... quel genre ?

- Un assassin. Très efficace. Vous utilisiez les ombres pour tuer à distance vos ennemis.

- Les ombres ?

- Oui, c'était votre capacité spéciale. Un dérivé de la technique qu'utilise une famille de Konoha, les Nara. D'ailleurs, je crois vous avoir entendu dire que vous étiez lié à cette famille... il faudrait consulter leur arbre généalogique pour le savoir.

- Les Nara ? Konoha ? feignit Shikamaru.

- Oups. Excusez-moi. La famille Nara est l'un des clans du village caché de Konoha, qui est situé dans le pays du Feu. Ce sont nos ennemis principaux, même si Orochimaru et moi-même en sont issus. Enfin, en partie.

- Oh.

- Cela vous éclaire-t-il ?

- Oui... enfin je crois. C'est assez confus, quand même...

- Je le conçois aisément. N'hésitez à me poser d'autres questions au besoin.

Un silence gêné se fit. Shikamaru se demanda jusqu'à quel point Kabuto connaissait son maître, ou lui était attaché. Une telle fidélité était suspecte... Mais bon, ça ne voulait rien dire. Et puis il pouvait parler, lui, il était le favori du Sannin, alors...

- Alors Orochimaru et moi... euh...

- Vous voulez savoir comment vous en êtes venus à partager la même couche ?

- S'il-vous-plaît, fit doucement son interlocuteur en rougissant.

- C'est simple, vous aviez des aptitudes. Vous avez gravi les échelons jusqu'à devenir indispensable à Orochimaru. Et puis il vous a pris comme Kagemusha (1), même si franchement avec son niveau c'était un peu superflu. Mais bon, c'est lui qui décide. Je le suspecte d'avoir pris cette excuse pour vous mettre dans son lit.

- Comme ça ? C'est si fréquent ?

- Hum... Assez, oui. Enfin, c'est ce que j'ai entendu dire. Je ne connais pas vraiment tous les détails, le mieux serait de lui demander directement...

- Je veux bien, mais... euh...

- Il est assez intimidant, n'est-ce pas ?

- Assez, oui. Carrément.

- Je sais. Croyez-moi, je sais.

Le thé avait refroidi dans les tasses. On pouvait presque entendre une mouche voler.

- Donc, où est-il ?

- En mission, répliqua Kabuto en posant sa tasse de thé sur la table, où il l'oublia pour de bon. Ca lui prendra une semaine au plus. Il a pensé que ce n'était pas la peine de vous déranger avec des adieux.

- Ah. Euh... Nous nous entendons bien ?

- Oui. Non. Je ne sais pas trop. En tout cas, c'est très... passionné.

- Je vois, fit Shikamaru en pâlissant.

Sa gorge était soudainement devenue très sèche. Il but d'un coup le liquide amer et froid.

- Je crois... que je vais retourner dans ma chambre.

- Bien. Et... hum... faites attention.

- Comment ça ?

- Vous êtes plutôt... affaibli, si je puis dire. Et cet endroit... comment pourrais-je dire... votre place est assez convoitée.

- Ah. Merci du conseil. Je ferai attention.

- Parfait. Eh bien, au revoir.

- Au revoir, Kabuto.

Ca s'était plutôt bien passé, en fin de compte. Oui, sauf que Kabuto s'était montré étonnamment gentil et serviable. Peut-être trop, s'il croyait ce qu'il avait lu sur le personnage. Mais bon, de toute façon vu ce qu'il avait encore à perdre...

Il arriva sans problème notable à sa chambre. Il lui fallait réfléchir un peu ; il verrouilla la porte en vérifiant au préalable que personne ne s'était introduit dans son espace personnel et qu'il n'y avait pas de piège. Cela lui prit une bonne demi-heure ; il ne voulait pas prendre de risque et tâcher de rester en vie encore un jour ou deux de plus. Une fois les vérifications faites, il s'allongea dans le lit, qui était très grand et très confortable. Comme quoi, ça avait du bon d'être la putain du chef.

Bien. Donc il avait rejoint l'ennemi. D'après ses derniers souvenirs, cette personnalité était censée n'être qu'une couverture. Ce Daisuke Asakura avait sans doute fait ce coup d'état comme le lui avait raconté Kabuto, sauf qu'au lieu de s'en être tiré, les ninja de Konoha ou ceux de Suna l'avait attrapé et il était mort (enfin il le supposait, mais il ne se souvenait pas trop. Il l'espérait du moins). Et comme lui, Shikamaru Nara, lui ressemblait et qu'en plus ils avaient peu ou prou les mêmes pouvoirs, Tsunade avait décidé de l'envoyer chez l'ennemi en tant qu'espion.

Parfait raisonnement ; seulement, comment ça se faisait qu'il ne se souvenait pas des deux dernières années ? Et les derniers mots du Hokage à propos d'un lavage de cerveau n'étaient pas pour le rassurer...

Donc, en admettant qu'ils lui aient fait une espèce de lavage de cerveau au village pour qu'il adhère au plus près à la personnalité de ce type ; qu'est-ce qui avait bien pu se passer ? Une erreur quelque part ? Apparemment il avait eu une vie bien remplie ces derniers temps ; homme de main d'Orochimaru, puis Kagemusha, puis amant... quelle promotion ! Mais il ne s'en souvenait absolument pas. Orochimaru était-il au courant de son autre personnalité ? Probablement pas, il se serait douté de quelque chose à son réveil, ce qui n'était pas le cas. Il y avait alors trois possibilités.

La première, c'était qu'il avait atterri dans une autre dimension, où il occupait le corps d'un traître déserteur du nom de Daisuke Asakura.

La deuxième, c'était que d'une manière ou d'une autre, l'opération, si opération il y avait eu, s'était mal déroulée et qu'il était devenu littéralement ce type.

Ce qui revenait à dire qu'en fin de compte, il était quand même un traître et un déserteur.

Une troisième possibilité était qu'Orochimaru et Kabuto se foutaient de sa gueule, qu'ils savaient parfaitement qui il était mais qu'ils voulaient le tromper pour lui soutirer quelque chose. C'était un raisonnement un peu paranoïaque mais il n'était pas prêt à l'écarter tout de suite par mesure de précaution.

Quoi qu'il en soit, il n'avait qu'une chose à ajouter.

Et galère...

xxxxx

Naruto attrapa précipitamment un shuriken et s'apprêta à le lancer, mais un souffle d'air passa prestement derrière lui et il sentit une lame froide contre son cou.

- Trop lent, fit la voix impassible de Sasuke.

Son ami fit une grimace boudeuse. Sasuke le laissa partir et rangea tranquillement son tantou (2).

- C'est pas juste ! grogna le garçon blond. Même après tout ce temps, tu me bats à chaque fois !

- Ca irait peut-être mieux si tu t'y mettais sérieusement, tu ne crois pas ?

- Comme si je pouvais faire un truc pareil contre la Tornade Noire de Konoha !

Sasuke secoua la tête, un peu gêné. Naruto lui fit un immense sourire taquin qui eut pour effet de mettre de la couleur aux joues de son vis-à-vis. Il essaya de dissimuler sa rougeur en mettant son masque mais son ami l'avait vu. Il lui sauta au cou.

- Hé, te caches pas ! T'es gêné ?

- N'importe quoi !

- Héhé... Pourquoi ? C'est pas comme si je te faisais un truc cochon !

- Je parlais de ce surnom ridicule. J'ai l'impression d'être comme Gai ou Lee.

- Oh ça ? C'est ta faute, t'avais qu'à pas être aussi bon. Forcément, les gens te donnent un surnom, c'est plus drôle comme ça et plus facile à retenir aussi.

- Je trouve ça stupide.

- Comme tu veux. Mais moi je trouve que ça te va bien.

- C'est sûr qu'à côté du Crétin Orange de Konoha...

- Hé ! C'est pas vrai ! Retire ça tout de suite !

- Tsk.

- Tu vas voir qui se sentira crétin ce soir, dit Naruto en lui faisant un clin d'oeil.

Sasuke se retourna brusquement,le visage cramoisi. C'était le petit plaisir de Naruto que d'embêter son partenaire dans le travail et dans la vie. C'était aussi son privilège en tant que petit ami.

A dix-huit ans, ils faisaient partie des meilleurs anbu de leur génération et ils le savaient. Pourtant, tous deux avaient refusé d'être promus capitaine, pour la simple et bonne raison que cela aurait impliqué leur séparation sur le terrain. Il était vrai que le couple était particulièrement efficace quand il travaillait de concert ; jusque-là, aucun ennemi à part Orochimaru et les membres de l'Akatsuki n'avaient pu échapper au duo mortel. Sasuke surtout officiait avec un zèle qui lui était propre. Il comptait bien payer la dette qu'il avait envers le village.

Une petite toux discrète attira leur attention. Ils virent Tsunade, la démarche digne et grave, se diriger vers eux. A ses côtés, se tenait Shikato Nara, chef du clan Nara. Il avait l'air préoccupé ; son regard partait sans cesse entre le Hokage et les deux hommes. Naruto salua bruyamment les nouveaux venus tandis que Sasuke se contentait d'un hochement de tête amical.

- Cela faisait longtemps, Shikato ! s'écria Naruto en lui donnant une tape bourrue dans le dos, ce qui fit un peu chanceler le plus vieil homme. Comment va ?

- Je... commença son ami, mais alors Tsunade leur fit signe d'aller s'installer plus confortablement.

Ils se mirent autour d'un banc brut composé d'une simple moitié de tronc qu'un ninja avait traîné là pour les pauses entre les entraînements. La clairière où ils se trouvaient était un lieu tenu secret que seuls les Anbu utilisaient mais cela ne voulait pas dire qu'ils ne pouvaient pas être un peu à leur aise. Tsunade prit place avec Shikato ; Naruto s'adossa à un arbre qui leur faisait de l'ombre, juste devant eux, et Sasuke resta debout.

- Désolée de vous déranger lors de votre entraînement, fit-elle en s'essuyant le front avec un mouchoir.

- Ce n'est rien, lui répondit Sasuke. Ca doit être important, pour que vous vous soyez déplacée jusqu'ici plutôt que d'attendre notre retour. Cela concerne Shikamaru, n'est-ce pas ?

- Quelle perspicacité !

- Je ne vois pas pourquoi Shikato serait là aussi, sinon, répliqua Sasuke en haussant les épaules.

- Hein ? Shikamaru ? Il lui est arrivé quelque chose ?

Naruto avait sursauté comme sous l'effet d'un choc électrique ; Tsunade lui fit un bref sourire approbateur. Shikato n'avait pas dit un mot et les fixait anxieusement. La manche vide de sa veste pendait misérablement sur son flanc droit ; Naruto faisait tout pour ne pas la regarder mais ses yeux étaient sans cesse attirés par le mouvement que faisait le morceau de vêtement inutile, bercé par le vent. Cela faisait plus d'un an que Shikato avait perdu son bras mais Naruto n'arrivait toujours pas à s'y faire. Ce vide était la marque la plus probante de la trahison de Shikamaru envers son village, son clan et surtout, son père.

- Je viens de recevoir un rapport assez troublant de Yamato. Il était au pays du Son pas plus tard qu'avant-hier et la nouvelle qu'il nous a communiquée est à prendre au conditionnel, mais il semblerait que l'état d'esprit de Daisuke Asakura ait... comment dire... évolué.

- C'est-à-dire ? fit froidement Sasuke, mais Naruto savait qu'en fait son coeur battait au moins aussi fort que le sien.

- Nous ne savons pas s'il s'agit d'une manoeuvre de l'ennemi pour nous tromper, ou d'une erreur quelconque. Mais il semblerait qu'Asakura se soit réveillé un matin... amnésique.

- Amnésique ?

- Tout à fait. Il ignorait qui était Orochimaru et il aurait même réagi violemment à sa présence.

- Shikamaru s'est réveillé ! s'exclama Naruto en faisant un bond joyeux. On va pouvoir le récupérer ! Qu'est-ce qu'on attend ?

Shikato leva son bras valide vers lui, l'invitant çà se modérer dans son allégresse.

- Minute, chaud lapin. Il nous faut y réfléchir un peu.

- Réfléchir à quoi ?

- Il a raison, fit Sasuke en se rapprochant. On ne sait pas si c'est vrai. C'est peut-être un piège ou un malaise passager. Il ne faut prendre aucun risque. Nous ne savons même pas s'il s'agit vraiment de Shikamaru.

- Foutaises ! C'est lui, je vous dit !

- Naruto, sois poli devant le Hokage !

Tsunade poussa un soupir. Malgré le poids des années et de l'expérience, ce garçon ne changeait pas ! Mais ce n'était pas le moment de s'extasier sur la constance de Naruto Uzumaki. Un autre enfant de Konoha avait besoin qu'elle lui accorde toute son attention. Elle reprit la parole, avec une certaine excitation qu'elle ne pouvait contrôler, même maintenant.

- J'avoue que je suis un peu dans le même état que Naruto. Mais vous avez raison tous les deux, fit-elle en se tournant vers Shikato et Sasuke, il nous faut être prudents.

- Et donc ?

- Sasuke, Naruto, j'aimerais que vous alliez voir. Vous faites partie de nos meilleurs éléments ; en outre, vous avez tous deux connus personnellement Shikamaru et vous serez plus à même de voir s'il s'agit du vrai.

- Ouais ! cria Naruto.

- A vos ordres, fit simplement Sasuke en réajustant le masque qu'il portait.

Cinq secondes plus tard, Tsunade et Shikato étaient seuls dans la clairière.

xxxxx

- C'est bien ma veine, moi qui déteste le natto, fit Shikamaru avec dégoût en découvrant le contenu de son petit déjeuner.

Il en était à son quatrième jour après son réveil. Il était plutôt bien installé mais il se demandait comment se sortir de ce pétrin sans dommage. Il se trouvait au plus profond du bâtiment central du village d'Oto. Les couloirs étaient infestés de gardes censés assurer sa sécurité ; à l'extérieur, les rues étaient sillonnées par les ninja du village et à supposer qu'il arrive à s'enfuir et à traverser seul et sans ressource les dizaines de kilomètres qui le séparaient de Konoha il ne savait même pas s'il serait le bienvenu là-bas. Si ça se trouvait, il y avait un avis de recherche sur sa tête et il n'aurait fait que tomber de Charybe en Scylla.

Ca l'énervait vraiment, cette attente forcée. Il avait même presque hâte qu'Orochimaru revienne.

Ou peut-être pas, tout bien réfléchi. Il n'arrivait pas à s'habituer à sa langue. Si... longue... et... grosse... et... humide...

Il fallait vraiment qu'il arrête avec les sous-entendus grivois. C'était vulgaire, un peu effrayant (parce qu'avec le personnage il y avait quand même un fond de vérité) et en plus ils étaient la preuve qu'il s'ennuyait. C'était mauvais signe. Surtout pour un glandeur comme lui. Depuis quand avait-il arrêté d'être détendu et sans souci ?

Ah oui, depuis qu'il s'était réveillé tout nu dans le lit d'Orochimaru avec des douleurs plein le cul et une absence de deux ans au répertoire. Sans parler de la prise d'identité d'un inconnu avec la même tête qui ressemblait de loin à un assassin notoire. Enfin c'est ce qu'il supposait, après tout c'était le genre de la maison, apparemment. Il ne tenait pas trop à vérifier de près si c'était vraiment le cas.

- Tu as l'air en meilleure forme, fit la voix de son actuel pire cauchemar.

Il fallait qu'il lui dise d'arrêter d'apparaître brusquement dans son champ auditif, ce n'était pas bon pour son coeur. Et mourir à dix-huit ans d'une crise cardiaque faisait un peu mauvais genre, même s'il n'aurait pas dédaigné une absence prolongée à l'arrivée de l'homme-serpent.

- Orochimaru.

- Tu te souviens de moi, alors ? susurra-t-il en s'approchant d'un peu trop près.

- Non, et Shikamaru ôta prestement la main que l'autre homme avait posée sur son genou.

- Quelle déception. Alors que je m'étais dépêché d'arranger mes affaires pour revenir plus vite.

- Ce n'était pas la peine, fit Shikamaru en frissonnant.

Vraiment, vraiment pas la peine. Surtout à cette vitesse. Il pouvait encore voir les bouts de chair collés à ses vêtements. Un morceau de son obi (3) manquait et ce qui restait était barbouillé de rouge. Heureusement que Shikamaru n'avait pas encore mangé, entre ça et le natto son estomac n'aurait pas tenu le coup.

- Mais dis-moi, tu m'as l'air bien pâle. Tu es sûr d'aller mieux ?

- Euh... oui, bien sûr. C'est juste mon estomac qui n'est pas d'accord avec le natto. Ou le contraire.

- Je vois.

Le Sannin avait déroulé prestement sa langue qu'il enroula autour du jeune homme ; Shikamaru retint très difficilement un frémissement de dégoût et d'horreur.

- Euh... vous pourriez éviter de faire ça ? fit-il d'une voix blanche. C'est très... différent... trop...

- De quoi ? Je te faisais ça tout le temps, tu ne te souviens pas ? Et tu avais plutôt l'air d'aimer, aux dernières nouvelles.

- Ouais ben depuis il y en a eu d'autres qui disaient que j'étais amnésique et donc incapable d'apprécier. Donc bas la langue ?

Orochimaru le lâcha au-dessus du lit. Shikamaru atterrit sur le matelas en poussant un « irrckk » étouffé, tandis que l'autre homme rangeait sa langue. Le jeune garçon hésitait entre fuir en hurlant et s'évanouir. Ou alors il pourrait recommencer à vomir, mais il n'avait pas grand-chose dans l'estomac à l'heure actuelle et cela risquait d'être assez douloureux.

- Tu m'as manqué, fit alors Orochimaru avec une étonnante (et suspecte) douceur. Je m'étais habitué à ce que tu me suives partout comme un petit chien.

- Euh... désolé ?

- Sans parler des compensations plus agréables que cela impliquait au coucher, siffla-t-il avec malice.

Shikamaru s'enfonça un peu plus dans les draps. Il arborait un superbe sourire crispé qui ne trompa nullement son interlocuteur. Orochimaru se pourlécha les lèvres et s'assit sur le bord du lit ; il souilla les draps blancs.

- Doux, sourit-t-il au linge en le tripotant, et ça sent le propre... ça faisait plusieurs jours déjà que je n'avais pas dormi dans mon lit, avec mon Kagemusha.

Il fit un sourire carnassier à Shikamaru, l'enjoignant à prendre une décision. Le jeune homme jaugea sa situation et soupira. A la grande satisfaction de son amant, il défit la fine ceinture de son kimono et la jeta au sol.

A suivre...

xxxxx

(1) Littéralement « guerrier de l'ombre », si je ne me trompe pas (les résultats de recherche rapide que j'ai faites étaient assez limités). Donc si j'ai bien tout compris un combattant qui sert personnellement le seigneur et le protège dans l'ombre, sans le perde de vue. Forcément une telle situation ça doit donner des idées... (nyark)

(2) Le Tantō est une sorte de couteau japonais légèrement courbe à un seul tranchant dont la taille est inférieure à 30cm et qui se glisse dans la ceinture.

(3) On va dire que c'est le nom de l'espèce de grosse ceinture en corde mauve qu'il porte autour de la taille. C'est le terme le plus proche de cette partie de son habillement que j'aie pu trouver. Mais je trouve quand même que ça ressemble à rien ce truc...