Je vous souhaite une bonne lecture!
Chapitre 7 : Nouveau souffle
En cette belle matinée du treize avril, le Titanic alluma ses derniers moteurs sur le conseil de l'ingénieur Varian qui voulait faire du paquebot, le navire le plus rapide du monde. A ce rythme il comptait arriver un jour en avance sur l'horaire prévu. Le capitaine, bien que réticent alors que son engin se rôdait, décida d'accorder la manœuvre. Après tout, c'était son dernier trajet. Quoi de plus beau que de finir en fanfare ?
- Capitaine ? Je peux vous parler un instant ?
Nicholas se retourna vers son second, Aster Bunnymond. Son cadet avait les cheveux grisonnants malgré sa trentaine mais était aussi vaillant que plusieurs matelots à lui tout seul. De sa longue barbe blanche bien taillée, son supérieur lui sourit.
- Dites-moi tout. Prenez un siège.
Le capitaine prenait un bon chocolat chaud ce matin-là et était assis à sa table personnelle. Aster se mit en face, des papiers en main.
- J'ai enquêté sur ce Jack Frost et sur notre client millionnaire Pitch Black. Ainsi que sur la famille de Corona. Pour l'instant je n'ai pas trouvé grand-chose mais…
Il se tut car un cadet passait par là. C'était une enquête officieuse que menait le capitaine, personne ne devait être au courant car investiguer sur le Grand Pitch Black, pouvait valoir beaucoup de problèmes.
- … Mais j'ai réuni quelques témoignages qui affirment qu'il y a eu des cris dans la fameuse chambre de Miss Corona hier soir. Des cris désespérés, suppliants...
Nicholas se gratta la barbe, pensif.
- Quelles sont tes conclusions ?
- Une agression, s'avança Bunnymond. Je ne pense pas que cela concernait Jack Frost car la demoiselle n'avait pas peur de lui. Je pense plutôt à son fiancé.
- Ils sont ensemble ?
- Oui.
- … Dans ce cas… Je ne peux pas faire grand-chose, soupira Nicholas. Un problème interne dans un couple officiel de la haute société, je n'ai rien à en redire. Si cela avait été un crime punissable, j'aurai agi mais là.
- En plus avec Black oui… Je me doutais bien qu'on ne pourrait pas donner suite.
Bunnymond grogna et Nicholas fit grise mine.
Une petite voix les interrompit derrière eux :
- On ne peut vraiment rien faire pour elle ?
- Eh bien Thiana, Sandy, on écoute les conversations des supérieurs maintenant ?
Une jolie femme au corps svelte en tenue de femme de chambre et aux cheveux anis les fixaient avec son ami blond comme les blés. Celui-ci était muet et fit des signes de la main pour montrer son désaccord sur la décision du capitaine. Tous ensemble, ils formaient un groupe depuis plusieurs années maintenant. Ils étaient tous à la tête du navire à seconder le capitaine.
Mais Nicholas ne put que secouer la tête, amer.
- Vous pouvez apporter un peu de chaleur à la comtesse le temps du voyage mais… N'intervenez pas dans leur histoire. Vous auriez de gros ennuis, cela ne nous regarde pas ce qu'il se passe dans leur famille.
Triste, Thiana retourna à son linge, incapable d'accepter qu'un homme traite aussi mal sa fiancée. Sandy et Aster repartirent pour faire leur ronde, ayant enfin le fin mot de l'histoire sur cet incident de la veille. Le capitaine finit sa tasse avant de se remettre au travail. Il retrouva Varian, un jeune homme plein d'ambition qui avait mis au point la plupart des mécanismes du navire pour une longue discussion sur les prouesses de ce dernier.
« Vivement le bal de ce soir » se dit Nicholas quand Varian reprit une nouvelle slave de paroles sur sa fierté envers le grand, rapide et insubmersible Titanic.
Le navire filait ainsi toute machine en avant, au beau milieu de l'Atlantique, sans aucun obstacle alentour.
Il fut tard quand Raiponce Corona émergea de son semi-coma. La nausée lui prenait la gorge, elle était complétement perdue, amorphe. Il lui fallut un moment pour émerger et se souvenir de la veille. Elle sentit son cœur s'accélérer à ses souvenirs. Le quasi viol, le suicide, le sauvetage, Jack…
La jeune femme déglutit et se leva. Elle était seule tandis que le soleil brûlait la vitre de sa cabine de luxe. Rassurée, elle prit le temps d'inspirer et d'expirer pour calmer son angoisse. Peu de temps après, quelqu'un frappa à sa porte. Elle se raidit comme une planche de bois.
- Raiponce, c'est moi. Ouvre.
Le ton était froid et autoritaire. La blonde hésita avant de tourner le loquet et de regarder sa belle-mère entrer dans la chambre sans la regarder. La jeune comtesse voulait affronter ses peurs car sinon… elle savait qu'elle ne pourrait plus jamais sourire à nouveau. Elle devait être courageuse comme Jack le lui avait montré. Comme son père l'aurait voulu. C'est en prenant exemple sur eux qu'elle décida de changer. De ne plus être une proie faible et pathétique comme hier soir. Elle avait pris cette décision en tenant son collier entre ses doigts.
- Mère.
Gothel se tourna et la fixa d'un air mauvais, bien plus qu'à l'ordinaire. Sa belle-fille fit tous les efforts du monde pour ne pas s'enfuir en hurlant jusqu'au pont inférieur pour se réfugier avec Jack. Non, elle devait d'abord les affronter comme une grande.
- J'ai appris ce qu'il s'était passé hier soir, fit la marâtre en faisant courir ses ongles sur un meuble. Tu as tenté de passer par-dessus bord – Inutile de me mentir je te connais-. Tu as pathétiquement porté la honte sur notre famille et ton futur mari… Et moi qui croyais que tu avais enfin changé. Que tu avais ouvert les yeux sur l'avenir brillant qui nous attendait. Tu me déçois tellement. Depuis toujours tu n'as fait que les mauvais choix. Et je ne parle même pas de ton outrageuse infidélité avec ce jeune blanc-bec puant la pisse de bas étage.
Raiponce sentit la colère monter. L'insulte envers Jack la touchait personnellement. Bien plus que ce qu'elle avait pu dire juste avant. Elle serra les poings.
- Jack est un homme bien ! Assena-t-elle avec un aplomb imprévu. Et je n'ai pas fauté ! De un je ne suis pas encore mariée et de deux je n'ai rien fait avec lui. Nous sommes juste allés nous balader pour voir ce que VOUS m'interdisiez de visiter ! C'est tout. Quant au fait d'ouvrir les yeux, oui je les ai ouvert, mais, dans le sens inverse que vous espériez.
Elle s'avança en la pointant du doigt.
- Je vous vois VOUS ! ET LUI ! Et ça me dégoûte !
- Petite idiote !
Gothel s'avança pour l'agripper et la frapper. Raiponce se lança sur la première chose qu'elle trouva, une poêle à frire que Cassandra avait laissé trainé, et la menaça.
- NE ME TOUCHEZ PAS !
Le pauvre jeunette tremblait. Le souvenir de Pitch sur son corps la hantait, elle avait envie de pleurer. Elle ne voulait plus que personne, JAMAIS, ne la touche. Sauf Jack… Oui, sauf lui !
- Oh ! Attention, petite fleur se rebelle, comme c'est mignon.
Astoria eut un rire et une grimace étrange, entre haine et amusement. Cette nouvelle expression que Raiponce n'avait jamais vu la tétanisa. Ses yeux glacés déformés, cette bouche tirée vers le haut, ce regard profond et dévorant. Elle avait tout d'une sorcière.
Raiponce se recula.
- Je ne… plaisante pas ! Osa-t-elle aboyer.
Astoria s'avança et esquiva la poêle pour la prendre dans sa main et tirer sa fille adoptive à elle.
- Et que crois-tu pouvoir faire contre moi ? Déclara-t-elle. Tu me trouves dangereuse n'est-ce pas ? Dis-toi que c'est encore pire que ce que tu pourrais imaginer. Alors, crois-moi, si tu me cherches tu vas me trouver ! Tu veux que je sois la méchante, très bien, je jouerais la méchante !
Elle relâcha la poêle, Raiponce bascula en arrière avec la force du rejet. Contre le mur, la jeunette serra fort son collier avant de reprendre. Du courage ! Allez du courage ! Se motiva-t-elle.
- C'est terminé, Mère, je ne suis plus votre marionnette ! A l'arrivée du bateau je partirai faire ma vie de mon côté. Et vous ne me reverrez plus jamais !
- Ahhh, tu veux t'enfuir avec lui ? Avec le premier traine patin venu, ricana Astoria. Comme ce Fitzherbert, tu te souviens ? Tu es si prévisible, si naïve ma fille. Tu me fatigues avec ton sentimentalisme Fleur bleue. Le grand amour tout ce charabia. Il faut que tu atterrisses, ma fille. Tu n'as aucun avenir avec ce genre d'idylle.
- Je me fiche bien de votre avis sur ma personne. Même sans argent je vivrais comme je l'entends et je serais libre de vous !
- Tu seras surtout une prostituée. C'est comme ça que finissent les femmes sans argent. Tu le savais ça ? Ah non, ton prince charmant ne t'as rien dit, n'est-ce pas ?!
Raiponce se bloqua. S'imaginer vivre en vendant son corps lui était impensable ! Déjà avec Pitch elle avait failli en finir alors un inconnu… Elle était bonne pour l'asile ! Elle déglutit. Astoria reprit, toujours plus perfide et mielleuse.
- Et oui ma belle, tout n'est pas rose dans les bas quartiers. Les femmes sont traitées comme des objets sexuels rien de plus.
- Jack… Ne laissera jamais faire ça, il…
- Il n'a aucun pouvoir, aucune influence. Tu as vécu toute ta vie dans ce cocon douillet alors tu n'imagines pas ce qui t'attends en bas. Ma pauvre, si tu savais. Moi j'ai connu et je ne le souhaite à personne.
- Vous étiez pauvre ?!
- Fut un temps oui, j'ai arpenté la rue. Alors j'ai vendu mon corps et tout ce que j'avais puis… J'ai réussi à grimper dans la société. A ma manière. Jusqu'à me tenir ici, touchant au but ultime, la richesse à vie ! La beauté, le luxe, le monde parfait ! Pour moi et pour toi ! Je ne te laisserai jamais gâcher cela, Raiponce. Tu ne partiras nulle part. Car, je te l'interdis.
Raiponce était tout à coup moins confiante. Elle fixa sa marâtre sans discontinuer. Elle avait du mal de l'imaginer pauvre… Et… Comment avait-elle réussi à monter aussi haut ? Quelle était sa manière ?
- Je ne veux pas épouser Pitch, je refuse ce mariage, reprit-elle en secouant la tête. Il est beaucoup trop violent et mauvais. Alors, si vous insistez encore mère, je prends Cassandra et je pars loin d'ici ! Jack nous protégera…
Elle avait la voix moins forte qu'avant. Astoria l'avait senti, elle sourit.
- Cassandra ne partira jamais. Elle est ma propriété, j'ai toute la légalité sur elle.
- C'est faux ! Elle appartient aux Corona ! Pas à vous !
Astoria se mit à rire et se regarda dans la glace en bouffant ses cheveux. Elle se passa la langue sur ses lèvres puis regarda à nouveau sa belle-fille.
- Cassandra n'est pas celle que tu crois, petite fleur. Tu te raccroches désespérément à elle dans ta solitude, la considérant comme ton amie alors qu'elle t'a toujours menti. C'est pathétique.
- Elle ne m'a jamais trompée ! Elle…
- C'est ma fille biologique.
Raiponce ouvrit la bouche. Elle en lâcha sa poêle. Astoria gloussa et s'approcha d'elle avant de prendre son menton servi sur un plateau d'argent.
- Cassandra Cross est ma fille et elle est liée par un contrat pour me servir à tout jamais. Elle l'a signé lorsque je suis arrivée au château des Corona. Elle est mienne, encore plus que toi. Ah, et, en parlant de toi…
Elle planta son ongle dans sa joue.
- Tu m'appartiens aussi car ton père a légué ta tutelle. Majeure ou pas il a signé tous les droits de ta personne vers la mienne. D.O.N.C, tu ne PEUX PAS, partir. Même si tu le désire, je te ferai rechercher et te traquerai toute ta vie. TU te marieras avec Pitch que tu le veuilles ou non. C'est à ça que tu sers et crois-moi, jamais je n'abandonnerai mon rêve !
Elle avait des yeux de fou avant de lâcher la blonde. Elle en profita pour se pavaner dans la chambre, regardant avec délice la terreur de Raiponce face à ses aveux.
- C'est impossible. Tout ça… Cassandra…
- Et encore, ma belle, tu ignores beaucoup de choses, ricana Astoria. Ah, j'oubliais, ton futur mari est furieux contre toi. Il va faire la chasse à ton prince pour le mettre en pièce et lui régler son compte. Enfin, lorsqu'il sera sorti de l'infirmerie. Après le coup que tu lui as mis, le pauvre, il est dévasté de chagrin. Mais, tout ça, c'est reculer pour mieux sauter.
Gothel prit la poignée de la porte se retournant une dernière fois vers sa proie.
- Tu coucheras avec Pitch, rien ne pourra changer ce fait. Il te veut et je veux son argent, c'est donnant-donnant, toi tu n'es que la monnaie d'échange. C'est tout CE QUE TU ES.
D'un dernier rire, elle repartit en la laissant sur place. Raiponce se laissa glisser jusqu'au sol. Elle accusait le coup. Toute cette vérité faisait mal à entendre, elle venait de briser ses espoirs de fuite comme un papier se consumant sur une flamme. Comment Cassandra pouvait être sa fille alors qu'elle l'avait connu avant la marâtre ? Et les contrats… Comment son père avait pu la vendre ainsi !? Et son amie qui l'avait trahie depuis toujours !
C'était trop à encaisser…
Jack courait dans les couloirs des bas-fonds du navire.
Ce matin, il avait été pris en chasse par les deux gorilles de Pitch qui voulaient lui faire la peau. Littéralement. Ils connaissaient maintenant sa cabine et dut se résoudre à l'abandonner avec son baluchon sur l'épaule. Il était comme un rat pris dans un labyrinthe sans fin.
L'argenté n'avait jamais pensé qu'en montant sur le Titanic il serait à nouveau poursuivi et en danger. Il pensait pourtant qu'une nouvelle vie l'attendrait, loin de son passé. Mais celui-ci le rattrapait toujours et, encore une fois, il devait fuir une menace, ramper dans les recoins, se cacher, disparaitre. Il n'était que nuisance mais une chose lui tenait les tripes : Sauver celle qu'il aimait ! Elle ne devait plus jamais avoir à vivre une telle épreuve et il ferait tout pour, quitte à donner sa vie. Après tout, elle ne valait pas grand-chose pour lui, il lui donnerait sans problème.
Enfin sorti de sa cachette, Jack demanda à une famille de « l'héberger » un moment ce qu'ils firent avec grand plaisir. Les enfants connaissaient déjà bien le jeune homme qui avait joué plusieurs fois avec eux. Il les remercia et put ainsi se reposer un moment.
- Au bal des nobles ?! Comment qu'tu as fait pour être invité là-bas ? Questionna le père de famille.
Jack grignotait son repas de midi dans la cabine avec son nouveau compagnon de route.
- J'ai sauvé une des comtesses de la mort. Elle avait glissé par-dessus bord !
- Nom de Dieu ! C'est toi le fameux héros ?! J'suis encore plus fier de t'aider même si je comprends pas trop pourquoi ces deux tarés t'recherchent.
- Parce que je m'en suis pris au fiancé de la demoiselle en question. C'est une longue histoire mais je lui ai écrasé les parties intimes avec mon pied.
Son ami rit de bon cœur. Voir un noble souffrir était toujours une source de jouissance pour les pauvres. Après tout, l'inverse était encore plus vrai.
- Ben mon vieux t'as pas froid aux yeux, toi ! Ta d'la chance que l'capitaine ne t'aie pas arrêté !
- Je suis d'accord, surtout que j'avais fait une autre connerie avant. Mais bon, le capitaine est un type bien.
- Du coup t'vas te cacher jusqu'à l'arrivée à New York ?
- Certainement pas. Je vais aller à ce bal, ILS ne pourront rien me faire là-bas, devant tout ce monde.
- J'espère au moins que t'vas pas y aller comme ça ?
- Je… J'ai rien d'autre à me mettre.
- Aie, tu vas souffrir là-haut !
Jack fronça les sourcils. Comment faire pour avoir un costume ? S'il volait encore un domestique il serait dans la panade. Et son autre costume il l'avait rendu anonymement le jour même de son vol.
- Je ne sais pas mais peu importe… J'irai et… Je la reverrais ! C'est tout ce qui compte.
Son sourire amoureux fit chaud au cœur à son interlocuteur qui lui tapota l'épaule.
- Courage petiot, il n'y a qu'en se battant qu'on peut atteindre ses rêves.
Jack lui sourit sincèrement avant de terminer son repas. Il devait à tout prix trouver une solution pour le soir !
Raiponce avait déjeuné dans sa chambre, évitant de revoir Pitch qui devait forcément être sorti de la salle de soins. Elle avait bien trop peur de le recroiser et maugréait toujours de ce que Gothel lui avait appris. Tout son être réclamait de voir Jack mais elle avait trop peur de quitter sa chambre pour l'instant. Elle hésitait, incapable de prendre une décision.
Sa boite secrète ouverte devant elle, elle contempla ses trésors. A ce moment, Cassandra entra par la porte des domestiques, le visage encore un peu tuméfié. Raiponce allait se lever pour s'enquérir de son état avant de se raviser. Elle préféra l'ignorer. Cela fit mal à la servante qui se posa à côté d'elle sur le lit.
- Raip', je suis tellement désolée de ce que tu as subi avec ce …. CE CONNARD. J'aurais tellement aimé retourner en arrière pour changer les choses. Pour t'aider à te sauver de là… Mais je…
- Cesse de mentir, assena sa maîtresse les yeux dans les yeux. Je sais qui tu es. Tu me dégoûtes.
- Quoi ?! Mais je… Je suis ton amie…
- Non. Tu n'es plus rien à mes yeux. Va-t'en !
Cassandra accusa le coup. Elle ne comprenait pas ce changement de situation.
- JE T'AI DIT DE PARTIR !
La brune allait obéir mais finit par se raviser. Elle en avait assez de tout ça. Assez de se faire marcher dessus.
- Non. Je reste.
Raiponce la fixa avec colère. Une bonne qui n'obéissait pas à sa maítresse était un scandale ! Tout du moins, pour les autres car pour la blonde, c'était plus une preuve d'amitié.
- Je ne sais pas pourquoi tu m'en veux mais je ne t'ai pas dénoncée à Pitch, il l'a découvert tout seul. Tout ce temps moi j'essayais de te protéger du mal mais au final ça a quand même raté. Je n'y peux rien, c'est TOI qui à voulu le rejoindre. Et j'ai pris à cause de TOI ! C'est moi qui devrais être en colère !
Raiponce déglutit et se calma. Oui, c'était entièrement de sa faute…
- Je sais tout ça… Mais ça ne change rien au fait que tu m'as menti depuis le début ! Alors que je croyais que nous étions amies !
- Je ne t'ai jamais menti. JAMAIS.
Elles se fixèrent en chien de faïence. Ce fut la blonde qui reprit la parole en premier.
- Tu vas me dire que le fait d'être la fille de Gothel pour me manipuler par les sentiments n'est pas un mensonge ?!
- Qu…. QUOI ?!
Le choc fut rude, Cassandra sentit ses membres trembler.
- JE NE SUIS PAS SA FILLE ! Qu'est-ce que tu me racontes ?!
Raiponce changea aussitôt d'attitude. Elle lui raconta ce que Gothel lui avait dit ce matin. Sa domestique se liquéfia, sa tête lui tournait… Elle crut défaillir. Raiponce la prit dans ses bras, inquiète.
- Tu ne le savais pas… ? Tu… Oh, je suis tellement désolée… Quelle idiote je fais…
- Tu n'as rien à te reprocher Raip'… Je me souviens avoir signé un papier plus jeune et j'ai vu ton père en signer un aussi… Elle nous manipule. Mais, comment ? Comment je peux être sa fille ?
Cassandra se leva d'un bond pour se regarder dans le miroir. Elle avait les mêmes cheveux, le même teint de poupée… Seuls les yeux étaient différents.
- C'est pour ça qu'elle m'a dit connaître mon père… Cette femme… Qu'est-ce qu'elle cache ?!
Raiponce secoua la tête, incrédule, trop embrouillée pour réfléchir aussi loin.
- Je refuse d'être sa fille, je ne veux pas ! Elle le savait depuis toujours et elle m'a quand même traité comme une moins que rien ?! Et puis, comment je me suis retrouvée orpheline ? Pourquoi elle est revenue me voir sans rien me dire pour finalement épouser ton père ? Bon sang je ne comprends rien de rien !
- Moi non plus… Je suis totalement perdue et j'ai peur, Cass'… Notre vie, notre avenir est entre ses mains ! On ne peut rien faire…
Larmoyante, Raiponce sentit Cassandra la prendre dans ses bras et inversement. La domestique observa la boíte à secrets de sa meilleure amie. Le mouchoir violet avec l'emblème de Corona trônait au centre. Cela la ramena à ce Eugène Fitzherbert que Raiponce avait aimé.
- Il te manque toujours ? Questionna le brune.
- Moins qu'avant, avoua Raiponce. Mais oui, j'aimerai tant le revoir et… Comprendre pourquoi il est parti si brusquement… Pourquoi il a disparu et m'a brisé le cœur.
- On ne le saura peut-être jamais… Mais… Ton cœur a évolué, non ? Même en miettes, même écrasé, poignardé, il est toujours là… A se recoller.
- Pour mieux se faire marteler par derrière. Oh, pourquoi tout ça nous arrive-t-il ? Porterions-nous la poisse ?
- … Peut-être. C'est ce que je me disais. Depuis que je suis entrée dans ta vie, tout à foutu le camp, je dois être maudite.
Raiponce lui caressa la nuque puis lui sourit en essuyant ses larmes.
- Non, je suis heureuse de t'avoir à mes côtés. Je comprends ce que tu essayais de faire en obéissant à Gothel. Tu voulais nous protéger.
- C'est vrai, mais je me fourvoyais. Je n'aurais jamais dû agir ainsi, pardonne-moi.
- Je te pardonne. Seulement si tu le fais aussi pour moi!
- Bien sûr Raip', je ne t'en voudrais jamais !
Les amies se câlinèrent puis Cassandra se redressa avec un nouveau regain d'énergie.
- Je refuse de rester les bras ballants pendant que ma pseudo mère biologique nous maltraite. Je veux croire en ton espoir Raiponce. Je veux croire en LUI !
- Jack… susurra Raiponce.
Aussitôt son cœur se réchauffa. Son amie le sentit et lui prit les mains.
- Laisse-moi réellement t'aider cette fois-ci. Je vais tout faire pour nous sortir de là !
- Cass'… Avec toi à mes côté. Je n'ai plus peur d'y croire !
Pitch Black tournait en rond sur le pont supérieur.
Ses gardes du corps faisaient chou blanc et il souffrait atrocement de son entre jambe. Il ne désirait qu'une chose, LEUR FAIRE PAYER. Ils avaient osé se moquer de lui et l'humilier. Il n'en resterait pas là. Avec Gothel ils allaient préparer leur vengeance pour dénicher le rat, l'exterminer et le faire disparaitre dans l'océan. Ensuite, ils s'occuperaient du cas de Raiponce. Il ne serait pas difficile de l'enfermer le reste du trajet avant de l'attacher à lui jusqu'à la voiturette qui les emmènerait dans sa demeure. Une fois calfeutrée la bas elle ne pourrait jamais plus en sortir. Ce serait un jeu d'enfant. Il lui suffirait de payer des nobles et des Stewards pour l'aider dans sa tâche ainsi que les Stabbington. Non, sa fuite n'était pas une menace pour lui. Jack en revanche en était une. Car il ne supportait pas qu'il LA convoite. Qu'il ait osé l'approcher !
- Monsieur, le bal va bientôt commencer, s'exprima l'un des majordomes. Vous devriez vous habiller.
- Hum.
Pitch hocha la tête avant de mettre son costume en flanelle noire et d'aplatir ses cheveux. Il désirait tellement aller la voir dans sa chambre depuis ce matin mais il savait qu'elle ne lui ouvrirait pas la porte. Ce soir, en revanche, elle n'aurait d'autre choix que de se montrer et il serait là à l'attendre. Avec l'envie de lui écraser ses espoirs.
Les festivités débutèrent la nuit tombée.
Les nobles se mirent sur leur trente-et-un, sortant leurs bijoux et leur parure de luxe. La fête s'annonçait grandiose d'après les membres de l'équipage. La foule se pressa dans le salon boudoir des riches pour discuter avec ardeur de la soirée.
Dans ce ballet incessant de robes, de costumes et de bavardages futiles, Raiponce sortit enfin de son trou. Elle avait passé la journée dans sa chambre pour se préparer à affronter à nouveau la haute société -Toujours dans l'espoir que Jack vienne la retrouver, en vain… -. La blonde réussit plutôt bien à gérer le stress malgré ses consœurs qui venaient lui demander si elle allait bien après son sauvetage. Elle répondait qu'elle avait eu de la chance et qu'elle se sentait beaucoup mieux avant de fuir accompagnée de Cassandra.
Astoria et Pitch l'attendaient en bas des marches du grand escalier. Raiponce eut une légère perte de connaissance avant de se raccrocher à sa dame de compagnie.
- Sois forte, tu vas y arriver, chuchota Cassandra. Tu dois l'affronter pour mieux le manipuler par derrière. Il doit croire que tu ne peux rien contre lui.
Raiponce hocha la tête et descendit. Elle ne prit pas sa main tendue et le fusilla du regard. Elle avait envie de lui coller une gifle et sentait son corps se tendre. Elle était dégoûtée rien qu'à le regarder. Il reprit sa main, le visage dur.
- N'oubliez pas que je suis votre fiancé, déclara Pitch. Vous devez me tenir compagnie. A moins que la petite leçon de la veille soit déjà oubliée ?
Elle se raidit, prête à s'enfuir. Comment faire pour affronter son tortionnaire en face ? Ses mains sur sa peau, son odeur sur elle… Raiponce serra les poings.
- Je n'oublierai jamais ce que vous avez fait, déclara-t-elle le regard noir par-dessus ses tremblements. Vous me dégoûtez. Pour moi, vous n'êtes rien de moins qu'un vulgaire insecte.
Il montra les dents prêt à la punir à nouveau. Il dut se retenir car tout le monde l'aurait remarqué. Il s'approcha lentement.
- Cessez votre petite crise d'adolescence ridicule ! Vous n'avez pas mot à dire. C'est moi qui commande ! Et après ce que vous avez osé me faire hier, soyez sûre que je suis encore bien conciliant avec vous ! Petite catin !
Il attrapa sa main et la força à venir à lui.
Raiponce se retint de hurler, collée tout près de son torse et de son souffle de dominant. Elle avait dans son regard une aura de courage qui la surprit elle-même. C'était grâce à Jack et à Cassandra. Elle n'était plus seule et avait senti une flamme grandir en elle. Une flamme mêlant haine et amour. Elle n'avait plus l'intention de se laisser faire. Son suicide, les révélations de sa marâtre, sa détresse, ses proches… Elle avait fait le tri et une chose en était ressortie : Elle devait se libérer !
- Ne me regardez pas comme ça ! Ordonna Pitch dans un sifflement.
- Je fais ce qu'il me plaît.
- Ma femme ne fait que ce que je lui dis de faire !
- Je ne suis pas votre femme.
- Pas encore. Mais bientôt, vous aurez la bague au doigt et un enfant dans votre ventre.
De dégoût, Raiponce tourna la tête. Imaginer un enfant avec Pitch serait le summum de la décadence à ses yeux.
- Faites comme bon vous semble, vous n'aurez jamais accès à mon cœur, asséna-t-elle d'un maigre sourire satisfait.
Pitch serra fort sur son poignet déjà violacé. Elle retint son cri, yeux dans les yeux. Jamais il ne l'avait vue aussi rebelle. Il pensait l'avoir traumatisée pourtant ! Était-ce la faute du rat ?!
Raiponce ne le lâcha pas des yeux avant d'entendre des femmes hoqueter de surprise. Elles parlaient d'un homme étrange. Il était si différent, si laid. Aussitôt, la blonde détourna ses yeux vers l'entrée. Pitch aussi. Elle écarquilla ses prunelles qui vibrèrent sous l'émotion. Lui devint livide de rage. Pétrifié.
La jeune femme en profita pour se défaire de son emprise tandis qu'elle descendait le reste de l'escalier. Pitch voulut la retenir mais trois Steward le fixaient étrangement. Il renonça à se faire mal voir en public et dut la laisser s'échapper.
Cassandra pouffait non loin de là tandis que les Stabbington étaient prêt à fondre sur leur proie. Or, devant tout ce monde, ils ne pouvaient que se tenir à distance, les dents sorties de la mâchoire. Toute proche d'eux Astoria s'étouffa avec son champagne. QUE FAISAIT-IL LA CELUI LA ?!
Jack Frost, en costume trois pièce clair, arriva les cheveux bien lisses et l'air plus satisfait que jamais. Il était si beau en tenue de noble que la blonde crut défaillir. Il avait même fait l'effort de porter des chaussures ! Pour Elle ! Totalement éprise par sa silhouette fine et gracieuse, la blonde descendit les dernières marches, incapable de décrocher son regard. Il portait si bien le blanc et l'argenté… ! Son cœur crut mourir.
Lui aussi resta sans voix. Il lui fallut un moment pour se débloquer et la rejoindre. Elle était si belle dans sa robe parme en dentelle ! Si brillante avec sa tresse à fleur et son maquillage qui soulignait le moindre de ses traits. Incapable de parler il s'avança et elle tendit sa main. Il la baisa comme il avait déjà vu faire les autre, sous les yeux même de Pitch et Gothel. Mais ils ne les voyaient déjà plus. Ils étaient là, l'un et l'autre, dans leur bulle, aux yeux de tous. Un courant électrique envahit leur champ de vision. Une chaleur intense parcourut leur corps et chauffa leurs joues. Jamais encore leur cœur n'avait battu à ce point à l'unisson avec un autre être vivant.
L'instant resta suspendu.
Cassandra se félicita pour sa nouvelle prise de conscience. Aider Jack et Raiponce à être ensemble serait leur espoir, elle n'en doutait plus désormais, ils étaient faits l'un pour l'autre. Comme la lune et le soleil vivaient en harmonie dans le ciel, se liant au crépuscule et à l'aube dans un des plus beaux paysages terrestres. Jack les sauverait.
C'est dans cette optique que Cassandra l'avait retrouvé dans les ponts inférieurs pour lui offrir un costume et du gel volé dans la cabine de Pitch. Elle avait fait des ajustements pour la taille mais était parvenue à un magnifique résultat. Désormais, elle admirait son travail d'un œil ravi alors que leurs ennemis fulminaient de rage.
- Tu es resplendissant, commenta Raiponce le cœur en expansion dans sa poitrine.
- Pas plus que toi, ange du soleil.
Elle rougit et le regarda en biais.
- J'avais peur de ne plus te revoir, avoua-t-elle dans un souffle. Qu'il te soit arrivé malheur ou que tu décides de disparaître… Que tu en aies eu assez de moi. De ma faiblesse.
- Jamais je ne ferai une telle chose, répondit-il en replaçant une mèche de cheveux derrière l'oreille de la blonde. Je compte bien t'emmener avec moi en Amérique, je n'en démordrais pas.
Elle lui sourit timidement puis lui attrapa les mains.
- J'aimerai tellement… venir avec toi.
Le cœur de Jack rata un battement. Elle acceptait sa proposition ! Il se sentait pousser des ailes puis lui offrit son bras qu'elle attrapa comme une noble devait le faire.
- Je m'excuse de ne pas être venu te voir plus tôt mais j'ai eu un mal fou à échapper à mes poursuivants. Cela dit, ce soir, je suis tout à toi. Tout comme les prochains jours. Je te montrerai ce qu'est le véritable bonheur !
- Vraiment ?
- Compte sur moi pour sauver ce magnifique cœur doré du naufrage. Tu mérites tellement plus !
Il sourit et pointa en l'air les étoiles avec la lune sous le dôme de verre.
- Tu mérites le monde. Et je te l'offrirais, déclara-t-il les yeux brillants d'espoir.
Les révélations de Gothel sont intenses surtout pour Cassandra!
Mais Raiponce commence enfin à se délivrer de ses chaines et Jack veut tout faire pour l'aider!
Rendez-vous au prochain chapitre pour le bal :3
