Sound of Silence

Note : Un petit one-shot, parce que vous le valez bien :-D

Je suis plus satisfaite du début que de la fin, ma foi…

Résumé : Une Lily solitaire, introvertie et angoissée réfléchit, une nuit de pleine Lune…

Merci Click, Eiream, Zabou, Aphrdite, cc johnson et Estia pour vos reviews au one-shot précédent ! Bisous à toutes

Je suis là, et l'angoisse me prend, comme un tourbillon ravageur qui m'arracherait d'un geste plein de hargne mes pensées les plus intimes. Mon ventre se tord de douleur, tandis que ma gorge se noue, captive d'une étrange sensation que je ne peux replacer. Je sais que quelque chose me torture, me dévore de l'intérieur, à petit feu, déchirant les tréfonds de mon âme. Il y a ces gens, qui m'encerclent de toutes parts. Bien vivants mais à la fois si irréels…Je ne les vois plus, omnubilée par l'angoisse qui m'a saisie, mais en même temps je ne vois qu'eux. J'imagine leurs regards accusateurs et leurs doigts vengeurs. Je me figure leurs mimiques moqueuses et leurs cruels chuchotements. Tout me paraît flou, comme appartenant au monde onirique dans lequel je me réfugie jour après jour, heure après heure, pour échapper à la décevante médicorité de ma vie, pour fuir ce monde que je honnis. Je me sens si seule…J'ai comme l'impression d'être un animal sauvage terrifié, pris au piège dans une cage close. La cage d'une société qui ne me convient pas, qui ne m'a jamais convenu, tant elle impose de règles inconscientes. Nous sommes si libres, et pourtant cette liberté ne se résume en fait qu'à un certain modèle. Un modèle que je voudrais atteindre, de tout mon cœur, mais qui m'est fermé. Un peu comme un monde dont la porte demeure close. J'ai longtemps caressé l'espoir qu'elle s'entrouvrirait un jour. Pas assez pour me laisser passer, mais suffisament pour laisser filtrer une raie de lumière, qui viendrait alors illuminer de pleins feux ma triste réalité.

Je me sens si seule. J'attends désespérément une issue, mais elle ne vient pas. Elle ne vient jamais. J'ai beau hurler, sangloter et laisser éclater la rage qui coule en moi, le monde, mon monde, demeure froidement obscur et hostile. Mais la vérité, c'est que je ne laisse rien éclater du tout. Tout ça, toute cette révolte et cette souffrance, ce n'est qu'intérieur. Je garde tout pour moi, et je peux pas m'en plaindre, car c'est un choix que j'ai fait seule, sans pression extérieure.

Mais alors, pourquoi, pourquoi, mon dieu, suis-je si malheureuse ? Pourquoi suis-je incapable d'exister ?

J'aimerais être intelligente. J'aimerais être belle. J'aimerais être cultivée. J'aimerais être tellement de choses…Je voudrais mourir.

Mais je ne suis rien de tout ça. Juste une gamine que sa misérable et pathétique vie a déjà épuisée et vidée de toute envie de lutter. Juste ça, rien de plus. Juste une adolescente qui voudrait dormir pour l'éternité, émitoufflée dans un monde plus blanc, plus pur, moins difficile. Un monde qui soit fait pour elle.

Mon cœur se serre, comme si un étau brûlant s'était précipité en moi pour l'enserrer de deux bras jusqu'à le briser. Mes yeux me brûlent, emplis de lave brûlante qui coule sur mes joues jusqu'à atteindre la comissure de mes lèvres, puis ma nuque douloureuse d'avoir trop lu. Mon corps tire de toutes parts, épuisée par l'effort des duels journaliers. Quêtant une délivrance, je me courbe vers l'avant, faisant en sorte que mon front effleure mes pieds meurtris, puis dans un geste brusque et violent, je m'élance vers l'arrière, cambrant mon dos au maximum. Un râle désespéré et angoissant déchire le silence de la pièce comme il aurait sauvagement réduit en pièce un voile de tristesse, me fait frémir, et je retiens un couinement étranglé. La fenêtre est ouverte, la Lune éclaire mon visage et mes épaules d'une lueur qui respire la quiétude.

Je voudrais croire que quelque chose va se produire, que ma vie va subir un bouleversement radical qui viendra modifier l'essence même de mon existence et la rendre plus excitante, moins ennuyeuse. Mais non. Le silence de la nuit reste déchirant et se contente de me hurler mon désespoir à l'oreille. Rien ne vient, et je pleure toutes les larmes du monde. Le voyage s'achève, la route prend fin. Je n'ai plus rien à attendre de la vie, à part solitude et désespoir. Rien ne viendra emplir le vide qui me dévore, personne ne viendra faire parler le silence qui m'habite.

« Lily ? »

Le murmure éclate et mes oreilles, et je crois entendre une déflagration qui coupe d'une lame aiguisée l'espace.

« Tu es là ? La dîner a commencé… »

Je l'entends, mais je ne veux pas le voir. Ma vision se brouille alors que j'entends sa voix pleine d'inquiétude me parler à travers les rideaux du lit. Il sait que je suis là, une mèche de mes cheveux dépasse du monde à part où je me suis réfugiée. J'enfouis mon nez dans l'oreiller. Une partie de moi voudrait qu'il parte et me laisse seule avec mon éternelle solitude, si confortable, quand on y pense. Mais une autre, plus puissante, qui crie plus fort en moi, le conjure de rester et de m'en sortir. Je voudrais qu'il empêche mes yeux de pleurer. Ainsi, le saveur amère des larmes de mon destin n'atteindrait plus ma langue…

Il s'approche, et mes doigts tremblants s'aggripent aux bords de mon oreiller, mais je réagis pas. Il écarte tout doucement les rideaux, et je retiens des larmes. De tristesse, toujours et encore, ou de joie ? La joie que quelqu'un, une fois, une seule, s'intéresse à mon éternelle abscence de ce monde, à ma tristesse. A moi, tout simplement.

Ça y est, il est là et je ne peux plus fuir. Il me voit malheureuse et je me résigne : je détache mon visage pâle, mes yeux rouges, mes joues humides du coton de l'oreiller, et je lui fait face. Je veux être honnête, je veux qu'il réalise…J'en ai assez de faire semblant, de paraître heureuse, de sourire à mes amis, alors que je ne suis jamais allée aussi mal…

Il prend ma main, et la serre. Puis, alors que je le fixe et sourit, un sourire sincère, comme j'en ai rarement fait cette année, il m'enlace et dépose un baiser sur mon front.

Un sentiment de joie intense et pure jaillit en moi et m'éclabousse de partout. Mes joues rosissent et j'éclate de rire. J'ai faim.

Le silence a parlé, tout compte fait.

Reviews, je vous en supplie ! lol Por favor…Please…Et, euh…Comment on dit ça dans d'autres langues ? eh eh !