J'aime tellement le couple formé par Norma et Alex que j'ai voulu créer un autre univers sans Norman. La série est prodigieuse en soi, pas besoin de la remanier.

Les persos appartiennent à Robert Bloch et à Universal.

Je n'ai pas de relecteur, merci d'être indulgent.

Bonne lecture.


Partie 1


Assise sur les wc, je contemplai avec effarement le test de grossesse.

Il était positif.

Comment j'allais faire ?

Je me mis à pleurer à chaudes larmes. J'étais dans la merde. Et j'étais désespérée car je connaissais le nom du père et que je ne pouvais pas le lui dire, ni partager ça avec lui.

-Oh Caleb qu'est-ce que tu m'as fait ?

Il y avait tant de désolation en moi en cet instant. Caleb était le père de cet enfant mais aussi mon frère. Cela pouvait paraitre ignoble. Ça l'était véritablement.

Seulement voilà…

Je l'aimais.

Il était mon frère, mon ami, mon confident… et mon amant.

En tout cas jusqu'à il y a un mois.

Depuis, je lui vouais une haine féroce mêlée à du chagrin.

J'étais rentrée du lycée plus tard ce jour-là. Mon père s'alcoolisait jusqu'au coma depuis le départ de ma mère en séjour provisoire au service psychiatrique du comté. Du coup, je pensais avoir plus de liberté et ne subir aucune sanction mais c'était sans compter sur la jalousie de Caleb qui pensait que je le trompais…

Il m'attendait dans ma chambre, assis sur mon lit. Du haut de ses vingt ans, il était d'un blond angélique, grand, larges d'épaules et merveilleusement beau. Je secouai la tête. Je devais mettre un terme à tout ça. Je refermai la porte derrière moi. Je lui fis face et lui balançai ces quelques mots d'une traite et sans tergiverser :

-Toi et moi, il faut que ça s'arrête.

Il se leva, me dépassant largement, ses yeux bleus me transpercèrent.

-C'est quoi son nom ?

-Ça n'a rien à voir.

-C'est quoi son nom ? Répéta-t-il calmement.

J'en eus la chair de poule. Jamais il ne m'était apparu menaçant. Jamais je ne m'étais sentie en danger avec lui…jusqu'à aujourd'hui.

-Je ne vois pas de quoi tu parles.

Il agrippa mes épaules fermement mais sans violence.

-C'est quoi son nom, Norma-Louise ?

Mes yeux se remplirent de larmes.

-S'il te plait, écoute-moi. On ne peut plus continuer, c'est pas normal nous deux. Il faut qu'on arrête, il faut …

On aurait dit que je lui avais mis une balle en plein cœur. La culpabilité me brûla intensément en cet instant.

-Tu ne m'aimes plus.

Il souffrait réellement de ce constat.

-Je t'aimerai toujours n'en doute jamais. C'est juste que…

Il m'enlaça brusquement, embrassant mon cou, cherchant mes lèvres avec passion. Je me raidis et le repoussai avec force. Il m'examina un instant sans comprendre et puis ses traits prirent un aspect colérique qui me noua l'estomac. Il revint rageusement à la charge. Je tentai de me dégager encore mais cette fois, je ne fis pas le poids. Il me colla contre le mur, je le suppliai de me laisser, d'arrêter. J'étais dans la confusion; mon amour pour lui se mélangeait à la révulsion de ce qu'il me réclamait…encore et encore, jour après jour. Si au départ je n'avais pas su distinguer ce qui clochait, maintenant je me heurtais à cette certitude que tout ceci ne pouvait continuer. Je ne pouvais plus tolérer ses mains sur mon corps.

-Arrête ! Criai-je au supplice.

Il m'entrava la bouche durement de sa main. Surprise au départ, quelque chose d'inquiétant s'infiltra dans ma tête : de la peur. Peur qui s'amplifia en croisant son regard enfiévré. Je secouai la tête avec frénésie car je le voyais sombrer dans le mal.

-Caleb, non !

Mais ce ne fut qu'un enchainement de sons indistincts. Mes yeux s'arrimèrent aux siens, suppliants :

« Ne fais pas ça. »

Mais mon frère bien-aimé était trop loin, enfoui sous une tonne de rage.

-Tu es à moi. Tu ne peux pas me faire ça, tu es à moi.

Il me jeta sur mon lit, atterrissant sur moi sans douceur. Je me débattis avec fureur, hystérique mais il était bien trop lourd, bien trop fort, bien trop déterminé à récupérer ce qu'il croyait avoir perdu. Mon cœur se brisa au moment où il me profana avec violence dans des râles inhumains.

Si c'était ça l'amour, jamais plus je n'autoriserai quelqu'un à m'aimer.

Jamais plus je n'aimerai personne.

Jamais plus je ne ferai confiance.

J'étais meurtrie, trahie, à l'agonie. Des larmes perlèrent au coin de mes yeux, s'effilèrent le long de mes tempes. J'avais envie de mourir.

Il s'affala sur moi et se mit à pleurer, implorant mon pardon…

Dire que je partageais tout avec lui. Et là, au moment le plus crucial de ma vie, je ne pouvais pas me tourner vers lui car il m'avait bafouée, il m'avait salie. Et maintenant je portais le fruit de son acte violent. Lui que je croyais incapable de me faire du mal, lui qui, comme moi, avait longuement vécu dans une atmosphère de violence, mal aimé par nos parents. Quand nous étions enfants, l'un nous battait, l'autre nous avait abandonnés pour sombrer dans la folie. Une folie destructrice qui nous avait valu nombre de jours enfermés dans l'armoire, dans le cagibi, dans le grenier ou dans la cave sans rien à manger. Mon frère et moi, nous avions vécu le pire, nous n'avions que l'un l'autre, créant une intimité qui devint malsaine avec le temps.

Si je lui avouais sa paternité, il voudrait que l'on s'enfuit tous les deux et il voudrait élever cet enfant. Cette idée était inconcevable. Notre relation était irrationnelle, interdite, innommable et désormais écœurante. Et je ne pouvais pas vivre ainsi en ayant peur de tout. En ayant peur de lui. Je ne pouvais cautionner qu'il recommence, qu'il me rabaisse ainsi. Je devais me montrer forte et pour cela…

Non, ne pas pleurer.

Je devais m'en aller loin de lui. Loin de cette famille, loin de cette vie.

Non.

Ça n'allait pas.

Je devais trouver un père pour le bébé. Ce qui impliquait de coucher avec Masset, ce gars qui me tournait autour depuis plusieurs semaines. Il était timide, naÏf et effacé. J'étais persuadée qu'il accepterait ensuite d'endosser une paternité et de quitter cette ville.

Un sanglot s'échappa de mes lèvres.

Je n'arrivais pas à croire que j'en étais arrivée là. Je croyais que Caleb me protégerait de tout. Pourquoi avait-il failli ? Il était mon grand frère, le visage de l'amour et de la sécurité.

« Je te hais, je te hais tellement ! »

Mon visage entre les mains, je tentai de reprendre contenance.

Au moment de quitter la salle de bain, je revins au galop vers les wc pour vomir.

« Mon Dieu, aidez-moi. »

-Norma ?

Je sursautai en reconnaissant la voix de Caleb.

-Tout va bien ?

Je ne voulais pas le voir, ni lui parler. Depuis ce qui s'était produit, je le fuyais et il m'avait laissé un peu d'air avant de revenir vers moi il y a quelques jours sans succès car je fermais la porte de ma chambre à clef et je passais mes journées et une partie de mes soirées en cours ou chez ma copine Bonnie. C'était elle qui m'avait alertée sur mon retard et mes nausées et elle m'avait fourni le test. Elle était déjà passée par là.

-Norma, ouvre-moi.

Silence.

-S'il te plait.

Silence. Dans ma tête c'était le chaos. Il voulut forcer la porte.

-Je suis si inquiet, Norma, parle-moi.

Je bouchai mes oreilles pour ne plus l'entendre. Le son de mon cœur tambourinant était angoissant. Il enfonça la porte. Je reculai jusqu'à la baignoire mais je ne pouvais pas fuir. Acculée, je le vis avancer vers moi, les bras tendus dans ma direction.

- Ne me touche pas !

Il s'immobilisa, rejeté, extrêmement malheureux. De la peur, je passai à la colère.

-Arrête de me regarder comme ça !

-Comment ?

-Comme si c'était toi la victime.

Il fit un effort pour se reprendre.

-Il faut qu'on parle.

-Non.

-Je suis désolé, je… j'ai pété les plombs, je sais qu'il y a ce gars qui te tourne autour et…

-Et quoi ?

-Je t'aime tellement.

La gifle se fit cinglante. J'y avais mis toute ma rage.

-Je t'interdis de répéter ces mots. Je ne veux plus jamais les entendre.

J'étais glacée à l'intérieur et cela se ressentait dans ma voix. Je le contournai pour quitter cette pièce, une fois dans l'entrée, je jetai un œil au salon vers le canapé : mon père cuvait. J'entendis Caleb descendre les marches. Je récupérai mon sac et mon manteau. Il fallait que je sorte d'ici, que je me rende chez Bonnie. Je refermai la porte doucement derrière moi et me hâtai dans notre allée bordée de gazon jauni et séché. Tout était laissé à l'abandon car tout comme moi, Caleb rêvait de fuir, ne supportant plus cet endroit.

-Norma !

Oh non, vite.

Il m'agrippa le bras pour me tourner vers lui. Mes yeux s'agrandirent de répulsion, faisant des allers-retours entre sa main et son regard qui se troubla rapidement. Il me relâcha, planquant ses mains dans ses poches.

-Où tu vas si tard ?

J'eus un instant envie de céder devant cet air anéanti qu'il exprimait. Sa joue était marquée, rougie, je l'avais frappé très fort. Je n'aimais pas être comme ça. Je ne voulais pas devenir cruelle, méchante, insensible. Je rejetais la possibilité d'être ce genre de personne, je ne voulais pas suivre le chemin de mes parents. Je ne voulais pas…

Je fis un pas vers lui. L'espoir qui se refléta dans ses iris me refroidit, me rappelant à la réalité. Je devais mettre un terme à ce lien destructeur, pour mon bien et pour le sien. Car c'était une réalité, j'avais beau le haïr, je l'aimais aussi. Et je ne lui souhaitais pas du mal.

-Je ne peux pas…

Je reculai de deux pas et fis demi-tour pour reprendre ma route.

Il me laissa partir cette fois.


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