Killing me softly

AN : A titre d'information, James est auror et Lily est médicomage, dans cette fic. Bonne lecture !

Un homme qui pénètre à pas de loup dans un manoir, les lèvres pincées. Il traverse le hall et entre silencieusement dans le grand salon, sur sa droite. Il fait noir, il ne voit rien. Faites que Lily dorme.

Une femme pelotonnée dans un fauteuil, les yeux humides. Une porte qui s'ouvre. Faites que James ait une vraie excuse.

Son cœur se serre, mais sa main est ferme lorsqu'elle allume la lumière pour éclairer ses fautes. Il est désemparé quand il l'aperçoit, elle le voit bien. S'enroulant dans une châle gris, elle se lève et murmure :

- Tu étais où ?

Sa voix est égale. Pas d'accusation, pas de cris, pas de larmes. Juste, presque imperceptible, une note d'espoir. L'espoir qu'il ait une raison valable.

- Chez Sirius.

Elle rit, un rire de douleur, et son cœur se brise. Elle répond, d'une voix plus forte, mais toujours calme :

- Sirius était ici.

Les bases sont posées. Dans l'air flotte l'inévitable confession qu'il lui doit, il le sait. Mais il a peur, et, comme d'habitude, il préfère fuir.

- Où est Harry ?

Cette fois, elle craque. Ses yeux s'embuent, mais elle retient les larmes en se mordant les lèvres jusqu'au sang. Elle se met à crier :

- James ! Je veux savoir où tu étais ! Tu dois me le dire ! Je l'exige !

Elle exige, mais sa demande sonne comme une supplique. Elle fond en larmes et s'effondre sur le sol, tapant du poing sur le sol de marbre. Finalement, elle cesse et lève les yeux vers lui, attendant, espérant une réponse. Elle ne reçoit qu'une phrase amère :

- Tu sais bien où j'étais.

- Bien sûr que je le sais ! Évidemment ! Tu étais dans le lit d'une autre, comme toujours... Ça fait des mois que ça dure, James, des mois que tu couches avec cette sale garce ! Tu croyais vraiment pouvoir me le cacher ? Oui, James, je sais où tu étais, mais je veux te l'entendre dire. Je veux t'entendre avouer que tu m'as trompée, que tu as trahi ma confiance et mon amour. Je veux que tu cries au monde que depuis des mois, tu abandonnes ta femme et ton bébé pour passer ton temps dans les bras d'une pouffiasse !

- Ne te poses pas en victime, Lily, tu n'en es pas une.

Elle le fixe comme si elle venait de découvrir une toute nouvelle facette de sa personnalité. Un instant, elle ferme les yeux et inspire une bouffée d'air. Puis, serrant les poings, elle trouve le courage de répondre :

- Pas une victime ? Tu oses me dire en face que je ne suis pas une victime alors que mon mari me trompe parce qu'il ne m'aime plus ? Alors que mon odieux mari préfère sauver les apparences et me faire souffrir plutôt que de demander le divorce ?

Il a mal au ventre. Elle ne comprend pas que lui aussi a mal, que lui aussi souffre. Il ne peut que murmurer :

- Je t'aime, Lily, tu le sais bien. Ça n'a rien à voir.

Sa femme laisse échapper un rire moqueur, et crache :

- Quelle charmante manière tu as de m'aimer... Dis-moi, James, si ce n'est pas moi, la victime, qui est-ce, alors ? Toi peut-être !

A nouveau, elle rit, mais il voit la souffrance dans ses yeux.

Las, il passe une main dans ses cheveux ébènes, et répond simplement :

- Non, Lily, je ne suis pas une victime, moi non plus, et je le sais. T'est-il si difficile de concevoir qu'il n'y ait pas de victime dans cette affaire, juste deux coupables ?

Elle secoue la tête et rétorque d'un ton acide :

- Je ne suis coupable de rien, James. Je t'ai toujours été fidèle, physiquement et mentalement.

Il soupire. Elle se refuse à admettre la vérité. Elle se complait dans son monde, où elle est l'innocente épouse bafouée...

- Tu ne comprends pas, Lils... C'est si difficile de vivre avec toi, depuis le début de la guerre... Tu es tellement étouffante, oppressante. Tu ne me laisses pas faire mon travail, tu exiges que je rentre directement à la maison... Et puis, tu es toujours sur les nerfs, rien ne va jamais. Tu passes ton temps à crier et à pleurer. Je suis désolé de te dire tout ça aussi brutalement, Lils, je sais à quel point il est difficile de vivre dans cette ambiance macabre, je comprend que ça t'affecte. Mais je ne suis qu'un être humain, et je ne peux pas toujours tout supporter. Alors oui, je suis coupable, coupable d'avoir craqué, coupable d'avoir oublié que je t'aimais lorsque les circonstances m'ont mis à l'épreuve. Je le regrette terriblement, et je veux que tu saches que je culpabilise plus que tu ne peux l'imaginer... Parce que je déteste te faire souffrir. Je voudrais juste te dire... Si j'ai fait ça, c'est parce que j'ai préféré noyer mon chagrin dans des étreintes que de me déchaîner verbalement sur toi. Et cette femme, Mathilde, je n'éprouve rien pour elle. C'est simplement une très bonne amie, avec qui j'ai pu parler.

Quand, enfin, il croise le regard de sa femme, il la trouve en pleurs. Il hésite, puis se force à poser la question qui lui brûle les lèvres :

- Nous deux, ça va aller mieux ?

Elle sèche ses yeux, et, pour la première fois depuis longtemps, lui fait un faible sourire.

- Ça prendra du temps, mais oui, je crois que ça ira mieux.


J'espère que ce petit dialogue (parce qu'il ne s'agit que de ça) vous aura plu. J'ai hésité à ajouter un paragraphe de fin, mais finalement, j'ai trouvé que c'était bien comme ça. Je ne voulais pas une conclusion trop romantique, je crois que ça aurait été déplacé. Quand on se fait souffrir mutuellement à ce point, on ne se réconcilie pas en quelques phrases, je pense. Il y aura probablement des silences gênés qui vont suivre entre eux, peut-être même encore un manque de confiance pour Lily, mais comme ils l'ont dit, ça va s'arranger :-)

Je suis désolée d'avoir pris tant de temps à updater. A vrai dire, c'est même un miracle que je poste aujourd'hui, parce que ces derniers temps, je bossais sur un tout autre one-shot, beaucoup plus long, qui est loin d'être terminé. Mais j'ai écouté une chanson hier, et ensuite j'ai écrit ça d'un jet. J'espère que vous ne trouvez pas ça trop bâclé. Merci infiniment pour vos reviews du O-S précédent, vous n'imaginez pas combien elles me font plaisir. Et si vous avez le temps, laissez m'en une pour celui-ci, que je sache ce qu'il vaut. A plus ! Bonne vacances à tous !