8

L'Aigle de Telmar

Jamais encore je n'avais fait un rêve comme celui-ci. Je suis seule, plongée dans l'obscurité la plus totale, le sombre néant à perte de vue. Tout est noir à l'exception du ciel au-dessus de ma tête, entièrement composé d'eau, comme si je me trouvais en dessous d'une immense piscine aux reflets turquoise. Le spectacle est magnifique et tellement réaliste. Observer le remous des vagues que je distingue en surface m'aide à faire le vide en moi, je me sens apaisée.

Si apaisée que je ne remarque pas le plafond qui se rapproche de moi centimètre après centimètre. Je ne suis pas inquiète, quelque chose d'aussi beau ne peut pas être dangereux. Et puis de toutes façons ce n'est qu'un rêve. Les minutes passent et l'eau continue de progresser, inlassablement. Alors qu'elle est désormais à porter de main, je suis prise d'une irrésistible envie de la toucher. J'essaie de lever le bras mais impossible de bouger. Une pointe d'inquiétude me traverse et je baisse la tête pour voir ce qui me retient mais ne distingue rien dans l'obscurité. Je relève la tête et recommence à fixer le plafond toujours plus près de mon visage. Les larmes me montent aux yeux alors qu'un malaise me saisit et c'est apeuré que j'essaie de me débattre pour me défaire de ces liens que je ne vois pas mais qui me maintiennent entravée aux pieds et aux chevilles.

Je me débats de toutes mes forces, mais bientôt l'eau vient caresser mon cuir chevelu, et dévale lentement mon front. Elle ruisselle contre mon visage, trempe le jute de ma robe et glace mon corps jusqu'aux os. Je la sens qui continue de descendre, gagne centimètres après centimètres... Je n'arrive pas à me dégager, j'ai beau tirer de toutes mes forces sur les liens qui me maintiennent, rien n'y fait.

C'est un cauchemar, je vais me réveiller, il faut que je me réveille. L'eau vient recouvrir mes yeux et tombe presque immédiatement sur mon nez, s'insinue dans mes narines, m'empêche de respirer et m'oblige à prendre de grandes inspirations par la bouche pour ne pas suffoquer. Je dois me réveiller maintenant. Pourquoi je ne me réveille pas ? L'eau est sur moi, froide, écrasante, je ne peux presque plus respirer. Mes poignets tirent sur les liens si fort que je m'en scie la peau, mais je n'y arrive pas. Dans un dernier réflexe de survie, je baisse la tête pour chercher un peu d'air mais rien ne vient, je suis entièrement recouverte d'eau. La panique m'arrache un hurlement que je regrette immédiatement alors que l'eau s'infiltre dans ma bouche et remplace l'air dans mes poumons. Je suis en train de suffoquer, je me noie. Je suis en train de me noyer, je dois me réveiller. Réveille-toi !

Mais rien ne se passe, je ne me réveille pas et mon corps en manque d'air convulse. Une idée terrifiante me traverse alors que j'avale toujours plus d'eau et que mon corps s'épuise. Peut-être que je ne me réveille pas parce que je suis déjà morte...? Cette pensée m'arrache un soubresaut et je me débats à nouveau. Je ne veux pas mourir, je veux vivre ! L'eau continue de s'infiltrer en moi malgré ma résistance et je tire avec toute l'énergie qui me reste sur les entraves. Je m'épuise vite, trop vite et je ne peux pas empêcher mes yeux de se fermer. J'ai peur, j'ai si peur, je sens mon corps perdre ses dernières forces, et cette douleur, tellement intense... Mes poumons en feu, les profondes entailles qui strient ma chair et répandant le sang sur mes mains, mes poignets charcutés, je ne suis que souffrance.

Ma conscience s'efface, petit à petit, Dieu comme j'ai peur. Mes yeux que je n'avais pas conscience d'avoir ouvert fixe le vide et ma vision commence à s'assombrir.

S'il vous plaît, faites quelque chose, je ne peux pas lutter... Si c'est un rêve, je veux me réveiller. Si c'est réel, alors je veux vivre ! Je ferais n'importe quoi, je ne veux pas mourir, je souffre, quelle douleur horrible, faites que ça s'arrête, je vous en supplie.

Crac.

Une horrible douleur me tire de mon agonie. Mon corps à nouveau conscient se contracte et expulse violemment l'eau que j'ai ingéré. Je me recroqueville sur moi-même et cherche à comprendre ce qui m'arrive. Des flashes de souvenirs se heurtent à ma vision encore hésitante, Narnia, la salle de torture, Miraz, le bourreau, mes doigts. Alors que je me rappelle enfin, la douleur me frappe avec tant d'intensité qu'elle me coupe en deux et me fait voir des étoiles. Perdue dans la souffrance, les sons et les images du monde extérieur ne me parviennent que par brides. Le général Glozelle doit se trouver proche de moi, c'est lui que j'entends le plus distinctement.

-J'ai…J'ai cassé l'une de ses côtes je l'ai senti, il murmure d'une voix tremblante.

-Mais vous l'avez réveillée, général et puis une côte sur combien ? 24 ? C'est très négligeable, soupire celui que je devine être le roi Miraz.

-J'en ai cassé une mais je sentais les autres sous mes mains. Par les Dieux, je les sentais bouger sous mes doigts, il continue, sans prêter attention aux paroles de son roi.

Je ne comprends pas. Je commence à sentir autre chose que la douleur et le froid sur mon corps trempé. La pierre dure du sol contre ma chair à vif. Je ne me rappelle rien après que Miraz m'ai frappé, mais je sens aux picotements de la partie droite de mon visage qu'il n'y est pas allé de main morte.

Le plus lentement possible, j'ouvre un œil et regarde autour de moi. Je ne me suis pas trompé, nous sommes toujours dans la salle de torture, mais j'ai été décroché de ma chaise. Je peux encore la voir, rangée dans un coin de la pièce, les accoudoirs couverts de sang. Mon sang.

En revanche, un nouvel élément à fait son apparition dans la pièce. A à peu près un mètre de l'endroit où je suis allongée, trône un genre de baquet, un peu comme un grand seau en bois que je devine vide.

Le général Glozelle est assis à même le sol juste à côté de moi. Il semble profondément bouleversé mais je n'arrive pas à me préoccuper de lui, son mal-être m'indiffère totalement. Je repère ensuite le bourreau posté de l'autre côté de la bassine en train de tranquillement s'essuyer les mains dans une grande serviette. Lui, semble tout à fait dans son élément. Le dernier, celui qui est le plus éloigné de nous, n'est autre que le roi Miraz, dont j'avais bien reconnu la voix. Il est appuyé contre le mur au fond de la pièce avec une expression d'ennuis placardée sur le visage, et fait tournoyer entre ses doigts une coupe dorée lourdement ouvragée dont il prend quelques gorgées à intervalle régulier. Je ne sais pas combien de temps je suis restée inconsciente.

Je me fais la plus discrète possible, grappillant quelques précieux instants de répit. Fuir est tout aussi impossible qu'il y a quelques heures mais si au moins je peux souffler un peu, faire une brève pause dans toute cette violence, j'aurais gagné bien plus que je ne l'espérais.

Mais l'accalmie ne dure pas et mes yeux rencontrent ceux, perçants, du bourreau. Je le regarde fixement à travers sa cagoule, priant pour qu'il ne dise rien, qu'il me laisse un peu en paix. Mais ce que ses prunelles me renvoi n'a rien à voir avec de la compassion.

Il est excité de me voir réveillé, de savoir que le jeu va pouvoir reprendre.

-Majesté…Il souffle, sobrement.

Immédiatement, le roi lève la tête et nos regards se croisent à leur tour. Son visage prend une mine réjouie et il termine d'une traite sa coupe avant de se redresser et de se rapprocher de nous.

-Regardez qui voilà, gazouille-t-il en s'approchant.

J'étouffe un grognement et me recroqueville un peu plus, cherchant à former la boule la plus compacte possible. Seule ma tête dépasse et mes yeux, que je peine à garder ouverts, qui l'observe marcher en rond autour de moi comme un charognard.

-Nous avons bien cru vous perdre ! Notre bourreau a eu un excès de zèle et surestimé votre résistance. Il faut dire… Il ajoute avec un sourire presque fier, que vous avez placé la barre très haut très chère.

J'esquisse un rictus fatigué. Pas une seule fois il ne remet en question sa logique et ne se dit que je n'ai peut-être aucune information à lui donner. Mon corps tremble, je suis transie de froid, glacée par ma petite baignade non désirée. Miraz continue de faire des cercles autour de moi et me donne le tournis. Je jette un coup d'œil discret au général toujours avachi dans le coin où il s'est glissé après m'avoir aspergé, il a l'air perdu, ailleurs.

Finalement, Miraz s'arrête, j'ai envie de vomir. Il s'accroupit juste devant moi, la tête inclinée de façon à ce que je sois obligée de le regarder dès que je lève les yeux. De nouveau il arbore son sourire de chat repu et un long frisson de peur remonte le long de mon épine dorsale.

-Maintenant que tu es de nouveau parmi nous, nous allons pouvoir reprendre là où nous nous étions arrêtés.

Deux mains viennent me saisir sous les bras et me redressent sans effort. Une pointe de douleur me foudroie lorsque les doigts du bourreau frottent les os cassés de mes côtes. Je ne l'avais même pas vu se déplacer. Sans difficulté, il me tire vers le haut et me force à m'y agenouiller. Dans un réflexe de protection, j'avance mes mains pour le repousser. Le sang gicle et la douleur afflue avec tellement de force que je hurle jusqu'à m'irriter les cordes vocales.

Submergée par la souffrance, je ne remarque pas tout de suite que je me suis dégagée de l'emprise du bourreau. Mais il est bien plus rapide que moi et l'une de ses mains vient me saisir à la base de la nuque, à la jonction du cou et de la tête. Ses ongles s'enfoncent dans ma chair et je geins faiblement alors que je sens quelques gouttes de sang supplémentaires s'agglomèrent dans mes cheveux déjà poisseux.

Son emprise me force à me maintenir dans cette position inconfortable, le visage tourné vers le plafond. Les ongles de mes pieds raclent le sol à la recherche d'une prise qui me permettrait de m'éloigner de lui.

Au bout de quelques longs instants, la poigne du bourreau se desserre légèrement et il entraîne d'un geste rapide mon corps vers l'arrière, assise sur les genoux. Dans cette position, je fais face à Miraz, accroupi face à moi.

-Nous n'allons pas répéter les règles jeune fille, il sourit, je veux que tu sois honnête avec moi. Si tu l'es il n'y a aucune raison pour que tu souffres plus que nécessaire.

Dans cette position, tête tirée en arrière, genoux tremblants, j'ai un mal fou à respirer. Chaque respiration brûle ma trachée pour atteindre mes poumons endoloris mais je m'efforce de répondre entre deux râles.

-Je vous ai déjà dit…j'inspire douloureusement…que je ne sais rien du tout.

Par reflexe, je ferme les yeux et attends que la douleur vienne, ce qui n'arrive pas. La main du bourreau dans mes cheveux est toujours douloureuse mais rien d'autre. Avec appréhension, j'ouvre un œil mais pas assez vite pour voir la main du roi, ornée de bagues qui saisit durement mon visage et me tire vers l'avant, tout proche de lui.

Miraz. Mon bourreau personnel. A travers mes mèches blondes, je le devine toujours accroupi face à moi. Les doigts de l'exécuteur se resserrent autour de ma nuque, s'enfoncent profondément dans ma chair et impriment leur marque.

-Je ne le dirais jamais assez Reine Vaillante mais tu portes ton nom à la perfection ! Rare sont ceux qui comme toi ont tenu leur langue si longtemps en dépit de la souffrance. S'en ait presque étrange à ce point…

-Je vous ai dit que je ne savais rien…je suffoque.

-Ça, je commence à m'en douter très chère, il assène, sûr de lui.

Je le dévisage avec de grands yeux. Comment ça il s'en doute ? Depuis combien de temps ? Depuis quand sait-il que je n'ai aucune des réponses à ses questions ? Un cheminement se fait rapidement dans mon cerveau brouillé. Il sait que je ne suis au courant de rien, mais il continue de me torturer. Mes yeux s'élargissent encore et je vois son sourire s'agrandir, comme s'il lisait dans mes pensées. Une idée horrifiante me traverse, celle que depuis des jours, des semaines, il me torture par simple plaisir.

Un bruit se fait entendre derrière nous. C'est le général Glozelle. Dans un mouvement de recul, il s'est certainement cogné dans l'un des jouets du bourreau. Je peine à tourner la tête suffisamment pour le voir clairement mais je n'ai aucun mal à imaginer son air horrifié. Je fini par comprendre que le général n'est qu'un pion de plus dans la sanglante mécanique de Miraz. A peine un bibelot utile.

Je me retourne vers Miraz qui jubile littéralement de son petit effet. Je ne le lâche pas du regard alors que je sens en moi la haine affluer, brûlante, et se mêler à la douleur dans un cocktail explosif.

-Vous n'êtes qu'un monstre, je lâche entre mes dents serrées.

Son sourire s'agrandit encore et lui donne un air fou à lier.

-Je ne suis pas un monstre, très chère, je suis le roi.

Et d'un mouvement de sa main, nos fronts se joignent et je respire son air putride. Il prend de grande inspiration, comme pour aspirer ma souffrance et s'en repaitre comme un animal fou.

Il n'y a plus d'échange, plus d'interrogatoire, juste moi, ma douleur et le plaisir qu'elle procure à Miraz. Il s'est nourrit de mes hurlements, délecté de chaque plainte, exulté devant mes os brisés et le sang qui s'échappe de ma chair mutilée. Je ne suis qu'un défouloir, l'incarnation ultime de sa folie destructrice.

Je ne sais pas combien de temps passe ainsi, alors que nous sommes assis tous les deux. Je lui laisse tout le loisir de m'examiner, de réfléchir à la prochaine étape, aux prochains sévices.

Je sens que la fin est proche, qu'il ne me torture plus parce que je ne suis plus capable de supporter une blessure de plus. Je suis soulagée, tout sera bientôt fini.

Le bourreau doit sentir que je ne me débats plus car l'emprise de sa main se fait plus légère avant de me redresser. De toute façon, je ne suis certainement pas en mesure de rester assise sans tomber s'il ne tient pas ma tête.

Je mets un moment à me rendre compte que Miraz s'est relevé. Il fait un geste vague en direction du bourreau qui me relâche en conséquence. Lentement, je m'affaisse jusqu'à ce que mon front vienne buter contre le sol mouillé. Avachie là, le regard vide, les mains sur les cuisses à essayer désespérément de trouver une position qui ne me fasse pas souffrir, j'oublie un instant le monde qui m'entoure.

La semelle d'une botte vient heurter avec force mon épaule droite et je suis projetée à terre. Mon front s'égratigne contre le seau sur lequel je m'écroule et de nouveaux filets de sang viennent strier mes yeux et mon visage. Pas assez cependant pour m'empêcher de distinguer la silhouette de Miraz penchée au-dessus de moi, qui m'observe, une mine ennuyée peinte sur le visage.

- Tu devrais y mettre un peu du tien, très chère. Je veux bien t'accorder une pause mais il semble que tu as atteint ta limite cette fois. Nous allons donc être obligés d'en finir plus rapidement que je ne l'avais prévu, lance-t-il avec mécontentement.

J'ai la désagréable sensation d'être une contusion vivante, pleine de sang et de larmes. J'ai envie d'en finir, je n'ai plus la force de lui tenir tête. Je me laisse choir sur le sol aux pieds du roi tandis que le bourreau trafique je ne sais quoi dans son coin et que le général Glozelle a l'air sur le point de tourner de l'œil. Mais je n'en ai que faire. Je porte les bribes d'attention qu'il me reste sur Miraz qui vient de s'accroupir près de mon visage, qu'il saisit d'un geste me forçant à lui faire face.

-Tu sais ma toute belle, je vais te faire une confidence. Le plus amusant dans le jeu, c'est de briser l'autre. Voir toute étincelle d'espoir s'éteindre dans les yeux de son adversaire. Savoir qu'on a arraché à l'autre toute volonté de survivre.

Un frisson de dégoût me parcourt mais je ne détourne pas le regard. Je sais qu'il n'attend que çà, sentir ma peur pour en jouir. Je n'ai plus rien à perdre, il va certainement me tuer dans les prochaines minutes et il y a déjà bien longtemps que ses petits jeux de torture m'ont ôté tout espoir de sortir vivante de ce château. J'ai quitté la salle de banquet le premier soir en sachant que j'allais mourir, et aujourd'hui je suis entrée dans cette pièce en sachant que ce moment était arrivé. Ce qui me fait peur à présent ce n'est plus la mort, c'est de devoir vivre un jour de plus dans cette souffrance. Rien de ce qu'il pourra dire ou faire ne me fera changer d'avis, je préfère la mort à sa compagnie. Il semble s'apercevoir de mes pensées puisqu'il moufte légèrement avant de reprendre.

-Mais tu… tu es fascinante, il murmure, peu importe ce que l'on te fait, combien tu souffres, il y a toujours cette lueur dans ton regard. Cette petite flamme qui ne veut pas s'éteindre, il termine comme subjugué.

Je ne sais pas de quelle lueur il parle, peut-être le reflet de sa propre folie, je n'en ai aucune idée. Je ne cherche même plus à comprendre sa pensée déviante.

-Tu es la seule qui m'ait résisté, j'aimerais qu'il y en ait plus comme toi. Peut-être que Caspian te ressemble, mais lui aussi je finirais par le briser tout comme son père…

Je le regarde avouer le meurtre du précédent roi comme s'il s'agissait d'une conversation anodine. Même s'il compte m'exécuter prochainement, c'est un choix osé surtout que nous ne sommes pas seuls. Je n'ose pas regarder en direction du général Glozelle. Après tout, je ne sais pas quel rôle il a joué dans la montée au pouvoir de Miraz.

-Quoi qu'il en soit, j'ai un royaume à diriger et une guerre à mener alors nous allons devoir mettre un terme à tout cela, annonce-t-il solennellement. Quelque chose de grandiose, à l'image de la seule personne à avoir tenue plus d'un mois…

Un souffle étrange s'insinue en moi, peut-être du soulagement, je ne sais pas trop. Je le regarde se redresser et faire signe au bourreau et à son général. Pendant que le premier me soulève, Miraz s'approche à nouveau, si près que nos nez se frôlent une seconde, et je me retrouve coincé entre le bourreau et le roi.

-Disons simplement que ton cadavre servira d'avertissement à tous ceux qui osent se dresser contre moi, ricane-t-il avec sarcasme.

J'esquisse un rictus aigre, je me disais aussi, une mort simple aurait été trop facile connaissant l'homme. Tout ce qu'il dit est à double tranchant. Je ne le quitte pas du regard pendant que le bourreau me traîne jusqu'au fond de la pièce suivi par Glozelle et son air inquiet à la limite du pathétique.

Une pointe de surprise me tord l'estomac lorsqu'il me retourne et me plaque contre le mur, dos à la pièce. Sur ordre du bourreau qui me maintient toujours plaqué contre le mur, le général utilise les attaches de cuir et de métal pour me nouer les poignets écartés en hauteur. Puis ils s'accroupissent tous les deux pour attacher mes chevilles de la même façon avant de se reculer pour laisser la place au roi.

Attachée ainsi, les épaules tendues à l'extrême, prêtes à se démettre à la moindre tension supplémentaire, je suis totalement exposée. La douleur lancinante de mes doigts couplée à la tension de mes bras m'empêche de me tourner pour voir ce que manigance le roi, mais la situation est plutôt équivoque.

Je laisse tomber mon front contre la pierre froide, la respiration tremblante. Je ne pensais pas qu'après tout ça, toutes ses tortures, je puisse encore être saisie par la peur de la mort avec tant d'intensité. Mais il faut croire que je me trompais, chaque centimètre carré de mon corps transpire de terreur, je le sais, et je sais que les autres le savent aussi. Je peux les entendre bouger dans mon dos même si je n'arrive pas à les voir. Miraz et le bourreau sont en grande discussion à propos de la marche à suivre, et moi je ne peux que regarder la chaleur moite de ma respiration haletante créer de la condensation sur les dalles de pierres froides.

Au bout de quelques instants, le silence retombe dans la salle et mon effroi grimpe d'un cran. C'est incroyable à quel point la peur reste instinctive. Malgré les souffrances déjà endurées, je n'arrive pas à me détacher de cette froide terreur qui me ronge les viscères et fait trembler mes genoux.

Une main serre ma taille et un corps chaud vient soudainement se presser contre le miens. Je me tends comme un arc et une image de ce qui pourrait suivre me percute avec la force d'un uppercut en plein ventre. Le souffle de Miraz, car c'est bien lui, vient s'échouer dans ma nuque alors que son autre main désinvolte vient écarter, une à une, les longues mèches de cheveux mouillés qui pendent dans mon dos.

-Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Susurre le roi.

La main sur ma hanche bouge, elle serpente le long de mon corps, vient flatter mes côtes douloureuses, glisse sur la peau tendue de mon ventre, palpe mes cuisses et empaume une de mes fesses qu'il pince et malaxe tout en poursuivant son immonde tirade.

-Tu caches bien ton jeu sous cette robe informe petite ingénue, peut-être devrions nous remédier à cela dès maintenant ? Qu'en penses-tu ?

La main qui pétrissait ma fesse remonte le long de mon ventre, s'attarde sur l'arrondi de mes seins et vient saisir ma gorge qu'elle enserre et tire vers l'arrière pour me forcer à m'appuyer sur lui.

-Moi je pense que c'est une excellente idée…soupire-t-il.

Sans préavis, il enfonce profondément ses dents dans la chair tendre de mon cou à la jonction de la nuque et de l'épaule déchirant ma peau pour imposer sa marque. Les dents toujours enfoncées dans ma peau, il se frotte contre moi, pressant son bassin contre mes fesses. La main qui ne m'étrangle pas continue d'explorer mon corps, elle écrase un sein, maintient une hanche, descend vicieusement au creux de mon aine.

Je suis tétanisée, mes yeux écarquillés fixent le plafond à travers les larmes d'angoisses. Pas ça. Je vous en prie, pas ça.

Mes jambes lâchent et mon corps flanche, retenu par les chaînes qui maintiennent mes bras et la main du roi qui emprisonne mon cou, réduisant un peu plus l'arrivée d'air. Je ne peux pas bouger, chacun de mes muscles tremblent mais se refuse à mon contrôle.

-Non…pitié…Je gémis d'une voix chevrotante.

Le roi se contente de grogner et d'enfoncer plus loin encore ses dents dans ma chair tout en accentuant l'amplitude de son déhanché contre mes fesses. Il ne s'arrêtera pas, je peux sentir à quel point cette situation l'excite. Il va me violer. Et moi je n'ai…je n'ai jamais…je ne veux pas ! Je tente de me débattre malgré les chaînes qui entravent mes mouvements, j'essaie de résister, de me décoller de lui.

-Arrêtez…Arrêtez ! Je pleure.

Je n'arrive pas à me défaire. Il s'agrippe à moi comme une bête prête à dévorer sa proie. Je suis piégée et je sens ses doigts qui tirent vers le haut le bord de ma robe. Je vous en supplie, quelqu'un ! A l'aide !

-Mon seigneur, vous ne pouvez pas faire ça.

Une seconde passe et je me rends compte que Miraz a cessé tout mouvement. Ses dents sont toujours plantées loin dans mon cou mais le balancier de ses hanches s'est stoppé net. Mon cerveau engourdi par la panique met quelques secondes supplémentaires à identifier l'auteur des précédentes paroles. Le général Glozelle se tient au côté du roi et le regarde d'un air où se mêle peur et résolution.

-Vous êtes un roi. Vous ne pouvez pas vous déshonorer et déshonorer la reine avec une vulgaire prisonnière.

Le roi ne bouge toujours pas. L'idée qu'il pourrait exécuter le général immédiatement me traverse l'esprit, mais il ne semble pas privilégier cette voie, et progressivement, me libère de son emprise avant de faire quelques pas en arrière.

-Et que suggérez-vous, général ? De vous en charger vous-même ? Siffle Miraz.

-Bien sûr que non, majesté ! S'écrit Glozelle.

Je devine à sa voix que Glozelle est horrifié par la proposition du roi et que l'idée même le révulse profondément. Cependant, son rejet semble donner au roi une nouvelle idée puisqu'il recule de quelques pas supplémentaires pour s'adresser au bourreau. J'essaie d'écouter ce qu'ils se disent mais leurs voix sont trop basses pour que je puisse les entendre. Je me contorsionne donc et au prix d'un douloureux effort, mon regard croise celui du général Glozelle. Mais je n'y vois que crainte et dégout.

Ce n'est pas fini mais je sais qu'au moins cette menace-là est écartée. Glozelle s'est mis en danger face au roi pour m'éviter le viol. Bien que je ne sache pas ce qui le motive, je ne retiens pas une pointe de reconnaissante même si cela n'efface pas tout le reste. D'autres longues minutes passent sans que je puisse voir ce que le roi manigance avec le bourreau. J'ai beau tendre l'oreille, je suis même incapable de dire s'ils se trouvent toujours dans la pièce.

Je suis épuisée. Je ne sais pas depuis combien de temps nous nous trouvons dans cette salle, sûrement plusieurs heures, mais je serai bien incapable de dire si nous sommes le jour ou la nuit. L'épuisement me gagne, je pose mon front contre la pierre froide qui me soulage un peu même si elle frotte contre la blessure que je me suis faite tout à l'heure. Mon corps n'est plus qu'une immense plaie dont le sang s'écoule de toute part.

Mes côtes me font un mal de chien à tel point que je me demande si elles ne sont pas toutes cassées. J'ai du mal à respirer à cause des contusions dues à l'échange avec les gardes il y a quelques jours. Mes doigts ne sont plus que des amas de chairs sanguinolentes transpercés d'éclats d'os. Les muscles et les nerfs ont dû être arrachés ou broyés puisque je ne sens plus rien, aucune sensation dans ces extrémités mortes. Nombre de plaies parsèment mon corps çà et là, les ongles du bourreau dans ma nuque, les dents de Miraz à la naissance de mon cou, son poing sur mon visage et des dizaines d'hématomes noirs, violets, verts, jaunes, plus ou moins récents, qui couvrent chaque parcelle de ma peau. Je suis à vif, cassée.

Ils se déplacent finalement à nouveau, entraînant dans leur sillage le tintement des engins de tortures pendus aux murs. Ils font grimper la tension, duo mortel, je devine qu'ils sont prêts.

Pour le dernier round.

-Général, approchez, ordonne le roi.

J'entends les pas hésitants du général qui avance vers son maître, pétris de peur. Mais Miraz poursuit.

-Vous qui êtes si soucieux du traitement de nos prisonniers, il serait temps de vous investir un peu plus vous ne trouvez pas ? Prenez ça, susurre le roi.

-Altesse je…

-C'est un ordre, général.

Je ne sais pas ce qu'ils font. Coincée contre le mur je suis totalement aveugle à ce qui se passe dans la pièce. Cependant, j'entends distinctement le bruit de pas qui avance dans ma direction. Un bref instant plus tard, Miraz est à nouveau collé contre moi. La panique afflue instantanément dans mes veines, mais je n'ai pas le temps de réfléchir qu'il est déjà en train de susurrer lourdement à mon oreille, en profitant pour la mordiller au passage.

-C'est l'instant de vérité ma douce, ton grand moment, sois-en digne et offre-moi le plus beau des spectacles.

Il embrasse ma joue avec impatience, se recule précipitamment, et d'un geste brusque, sûrement aidé par une lame quelconque, déchire ma robe depuis le haut jusqu'au bas de mes reins, mettant mon dos totalement à nu. Après avoir laissé ses doigts traîner le long de ma colonne vertébrale, le roi se recule, presque à regret, retourne à sa place précédente au milieu de la salle.

-Bien ! Général, commençons par cinq, assène-t-il.

-Mais majesté ! Tente Glozelle.

-Dix.

-Non ! Je !

-Quinze. Continuez ainsi Glozelle et je monterais aussi longtemps qu'il le faudra, ou jusqu'à ce que son corps ne soit plus qu'une flaque poisseuse sur le sol.

Je prie pour que le général la ferme et se résigne. C'est ce qu'il semble faire puisqu'après un silence, c'est le roi qui reprend.

-Bien, je vois que nous nous comprenons. Vous frapperez sur mon ordre. Je ne veux pas de pitié, général, si j'estime qu'un coup est mal porté, je vous ferais recommencer de zéro. Suis-je suffisamment clair ?

-Oui mon seigneur.

-Très bien. Quant à toi, trésor, je veux t'entendre compter avec le général. Si tu ne comptes pas, je lui ordonnerai de poursuivre jusqu'à ce que tu comptes à nouveau. Ne me déçois pas, termine-t-il.

Je ne sais pas quoi répondre à cela. De toute façon Miraz ne m'en laisse pas l'occasion. Le premier coup de fouet fuse et vient s'abattre sur mon épaule gauche, me tailladant profondément. Un hurlement m'arrache les cordes vocales alors que je suis éclaboussée par mon propre sang. J'ai l'impression d'avoir été poignardée, je sens ma chair qui se fend, éclate et s'enflamme au contact de l'air. La souffrance est intolérable et je comprends que ce fouet n'a rien d'ordinaire. Il est fait pour mutiler.

-Il n'est pas encore l'heure de mourir Katherine ! Il faut compter ! Sinon il va encore frapper ! Crie Miraz.

Je pose le front contre le mur et cherche mon souffle à travers les larmes. Je sens le sang qui coule à flot dans mon dos et trempe les lambeaux de ma robe.

-Un ! Je gémis.

Presque aussitôt, un deuxième coup claque, écorche mes côtes et ébranle ma cage thoracique tout entière. J'ai l'impression de mourir mais je serre les dents pour ne pas me mordre la langue.

-Deux !

La troisième tombe et me foudroie directement dans la colonne vertébrale. Je sens le cuir qui lèche et tranche ma peau jusqu'à l'os. Je flanche, incapable de supporter la douleur, la mâchoire si serrée que je la sens gémir. A la douleur de mon dos vient s'ajouter celle de mes épaules à la limite de la luxation à force de tirer dessus. Il me faut un long moment, ne serait-ce que pour pouvoir desserrer les lèvres et prendre une inspiration tremblante.

-Trois !

Le quatrième coup tombe, tout proche du précédent et je sens distinctement la chair qui se décolle des os et l'effusion de sang que cela provoque. Les sillons de sang coulent à présent jusqu'au sol et forment de petites flaques éparses dans lesquelles mes pieds glissent dès que j'essaie de me redresser.

-Quatre !

Le cinquième massacre mes reins. J'ai la respiration coupée par la douleur et la pression de mes épaules écartelées sur mes os. D'immenses taches blanches strient mon champ de vision, et fermer les yeux ne fait qu'accentuer la sensation que je sombre. La douleur me donne des haut-le-cœur et mon estomac se contracte en soubresauts incessants qui noient le peu d'air que j'arrive encore à inspirer sous les litres de bave bilieuse.

-Cinq…je murmure.

-Plus fort jeune fille ! Clame le roi.

-Cinq ! Je force.

Le sixième coup arrive, frappe à l'arrière de ma nuque et m'arrache une convulsion. J'ai l'impression d'avoir été décapitée. Je me vomis dessus un répugnant mélange de bile, de salive et de sang.

-Six, je pleure.

Je perds pied après le septième coup qui vient s'abattre sur mes côtes, exactement au même endroit qu'un coup précédent, creusant toujours plus profond dans mon corps. Ma tête retombe vers l'avant, frappe contre le mur et je n'ai pas la force de la redresser. Je ne vois plus que du blanc autour de moi, un sifflement strident m'empêche d'entendre le monde autour et je perds le peu de contrôle qu'il me restait sur mon corps. J'ai les yeux grands ouverts mais je ne vois rien, je n'entends rien, je ne peux que ressentir la douleur. Elle est exacerbée, me dévore de l'intérieur et suinte dans chaque goutte de sang qui ruisselle dans mon dos.

Le roi doit s'en rendre compte car il vient lui-même me donner plusieurs gifles pour me faire reprendre conscience. Mais je n'y arrive pas, je ne peux plus ouvrir la bouche. Mon regard figé dans le vide, immobile, incapable de voir, j'arrive néanmoins à entendre à travers les sifflements le sermon du roi qui me somme de compter. Je ne peux pas obéir. Il s'écarte, ordonne et Glozelle reprend.

-Sept !

Le général compte et frappe à nouveau.

-Huit !

Les larmes recommencent à couler, elles dévalent mes joues et s'échouent sur le sol pavé.

-Neuf !

Ma tête frappe dans le mur à chaque poussée. C'est douloureux, mais pas autant que lorsque c'était mes côtes. Mon front laisse sur la pierre des taches de sang qui bientôt se mettent à ruisseler elles aussi. Y a-t-il seulement une partie de moi qui ne saigne pas ?

-Dix !

Plic ploc.

Le sang qui goutte contre le sol me fait penser à la pluie. Mes plaies sont profondes, je ne doute pas qu'elles doivent toucher des vaisseaux importants. J'entends tout, la respiration saccadée de Miraz, celle hachurée, tremblante, du général Glozelle et celle, calme, presque soupirante du bourreau dont j'avais presque oublié l'existence. J'entends mon propre cœur qui bat la chamade, chaque coup un peu plus fort. Chaque son donne la sensation d'être sur le point d'exploser.

-Onze !

J'ai une pensée fugace pour le professeur Cornelius. Est-ce qu'il va me chercher une fois que le prince Caspian sera venu le délivrer ? Je pense que oui mais je ne voudrais pas qu'il me voit dans cet état. C'est quelqu'un de bien, je ne veux pas lui faire de peine. J'aurai aimé rencontrer le prince aussi, savoir s'il est aussi extraordinaire que l'a décrit le professeur. Dans d'autres circonstances, peut-être que j'aurai pu aimer Narnia. Des créatures fantastiques, des légendes, la magie. J'aurais bien aimé découvrir tout ça.

-Douze !

Est-ce que je retrouverais mon père, après ? J'aimerai bien. Il y a tant de choses que je n'ai pas pu lui dire…

-Quatorze !

Tout sera bientôt fini, il n'est plus question que des quelques instants et je pourrais me reposer. Je suis tellement, tellement fatigué et j'ai si mal. Je veux juste me reposer un peu…

-Quinze !

Le silence se fait. C'est terminé.

-Bien, très bien général ! S'exclame Miraz.

-Majesté…

Je l'entends qui se déplace et reviens vers moi. Je sens aussi la chaleur, quelque chose de chaud, de très chaud qui s'approche.

-Quant à toi jeune fille, comme promis tu t'es surpassée pour nous offrir ce glorieux spectacle ! Je me dois de te féliciter et de t'exprimer mon plus grand respect.

Je le sens derrière moi, à moins d'un mètre sûrement, tout près de la source de chaleur.

-Sois certaine que tout le monde saura ce que tu as enduré en mon nom, poursuit-il.

J'ai la tête qui bourdonne, je ne comprends pas la moitié de ce qu'il raconte.

-Peut-être l'as-tu remarqué, l'emblème de mon royaume est un aigle. Il s'agit de l'aigle de Telmar avec lequel nos ancêtres ont conquis Narnia au temps Jadis. C'est le symbole de notre puissance et de notre supériorité. En tant que souverain légitime de Narnia, descendant de guerriers conquérants, j'incarne cet aigle.

Je sens la source de chaleur s'approcher très près à présent. Inconsciemment, mon corps se cambre contre le mur pour m'en écarter un maximum.

-Et toi, très chère, en qualité de prisonnière, tu appartiens à la longue lignée de celles et ceux ayant ployé le genou devant les rois de Telmar.

Une plaque de métal rougeoyante s'abat brusquement sur mon dos, me brûlant jusqu'aux os. Un hurlement d'agonie m'échappe alors que j'inspire à plein poumons l'odeur nauséabonde de ma chair en train de cuire. Soudainement à vif, je peux sentir les cloques qui se forment et explosent, le sang en train de bouillir, je cuis de l'intérieur presque comme si j'allais exploser. La douleur est insoutenable. Pour la toute dernière fois, je sens les ombres m'avaler, m'entourer de leurs bras rassurants. Mais avant que tout s'arrête, je sens Miraz qui agrippe ma tête et murmure à mon oreille :

-Comme une bête, tu te souviendras toujours de ton maître. Tu appartiens au roi. Tu es à moi.

Je ferme les yeux. Enfin.


Et c'est comme ça que Katherine est morte, fin ! Merci d'avoir lue bonne continuation, bye !

Non sérieusement, croyez-le ou non mais la première version du chapitre était encore pire que celle que vous venez de lire mais plusieurs commentaires et mes, toujours aussi performantes, bêta-lectrices m'ont fait réfléchir au point de vue des lecteurs donc voilà le résultat ! En tout cas, c'est ici que s'arrête le cauchemar de Kate au cœur du château. Le prochain chapitre est une petite surprise dont je suis assez fière, il rejoint l'histoire d'origine et introduit de nouveaux personnages que je suis sûr, vous avez beaucoup attendus !

Enfin, désoler pour le retard, moi qui me fais un devoir d'être la plus ponctuelle possible c'est fois-ci c'est raté ! A ma décharge, la vie et le destin se sont unis pour me coller mes partiels, mon mémoire de fin d'étude et d'autres deadline bien stressantes la semaine du 1er juin ! Je ne pouvais pas lutter ! Promis, la prochaine fois je serai à l'heure !