Note de l'auteur :

Oh, diantre! Une suite! Incroyable! Ben oui, c'était pas prévu mais comme cette fic a eu son petit succès auprès de mes amis, je poursuis donc. Et ce n'est pas fini... Donc, un peu plus de Ron, de ses amis taquins, de sa relation avec Draco ... :)

On se retrouve en bas les lecteurs!


Je sais, je ne devrais pas afficher ce sourire idiot sur mon visage.

Déjà il me donne un air incontestablement niais et cette seule raison devrait suffire ! Mais en plus, tout le monde me regarde avec un air suspicieux, comme si j'avais gagné à la loterie magique ! Tiens, le patron du bar, que je vois pourtant tous les soirs, vient de renifler bizarrement à ma commande de bièreaubeurre… Mais après tout, je m'en fous ! Rien à faire ! Personne n'arrivera à gâcher ma bonne humeur ! Lalala ! Hop, je saute sur la banquette à côté des filles ! Je suis CONTENT !

« Non mais regarde-moi cette tête… Faut croire que le toutou a été gâté hier soir… »

Et ce ne sont pas les remarques perfides de ma sœur qui vont me ruiner le moral ! Je m'assois un peu plus convenablement à notre table en prenant mon air détaché, serein, zen, en accord avec la nature.

« C'est fou, je pensais que lorsque les chiens étaient satisfaits, ils remuaient la queue. Faut croire que la procédure inverse marche aussi !

- Ginny ! »

Bon, pour le côté indifférent, on repassera. Mais depuis quand ma cadette a ce genre de langage, hein ? C'est maman qui serait ravie d'entendre ça !

« Il a raison, Ginny. »

De l'autre côté de la table, Hermione baisse soudainement son livre et ça me fait un choc. Je me rends compte que j'ai un peu tendance à confondre la tête de mon amie avec une reliure, dernièrement.

« C'était vulgaire. Mais comme Harry vient lui aussi d'arriver… » Elle fait signe au brun qui vient de passer le seuil de la taverne « …On va bientôt tous savoir ce qui met notre expérience de Pavlov de si bonne humeur. N'est-ce pas Ron ? »

Quoi, qu'est-ce qui leur dit que je vais leur dire ? Hein ? Je pourrais tout garder pour moi, rien que pour les faire râler ! Tout à fait ! Rien que pour me traiter comme une bête de laboratoire ! « Un chien de Pavlov » ! Je pourrais me murer dans le silence, à jamais !

D'accord, j'ai vraiment très envie de leur dire. Mais je pourrais me taire, si je voulais !

« Salut la compagnie ! Viens là toi ! »

Harry s'écrase sur la banquette avec encore moins d'élégance que moi et va embrasser sa rouquine à pleine bouche. Il a de la chance qu'ils soient mariés tous les deux. Parce que sinon, il y aurait de la répression. Non, mais.

« Ca va, Hermione ? » Demande-t-il une fois le baiser terminé, de la buée plein les carreaux.

La couverture du bouquin à nouveau dressée devant son visage confirme par un hochement. Je crois que je ne suis pas le seul à penser que notre brunette a une face rectangulaire en cuir.

« Et toi, Ron ? Oh Merlin, c'est quoi cette tête ! »

Ben quoi ? On a pas droit d'être heureux sur cette planète ?

« Les Canons de Chudley ont gagné ou quoi ?

- Euh non… Mais ils étaient pas loin, ils ont seulement perdu de cinquante points…

- Attends, tu veux dire que les canons se sont fait écraser et tu es quand même radieux comme un Gilderoy Lockhart en promotion ? »

Ginny émet un sifflement admiratif, mon meilleur ami nettoie ses lunettes avec une moue dubitative et Hermione range son livre. Oups. Là, l'heure est grave.

« Bon Ron, tu nous l'annonces, cette bonne nouvelle ?

- Et bien…

- Allez !

- En fait… C'est Draco… »

Harry lance un juron particulièrement salé qui m'interrompt net. Puis il se jette sur sa bière comme pour noyer le mot dedans, la tête rentrée dans les épaules. Malgré cette retraite rapide, il écope quand même d'un coup de coude de la part de sa femme.

Moi, je ne me vexe pas. Je sais bien qu'il ne l'aime pas trop, Draco… Et qu'il aime encore moins que mon bonheur puisse dépendre de lui… Enfin ça, c'est Hermione qui me l'a expliqué. J'espère juste que l'un et l'autre finiront par s'habituer à leurs présences respectives... De toutes façons, maintenant il y a plus le choix !

« On va habiter ensemble. »

Ca y est, le mot est lâché et je suis… affreusement content ! Je suis sûr que je rougis même !

Hermione et Ginny s'extasient comme seules des filles peuvent le faire mais Harry évite de me regarder dans les yeux.

« Alors raconte ! Comment ça s'est passé ? C'est lui qui te l'a demandé ?

- En fait, hier soir, je faisais un peu la tête… Il a crû que c'était parce qu'il ne voulait toujours pas habiter avec moi… Alors que j'étais juste vexé que vous me compariez à un chien de Pavlov ! »

Je lance un regard meurtrier mais ils me retournent des visages angéliques, les affreux.

« Tu veux dire que Draco a cédé à ta bouderie ? Qui l'eut crû !

- Mais je lui ai dit que je ne pensais pas à ça ! Je sais pas, il a pas dû me croire… En tous cas, il a dit qu'il voulait vivre avec moi. »

Je fais une petite pause pour le style avant de rajouter :

« Et pour longtemps. »

Merlin… Je suis content, heureux, comblé, ravi et encore plein d'autres choses où le vocabulaire me manque ! Je suis sûr que personne n'a jamais souri autant à un verre de bièreaubeurre. Même de qualité premium !

Je devrais peut-être me restreindre un peu dans mon bonheur, Mione a l'air un peu trop émue, il manquerait plus qu'elle pleure.

« Tu dis rien, Harry ? »

Je sais qu'il n'a aucune raison de se réjouir mais… Son avis compte beaucoup pour moi quand même…

« C'est juste que… Je suis plutôt surpris. »

Il lève des yeux très graves vers moi

« Je ne pensais pas qu'il… Enfin… »

Il repose son verre, l'air gêné et continue un ton plus bas.

« Je pensais pas qu'il voulait quelque chose de sérieux. Qu'il était juste avec toi pour… »

Il fait des moulinets avec les mains qui sont sensés être explicatifs. Je lève un sourcil, perplexe. Va-t-il arriver à sortir le bon mot ?

« Enfin pour… »

Harry s'enfonce dans son embarras et fait encore plus de moulinets. Il me fait un peu pitié à agiter désespérément ses mains comme ça. Je crois que je vais l'aider.

« Pour…

- Pour la souplesse de mes poignets ? »

Huhuhu… Je sais, je sais, je suis un dieu de la blague. Bon d'accord, je suis tout seul à rire, mais ils n'ont vraiment aucun humour, mes amis !

« Non Ron, bordel ! Je ne veux surtout pas savoir ce que vous faites avec vos poignets ! Je veux juste te dire que…J'ai dû me tromper sur son compte finalement… Draco est peut-être mieux que je ne le pensais… Enfin, je ne dis pas que ça me réjouit beaucoup que tu sois avec lui mais… » Harry me fait un petit sourire « C'est bien. Ouais, c'est bien. »

Ca y est, Hermione pleure.

Pas moi, heureusement.

Si les Canons avaient gagné, je dis pas. Mais là, je fais encore bonne figure.

Ginny, en bonne fille de sa mère, me pose LA question :

« Du coup, vous allez habiter où ? Vous en avez parlé ?

- Pas trop…

- Trop occupés, j'imagine ! » Conclut-elle en levant les yeux au plafond.

Ne pas repenser à hier soir, ne pas repenser… Héhéhé… Ah, trop tard.

Harry a un soudain geste de recul sur son siège. Il forme une croix avec ses index comme les moldus devant les vampires et s'écrie :

« Merlin, je croyais être mauvais en occlumencie mais Ron, toi, tu bats tous les records : ôte cet air lubrique de ton visage ! Maintenant !

- Mais je n'ai pas d'air lubrique du tout ! »

Mais ils vont arrêter de se marrer, ouais ! Rha ! J'ai les oreilles qui chauffent !

« Tss, heureusement que tu as laissé tomber la carrière d'Auror. Remarque, j'aurais paru plus calme à côté de toi ! J'aurais été l'homme de glace ! Je ne me serais pas fait épingler tous les quatre matins pour « comportement excessif » !

- Mouais…»

Et voilà, c'est plus fort que moi, je me mets à bouder…

« Heureusement que j'ai laissé tomber la carrière d'Auror », mes fesses, oui ! Ronald, dernier garçon pas particulièrement éclairé de la méritante famille Weasley qui parvient à finir l'Académie d'Auror… Qui fait pleurer sa mère de joie… Qui fait honneur à ses anciens profs… A sa meilleure amie qui a passé tant de temps à le faire réviser… Et qui envoie tout en l'air avant de passer sa première mission !

Brillant ! Foutrement brillant !

« Tiens, il se remet à grommeler. Tout revient à la normale !

- Ha. Ha. Ha. Très drôle Ginny.

- Je le plains presque Draco, finalement. Vivre avec quelqu'un de si avenant ! »

Je lui décernerais bien un regard de la mort et l'envoierais bien paître ailleurs mais là, je suis de bonne humeur. Faudrait pas l'oublier

« Au fait, pour répondre à ta question de tout à l'heure, espèce de harpie qui me sert de sœur, bien qu'on ait pas vraiment parlé, je pense qu'il va venir emménager chez moi. C'est plus grand. » J'ouvre grand les yeux, je viens de réaliser quelque chose « Merlin, il va sûrement vouloir emmener tous ces meubles encombrants avec lui… Génial… »

Je sens que ça va être un souk sans nom. Il y aura intérêt à arrondir les angles sous peine d'une tuerie avant même la vie de couple… Oh, je vais avoir une vie de couple ! J'en reviens pas ! Moi !

Ben quoi ? Pourquoi ils me regardent tous comme si j'avais dis une trollerie ?

« Ton appartement est plus grand que celui de Malfoy ? Pourtant il est déjà pas vraiment… spacieux. C'est le moins qu'on puisse dire. »

Oho. Là, j'ai gaffé. Il vaudrait mieux qu'un certain blond ne l'apprenne jamais.

« Juste un peu plus petit… A peine… »

Hum. Je ne me convaincs pas moi-même. Mauvais signe. J'aimerais bien qu'on m'aide, là.

« Tu t'attendais à quoi, Harry ? Je te rappelle que le manoir Malfoy est propriété de l'état maintenant, il l'a cédé après la mort de son père. Et tu sais que sa mère vit avec sa sœur Andromeda. »

Hermione est un don du ciel. Je ne le pense pas souvent mais c'est vrai. Toujours à la rescousse, cette petite.

« Ben je sais pas… Je te rappelle qu'il n'a pas eu vraiment le choix quant au « don » du manoir Malfoy… » Harry fait tournoyer le contenu de son verre « Et vu que c'est bien connu que le manoir était incroyablement vide quand il a été récupéré… Je supposais que les Malfoy avaient gardé de quoi assurer leur avenir… »

Il me jette un coup d'œil en coin et je maudis soudainement la partie Auror de mon meilleur ami. Par Godric, depuis quand il est devenu perspicace, le Survivant ?

Bien sûr que mon petit ami a gardé de quoi mener un train de vie somptueux. Il y assez de meubles et de tableaux chez lui pour qu'une maison entière soit bien trop décorée. Et je sais que son coffre chez Gringotts doit crouler sous les objets précieux.

Mais monsieur est bien trop fier pour vendre la moindre de ses possessions ! Alors il entasse… Et ça va finir dans mon appartement tout ça !

« On aura assez vite l'occasion de découvrir les goûts de Draco pour l'aménagement. » La brunette a soudain les yeux qui papillonnent « Parle-nous plutôt de votre première rencontre ! Je veux dire en tant qu'amoureux ! On a le droit de savoir, maintenant que vous deux ça va devenir officiel ! »

Ma meilleure amie a déjà le mouchoir à la main et semble toute prête à écouter une histoire romantique. C'est vrai que je les ai longtemps tenus à l'écart, tous les trois, ils ne savent rien… J'étais toujours tellement persuadé qu'il finirait par me jeter à un moment ou à un autre que je n'arrivais pas à leur raconter ma relation avec lui… Ils ont dû en imaginer des trucs faux sur nous deux…

En tous cas, Hermione, elle, suppose mal, très mal.

« Tu sais Mione, c'était pas très… romantique.

- Moi aussi je suis curieuse ! C'était un classique, du genre vous vous êtes cassés la gueule avant de vous retrouver à vous peloter ?

- Dis-moi que tu as fait mordre la poussière à cette fouine, au moins une fois, avant de céder ! »

Je secoue la tête. Ils me dépitent un peu parfois, mes copains. Harry et Ginny ne tombent pas plus juste dans leurs hypothèses débiles.

« Pas du tout… On s'est rencontrés dans une boite de nuit, c'est tout.

-Oh.

-Oh. »

La rousse se penche au-dessus de son verre

« Et vous vous êtes dis : « Salut Malfoy. Salut Weasley. On couche ensemble ? Ouais ! » ou quelque chose de viril dans le genre ? »

Je me gratte le crâne en guise de réponse aux ricanements de ma tablée.

Je ne sais pas si c'est bien malin que je raconte ça… M'enfin… Si je n'arrive pas à parler de cette rencontre à mes meilleurs amis, comment vais-je pouvoir affirmer que c'est « officiel », Draco et moi ? Faut que je me relâche un peu moi… C'est plus une passade, nous deux, maintenant. Il a dit que c'était « pour longtemps ».

« Bien sûr que non ! Il est venu vers moi… Et… » Je sirote un petit coup pour ne pas rigoler par avance « Et il m'a raconté une blague.

- Une blague ! Quoi comme blague ? »

Harry lève les sourcils tellement haut que ses lunettes penchent.

« Euh… C'est l'histoire d'un petit garçon qui n'arrête pas de demander à sa grand-mère d'imiter le loup-garou… « Mère-grand, fais le loup ! » Elle lui répond non à tous les coups et le chasse. Mais il recommence. Et elle le chasse à chaque fois. Et puis un jour le petit garçon demande : « Grand-mère, ça fait combien de temps que Grand-père ne t'a pas amené faire un tour en balai ? » Et la vieille de répondre : « Oooouuuuuuuuuuuh, je me souviens plus. »

- …

- …

- … »

Et voilà, je viens de casser le mythe Draco Malfoy. C'était rapide.

Je me sentirais presque mal si j'avais pas autant envie de rire. Je rajoute quand même :

« Il était complètement bourré. Et vu qu'il y avait Zabini plié de rire sur une banquette en train de nous regarder, je suppose que c'était pour un pari. »

Hermione et Ginny sont scandalisées et Harry se tape le front. Je leur avais dis que c'était pas romantique !

« Mais qu'est-ce que tu as répondu à ça ?

- Je lui ai raconté celle du vampire hémophile.

- Rho ! Elle est nulle !

- Me dis pas que ça l'a fait rire !

- Si…

- Ah oui, il était vraiment, vraiment plein !

- Non, euh, enfin oui… Mais je la raconte très bien, aussi ! »

Hermione renifle pour se moquer de mes talents humoristiques. Hé ! Je lui permets pas !

« Alors vous vous êtes raconté des plaisanteries vraiment mauvaises pendant un moment et ?

- Ben il m'a embrassé.

- Et tu t'es laissé faire ! Comme ça ? »

Harry… Harry. Vraiment trop hétéro pour son propre bien. A moins que ce ne soit la myopie qui l'empêche de voir à quel point Draco est bien foutu…

« Et comment que je me suis laissé faire ! C'est même une façon de parler !

- Avec Zabini qui mate au fond ? Yarrrrkk !

- Pff, franchement, rien à faire ! Surtout qu'il semblait occupé lui aussi !

- Mais dis-moi, Ron, vous vous êtes revus dès le lendemain ?

- Euh… Oui… »

Oups. L'hésitation de trop.

« Bon… en gros vous avez couché ensemble dès le premier soir donc, forcément, vous vous êtes revus le lendemain matin ! » S'exclame Hermione en faisant les gros yeux, ce fameux regard qui veut dire « tu-es-un-garçon-facile-Ronald-Weasley ».

Je savais que c'était une mauvaise idée de raconter ça ! Harry vient de tourner au plus beau vert, là.

En plus, c'est vraiment exagéré. Moi, un garçon facile ? Non, pas du tout ! …Enfin bon, c'est un peut-être un peu vrai… Mais juste un petit peu ! Et puis, cette fois-là, c'était spécial !

Bon en fait non, ça l'était pas, on avait beaucoup trop bu… Et puis le lendemain, cette tête d'Inferius qu'il avait au réveil…

« Mais Ron, quand est-ce que tu as compris que tu voulais le revoir ? Que tu voulais plus que des coucheries ? »

Je me suis déjà rendu compte de ça, moi ? Je ne sais même pas si j'y ai déjà réfléchi. Je l'ai su, c'est tout !

« Ben… Pfff, je sais pas trop Hermione… » Un souvenir de ce fameux lendemain s'incruste d'un coup dans ma mémoire « Il y a bien ce moment-là… Enfin c'est quand je lui avais piqué sa pastille de menthe…

J'entends Harry faire semblant de vomir dans son verre mais je continue en l'ignorant royalement.

« Enfin bref, il a fait une de ces têtes ! Mais une tête ! J'aurais profané la tombe de Merlin qu'il aurait pas eu l'air plus outré ! « MA Pastille ! Tu me l'as prise ! T'as pris MA pastille ! »

J'imite super bien le Malfoy spolié de sa pastille de menthe, je peux le dire.

« Oh le crime de lèse-majesté ! C'était terrible ! Je me suis marré comme un malade, il a fait une moue encore pire et je me suis marré encore plus. Et puis je me suis dit que finalement, il devait pas du tout être celui que je pensais. Ca, en plus des blagues nazes… Enfin, il avait l'air amusant, quoi… Mais je sais pas si c'est ce que tu demandais Hermione… »

Elle hoche le menton et ses bouclettes s'agitent. Elle a encore l'air tout émue. Trop sensible cette petite. J'éviterais de lui parler des bonbons à la menthe à l'avenir.

Surtout que, franchement, ce dont je me souviens encore plus, c'est la manière dont il a essayé de la récupérer, sa pastille… Héhéhé… Quelle combativité…

Ah, ce baiser… Il fait encore chaud longtemps après… Sa langue devenue verte par la menthe… Ses cheveux encore humides de la douche… Et cette odeur de savon… Et ce petit regard de défi… Mmmm… Tout ça pour me planter royalement.

Quel allumeur.

« J'en ai marre de coucher avec les ancres. Casse-toi.» qu'il m'avait dit en désignant la porte.

Les ancres… Les « ancres »… Quelle expression stupide ! Merlin, on pourrait pas dire plutôt « les traumatisés de guerre » ou « les gens qui ont du mal à comprendre que toutes ces horreurs sont finies et qu'on peut vivre normalement dans le présent » ou une autre trollerie bien hypocrite dans le genre ?

Non ! Les « ancres » !

Les largués du passé… Les boulets restés plongés dans la vase d'un autre temps…

Qu'est-ce que ça m'a vexé quand même… Quel talent incroyable pour trouver les mots qui font mal…

Je secoue la tête pour ne pas encombrer mon pauvre crâne de souvenirs inappropriés à cet instant de fête. C'est qu'apparemment, j'ai déjà beaucoup de choses à réfléchir rien qu'à la présente.

« Au fait, est-ce que Draco et toi comptez annoncer cela plus sérieusement ? Lors d'une crémaillère avec la famille ?

- Euh…

- Ce serait plus sympa une fête avec les amis de Poudlard !

- Euh… J'en sais rien… »

Je me sens un peu penaud… D'abord je ne les connais pas vraiment ses amis… Et je suis pas vraiment sûr qu'une fête entre nous tous ne vire pas au règlements de compte… Et que dire d'une fête avec ma mère ! Il va mourir avant la fin, le blondinet ! Il a déjà assez de mal avec sa propre famille. Bon sang, ça va pas être de tout repos…

En parlant de cela, je remarque que ça fait la cinquième fois qu'Harry baille. C'est quand il commence à pencher dangereusement au-dessus de la table que mon infirmière de sœur décrète qu'il est temps qu'elle ramène son gros bébé se coucher.

Il répond à l'offense par un grognement inhumain, baille à nouveau et se gratte le crâne. Quelque part ça me soulage de savoir que mon meilleur ami a autant de répartie que moi avec Ginny.

« Bonne nuit, Frangin !

- A demain, vieux. Donne un coup de boule à la fouine de ma part, bien sûr.

- J'y manquerai pas, abruti. Bye vous deux. »

Je remarque alors qu'Hermione s'est levée aussi. Elle enserre son sac énorme contre son ventre et ses cheveux me piquent quand elle se penche pour me faire la bise.

« Je rentre aussi, Ron, je suis trop fatiguée. Désolée de te laisser l'attendre seul…

- Ne t'en fais donc pas. Il va plus tarder maintenant. Rentre bien, et n'oublie pas de coller une mandale à Vickie chéri de ma part, quand il rentrera !

- Crétin… »

Sur ce dernier mot, elle s'en va, la clochette de la porte tinte et j'essaye de ne pas penser au fait que Draco aurait déjà dû arriver.

Une ancre… Est-ce que je suis toujours une ancre maintenant ? Je ne crois pas.

Non. Ca fait longtemps que j'ai dépassé cette période, maintenant.

Pff, de toutes façons, on peut pas autant apprécier quelqu'un qu'on avait détesté si fort avant, sans avoir définitivement tiré un trait sur le passé, non ? Et puis je ne fais plus de cauchemar, je ne dégaine plus ma baguette au moindre bruit suspect et je ne vérifie même plus s'il n'y a pas quelqu'un de caché dans les armoires avant de dormir.

Wah.

J'ai même fini par tuer mes réflexes de presque Auror. Je suis fier, là.

Bon, d'accord, je ne le suis pas. Je regrette quand même un peu… Auror Weasley… Qu'est-ce que c'est tenace un rêve de gosse… Pourtant j'envie pas le boulot de Harry ! Ca non ! Je suis bien content avec le mien !

Et je ne me verrais pas non plus marié à Hermione comme j'en avais le fantasme à l'époque ! Le passé, c'est terminé ! La preuve, si à Poudlard on m'avait dit qu'un jour je tomberais amoureux de Malfoy, je crois que j'aurais supplié un mangemort de m'achever avant que ça arrive.

Enfin… Draco est quand même bien mieux que ne l'était « Malfoy »… D'ailleurs c'est ce que je lui avais répondu, quand il m'avait repoussé.

Je bois une longue rasade le temps de rassembler les images de la scène. J'y avais été fort quand même. Tellement vexé de me faire jeter… Je l'avais écrasé contre le mur et je lui avais dit que…

…Que l'ancre serait bien content de se la jouer nostalgique et de le baiser jusqu'à l'os… de le faire gémir ce petit salopard à cause de tout qu'il m'avait fait toutes ces années… De le faire supplier mon nom et peut-être même de le faire chanter à quatre pattes la fameuse chanson qu'il avait composé en mon honneur…

Oh Merlin, je lui ai dit quelques horreurs quand même, j'ai honte en y repensant !

Heureusement, j'ai aussi fini par dire que le Draco de maintenant avait l'air encore plus excitant que ces perspectives-là.

Je suis clairvoyant parfois, moi. A défaut d'être subtil. Ou poli. Ou d'avoir le moindre sang-froid.

M'en fiche, elle a marché du tonnerre, cette phrase ! Héhéhé…

Quand même, au fond, c'est un grand romantique Draco. Très au fond, d'accord. Mais il avait compris ce que je tentais de dire. Je le voulais lui, pas les souvenirs. Et lui c'était pareil. C'était important nous deux, dès le début… Je le sais bien.

Même s'il persiste à me dire que s'il avait changé d'avis à ce moment-là, c'est uniquement parce que j'étais sexy sous le coup de la colère.

Ouaip.

Il paraît que je suis une bombe quand j'ai la rage. Ahahaha…

Tellement sexy qu'il adore m'asticoter tout le temps. M'embêter, m'agacer, m'énerver, me taquiner… C'est une passion, on peut le dire…

Comme ce soir.

Où il ne vient pas me chercher.

Parce qu'il ne veut pas me voir…

Mais je le sais, c'est juste pour le plaisir de me mettre en colère.

Comme d'habitude, je vais râler, faire mon jaloux, faire semblant de bouder et il prendra un malin plaisir à me faire craquer en moins de cinq minutes avec ses attitudes de débauché…

Parce que s'il me met hors de moi et qu'on s'engueule, c'est juste pour le plaisir de se réconcilier, en fait.

Parce que si ce soir je vais dormir tout seul, demain en revanche je serai encore plus heureux de l'avoir à mes côtés.

Sa grande théorie, ça.

Qui sera balayée par sa promesse de venir vivre avec moi…

Je paye le barman qui attendait dans mon dos depuis un quart d'heure que je finisse ma bière pour réclamer son dû.

Je mets mon manteau et je me dis que c'était évident, en fait, qu'il ne viendrait pas.

Il voudra sûrement profiter de tout l'espace du lit encore une fois.

Je sors, et brrrr… il fait drôlement froid. Il neige encore.

Hier, on jouait ici… et là… et c'est là, précisément, qu'il me l'a dit… qu'il voulait vivre avec moi ! Et cette nuit… Oh hier soir… Je m'en souviendrai longtemps, je crois…

Oui, je suis stupide de m'en faire.

En plus, il m'avait dit qu'aujourd'hui serait une journée difficile, à la banque. Il est fatigué, c'est tout. Je suis sûr qu'il dort déjà.

Il a dû s'écrouler avant de réaliser ce qu'il loupait.

Mais demain, il perd rien pour attendre, il verra.

Dès qu'il viendra me chercher, je lui ferai payer très cher cette attente…

Dès qu'il viendra, je l'embrasserai à lui en arracher les lèvres.

Dès qu'il viendra, je le serrerai dans mes bras et il ne pourra plus s'échapper.

Dès qu'il… Je… Je…

…S'il vient.


L'auteur ( encore elle) : Oui, oui, il y aura une suite, notre chien de Pavlov mérite mieux qu'un lapin, non? Biz et, en attendant, bon reviewage ! ;p