FARCES&FORCES
(troisième chapitre suivant « Débarquement au Pays de Fous »)
………
Il y avait très peu de monde au Chaudron Baveur ce jour-là; Ginny Weasley en profitait pour se détendre un instant en buvant une infusion d'ellébore, appuyée le dos contre le bar.
Soudain, de grandes gerbes de flammes vertes jaillirent dans l'âtre de la cheminée qui se trouvait en face d'elle. Elles crépitèrent quelques instants, puis disparurent tandis que la silhouette d'une jeune femme apparaissait. Toussotant et pleine de suie, Hermione se dégagea de la cheminée et fit un pas dans la pièce. Elle s'arrêta pour épousseter le bas de sa robe, et lorsqu'elle se redressa ses yeux s'arrêtèrent une fraction de seconde sur Ginny. Son visage exprima de la surprise, mais en quelques secondes elle se reprit et afficha un grand sourire. Elle s'avança vers sa belle-sœur (perspective terrifiante, n'est ce pas?) en tendant la main pour serrer la sienne.
Dès qu'elles se furent saluées, Ginny demanda à Hermione la raison de sa présence et la jeune femme, qui avait prévu cette éventualité, répondit aussitôt:
-Je m'en voulais d'être partie en France sans prendre directement de tes nouvelles.
Puis, jetant un coup d'œil autour d'elle, elle ajouta à voix plus basse:
-Il faut que je te parle d'une idée que j'ai eue. Mais je ne veux pas en discuter avec Ron et Harry, ils se moqueraient de moi.
-Ah, euh… d'accord; parlons-en alors, répondit Ginny, un peu prise au dépourvu par une telle excuse. Attends juste deux secondes.
Sur ces paroles, elle disparut derrière le bar et revint quelques minutes plus tard, apparemment très fière d'elle.
-J'ai réussi à convaincre Tom de me laisser une heure de libre, expliqua-t-elle. On va pouvoir parler tranquillement!
Elles s'assirent à une table au fond de la salle, et Ginny servit un café à Hermione avant de demander:
-Alors, de quoi veux-tu me parler?
-Eh bien voilà, commença Hermione, fouillant la salle des yeux comme si elle s'attendait à voir un pan de la robe de Harry dépasser de sous une table. Tu dois savoir que j'ai depuis longtemps envie de me lancer dans le journalisme, non?
-Oui, acquiesça Ginny avec un sourire, Harry s'était mis à pleurer quand tu nous l'avais annoncé.
-Ah oui, c'est vrai, se rappela Hermione en souriant à son tour. Enfin, toujours est-il que je n'ai pas du tout laissé cette idée de côté, poursuivit-elle en rapprochant sa chaise. J'ai beaucoup réfléchi au cours des derniers mois, et j'ai abouti à un projet très intéressant. (elle avait tant baissé la voix que Ginny dut se pencher légèrement pour entendre la suite) J'ai fondé la FARCES&FORCE.
-La quoi? demanda Ginny.
-Le Feuilleton Aristocratique de Revendication à la Captivité des Elfes, Siège de la Fédération d'Organisation de la Révolte des Créatures Elfiques, chuchota aussitôt Hermione, apparemment ravie qu'on lui pose la question. C'est génial, non?
Ginny s'abstint de répondre, se contentant de lever imperceptiblement les yeux au ciel.
-Je voudrais que tu m'aides, continua Hermione.
-Quoi? s'exclama Ginny, prise au dépourvu. Mais pour quoi faire?
-Je voudrais fonder un journal qui serait le porte-parole de la FARCES&FORCE, expliqua Hermione, plus passionnée que jamais. Un hebdomadaire qui surplomberait la Gazette… Une vraie bombe, quoi. Un journal dans lequel le sorcier moyen se reconnaîtrait, pas une succursale du ministère, tu vois le genre?
Ginny se sentait vaguement intéressée, mais elle ne doutait pas une seconde que la SALE soit l'ancêtre de la FARCES&FORCE, et décida de s'engager prudemment dans la conversation:
-Hhhmm… oui, ça peut être sympa, dit-elle. Enfin, je veux dire, l'idée de fonder un journal. Parce que tu sais, moi, Hermione, j'ai jamais été franchement passionnée par ces histoires d'elfes et tout ça…
Elle se passa maladroitement la main dans les cheveux.
La déception se peignit sur les traits d'Hermione, mais elle semblait s'être attendue à cette réponse car elle répondit précipitamment:
-Non, non, ne t'inquiètes pas, je ne te demande pas de t'investir dans l'association… C'est juste que je ne vais pas publier un journal toute seule, tu comprends? Il faudrait que j'aie d'autres journalistes amateurs ou pros à mes côtés; d'ailleurs, j'ai déjà trouvé deux ou trois personnes qui sont plus ou moins intéressées par mon idée… Allez, s'il-te-plaît, dis oui!
………
Au terme d'un fastidieux quart d'heure de discussion et d'explications, Hermione parvint à convaincre Ginny et à lui arracher un « oui » qui signifiait qu'elle s'engageait à lui procurer de l'aide en fonction de ses possibilités. Plus heureuse que jamais, elle lui tomba dans les bras en s'écriant d'une voix perçante:
-Tu es la première! La première qui me dise oui… Merci, c'est tellement encourageant!
………
Moins d'une demi-heure plus tard, Harry se précipita au Chaudron Baveur, tout essoufflé, son sac de cours pendant à l'épaule. Il chercha Hermione des yeux dans la salle sombre et son regard s'arrêta sur une table du fond. Il sentit ses entrailles le quitter en reconnaissant les chevelures respectives de Ginny et Hermione, penchées au-dessus de la table. En s'approchant, il s'aperçut qu'elles étaient plongées dans une conversation surexcitée échangée à voix basse.
-Ah oui, c'est une super idéééée! entendit-il chuchoter par Hermione avant qu'elles ne se mettent à pouffer de rire sans raison apparente.
-Vous avez bu, toutes les deux? demanda-t-il.
Les deux jeunes femmes remarquèrent pour la première fois sa présence, et Ginny répondit:
-Non, non, c'est juste qu'on parle d'un truc vraiment tordant… Au fait Harry, t'as vu? Hermione est passée nous voir! On a bien discuté toutes les deux.
Les regards de Harry et d'Hermione se croisèrent.
-Salut, Harry, dit Hermione.
-Je vais vous laisser, dit Ginny, maintenant que Harry est là... Je veux pas que Tom se sente trop seul.
-Je t'en prie, répondit Hermione, croyant à peine à leur chance. On va aller faire un tour... A plus tard!
Harry eut tout juste le temps d'embrasser Ginny que déjà elle le traînait dehors.
-Vite, on va être en retard à notre rendez-vous! lui chuchota-t-elle.
………
Harry et Hermione rejoignirent le cabinet du Dr Vrousoss, qui siégeait dans une rue crasseuse de Londres, entre deux maisons délabrées.
Ils entrèrent dans une salle d'attente dont l'odeur rappelait vivement à Harry la maison de cette chère Figgy et de ses chats, et après une courte attente ils furent introduits dans un bureau joliment meublé.
-Le Dr a été un bon ami de mes parents, chuchota Hermione à l'adresse de Harry. Aujourd'hui ils ne savent toujours pas que c'est un sorcier et...
Ses paroles furent interrompues par l'irruption dans la pièce d'un grand homme aux cheveux blancs et rares, vêtu d'un costume vert émeraude qui aurait fait fureur dans le milieu des années trente. Il avança du fond de la pièce, les salua cérémonieusement et s'assit derrière son vaste bureau sans montrer aucun signe qui signifiait qu'il reconnaissait Hermione.
Celle-ci sembla le remarquer avec une certaine irritation, mais ne se déconfit pas. Dès que Harry et elle se furent assis, elle engagea la conversation en donnant des nouvelles de ses parents. Le Dr la considéra d'un air poli comme s'il ne comprenait pas de quoi elle parlait, mais la remercia quand même, avec l'attitude de quelqu'un qui joue le jeu d'un petit enfant pour lui faire plaisir. Hermione rougit, se sentant profondément vexée par ce comportement qu'elle ne comprenait pas.
-Je crois que je ferais mieux de vous laisser seuls. On se retrouve dans la salle d'attente, Harry, dit-elle en se levant.
Dès que la porte se fut refermée sur elle, le Dr se tourna vers Harry:
-Maintenant que Mrs Granger est partie, nous allons pouvoir parler de votre petit problème, Mr Potter. Je crois que je peux vous aider.
-Ah, euh… très bien, répondit Harry sans vraiment savoir ce qu'il approuvait. Mais… vous ne voulez pas savoir ce que c'est avant de m'aider?
-Ce sera inutile, répondit-il avec un sourire. Je suis un excellent occlumens.
Harry rougit d'indignation, mais le regard et l'allure du docteur incitaient au respect et il ravala ses reproches.
-Mr Potter, savez-vous comment on soigne une phobie?
-Non, répondit Harry, un peu inquiet. Pourquoi? Vous avez oublié?
-Non; je vais d'ailleurs vous expliquer comment je vais procéder. Voyez-vous, la plus-part des phobies découlent d'une autre angoisse beaucoup plus anodine, et dont on a rarement conscience. Je vais donc pénétrer dans votre esprit, aussi loin qu'il le faudra, et retrouver votre peur. Ensuite, il sera très simple de la guérir…
Harry se sentit légèrement soulagé d'apprendre que ce serait cour, mais il redoutait tout de même l'occlumancie.
-On commence quand?
-Immédiatement, Mr Potter.
Des images défilèrent dans la tête de Harry, floues et incertaines. Puis il perdit la notion du temps, et lorsqu'il revint à lui il était prostré sur le tapis du bureau. Quelqu'un dans la pièce hurlait et pleurait, et il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu'il s'agissait de lui. Il cessa aussitôt de crier, s'essuya le visage avec la manche et se releva précipitamment.
Le Dr Vrousoss était debout derrière le bureau, impassible.
-Alors? Qu'est-ce que vous avez vu? demanda Harry avec impatience.
-Je craint que ce soit un peu compliqué, Mr Potter.
-Pourquoi?
-Je n'arrive pas à voir de quoi vous avez peur… En fait, je crois que vous avez une phobie « pure ». C'est-à-dire que vous n'avez réellement peur que des journalistes.
-Ouais, c'est bien ce que je disais! Et maintenant, qu'est-ce que vous allez faire?
-Je ne peux rien faire, sinon vous prescrire une potion qui vous calmera en présence des journalistes. Mais vous ne serez jamais vraiment débarrassé de votre phobie…
-Aaaah, mais c'est simple en fait! Vous savez moi je m'en fout d'être complètement débarrassé, du moment que la potion fonctionne… Et comment est-ce que je pourrait me la procurer?
-Eh bien, je ne connais qu'une seule personne capable de la préparer, et il faudra que vous alliez directement la lui réclamer. Je pense qu'il faudrait vous réapprovisionner tous les 3 mois environ…
-Qui est cette personne? demanda Harry, qui avait comme un mauvais pressentiment.
-Il s'agit de Severus Rogue.
-Aaaaaaah…
………
Postez des reviews!
