Titre : Les voies du démon
Auteur : Mokoshna
Manga : Naruto
Crédits : Naruto est la propriété de Masashi Kishimoto et de Jump. Je ne reçois pas d'argent pour cette fic, je ne risque pas d'en donner à qui que ce soit (vu l'état de mes finances ça n'irait pas loin de toute façon).
Avertissements : Spoilers, sûrement. Yaoi. Ah ça oui ! Et oui au cas où vous vous demanderiez : Couple bizarre, même pour moi, ici un Orochimaru X Shikamaru. Et aussi du Naruto X Sasuke. Ah, et... hum... du Mpreg, ou Male Pregnancy pour ceux qui ne connaissent pas. Désolée.
Commentaires artistiquement idiots de l'auteur : C'est le dernier chapitre, enfin ! Je ne pensais pas que cette histoire écrite par pur défi et un peu d'ennui aussi me prendrait autant de temps et d'énergie. C'est quand même du n'importe quoi cette histoire, j'ai été assez surprise de voir qu'il y avait des gens qui la suivaient et même l'adoraient... comme quoi !
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Chapitre 5 : Une vie nouvelle ?
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Daisuke Asakura avait tué Chôji Akimichi et Ino Yamanaka de sang-froid alors que ceux-ci avaient essayé de l'arrêter. Oh, Shikamaru s'en était douté depuis longtemps (après tout, avoir un esprit aussi vif avait ses avantages, si on pouvait parler d'avantage le fait de déduire le meurtre de ses meilleurs amis de sa main), mais l'apprendre de la bouche de son propre père était toujours un choc. Surtout si ce dernier se présentait à vous un bras en moins, et que cette infirmité était encore une fois le résultat de vos erreurs.
Et s'il n'y avait que cela. Le bref récit de Yamato avait été occulté de biens des tristes exploits dont il avait fait preuve. Tous ceux qu'il avait tué ; tous les crimes qu'il avait commis contre le village et les siens, rien de ce que pourrait faire Shikamaru pour se racheter ne pourrait suffire. Il espérait seulement que la mission de sauvetage improvisée qu'il avait réussie à monter avec l'aide enthousiaste de son amant serait un fait suffisant pour prouver au monde son souci d'expier ses péchés. Il avait même réussi à avouer à un Orochimaru sensiblement partial sa véritable identité et à le convaincre du bien-fondé d'une alliance avec Konoha. Cela ne durerait probablement pas (ou au moins le temps que la grossesse arrive à terme), mais au vu des événements qui agitaient Konoha cela serait suffisant. Le plus important était de se débarrasser au plus vite de la menace pernicieuse que représentait Danzou.
De ce fait, tout avait été expédié en quelques petites heures. Orochimaru avait fait preuve d'un zèle surprenant, et Shikamaru pouvait même voir qu'il y avait pris un malin plaisir... Sadique. Enfin, tant qu'il ne s'attaquait pas à ceux qu'il aimait...
Il avait personnellement présidé la petite équipe qu'il avait emmenée pour libérer une Konoha assiégée. Les subalternes d'Orochimaru avaient bien été confondus par le brusque virement de cap de la politique de leur illustre chef mais ils n'avaient pas protesté plus que cela après que leur représentant (un homme assez fou pour exprimer de vive voix son désaccord) ait été gobé tout rond par une des créatures aux ordres de l'homme-serpent... Motivés par la mise en jeu de leur vie, ils s'étaient immédiatement portés volontaires pour la libération de leur ancien ennemi du joug du traître Danzou.
Quand cela fut fait et que les blessés furent emmené en lieu sûr pour être soignés, Shikamaru se présenta à Tsunade et Shikato, Orochimaru sur les talons. Le Hokage avait juste pris le temps de se rafraîchir pour l'accueillir, son conseiller à ses côtés, Sasuke et Naruto encerclant son bureau d'une manière sévère propre aux militaires. Du moins c'était ce qui aurait dû être, mais le caractère batifolant de Naruto en avait décidé autrement. Le garçon blond, auparavant fortement affaibli, avait repris en à peine quelques minutes son entrain habituel. La lumière du jour, le retour de son vieil ami, la présence réconfortante d'un Sasuke certes épuisé, mais encore vaillant, avait fait des miracles sur son mental et cela avait par-là même ravivé ses forces physiques. La visite officielle avait pris des airs de fête avec le sourire éclatant de Naruto et le fourmillement facilement perceptible des épaules de Shikato se retenant de sauter au cou de son fils prodigue enfin revenu au bercail. Sasuke lui-même lui lançait des coups d'oeil amicaux malgré son expression à peine dissimulée de dégoût lorsque son regard croisait la silhouette détendue d'Orochimaru.
Shikamaru tripota négligemment l'obi de corde qui lui ceinturait la taille. Il détestait cet habit, à vrai dire, mais Orochimaru s'était montré si insistant qu'il n'avait pas voulu les ralentir davantage en protestant. De toute manière, le couinement suraigu qu'avait poussé son amant en le voyant ainsi attifé avait été suffisant pour lui donner la migraine. Il avait décidément des goûts tordus.
Le jeune homme avait mis un long moment à accepter sa paternité future à l'annonce de celle-ci par Kabuto. Apprendre qu'on allait être l'heureux père d'enfants conçus avec un homme au physique de serpent avait de quoi surprendre le plus endurci (et le plus blasé aussi) des shinobi, mais bon la pilule avait fini par passer au bout d'une journée. Il le fallait bien, dans l'état où sa joyeuse maternité avait mise Orochimaru. Il n'était plus guère qu'une boule affectueuse ne demandant que câlins et marques d'amour. C'en était écoeurant. Bon gré mal gré, il avait joué le jeu et était devenu le « Shikamamour » du chef d'Oto (passer de Daimamour à Shikamamour n'avait pas dérangé le moins du monde la future maman), après avoir été sa putain répondant au charmant sobriquet d'« astre sombre ». Il fallait dire pour sa défense que bien qu'ayant perdu une grande partie de ses facultés mentales dans son fascinant processus de procréation, Orochimaru n'en avait pas moins gardé tous ses pouvoirs et son ardeur au combat, ce qui le rendait peut-être encore plus imprévisible qu'à l'accoutumée... Shikamaru n'avait pas voulu vérifier et s'était contenté de le traiter comme une femme sensible demandant toute l'attention de son (infortuné) mari.
Et il en était là, discutant projets d'avenir à grande échelle avec le Godaime Hokage. Son ancien patron qui était devenu son ennemi entre-temps, jusqu'à ce qu'il retrouve ses esprits et ses souvenirs.
Fichue vie. Fichue journée. Et ça n'était pas encore fini, loin de là. Ça ne faisait même que commencer.
- Donc au vu de... du handicap causé par son état instable, Orochimaru ne pourra assumer pleinement ses fonctions de chef du mouvement militaire d'Oto. C'est pourquoi en ma qualité de concubin officiel je me charge de prendre le contrôle de la puissance du pays du Son afin d'assurer la cohésion du système. Ma première mesure en tant que dirigeant auxiliaire est de déposer une requête d'alliance avec la puissance militaire de Konoha. Nous espérons que cette requête sera accueillie avec tout le sérieux et la considération possible ce malgré les différents qui ont opposés nos villages par le passé.
- Cette requête me semble en effet fortement envisageable après l'aide que nous a témoigné Oto en cette période de crise, fit à son tour Tsunade, l'air grave.
- Parfait. Il nous faudra encore officialiser l'affaire par un traité et une annonce publique, mais je pense pouvoir d'ores et déjà, avec votre accord bien entendu, vous envoyer une partie de nos ressources pour subvenir à vos besoins liés à la reconstruction. Et je m'en doute, au renflouement de vos effectifs. Soyez assurés de l'efficacité de nos troupes.
- Oh, je n'en doute pas pour les avoir vu à l'oeuvre, sourit le Hokage. Sitôt cette réunion terminée, toutes les mesures nécessaires pour assurer l'alliance entre nos deux factions seront prises en bonnes et dues formes. Et, Shikamaru ?
- Oui ? déglutit péniblement l'intéressé.
- Bienvenu à la maison.
La vieille femme lui fit un sourire chaleureux qui lui mit du baume au coeur. Il était encore accepté, malgré ce qu'il avait fait ? Malgré tout le mal qu'il avait apporté au village ?
- Je suis de retour, réussit-il à articuler, et son père se jeta sur lui pour le serrer sur son coeur.
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- Donc tout est bien qui finit bien, fit Kabuto en sirotant sa tasse de thé.
- Pas tout à fait. Vous ne m'avez toujours pas dit pourquoi vous restiez à notre service. Orochimaru n'est plus vraiment en état d'accomplir ses ambitions...
Shikamaru regarda son interlocuteur avec suspicion. Une semaine s'était encore passée depuis la libération de Konoha. Certes, plusieurs personnes avaient protesté en voyant revenir l'enfant maudit des Nara en compagnie des traîtres du Son, mais nécessité faisant loi, ils avaient plus ou moins été contraints d'accepter l'aide inattendue d'Oto. Ce n'était pas plus mal, d'ailleurs. Les gens oublieraient vite. Les familles de Chôji et d'Ino avaient déjà pardonné depuis longtemps à Shikamaru. Chôza, le père de Chôji, avait même pleuré de joie à son retour. Il avait toujours aimé Shikamaru comme son propre fils. Inochi avait eu plus de mal (Ino avait été sa princesse chérie) mais il était un homme raisonnable et nullement vindicatif ; il avait cédé lorsque Shikamaru était apparu devant lui, l'air contrit, et s'était mis à genoux pour lui implorer son pardon... Pardon qu'il lui avait accordé avec assez bonne grâce. Il détestait garder de la rancoeur envers quelqu'un.
Restait l'avis de ceux du Son. Les sous-fifres habituels n'avaient pas leur mot à dire et ils étaient de toute façon assez satisfaits de leur sort ; on leur offrait sur un plateau une alliance sûre plutôt qu'une guerre longue et difficile... Mais qu'en était-il du bras droit d'Orochimaru, Kabuto Yakushi ? Pourquoi était-il encore dans leurs rangs, alors qu'il avait autrefois juré la perte de Konoha ?
Il les avait suivi et les avait même aidé dans le plan de reconquête, sans protester, sans discuter le moindre de ses ordres. A la fin, il s'était attribué de nouveau ses anciens quartiers restés inoccupés et c'était là qu'il se trouvait, prenant le thé et ne se souciant nullement des tentatives hésitantes d'accord entre les deux partis, comme s'il était dans son droit le plus inaliénable, comme s'il n'avait jamais été le pire traître dans toute cette histoire...
- Certes, mon maître est quelque peu... changé, ricana le jeune homme aux lunettes, mais ce n'est que passager... Et puis de toute manière, c'est à lui que j'ai juré obédience, et croyez-le ou pas, mais je ne remets pas ma parole donnée avec sincérité aussi facilement.
- Et c'est tout ?
- Sans oublier mon état de médecin. Je ne connais pas beaucoup de personnes du sexe masculin à avoir la faculté de porter un enfant...
- Pervers.
- Scientifique, je vous prie.
- Venant de vous, c'est la même chose, rétorqua Shikamaru en riant de bon coeur.
Kabuto se contenta de lui adresser un sourire convenu.
- Quoi qu'il en soit, chapeau bas pour votre interprétation de Daisuke Asakura. Nous avons tous été bluffés, Orochimaru en premier.
- Ce n'était pas vraiment une interprétation. J'étais Daisuke Asakura, littéralement.
- Mais vous ne l'êtes plus.
- Non, en effet.
- Je me demande...
Shikamaru fronça les sourcils. Il n'aimait pas quand Kabuto arborait cette expression. Cela voulait souvent dire qu'une contrariété était sur le point de lui tomber dessus.
- Quoi ?
- Rien, mais...
- Mais ?
- Est-il réellement parti ?
- Comment ça ?
Le jeune homme brun le regarda avec des yeux ronds, faisant mine de ne pas comprendre. Kabuto prit un malin plaisir à ne pas lui répondre tout de suite. Quand il vit que son interlocuteur s'impatientait, il finit son thé doucement et se mit à rire.
- Vous dites que vous aviez été littéralement Daisuke Asakura. Or, rien ne prouve que celui-ci ait entièrement disparu de votre esprit. D'ailleurs, à quoi est dû votre réveil ? Pourquoi être resté en sommeil si longtemps pour vous réveiller brusquement dans le lit d'Orochimaru ?
- Je... je l'ignore, bégaya Shikamaru, pris de cours. C'est peut-être... je l'ignore, et il paraissait anéanti.
- Réfléchissez bien... quel est votre dernier souvenir ?
- L'opération...
- Et pourtant vous dites avoir rempli quelques pages d'un journal en tant que Shikamaru, tandis que Daisuke prenait les commandes.
- Oui, mais...
- Et tout d'un coup, vlan ! Vous vous réveillez sans le moindre souvenir des deux ans que vous avez perdu.
- Je...
- Quant à la personnalité de Daisuke, elle semble avoir disparu corps et bien. Cela me semble un peu trop pratique, si vous voulez mon humble avis.
- Ce n'est pas...
- Alors quoi ? Qu'est-ce qu'il est devenu dans tout ça ? Et vous, êtes-vous seulement sûr d'être Shikamaru Nara ? Vous avez vu ce qu'un bon lavage de cerveau pouvait faire à une personne même forte. Orochimaru n'est plus qu'un gentil drôle en attente de la naissance de son rejeton. Et vous dans tout ça ? Où vous situez-vous ? Orochimaru retrouvera sans doute son ancienne personnalité à la naissance du bébé, mais la vôtre, ou plutôt les vôtres, qu'en est-il vraiment ?
- Je m'appelle Shikamaru Nara, je suis jônin à Konoha, articula le jeune homme en se recroquevillant un peu sur lui-même.
- Erreur. Vous l'étiez il y a quatre ans. Mais pouvez-vous dire de même en cet instant ? Vous êtes Shikamaru Nara qui a été Daisuke Asakura. Vous ne pourrez jamais revenir en arrière, pas plus que renier ce passé, cette part de ténèbres qui est en vous.
- Je m'appelle Shikamaru Nara, et son ton faiblissait bien un peu...
- Et moi, je m'appelle Kabuto Yakushi et je suis le subordonné d'Orochimaru, fit le médecin d'une voix forte. Je suis celui qui a dédié sa vie à cet homme et qui a juré la perte de Konoha. Et pourtant, voyez où j'en suis à présent. Vous voulez une véritable certitude ? Nous allons tous mourir un jour. Nous allons tous disparaître, et certains plus tôt que les autres. D'autres n'ont même pas eu la chance d'avoir pu exister vraiment. Alors ce n'est pas la peine de vous répéter un chant ridicule pour vous convaincre de quoi que ce soit. Nous partirons tous un jour.
- Je refuse de disparaître ! fit la voix paniquée de Shikamaru. Je refuse de commettre la même erreur !
- Quelle erreur ? D'après ce que j'ai compris, on ne vous a pas vraiment demandé votre avis.
- Je refuse de faire encore du mal à ceux que j'aime !
- Daisuke a-t-il seulement quelqu'un qu'il aime ?
- Daisuke, non. Mais Shikamaru... Shikamaru refuse de perdre le peu de bonheur qu'il a réussi à reprendre. Shikamaru ne veut pas que ceux qui restent aient à souffrir de son... mal.
- Alors Shikamaru doit faire la part des choses.
- Il le fera, et il leva vers Kabuto un regard empli de certitude.
- Vous le ferez. Et lorsque ce moment arrivera, je vous regarderai faire avec plaisir.
- Pervers.
- Scientifique.
Ils échangèrent un sourire.
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- Tout m'a l'air normal, fit avec lassitude Tsunade. Du moins, aussi normal que possible avec un corps comme le tien.
Elle finit d'ausculter Orochimaru qui attendait son verdict, sagement assis sur un lit de l'hôpital. Sa vieille amie lui avait adjoint une chambre privée à l'écart des autres après que Shikamaru l'ait supplié de le garder en observation. Tsunade pouvait difficilement le lui reprocher. Avec tous les tordus qui traînaient à Oto, pas étonnant que Shikamaru veuille que son gamin soit traité à Konoha par elle et son équipe plutôt que par Kabuto par exemple... Certes, ils avaient proclamé un cessez-le-feu (et effacé l'ardoise des crimes commis par les deux factions) mais cela ne voulait pas dire pour autant qu'elle leur faisait confiance... même si la perspective d'avoir son ancien partenaire à domicile lui déplaisait au plus haut point.
Et pourtant... Elle regarda le ventre joliment arrondi d'Orochimaru ainsi que sa mine réjouie. Elle ne l'avait jamais vu dans cet état, cet imbécile de serpent. Il paraissait si heureux, si insouciant... En ce moment-même, il caressait la bosse de son ventre comme s'il s'agissait du plus grand trésor de cette terre. Il avait passé la dernière heure à lui parler de Shikamaru, de l'affection qu'il lui témoignait, de l'amour dont il comptait couvrir le bébé, son enfant à lui et à l'homme dont il était amoureux... En fermant les yeux et en faisant fi des intonations familières de sa voix, elle aurait presque pu se dire qu'elle s'adressait à une jeune mère épanouie, comblée par la vie et son mari...
Quelle mascarade. Elle ignorait comment marchait exactement son organisme mais il n'était pas sorcier de deviner que cette personnalité chaleureuse disparaîtrait comme neige au soleil sitôt la grossesse arrivée à terme. Quel que soit l'étrange mélange chimique qui le rendait aussi... supportable, il se dissiperait sûrement au bout d'un certain temps. Restait à trouver le moyen de trouver un équilibre entre le respect de la volonté de Shikamaru et la prévention du désastre qui allait venir...
En tout cas, pas question de blâmer l'enfant (les enfants ? Il était encore trop tôt pour le dire) qui allait naître. Elle avait déjà vu la tête de Shikato en apprenant que son fils Shikamaru ne serait pas le dernier Nara en date. Qu'importe la mère, la lignée des Nara n'était pas perdue ! Il avait déjà fait une place dans son coeur à son futur petit-enfant. Quant à Shikamaru, il avait beau faire le blasé, elle savait qu'il ferait un merveilleux père. Même Sasuke avait consenti à pardonner à Orochimaru le temps que l'enfant innocent naisse, et Naruto était en train de lui chercher un nom !
- Garçon ou fille, à ton avis ? fit la voix douce d'Orochimaru.
Elle trembla un peu mais fit mine de sourire.
- Ça, on ne peut pas encore savoir, c'est trop tôt. Qu'est-ce que tu préfères ?
- Peu importe. Tant qu'il est en bonne santé, c'est tout ce qui compte.
Et il souriait béatement. Tsunade avait l'impression d'étouffer.
- Tu sais, tout le monde n'est pas aussi favorable à la venue du bébé que toi et Shikamaru...
- C'est à cause de ce que j'ai fait, n'est-ce pas ? Oh, Tsunade, si tu savais comme je regrette ma méchanceté passée ! Je suis vraiment désolé !
Et il paraissait le penser réellement. Sa vieille amie en était profondément troublée.
- Je le sais bien, et articuler ces mots qui sonnaient faux lui prit bien du mal, mais ce n'est pas moi qu'il faut convaincre, Orochimaru, mais les autres. Les autres ne voudront pas que tu restes ici s'ils croient que tu risques un jour de redevenir euh... « méchant ».
L'homme-serpent secoua la tête avec consternation, une mine peinée lui déformant le visage.
- Mais il faut qu'ils me croient ! J'aime vraiment Shikamamour (et Tsunade frémit malgré elle en entendant ce sobriquet) et j'espère qu'on sera heureux avec notre bébé d'amour chéri !
Ça y est, elle avait envie de vomir à présent. Ou de sortir précipitamment en hurlant, au choix.
- C'est pour ça qu'il faut que tu me promettes de ne plus être méchant du tout, même après la naissance de votre... bébé d'amour chéri. Mieux, tu pourrais me donner un moyen de contrôle sur toi pour que je t'empêche de redevenir un jour un sale type, on ne sait jamais...
- Tu crois ?
- J'en suis certaine.
Rester sérieuse. Il fallait qu'elle garde son calme. Surtout, ne pas vomir ou éclater de rire à sa face. Paraître aussi innocent qu'un petit agneau. Ne pas le fixer comme une bête curieuse à qui on aurait accroché de surcroît une clochette et des bandes d'étoffe colorée... Ne pas fuir en hurlant, ne pas fuir en hurlant...
- Je sais ! s'écria-t-il, ravi, en joignant les mains. Je sais ce qu'on peut faire !
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- Un sceau. Pour changer, tiens.
- Bon, écoute, on n'a pas trouvé mieux. Si tu as une meilleure solution, je la prends.
Shikamaru secoua la tête avec désarroi. Il était venu prendre des nouvelles de son amant à l'hôpital et l'avait retrouvé en compagnie de Tsunade, ce qui n'était guère surprenant en sachant qu'elle avait tenu à s'occuper personnellement de lui. Et ce n'était pas plus mal, à vrai dire. Il n'aurait permis à personne d'autre que le médico-nin légendaire de tripoter les entrailles du détraqué qui portait son enfant.
- Je me souviens juste de la dernière idée brillante concernant l'esprit de quelqu'un que vous aillez eue. Je n'y ai pas vraiment trouvé mon compte, si je me souviens bien.
- C'était une opération risquée et quasi sans précédent. Là, on est en terrain connu. Orochimaru lui-même me l'a proposé.
- Lui ? fit-il avec ahurissement.
- C'est cela même.
- Pourquoi ce bougre d'obsédé débile vous donnerait la solution pour le retenir ?
- Je ne sais pas, moi, ça vient peut-être du fait qu'il est un peu... différent en ce moment ? Tu sais, le bébé qui arrive et tout ça...
- Mouais. Ça a quand même l'air vachement louche, tout ça.
- Je suis d'accord, mais cette fois on n'a pas vraiment le choix. Je ne tiens pas à le voir se réveiller un beau matin avec l'envie impulsive de réduire Konoha en cendres.
Shikamaru donna son assentiment à contre-coeur. Encore une manipulation de l'esprit. Ça commençait à bien faire. Déjà qu'il ne savait plus qui il était vraiment, si on plus on faisait subir ça à Orochimaru... Elle serait belle, l'éducation de leur gamin, tiens, entre deux parents schizophrène à moitié psychopathes, l'autre moitié étant un paresseux bon à rien pour le père et un machin anormalement heureux du matin au soir pour la mère. De quoi détraquer et/ou traumatiser n'importe quel joli bébé rose. Il ferait peut-être mieux d'envisager l'option « adoption » pour le gamin, ça pourrait être une alternative plus intéressante pour lui. Il pourrait peut-être demander à Sasuke et Naruto ? C'est vrai qu'à côté du sien, le couple qu'ils formaient paraissait tellement plus stable et normal...
- Au fait, où ils sont ces deux-là ? demanda-t-il à voix haute.
Orochimaru dormait paisiblement sur ses genoux et ne releva pas sa question. Tsunade parut confuse.
- Sasuke et Naruto. Ils sont où ?
- En train d'aider à reconstruire, bien sûr. Pourquoi ?
- Je viens de penser, je n'ai jamais pu demander à Sasuke comment il avait fait pour revenir avec vous.
- Tu ne te souviens pas ?
- Hokage, il y a beaucoup de choses dont je ne me souviens pas.
Tsunade soupira.
- Je suppose que tu as raison. J'ai tendance à oublier que tu as occulté deux années de ta vie.
- Hum...
- C'est de sa faute, fit-elle en pointant du menton l'homme-serpent blotti contre sa poitrine.
- Comment ça ?
- Quand Daisuke Asakura est allé rejoindre Orochimaru pour se faire embaucher, Sasuke était devenu son larbin attitré. Mais la présence d'Asakura a ébranlé son rôle, et il s'est finalement fait détrôner. Daisuke lui a fait péniblement et douloureusement comprendre à quel point il n'avait pas sa place auprès de ceux d'Oto. Il l'a laissé mourant aux frontières de Konoha, d'ailleurs. S'il n'y avait pas eu Naruto et son obstination à vouloir sauver Sasuke, il était fait.
- Les gens ont accepté si facilement son retour ?
- Pas vraiment, mais il fallait dire qu'à côté des tristes exploits d'Asakura, ses actions paraissaient futiles en comparaison. On a laissé passer parce qu'on avait d'autres chats à fouetter.
- Eh ben bravo.
- Résultat, continua-t-elle en ignorant sa dernière remarque, les gamins ont développé une espèce de sentiment de reconnaissance envers toi. Comme quoi, tu serais la cause de leur réunion. Je les comprends un peu.
Shikamaru en resta bouche bée. Pendant plusieurs minutes. Il lança un regard atterré à Tsunade. Il tripota du bout des doigts les cheveux d'Orochimaru. Et se dit qu'il était quand même tombé dans l'invraisemblable. Finalement, il était bien, dans son état précédent de conscience inexistante. Il était bien heureux de se faire pardonner ses péchés aussi facilement mais ça frisait quand même la lobotomie perverse, tout ça... Il se demanda même s'il y avait quelque chose dans l'air qui faisait que tout le monde ou presque éprouvait de la sympathie pour lui. C'était peut-être encore le résultat des phéromones d'Orochimaru ?
C'était peu probable. Il n'était pas enceint depuis si longtemps, n'est-ce pas ? Il s'aperçut que Tsunade l'observait en haussant un sourcil. Il était encore parti dans ses pérégrinations mentales sans faire attention à son environnement immédiat. Et mince. Il fallait qu'il arrête, ou bien qu'il garde cette fichue manie pour quand il serait seul. Ça n'allait pas l'aider à les convaincre de son retour à la normale. Il le faisait certes déjà avant mais pas à un tel niveau... et radoter n'était pas très bon pour son équilibre psychologique.
Ça le faisait ressembler à une fille. Suprême horreur. Il frissonna et s'intéressa sur-le-champ à son vis-à-vis.
- Mais c'est quand même du grand n'importe quoi ! essaya-t-il de se rattraper en s'indignant brusquement. C'est comme si un gros fumeur se mettait à éprouver de la reconnaissance pour un tueur en série qui lui aurait arraché les poumons juste parce qu'il était quasi certain de développer un cancer dans les années suivantes ! Bien sûr, on lui en regreffe d'autres, et hop ! Merci monsieur le fou furieux de m'avoir découpé la cage thoracique, c'est gentil de penser à ma santé !
Tsunade ricana.
- Ce n'est pas aussi grave...
- Mouais. Si vous le dites. En tout cas, je les ai vus s'entraîner. C'est peut-être pas plus mal qu'ils m'aient à la bonne.
Mais cela n'enlevait en rien la bizarrerie de leur raisonnement. Enfin... Il n'allait pas non plus cracher dessus, n'est-ce pas ? Déjà que ses amis encore en vie et qui acceptaient de lui parler sans trembler étaient assez rares, il n'allait pas rejeter ceux-là juste parce que leur façon de penser était... décalée. Quelque part, il en était même soulagé. Même s'il préférait quand même garder un oeil sur tout ce beau monde...
- Et donc, ce sceau ? fit-il en changeant de sujet.
Tsunade attrapa la perche au vol. Elle détestait s'attarder sur le passé, surtout lorsque celui-ci était aussi désagréable. Les bons moments passés ensemble lui suffisaient amplement, merci. Jamais depuis qu'elle avait pris Shikato à ses côtés n'avait-elle estimé autant les bons souvenirs. Voir cet homme formidable qui avait tout perdu, mais qui néanmoins tenait le coup par la seule force de sa volonté et des souvenirs heureux qu'il avait eus avec sa famille, continuer à aller de l'avant, espérer le retour de son fils maudit, l'avait fait réfléchir sur sa propre condition, tout comme Naruto l'avait fait lors de leur première rencontre. Elle fit un signe de tête approbateur à Shikamaru.
- C'est un sceau assez semblable à celui de Naruto, à ceci près qu'il sera installé sur le front d'Orochimaru pour empêcher son ancienne personnalité d'émerger à nouveau. Mais pour cela, j'aurais besoin de ton aide et de celle de ce nouveau Orochimaru.
- Il va nous aider ?
- Il l'a promis, en tout cas.
Shikamaru se surprit à rire.
- Qu'est-ce qu'il faut pas entendre... En l'espace de quelque mois, j'ai eu assez de surprises pour toute une vie.
- Ça, je te crois sur parole, lui sourit le Hokage.
- J'en suis même à me demander ce que j'ai bien pu faire de mal dans une autre vie ou quoi. Et alors là, je me souviens de ce que j'ai fait en tant que Daisuke Asakura, et je ne me pose plus la moindre question.
- Ce n'était pas de ta faute...
- Je sais bien, mais ça m'énerve d'entendre tout le temps les gens me dire ça. Pour une fois, je crois que je vais me contenter d'assumer tout ça et passer à autre chose, peut-être trouver le moyen de réparer la casse. Ou d'en adoucir les effets.
Et il se remit à caresser doucement les longs cheveux noirs de son amant. Celui-ci sourit encore plus béatement. Il ressemblait à présent à un gros chat bienheureux qui ferait une sieste après un bon repas copieux. Shikamaru se sentit une âme de maître accompli.
- Et puis qui sait ? continua-t-il, conciliant. Peut-être que ce ne sera pas un mal pour notre futur enfant, de reconnaître nos torts. Il pourra voir que même pourri jusqu'à la moelle, quelqu'un peut toujours espérer pouvoir se racheter. J'y crois.
- Pourquoi voudrais-tu donner cet exemple à ton enfant ?
- On ne sait jamais. Il pourrait soudainement développer une folie des grandeurs ou que sais-je. Il pourrait avoir envie tout d'un coup de conquérir le monde ou de détruire quelque chose de précieux.
- C'est... plutôt pessimiste, comme vision.
- Réaliste. Tu avoueras qu'il est plutôt mal parti dans la vie, avec les apports génétiques de ses deux parents.
Tsunade se rendit compte que Shikamaru l'avait inconsciemment tutoyée. Elle sourit. Étant donné son futur rôle à la tête d'Oto, il était quand même temps ! Décidément, elle l'aimait bien, ce gamin ! Assez roublard pour se débrouiller dans les pires situations tout en gardant les pieds sur terre. Et même s'il y avait quelque chose de différent en lui par rapport au passé (mais elle mettait ça sur le dos du stress de vivre avec Orochimaru), elle était certaine qu'il ferait un excellent chef.
- La génétique n'est pas l'esprit, répliqua-t-elle, confiante.
- Tu as raison. Mais l'éducation aide beaucoup, aussi. Non mais franchement, tu me vois en tant que papa ? Et ce truc sur mes genoux en tant que maman ?
Tsunade gloussa, bien qu'elle essayât de se retenir. Shikamaru ne put que rire avec elle. Il était le premier à reconnaître que l'image qu'il donnait de lui, en tenue débraillée de bon matin, un Orochimaru tellement détendu qu'il ronronnait sur ses genoux, n'était pas le parfait exemple de parents modèles. Et c'était pire quand on connaissait un tant soit peu leur personnalité...
- Je me demande... Elle sera belle, tiens, la réunion des parents d'élèves ! sourit Tsunade. Et la visite ! Je vois bien Orochimaru de retour de mission avec les vêtements pleins de tripes. Il fait un petit coucou au gamin, tout fier et tout, et il éclabousse les autres parents de sang...
- Ne plaisante pas avec ça, fit Shikamaru d'un air grave, presque chagriné. Il m'a déjà fait le coup.
- Non ? En même temps, ça ne m'étonne pas de lui...
- L'horreur, cette journée. Ce n'était pas en public, mais bon, il a quand même insisté pour coucher alors qu'il avait des entrailles pleins le kimono. Il a souillé le lit comme ça. Heureusement que j'ai pu le convaincre de prendre un bain. Il y avait de quoi vous dégoûter du sexe pour la vie.
Tsunade haussa un sourcil sceptique. Ça commençait peut-être à aller un peu trop loin dans les détails... Mais Shikamaru semblait parti, comme s'il avait un poids sur le coeur qu'il fallait absolument lâcher.
- Je crois d'ailleurs que le gamin a été conçu à ce moment-là... Fichue anatomie de monstre ! Comment je pouvais savoir, moi ?
Tsunade éclata de rire.
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La reconstruction se passa rapidement, et en quelques mois tout fut rentré dans l'ordre. L'alliance avec Oto marchait à merveille et on avait déjà vu des représentants de l'un et de l'autre village se joindre entre eux. Il y avait des rumeurs de mariages dans l'air, de liens créés entre familles...
Shikamaru faisait la navette entre les deux endroits, mais il avait laissé Orochimaru à Konoha. Les gens avaient fini par oublier son ancienne personnalité en faveur de la nouvelle. Le sceau semblait tenir bon. L'homme-serpent était tellement... heureux de vivre, chaleureux avec tout le monde, cela avait un peu déconcerté ceux qui l'avaient connu de près au début, mais au bout d'un moment ils n'y faisaient plus attention. Il faisait partie du décor, à présent. Il s'entendait même étonnement bien avec Naruto qui venait lui rendre visite tous les jours. Sasuke avait un peu plus de mal (il avait quand même vécu deux à trois bonnes années de sa vie avec), mais en fin de compte il avait relâché sa méfiance et il se laissait sans vergogne inviter à déjeuner par son ancien maître.
Le ventre d'Orochimaru gonflait à vue d'oeil. Il était un peu triste de ne pas voir aussi souvent son Shikamamour qui devait passer une partie de son temps à Oto pour cause de travail, mais il était avec ses nouveaux amis et préparait son petit nid... Il avait même appris à cuisiner et à tricoter. Chaque fois que Shikamaru le revoyait, il avait le ventre un peu plus rond et une habileté domestique en plus dans ses connaissances. Ça le rendait un peu nerveux, alors il laissait passer sans rien dire et faisait mine d'être ravi par les progrès de sa... « bonne épouse ». Quant à Orochimaru, il paraissait comblé par sa future condition de femme... ou d'homme... au foyer.
Ils arrivèrent ainsi sans encombre au dernier mois de grossesse. Orochimaru était énorme. D'après les médico-nin, il portait des jumeaux. Des vrais. Deux garçons. Shikamaru avait eu un instant peur que son amant, du fait de son apparence serpentine, ait eu le même taux de fertilité que les vrais serpents. Il n'aurait pas pu supporter d'être l'heureux papa d'une vingtaine de gosses ou davantage. Mais deux, c'était encore faisable, si bien sûr il parvenait à ne pas en avoir plus. Comme il ne savait pas exactement comment ça marchait, un corps d'Orochimaru (même maintenant), il craignait pour son avenir tranquille...
Il se résigna très vite. A quoi bon essayer de fuir ? Sa vie pépère était déjà derrière, avec tout le boulot qu'il avait en tant que chef provisoire d'Oto. Et s'il voulait garder un climat de paix entre Oto et Konoha, il fallait qu'il prenne réellement les rênes du pouvoir, et ce pour le restant de ses jours peut-être...
Fichue existence. Il était déjà assez crevé comme ça. Et avec les bébés qui arrivaient...
Il avait envie de se pendre.
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Fichue vie. Les bébés venaient à peine d'arriver et déjà Shikamaru avait l'impression que sa tête allait exploser. Tsunade avait présidé à leur naissance avec l'aide de Kabuto (il avait mérité sa place là du fait de sa connaissance de l'anatomie d'Orochimaru). Ça avait duré des heures, et tout avait été si... gore. Et... différent. Il préférait oublier ce qu'il avait vu au plus vite, à vrai dire.
Les gamins dormaient à présent paisiblement dans les bras de leur... mère ? Shikamaru devait avouer qu'ils étaient plutôt mignons dans leur genre, même si le fait qu'ils soient parfaitement lisses était un peu... inhabituel pour des nouveau-nés. Tsunade avait gardé un oeil sévère sur Orochimaru (sur son front en particulier), mais le sceau avait à peine brillé à la naissance des enfants et il était encore bien en place, pas un trait ne manquait. L'heureux « nouvelle maman » se comportait comme d'habitude, et quoique un peu fatigué, il ne paraissait pas plus cruel que les autres jours. A peine avait-il étranglé un médico-nin un peu distrait lors de l'accouchement et un autre n'avait perdu qu'une main dans le processus. Ils s'étaient attendus à pire, au moins deux ou trois morts... L'un dans l'autre, cela s'était donc bien passé.
Personne n'avait rien dit, bien sûr. Au contraire, sitôt que les visites furent permises, leurs connaissances se précipitèrent pour admirer les petits amours et féliciter la maman. Shikamaru sortit au moment où les filles se mirent à glousser en rythme et à piailler sur les vêtements qu'elles comptaient offrir aux enfants.
- Alors ? fit la voix de son père.
Shikato se tenait contre le seuil, l'air épanoui. Shikamaru lui fit un sourire un peu crispé.
- Tu veux aller voir tes petit-fils ?
- Je crois que je vais attendre un peu que le danger soit passé, dit-il en riant.
- Mouais.
Il y eut un silence confortable. Autour d'eux, le personnel de l'hôpital s'activait sans faire attention aux deux hommes.
- Tu vas les appeler comment ? reprit Shikato.
- Tu as une idée ?
- Il y a toujours la bonne vieille méthode classique de leur donner des noms de nos ancêtres. Ça a bien fait l'affaire pour toi et moi.
Shikamaru secoua la tête.
- Je ne suis pas sûr qu'Orochimaru soit d'accord.
- On n'a qu'à couper la poire en deux.
- Qu'est-ce que tu veux faire à mes enfants, vieux grigou ?
- On nomme l'un Shika quelque chose, et l'autre c'est comme vous voulez !
Shikamaru soupira. Il n'était décidément pas au bout de ses peines, et il fit part de son raz-le-bol à son père qui se contenta de hausser les épaules avant de rentrer dans la chambre avec la ferme intention de faire un câlin à ses petits-fils. Shikamaru le suivit, les épaules basses.
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Après maintes discussions plus ou moins houleuses, Shikamaru choisit de faire fi de la tradition des Nara (qui de toute manière n'était plus très d'actualité du fait du décès des héritiers des Akimichi et des Yamanaka, la triade Ino-Shika-Cho étant rompue pour cette génération) et laissa Orochimaru décider du nom de ses enfants. Il opta pour Kusanagi et Susano. Noms étranges s'ils en étaient mais personne n'eut le coeur (et le courage) de discuter son choix. Les petits Kusanagi et Susano furent couvés avec amour par leurs géniteurs.
Au bout de quelques mois, Shikamaru décida qu'il en avait marre de faire des allers et retours entre le pays du Son et le pays du Feu. Toute la joyeuse famille se prépara donc à rentrer à Oto, malgré les protestations de leurs amis de Konoha. Shikato insista pour être muté à l'endroit où s'installerait son fils, décision que Tsunade accepta sans problème. Le convoi qui les ramena n'était pas très grand ; Shikamaru préférait autant que possible voyager incognito.
Le périple se passa sans problème. A la fin du premier jour, ils s'arrêtèrent pour la nuit, et un campement provisoire fut installé en lisière de forêt. Orochimaru alluma un feu un peu à l'écart et s'assit devant, ses deux enfants jouant non loin de là sur une couverture. Il leur avait donné des petits cailloux.
- Quelle belle image familiale, fit en ricanant Kabuto en voyant Orochimaru couver ses fils d'un oeil attendrissant.
Shikamaru était en train de discuter avec Shikato près de la carriole. Ce dernier leur tournait le dos et ne voyait donc pas ce qu'ils faisaient, mais de temps en temps son fils regardait en direction de sa famille pour s'assurer que tout allait bien. Il vit Kabuto rejoindre Orochimaru, une théière en grès à la main, deux tasses se balançant précairement sur le plateau qu'il avait apporté. Son maître lui fit une place à ses côtés sans quitter des yeux Kusanagi qui balançait ses cailloux transformés en projectiles un peu partout. L'un d'entre eux faillit crever l'oeil d'un soldat qui se baissait pour ramasser son bandeau qu'il avait laissé tomber. Susano se contentait de bâtir une petite tour qui menaçait de s'abattre à chaque instant.
- Ils grandissent bien, fit l'homme-serpent avec le sourire.
- Vraiment ?
Kabuto lui servit une pleine tasse du liquide brûlant. Il flaira l'odeur de jasmin qui s'en dégageait avec sérénité.
- Avant de partir, Kusanagi a attrapé un chat avec sa langue. Il l'a relâché en l'air et la bête a atterri sur le toit de la maison d'en face.
- Il va bien ?
- Le chat ou Kusanagi ?
- Hum...
- Il est très intelligent, et tu devrais le voir protéger son petit frère ! Quel amour !
- Hum...
- Susano est plus timide que son aîné, mais c'est normal, c'est le plus petit...
Ce fut à ce moment-là qu'ils entendirent un cri de douleur aigu. L'un des cailloux que Kusanagi avait lancés s'était profondément planté dans la cuisse d'un subalterne qui avait eu la mauvaise grâce de ne pas faire attention à son environnement. Shikato se précipita vers lui en pestant, un médico-nin sur les talons. Ils se demandèrent longtemps comment le pauvre homme avait fait pour se retrouver avec une pierre dans la chair...
Shikamaru lorgna le coin de terre où se trouvait ses fils mais ne dit rien. Kusanagi s'était endormi en attrapant le vêtement de son frère, et celui-ci commençait à somnoler, un caillou à la main... Il se retourna pour aller rejoindre son père. Orochimaru regardait ses enfants avec adoration, ses longs cheveux noirs émettant un éclat cuivré à la lueur du feu de bois. Du fait des rochers qui les entouraient, personne à part Kabuto n'avait remarqué les petits serpents d'un blanc laiteux qui s'étaient lovés tout autour de lui. Certains s'étaient même approchés des bébés et ondulaient paresseusement entre leurs jambes. Kabuto frissonna en reconnaissant l'espèce ; celle-ci était extrêmement venimeuse...
- Ne sont-ils pas absolument adorables ?
Kabuto partit d'un rire sarcastique teinté d'une pointe de nervosité. Il avait la chair de poule. Un des petits serpents de son maître s'était mis près de sa cuisse gauche et le fixait d'un air curieux, ses petits yeux froids balayant sa silhouette de bas en haut, haut en bas...
- Ils te ressemblent, articula-t-il avec peine. Tes enfants.
- A leur père aussi, non ?
- Ah oui ? Lequel ?
Orochimaru se pourlécha les lèvres, sa langue anormalement longue faisant couler un peu de salive à terre... Kabuto détourna les yeux. Il ressentit un froid intense dans le coeur... et une douche chaleur facilement reconnaissable au niveau de l'entrejambe.
- Il n'a rien vu, alors ? continua le médecin.
- Il n'y a rien à voir. Nous formons une famille heureuse et soudée. Les enfants grandissent bien, il occupe une fonction d'importance, les relations entre Konoha et Oto n'ont jamais été si cordiales... si... compatibles...
Et une lueur cruelle, un éclat tel que Kabuto n'en avait jamais vu que dans les pires moments de folie de son maître, brilla un instant dans les yeux d'Orochimaru alors qu'il fixait ses enfants, les êtres précieux formés de ses entrailles... Elle disparut vite, laissant place au regard apaisant qui caractérisait la nouvelle personnalité de l'autre homme, mais Kabuto savait qu'il n'avait pas rêvé. Et quelque part, il se demandait si même Shikamaru était encore dupe...
- Qu'il en soit fait selon vos désirs, maître, et Kabuto salua d'un mouvement de la main ses nouveaux maîtres qui jouaient.
Ceux-ci se réveillèrent et tournèrent un instant la tête en sa direction. Ils avaient les yeux d'Orochimaru, des yeux dorés d'un éclat si particulier qui le firent trembler délicieusement... Son pantalon en fut encore plus serré. Oui, ces enfants seraient la joie et la fierté de leur mère... et aussi de leur père, qui sait ?
Shikamaru quitta son père qui s'occupait du pauvre homme blessé (un certain Hijiri Tsumon de Konoha qui faisait partie de l'ancienne section de Shikato et avait insisté pour le suivre). Il s'inquiétait un peu, et pour cause : il avait vu le caillou s'enfoncer dans la chair du pauvre ninja. Il avait entendu le rire cruel de son amant alors qu'il parlait à Kabuto. Il avait noté le sourire pervers que le second d'Orochimaru avait fait en direction de ses enfants.
Il n'avait pas exagéré lorsqu'il avait dit à son père qu'il n'était pas au bout de ses peines.
Soupirant, il laissa ses hommes s'occuper du blessé léger et se dirigea d'un pas calme vers sa famille. Après tout, il en était responsable maintenant.
Et galère.
FIN ?
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C'était le dernier chapitre de cette fic ! Merci d'avoir suivi jusqu'au bout !
Hum... je me rends compte que la fin n'en est pas vraiment une, mais j'ai eu énormément de mal à vrai dire... ce diable d'Orochimaru ne voulait pas me laisser tranquille avec ses idées de folie meurtrière. J'écrirais peut-être un jour ce qui arrive aux jumeaux Nara mais c'est mal parti pour ce monde, avec leur « gentille » maman et leur « gentil » tonton Kabuto qui vont s'occuper de leur éducation. Heureusement Shikamaru est là pour limiter la casse... ou pas.
Donc c'est plutôt une fin heureuse... du moins pour cette famille-là. Le reste du monde n'a plus qu'à prier. Ou attendre que je m'ennuie assez un jour pour écrire une suite hypothétique.
Quoi qu'il en soit, merci encore d'avoir suivi cette histoire farfelue jusqu'ici et de m'avoir soutenue pour certains. J'espère que ça vous a quand même plu malgré les invraisemblances au kilomètre. N'hésitez pas à me faire part de vos impressions, bonnes ou mauvaises, je les prendrais avec plaisir.
