Bienvenue sur cette nouvelle fanfiction mêlant l'univers de Raiponce Corona et Jack Frost ( Les 5 légendes) pour un voyage palpitant et dramatique à bord du Titanic.

C'est une histoire que j'ai travaillé un long moment, avant même que je n'écrive mon autre fanfiction " Passion Céleste" à leur sujet! Enfin heureuse de pouvoir vous la faire lire je vous laisse vous plonger avec joie ( ou douleur hé hé) dans cette romance au goût salé :3


Chapitre 1 : Le grand départ en mer

Il y eut une tragédie que le monde n'oublia jamais. Celle du naufrage du Titanic, ce paquebot de rêve soi-disant insubmersible qui partit d'Angleterre mais n'atteignit jamais la côte des Etats-Unis. Personne n'aurait imaginé un tel drame, et pourtant, beaucoup le vécurent sans avoir eu le temps de s'en rendre compte. Vivant dans leur quotidien qui allait être bouleversé à jamais, ou même s'éteindre. Mais ils n'en avaient pas conscience et se préparaient tous à monter sur le plus gros bateau jamais construit auparavant... Prêts à prendre la mer pour ne jamais en revenir.

L'entrée du Titanic au port de Southampton en Angleterre fut applaudie avec ferveur par des milliers de personnes qui continuaient de s'agglutiner sur les quais fraîchement nettoyés. Des feux d'artifice furent tirés en son honneur. Le capitaine se tenait fièrement sur le pont du dernier étage accompagné des créateurs et développeurs du navire, et brandit sa main pour saluer la foule. En cette matinée du 10 Avril 1912, il fut fort heureux d'annoncer l'inauguration et l'ouverture du plus grand paquebot jamais construit dont le luxe faisait pâlir de jalousie les plus nobles de la société.

Un coup de cheminée retentit suivit d'un discours d'ouverture qui se termina par un joyeux applaudissement. Puis, la première passerelle fut posée sur le sol en pierre alors que les mouettes chantaient leur mélodie du matin. L'odeur de la mer éprit les premiers arrivants qui contemplèrent le chef d'œuvre maritime. Peu à peu les autres passerelles Furent installées et astiquées comme jamais pour les premières classes. Une fois que le bateau fut majestueux, brillant et rutilant, les barrières s'ouvrirent. Il était temps de faire embarquer les passagers pour la grande croisière d'Atlantique.

La veille de l'événement, en Allemagne, dans une grande tour d'un manoir provincial, une jeune femme de dix-huit ans se coiffait devant une fenêtre ouverte, le regard perdu sur un point inexistant. Le monde s'agitait autour d'elle mais celle-ci ne semblait pas s'y intéresser. Elle préféra porter ses yeux vert émeraude sur le ciel ensoleillé, tout en brossant sa très longue chevelure d'un blond doré qui lui tombait jusqu'aux chevilles. Elle aimait tant sa précieuse toison d'or, qu'elle gardait ainsi en souvenir de ses parents décédés. Affublée d'une robe rose-violette extravagante elle soupira plusieurs fois. Ce corset, ces froufrous et ces jupons lui coupaient l'envie de bouger. Ce qu'elle pouvait détester ça. Pourtant c'était une tenue obligatoire. Brillante, serrée au corps et luxueuse.

- Raiponce. RAIPONCE!

Une femme d'un âge mûr arriva en claquant la porte. Des cheveux noirs bouclés, impeccablement coiffés, et des yeux de glace qui se plantèrent sur la belle blondinette. Celle-ci se leva et fit une courbette du haut de ses un mètre soixante-cinq.

- Mère. Que puis-je pour vous?

- Tu le sais très bien, gronda Astoria Gothel. Je t'ai dit d'être prête avant neuf heures car le départ du bateau se fera pour demain midi dernier délai. Quand vas-tu enfin écouter ce que je te dis?!

La blonde releva timidement son petit nez rose en direction de sa belle-mère:

- Mais je suis prête, mère.

Celle-ci renifla férocement.

- C'est une plaisanterie? Si c'en est une, elle n'est pas drôle jeune fille. On dirait une souillon! Va donc mettre des chaussures et te coiffer convenablement. Ah, et réajuste aussi cette robe, elle est trop lâche, ordonna-t-elle. Oh et puis laisse-moi faire.

D'un geste de la main, elle invita les domestiques à lui apporter ce qu'il fallait alors que ceux-ci emballaient les dernières affaires. Raiponce soupira sans le montrer. Elle ne supportait pas de mettre des chaussures, les talons haut lui donnait mal aux pieds. Il en allait de même pour ses cheveux qu'elle aimait voir voler librement. Mais non il fallait toujours les attacher, les tirer et les serrer dans une queue ou une natte. Sans parler de cette robe qui l'asphyxiait. Elle avait envie de hurler. Mais elle ne le pouvait pas. C'était son triste destin de bourgeoise et, à la mort de son père, il ne lui restait plus que sa marâtre de belle-mère...

Astoria tira sur les ficelles pour la remettre droite. Elle arracha à moitié sa chevelure pour la natter correctement et la força à enfiler sa paire de talon violet. Son regard détailla une dernière fois Raiponce et, semblant à peu près satisfaite de ce qu'elle avait sous les yeux, se détourna pour retrouver le chauffeur qui les attendait en bas. La jeune fille était au bord de la dépression. Celle-ci se fixa un instant dans la vitre. Elle se préférait avant... Ce qu'elle pouvait souffrir. Là, maintenant, elle n'avait qu'une envie c'était de hurler et de se jeter par la fenêtre pour sortir de ce cauchemar.

- On y va, Raiponce! Dépêche-toi! Ton fiancé t'attend.

La blonde inspira un grand coup, entrecoupé d'un sanglot plaintif. Elle regarda sa chambre vide. C'était sa belle maison où elle était née, elle l'aimait tant. Mais elle devait la quitter, enchainée à son futur mariage. La jeune femme allait devoir épouser et vivre avec un riche Américain du nom de Pitch Black qui l'emmènerait à jamais dans son pays, dans ce monde de manière et de douleur. Il avait tout juste la trentaine. Son âge avancé n'était guère un problème dans le monde de la bourgeoisie du temps qu'il possédait de l'argent pour un beau mariage arrangé. Une vraie fortune grâce à ses nombreuses mines de charbons. C'était ce même charbon qui alimentait les paquebots et les trains du monde entier. Héritage de famille.

Après un effort considérable Raiponce ferma la porte de sa demeure adorée et descendit les marches telle la magnifique lady qu'elle était forcée d'être. Pitch, un grand mannequin filiforme à la mâchoire en longueur lui tendit son bras. Il avait des cheveux d'un noir de jais gominé vers l'arrière par une tonne de gel ainsi qu'un air malicieux faisant ressortir des dents bien trop blanches pour être réelles. Ses yeux jaunes clairs la détaillaient d'un regard intense:

- Ravi de vous revoir, ma princesse. Vous m'avez manqué. Allons donc prendre ce luxueux navire pour enfin sceller notre union. Je pourrai alors profiter de vous comme bon me semble.

Il lui baisa la main. Elle se fit violence pour éviter un geste de recul et sourit. Ce faux sourire qu'elle utilisait à chaque occasion. Voyant qu'elle ne disait rien, il la tira vers lui et l'enjoignit jusqu'à la voiture en lui caressant lentement le dos. Comment allait-elle pouvoir supporter ça à l'avenir ? Elle déglutit, tendue.

Les deux gros gorilles qui servaient de garde du corps à Pitch, les frères Stabbington qu'on les appelaient, les suivirent sans ouvrir la bouche. Les cheveux carottes, affublés de rouflaquettes entourant des têtes carrés, ils n'inspiraient guère la sympathie d'autant plus que l'un d'entre eux ne possédait qu'un seul œil. Ils faisaient toujours frissonner Raiponce qui se crispait quand les jumeaux la scrutaient de haut en bas, léchant ses courbes avec perversité. Elle dut faire montre de self-contrôle pour ne pas s'enfuir en courant !

Préférant se retourner, elle fixa sa maison d'un air triste, presque suppliant. Elle se revoyait toute petite avec son père. Il lui parlait de sa mère décédée à l'accouchement. Il lui contait son amour inconsidéré pour elle. Un amour que jamais Raiponce ne connaitrait dans sa vie.

- Cessez de traînasser depuis ce matin et venez donc dans la voiture! Insista la mère Gothel.

Raiponce abdiqua, comme toujours. Pitch lui tendit sa main et la fit monter avec élégance.

Elle put ainsi se poser à côté de sa dame de compagnie, Cassandra, qui ne pipait mot depuis le matin. Elle était triste pour sa maitresse mais ne pouvait rien dire. Gothel la violenterait si elle osait redire quoique ce soit, alors elle se taisait. Elle avait peur d'elle. Peur de ses tortures mentales et physiques. Elle en avait connu de belle, aussi, la ténébreuse servante aux cheveux corbeau et aux yeux vert de gris resta droite comme un i, silencieuse. Comme endeuillée. Raiponce ne savait si son silence était une forme de désintérêt ou de pitié mais elle avait mal de ne pas pouvoir parler à sa seule amie… Amie qui se faisait de plus en plus distante depuis l'annonce du mariage. Qui la laissait tomber et la livrait elle aussi à son bourreau.

Crispée, Raiponce la fixa un instant puis détourna la tête vers la nature. Son seul remède contre sa détresse. La voiture se mit en route, vrombissant à tout allure vers l'île britannique. La blonde regarda une toute dernière fois sa demeure natale, une larme discrète roulant sous sa mèche blonde.

Sur les quais bondés de monde, un jeune homme aux cheveux argentés et aux yeux bleu cyan arpentait la foule. Il portait un gros sweat-shirt bleu foncé avec de fines paillettes blanches dessus ainsi qu'un pantacourt brun débraillé. Il n'avait même pas de chaussures et était aussi pâle qu'un fantôme. Il implorait plusieurs personnes de l'aider. Il voulait quelque chose que la plupart refusèrent violemment. Il ne savait plus quoi faire mais la chance lui sourit aux abords d'un ponton.

- S'il vous plaît! Echangez-moi votre place pour le Titanic! Je ferai n'importe quoi.

Un homme au regard sadique se tourna vers lui.

- Tu m'as l'air bien perdu jeune garçon. Tu es sûr de vouloir embarquer sur ce paquebot?

- Oui! Insista-t-il. Je veux aller retrouver ma petite sœur en Amérique! J'ai vraiment besoin de ce billet... Mais je n'ai pas assez d'argent et je n'ai pas trouvé quelqu'un prêt à m'en vendre ou à m'en échanger.

- Intéressant. Tu es prêt à tout pour l'obtenir?

- Oui.

- Alors suis-moi.

Le grand homme, portant un chapeau noir-violet et un costume d'homme de cirque où une petite étiquette indiquait le surnom de Facilier, l'emmena dans un bar et l'invita à s'asseoir.

- Ecoute, je suis justement un revendeur de billet pour troisième classe. D'ordinaire, je t'aurais fait payer le prix fort mais comme tu n'as rien à m'offrir de valable je vais te faire une autre offre.

Il sourit de toutes ses dents.

- Faisons une unique partie de poker. Si tu gagnes je t'offre la place gratuitement.

Le garçon se leva rapidement en faisant tomber sa chaise. C'était plus qu'une chance à ce niveau. Surtout pour lui!

- Et moi je vous donne quoi en échange si je perds?

- Oh rien de bien important. Juste ta vie.

- Pardon?

- Si tu perds je te prendrai comme domestique. Tu devras me servir jusqu'à ta mort. J'ai justement besoin d'un assistant pour un nouveau projet et tu serais idéal pour te faufiler partout. Si frêle et agile. Je le vois sur ton visage.

D'abord choqué, le jeune homme sourit et se rassit. Il s'appelait Jack Frost et sa spécialité, c'était les jeux. Il était malin, rusé et très doué pour mentir. C'était une chance inouïe pour lui.

- J'accepte. Jouons!

- Oui, avant que midi ne sonne tu seras à moi.

Facilier saliva d'avance d'avoir trouvé un nouveau jouet puis distribua les cartes. Il en donna deux à Jack et deux pour lui. Discrètement ils se donna une paire de roi. Puis il posa trois cartes sur la table. Un roi de cœur, un cinq de pique et un cinq de trèfle. Il ne jouait pas honnêtement et avait uniquement pour but de gagner. Mais Jack était dans la même optique.

Du haut de ses dix-huit ans, Jack feignit l'innocence ce qui lui donnait un air de débutant à peine sorti des jupons de sa mère. Facilier ricana avec son full en main. Il posa le ticket tant convoité sur la table.

- Tu veux échanger tes cartes?

- Volontiers.

Le tricheur lui donna deux cartes au hasard. Jack avait échangé un trois et un sept avec un huit et un as. Cela ne l'avançait à rien mais son but était de brouiller les pistes. Il savait que son adversaire connaissait ses deux premières cartes mais pas celle-ci vu qu'il l'avait gardé en joue de ses yeux bleus. Il pourrait jouer sur ça.

- On continue?

- Allez-y.

- Tu es sûr de toi, tu peux abandonner si tu le veux.

- Non non c'est bon.

- Bien.

Facilier saliva tellement que son regard devint empli de désir.

Le tricheur posa une reine de trèfle sur la table puis un quatre de carreau. Les jeux étaient faits.

- C'est ta dernière chance de te rétracter.

Jack sourit. Il regardait le jeu sur la table et se doutait enfin de ce qu'avait son adversaire. C'était trop voyant, trop facile. Il prit alors ses cartes dans sa main d'un geste étrange que Facilier prit pour de la maladresse. Il la lança en avant pour sortir des cartes volés et cachés dans sa manche et ramena les autres vers lui dans un léger mouvement de grue pour les ranger dans son pull.

- Les jeux sont faits, rien ne va plus! lança Facilier. Et voilà pour moi.

D'un rire il balança son full au roi sur la table. Trois rois et deux cinq. Une main forte très dure à dépasser en temps normal. En terme de probabilité, Jack n'aurait jamais pu le battre à moins d'un pour cent de chance.

Le jeune Frost abandonna son innocence pour un rire joueur et taquin. Facilier le regarda bien en face.

- Qu'y a-t-il de si drôle?

- Oh rien, juste le fait que je suis vraiment heureux d'avoir de la chance.

Le meneur le regarda profondément. Non, c'était impossible? Et pourtant, Jack étala son cinq de carreau et son cinq de cœur sur la table.

- Carré! A moi le billet!

Il hurla de joie et sautilla. Il allait enfin pouvoir retrouver sa petite sœur Emma Frost.

Facilier s'énerva et le prit par le col:

- Tu as triché! Hurla-t-il. C'est impossible d'avoir un carré de cinq en une partie!

- Allons je n'ai fait que demander deux cartes et j'ai eu des cinq. Je ne vois pas de triche là dedans.

Facilier grogna et examina les cartes sur la table pendant que Jack pouffait en reposant discrètement ses deux cartes précédentes sur le paquet. Il était rapide et efficace en terme de vol. Lui qui cachait toujours tout dans ses manches amples avec son geste spécial au poker.

- Un marché est un marché, vous devez me donner le billet!

- Non! Je suis sûr que tu n'as pas été honnête!

- Ah bon? Vous pouvez le prouver? Moi je vous ai vu tricher en distribuant vos cartes et je n'ai pourtant rien dit.

Le revendeur se décomposa alors que les autres clients présents le fixaient d'un air profond. Il avait une réputation à tenir dans le coin, il ne devait pas se faire passer pour un tricheur.

- Tiens ton fichu billet!

Il lui balança à la figure.

- De toute façon j'ai de quoi me refaire. Maintenant va-t'en et que je ne te revois jamais trainer par ici!

- Oh ça ne risque pas ! Je m'en vais EN AMERIQUE !

Jack sautilla joyeusement de ses pieds nus et sortit du bar en trombe. Enfin il avait son passe-droit. Enfin il retrouverait celle qu'il avait perdu depuis si longtemps. Sa seule famille encore en vie.

Onze heures et demie, le Titanic cracha sa fumée signalant le départ dans une trentaine de minutes. Tous le monde s'affairait sur les quais si bien qu'on ne voyait plus qu'une nuée de têtes bougeant dans tous les sens. Scindés en trois, les premières, deuxièmes et troisièmes classes se tenaient chacun dans des files bien distinctes. A gauche il y avait les riches avec trois passerelles scintillantes que le personnel accompagnait jusqu'à leurs cabines. On y voyait des voitures se faire charger, ainsi que de gros bagages remplis de richesse et des domestiques attendant leurs ordres. Des chapeaux prenaient place sur leur tête et des cannes claquaient sur le sol accompagné d'animaux en laisse. Des robes voletaient au gré d'une légère brise alors que des costumes trois pièces saillaient le corps des hommes. C'était la haute bourgeoisie à l'air guindé, emplie de retenue. La crème de la crème qui se faisait servir comme des princes.

A droite l'ambiance était différente. Les pauvres étaient étalés sur une longue file d'attente tout en bas du paquebot et une simple passerelle en acier était fixée pour leur permettre l'accès. Ils riaient, parlaient bruyamment et chahutaient. Habillés d'habits simples ou de guenilles ils devaient tous passer une inspection sanitaire obligatoire pour éviter les maladies mortelles, les poux ou la peste à bord du bateau. Sans parler du fait qu'ils ne devaient pas gêner les premières classes de leur présence. Malgré tout, le bas peuple semblait plus joyeux et ravi de monter sur le bateau. Ils attendaient patiemment leur tour avant d'entrer dans le navire, de trouver leur cabine et de s'installer pour le grand voyage.

Entre les deux, comme un mur séparant les grands des petits, les classes moyennes. Les gens invisibles, sans ambition et surtout sans intérêt aux yeux des riches. Ceux qui ne se faisaient jamais remarquer mais qui vivaient simplement avec leurs proches. Ils avaient le droit eux aussi à de belles passerelles car ils étaient les plus nombreux. Bien servis et plus privilégiés que d'habitude, ils profitaient de ce maigre instant de luxe qu'ils n'avaient pourtant jamais connu. Heureux d'embarquer sur ce paquebot de grand standing.

Sur les quais de gauche, une voiture klaxonna en roulant à moitié sur les pauvres qui les gênaient, écrasant presque un homme avec son enfant. Le voiturier se gara où il le put avant d'ouvrir la porte à Astoria Gothel. D'une main couverte de bijoux rutilant la grande dame descendit élégamment du véhicule rajustant son grand chapeau fleuri sur sa tête. Il était de couleur bordeaux tout comme sa longue robe serrée à la taille. Des yeux se tournaient vers elle, admiratifs.

Ravie, celle-ci contempla le navire:

- Voici donc le plus grand paquebot du monde, il m'a l'air fort luxueux. Je m'y sens déjà comme chez moi. Il est à ma hauteur.

Elle ricana. Pitch s'esclaffa lui aussi en sortant à son tour et en donnant de l'argent au voiturier. Celui-ci était aux anges et s'empressa de faire descendre la dernière arrivante tandis que les domestiques sortaient seuls de l'autre côté. Il ouvrit la porte, s'inclina lorsqu'une main gantée de rose fut tendue. Il la tint du bout des doigts et fit descendre Raiponce Corona. Admirant sa longue chevelure blonde nattée qui illuminait le port à elle toute seule. Beaucoup se retournèrent devant sa beauté si connue dans le monde des nobles. Ce pourquoi Pitch en profitait toujours pour bien déclarer que c'était SA promise.

Raiponce demeurait loin de tout cela, elle admira le navire de ses yeux curieux. Il était absolument magnifique! Elle avait enfin un air pétillant sur le visage et un vrai sourire. Elle s'avança sans se soucier des deux autres et poussa presque pour se faire une place. Certains bourgeois la regardèrent de haut , d'un air snob en la jugeant. Elle n'y prêta aucune attention et sautilla devant ce chef d'œuvre. Les yeux emplis d'un désir ardent de le découvrir. Au loin, Cassandra eut un léger sourire, détournant l'attention des Stabbington avec les bagages.

Proche de là, Jack Frost prit un maigre baluchon en toile accroché à un bâton crochu et s'avança vers la file, son unique ticket dans sa poche ventrale du sweat-shirt. Il ne put réprimer un sifflement de surprise face à la taille du navire. Il voulut le contempler de plus près et se fraya un chemin dans la foule des pauvres-gens. Mince, agile et rapide il arriva bien vite au pied de celui-ci. Son regard parcourant les courbes du navire d'un air impressionné. Sa bouche formant un grand Ouah de satisfaction. Jamais il n'avait vu quelque chose d'aussi gros et surtout jamais il n'avait pu prendre ce genre de navire luxueux. C'était la première fois.

Lui qui voyageait toujours en passager clandestin sur les trains du monde entier. Il allait enfin être officiellement invité sur le plus grand paquebot du monde. Il le longea avec curiosité. Son cœur tambourinant dans sa poitrine.

- C'est magnifique!

- C'est somptueux!

Jack se stoppa et tourna la tête vers la personne qui avait parlé en même temps que lui. Son regard bleu océan tomba dans les prunelles vertes émeraudes de Raiponce. Il bloqua sur place devant tant de beauté. Des frissons lui parcoururent la nuque. Il la détailla en regardant sa chevelure extraordinaire, son teint doux et sentit son odeur fleurie. Son air innocent couvert d'un sourire joyeux comme jamais il n'en avait vu chez une femme le happait.

C'était un ange blond qui venait d'apparaitre devant lui.

Raiponce tourna les yeux vers Jack après sa phrase. Elle lui sourit et regarda ce garçon si étrange. Cela la surprit. Elle n'en avait jamais vu dans un tel accoutrement. Mais surtout ses cheveux argentés, son teint pâle et ses yeux saphirs la rendirent toute chose. Il était unique en son genre. Et puis, elle l'enviait. Lui qui avait la chance de pouvoir se balader pieds nus. Son air perdu, presque béat, lui tira un petit rire sybillique avant de se faire interpeller.

- Raiponce Corona ! Intervint Astoria. Ne pars pas toute seule comme ça sans me prévenir! Et cesse cet air stupide sur ton visage. On dirait une attardée.

- Désolé mère je voulais voir le Titanic de plus près...

- Tu le verras bien assez pendant cinq jours.

La blonde ferma aussitôt son visage alors que sa marâtre la tira vers les passerelles. Elle se retourna une dernière fois pour regarder le jeune argenté. Elle lui sourit sincèrement puis reprit sa route, le cœur lourd. Pitch l'attendait avec ses deux gorilles et sa dame de compagnie. Le regard des deux mastodontes la dérangeait, ils se moquaient d'elle. Cassandra soupira de dépit pour ce court moment de liberté qu'avait eu sa tendre amie et se mit en place derrière elle, réajustant sa tunique bleu pâle.

Pitch eut un rire malicieux tout en agrippant le bras de sa belle pour la contrôler et la diriger vers la passerelle brillante. Elle était sienne et il se pavanait avec comme un trophée. Pendant la montée, Raiponce contempla la foule et le navire d'un faux air blasé. Elle n'avait pas le droit de sourire joyeusement. Pas le droit de respirer, d'être elle-même, de vivre... Mais elle ne put s'empêcher de tout analyser de son regard avant de se faire conduire -tirer- jusqu'à sa cabine.

Jack regarda la blonde partir, toujours aussi perdu. Il resta un moment au même endroit avant de réagir. Il se claqua la tête. C'était une magnifique jeune femme mais aussi une grande bourgeoise. Qu'est-ce qu'il avait espéré l'espace d'un instant ? Qu'elle lui parlerait? Quelle blague. D'un soupir, il retourna en arrière dans la grande file d'inspection. Mais malgré tout il ne cessa de regarder de l'autre côté. Il cherchait l'ange blond. Il la repéra monter à bord du bateau au bras d'un vrai mannequin de magazine de luxe accompagné de leurs gens. Il soupira de nouveau. C'était un ange inaccessible. A moins d'être un dieu comme ce spécimen gominé plein aux as...

- A vous.

Jack commença l'inspection. L'esprit embrumé. On lui passa un peigne dans les cheveux, on regarda son corps avec une loupe et on l'aspergea de désinfectant. Il avait l'impression d'être un animal pouilleux. Bien qu'il avait l'habitude, c'était toujours aussi dégradant pour sa fierté.

- Votre billet.

Jack tendit son unique trésor avant de se faire pousser sur la passerelle d'acier.

- Votre cabine est la trois cent cinq. Au suivant.

Jack prit la feuille qu'on lui tendit et on le poussa pour avancer. Il regarda une dernière fois les bourgeois sur leur passerelle dorée puis avança à l'intérieur du bateau.

Enfin il était sur le Titanic!

Les couloirs étaient d'un blanc immaculé, Jack en fut presque ébloui. Il n'imaginait même pas l'état de la première classe si même là c'était beau et propre. Il longea plusieurs murs avant de trouver sa cabine. Elle ne fut pas bien grande et il dut la partager avec trois autres garçons. Mais pour lui cela était déjà un vrai palace. Il ne put que sourire en prenant un lit en hauteur et saluant ses camarades de chambre. Ce n'étaient même pas des Anglais mais un Russe et deux Français. Ce paquebot devait regrouper nombre de nationalités. Une fois installé il posa son baluchon et son bâton en les attachant fermement à son lit puis se dirigea vers le large pont des troisièmes classes. Le bateau était sur le départ.

Il eut bien du mal à se repérer dans ce dédale d'escaliers, de couloirs et de chambres. Sans parler de la populace qui se ruait également vers l'extérieur. La tentative fut ardue mais le jeune homme réussit enfin à poser ses pieds nus sur le pont bas où il avait accès. Survolté à l'idée de revoir sa sœur et de profiter d'un voyage de luxe, Jack hurla de joie devant les autres et courut vers les barrières. Il se pencha et regarda les passerelles rentrer puis les portes se fermer.

Raiponce admira sa cabine de luxe et le membre qui l'avait accompagné lui souhaita un bon voyage. Elle était toujours aussi impressionnée par tant d'éclat.

- Ma princesse vous semblez plus heureuse que ces derniers jours. Ceci dit il faut que vous arrêtiez de sautiller ainsi. On dirait une pauvresse, commenta Pitch.

- Désolée, je ne puis me retenir face à tant de beauté et de nouveauté.

- J'en conviens mais gardez vos manières, je serais fort honteux de vous voir ainsi devant nos amis.

Raiponce approuva sombrement et se referma. Comme si on lui brisait à nouveau son bonheur fugace. Elle était pourtant si heureuse de voir le Titanic...

Pitch ordonna la pose des bagages dans leur chambre. Les Stabbington s'occupèrent de donner les directives alors que Raiponce s'impatientait. Elle regardait sa dame de compagnie poser ses affaires avec impatience.

- Pourrions-nous allez voir le départ?

- Quelle petite impatiente. Vous avez si hâte que cela d'arriver en Amérique et de vous marier avec moi? Comme je vous comprends. Mais ça viendra bien assez vite ne vous en faites pas. Je serai bien vite à vous ma belle.

D'un sourire fugace Pitch prit SA blonde par la taille. Elle se raidit alors qu'il s'approchait pour l'embrasser. Les jumeaux détournèrent les yeux, boudeurs. La blonde le stoppa d'une main en entendant le bruit de vapeur.

- On va être en retard!

- Bien, bien... Allons-y.

Il soupira et la suivit alors qu'elle courrait presque dans les couloirs bordés de dorures et de velours.

Il dut la retenir par le bras et la sermonner encore une fois. Les gorilles gloussèrent. Raiponce le prit mal et leur jeta un regard noir. Ils rirent de plus belle. Arrivée en hauteur, sur le plus haut pont du paquebot, elle trouva sa belle-mère avec ses amies de noblesse avant de se rendre près des barrières. Elle se pencha un peu mais fut retenue à nouveau. Malgré tout, son regard s'illumina lorsque le bateau enclencha les moteurs et que les passagers firent leur au-revoir.

Elle agita sa main rapidement comme pour dire au revoir à des proches qui n'existaient plus. Son père, sa mère, sa maison… Eugène… Pitch la colla contre lui en regardant les petites-gens saluer les voyageurs. Il bomba le torse en se sentant privilégié. Cependant, la blonde eut un pincement au cœur. Malgré sa joie elle se dit que jamais plus elle ne reverrait son Allemagne natale ni l'Angleterre. Une larme roula sur sa joue. Ce serait ses cinq derniers jours de vies. Une fois qu'ils auraient accostée, elle deviendrait madame Black et devrait faire un héritier. Son cœur se serra et elle pleura de plus belle en son for intérieur.

Elle susurra:

- Adieu, ma liberté.

Jack regarda le bateau se déporter du port. Il fit de grands signes de main, heureux d'être là et non en bas. Heureux d'aller retrouver sa petite sœur. C'était le plus beau jour de sa vie. Il sourit et les autres passagers lui rendirent son air jovial. Il fit même des grimaces à une petite fille qui riait à pleines dents. Dansant sur place avec les autres, chacun regarda les côtes d'Angleterre d'éloigner. Mais le jeune garçon dériva un instant son regard sur les premières classe. Il chercha quelqu'un, qu'il ne trouva pas. Il resta un moment à contempler la mer et les terres s'en aller avant de voir une somptueuse chevelure blonde retourner à l'intérieur. Elle fixait le port avec une profondeur perceptible, semblant bien triste puis, la tête basse, elle suivit ce qui semblait être son mari. Jack eut un pincement au cœur. Il préférait voir son sourire. Cela continua de le travailler alors que l'Angleterre disparut de l'horizon.

Le bateau partant pour un aller sans retour.

Le compteur jusqu'à la tragédie se dérobant sous leur pas.


N'hésitez pas à me laisser vos impressions je serai ravie de lire vos commentaires et votre sentiment par rapport à cette histoire!

J'en profite pour remercier du fond du cœur ma correctrice Lily/Aurélie qui me sauve la vie ! Et qui ne mâche pas ses mots quand je fais une erreur mdr!