Auteur : Séléné.

Disclaimer : voir chapitres précédents

Réponses aux reviews :

Agua : Legolas en force, chuis tout à fait d'accord ;) Merci beaucoup pour ta review et de ta fidélité, je suis super contente à chaque fois que je lis tes reviews. Voilà la suite, j'espère qu'elle te plaira autant que le reste. Au fait, quand est-ce que je pourrais enfin lire la suite de ta magnifique fic ? Je l'attends avec impatience. Gros bisou

Harana : Salut la miss ! Je suis désolée de t'avoir fait attendre si longtemps pour la suite, mais avec mon bac blanc qui a été reporté, des exposés à n'en plus finir, c'était la folie ! en tout cas, voilà le chapitre 4, j'espère qu'il te plaira. J'ai adorée lire ''Pris au piège'', et j'attends une autre de tes merveilleuses productions. Bonne lecture, et mégacalinoux !

Ankh An-Ki : Merci beaucoup pour ta review, j'espère que la suite te plaira, bisou.

Dunedan : Je suis contente que ma fic te plaise, et j'ose espérer que ce chapitre te satisfera. Bisou.

Sohaya : Coucou toi. Heureusement qu'il y a de l'humour dans mes fics, sinon on s'ennuierai, tu ne trouves pas ? En tout cas ta review m'a fait très plaisir, et j'espère que tu posteras bientôt ta prochaine fic, j'ai hâte de la lire ! Gros bisou et bonne lecture.

Note : Voilà le quatrième chapitre, je souhaite qu'il vous plaise autant que les autres. Alors bonne lecture tout le monde, et n'oubliez pas la petite review qui fait plaisir.

Chapitre 4

Trois jours après avoir rencontré Haldir et Orophin, notre compagnie atteignait Cerin Amroth, la Cité des Galadhrim. Legolas était émerveillé, Gimli, bien qu'il essaya de le cacher, était subjugué, les quatre Hobbits et Boromir aussi, bien que la disparition de Gandalf pèse à chacun d'entre nous. Aragorn réfléchissait, mais je sentais qu'il était heureux d'être près des Elfes, sans avoir à redouter les orques, les espions et les dangers de notre voyage.

Quant à moi, je faisais mon possible pour garder à l'intérieur de moi la douleur que la mort de Gandalf avait fait naître. Je m'étais attaché tellement vite à chacun des hommes de la Communauté de l'Anneau, remplaçant inconsciemment les amis que j'avais perdu par l'Elfe, les deux Hommes, les Semi-Hommes, le Nain et le Magicien, que la perte de l'un d'entre eux me brisait un peu plus le cœur.

J'avais encore fait un rêve étrange. De ce rêve je ne me souvenais que de moi, ayant de grandes ailes blanches sortant de mon dos. Rêve étrange et ô combien intriguant !

Cela va faire un peu moins de deux mois que ma Cité et ses habitants ont été annihilé par des orques et un Balrog, me laissant la seule représentante de ma race, moi, la honte des Mages guerriers, sans aucuns pouvoirs magiques, mais étant de loin la meilleur combattante de Minas Elen.

Mon père… ou plutôt l'homme qui m'avait adopté et reconnu m'a laissé, seule, avec le secret de ma naissance : je ne suis pas sa fille, mais le fruit des amours de ma mère et d'un Atlante, peuple ennemi juré de ma race.

Chassant de mes pensées les souvenirs de ce qui était désormais mon passé, je me concentrais sur la Cité Elfe. Je réalisais alors que la beauté de l'art elfique était réelle, et bien supérieur à ce que les livres que j'avais lu à Minas Elen relataient.

J'avais eu un aperçu de la beauté physique des Elfes par Legolas, mais rien n'aurait pu me préparer à ce que je vis ce jour-là. Les hommes se ressemblaient tous, tout en étant tous différents. Je cru être dans un rêve jusqu'à ce que notre compagnie s'arrête devant de grandes portes, au sommet d'un arbre immense.

Mes amis et moi entrâmes alors dans la salle du trône du Seigneur et de la Dame des Galadhrim. Dès que mes yeux se posèrent sur la Dame, je sus que c'était elle la femme présente dans mes rêves, et je le fis savoir.

Vous !

L'Atlante !

Nous nous étions écriées ensemble, et je vis que mes amis et les Elfes de Lothlorien ne comprenaient rien.

Mais, c'est impossible, vous étiez dans mon rêve ! m'exclamais-je. Un simple rêve !

Je le croyais aussi Atlante. Mais puisque tu es là, c'est que ce que nous avons vu dans nos rêves communs est possible.

Je sentais l'exaspération m'envahir à ces paroles. Est-ce que cette Dame Elfe avait écouté ce que j'avais dit dans mes rêves ?

Tout est possible ? Alors parce que je me trouve devant vous, des ailes vont me pousser dans le dos ! Avec tout le respect que je vous dois, qu'est-ce que vous ne comprenez dans la phrase "je n'ai AUCUNS pouvoirs magiques" ?

Je vis, ou plutôt je sentis Haldir faire un pas dans ma direction, mais il fut arrêté d'un geste de la main de la Dame.

Atlante, tu ne le sens pas, mais tu irradies de Magie. Je peux la voir. Ton aura est à la fois électrique et liquide, brûlante et glaciale, aussi fantasque et dangereuse que le vent et aussi sûre et solide que la terre. Les ailes que tu as vu dans notre rêve, sont une manifestation de ta magie atlante.

Je regardais la Dame des Galadhrim dans les yeux, jusqu'à ce que je pose un genou à terre.

Ma Dame, la Magie que vous voyiez ne peut être la mienne. Je n'ai jamais réussi à faire de magie, et en plus de cela, je ne suis qu'une moitié d'Atlante et de Mage guerrier.

J'entendis l'Elfe soupirer, puis s'adresser en elfique au Seigneur des Galadhrim. La Dame s'adressa de nouveau à moi.

Isildis, relève-toi. Oui, je connais ton nom jeune fille, répondit elle à ma question muette. Il y a de cela 15 ans, je me suis rendu à Minas Elen, et je t'ai vu, dans les bras de ta mère. Tu avais tout juste un an et tes parents rayonnaient de joie.

Quoi ? Il y a 15 ans je ne pouvais pas être à Minas Elen puisqu'elle n'existait pas. Mandwin n'avait pas encore disparu.

Ma Dame, ce que vous me dites est impossible, l'interrompis-je, les sourcils froncés. Lorsque j'avais 4 ans, Mandwin, l'île sur laquelle mon peuple vivait a sombré dans l'océan. Mes parents et la moitié de notre population réussirent à se sauver. Puis ils ont accosté en Terre du Milieu et construis Minas Elen. Donc il est chronologiquement impossible que vous m'ayez vu, à 1 an, à Minas Elen.

Galadriel parut être en colère, mais lorsqu'elle me parla, sa voix était la même que celle avec laquelle elle m'avait parlé dans mes rêves.

Qui t'a dis cela, Isildis ? me demanda-t-elle.

Mais personne, répondis-je sincèrement. Ce sont mes souvenirs.

Ils sont faux, me dit-elle. L'île de Mandwin a sombré il y a de cela 3000 ans, tu ne peux pas y avoir vécu. Je vais essayer de savoir pourquoi tes souvenirs sont faux. Ca risque de te faire mal, me prévint-elle.

Alors Galadriel s'approcha de moi, et posa ses deux mains sur ma tête. Je la sentis fouiller mon esprit et quelque chose se débloquer dans ma mémoire, avant que l'esprit de la Dame ne soit propulsé hors du mien. Je vis Galadriel chanceler et le Seigneur Celeborn la retenir par le bras.

Puis mon cerveau fut assailli de souvenirs qui défilaient trop rapidement pour que je puisse les analyser. Je finis par comprendre que je n'avais jamais connu Mandwin, mais que j'étais née, que j'avais grandi et toujours vécu à Minas Elen. Hébétée, je me relevais difficilement et jetais un regard circulaire autour de moi.

Aragorn me fixait de ses yeux perçants, Boromir réfléchissait, les quatre Hobbits me regardaient avec curiosité, Gimli fixait sur moi son regard bourru, essayant de comprendre ce qu'il venait de se passer, et Legolas m'observait tranquillement, ses yeux reflétant l'incrédulité et le désir de comprendre.

Je vis ensuite Haldir me fixer comme si j'avais commis un crime de lèse-majesté. Galadriel me regardait avec pitié, et Celeborn braquait sur moi des yeux remplis de bonté et de gentillesse.

Effrayée par tout ces regards, et l'esprit embrouillé par ce qu'il s'était passé, je pris la fuite. Je sortis par les lourdes portes de la salle du trône, et redescendis en courant les escaliers que nous avions monté. Je continuais ma course effrénée jusqu'à ce que je me prenne les pieds dans une racine et que je tombe par terre.

Essoufflée et les idées chaotiques, je me redressais et m'agenouillais. Je vis devant moi un court d'eau, mais je n'y prêtais pas grande attention et essayais de remettre de l'ordre dans mes pensées. Qu'est-ce que je savais déjà ? Que mon véritable père était un Atlante, que ma mère était une Mage guerrière, que j'étais sensée avoir la Magie de ces deux peuples en moi.

Qu'est-ce que j'avais appris ? Que ma mémoire a été scellée et remplacé par de faux souvenirs. De faux souvenirs ? Non, je pense que ces souvenirs appartenaient à quelqu'un d'autre, et que ce que je croyais me rappeler s'était réellement passé, il y a 3000 ans. Mais après ? Après, je sais juste que ma Cité et ma race ont été éradiqué, que je n'ai que 16 ans et que je dois aider un Semi-Homme à sauver le monde, que mon cœur s'est brisé un peu plus avec la perte de Gandalf.

Après tout ça, je ne sais pas, je ne sais plus. Je me suis remise debout et suis partie le long de la rivière, ressentant le besoin de marcher. Je pensais à Sinwë, l'homme que j'avais appelé "père" depuis ma naissance. Pourquoi ne m'a-t-il jamais dis que je n'étais pas sa fille ? Si il n'avait pas été sur le point de mourir, m'aurait-il dit la vérité sur mes origines ?

Je sentis alors la colère m'envahir. Pourquoi ne pas m'avoir dit la vérité ? Pourquoi avoir scellé mes souvenirs ? Mon regard tomba sur Nensil. Je détachais l'épée et son fourreau de ma ceinture et jetais le tout rageusement, le plus loin possible de moi.

Pour la troisième fois de la journée, je me laissais tomber à genoux sur le sol. J'essayais de faire le vide dans ma tête ; trop de pensées tournoyaient dans mon esprit, trop de souvenirs nouveaux pour ma mémoire s'y mélangeaient. J'y arrivais, et alors que je pensais pouvoir être tranquille, un autre vide, beaucoup plus douloureux, en moi depuis beaucoup plus longtemps, vint me faire souffrir.

La douleur de la mort de mon père, de mes amis, de ma Cité, avait été masquée dès que j'eus rencontré la Communauté de l'Anneau. La perte de Gandalf était venue s'ajouter à cette douleur. J'avais réussi à enfermer ce Mal dans mon cœur, mais maintenant que mes pensées étaient plus ou moins claires, je ressentis de nouveau la douleur que la solitude et la mort d'êtres chers avaient provoqué.

Je sentis les larmes me monter aux yeux, mais je fis mon possible pour les retenir. J'y arrivais plutôt bien jusqu'à ce qu'il n'arrive. Je ne l'avais pas entendu approcher, non, je l'avais senti (comme un sixième sens, pas avec le pif). Du coin de l'œil, je le vis s'asseoir près de moi, le regard fixé sur l'eau qui s'écoulait à nos pieds. Puis il tourna son regard bleu sur moi, m'observant attentivement. Je baissais la tête pour que mes cheveux cachent mes yeux à sa vue perçante.

Je savais qu'il ne me quittait pas des yeux, et je sentis qu'il voulait me parler. Mes mains se crispèrent sur le velours de ma robe, ce qu'il remarqua. Cette vue dû le motiver encore plus à me parler, car je l'entendis se mettre à genoux, face à mon profile, et déglutir. Pitié, non ne me parle pas. Si tu me parles, je vais craquer, et il ne faut pas que je craque ! Je t'en prie…

Isildis…

Trop tard. Mes lèvres se mirent à trembler, et je me les mordis pour qu'elles s'arrêtent, mais rien n'y fit. Je le sentis se rapprocher de moi. Non, non. Ecarte-toi ! Ne me touche pas ou je ne pourrais plus retenir mes larmes et ma peine ! Seulement il ne comprit pas.

Il posa une de ses mains sur mon épaule, et me força à lui faire face. Mais j'avais la tête toujours baissée. Alors, il prit mon menton entre son pouce et son index et m'obligea à lever la tête. Mes cheveux glissèrent en arrière, et il plongea ses yeux bleus dans mon regard pleins de larmes. Dans son regard direct et franc, je lus toute l'amitié qu'il me portait, toute l'hésitation qu'il avait à mon égard.

Il ne savait pas quoi faire, je le voyais bien. J'agis donc pour lui. J'écartais ses mains de mon visage et de mon épaule, et me jetait dans ses bras. Lorsqu'il eut refermé ses bras sur mon corps, je me mis à pleurer comme je n'avais jamais pleuré, extériorisant toute la peine et la douleur que j'avais enfoui au plus profond de mon être.

Je nouais mes bras autour de son cou et me collait à lui, cherchant un réconfort et un sentiment de sécurité qui m'avaient déserté depuis que j'avais fui les ruines de ma Cité. Je le sentis me serrer plus fort contre lui, et mes pleurs en furent redoublés. Je sentais son désarroi. Il pensait que c'était la mort de Gandalf qui me faisait pleurer comme une madeleine. Il n'avait pas tout à fait tort. Je pleurais pour les origines qu'on m'avait caché, pour ma Cité annihilée, pour mon père adoptif que j'avais toujours aimé et qui m'avais été enlevé, et pour mon véritable père, cet Atlante que je n'avais jamais connu et que je ne connaîtrais jamais.

Je finis par me calmer, n'ayant plus de larmes à verser. Avec lenteur et regret, je m'écartais des bras protecteurs entre lesquels j'avais pu soulager ma peine, et gardais la tête obstinément baissée. J'entendis mon ami soupirer, puis je sentis ses mains glisser sur mes joues et me relever la tête.

Isildis, me dit-il. Tu es forte et courageuse. Tu n'as pas à avoir honte de pleurer, surtout après ce que tu as vécu.

Je suis peut-être forte et courageuse, dis-je, la voix encore voilée par mes précédents pleurs. Mais je suis fière et orgueilleuse comme pas deux, et je ne supporte pas que les autres me voient pleurer comme une faible femme.

Mais je ne suis pas "les autres", me sourit-il. Je suis ton ami, et pour une petite part, je partage ta douleur.

C'est vrai, lui aussi avait perdu un ami dans les Mines de la Moria. Le contact de ses mains sur mon visage me rendant étrangement mal à l'aise, je posais mes mains sur les siennes et les écartais doucement de mon visage. Je me détournais de lui, regardant la rivière qui courait devant moi, mon profile lui faisant face. Je l'entendis s'asseoir près de moi, face à la rivière. Sentant que le sujet de mes larmes était sensible, il changea subtilement de conversation, et je l'en remerciait intérieurement, bien que le sujet qu'il choisit me déplut fortement.

Tu te souviens dans la Moria, quand je te retenais, les flèches sifflaient autour de nous. Pourtant, aucunes ne nous toucha, alors que, je dois l'avouer, les orques sont d'assez bon tireurs.

Je ne vois pas où vous voulez en venir Maître Elfe, dis-je les sourcils froncés par l'incompréhension.

Aucunes flèches ne nous a touché, pourtant nous étions visés.

Et alors ? demandais-je, sentant l'exaspération monter en moi.

Tu ne vois pas ce que j'essaie de te faire comprendre Isildis ? me demanda mon ami, ses yeux brillant d'excitation.

Par Eru, venez-en au fait Legolas ! explosais-je.

L'Elfe me regarda étrangement, puis il se leva d'un bond en riant et sautillant partout.

Ca y est ! Par Illuvatar, elle l'a enfin dis !

Je me levais à mon tour et l'attrapais par le bras en lui demandant :

Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit qui vous rende si joyeux mon ami ?

Mon nom ! Tu as dis mon nom, tu m'as appelé Legolas !

Oui, je vous ai appelé Legolas, mais il me semble que vous vous nommez ainsi, dis-je en le regardant comme s'il était fou.

Il éclata de rire de plus belle et, m'attrapant les mains, il me fit tournoyer avec lui. Lorsqu'il s'arrêta de tourner, il m'expliqua enfin la cause approfondie de sa joie.

C'est la première fois que tu utilises mon nom pour me parler. D'habitude tu uses des formules "Maître Elfe" ou "mon ami", alors que les autres tu les appelles par leur nom.

A bon ? Je n'avais pas remarqué. Quoi qu'il en soit, me repris-je en me souvenant du sujet de conversation initial. Je ne comprends pas ce que vous essayez de me dire.

C'est simple pourtant. Tu as fait de la magie !

Je regardais mon ami droit dans les yeux, cherchant une trace de folie que je ne trouvais pas. Puis mes lèvres frémirent, et, sans que je ne pus me retenir, j'éclatais de rire. Mon Elfe parut vexé. Je tentais tant bien que mal de me calmer, et lorsque j'y fus parvenue, je lui dis clairement :

Legolas, vous êtes dure de la feuille il me semble. Je ne sais pas faire de magie d'attaque, alors de défense !

Très bien, fit l'Elfe. Je vais te prouver que tu as fait de la magie. Je vais prendre mon arc et mes flèches, et je vais te tirer dessus.

Vous êtes fou Legolas, dis-je, le regardant de travers.

Peut-être bien. Mais si tu as peur de mourir, je comprendrais que tu refuses de te prêter au jeu, me défia-t-il.

L'imbécile. Un défi. Il me lance un défi ! Il sait comment me faire faire ce qu'il veut. Avec sa petite gueule d'ange et mon orgueil, comment lui résister ? Son défi, je le relevais.

Très bien, Maître Elfe, je relève le défi. Tirez-moi dessus tant que vous voulez, mais, de grâce, évitez les organes vitaux. Je n'ai pas échappé aux bras tentant de Mandos pour les rejoindre deux semaines plus tard !

Dès que j'eus fini de parler, je tournais le dos à mon ami et m'éloignais d'une vingtaine de mètres. Je refis face à l'Elfe qui avait encoché une flèche sur son arc et qui s'apprêtait à tirer. Pensant à ce que j'étais entrain de faire, je me mis à grogner assez fort pour que Legolas entende.

Stupides Elfes ! Pourquoi est-ce qu'il faut qu'ils soient aussi beaux, hein ? On ne peut rien leur refuser !

Je vis mon ami sourire et décocher sa flèche, qui, je le remarquais à présent, se dirigeait droit sur ma gorge. Avec horreur je la vis se rapprocher de plus en plus, sans que rien ne l'arrête. Au dernier moment, j'eus le réflexe de me pencher en arrière, ce qui me sauva la vie. La flèche passa un peu trop près à mon goût de mon abdomen, et je fusillais Legolas du regard dès que je me fus redressée. Il me fit un sourire d'excuse et ouvrit la bouche pour parler.

Désolé. On recommence ?

Mouais. Heureusement que je vous avez demandé de ne pas viser les organes vitaux, grognais-je.

Mais la gorge n'est pas un organe, me dit l'Elfe avec un grand sourire.

Je lui lançais un regard glacial, et murmurais un "imbécile" qu'il ne sembla pas entendre.

Allez-y, finissons-en.

Mon ami encocha une nouvelle flèche sur son arc, me visa et tira. La flèche partit. Surgissant de nul part, un enfant elfe se dressa devant moi. Je compris avec horreur que l'enfant prendrait la flèche si je ne faisais rien. Le petit être était pétrifié par la vue de la flèche fonçant droit sur lui, et il ne réagissait pas.

Alors j'agis. Je bondis sur l'enfant, l'entourais de mes bras, et le mettais à genoux avec moi. A ce moment-là, je ressentis une douleur atroce et lancinante dans les épaules. Les larmes me montèrent aux yeux, mais je n'y fis pas attention, tant mon désir de protéger l'enfant était grand. Je fermais les yeux, attendant de sentir la morsure de la flèche dans ma chair.

Je n'entendis pas le dos de ma robe se déchirer, et je ne vis pas la flèche tomber au sol, arrêtée par un mur invisible. Par contre, ce que je vis me stupéfia. Deux ailes blanches nous recouvraient, l'enfant et moi. Les ailes s'ouvrirent, me laissant voir un Legolas ahuri.

Je me relevais, le petit Elfe toujours serré contre moi, et regardais derrière moi. De stupeur, je lâchais l'enfant et tournais sur moi-même, essayant stupidement de me trouver face aux ailes. Lorsque je compris que ces ailes m'appartenaient, je m'immobilisais et essayais de les faire bouger. Je vis avec effarement les plumes blanches frémir, et les ailes se mettre en mouvement. Je me tournais alors vers Legolas, cherchant une explication. Mon ami fixait mes ailes avec fascination, et je le vis faire un pas en avant, comme s'il était attiré par mes plumes. Le cri de l'enfant Elfe que j'avais sauvé le ramena sur terre.

Un Ange ! Un Ange ! cria le petit être aux longues oreilles en partant en courant et rameutant les Elfes qui se trouvaient à proximité.

En voyant les hommes et les femmes Elfes s'approcher de moi, je me mis inconsciemment à reculer vers Legolas, puis je m'arrêtais, me ressaisissant. Soudain, je sentis quelque chose se glisser dans les plumes de mes ailes, me chatouillant.

Je me tortillais légèrement, et me mis à rire sous les regards remplis d'incompréhension des Elfes.Je me retournais, et, toujours en riant, je vis Legolas passer la main dans une de mes ailes.

Legolas, hahaha… Arrêtez, héhéhé… Vous me chatouillez !

Mon ami retira brusquement sa main. Il baissa les yeux comme un enfant pris en faute, et je secouais mes ailes. C'est alors que je me rendis compte que les Galadhrim s'étaient avancés vers moi, les mains tendues pour caresser mes ailes.

Prise d'un mouvement de panique, je me mis à battre des ailes pour faire s'écarter les mains avides. Ma tactique réussit pas mal, et je me mis en marche, cherchant Nensil du regard. Je repérais bientôt mon épée au pieds d'un arbre, et allais la chercher. Les Elfes s'écartaient à mon passage, et lorsque je fis demi-tour, Nensil à ma ceinture, je me retrouvais en face de mes amis de la Communauté, et du Seigneur Celeborn et de la Dame Galadriel, tout deux me souriant.

Tu vois que la Magie est en toi, me dit la Dame. Les ailes entre tes omoplates sont une manifestation de ta magie atlante.

Tourne-toi, que je vois tes ailes, m'ordonna ensuite le Seigneur Celeborn.

Je m'exécutais, mal à l'aise devant tout ces regards. Mes ailes étaient repliées dans mon dos, mais dès que je sentis une main glisser sur mes plumes, j'ouvris brusquement mes ailes pour chasser l'intrus.

Je me retournais vivement, et, la panique me gagnant, je me mis à battre des ailes. Je m'envolais maladroitement, le plus loin possible de tout ces Elfes curieux. Plus loin, je vis au sol les Semi-Hommes, et pensant être tranquille avec eux, je me posais en catastrophe, l'atterrissage étant plus difficile que le décollage.

Isildis ! s'exclama Pippin. Tu as des ailes dans le dos !

On avait pas remarqué, ironisa Merry, les yeux fixés sur mes plumes d'un blanc éclatant.

Je repliais doucement mes ailes dans mon dos et regardais mes petits compagnons, mal à l'aise. Frodon s'approcha de moi et me dit, un sourire ourlant ses lèvres :

Je suis heureux que ta Magie commence à s'éveiller Isildis. Tes talents de combattante nous sont d'une grande d'aide, et tes pouvoirs seraient un atout.

Je regardais ce petit être avec tristesse. Pourquoi est-ce qu'une responsabilité aussi lourde que la destruction de l'Anneau Unique devait reposer sur un être qui n'aspirait visiblement qu'à une existence calme et tranquille dans sa contrée ? La vie était injuste.

Ce jour-là, je me promis de faire tout ce qui serait en mon pouvoir pour protéger et aider le Semi-Homme, et si cela impliquait de la Magie, MA Magie, alors je découvrirais mes pouvoirs et apprendrais à m'en servir !Je posais ma main sur l'épaule du Hobbit, m'agenouillais pour être à sa hauteur, et lui parlais :

Frodon, je fais le serment de vous aider et de vous protéger, dussais-je en mourir, promis-je. J'apprendrais à connaître et à maîtriser mes pouvoirs. Je ferais tout pour alléger votre fardeau.

Je le sais, me sourit le Semi-Homme. J'ai su que je pouvais te faire confiance dès que tu es apparue dans la lumière de notre feu à Eryn Vorn.

Je souris à mon ami, eus une pensée pour ceux que j'avais perdu, mais ne la laissa pas s'ancrer en moi, et me relevais. Je m'écartais des Semi-Hommes et allais m'asseoir en tailleur par terre. J'étais décidée à savoir quels étaient mes pouvoirs, alors je fermais les yeux et me concentrais. Je cherchais quelque chose en moi. Je ne savais pas quoi, mais je cherchais dans mon esprit.

C'est là que je les vis. Deux petites flammes, l'une rouge et l'autre bleue. Je m'approchais de ces deux flammes et tendis une main vers chaque feu coloré. Ma main gauche n'eut pas besoin de toucher la flamme rouge pour que je ressente de la chaleur s'en dégager. Je compris que cette petite flamme rouge était le Feu.

Lorsque ma main droite toucha le feu bleu, je sus que cette flamme était l'Eau. Sans faire attention aux sensations qui m'envahissaient, je plongeais mes mains dans chaque flamme, me laissant envahir par ce que je ressentais. Puis j'eus l'impression d'avoir totalement absorbé les flammes rouge et bleue.

J'ouvris brusquement les yeux et posais mon regard sur mes mains. Je sentais les pouvoirs de feu et d'eau qui couraient dans mes veines. Je me concentrais sur le pouvoir d'eau, et une sphère liquide apparut dans ma main.

Isildis !

La voix qui m'appela me fit perdre ma concentration, et la sphère disparut. Je me relevais et fit face à l'homme qui m'avait déconcentré.

Oui Aragorn ?

Je peux te parler un moment ? me demanda-t-il.

Bien sûr. Marchons un peu voulez-vous ?

Il hocha la tête et m'emboîta le pas. Nous fîmes quelques mètres, puis, tout en marchant, mon ami se mit à ma hauteur et engagea la conversation.

Je suis curieux de savoir comment tes ailes se sont montrées.

Je lui racontais l'épisode des flèches et de l'enfant Elfe, puis un silence calme se fit entre nous. Devais-je lui dire que j'avais trouvé deux pouvoirs et que leur apprentissage était plus facile que ce que je croyais ? Oui… Non… Je devais me décider, et en un quart de seconde, je sus ce que j'avais à faire.

Aragorn, commençais-je difficilement. Il faut que je vous avoue quelque chose.

Le Rôdeur tourna vers moi un regard attentif. Je savais que j'aurais du mal à exprimer ce que je voulais dire, alors je lui montrais. Je lui montrais mes mains, paumes vers le ciel, et me concentrais. Dans ma main droite, une sphère liquide bleue se matérialisa, tandis que dans ma main gauche, une sphère rouge nimbée de flammes apparaissait.

J'étais surprise. Matérialiser mes pouvoirs était beaucoup plus simple que ce que j'avais réussi tout à l'heure. Je relevais les yeux sur mon ami et sourit de son expression figée de stupeur. Je décidais alors de l'impressionner, comme une fille essaye d'impressionner son père. Je me concentrais un peu plus, et les deux sphères se modifièrent : elles entourèrent mes mains, comme des gants, et remontèrent le long de mes bras.

Une moitié de mon corps fut bientôt recouvert d'eau, et l'autre de feu. Pendant une seconde, je cru que la mâchoire d'Aragorn allait se fracasser par terre, tant sa surprise était grande. Je souris et le vit me regarder de haut en bas. Lorsque ses yeux se posèrent sur les miens, je vis sa surprise s'accroître un peu plus.

Qu'y a-t-il ? demandais-je doucement.

Tes yeux. Quand tu utilises la magie, ils deviennent gris argenté, me répondit-il, fasciné.

Quelque peu étonnée, je fis disparaître ma carapace de flammes et de liquide.

C'est hallucinant, dit mon ami. Je n'en reviens pas que tu es réussi à maîtriser à peu près correctement tes pouvoirs !

Je sais, répondis-je. Je n'y croyais pas moi-même il y a quelques minutes.

Le silence retomba sur nous, mais je voyais qu'Aragorn était heureux que j'ai pu trouver mes pouvoirs. Il nous fallait revenir au camp maintenant. Je proposais à mon ami de lui faire faire le chemin du retour sans toucher le sol. Sceptique, Grands-Pas accepta quand même. Je m'envolais une seconde fois, moins maladroitement que la première.

J'attrapais les poignets de mon ami qui referma ses mains sur les miens, et je me dirigeais tranquillement vers notre camp. Lorsque nous arrivâmes, Legolas, Gimli et Boromir étaient déjà là. Je déposais Aragorn avant d'atterrir dans un frou-frou de plumes.

Dis-moi Isildis, m'interpella l'Elfe. Tu comptes dormir sur un matelas de plumes ? me demanda-t-il, un éclair de malice traversant son regard.

Mon cher Elfe, commençais-je. Si j'arrive à maîtriser sans trop de mal le feu et l'eau, faire disparaître mes ailes doit être un jeu d'enfant.

Les mâchoires du Nain, de l'Elfe, de l'Homme et des Hobbits se décrochèrent et j'eus peur pour elles. Mais mes sept amis se reprirent et fermèrent leurs bouches, à défaut de cacher leur stupeur et leur curiosité. Dans leurs yeux brillait une minuscule lueur de scepticisme que je décidais de faire disparaître.

Je me concentrais sur mon pouvoir d'eau et créais une forme humaine bleue, à qui je donnais l'apparence de Legolas. Sidéré, l'Elfe s'approcha de sa réplique liquide, et lui tourna autour.

Incroyable, murmura-t-il. C'est exactement moi ! s'exclama l'Elfe en me regardant.

Je souris malicieusement à mon ami, et créais un autre personnage, plus petit, en feu et à l'effigie de Gimli. Ebahis, mes amis regardèrent les personnages d'eau et de flammes que je modifiais plusieurs fois pour qu'ils prennent chacun leur tour l'apparence d'un membre de la Communauté. Lorsque l'être d'eau prit la forme de Gandalf, le jeu cessa, et l'atmosphère s'alourdit.

D'un geste rapide de la main je fis disparaître mes deux création, tandis qu'Aragorn déclarait qu'il était temps d'aller nous coucher. Je regardais les Hobbits partir les épaules basses, et je m'insultais mentalement pour ma stupidité. Je vis Boromir et Gimli s'éloigner, puis je dirigeais mes pensées sur mes ailes.

Je les déployais de toute leur envergure et les regardais pensivement. Si elles étaient sortie de mon dos, elles devaient pouvoir s'y remettre, me dis-je. Mais comment faire ? Je décidais de laisser mon instinct me guider. Je fermais les yeux, et me concentrais très fort. Je sentis mes ailes frémir, puis se mettre à rétrécir. J'arrivais à faire disparaître mes ailes !

Mais j'avais oublié la douleur. Brusquement, mes épaules me firent souffrir, et j'étouffais tant bien que mal un cri de douleur. Au fur et à mesure que mes ailes rentraient dans mon dos, la douleur devenait plus intense, plus sourde, plus lancinante. Une fois que mes ailes eurent réintégré mon corps, la souffrance disparut, et je tombais sur le sol de Lothlorien.

Après l'effort que je venais de fournir, le sommeil me gagnait, lentement mais sûrement. Je sentis à peine deux bras me soulever et m'emmener vers ma tente. Je ne sentais que la chaleur que l'être qui me portait dégageait. Avec les dernières forces qu'il me restait, je me blottis contre la source de cette chaleur bienfaisante. Puis je sombrais dans l'oubli du sommeil.

xoxoxoxoxoxoxo

Quand je me réveillais, le lendemain matin, le jour n'était pas encore levé. J'étais fatiguée et courbaturée, mais malgré cela, je me redressais. De mes épaules glissa alors une cape que je connaissais bien. C'était celle de Legolas. Etait-ce lui qui m'avait porté jusqu'ici ? Il faudrait que je pense à le remercier.

En attendant que les autres se réveillent, il fallait que je me lave. Notre voyage avait été long, les combats rudes et la possibilité de prendre un bain, extrêmement rare. Je me levais donc, et me dirigeais vers un coude de la Nimrodel qui était caché par d'épais buissons d'arbrisseaux. J'observais attentivement les alentours, et après m'être assurée que personne ne se trouvait dans les environs, je retirais ma robe rouge et plongeais avec délice dans l'eau fraîche.

J'aimais nager, et je pouvais rester longtemps sous l'eau. Lorsque je refis surface, je décidais de m'amuser un peu. J'utilisais mes pouvoirs : l'eau me fit sortir de la rivière et habilla mon corps d'une toge liquide bleu sombre. Je fis se tordre la surface des flots, et de petites colonnes d'eau s'élevèrent autour de moi.

D'un geste de la main, une couronne de flammes rouges orna ma chevelure (sans la brûler). Je marchais sur l'eau, allant jusqu'à la berge. Je m'approchais de ma robe de velours, la pris à bout de bras, et la regardais tristement. Le voile blanc de la manche gauche était en pièce, le dos de ma robe était affublé de deux grandes déchirures causées par mes ailes, et le velours sombre de mon vêtement était tâché du sang noir d'orque, de terre et de poussière.

Je laissais retomber ma robe rouge et retournais me baigner, m'enfonçant dans l'eau comme j'en étais sorti. Je me baignais encore quelques minutes, puis, vérifiant que personne n'était dans les environs, je sortis de l'eau. J'enfilais rapidement ma robe, et me retournais vivement quand j'entendis une branche craquer.

Depuis combien de temps êtes-vous là ? sifflais-je froidement, la honte et la colère se disputant mon esprit.

Je viens juste d'arriver, dit l'homme, mal à l'aise. Je me promenais et je ne savais pas que vous faisiez vos ablutions.

Je plongeais mon regard turquoise dans les yeux bleus de mon vis-à-vis, cherchant une trace de sincérité. Lorsque je l'eus trouvé, je me détendis, et ma colère retomba. Mais ma honte, elle, monta d'un coup, et je sentis, pour mon plus grand malheur, mes joues s'enflammer. Désireuse que cet incident ne s'ébruite pas, je demandais :

Haldir, je souhaiterais que vous oubliez ce que vous venez de voir.

Voir quoi ? me répondit l'Elfe. Je n'ai vu personne se rhabiller. J'ai juste croisé une jeune fille que j'aimerais défier, me sourit il.

Un défi ? Mais avec plaisir jolie créature sylvestre.

Quel genre de défi ? demandais-je, mes yeux brillant d'excitation.

Tu m'as battu lors d'un affrontement déloyal…

Déloyal ? m'exclamais-je. Mais vous nous espionniez !

Et tu m'as donné un coup de genoux dans les…

Je sais, désolée ! m'écriais-je gênée.

Haldir sourit, amusé, et continua de m'expliquer en quoi consistait son défi.

Je te propose un combat loyal, une sorte de compétition amicale. Nous nous affronterons à l'arc et à l'épée. Ca te vas ?

J'accepte, mais j'insiste pour qu'il y ait un arbitre.

D'accord, Orophin sera l'arbitre.

Ah non ! lançais-je. C'est votre ami, il vous avantagerait ! Legolas sera l'arbitre.

Non, Legolas est votre ami, il serait partial ! s'écria l'Elfe de Lothlorien.

Alors ils seront tout les deux arbitres, décidais-je.

Haldir me lança un regard sceptique.

Vous préférez que tout le monde assiste à notre combat ? dis-je, exaspérée par la tournure que prenait la discussion.

Oups ! Je crois que j'aurais dû me taire. L'étincelle qui venait de s'allumer dans ses yeux ne me plaisait pas. Je fus renforcée dans cette impression dès que l'Elfe exprima son idée.

Mes amis et les tiens regarderont, et ceux qui veulent aussi. Il n'y aura pas d'arbitre, juste des spectateurs, ça te vas ?

Je ne sais pas ce qui me poussa à accepter le défi ce jour-là, mais je le fis. Nous avions convenu de nous retrouver devant le mellyrn (arbre de Lorien aux fleurs jaunes) qui soutenait le palais du Seigneur et de la Dame des Galadhrim. Nous nous séparâmes tranquillement, et je rejoignis mon campement. Mon impatience devait se voir, car lorsque j'arrivais, Aragorn, qui était déjà levé, me demanda, amusé :

Qu'est-ce qui te rend si joyeuse de si bon matin, Isildis ?

Ca se voit tant que ça ? demandais-je, un sourire aux lèvres.

Oui, me répondit il. Tes yeux pétillent, tu souris, et tu as l'air d'une adolescente.

Mais je suis une adolescente Aragorn, dis-je toujours souriant.

Mon ami se rembrunit légèrement. Je savais ce qu'il avait voulu dire. Il me connaissait depuis peu, et pour lui, j'étais une combattante et une femme… jusqu'à ce qu'il apprenne mon âge. Son malaise passa rapidement, et il me demanda ce qui me mettais dans un état d'impatience avancé.

Haldir m'a défié. Une compétition de tir à l'arc et un combat à l'épée ! lui racontais-je fébrilement.

Tu n'as pas accepté j'espère ! s'exclama-t-il.

Bien sûr que si ! confirmais-je, sans comprendre sa réaction.

Mais tu n'as aucune chance contre Haldir, c'est le meilleur combattant Elfe !

Et alors, j'ai gagné une fois contre lui. Pourquoi pas deux ? Si vous avez si peu confiance en mes capacités, pourquoi m'avoir demandé de vous accompagner ? lui lançais-je avant qu'il puisse répliquer.

Sans lui laisser le temps de répondre, je retournais à mon lit, sous ma tente. J'entendis ensuite la voix de Legolas, qui venait d'arriver.

Elle a raison Aragorn. Elle est tout à fait capable de battre Haldir, dit doucement l'Elfe.

La réponse d'Aragorn se perdit dans un murmure, et les deux hommes s'éloignèrent. Je remerciais silencieusement mon ami Elfe pour m'avoir défendu, puis me retournais vers mon lit. Ce que j'y vis me stupéfia. Une robe, une longue robe était posée sur mon lit. Je la pris à bout de bras et la regardais avec émerveillement. Je décidais de l'essayer immédiatement. Je retirais rapidement ma robe de velours rouge et enfilais celle que j'avais reposé sur le lit.

Lorsque je fus de nouveau habillée, je fis apparaître un miroir d'eau, et je me contemplais avec stupeur. J'avais l'impression d'être vêtue d'eau et de vent, tellement le tissu était doux et soyeux. Je devinais que cette merveille était de facture elfique. La robe était de couleur de lune, argentée et opalescente. Elle n'avait pas de manches et était attachée dans le cou.

La robe possédait un dos-nu qui s'arrêtait à ma taille, et elle me descendait jusqu'aux chevilles. Le vêtement elfique était confortable et n'entravait pas mes mouvements. Je fis disparaître le miroir et allais prendre la brosse à cheveux qui avait été apportée en même temps que la robe. Je me brossais les cheveux, reposais la brosse et allais sortir, quand mon regard se posa sur une paire de chaussures que je n'avais pas vu.

C'était des bottes de cuir de la même couleur que la robe et qui me montais jusqu'à mi-cuisse lorsque je les eus enfilé. Je me sentais bien dans ces vêtements et chaussures elfiques ! J'attachais Nensil autour de ma taille, et sortis enfin. Une fois hors de ma tente, je croisais les Semi-Hommes, Boromir et Gimli, mais ne m'arrêtais pas pour discuter. Je les saluais de la main et d'un sourire, et je continuais mon chemin vers le lieu de mon défi. Quand j'arrivais, Haldir était déjà là, discutant avec Orophin et quelques uns de ses amis Elfes.

Le premier à remarquer ma présence fut Orophin. Il s'arrêta en plein milieu d'une phrase, et me détailla de la tête aux pieds rapidement. Haldir, qui me tournait le dos, se retourna pour voir ce qui avait interrompu son ami.

Désolée d'interrompre votre conversation Messieurs, dis-je poliment. Je suis venue pour votre défi Haldir, fis-je en regardant l'Elfe concerné.

Il mit un peu de temps avant de comprendre ce que j'avais dis, mais lorsque l'information eut atteint son cerveau, ses yeux s'animèrent.

Je t'attendais justement, gamine, sourit il.

Moi, gamine ? répétais-je en fronçant les sourcils. Moui, ça me plaît assez… Papy ! souris-je malicieusement, tandis que les amis d'Haldir se moquaient gentiment de lui dans leur langage.

Haldir rougit, de colère visiblement, prit son arc, son carquois et deux pommes. J'empruntais l'arc et les flèches d'Orophin, et suivais mon adversaire. Lorsque l'Elfe s'arrêta, je fis de même et écoutais attentivement ce que serait l'épreuve.

Retour à l'envoyeur et celui qui tire sur la cible la plus éloignée.

Haldir, encore sous le coup de la colère, avait parlé peu et vite, mais je souriais d'avance, certaine de mon adresse. Contrairement à l'ordre d'énonciation des épreuves de tir à l'arc, nous commençâmes par la cible. Je tirais la première, à 15 pas (mètres) de la cible, et mettais ma flèche dans le mille. Haldir fit de même, et nous continuâmes ainsi jusqu'à être à 85 pas de la cible.

Je tirais et ma flèche se planta au centre de la cible. Haldir tira à son tour, et à ma grande stupéfaction, sa flèche fendit la mienne en deux, et se planta exactement au même endroit que la mienne. Admirative, je dis à mon adversaire :

C'est un fait, vous avez remporté la première épreuve Haldir. Mais je ne vous laisserais pas gagner à la prochaine épreuve.

C'est ce que nous verrons, gamine, me sourit l'Elfe, arrogant.

Je pris une des pommes que l'Elfe avait pris, me la mettais sur la tête, encochais une flèche et bandais mon arc, tandis que mon adversaire me tournait le dos. Je lâchais la corde soudainement. La flèche partit vivement, et au moment où elle allait se planter dans son dos, Haldir se retourna, attrapa le trait, l'encocha sur son arc et tira.

Sa flèche fendit ma pomme en deux, frôlant ma tête. Je rattrapais les deux morceaux de pommes, et en lançais un à Merry et l'autre à Pippin. Les quatre Semi-Hommes, Boromir et Gimli, ainsi que les Elfes qui avaient parlé avec Haldir nous avaient entouré, chacun encourageant celui qu'il voulait voir gagner.

C'était à mon tour de tourner le dos. Je me retournais donc, confiante en mes réflexes et mon intuition. Lorsque j'entendis la flèche siffler dans l'air, j'attendis 3 secondes, et me retournais, attrapais la flèche, l'encochais et tirais. Ma flèche fendit la pomme qui était sur la tête d'Haldir.

Mes amis exprimèrent leur joie bruyamment, attirant d'autres Elfes, Legolas et Aragorn. De colère, Haldir jeta son arc et son carquois au sol, et dégaina son épée. Je souris ironiquement, lançais l'arc et le carquois que je lui avais emprunté à Orophin, et sortais Nensil de son fourreau.

Je ne fis pas attention à l'étrange éclat qui scintillait autour de la lame de mon arme, et je me mis en garde, les genoux fléchis, le bras gauche tendu devant moi, le bras droit et Nensil dans le dos, pointe vers le ciel. J'attendis ainsi plusieurs minutes, jusqu'à ce que mon adversaire craque. Haldir attaqua le premier. Il fondit sur moi à la vitesse d'un Elfe en colère, et abattit son épée sur mon crâne.

Je parais son coup avec Nensil, et le repoussais. A mon tour j'attaquais, mais Haldir para et m'éloigna de lui. Nos épées volaient, les lames s'entrechoquaient, faisant naître des étincelles. Plus nous combattions, et plus la compétition se transformait en véritable combat. A un moment, Haldir passa derrière moi, et le temps que je me retourne, il m'avait blessé au bras droit et s'était mis hors de ma portée.

Je portais vivement ma main à ma blessure, et sentis que je saignais. Le silence planait sur les lieux du combat. Chaque personne présente attendait ma réaction ; mes propres amis se demandaient comment j'allais réagir. Mes cheveux noirs cachaient mes yeux, et j'avais baissé la tête pour voir ma blessure.

Lorsque je relevais la tête, Aragorn eut un sursaut de stupeur, et je vis les yeux d'Haldir s'écarquiller d'incompréhension. Je me redressais et laissais retomber ma main ensanglantée le long de mon corps ; le sang tombait goutte à goutte sur l'herbe verte de Lorien. Je souris à mon adversaire, mais d'un sourire que personne ne m'avait jamais vu porter.

Un sourire de tueur, murmura Legolas. Et ses yeux ont pris une teinte grise argentée, dit il à Aragorn.

Aragorn ne dit rien, et je me concentrais de nouveau sur Haldir. Une compétition amicale hein ? Tu viens de me blesser, petit Elfe, surveille tes arrières ! Je me mis de profil devant mon adversaire, Nensil au niveau de mes yeux, parallèle au sol, et attendit. La lame de mon épée brillait de plus en plus, mais je n'y faisais pas attention. Maintenant le jeu devient sérieux ; tu as fais couler mon sang, je dois te rendre la monnaie de ta pièce. Prépare-toi à souffrir petit Elfe, j'arrive !

Avec rapidité, je m'élançais, Nensil en main. Je bondis et abattis mon arme sur Haldir. De justesse il arrêta Nensil, mais son réflexe ne suffit pas. Dans un crissement assourdissant, la lame de l'épée de l'Elfe se brisa, Nensil la coupant en deux. Haldir recula de quelques pas sous le choc. Je me redressais et le regardais droit dans les yeux.

Je crois que vous êtes blessé Maître Elfe, dis-je sérieusement.

Tu dis n'importe quoi, gamine ! lança Haldir.

D'un geste de la main gauche, je désignais ma pommette. Haldir leva la main et passa deux doigts sur la sienne avant de regarder sa main. L'index et le majeur de l'Elfe était rouge de sang, une fine coupure ornant sa pommette. A sa tête, je sus qu'il se demandait comment j'avais réussi à faire ça, et je dois avouer que, dans les limbes de ma colère, je me posais la même question.

Quoi qu'il en soit, je n'allais pas laisser cet Elfe arrogant et prétentieux vaincre une seconde fois. Profitant de son désarrois (et la colère aidant), je déployais mes ailes sans prendre garde à la douleur qui en résulta, et je m'élançais vers lui, Nensil en avant. Sous le coup de la surprise, Haldir tomba en arrière la garde de son épée brisée brandie devant lui en un futile geste de protection.

Les ailes largement déployées, les yeux flamboyants de colère, j'atterris près de l'Elfe à terre, lui enlevais le tronçon d'épée qu'il avait en main d'un coup de pied, et levais mon arme au dessus de sa tête, pointe vers le bas. Je sentis ma magie s'emballer. Mes cheveux volaient autour de ma tête, ma robe claquait contre mes jambes, mes ailes étaient droites, pointées vers le ciel. Je n'arrivais plus à contrôler mon pouvoir. Je vis la lame de Nensil briller d'un éclat bleu éblouissant, puis j'abattis mon épée sur l'Elfe avec un cri de rage et de désespoir. Une lumière bleue aveuglante irradia la clairière dans laquelle nous étions, son éclat faisant fermer les yeux aux spectateurs de notre combat.

xoxoxoxoxoxoxo

Quand je fus de nouveau en possession de ma magie, je sus que mes yeux étaient de nouveau bleus lagon, et je me rendis compte que j'avais un genou au sol. Je dirigeais alors mon regard sur mon adversaire ; Haldir fixait le ciel sans le voir, trop choqué par ce qu'il venait de se passer pour réagir. Je vis les yeux bleus de l'Elfe tourner et se fixer sur la lame de mon épée qui était fichée en terre, à quelques centimètres de son crâne.

Réalisant soudain ce qui se serait produit si je n'avais pas dévié Nensil au dernier moment, je sentis une rage et une haine brûlantes monter en moi. Je me relevais brusquement et m'éloignais rapidement, cherchant une fois de plus la solution à mon problème dans la fuite.

C'était sans compter le masochisme des Elfes. Haldir, qui avait trouvé la force (et le courage) de se relever, me retenait par le poignet, m'empêchant de partir.N'osant pas le regarder, je fixais sa main qui enserrait mon poignet et lui dis :

Vous devriez me lâcher Haldir, je ne veux pas vous faire de mal.

Tu ne m'en feras pas Isildis, dit doucement l'Elfe. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais tu ne m'as pas tuer.

Moi je sais ce qu'il s'est passé, rétorquais-je. Ma Magie s'est emballée, et j'ai failli vous tuer ! Je ne veux pas que ça recommence, alors lâchez-moi, que j'ailles tuer ceux qui m'ont volé ma vie plutôt que les alliés des Hommes !

Je me dégageais vivement de la poigne de l'archer, et tournais les talons. Je me stoppais net lorsque les paroles, véridiques, d'Haldir atteignirent mes oreilles :

Vas-y, fuis-moi, fuis tes responsabilités. Tu ne m'as pas tué, seulement failli. Mais si la fuite te conviens, tu ne vaux pas mieux que ceux que tu pourchasses !

Dès que le sens de ces paroles eut percé les brumes de la panique qui envahissaient mon cerveau, des images de ma Cité en ruines, de la mort de mon père adoptif et de ma fuite m'assaillirent. J'étais pétrifiée par le passé. Le souvenir des orques envahissant Minas Elen et me pourchassant me fit réaliser ce qu'Haldir essayait de me faire comprendre. Lentement, je me tournais vers l'Elfe que j'avais manqué de tuer. Je le regardais droit dans les yeux et lui lançais :

Vous insinuez que je ne vaux pas mieux qu'un orque ? Mais que savez-vous de moi ? Vous n'avez pas vu votre Cité se faire éradiquer, vous n'avez pas vu votre peuple se faire massacrer jusqu'au dernier, vous n'avez pas combattu un Balrog, vous n'avez pas été à deux doigts de franchir les Portes de Mandos ! Moi oui. Alors quand vous dites que je ne vaux pas mieux qu'un orque, que ceux qui m'ont volé ma vie, vous m'insultez !

Haldir fixait son regard bleu à mes yeux turquoises qui, je le savais, renvoyaient tout la colère qui bouillonnait en moi. Soudain, il sourit. Je venais de cracher mon venin, et ce crétin souriait ! Décidément, ces Elfes sont vraiment marteaux. Toujours souriant, Haldir recula d'un pas et, en elfique, clama haut et fort en se tournant vers ses semblables :

Cette enfant m'a vaincu. Je l'ai défié et j'ai perdu. Vous avez tous été témoin de la force, de la puissance et du courage de l'Atlante. Ce petit bout de femme nous a prouvé que les Humaines n'étaient pas aussi faible qu'il n'y paraissait. Je crois que nous serons dorénavant moins prompt à juger de la faiblesse d'autrui.

Je n'avais rien compris à la tirade d'Haldir, ne parlant pas elfique. Mais j'avais vu les Elfes répondre avec assentiment aux paroles du capitaine elfique. Puis Haldir me fit encore face et s'adressa à moi en Langue Commune :

Tu m'as vaincu. Tu peux être fière de toi petite fille, me sourit-il.

Tiens, ce n'est plus fillette ?

L'Elfe éclata de rire et m'invita à se joindre à ses amis et lui. Voilà, nous étions devenu de bons amis. Je passais le reste de ma journée à apprendre la maîtrise de mes deux pouvoirs et le vole.

xoxoxoxoxoxoxo

Nous restâmes près d'un mois en Lothlorien. Au bout de ce laps de temps, je maîtrisais parfaitement l'eau, le feu et mes ailes, et pour la Communauté de l'Anneau, le temps de reprendre la route du Mordor était venu. Nous allâmes voir Galadriel et Celeborn. La Dame des Galadhrim nous offrit des présents ; Gimli reçut trois cheveux de la Dame, Merry et Pippin eurent chacun une ceinture d'argent dont la boucle était une fleur d'or, et Boromir, une ceinture d'or.

Legolas se vit offrir un arc Galadhrim, à la corde faite de cheveux d'elfe. Sam reçut une boîte contenant un peu de terre fertile de Lorien, Aragorn eut un fourreau fait spécialement pour son épée, où s'entremêlaient fleurs et feuilles d'argent et d'or, ainsi que des gemmes qui donnaient le nom d'Anduril et de sa lignée. La Dame lui donna également une grande pierre vert clair montée dans une broche d'argent en forme d'aigle aux ailes déployées, et appela Aragorn Elessar, pierre elfique de la lignée d'Elendil.

Frodon reçut de Galadriel une fiole de cristal qui contenait la lumière de l'étoile d'Eärendil, tirée du Miroir de Galadriel. Quant à moi, le Seigneur Celeborn m'offrit un pendentif que ma mère et mon père adoptif lui avaient offert, il y a 15 ans. Mon présent était fait d'une fine chaînette de mithril, à laquelle pendait une petite femme d'argent nue agenouillée, les ailes déployées, et tenant dans ses mains une étoile de saphir à cinq branches, symbole de Minas Elen, la Cité Bleue.

Puis nous partîmes enfin. Lorsque les arbres de la Lorien ne furent plus visibles des embarcations dans lesquelles nous continuions notre route, les paroles du Seigneur résonnaient encore dans mon esprit. "Tes parents m'avaient donné ce pendentif le jour de tes 1 an, me faisant promettre de te le remettre si je venais à te croiser. Ils me l'ont laissé avec cette phrase : « seul un puissant invoqueur pourra trouver le secret de notre Etoile. » Ce bijou s'appelle Hoshi, l'Etoile dans la langue de ton peuple."