Bonne lecture à tous !
Chapitre 8 : Le bal des lumières
Chahuté comme les vagues sur la coque du Titanic, le cœur de Raiponce cognait inlassablement contre sa poitrine. Elle admirait de ses yeux brillants, son beau cavalier la conduire vers la soirée alors qu'il souriait en coin, heureux comme tout. Il eut l'air aussi enjoué qu'elle quand il découvrit la décoration enchanteresse de la salle de bal.
Un orchestre était présent pour jouer de la musique classique sur une estrade, entouré de plusieurs tonnes de fleurs et de parure en soie. Emerveillés les deux jeunes adultes contemplèrent les lieux comme des enfants. Il y avait sur leur gauche un énorme bar et buffet apéritif recouvert de mets somptueux. Jack n'avait jamais rien vu de tel, il bloqua complètement dessus. Raiponce porta plutôt son regard sur les tables à droite et la piste dansante centrale couverte de marbre noir et blanc qui lui faisait de l'œil. Elle avait hâte de passer la soirée sans devoir se retenir d'être elle-même.
Sous couvert de dizaines de chandeliers en cristal recouverts de dentelle gracieuse, la blonde laissa exploser sa joie et se mit à sautiller. Plusieurs nobles se tournèrent vers elle, le regard réprobateur, la jugeant. Mais elle n'en avait cure car le seul regard qui comptait était celui de Jack et… en ce moment même, il plongeait en elle un sourire et une joie qui la faisait fondre. Elle pouvait faire ce qu'elle voulait, jamais il ne la contemplerait comme les autres l'avaient toujours fait. Elle se sentait si acceptée qu'elle se blottit contre lui.
Jack se tendit avant de rougir.
- Je suis heureux de voir que tu te portes mieux ! Ton sourire est le plus précieux des trésors de cette terre, déclara-t-il le cœur en fête.
Raiponce papillonna, l'émotion la submergeait.
- C'est grâce à toi, Jack. Ta présence suffit à me combler !
Ce fut à son tour de sentir un looping dans son ventre. Il sourit, les joues empourprées comme une tomate bien mûre.
- Au moins, c'est réciproque, confia le jeune homme.
Un steward les rejoignit pour les emmener jusqu'à leur table. Il les fixait depuis un moment et décida de rajouter une chaise pour Jack juste à côté de la blonde.
- Passez une agréable soirée, je suis à votre service personnel par ordre du Capitaine. Appelez-moi Aster.
L'homme fit une courbette que les deux jeunes adultes remercièrent chaleureusement. Il leur fit alors un clin d'œil et repartit comme il était venu. Surprise, Raiponce regarda Jack avec la même mine d'incompréhension avant d'hausser les épaules.
- Il y a tellement d'or dans cette salle que j'ai l'impression d'être aveuglé en permanence, reprit l'argenté. Et… Bon sang c'est quoi tous ces couverts ?! Moi j'en ai jamais mais vous vous en avez au moins dix paires ?!
Raiponce se mit à rire. Un beau rire cristallin. Le voir aussi penaud l'amusa surtout qu'elle détestait les codes de la haute société, alors, lui qui n'y connaissait rien était presque un don du ciel pour elle. Bien qu'au fond, l'aveu qu'il ne mangeait pas à sa faim ou correctement lui donna un pincement au cœur.
- Je vais devoir tout t'apprendre Jack ! Ce soir, je serais ton professeur. Mais je suis d'accord, autant de couverts ne sert à rien si ce n'est à montrer qu'on est de la Haute. Il te suffira de partir de l'extérieur et de revenir vers l'intérieur à chaque plat.
- Merci beaucoup madame Corona, je vais être un élève exemplaire !
Il se redressa fièrement avant qu'ils ne partent sur un fou rire commun.
- J'espère que tu arriveras à supporter ma belle-mère et les autres toute la soirée… Déclara-t-elle. Je sens que ça va être un calvaire de les avoir dans les pattes. Surtout Pitch… Il… Il veut que tu disparaisses…
Jack posa une main sur la sienne, tout sourire.
- Ne t'inquiète pas pour moi. Je ne me laisserais pas marcher dessus et puis… Je n'ai pas peur d'eux. Je veux rester avec toi, c'est tout ce qui m'importe.
- Jack…
D'un rougissement, la jeune femme laissa son cœur voguer de bonheur. Jack retira sa main quand arriva Pitch Black dont les sbires étaient restés à l'entrée. La mine sombre il voulut se mettre de l'autre côté de Raiponce avant que le fameux Aster, vrai ninja accompli, n'arrive pour le positionner en face d'elle. Black commença à piquer une colère mais le second du bateau, qui se présenta comme tel, imposa sa loi et il s'y obligea malgré lui. Choqué que le second en chef leur porte secours, les deux jeunes adultes se regardèrent, interloqués.
Pitch maugréa une fois assis et les fusilla du regard. Il lança à l'attention du Steward.
- Je me souviendrai de ça ! Croyez-moi, je ne ferais pas de la bonne publicité pour le personnel du Titanic ! Je vous ferais virer !
Aster s'inclina et d'un petit sourire malicieux il déclara.
- Vous ne pourrez me virer de mon navire, j'en suis le futur capitaine. Mais je vous remercie pour votre attention sur la qualité du personnel.
Il disparut ainsi, laissant un Pitch ridicule se mordre la lève de rage.
A l'entrée, un peu plus tôt, Astoria Gothel attrapa le bras de Cassandra en regardant sa belle-fille se diriger dans la salle de bal avec Jack. Furieuse elle balança la domestique contre un mur en bois ciré.
- Qu'est-ce qu'il fait ici ?! Tu n'as donc toujours pas retenu la leçon ?! Petite incapable ! A croire que tu aimes que je te punisse !
L'air le plus détaché du monde, Cassandra lui répondit :
- Jack a été invité par le Capitaine car il a sauvé la vie de Raiponce. Ce soir, il est l'invité d'honneur. Mais vous devriez déjà le savoir, mère.
Astoria fut stupéfaite quelques secondes avant de ricaner. Elle lâcha sa fille biologique car deux Stewards la fixaient intensément. Une boniche à la touffe de cheveux ridiculement coloré en vert et un petit homme replet d'une blondeur de blé. Elle baissa d'un ton.
- Oh, je vois que vous avez parlé toutes les deux. Moi qui pensais que cela allait justement vous diviser. Il faut croire que votre lien n'est pas si faux que cela.
- Raiponce est ma sœur de cœur, et, par alliance aussi, si je comprends bien. Rien ne nous séparera, même pas vous !
- Tu prends un peu trop d'assurance pour une récure-pisse ma fille. Tu vas vite tomber de haut. A l'arrivée du bateau du va déguster !
Elle se retourna d'un geste théâtral mais Cassandra la retint par la robe. Elle ne comptait pas la laisser filer aussi vite ! Elle voulait qu'on lui rende des comptes immédiatement !
Les membres de la noblesse comméraient déjà sur ce qu'il se passait avec Jack et maintenant avec le personnel des Corona. Les messes-basses allèrent bon train de bouche en bouche. Horrifiée qu'on parle sur elle, Astoria emporta sa fille plus loin en la tirant par le bras. Une fois seule à seule elle la toisa.
- Espèce de petite insolente ! Toi et Raiponce n'êtes que des sources à problèmes, ma parole !
Cassandra fronça les sourcils avant de pointer sa mère du doigt.
- Pourquoi ne m'avez-vous jamais rien dit sur notre lien de sang ?! Pourquoi m'avoir abandonnée dans ma jeunesse ?! Et où est mon père ?!
- A quoi cela t'avancera-t-il de le savoir ?
- C'est mon droit ! Je veux comprendre d'où je viens ! Je ne vous laisserai plus noyer le poisson !
Gothel soupira. Elle jeta un œil par la verrière où elle se trouvait, regardant ses prétendues amies parler sur elle. Ses poings se serrèrent. Elle était hors d'elle.
- Ton père, Alexandre Cross, est bel et bien mort et enterré. Mais je n'avais que faire de toi. Tu trainais dans mes pattes et tu gâchais mes chances de me remarier à un riche héritier. Alors je t'ai larguée dans un orphelinat, ni plus ni moins.
Ses mots résonnèrent en sa fille comme un glaive qui transperça son cœur. Cassandra ne s'attendait pas à autant de douleur d'un coup. Elle se recula, amère.
- Vous m'avez… jetée de votre vie comme si je n'étais rien ? Alors que… que vous m'aviez portée et élevée ?! Comment pouvez-vous me dire une telle chose ? Vous êtes un monstre !
- Nous ne portons pas les mêmes intérêts aux sentiments, déplora Astoria. Je ne suis pas une sentimentaliste comme toi ou ta sœur de cœur. Si tu ne m'es d'aucune utilité alors je te jette c'est aussi simple que cela. Et c'est pareil pour les hommes que j'ai épousés. Il n'y a que de cette manière qu'on monte dans la vie sans se faire marcher dessus. C'est naïf de penser autrement. Je suis même certaine que tu étais plus heureuse d'être élevée loin de moi. Tu devrais plutôt me remercier !
Elle gloussa, se pavanant comme une reine pleine de pouvoir. La haine de Cassandra pour sa mère monta d'un cran. Elle serra les poings.
- Aucun enfant, quel qu'il soit, serait plus heureux de vivre sans ses parents biologiques ! Vous vous mentez à vous-même !
- Même les enfants battus ? Bon il va de soi que je ne te frappais pas tout le temps mais comme tu m'exécrais je te criais dessus et tu m'as dit, de tes mots de petite fille, que tu me détestais et que tu aurais préféré que ce soit moi qui meurt. Alors, je suis certaine d'avoir fait le bon choix en te laissant à d'autres. Je ne suis pas faite pour être mère. Je suis une femme, une femme fatale. Pas une pouponnière.
Cassandra se fit violence pour ne pas lui sauter au cou. Au moins avait-elle raison sur un point, elle avait mieux grandi avec les nonnes de l'orphelinat puis Frédérick Corona qu'avec elle !
- Admettons, reprit la jeunette, avide de comprendre. Il est vrai que j'ai été heureuse avec les Corona. Mais ca n'explique pas comment vous m'avez retrouvée et surtout pourquoi ?! Ni pourquoi vous avez choisi Frederick alors qu'il avait une fille et que vous détestez justement les enfants !
Astoria fit claquer sa langue, elle se rapprocha de sa fille avec un air mauvais. Presque déformé.
- J'étais curieuse de voir ce que tu devenais. Et, oh quelle fut ma surprise quand j'ai vu que tu avais été adoptée comme dame de compagnie par une famille de riches . Les Corona avaient tout ! Un vaste domaine, des gens de maisons, de l'argent à ne plus savoir quoi en faire et une noble réputation de bienfaiteurs dans les villages alentours. Ce conte veuf était une aubaine pour moi. Alors j'ai mis le grappin dessus. Les hommes sont tous faibles face à mes charmes. Il ne fut pas compliqué d'entrer chez les Corona. Quant à toi, je n'avais guère besoin de t'avouer la vérité au final. Je pouvais te regarder grandir de loin sans m'occuper de toi, c'était PARFAIT. LE PLAN parfait !
- Alors tout n'était que machination ! Il n'y a jamais eu une once d'amour et de vérité en vous !
Gothel sortit un poignard en argent de sa poche avant de menacer sa fille qui se blottit contre une table.
- Je te l'ai dit, je ne m'intéresse pas aux sentiments ! Moi je veux le pouvoir, la luxure et la jeunesse éternelle ! Tout ce dont j'étais dépourvue à la naissance je m'en empare comme bon me semble ! Ce n'est pas toi qui m'en empêchera ! Ni ta stupide amie au cœur beaucoup trop tendre pour ce monde !
Le couteau fendit vers les joues de la jeune femme. Celle-ci para de sa main enroulée dans une serviette de table avant de se débattre pour lui faire lâcher son arme.
- Je vais te montrer où est ta place, fille désobéissante ! Vociféra la marâtre.
Soudain, la porte de la verrière s'ouvrit et une femme arriva pour les arrêter. La fameuse Steward aux horribles mèches vertes décolorées. De près, la marâtre remarqua même des yeux rosés, probablement par des lentilles de contact ! Quelle disgrâce ! Songea-t-elle.
- Qu'est-ce que vous faites ?!
- Occupez-vous de vos oignons, Laideron. Je punis ma domestique ! Hors de ma vue !
- Ce n'est pas un comportement décent à avoir sur le Titanic je vous prierais d'arrêter cela !
L'homme replet attrapa le couteau pour le lui faire lâcher. Astoria se recula en les fusillant du regard.
- Vous n'avez aucun droit sur ma personne ! Je suis une Corona et bientôt une Black ! Vous me devez le respect !
- Sur le bateau il y a des règles, répliqua Thiana. Même vous, vous devez les respecter ! Sinon je vais faire un rapport au capitaine !
Désabusée par la situation, Astoria reprit contenance en bouffant ses cheveux puis récupéra son arme en la rangeant sous sa tunique coulant sang.
- Comme vous voulez. De toute manière j'en avais fini avec elle.
Elle repartit le nez en l'air, cachant sa haine sous une couche de bienséance.
Cassandra remercia sa sauveuse qui lui demanda ce qu'il s'était passé. La domestique expliqua simplement que c'était un problème de famille avant que Thiana n'en demande d'avantage sur Gothel.
La domestique ne se fit pas prier pour la décrire sous ses pires coutures.
- Alors maintenant on fait entrer les troisièmes classes chez les premières ? Déclara Pitch, haut et fort. Tout part à vau-l'eau sur ce navire !
La noblesse scruta Jack avec surprise. Sous son masque propre se cachait donc un insecte, quelle horreur ! se dirent-ils. Raiponce grognait prête à attaquer mais Jack répondit, tout sourire.
- J'ai sauvé votre femme de la noyade hier soir je vous rappelle. On m'a invité ici pour me remercier. Peu importe la classe, ce qui importe c'est la vie d'une femme aussi précieuse, n'est-ce pas ? D'ailleurs, où étiez-vous quand elle est tombée ? Je ne vous ai pas vu lui porter attention.
Nouvelles messes-basses, envers Pitch cette fois-ci. Jack devenait soudain un héros.
Le gominé était livide, furax de ce qu'il entendait derrière lui. Ce petit malin n'allait pas rire longtemps s'il pouvait le chopper dans un coin et le liquider !
- Ma foi, je vous en remercie en effet, déclara-t-il entre ses dents blanches acérées. Il se trouve que j'étais déjà au lit ce soir-là et que ma fiancée a voulu jouer les aventurières, je ne peux y faire grand-chose.
- Au lit, oui, j'ai cru entendre cela… Vous aviez mal à votre pénis je crois ?
Rire à peine dissimulé des spectateurs dans leur serviette. Pitch se retint de monter sur la table pour lui tordre le cou. Ne pas pouvoir le faire lui donnait un air constipé sur le visage qui plut beaucoup à Raiponce.
D'autres personnes se posèrent à leur table au même moment dont Astoria et ses amies de la haute. Les hommes prirent place avec Pitch de l'autre côté. Un silence pesant planait sur leur tablée. Astoria avait tout entendu et préférait jeter des regards noirs à sa belle-fille et à Jack plutôt que d'entrer dans leur jeu. Elle avait déjà eu assez à faire avec Cassandra. A croire qu'ils s'étaient donnés le mot pour la rendre folle !
- J'espère en tout cas que vous allez mieux, insista Jack. Ce serait dommage que vous souffriez davantage à un endroit aussi sensible.
La lèvre de Pitch tremblait et tous le regardaient avec attention. Avant qu'il ne réplique le champagne fut servi. Il préféra alors garder le silence tout en fixant sa fiancée et son regard complice avec le rat de troisième classe.
- Vous ne perdez rien pour attendre, siffla-t-il discrètement entre ses dents.
Pitch finirait ce qu'il avait commencé. Il violerait sa future femme autant de fois qu'il le pourrait avant de jeter le corps mort de ce traine-patin à la mer ! Astoria lui jeta un regard complice. Elle aussi comptait bien les réduire en chair à saucisse dès qu'elle en aurait l'occasion. Les deux fauves ne lâcheraient jamais ni leur proie ni leur statut.
Loin de se préoccuper de cela, Jack et Raiponce apprécièrent la musique et se firent servir les petits fours tout en trinquant au Titanic avec les autres. Ils semblaient dans leur monde.
- Alors comme ça c'est vous le fameux sauveur de Dame Raiponce ? Commenta une femme surmaquillée au parfum qui embaumait toute la table.
- C'est bien moi, répliqua le jeune homme en s'inclinant. Je ne laisserai jamais une damoiselle en détresse souffrir !
Il fixa Pitch du coin de l'œil à ses mots.
- Vous êtes bien robin, reprit une autre femme qui voyait en Jack un charme différent d'auparavant. Un vrai chevalier, c'est tout à votre honneur !
- Je vous remercie, mademoiselle.
La femme d'âge mûr gloussa devant l'air séducteur de Jack. Si il n'avait pas été pauvre elles lui auraient toutes mis le grappin dessus malgré son apparence. C'était si puéril et si faux, pensait l'argenté qui s'amusait avec elles. Raiponce en revanche sentait la jalousie pointer le bout de son nez. C'était la première fois qu'elle ressentait cela. Tout son cœur lui hurlait de faire quelque chose. Aussi, sans s'en rendre compte, elle attrapa Jack par le bras et se posa contre lui.
- Je lui en serai à jamais reconnaissante ! En plus il a été très courtois et m'a ramené jusqu'à ma chambre !
Les femmes de la table approuvèrent hormis Astoria qui semblait transparente. Jack fut surpris d'une telle attitude et cela continua tout le long du repas. Elle ne le lâchait plus. Oh il en était fort heureux voir même sur son petit nuage. Il se demandait juste pourquoi elle en faisait autant ?
- Comment c'est de vivre parmi les troisièmes classes ? Questionna tout à coup Pitch qui ne supportait plus l'attention portée au jeune homme. J'espère qu'il n'y a pas trop de rats en bas ?
Les yeux se tournèrent vers lui alors que Raiponce venait de lui susurrer la marche à suivre pour manger correctement sa pièce de viande. Il obéissait à la perfection.
- Honnêtement, c'est très chaleureux, répondit l'argenté avec sincérité. Il y a beaucoup moins d'or qu'ici c'est sûr * rire de la tablée * mais les gens sont sympas et on partage tout le pain et le couvert avec bonne humeur. Nos cabines sont certes petites mais elles sont très confortables et ce qui me plait le plus c'est la vue depuis le pont du bateau. Quel régal de voir la mer s'étendre à l'infini vers l'horizon !
- Bien parlé jeune homme, commenta un riche. Le Titanic est une pure merveille ! Un chef d'œuvre ! Nous avons beaucoup de chance d'avoir pu participer à son inauguration.
Tous approuvèrent en levant leur verre de vin au Titanic. Raiponce, un peu enivrée, se sentit encore plus euphorique et elle lança des regards prononcés à Jack qui se sentit tout nerveux.
- En plus, rien ne serait capable de le couler ! Déclara un autre à sa suite. C'est un véritable titan, comme son nom l'indique ! Une merveille de l'architecture moderne. Savez-vous que c'est un jeune homme à peine sorti des jupons de sa mère qui l'a conçu ?! Je n'en reviens toujours pas.
La conversation vira sur un certain Varian et ses prouesses. Raiponce n'écoutait déjà plus.
Quand le dessert arriva, Jack le dévora avec appétit tant c'était délicieux. Raiponce en fit de même, toute guillerette. Ils n'écoutaient que d'une oreille les histoires de politiques, d'argents et de ragots. Pitch resta silencieux presque tous le long du repas, incapable d'accepter la situation. Il n'avait jamais vu sa fiancée aussi rayonnante. La jalousie le dévorait de l'intérieur, comme une bombe à retardement il encaissait pour mieux exploser derrière.
- Jack, Jack ! J'aimerai bien danser ! Déclara Raiponce en tirant sur sa manche.
- Je… Je ne sais pas du tout danser. Enfin, pas comme ça, avoua ce dernier en regardant les valseurs sur la piste.
- Je conduirais ce n'est pas grave ! Tu n'auras qu'à me suivre !
- Ca se fait ça ?
- Absolument pas.
Ils rirent en symbiose avant que Jack ne se lève et tende sa grande main froide à sa duchesse.
- Dans ce cas, me feriez-vous l'honneur de m'accorder cette danse ?
- Avec joie !
Elle se leva et il la prit contre son bras.
- J'ai toujours rêvé de dire ça, pouffa-t-il.
Elle rit franchement avant de se mettre en place.
- Prends ma main et mets l'autre sur mon buste.
- … Comme ça ?
- Oui, parfait.
Il était rouge jusqu'aux oreilles, beaucoup de monde le fixait.
Alors, ils se rapprochèrent pour commencer la danse et, aussitôt, la magie opéra. La musique des cordes les fit s'envoler dans leur bulle. Violons et contrebasses s'enchainèrent sur un rythme doux et mélodieux. Jack eut juste besoin de se laisser porter par sa belle. Ils étaient si proches. Presque nez contre nez. Ils se mirent à tournoyer sans plus rien voir autour que leur prunelles de glace et d'émeraude. Tandis que s'envolaient les notes de piano, Raiponce et Jack ne touchaient presque plus le sol.
L'un et l'autre ne se lâchèrent plus du regard, absorbés. Ils se dévoraient des yeux et sentaient un puissant sentiment les happer. Une chaleur enivrante, passionnée. S'il n'y avait eu personne, Jack n'aurait jamais pu résister à l'embrasser. Mais il devait se retenir et ce fut un combat de longue haleine car là, tout de suite, il ne désirait plus que ses lèvres rosées qui l'appelaient. La blonde était au point de rupture elle aussi. Tout son corps n'était qu'un brasier ardent ne voulant que Jack pour la consumer. Elle exultait tant la pression était forte. Jack perdait lui aussi ses repères et son cœur qui tambourinait plus fort qu'un tam-tam. Il en suait, chauffé à vif par son désir.
Les amoureux partagèrent ainsi une bonne dizaine de danses, incapable de couper court à cet instant magique qui apparaissait rarement dans une vie. Ce ne fut qu'à l'arrêt des musiciens qu'ils durent revenir sur terre. Main dans la main, si proches que la poitrine de Raiponce se posa sur Jack, ils allaient s'embrasser. A la dernière minute, Raiponce se recula, le souffle court, replaçant ses longs cheveux nattés derrière son oreille. Jack reprit aussitôt ses esprits avant de lui sourire et de tendre son bras.
Pitch allait en profiter pour reprendre sa promise mais Aster l'empêcha d'aller la cueillir tandis qu'une annonce fut portée par le capitaine en personne. De nouveau assis, les deux jeunes adultes écoutèrent avec attention le discours de remerciements du maitre du paquebot avant qu'il n'invite ses clients à se rendre sur le pont supérieur nord.
Impatients et surpris, tous se levèrent pour aller prendre l'air. Jack et Raiponce furent presque les premiers à arriver sur place, abandonnant tous les autres au pas de course. Ils découvrirent avec émerveillement des lampes scintiller sur les barrières et les cheminées, embellissant le paquebot de rêve. Puis le capitaine annonça un lancer de lanterne pour fêter dignement le la première traversée du navire.
Les yeux pétillants, Raiponce et Jack se dirigèrent vers les lanternes pour s'en faire servir une.
Le capitaine en profita pour leur parler.
- Alors, que pensez-vous de ma belle soirée dansante ?
- PARFAITE !
- GENIALISSIME !
Ils parlèrent en même temps ce qui fit rire Nicholas.
- Vous m'en voyez comblé ! J'attendais avec impatience de pouvoir faire mes adieux à la navigation. Ce sera chose faite ce soir.
- Vous partez en retraite ? Questionna la blonde.
- Oui, cela fait plus de quarante ans que je suis dans le métier, je crois qu'il est temps de lever l'ancre et de passer le flambeau à mon second, Aster. Place à la jeunesse comme on dit !
- Je suis certain que ce sera un bon capitaine, répliqua Jack. Il nous a beaucoup aidés ce soir.
Nicholas sourit mystérieusement avant de regarder la mer avec nostalgie.
- Ca me manquera mais je suis heureux d'arrêter ici, après le Titanic. Je pars en beauté.
- Mes félicitations, répliqua Raiponce puis Jack.
- Merci mes petits, profitez bien de la fin de soirée et surtout de la vie. Elle passe si vite.
Le capitaine leur donna une tape sur l'épaule avant de partir saluer d'autres personnes. Raiponce sembla trouver écho dans ses paroles. Elle regarda Jack et lui prit la main. Il sursauta puis lui sourit et l'entraina à l'écart de la foule pour plus d'intimité.
Pour sortir enfin de cette étouffante Noblesse et échapper à leurs poursuivants, ils descendirent chez les autres classes. Eux aussi faisaient le lancer des lanternes et la fête.
Les deux adultes se rendirent donc à la proue du bateau, comme lors de leur première vraie rencontre. Les musiciens avaient repris leur symphonie tout là-haut, offrant de douces notes jusqu'à leurs oreilles. Ils se posèrent contre le rebord.
- Personnalisons un peu notre lanterne, ça te dit ? S'exprima la blonde qui sortit deux crayons de sa pochette.
- Je ne suis pas un très bon décorateur mais je ferai au mieux.
Ils rirent et Raiponce se mit à dessiner une lune entière, comme ce soir-là, sur le flan de la lanterne. Il fit donc un soleil de l'autre côté, jetant des regards vers elle par-dessus ses yeux ciel d'hiver.
Raiponce se sentait toujours toute chose à le regarder et c'était si bon. Son cœur ne faisait que de bondir depuis quelque heures. Elle savait maintenant qu'elle ne pourrait plus jamais retourner en arrière. Que le bonheur qu'elle cherchait tant depuis la mort de son père était enfin à portée de main. Et surtout, qu'elle ne le laisserait jamais filer.
Jack scruta la phrase qu'écrivait sa belle. Il la lut à voix haute.
« La cage s'ouvre et je m'envole enfin vers mon bonheur. Du ciel vous me regardez prendre ma liberté. Je promets désormais de toujours m'y accrocher et de tenir fièrement, à jamais, mon cœur vers ce que je désire.».
Elle leva les yeux sur lui et appuya son regard. Il sentit des frissons sur ses bras avant d'ajouter de son côté.
« Seul, j'ai erré. Jusqu'à l'ange j'ai survécu mais avec elle je vis. Je retrouve mon souffle, ma délivrance. Mon cœur soigné, j'irai vers celle qui m'attends par-delà l'océan. Je ne perdrais plus jamais ceux que j'aime. Je les protégerai et leur offrirai pour toujours le bonheur éternel qu'ils méritent. »
Raiponce et Jack partagèrent un instant de complicité intense échangé simplement par leurs pupilles. Ils rajoutèrent quelques mots, l'un complétant l'autre, « Ensemble dans l'aube naissant de notre avenir » avant de décider qu'elle était bien comme ça.
- A toi l'honneur, s'exprima Raiponce en lui tendant la lanterne.
Jack l'alluma avec une des flammes d'un briquet offert par les Steward. Quand elle s'embrasa, la lanterne s'illumina d'un jaune orangé flamboyant faisant ondoyer leurs dessins, leurs mots et leurs espoirs. Ils la fixèrent longuement avant de la lancer ensemble. Elle accompagna ainsi les autres déjà dans le ciel qui, calmement, se faisait porter sous la pleine lune. Des centaines de petites lueurs jaunes planaient au-dessus d'eux. Ils admirèrent la beauté de l'instant, main dans la main. Raiponce s'y agrippa encore plus fort, béate.
Jack baissa le regard vers elle. Raiponce le sentit, elle en fit de même et leurs yeux se croisèrent de nouveau, vibrant de forts sentiments. Jack se mit à inspecter en biais les environs, il n'y avait que des secondes et troisièmes classes qui s'amusaient. Alors il se retourna vers elle et s'avança.
Raiponce sentit des picotements dans ses joues. Les yeux mi-clos elle compléta le trajet de Jack et attrapa ses lèvres avec amour. La passion envahit leur corps, ils se rapprochèrent et s'enlacèrent. Jack se colla tout contre son ange avant de passer sa main dans ses cheveux, savourant ce dont il désirait le plus au monde en cet instant. Ses lèvres, sa bouche, son odeur… Il la dévorait. Elle se laissa entrainer et brûler de l'intérieur, répondant aux assauts de son amant par la même virulence. Elle dévora ses lèvres pâles et se logea tout contre lui, tout contre son être.
S'allongeant presque sur lui, Jack la retint par ses bras faisant se prolonger les baisers et les caresses. Elle avait des cheveux si soyeux, si fins et légers. La main dans sa nuque, Raiponce profita à son tour des épis clairsemés de son amant tandis que coulait sous eux une eau salée aussi calme qu'un lac.
La brise fraiche vint leur caresser les joues quand ils rompirent leurs baisers, à bout de souffle. L'un contre l'autre ils haletaient. Jack posa ses mains sur son visage, le regard d'une tendresse infinie.
- A l'arrivée du bateau je t'emmènerai loin d'ici ! Loin d'eux. Je te protégerai et je t'offrirai tout ce que je pourrai. Je te le promets sur ma vie et celle de ma sœur. Tu seras heureuse !
- Jack…
Raiponce posa la main sur celle de son amant.
- Je veux me tenir à tes côtés. Tous les jours de ma maigre existence je veux la partager avec toi. Tu es spécial dans mon cœur.
Un doux baiser fut échangé, puis, front contre front, Jack lui déclara.
- Pour moi aussi tu es spéciale Raiponce, je l'ai su tout de suite, quand je t'ai vu sautiller sur le port. Je l'ai senti à chaque fois que j'étais avec toi. Je t'aime au-delà de ce qu'on peut imaginer. Je veux te combler. T'offrir tout ce qui pourra te faire garder ce beau sourire !
Elle sentait son souffle sur sa peau. Presque en transe elle se blottit encore plus fort dans ses bras en posant un baiser sur son nez.
- Mon cœur est déjà tien. Jack. Je t'aime tant… Je veux parcourir le monde à tes côtés. Je veux rêver et vieillir avec toi. Je veux être libre avec toi.
Raiponce posa sa tête contre sa nuque. Jack lui caressa les cheveux avec amour.
- Alors c'est ce que nous ferons.
Elle sourit et se retourna pour poser son dos sur son torse.
- Ce sera notre avenir rien qu'à nous, déclara-t-elle en fixant les lanternes et les étoiles. Un avenir brillant !
Elle tendit la main vers le ciel. Il l'imita et attrapa ses doigts. D'autres baisers furent échangés avant que les lanternes ne disparaissent au loin comme de petites boules de lumière inatteignable.
- Et maintenant ? Dois-je déjà rentrer…? Demanda Raiponce tristement.
- Avant ça, on va s'amuser à l'autre fête.
- Laquelle ?
Elle se releva, excitée.
- Celle des classes inférieures pardi ! Ca va continuer encore un moment en bas. Viens, tu vas voir, tu vas t'éclater !
Heureuse, Raiponce se laissa entrainer vers le fond du bateau, totalement prête pour un second round.
En hauteur Pitch et Astoria les avaient légèrement entraperçus mais n'avaient pas pu intervenir à cause de la foule des petites-gentes. La haine de Pitch était si grande qu'il éclata son verre dans sa main le faisant saigner abondamment. Astoria lui promit que quoi qu'il arrive elle serait à lui et que rien n'y changerait. Il devait prendre son mal en patience avant qu'ils ne puissent agir. Furieux le fiancé cocu rentra dans sa cabine pour tout casser. Les Stabbington eux suivirent le couple fraichement formé comme ordonné par leur maitre. Astoria resta faire la fête, préférant attendre son heure.
Le regard tendre vers les cales inférieures, Cassandra était aussi au bord des barrières avec ses nouveaux amis Thiana et Sandy. Elle buvait un bon verre de whisky en contemplant sa sœur de cœur et Jack roucouler de bonheur. Elle devait tout faire pour que cela continue !
- Vous aimez mon navire ?
La brunette sursauta. Un bel homme se tenait derrière elle avec une lanterne. Elle se mit à sourire tandis qu'en bas, Raiponce et Jack s'émancipaient enfin de leurs bourreaux.
THE soirée où les cœurs écloses en milliers de pétales d'amour!
Est-ce enfin le bonheur qui attend les jeunes adultes, ou bien, est-ce un moment éphémère sans lendemain?
N'hésitez pas à laisser votre avis en commentaire ca me fera grand plaisir!
A bientôt pour la suite :D
