Merci à Aurélie pour son comm !

J'ai du mal à me détacher de cette fic alors que j'en ai plein d'autres en cours.

Bonne lecture.


Partie 13


Je fus ébahie devant le style cossu du quartier où résidait Bob. Shelly s'arrêta devant une grille et descendit pour sonner à l'interphone. Elle échangea avec quelqu'un et la grille s'ouvrit lentement. J'avais la bouche grande ouverte devant tant de luxe.

-Arrête de baver, rigola Shelly.

-Et tu es amie avec ce gars ? Sérieux ?

-On est potes depuis qu'on est gamin, on n'a pas eu la même voie mais ça n'a rien changé. Son père a fait fortune dans l'immobilier et lui prend le même chemin en devenant avocat. Mais c'est un fêtard comme nous et là-dessus, il n'y a pas de différence.

Une grande maison se profila à l'horizon.

-Je croyais qu'il avait un appart ?

-Oui, derrière la maison familiale.

En effet, en contournant la grosse baraque de style moderne, je vis apparaître un genre de loft.

-Il y a trois étages, me précisa Shelly.

-La vache ! M'exclamai-je.

Elle rit aux éclats.

-T'as encore rien vu.

Elle se gara à côté d'une Porsche. Il y avait beaucoup de belles voitures garées sur cet immense parking. Elle fit un code sur un digicode et me tira derrière elle avec excitation. Il y avait un sasse dans lequel nous patientâmes une petite minute avant qu'un gars pas très grand nous ouvre.

-Salut, Bob.

Ils se serrèrent brièvement dans leurs bras et le fameux Bob lui demanda de faire les présentations.

-Voici Norma.

-La fameuse Norma.

Il me détailla avec tant d'insistance que j'en fus gênée.

-Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais.

-Je vous demande pardon ?

-Vous ne correspondez pas du tout au genre d'Alex.

Je rougis de colère.

-Décidément, Alex choisit vraiment mal ses potes, crachai-je avant de faire demi-tour.

Il me rattrapa avant que je ne sois dehors.

-Ne te fâche pas, je suis juste surpris. Tu sembles provenir des années cinquante, rit-il. Mais je vois que tu as du caractère et ça me plait. Sois la bienvenue dans ma modeste demeure.

J'hésitai, il en profita pour me tirer vers l'avant.

-Je vais te faire visiter le rez-de-chaussée. La fête se passe au troisième.

J'entendais vaguement de la musique.

Il me guida dans les pièces, m'indiquant que nous étions dans les coulisses, ici. On pouvait y discuter, fumer ou y faire un somme. Il y avait un salon, deux chambres, la cuisine. Il me présenta à ses amis présents. Tous me dévisagèrent avec des yeux ronds ou moqueurs.

-Ne te formalise pas. Montons.

Le deuxième étage servait de salle de jeux. Et il y avait les sanitaires. Personne ne nous prêta attention. Je supposai que le plus gros de ses invités était là-haut.

En arrivant au troisième ce fut la folie. De la musique rock, une orgie de couples lascifs se déhanchant au son de cette musique, de l'alcool à profusion et une terrasse sur laquelle je me hâtai de prendre l'air une fois un verre en main. La vue était magnifique, il y avait un couple qui se bécotait un peu plus loin mais je m'en fichai. Je sirotai mon verre, apaisée par le vent frais. Les baies vitrées fermées faisaient barrage au son assourdissant de la musique. Shelly me rejoignit au bout de quelques minutes.

-Ça va ?

-Oui, ne t'inquiète pas, je suis bien ici.

-Tu veux un autre verre ?

-Volontiers.

Elle revint rapidement et nous nous enfilâmes ce Mojito en moins de deux. Elle avait lâché ses longs cheveux bruns et riait, riait, riait.

-Au fait qu'est-ce que tu voulais dire tout-à-l 'heure quand tu as balancé à Bob qu'Alex choisissait mal ses potes ?

Je me raidis.

-Rien, j'étais furax, ne te prends pas la tête.

-Parce que je me suis sentie un peu visée.

-Mais non, ris-je, tu es la meilleure des potes et je t'adore.

-Je préfère ça. Bon je vais aller danser, tu viens ?

-Ok !

Le morceau me plaisait bien et il fallait que je me détende. Au milieu de cette bande d'hystériques, je me déhanchai avec prudence avant de me laisser griser par la musique. Il était déjà vingt-trois heures quand je pensais à manger un morceau pour contrer l'effet de l'alcool. Je me servis une assiette au buffet et quelqu'un me bouscula avant de se confondre en excuses. Un jeune homme plutôt grand et massif me sourit. Il était pas mal du tout, les cheveux courts châtain clair, un sourire en coin très enjôleur.

-C'est pas grave, lui répondis-je en hurlant pour qu'il m'entende.

-On peut manger au rez-de-chaussée si tu veux on sera plus au calme pour faire connaissance, me proposa-t-il.

-D'accord. Je vais prévenir ma copine avant.

-Je t'attends en bas.

Je prévins Shelly qui me fit un clin d'œil :

-Bien joué.

-Pff, ne dis pas de bêtise.

Euphorique, je descendis rejoindre mon inconnu. Il m'attendait devant la porte de la cuisine.

-On a qu'à se mettre là.

Face à face, autour d'un immense îlot, il me dévorait des yeux. Flattée, je me détendis.

-Je m'appelle Zack au fait.

-Et moi Norma.

-C'est toi Norma ? Dit-il surpris.

-Ben oui, c'est moi.

Perplexe, je l'observai avec méfiance.

-Ne te braque pas, c'est juste que…

-Que quoi ?

-Rien. Tu es aussi belle que je l'imaginais.

Je ne comprenais plus.

-Quelqu'un t'a parlé de moi ?

Il alla dans le frigo sans me répondre et en sortit une bouteille de champagne :

-Une de plus ou de moins, Bob ne verra pas la différence.

Il semblait connaitre la maison, il ramena deux coupes et nous servit copieusement.

-Bon anniversaire.

-Hein ?

-On est là pour fêter la réussite de Bob mais aussi pour ton anniversaire.

-Oh non…

Shelly, elle allait me le payer !

-Mais si tu ne veux pas rester, on peut aller ailleurs.

Je bus ma coupe en entier avant de lui répondre, mon euphorie revint au galop. Je me sentais libre, je me sentais vivre.

Je me sentais seule.

-Je ne te connais même pas.

-Je m'appelle Zack Shelby, je suis shérif-adjoint depuis quelques mois.

Sans blague. Décidément, j'étais abonnée aux flics.

-J'ai vingt-quatre ans et j'habite pas loin si ça te tente.

Il me servit un deuxième verre, j'étais séduite par son sourire. Cependant…

-Mais on peut rester ici, je ne te force à rien.

Soulagée, je repris la dégustation de mon assiette de charcuterie et de crudités.

-Parle-moi de toi, enchaina-t-il.

Etrangement, je me montrai très volubile avec lui. Il savait y faire. Il avait le teint halé, et ce polo blanc d'un grand couturier le mettait en valeur. Il était fort, il avait de grandes mains. Je me demandai comment ces grandes mains pourraient me faire du bien. J'avais chaud. J'étais alcoolisée, je devais arrêter de boire pour garder l'esprit clair. Il avait remarqué que je le détaillais du regard. Il fit le tour de l'îlot et enserra ma taille.

-Zack !

Bob était à l'entrée de la pièce, furieux apparemment. Zack s'éloigna de moi, les bras en l'air comme un signe d'excuse.

-Qu'est-ce qu'il y a ? M'agaçai-je.

-Zack va remonter bien sagement au troisième, siffla Bob.

-Mais pourquoi ? On était tranquille ici.

-Il sait pourquoi.

Je me focalisai sur Zack, espérant du soutien mais il attrapa sa coupe de champagne et me laissa en plan.

-Zack ! L'interpelai-je sans succès. Tu es content ? M'en pris-je à Bob, les larmes aux yeux.

-Je ne voulais pas me mêler de tes affaires Norma mais j'avais prévu autre chose pour toi.

Il me planta là à son tour. Je ne comprenais plus rien. Je frottai mon front. J'avais chaud et un mal de crâne pointait. J'ôtai mon châle et me servis un verre d'eau.

Merde !

Merde et merde !

La tristesse était de nouveau là.

Je me levai pour aller chercher Zack, je me fichais bien de ce que pouvait penser Bob. On était dans un pays libre, bordel ! Je me figeai en reconnaissant la personne debout à l'entrée de la cuisine. Mon cerveau cessa de fonctionner, je courus vers lui. Vers Alex.

-Alex, Alex, pleurai-je en le serrant très fort.

Il était là.

Enfin.

Il me serra à son tour, le visage enfoui dans mon cou. Il était là, il était revenu.

Sauf que…

Je quittai ses bras, un grand poids sur le cœur subitement. Il tenta de me ramener vers lui mais je résistai.

-Non, lâche moi !

-Norma…

-Je suis revenue vers toi et tu m'as rejetée.

-J'avais de bonnes raisons.

-Vas-y, je suis curieuse de savoir.

-Pas ici, Norma.

-Ici ! Décrétai-je, et maintenant !

Je savais que j'étais déraisonnable mais je n'arrivais pas à aller contre. Il fallait que je me protège, qu'il n'ait plus cette emprise sur moi.

-Allons ailleurs.

-Non !

Les rares présents nous observaient et cela l'incommodait visiblement.

-Norma, viens partons, tu n'as pas l'esprit clair.

-C'est faux, j'ai toute ma tête.

L'hystérie pointait. Pourquoi je me sentais si mal ? Alex était revenu, il était là. Qu'est-ce qui clochait ?

Il se tourna vers Bob :

-Je t'avais dit que ce n'était pas une bonne idée. Je n'aurais pas dû revenir.

Cela me blessa au-delà des mots.

-Si tu ne voulais pas, pourquoi tu es revenu alors ? Criai-je, excédée.

-Parce que tu me l'as demandé ! Me contra-t-il de la même manière.

-Mais tu as refusé ! Tu as refusé Alex, se brisa ma voix.

-J'étais obligé…

Il s'interrompit, il y avait trop de spectateurs, supposai-je. Il s'approcha de moi, adouci.

-Viens, partons.

-Elle t'a dit qu'elle ne voulait aller nulle part avec toi, se manifesta Zack sorti de je ne sais où.

L'attitude d'Alex se modifia littéralement.

-Ne te mêle pas de ça, Shelby !

Ils se connaissaient, je n'aurais pas dû être surprise mais c'était le cas.

-Ça va Norma ? Me demanda Zack avec inquiétude en me serrant par la taille.

-Ne la touche pas ! S'emporta Alex en le repoussant violemment loin de moi.

Ils en vinrent aux mains et cela dégénéra rapidement.

-Alex arrête ! Arrête ! Arrête !

Il était sourd à mes suppliques.

-Mais bon sang, laisse-le !

Il se redressa, laissant Zack sur le carreau. Zack aurait dû avoir le dessus, il était physiquement bien plus fort qu'Alex mais il resta cloué au sol, la bouche et le nez en sang. Je m'accroupis près de lui :

-Ça va ?

-Il n'y a pas été mollo.

Bob dispersa la foule et courut derrière Alex qui était parti.

Encore.

J'avais l'impression de ne pas le connaitre. J'avais l'impression qu'il me tirait vers le bas. Qu'il me ferait toujours souffrir comme Caleb avant lui. Je les aimais trop et ils en avaient profité.

Zack se leva et me proposa de partir.

-Je dois prévenir Shelly.

Elle était déjà là, quelqu'un était sûrement monté la prévenir :

-C'est quoi ces conneries Norma ?

- Tu savais qu'il serait là ? Hein ?

-Alex ? Mais non ! Se défendit-elle. Je ne t'aurais jamais caché un truc pareil !

-Comme cette fête d'anniversaire ? La contrai-je.

-C'est pas pareil, c'était un cadeau de ma part. Je voulais te voir sourire à nouveau et t'amuser.

-C'est fait, j'ai souri et je me suis amusée grâce à Zack.

Je saisis le bras de mon nouvel ami avec fermeté et me dirigeai vers la sortie.

-Tu as oublié ton châle, me prévint-il en se précipitant dans la cuisine.

Shelly en profita pour me sermonner :

-Alex est là, qu'est-ce que tu fous ?

-C'est terminé, terminé tu comprends ça !

-Tu as trop bu, demain tu verras que tu as tort.

-Demain, je viendrai juste récupérer Dylan. Laisse-moi maintenant.

Zack revint et m'entoura de mon châle. Il m'entoura l'épaule et nous quittâmes cet endroit de malheur. Il ouvrit la portière passager de son 4x4 et fit rapidement le tour :

-Chez toi, ou chez moi ?

-Chez toi.

J'aperçus Alex debout non loin de sa voiture. Il parlait avec Bob, il me jeta un regard aussi dur qu'un diamant.

OoooO

Je nettoyais la plaie de Zack, j'avais fouillé dans sa pharmacie. Il buvait un coup dans sa cuisine, énervé.

-Il m'a pas loupé la vache !

Je nettoyais son arcade, sa lèvre et son nez.

-Je suis désolée.

-C'est lui qui a un problème, ne sois pas désolée.

Oui, clairement Alex avait un problème, peut-être même plusieurs. Ou peut-être était-ce moi ? J'avalai le verre de Tequila qu'il m'avait servi.

Boire ne résoudrait rien mais je voulais oublier. Il releva mon menton :

-Ne t'en fais pas. Je m'en remettrai. Et toi aussi.

Il se pencha vers moi et m'embrassa. Comme j'étais réceptive, il s'enhardit et ses mains caressèrent mon corps avec frénésie. C'était bon de se sentir désirée. L'esprit à la dérive dans cette étreinte alcoolisée, je perdis la notion des choses. Il me souleva et m'emporta dans son salon où il m'allongea sur son tapis près de la cheminée qui nous illumina de ses feux ardents.

L'affaire avait été vite conclue. Et tout ce que je ressentais était un profond sentiment de vide. Dos à moi, il me serra de son bras. Il nous avait recouvert d'un léger plaid. Je fixai les flammes de la cheminée, anesthésiée. Quand son bras commença à peser, je compris qu'il dormait. Je me dégageai et me rendis dans ses WC…

Pour vomir.

Je n'aurais pas dû boire autant. A moins que ce ne soit la culpabilité. Tout ça était vague pour moi. Je revenais pour m'allonger près de Zack mais une lumière extérieure m'attira vers fenêtre. Cachée derrière le rideau, je penchai ma tête. Alex, adossé à sa voiture de l'autre côté de la rue, observait la maison. Il avait dû m'apercevoir car il approcha lentement vers moi. Je reculai, morte de trouille et me précipitai pour m'allonger contre Zack. J'aurais dû tirer les rideaux ou fermer les volets mais non. Nous étions à la vue de tous.

Je fermai les yeux, nauséeuse, angoissée.

Quand je l'entendis enfin partir avec sa voiture, le chagrin me submergea.

« Adieu Alex. »


La suite quand je pourrai.