Je vous souhaite une bonne lecture!
Chapitre 6 : Je suis là
La porte se referma d'un claquement sec. Les frères Stabbington en verrouillèrent l'accès, se plantant devant comme deux rochers impénétrables. Grâce à leur dévouement ils seraient grassement payés et en sus ils auraient le droit d'entendre les cris. C'était tout ce qui comptait à leur yeux de mercenaires. L'argent, la dépravation, la souffrance des autres. Taper au lieu d'être tapé, tel était leur crédo depuis l'enfance. Ils étaient du côté des vainqueurs et en riaient.
Dans la chambre le soleil déclinait déjà. Pitch Black avait attrapé sa fiancée par le poignet, le tordant, avant de la jeter sur le lit comme une vulgaire poupée de chiffon. Elle s'était débattue, elle avait crié, elle avait osé le mordre… Alors il l'avait giflée d'une force lui craquant la mâchoire. Elle s'était effondrée, une main sur la joue tandis qu'il avait verrouillé la fenêtre, tiré les rideaux et retroussé les manches de sa veste en velours noir. Il était terrifiant. Son regard jauni par la pénombre lui donnait l'air d'un fou. Son ombre la dominait de plusieurs mètres alors que sa pauvre proie se recroquevillait le plus loin possible de lui.
- Pitié… Je vous en supplie, ne me faites pas de mal !
Elle s'agglutinait tout contre la tête de lit, espérant disparaitre à l'intérieur. Il la fixa, la rage dévorant ses traits alors que son ventre se soulevait à chaque inspiration.
- Tu as osé me mentir, cracha Pitch d'un ton lent, froid. Tu m'as trompé avant même qu'on se marie. CATIN !
Il cracha sur le sol. Elle se mit à trembler, en larmes.
- Je n'ai rien fait ! Je suis juste allée me promener en ville ! Je vous le jure !
- MENTEUSE !
Il tira sur son pied pour l'amener à lui. Elle s'arracha les mains sur le bois du lit, emportant sur son passage un oreiller parme couvert de larmes.
- TU ETAIS AVEC UN HOMME ! Alors que tu te refuses à moi… LUI, tu l'as enlacé et pris par la main ! Tu t'es collé à lui et qui sait ce que tu faisais d'autre dans mon dos !
- Non ! Il n'est rien pour moi ! C'était juste un ami de passage ! Une connaissance ! Il ne s'est rien passé du tout !
Il serra si fort sur sa cheville qu'elle hurla.
- JE NE SUIS PAS DUPE ! Tu mens comme tu respires ! Je ne croirais plus une seule de tes paroles ! Vilaine dépravée ! Tu m'as été offerte ! Tu es MIENNE ! Et ça je vais bien te le faire comprendre une bonne fois pour toutes !
Raiponce gémit, se débattant, avant de reprendre son pied. Elle se tassa avec son oreiller, prête à fuir sous le lit. Il l'en empêcha d'un simple regard, les yeux fous posés sur elle.
- Laissez-moi partir…, Implora-t-elle d'une petite voix étranglée. Je… Je vais rompre ce mariage et comme ça la faute sera réparée… Vous méritez mieux que moi…
Pitch eut un ricanement délirant avant de reprendre son sérieux. Cette fois il monta sur le lit en attrapant ses cheveux lui faisant pousser un cri. Il approcha son visage du sien.
- Je crois que tu ne comprends pas bien la situation, Raiponce Corona. Non, non ,non, tu ne comprends pas.
Il la repoussa sur le lit, la faisant rebondir. Puis il la domina de toute sa hauteur, une main juste à côté de sa tête.
- Je t'aime à en mourir, déclara-t-il. Tu m'as été offerte par ta belle-mère, tu ne peux plus reculer désormais, TU. ES. MA .FIANCEE. Tu n'es plus une Corona mais une Black que tu le veuilles ou non. JE TE POSSEDE. Tu ne comprends donc pas que tu n'as plus aucun autre choix ? Tu seras à mes côtés jusqu'à ton dernier souffle et tu devras me combler pour trouver le bonheur. Tu n'auras pas le choix que de m'obéir. Tu verras, la vie seras belle lorsque tu l'auras enfin assimilé. Tu seras couverte d'or, d'amour et la moindre de tes envies sera comblée. En échange, tu deviendras ma tendre et magnifique épouse. Une femme digne de notre rang, obéissante, sage et aimante. MA femme. C'est ton destin !
Les yeux humidifiés par la peur, Raiponce l'observa se relever tandis qu'il la déshabillait du regard. Elle tremblait si fort que le lit couinait.
- Mais… Si tu n'es pas sage, comme aujourd'hui…. Si tu OSES me mentir, me tromper… alors… je devrais te punir. Encore et encore. Jusqu'à ce que le message entre dans ton petit crâne. Il n'y a pas de place pour un autre. Dans ta vie il n'y aura que MOI.
Il appuya sur sa tête, elle était tétanisée et se mit en position fœtale, cachant son visage dans les drapés.
Pitch respirait plus fort désormais. Il semblait s'amuser par-dessus sa colère. Il attrapa son bras et la força à le regarder tandis qu'il s'avançait vers elle. Agrippant ses poignets il la cloua au lit d'une seule main, imposant son poids sur elle.
- Je vais t'apprendre à qui tu appartiens !
D'un rire profond il posa sa main libre pour glisser sur sa robe. Il descendait lentement en l'observant, elle se mit alors à hurler de tout son âme.
- NON ! PAS CA ! PITIE ! NOOOON ! JE NE VEUX PAS !
- Ta virginité est à moi. Tout est à moi.
Il ricana et releva ses jupons. De toute sa vie, Raiponce n'avait jamais eu aussi peur, aussi mal à l'intérieur. Ce fut comme si on détruisait la dernière partie de son âme. Elle se sentait si honteuse alors que la main du mâle remontait jusqu'à sa culotte en dentelle.
Elle se mit à pleurer, crier, et se tordit dans tous les sens. Elle se débattit si fort qu'il dut la lâcher avant de la gifler, une, deux, trois fois.
- NOOOON ! NON ! NON !
Hystérique elle le griffa puis le mordit quand sa main tenta de la maintenir. Il la tira par les cheveux avant de la frapper contre le mur et de la coincer contre le lit. Les jambes partant dans tous les sens elle frappa au hasard mais Pitch tint bon avant de lui déchirer sa robe pour la posséder.
Elle refusait de se laisser faire. Instinct primaire de survie, elle ne voulait pas être souillée ! Mais elle était seule, prise au piège dans son filet. Le maquillage dégoulinant sur son visage défait, en larmes, elle sentit la main de Pitch lui arracher son sous-vêtement et lui dégrafer son corsage.
- A l'aide ! Pitié ! Aidez-moi !
Ses cris ne sortirent pas de la chambre et elle se fit frapper à nouveau. Le coup à la tempe lui arracha un beuglement de douleur. Elle fut sonnée, à moitié dans le brouillard alors qu'il regardait son intimité avec délice.
- Jack… Implora-t-elle. Jack…. Aide-moi ! Je t'en supplie, viens me chercher !
Pitch continuait sans l'écouter, insatiable il attrapa ses seins pour les dévorer. Malgré sa lutte, Raiponce faiblissait et la langue sur sa peau la tétanisa pour de bon. Elle gémit d'horreur, les yeux définitivement morts, hantés. Il allait la violer. Là. Maintenant. La dernière barrière qui la maintenait en vie se brisa en mille morceaux. Ses yeux se fondirent en un puits abyssal sans fond. Elle ne respirait presque plus tant le supplice était infernal…
- Jack…
Ce fut le seul mot qu'elle réussit à prononcer. Alors, Pitch se souleva pour la regarder et se frotter contre elle. Il avait ouvert son pantalon et exhibait son entre jambe avec délice. Raiponce était morte. Elle regardait un point vide, inexistant. Il en rit, glissant sa main entre ses cuisses.
- MA PRINCESSE. A MOI !
A ses mots il fit pénétrer ses doigts. Elle se cambra de terreur alors qu'il la maintenait d'une main ferme sur son cou, lui bloquant la respiration. Un choc électrique parcourut tout son corps tandis qu'il la violait de son doigt. Le dégoût qui l'envahit était sans précédent. Une étincelle jaillit dans son esprit.
Elle ne pouvait en supporter plus !
Alors qu'il se préparait à la pénétrer, Raiponce eut un dernier regain de défense. La colère déformant ses traits, elle propulsa sa jambe vers l'entre-jambe de Pitch et écrasa son pied dessus avec une force qu'elle n'aurait jamais soupçonnée. Elle broya sa masculinité en quelques secondes. Il se mit à hurler à la mort et s'effondra sur le lit en chien de fusil. La douleur lui vrilla le cerveau, le rendant inconscient , la bave aux lèvres.
Raiponce se leva aussitôt comme un automate, et, sans réfléchir – elle ne le pouvait plus-, elle fonça vers la fenêtre qu'elle déverrouilla avant de s'enfuir à toutes jambes. Hagarde, sa seule pensée fut de fuir. LOIN , TRES LOIN de lui ! Elle courut au hasard, incapable de parler, de crier. Puis elle vit l'eau noire qui luisait sous la lune. Oh, douce nature. Elle se dirigea vers la poupe du bateau, sachant enfin comment ne plus souffrir. Comment abolir cette douleur qui lui déchirait les entrailles. Enfin, elle allait être libre ! Enfin elle ne souffrirait plus. Finies les tortures physiques, mentaux, psychiques… Finis les viols, la honte, le dégoût.
- Papa… Maman…J'arrive. Attendez-moi.
En proie à une douce euphorie, elle fonça vers les barrières en gémissant. Elle monta sans une hésitation, écouta l'eau clapoter sous les ailerons puis, dans un dernier souffle, elle se laissa glisser.
- Papa…
- NOOOOOOOOOOON ! RAIPONCE !
La blonde ferma les yeux et attendit de sentir la morsure de l'eau. Elle sentit soudain un contact chaud au niveau de son poignet tandis que son corps claquait contre le métal en un bruit sourd. Elle papillonna des cils, perdue... Elle entendait quelqu'un hurler, elle sentait des larmes couler sur elle. Levant le nez… ses yeux s'agrandirent. Jack la retenait avec ses deux mains sur son poignet droit. Les jambes enroulées dans la barrière il pendait lui aussi, les yeux fous de terreur.
- RAIPONCE ! Accrochez-vous !
- … Non… Lâche-moi, Jack. Je veux m'en aller. Plus rien ne m'attend ici… déclara-t-elle enrouée d'avoir tant crié.
- JAMAIS ! JE NE TE LAISSERAI JAMAIS TOMBER !
Il était fou de douleur et tirait pour la remonter mais ses maigres forces ne suffisaient pas.
- Au secours ! AIDEZ-NOUS ! Hurlait-il dans le vide. AIDEZ-LA !
- Jack… Pitié… Je n'en peux plus…
D'un regard il serra plus fort sur son poignet.
- Je refuse que vous mourriez ! Vous… Vous êtes une personne incroyable, Raiponce ! Ne partez pas comme ça ! Je veux vous rendre le sourire ! Je… Je ferai tout pour vous aider ! Alors par pitié, ne faites pas ça !
Il repensa fugacement aux dernières paroles de sa mère. Il se mit alors à lui sourire à travers ses larmes et d'une voix tremblante il lui dit :
- Tout va bien, ne vous en faites pas ! Je vais vous sortir de là, je vous le promets ! Je vous protègerais ! Je… Je ne vous laisserai jamais tomber ! Faites-moi confiance ! Je suis là !
Raiponce sentit une impulsion la ranimer et… Elle se mit à trembler avant d'attraper les mains pâles de Jack avec son autre main libre. Il en profita pour tirer plus fort alors qu'elle se donna la force de grimper avec ses pieds contre la paroi glacée.
Il tira, encore et encore, avant qu'il ne puisse l'agripper par la taille. En jetant un œil vers l'eau gelée il eut un instant de terreur puis il bascula avec elle sur le sol du paquebot. Essoufflé il la prit dans ses bras.
- Je suis là ! Je suis là ! Je vous le promets, Je vous protégerai !
Raiponce se mit à pousser un cri animal et à pleurer en arrachant à moitié le sweet-shirt de Jack. Elle enfonça sa tête tout contre lui et se laissa aller. Elle tremblait, s'agrippait, hurlait. Sonné, Jack la tint encore plus fort, lui caressant ses longs cheveux pour lui apporter de la chaleur, la rassurer. Il ne la laisserait plus partir, c'était décidé ! Le regard noir il pleura lui aussi en silence, tremblant de haut en bas. Ses bourreaux payeraient !
Des Stewards arrivèrent après avoir entendu les cris de détresse de la jeune femme. Quand ils virent Jack qui la retenait dans ses bras, elle, une lady de la haute société, et lui, un pouilleux, ils s'imaginèrent qu'il venait de la violer. Ni une ni deux ils arrivèrent pour les détacher de force et frapper le jeune homme alors qu'il refusait de la lâcher.
- NON ! NON ! JE NE VOUS LAISSERAIS PAS LA RAMENER LA BAS !
Quand ils réussirent, Jack se fit plaquer au sol.
- VAURIEN ! COMMENT AS-TU OSÉ SOUILLER LE TITANIC ?! VIOLEUR !
On le martela de coups sans qu'il puisse répondre. Raiponce avait beau être en transe, lorsqu'elle vit le spectacle elle mordit un des gardes pour fondre sur Jack et le protéger. Elle reçut un coup de poing sur le nez et s'effondra en hurlant, un filet de sang coulant sur sa bouche.
- ARRETEZ ! IL N'A RIEN FAIT DE MAL ! Il… Il m'a sauvé la vie !
Des badauds arrivèrent, curieux de l'agitation et des hurlements nocturnes. Les Stewards se fixèrent, honteux, avant d'aider Jack à se lever.
- Pardon on… on croyait…
Ils regardèrent la jeune femme se précipiter dans les bras du jeune homme en s'excusant en boucle. Il la rassura d'un regard, la mine tabassée, alors qu'un des gardes s'avança.
- Mais… que s'est-il passé ici exactement!?
- Elle a glissé par-dessus les barrières et je l'ai rattrapée avant qu'elle ne tombe à l'eau. Elle était malade, expliqua Jack incapable d'avouer la vérité.
- C'est bien vrai, mademoiselle ?
Ne pouvant s'exprimer elle hocha la tête et se laissa choir tout contre son sauveur.
- Quelle frayeur vous avez dû avoir ! Et vous aussi, s'exprima maladroitement le capitaine des gardes en se tournant vers Jack. Nous sommes sincèrement désolés pour ce malentendu…Venez dans la salle de repos des Stewards, on va vous apporter des soins, d'accord ?
La blonde refusa de partir et Jack lui caressa les cheveux.
- Viens… Fais-moi confiance, Raiponce. Tu ne crains rien avec moi.
Ce fut la première fois qu'il la tutoyait. Elle en leva les yeux sur lui et accepta de le suivre sans rechigner.
Une fois au calme dans un salon luxueux avec une table et des banquettes vides, la blonde s'effondra au sol. Les membres de l'équipage venaient de finir de les soigner, les laissant un peu seuls après leur mésaventure. L'un d'entre eux semblait suspicieux après avoir vu le corps martelé de la jeune femme mais celle-ci répétait qu'elle était une casse-cou et qu'il ne fallait pas faire attention… De toute manière, Pitch avait le bras long et ils pourraient les faire taire si elle avouait la vérité… Donc elle préféra mentir comme Jack. A quoi bon compliquer les choses ?
L'argenté décida de lui caresser le dos pour la réchauffer mais elle le repoussa violemment et se colla contre le mur.
- Je… Je suis si sale, sanglota-t-elle. Ne me touche pas Jack !
- Tu ne seras jamais sale à mes yeux.
Elle secoua la tête et enferma sa tête entre ses cuisses. Il s'approcha un peu et resta accroupi en face d'elle.
- Que s'est-il passé… ? Raiponce, dis-le moi.
Elle renifla et secoua encore la tête.
- Je veux t'aider… Qui t'a fait du mal ? Tu peux tout me dire, je n'aurai JAMAIS aucun jugement envers toi. JAMAIS. Tout comme toi, tu m'as toujours accepté.
Il lui prit la main. Elle releva son petit nez. Ses yeux étaient ceux d'une personne traumatisée. Encore plus qu'avant en tout cas. Il serra sa main de douleur et elle serra en retour. Elle était en confiance avec lui…
- Pitch… Il m'a… Il m'a…
Ça ne sortait pas, elle déglutit. Jack comprit sans avoir besoin de l'entendre.
- LE SALAUD !
Il grinça des dents et la prit contre lui. Elle se lova dans son pull, les larmes coulant en un torrent sans fin. Elle tremblait comme un chaton martyrisé. Ce qu'elle était, en quelque sorte.
- Il m'a humiliée, frappée, souillée ! Il a… il a enfoncé son doigt. Hoqueta-t-elle. Je suis au fond du gouffre Jack, tout au fond… Je n'en peux plus ! Tu comprends ? Les coups, les ordres, les humiliations, la vie de noble, les faux-semblants, la discrimination, l'égoïsme, tout ça… JE N'EN PEUX PLUS!
Jack hocha la tête, elle vidait enfin son sac.
- J'ai peur de LUI et de ses sbires ! J'ai peur… de ma belle-mère ! De ce qu'ils pourront encore me faire à l'avenir ! J'ai mal ! Si mal ! Si tu savais… ! Je suis si seule ! Si perdue ! Je t'en prie, Jack, ne me laisse pas !
- JAMAIS.
Il la serra plus fort encore et elle s'accrocha encore plus à lui.
Les Stewards revinrent pour leur apporter des calmants, des biscuits et du thé histoire de les réconforter un peu. Ils s'excusèrent encore pour le malentendu et Jack leur assura que tout allait bien. Ils repartirent ensuite prévenir le capitaine de l'incident tout en rassurant les clients curieux. Jack décida de ne rien avouer aux gardes de la vérité, il ne savait même pas si il le devait, par respect pour elle alors il se tut.
Quand Raiponce se sentit enfin mieux, elle se détacha en reniflant et se moucha. Jack lui avait tendu une serviette de table qui trainait puis il la guida à la table pour qu'elle boit un peu et avale le calmant. Raiponce obéit à tout sans avoir besoin de réfléchir puis elle se posa contre l'argenté sur une banquette. Le cachet la détendit aussitôt et elle se laissa envahir par un court sentiment de bien-être, là, au chaud contre son Jack.
- Enfuis-toi avec moi ! Formula le jeune homme après un long silence. A l'arrivée du bateau, même si je n'ai rien d'autre à t'offrir que ma présence, partons loin de LUI, loin de ta marâtre ! Je veux t'emmener avec moi ! Je t'emmènerai partout voir le monde et, ensemble, on ira retrouver Emma pour s'assurer qu'elle va bien. D'accord ? Toi et moi… en Amérique !
La jeune femme ferma les yeux un instant. Elle ne savait quoi répondre, embrouillée, vaseuse, fatiguée… Il reprit.
- Et on emmènera Cassandra avec nous bien sûr.
- Comment… Comment la connais-tu ?
- On a discuté hier quand j'ai investi le pont supérieur en cachette. Mais chut, c'est un secret ! Elle m'a dit de te protéger et de te sauver. Je n'avais pas saisi l'urgence de sa demande, je suis sincèrement désolé…
- Elle a dit ça ?
- Oui. Elle tient à toi ça se voit.
- Oh… Cass'…
Raiponce cacha son visage toujours larmoyante. Jack lui caressa délicatement ses beaux cheveux dorés. Ils étaient si doux, si soyeux. Ils sentaient bon les fleurs.
- Réfléchis-y, insista l'argenté. Pour ma proposition ! Moi je ne te laisserai jamais tomber. Je serais toujours là pour toi et je ne te ferai aucun mal. Je te protégerai !
Elle hocha simplement la tête, prête à s'endormir. Elle se sentait si bien après ce qui venait de lui arriver qu'elle ne voulait plus jamais quitter les genoux du jeune argenté.
Arriva alors le capitaine en personne qui s'assura qu'elle allait bien après sa chute. Elle cacha ses bleus et se laissa guider, incapable de résister à la pilule du sommeil. Jack se leva à son tour et se fit arrêter par un des responsables du navire.
- On ne s'est pas déjà vus quelque part ?
- Euh… Non…
- Pourtant, j'ai l'impression de vous avoir croisé, non ?
Il se souvint de son escapade dans les ponts supérieurs et déglutit. Son interlocuteur aussi se souvint.
- TOI ! C'est toi qui a frappé un serveur pour lui voler ses vêtements ! On devrait te mettre dans les cabines de détention !
Il sortit ses menottes mais le capitaine l'arrêta en cours de route.
- Allons, pas ce soir Monsieur Edgard. Il vient de sauver une vie.
- Mais Capitaine Nicolas !
Il se tourna vers Jack.
- Ce que vous avez fait est grave jeune homme mais nous allons passer l'éponge pour cette fois. Vous avez notre entière gratitude pour avoir protégé une vie et pour cela je vous offre une invitation au bal qui est prévu demain soir ainsi qu'un laissé passer pour venir revoir votre amie des ponts supérieurs. Cependant, j'espère ne plus avoir de problèmes avec vous.
Il le regarda avec ferveur. Jack sentit que c'était un homme bon, bienveillant et sévère comme il le fallait. Alors il approuva avec force.
- Je vous le promets Capitaine ! Merci pour votre invitation, je suis honoré d'avoir le droit de participer à ce genre de cérémonie.
- Ce n'est pas grand-chose au vu de votre héroïsme. J'espère que le reste du voyage vous conviendra.
- Il me convient déjà. Votre navire est somptueux.
Le capitaine lui sourit en lui tapotant l'épaule.
- Bien, après cette longue soirée, allons tous nous reposer, vous ne pensez pas ? Nous nous reverrons au bal jeunes gens. Vous verrez, j'ai prévu une magnifique surprise !
Tout content, le capitaine Nicolas retourna à son poste suivi du fameux Edgard, son second, qui l'avait mauvaise, et des autres Stewards. Deux d'entre eux se portèrent volontaires pour raccompagner les passagers.
- Pas dans ma chambre… Je ne veux pas…
Raiponce secouait la tête avec névrose.
- Allons, soyez raisonnable mademoiselle.
- Ca va aller, je t'accompagne, lui dit Jack en lui tenant la main. Je ne te lâche pas d'une semelle !
Raiponce s'y agrippa et remarqua étrangement qu'il tremblait. En fait, il tremblait depuis un moment et dans ses yeux, outre la colère et la peine se lisait une forme de frayeur. Elle ne comprit pas mais laissa de côté son impression tant elle sentait son corps se ramollir.
Une fois à bon port, Pitch Black avait totalement disparu et Jack put la coucher avec les hommes d'équipages. La pièce était en miettes et l'argenté sentit sa haine monter encore d'un cran. Lorsqu'ils fermèrent la porte après avoir nettoyé et rangé le lieu – Ils se posaient mille et une questions dont Jack avait haussé les épaules-, l'argenté la fit verrouiller comme elle l'avait demandé puis il rentra seul à sa propre cabine.
Sur le chemin, un coup de poing vint lui frôler la tempe. Il se retrouva face à face avec son ennemi, Pitch Black, le regard déchiré de fureur.
Non loin de là dans une chambrée, Cassandra était attachée à une chaise en bois, ligotée comme un rôti. Un de ses yeux était violacé et du sang coulait de ses lèvres. Gothel venait de passer ses nerfs sur elle, la traitant de tous les noms. La bave se répandant sur sa robe, Cassandra eut du mal à respirer après le coup reçu à la poitrine. Elle se mit à vomir et fixa Astoria marcher de long en large.
- Je n'ai pas fait tout ça pour qu'à la fin tout parte en lambeaux ! Tant d'années à monter dans les rangs de la société, tant de travail pour devenir ce que je suis ! J'en ai parcouru du chemin. Je ne compte pas abandonner alors que je suis à la dernière ligne droite !
Elle parlait à son reflet, ses cheveux hirsutes rebondissant à chaque intonation.
- Cette Raiponce de malheur va tout gâcher ! Mais je ne la laisserais pas faire ! Heureusement que Pitch est aussi intelligent que moi. Il faut que je l'enchaine jusqu'en Amérique et ensuite… Oui ensuite je toucherai enfin le saint graal des mains ! Adieu la misère, la vieillesse, la dépravation. Bonjour la vie de rêve, de luxe infini !
- Fous l'utilifé comme un fouet, bafouilla Cassandra à moitié dans les vapes. Comment pouféfou faire ça à la fille de l'homme que fou aimiez !
Surprise, Astoria se retourna avant d'avoir un fou rire. Elle s'approcha et lui tint le menton.
- Chérie, je t'en prie, l'amour n'a rien à voir là-dedans ! Comme si j'en avais jamais eu quelque chose à faire de Frédérick et de tous les autres. Comme tu es mignonne. Aussi naïve que ton père.
- Fou connaissiez mon père ?!
- Qui sait.
Astoria lui tapota la tête avec malice puis elle se recoiffa avant de se repomponner. La colère lui avait donné un teint horrible, elle devait se reprendre. Une fois aussi belle que possible, la comtesse détacha sa victime avant de la balancer sur le sol sans un regard. Elle décida de se rendre dans la chambre de la blonde pour voir où IL en était mais elle était toujours fermée à clef.
En retournant dans sa cabine, écoutant les commérages de la chambre d'en face, elle apprit ce qu'il s'était passé plus tôt. Choquée, elle resta un instant sur le pas de sa porte. Les autres femmes en profitèrent pour lui poser des questions sur l'état de la pauvre Raiponce qui avait failli passer par-dessus bord avant d'être sauvée par un troisième classe de passage. Hébétée de surprise, Gothel mima une fausse peine et se retira dans ses quartiers.
- Merde, cracha-t-elle entre ses dents. Cette stupide gamine va me donner plus de fil à retord que je le croyais. Il faut à tout prix que je l'empêche de se suicider – Elle n'était pas dupe sur la véritable raison de la « glissade »-. Du moins, pas avant le mariage. Ensuite, elle pourra bien faire ce qu'elle veut.
D'un gloussement, la marâtre décida d'aller se coucher. Le lendemain elle devrait à tout prix se mettre en phase avec Pitch pour enchainer la blonde le reste du voyage. Elle devait rester en vie et se marier à l'arrivée du bateau, point barre.
Dans sa cabine, Cassandra avait repris connaissance et se traina dans la salle de bains pour se laver et boire un peu d'eau. Se voyant dans le miroir elle se détesta encore plus mais ce qui la fit pleurer de rage fut le comportement de Gothel à l'égard des Corona. Elle n'avait jamais imaginé qu'elle était diabolique à ce point. Et puis… d'où connaissait-elle Alexandre Cross, son paternel mort quand elle était toute jeune ? Incapable de calmer son cœur, Cassandra se traina jusqu'à sa chambre de bonne où elle s'effondra tout contre ses couteaux fétiches.
- Raiponce… Par pitié… Faites qu'elle aille bien…
Les deux gorilles aux rouflaquettes se placèrent à droite et à gauche de Jack pour le coincer. Il était pris en tenaille et serra son collier lune pour se donner du courage. Enfin il le rencontrait en face à face, le gominé. Le tortionnaire, le psychopathe. LE PITCH BLACK qui avait souillé l'ange du soleil. La colère était aussi virulente chez son ennemi que sur son visage blanc de lait.
Ils se jaugèrent un moment avant que Jack ne prenne la parole.
- Comment avez-vous pu faire ça à Raiponce ?! Vous êtes un véritable monstre ! La honte de la gente masculine !
- Puis-je savoir qui tu es pour me parler ainsi, vermine des trottoirs ?!
Les Stabbington gloussèrent en s'approchant. Jack déglutit mais ne se démonta pas.
- Jack Frost ! Je suis un humble voyageur sans le sou, c'est bien vrai. Mais je suis aussi celui qui sauvera Raiponce !
Pitch éclata d'un fou rire que reprit ses gardes gigantesques en échos.
- Toi ? La sauver ? Mais de quoi donc ? Tu n'as rien et tu n'es rien. Un déchet qui pense pouvoir m'atteindre ? On aura tout vu !
La démarche de Pitch était grotesque, comme si il avait des palmes au pieds. Son entrejambe semblait le faire souffrir atrocement ce qui offrit à Jack un sourire en coin.
- Parce que vous êtes riche vous pensez pouvoir tout acheter mais… l'amour n'a pas de prix et ELLE ne vous l'offrira jamais. Car vous ne savez pas aimer. Juste acquérir et posséder. Je vous plains sincèrement.
Il secoua la tête de déni avant d'esquiver le poing d'un des gorilles puis un autre de son frère. Il dansa sur place, agile, avant que Pitch ne les arrête d'un geste. Jack était pris au piège contre une paroi, il ne pouvait plus s'enfuir.
- Moi c'est toi que je plains petit rat. Quand j'en aurais fini avec toi je te balancerais par-dessus bord et personne ne viendra te pleurer. Personne.
Jack se raidit. Il cacha un tremblement que Pitch vit avant de rire.
- Tu n'as strictement rien dans la vie, je le sais, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Tu te raccroches à elle car tu espères qu'elle te sauvera de la misère, c'est tellement pathétique !
- C'est faux ! Moi je… Je l'aime sincèrement ! Avoua-t-il de toutes ses tripes.
Pitch sortit un couteau de sa poche, il allait vraiment le tuer ?!
- Sauf qu'elle est à moi et que RIEN ni PERSONNE ne me prend ce qui m'appartient.
- Vous ne pensez donc pas à ses sentiments ?! Vous êtes égoïstes ! C'est écœurant !
- Tu ne comprendras jamais le véritable amour, dit Pitch en brandissant son arme. Tout ce que je suis prêt à faire pour elle ! Pour la garder, c'est à ça l'amour avec un grand A ! Quand à toi qui a osé l'approcher et l'éloigner, je vais te le faire payer !
Jack secoua la tête, incrédule.
- Vous êtes complétement fous !
Il ricana.
- Fou d'elle, oui, et elle mérite d'avoir une vie de rêve à mes côtés. Pas une vie de clocharde sous les ponts avec toi. Tu l'as voudrais hein ? Et bien je suis au regret de t'annoncer que c'est impossible car elle est MIENNE. Ce fait est immuable, je vais donc devoir te faire disparaitre !
Au moment où il courut pour enfoncer sa lame. Jack sauta en l'air, agrippant un tuyau avant de basculer de tout son poids vers l'entre-jambe de Pitch qui s'effondra en arrière en hurlant à s'en décrocher les amygdales. Jack avait visé son point faible sans une once d'hésitation. Il en ricanait.
- Pour moi tu n'es pas un homme mais un déchet ! Je te ferai descendre de ton piédestal !
Les Stabbington grognèrent en fonçant vers lui mais Jack avait déjà sauté plus loin et filait aussi vite qu'une gazelle poursuivie par des lions. Le regard déterminé, les mains posées sur son collier il fonça vers les ponts inférieurs qu'il connaissait que trop bien désormais pour semer ses poursuivants. Il réussit à se glisser par de petites portes et finit par leur échapper avant de retourner dans sa cabine, vidé. Il s'effondra comme une masse, le cœur lourd, le cerveau en ébullition.
Les mains agrippées au collier en forme de lune il s'endormit pour une série de cauchemars douloureux. Incapable d'oublier le regard et la douleur de Raiponce ni les propos ignobles de Pitch Black.
En haut du bateau, dans la cabine de luxe, Raiponce Corona, au sommeil sans rêve, tenait elle aussi le collier en forme de soleil dans ses mains. Elle se mit alors à marmonner, un léger souffle d'apaisement aux lèvres :
- Tu es… là.
Un chapitre déterminant qui n'était pas de tout repos,
j'espère que les âmes sensibles sont toujours parmi nous xD
A bientôt!
