Me voilà de retour de vacances où j'ai enfin put reprendre l'écriture qui me manquait temps! * - *

Je vous souhaite une bonne lecture!


Chapitre 15 : Hostilités et Vérités

- De quoi ? Si vous n'avez rien à m'offrir vous ne monterez pas ! DU BALAI !

- Mais… Je n'ai rien sur moi. J'ai à peine de quoi me rendre chez ma famille…

- Je ne veux rien savoir ! Dégagez !

D'un grand coup de rame, Edgard repoussa le déchet qui s'était présenté à lui tout en fixant du regard, au loin, les pauvres sortir des ponts inférieurs. Il renifla et marmonna.

- Bandes d'inaptes… Même pas capable de tenir une grille correctement !

Les dents serrées, Edgard se dépêcha de faire le tri parmi les hommes, femmes et enfants présents de la Haute-classe. Les riches devaient obligatoirement payer leur passage, sinon, il les refusait et les renvoyait chercher de quoi le récompenser.

D'un coup d'œil, l'acariâtre majordome observa son dernier canot se remplir, les poches remplies de billets et de pierres précieuses. Il jubilait en tapotant son costume tout en enfilant son gilet de sauvetage. Il allait pouvoir embarquer et admirer le spectacle -que ceux qui avaient réservé soient là ou non. Il restait à présent si peu de canots que les pauvres ne pourraient pas sortir de là vivants. Quelques-uns tout au plus passeraient le maillage mais c'était assez pour le consoler. Il avait fait son devoir.

- EH ! VOUS ! STOP !

La rame fendit l'air pour bloquer l'arrivée de deux mastodontes aux muscles saillants. Edgard ne se démonta pas même lorsque la rame se brisa en plusieurs morceaux dans le poing des jumeaux aux rouflaquettes. Le Steward sortit aussitôt son arme à feu et les visa.

- Si vous n'avez pas de quoi payer le passage, OUSTE ! Et vu votre visage je suis persuadé ne pas me tromper sur votre classe sociale, déchets humains !

L'œil en moins scruta son frère avant de partir dans un fou rire.

- Qu'est-ce qui vous fait rire bande de primates ?! Vos deux neurones se sont touchés ?! Je vais vous apprendre à…

Edgard voulut tirer mais le cicatrisé s'empara du canon et flanqua une rouste au majordome qui s'étala dans l'embarcation de bois sous les hurlements des passagers déjà installés. Son frère le domina de son ombre.

- Alors toi, je suis pas sûr que t'ai bien compris ta place dans la chaîne alimentaire, pouffa-t-il. Tu crois que ton misérable veston rempli de billets te permet de nous parler comme ça ? Tu connais la loi du plus fort ? C'est la loi universelle de toute vie ici-bas. Les plus puissants dominent les plus faibles. Et je ne parle pas que d'argent mais bien de force brute. En tant que petite chose frêle et fragile, tu ferais bien de la boucler. Conseil d'ennemi.

Les roux offrirent leur plus beau sourire carnassier à Edgard qui, s'il avait pu, serait rentré en lui-même pour se cacher. Il tremblait et se releva lentement en position assise.

- Excusez-moi, messieurs, vous… vous pouvez prendre place, bien entendu. Allez-y, prenez tout ce qu'il vous plaira.

- Je préfère ça, ricana l'œil unique.

Les passagers se reculèrent contre les sièges, terrorisés par les mercenaires tous droit sortis d'un film de guerre. Le jumeau à la cicatrice ramassa l'arme à feu et la réenclencha avant de pointer la populace du canon.

- Allez, dehors tout le monde, on réquisitionne ce canot !

Des pauvres arrivaient en courant pour trouver une place avant de faire demi-tour, effrayés par ce à quoi ils assistaient. Tout le monde esquiva la scène sans chercher à s'interposer.

- Qu…Quoi ? Essaya d'articuler le Steward.

- T'as pas bien entendu le maigrelet ? Ouste, dehors, du vent, du balai… TU DEGAGES !

- Et vous aussi ! Déclara le borgne avec vigueur.

Terrifiés, les nobles se levèrent pour quitter le canot en piaillant de peur. Quelques-uns d'entre eux voulurent résister et restèrent à leur place.

- Vous devrez m'emmener avec vous ! Je refuse de céder face à des brutes !

Les coups de feu partirent dans la seconde. Des cris suivirent la résonance de l'impact avant que plus aucun riche ni aucun pauvre ne se trouvent aux alentours.

Quatre corps gisaient dans la barque, étalés dans une mare de sang fraîche où se trouvait, au milieu, un Edgard recroquevillé de terreur. Il s'était uriné dessus et sanglotait, les mains sur la tête. Le jumeau avec l'arme avait directement visé la tête et le cœur. L'autre se déplaça en faisant tanguer l'embarcation pour jeter les corps à la mer sans la moindre considération.

- Comment… p.p.p. -vous faire une telle chose… ?! Balbutia le terrifié.

- Dixit l'extrémiste qui a enfermé les pauvres en bas, ricana le jumeau à l'arme à feu.

Le dominant jeta un corps de femme, lourd et pesant qui sombra dans la mer en un énorme plouf bruyant.

Edgard se cramponna aux planches de bois humides et sanglantes.

- Il y a un truc que vous avez toujours pas compris ici, j'ai l'impression, répliqua le borgne d'une voix amusée. Votre vulgaire lutte riche/pauvre nous a bien fait rire mais elle est tellement superficielle. Vous vous reposez tellement sur le fric et la discrimination pour vous sentir supérieur que vous en oubliez que vous n'êtes qu'un tas de chair facile à buter. N'importe qui, armé d'un flingue, peut vous descendre. Riche ou pas, c'est pas l'argent qui fera pare-balle.

- L'argent est utile malgré tout, approuva son frère. Mais il ne protège personne. C'est dans ces moments-là, où la survie est en jeu, qu'on se rend compte que tous les humains sont mortels, qu'ils chient dans un fossé ou dans un WC en or. En temps de guerre c'était pareil ! Les plus riches n'ont rien vu venir tellement ils étaient persuadés d'être intouchables.

Un autre corps tomba comme une masse, un quadragénaire à queue de cheval disparut avec sa femme. Le dernier corps fut un vieil homme rabougri dont l'odeur de bourbon imprégnait le moindre centimètre carré de sa peau. Plouf, lui aussi englouti comme s'il n'avait jamais vécu.

- Bon, après, on a certes aucune morale, mais il y a truc qu'on touche pas malgré tout, reprit le cicatrisé en pointant son arme sur sa cible. Les gosses. Ca c'est pas cool. Et toi t'en as laissé crever plein en bas, du coup, ça nous fout les nerfs à vif, tu vois.

- Non, ne me tuez pas ! Rampa Edgard, livide. Je… Tenez, j'ai plein d'argent, prenez tout ! Laissez-moi en vie je vous en prie ! Une chance de partir !

- Toi, t'as vraiment rien compris à ce qu'on a dit plus tôt ? Ton argent on peut s'en saisir une fois qu'on t'as liquidé, pouffa le borgne. Essaie encore !

- Je… Sans moi vous ne pourrez pas vous repérer dans l'océan et n'atteindrez jamais les secours ! Vous avez besoin de mes services !

Les jumeaux se regardèrent et le cicatrisé baissa son arme.

- Bien, on dirait que ça rentre un peu dans ton cerveau ! Bel effort.

Le borgne s'avança tout près du Steward qui blêmit. Il le releva en le soulevant par sa veste noire sans le reposer.

- Par contre, pas de bol pour toi, on connaît bien la navigation. On a été un an dans les marines.

D'un grand sourire, le mercenaire le lança par-dessus bord sans vergogne. Son cri retentit jusqu'à l'explosion de l'eau.

* SPLASH *

Les Stabbington regardèrent plus bas en ricanant.

- Eh mais il est toujours en vie, répliqua le cicatrisé. Il a résisté à la chute avec son gilet. La vermine ça crève pas facilement on dirait.

Son frère pouffa avant d'hurler.

- Bonne baignade ! Profite-en pour te rafraîchir les idées !

Leurs gloussements s'entendirent jusqu'en bas où Edgard se mit à nager vers les barques-celles qu'il avait remplit- qui s'éloignaient de lui à toute vitesse. Désespéré il hurla en demandant de l'aide, que personne ne répondit.

Avec leur force démesurée, les frères aux rouflaquettes firent descendre la poulie de chaque côté, à mains nues, tout en rejoignant l'océan dans un fracas rapide. Une fois en mer, les jumeaux, seuls dans leur canots, se mirent à ramer le plus loin possible, admirant le navire penché blindé de cris désespérés et de nouvelles fusées de détresse. Les dernières en stock.

Ils assistèrent ainsi au naufrage, se délectant de leur trésor bleuté.


* BAM *

Le coup de feu du Smith et Wesson calibre trente-huit résonna dans toute la pièce tandis qu'au même moment, le bateau se mit à tanguer dangereusement. Pitch perdit l'équilibre, bascula en arrière et chuta contre un meuble tandis que la balle changea de direction pour traverser rapidement le bras gauche de l'argenté. Jack hurla en se tenant le bras tandis que la balle se ficha dans le mur, telle une dernière marque de blessure au navire.

A sa droite, Gothel avait aussi perdu pied et planté sa propre fille dans le bas du ventre avant de s'effondrer par terre. Raiponce, dont la tête s'était cognée sur le sol se releva douloureusement. Elle agrippa aussitôt sa poêle et ses deux acolytes pour les pousser à fuir par la fenêtre brisée.

Cassandra beugla en retirant la dague pour la jeter par terre tandis qu'ils se coupèrent les mains sur les restes de verre pointu. Jack poussa un cri de bête en retenant sa nouvelle amie qui allait tomber tout en regardant le sang recouvrir son pull bleu.

- Courrez, courrez, ne vous arrêtez pas !

Raiponce les poussa pour avancer plus vite et ils se précipitèrent vers l'escalier inférieur.

Derrière, Gothel se releva, les yeux exorbités avant de rire et de sortir à leur poursuite. Pitch fut plus lent, sonné. Il se massa le cou, jura, puis, de son regard noir de fureur, fonça par la porte pour les rejoindre et les étriper un à un !

Dehors la cohue était anarchique. Tout le monde, à présent, se marchait dessus et hurlait pour rejoindre une embarcation. Le Titanic, gracieux colosse de fer, ne faisait que se soulever d'avantage et rendait la course-poursuite encore plus difficile. Se frayant un passage dans la masse compacte hétéroclite, Raiponce ne lâchait pas la main de ses deux trésors qu'elle traîna vers les canots.

Il y en avait si peu désormais… Une dizaine à peine. Et tout le monde se bousculait si bien que la plupart tombait à l'eau tandis que d'autres montaient sauvagement sur les bateaux de bois ! Les stewards hurlaient avant de se faire frapper et repousser… De loin, la blonde repéra Aster qui essayait, tant bien que mal, de faire descendre un des canots qui tanguait dangereusement à mi-parcours par la populace sautant dedans.

A côté, le capitaine Nicholas en personne ne parvint pas à retenir la cohue alors qu'elle retourna l'un des canots à l'envers. Il essaya difficilement de le remettre dans le bon sens avec Sandy mais il n'y arrivait pas à cause de la foule déchaînée. Thiana se tenait plus en retrait, essayant de repérer des enfants à sauver en priorité : l'avenir ne devait pas leur être enlevé !

Incapable de savoir où aller, Raiponce se faufila dans la masse, essayant d'approcher le coin d'Aster. Se faisant marcher sur les cheveux elle hurla de douleur et vacilla contre des hommes qui la retinrent avant de la pousser plus loin. Jack et Cassandra suivirent malgré eux la rotation avant de se retrouver écrasés par plusieurs personnes. Etouffé, le trio se glissa entre plusieurs femmes avant de tomber par terre par la force de l'attraction des pousseurs. A quatre pattes ils sortirent de la houle pour se retrouver dans un coin, contre une paroi en métal.

Cassandra se tenait le ventre, crispée, blême. Elle souffrait atrocement !

- Ca va aller, on va te soigner ! Hurla sa sœur de cœur. Tiens bon, ne lâche pas ta plaie ! Il faut éviter l'hémorragie ! Toi aussi, Jack !

Son amant approuva, les dent serrées pour contenir ses gémissements.

- Il faut trouver un putain de canot accessible ! Beugla l'argenté.

- Ils vont nous rattraper ! Hurla la noiraude. On a plus le temps !

La domestique croisa le regard de Thiana l'espace d'un instant. Elle voulut la rejoindre en poussant Raiponce dans sa direction mais la blonde la prit dans ses bras pour l'amener dans l'autre sens.

La plaie lança à nouveau la jeune femme qui se laissa entraîner plus loin. Elle comprit rapidement pourquoi quand le visage de Gothel lui apparut, non loin d'eux. Elle les traquait avec son œil de lynx et commençait déjà à tenter de les rejoindre. Jack bloqua sa progression en balançant un homme anonyme contre un autre qui fit boule de neige jusqu'à elle. On l'entendit vociférer tandis qu'elle les poussait pour reprendre appui sur ses jambes graciles.

- Elle ne lâchera jamais rien cette tarée ! Grogna la comtesse avant de voir Pitch arriver par un autre chemin.

- MERDE ! Enchaîna-t-elle.

Raiponce fit demi-tour et fonça vers une porte ouverte direction l'intérieur du navire. Pas le choix ils étaient pris en tenaille. Jack aida Cassandra à descendre les marches avant de fuir dans le pont A qu'ils avaient quitté plus tôt. Désespérés, ils longèrent les couloirs à la recherche d'une sortie.

- Vous ne pourrez pas m'échapper bandes d'idiots ! Hurla Gothel en arrivant à son tour. Je vous aurais comme je les ai tous déjà eus !

- Par-là !

Raiponce fonça dans un autre passage penché. Elle entendait les pas de sa marâtre non loin d'eux. Pénétrant dans le réfectoire, elle balança des tables au sol avec l'aide de Jack tandis que leur poursuivante émergeait de la porte. A cause de la pente, les tables foncèrent sur elle à vitesse grand V. Astoria les esquiva de justesse pour se coller contre une armoire à verre. Elle dévisagea ses trois cibles quitter la pièce avant d'enjamber les morceaux de bois pour les rattraper.

- Même en talons elle arrive à nous suivre ! Beugla Jack, c'est quoi cette mégère ?!

- Gothel est sportive, il ne faut pas croire ! Rétorqua Raiponce en glissant vers la droite dans une pièce de lingerie. Elle ne laisse pas la moindre graisse envahir son corps !

L'argenté balança des chariots tout en cherchant une issue de secours.

- Vous voilà ! Cria Pitch en activant son revolver, les cheveux dans tous les sens. VERMINES ! RENDEZ-MOI MA FEMME !

Il tira plusieurs fois dans un bruit assourdissant de bois brisé et de poudre noire de suie.

- Vous n'irez pas bien loin dans votre état ! Déclara Gothel par une autre ouverture. Abandonnez avant de souffrir davantage !

- Jamais ! Hurlèrent « ses filles » avant de foncer sur elle.

Jack attrapa un drap à la volée avant de le balancer sur la marâtre. Un autre coup de feu retentit tout proche du pied du pauvre et de son ennemie avant qu'ils ne filent de nouveau dans le couloir grinçant.

Gothel se débarrassa de son entrave tandis que les lumières s'éteignirent un moment avant de revenir. Pitch la rejoignit, les yeux fous. Astoria le pointa de son couteau couvert du sang de sa progéniture.

- Je vais par-là, toi par-là ! Et fais gaffe, la prochaine fois que tu vises vers moi, je te trucide espèce de dégénéré !

- C'est pas le moment de me faire chier ! Sale tarée !

Les deux se fixèrent avec rage avant de se séparer dans des couloirs séparés. Astoria se laissa glisser sur un sol penché pour rejoindre rapidement l'embranchement suivant. Elle coupa court par la pièce des domestiques couverte de robes tombées au sol avant de tourner à gauche vers la lumière de la lune.

Jack, Raiponce et Cassandra se traînaient vers là avant qu'elle ne les rejoigne en sprintant. Un coup de feu vers la gauche les empêcha de rejoindre l'escalier où ils bifurquèrent par un autre chemin, bloqués.

Pendant que Black réarmait son Smith, la marâtre se mouva à la suite des trois jeunes en sachant pertinemment où les rabattre. Elle avait appris le plan du bateau par cœur au cas où et savait pertinemment mener la partie d'échecs en sa faveur. Intelligente, sportive, manipulatrice, tels étaient les atouts d'Astoria la veuve noire.

- Vous êtes pris au piège, tout n'est qu'une question de temps ! Leur hurla-t-elle en écho. Vous ne pourrez plus jamais sortir de ce bateau sans passer par moi ou par Pitch et vous le savez pertinemment ! Les canots sont limités, il n'y a plus rien que vous ne puissiez faire en bas ! L'eau va vous rattraper, tout est fini pour vous ! Alors abandonnez tant qu'il est encore temps et nous serons magnanimes ! On laissera Jack en vie. Il pourra tenter sa chance avec Cassandra dans une autre embarcation ! Tout ce que l'on veut c'est Raiponce. Si vous nous la livrez sans résister, on vous laissera enfin tranquille. Soyez raisonnables pour une fois ! Soyez intelligents ! Rien ne peut plus vous sauver de votre situation actuelle !

Raiponce grinça des dents, passant de chambrée en chambrée pour trouver un moyen de fuite. Jack l'aidait tout en fouillant dans sa mémoire pour trouver un passage autre que l'escalier central. Il y en avait deux annexes, dont un pas loin. Il fallait tenter le coup ! Prenant les filles par la main il les fit foncer par la pente inverse qu'ils gravirent difficilement. Des bruits de pas rapides les contraignirent à changer de direction, évitant Pitch, pour foncer dans la salle des douches.

- Ne l'écoute pas ma belle, jamais on ne te livrera, insista Jack. Plutôt mourir ici !

- Je sais ! De toute manière ce ne sont que des paroles en l'air, elle ne te laissera jamais en vie ! Répondit sa chérie.

- C'est certain, grommela Cassandra, pétrie de douleur. On doit absolument les semer ou c'est la fin de notre voyage !

Jack et Raiponce approuvèrent.

- Accroche-toi, Cass, je promets de te soigner après !

- J'en peux plus, je vais bientôt lâcher prise, avoua cette dernière. On dirait que le sacrifice de Varian n'aura servi à rien finalement…

- Ne dis pas ça ! Allez, allez, reste avec nous !

- J'abandonnerai pas… JAMAIS. Mais je ne promets rien…. J'ai si mal… ahhhh…

Soutenue par le couple, Cassandra se fit emmener dans une salle d'infirmerie, à l'opposé des escaliers de secours, où la blonde fouilla rapidement dans un placard pour dénicher des bandages et des médicaments. A peine eut-elle demandé à sa sœur de cœur de relever sa robe qu'Astoria arriva, victorieuse. Elle leur bloquait la seule voie utilisable.

- Ah ! Je vous tiens !

- C'est pas vrai !

Raiponce serra les poings, choquée que sa marâtre soit aussi efficace… Elle grogna et se plaça devant les blessées avec sa poêle.

- Je ne vous laisserai jamais les approcher !

- Si tu étais venue avec moi depuis le début, on en viendrait pas à de telles extrémités, petite fille désobéissante.

Astoria fit un pas, Raiponce la menaça d'un coup en l'air.

- N'APPROCHEZ PAS, MERE ! Je suis prête à vous tordre le cou pour me débarrasser de vous !

- Faut-il encore que tu réussisses avant que je t'attrape, ou que ton fiancé arrive. Il ne doit pas être bien loin, hé, hé, hé.

- Alors, je le frapperai aussi, encore et encore ! Même si je me prends une balle pour ça ! Je sais que vous ne pouvez me tuer !

- C'est vrai, c'est un inconvénient pour moi. Je préfère éliminer mes problèmes que de devoir les surveiller. C'est pour cela que tout est si compliqué avec toi. Ca l'était beaucoup moins pour les autres.

- Les autres ? Quels autres ?

Astoria ricana et se bouffa les cheveux, le couteau rougeoyant toujours dans sa main droite. Le sang dégoulinait sur ses doigts manucurés.

- Ceux qui me gênaient pardi. Comment crois-tu qu'une prostituée comme moi sois devenue Comtesse ? Franchement, sois réaliste, j'ai dû user de tous mes atouts et de mon magnifique poignard. Sais-tu qu'il appartenait à ma mère ? A cette putain de Manea ? Je l'ai plantée avec une bonne vingtaine de fois. Elle a beuglé comme un porcelet, c'était jouissif !

Raiponce esquiva un geste de recul. Jack se mit à ses côtés, prêt à l'aider en cas de besoin. Derrière, Cassandra la fixa avec haine.

- Vous êtes monstrueuse, lui dit-elle. Tuer votre propre génitrice de cette façon…

- Ce n'est pas comme si je l'avais déjà aimée ! Répondit cette dernière en haussant les épaules. Au contraire, ma haine a été le déclic pour me libérer de son emprise. Sans elle, mes sœurs seraient en vie et je vivrais sûrement beaucoup mieux. Elle avait tout gâché. Tout comme toi tu me gâches la vie, Cassandra. Tu n'es qu'une erreur, rien de plus. Je ne t'ai jamais désirée. C'est tombé comme ça. Comme ma naissance, au final.

- Une erreur ?! Mon père me voulait ! Ca j'en suis certaine !

La domestique se raccrochait à ce qu'elle pouvait. Blessée physiquement et moralement, elle n'en pouvait plus mais désirait tenir bon. Oui, encore un peu… Juste un peu. Pour Varian !

- Oh, lui ? Justement, j'ai réussi à transformer cette « erreur » en bonheur. Alexandre Cross n'était qu'un idiot mais il avait de l'argent. Et il aimait bien se payer une ou deux prostituées quand il ne servait pas l'armée. C'est pour ça que c'était mon petit favori à l'époque. Il me payait bien et puis pouf, un jour, tu es arrivée lors d'un accident de copulation. D'abord, j'ai voulu t'avorter avec un cintre, comme tous les autres, puis… Ce type a fini par me supplier pour que je te garde ! Un comble, il désirait plus que tout être papa et, en plus, il m'aimait. Oh, j'en ris encore quand j'y pense.

La marâtre se pavana dans la pièce, dominant tout le monde de son aura diabolique.

Cassandra tremblait de rage et de douleur, ses yeux vissés sur celle qui l'avait mise au monde. Le dégoût suintait dans ses yeux encres.

- C'est pour ça que tu vis, Cassandra. Parce qu'il te voulait, uniquement pour ça. Ensuite, je suis devenue une noble en me mariant. Alexandre était un militaire gradé, j'avais de la chance. J'ai cru que la roue tournait enfin mais… Ah, il a fini par manquer d'argent. Il ne voulait plus qu'on dépense parce qu'il fallait économiser pour toi. Et moi je devais jouer à la gentille maman quand il n'était pas au front, c'était fatiguant, vraiment fatiguant.

- Espèce de … ! Raiponce ravala son insulte, désabusée par celle qu'elle avait cru connaître quelques jours plus tôt.

- Oui, je sais, vous ne pouvez pas comprendre. M'enfin, il a bien fallu que je mette un stop à tout ça. Je voulais aller bien plus haut que ça. Je visais plus prestigieux encore. Alors, j'ai dû m'occuper de tout ça.

Cassandra comprit. Cassandra sut.

Elle se leva, claudiqua et se posta à côté de Jack et Raiponce. Droit dans les yeux elle lança.

- Vous l'avez assassiné, n'est-ce pas ?

Astoria s'esclaffa.

- Bingo.

- Comment…. COMMENT ?!

- Inutile de hurler voyons, ça déforme tes traits chérie, ricana la veuve noire.

Elle marqua une pause amusée avant de rependre.

- Tu te doutes bien qu'un militaire surentraîné n'allait pas se laisser faire par une simple dague. J'ai dû me résoudre à l'empoisonner, c'était plus facile. Le Cyanure. Il n'y a rien de plus efficace pour tuer un homme. Quelques grammes de poudre dans un verre d'alcool et c'est le combo fatal. En plusieurs doses, c'est mieux, car le corps prend le temps de se dégrader et personne peut plus rien pour sauver le patient.

- C'est pas vrai... C'est pas vrai ! psalmodia la domestique, anéantie par la vérité.

- Et si, ça l'est. Même si vous êtes les seuls au courant, avec Black. Oh, et aussi les policiers que j'ai grassement payés pour qu'ils l'incinèrent rapidement dans l'anonymat. Pensez bien que je ne voulais pas qu'on y regarde de plus près.

Elle pouffa, fière, le torse bombé.

Si Cassandra n'avait pas été blessée elle lui aurait sauté au cou pour l'étrangler à mort sans la moindre hésitation. Elle la haïssait de tout son être. Elle voulait l'étriper ! Son pauvre père… Cet homme si gentil qui était tombé sur une veuve noire… Il n'avait rien vu venir et était mort dans l'ignorance, l'oubli ! Comment avait-elle pu vivre à côté de ce monstre tout ce temps ?! COMMENT ?!

Raiponce s'avança, tremblante de haut en bas. Etonnement, Gothel fit un pas en arrière devant son regard assassin.

- Mon père. Le Cyanure… Lui aussi, vous l'avez empoisonné, n'est-ce pas ?

Elle la fixa avec une forme de haine viscérale.

- Il vous gênait ! Il refaisait comme Alexandre ! C'est ça ?! HEIN ?! AVOUEZ ! SORCIERE !

Se bouffant la tignasse, Astoria déglutit et releva le nez.

- Cela va de soi, très chère… Cet imbécile n'en avait que pour toi. Certes, j'étais enfin comtesse mais… Je désirais plus que ça. Cet idiot dilapidait son argent en bêtises et menaçait de me couper les vivres si je continuais à m'entretenir. Alors, j'ai dû y remédier. Son héritage était colossal. Une fois mort, enfin brûlé vif dans son urne, j'ai pu m'élever plus haut encore et passer ce pacte avec Pitch. Tout était si simple, si parfait. Enfin, si on vous enlève vous.

- Vous avez OSE tuer mon père juste pour ça ?! POUR L'ARGENT ET LE STATUT SOCIAL ?

- Exact. Et je recommencerais autant de fois qu'il le faudra ! Je n'ai que faire de ses pitoyables…

Raiponce fondit sur la veuve noire, balançant sa poêle de rage, les yeux humides de haine. Elle exultait de colère ! Son père adoré… Une autre victime de la veuve noire ! Et elle l'avait laissé faire ! Et elle avait vécu avec tout ce temps ! Avec la meurtrière de Frederick CORONA !

- AHHHHHHHHHHHHHHHHHH !

Le cri de la blonde raisonna dans tous le pont A. Elle matraqua Gothel qui se protégea avec sa lame quand elle sentit l'acier noir lui frapper le visage, la faisant basculer au sol. Raiponce haletait au-dessus d'elle, tremblante de tous les côtés.

- Vous êtes la pire ordure que j'ai vu de ma vie !

Jack voulut l'arrêter dans sa folie mais elle le repoussa d'un grand coup sec avant de lever sa poêle pour un deuxième round. Astoria en profita pour lui donner un coup dans le genou qui craqua et se déboita. La blonde chuta en hurlant avant de se prendre une botte sur le visage.

- TU AS TOUCHE MON MAGNIFIQUE VISAGE ! Cracha Gothel.

Le sang perlait de sa bouche et de son nez.

Les deux boules de nerfs se fixèrent avec colère. Astoria reprit son arme.

- Si je te blesse un peu, ce n'est pas grave, tant que tu survis ! Peut-être qu'en te privant de tes jambes ce sera plus simple ! Avec ce poignard imbibé du sang de Fitzherbert ! HA HA HA HA !

Folle, la marâtre lui mit la lame sous le nez pour bien la torturer mentalement. Raiponce hurla, se tortillant.

- QUE LUI AVEZ-VOUS FAIT ?! Pleura-t-elle. QUE LUI AVEZ-VOUS FAIT ?!

Jack empoigna discrètement la poêle tout en écoutant leur échange. Il se scotcha discrètement son bras avec un adhésif et du une compresse pour retenir le sang tandis qu'il s'avança par le côté.

- A ton avis ?! Je l'ai planté par derrière lorsqu'il pensait te voir toi, susurra la marâtre à son oreille.

Pitch Black n'était pas loin, il entendait les cris et se précipita vers l'infirmerie.

- Il venait te rendre visite, toujours à la même heure, n'est-ce pas !? Tu crois vraiment que je n'avais rien vu ?! Petite sotte ! Dès que j'ai compris où menaient tes sorties nocturnes, j'ai tout fait pour éliminer ce gêneur. CE POUILLEUX ! Manquerait plus que ça, tiens ! Que tu épouses un voleur, un pauvre ! Comme ce rat !

Jack se stoppa dans son avancée, cachant l'arme derrière son dos, feignant la douleur et l'immobilité. Astoria reposa ses yeux sur sa belle-fille.

- A croire que tu aimes me compliquer la tâche ! Mais moi j'avais déjà d'autres projets avec Black. Pour devenir Duchesse, l'étape ultime, je devais te marier à lui. Alors, je me suis débarrassée du pouilleux. J'ai attendu dans la forêt. Il est arrivé, pile à l'heure, et je l'ai appelé avec ton timbre de voix. Il portait une bague de fiançailles dans sa poche, HA HA HA HA ! Tu imagines ?! Alors je l'ai planté à mort puis je l'ai fait rouler au fond d'une fosse pour que jamais on ne le retrouve. Personne ne l'a jamais cherché ! Il est toujours là, à bouffer les pissenlits par la racine ! Oh, tu aurais dû voir son regard surpris quand il a compris, trop tard, que c'était moi…

Raiponce expira bruyamment. Tant de haine et de colère en elle, sa vue n'était plus que rage et folie.

Pitch arriva juste quand Raiponce croqua dans la cheville de sa belle-mère avec toute la hargne qu'elle le put. Le sang se mit à pisser en geyser sous les cris de bête de la veuve noire qui se dégagea en la frappant plusieurs fois du coude.

Tout s'enchaîna très vite…

Jack arriva avec la poêle et frappa une Gothel affaiblie de la force du cœur. Après ce qu'il avait entendu, lui aussi exultait de rage envers cette femme diabolique !

- DE LA PART DES RATS ET DES PAPA! Hurla ce dernier en un deuxième coup qui la plia au sol.

Black le visa aussitôt avant de tomber à la renverse. Raiponce s'était relevée en remboitant son genou d'un coup sec, retenant son hurlement, pour lui foncer dessus et protéger son amour au-delà de la douleur qu'elle-même ressentait. L'arme voltigea plus loin tandis que Cassandra claudiqua vers la veuve pour la parsemer de coups de pied sur le visage.

- ARRETE ! PAS MON MAGNIFIQUE VISAGE !

La veuve se tortilla en essayant de protéger son bien le plus précieux : Son corps, que ses filles vinrent frapper avec colère en mémoire des défunts et de la vie minable qu'elle leur avait fait subir.

Jack les arrêta en pleine folie puis les tira à l'extérieur de la pièce alors que Pitch se relevait. L'argenté en profita pour lui donner un coup de bâton dans le dos qui le fit hurler.

- Je vais vous démolir ! Beugla ce dernier qui attrapa son Smith et tira alors qu'ils atteignaient le coin du couloir.

Gothel, couchée sur le sol, se contorsionnait en hurlant.

- RATTRAPE-LES ! RABBAT LES OU JE T'AI DIS !

La douleur la fit vaciller et elle sombra dans l'inconscience, le visage déformé, sanglant.

Les cheveux en pétard, Pitch fila droit vers les fuyards en tirant dès qu'ils approchaient d'un bon couloir. Il les rapatria vers la grille arrachée pour les coincer. Une fois devant, le trio hésita, parcouru de douleur, avant de foncer dans la bouche béante du tombeau, une balle effleurant leur tête de justesse.

Si la haine ne la tenait pas debout, Cassandra se serait effondrée d'épuisement. Courant le long du pont B, l'eau vint se rappeler à leur bon souvenir, mordant leurs mollets. Le bateau penchait plus encore et Pitch arriva, incapable d'abandonner SA Raiponce.

- TU ES A MOI ! TU M'ENTENDS ! ESPECE D'INGRATE ! J'obtiens toujours ce que je désire ! RIEN , JAMAIS, ne peut aller en travers de ma volonté !

Il tira à nouveau, les balles filant dans l'eau, aux pieds du trio malmené qui s'enfuyait vers des salles inondées. Dehors, les dernières fusées crépitaient alors que l'eau glissait sur les hublots.

- Je préfère encore mourir noyée que de devenir ta femme, espèce de taré ! TU NE M'AURAS JAMAIS !

Raiponce bifurqua dans la salle des fêtes, le genou gonflé l'empêchant de courir correctement. Le souvenir de la soirée des lanternes se rappela à son bon souvenir. Elle lâcha des larmes de désespoir, ralentie par l'eau qui arrivait à sa taille. Leurs blessures les rendaient aussi rapides que des escargots, aussi, Pitch les rejoignit rapidement, la folie encrée dans le moindre de ses traits.

Le bateau, dans un grincement fort sonore, se courba encore plus en avant. Pitch se retint contre un meuble en chêne. Cassandra s'effondra dans l'eau retenue par Jack qui se cogna dans une table. Raiponce perdit le contact de leurs mains et se retourna pour aller les aider. Pitch en profita pour se stabiliser et les viser.

- MEURS SALE PAUVRE ! MEUUUUURS DEVANT TON DIEU !

Il tira, rien ne se passa. Furieux, Pitch regarda son barillet, il était vide. De sa poche il sortit de nouvelles douilles permettant aux jeunes de se redresser. Cassandra fut portée par un Jack malhabile en se traînant vers la sortie. Raiponce chuta à son tour, butant dans un cadavre.

Elle avala de l'eau, son corps faiblissant tellement qu'elle ne put remonter. Jack dut lui tendre son bâton pour qu'elle s'accroche et rejoigne l'air. La blonde se mit à vomir ce qu'elle avait ingurgité quand le canon retentit. Cassandra tomba à l'eau et Jack suivit. Ils évitèrent deux balles et nagèrent pour esquiver les autres. A bout, le duo se lança vers un vaisselier pour se protéger. Ils haletaient, engloutis entre deux vagues.

Raiponce Corona se cramponna à une table flottante, celle-là même qu'elle avait partagé avec son amour, quelques jours plus tôt. Elle reconnut la tache centrale et serra les poings.

- La liberté… Je veux enfin ma liberté ! Hurla-t-elle.

Black tira en boucle sur le vaisselier qui se détruisit en plusieurs morceaux. Il était si proche d'en finir ! Sa dernière balle utilisée, Jack sortit de sa cachette pour fondre sur le gominé ! Il l'attrapa par le col et le fit basculer dans l'eau. Sans lâcher son arme, Pitch le frappa sur les côtes et sur sa blessure pour se dégager. Jack se fit repousser contre le sol tandis que le noir remonta à la surface. Il n'avait plus pied quand Raiponce le frappa de toutes ses forces à l'aide de sa poêle.

Sonné, le fiancé déchu cracha du sang avant de l'attraper par son sac en bandoulière. Un œil à demi clos, il la tira à lui.

- A moi… A moi… ! S'époumona-t-il.

Soudain, sa gorge se bloqua. Jack était monté sur son dos pour l'étouffer avec son bâton tout contre sa glotte.

Pitch s'étouffa, lâcha enfin son pistolet et tenta de se dégager en griffant son agresseur. Raiponce attrapa le couteau que lui lança Cassandra et sauta sur lui pour le planter en plein torse. Le hurlement qui suivit fut animal.

Jack lâcha prise et attrapa sa belle pour nager vers Cassandra.

- L'eau ! Vite ! Beugla-t-il en entendant grincer autour d'eux.

A demi consciente, Cassandra sentit son ami la reprendre sur son dos avant de s'accrocher avec son bâton sur un des tuyaux du couloir. Raiponce s'agrippa plus fort à Jack et ils se débattirent quelques secondes. L'eau cognait si fort, elle voulait les noyer !

Pitch Black monta sur une commode visée, sous l'eau, et se tint la poitrine, choqué, sonné. A moitié essoufflé il observa les trois paires d'yeux qui le fixaient. Le sombre, le bleu et… le vert. Il tendit sa main, comme pour l'atteindre, mais la comtesse se blottit contre Jack et le défia du regard. Hors de lui, Pitch sauta pour les rejoindre à la nage quand tout à coup, les portes et le plafond explosèrent en un déferlement de vagues démentielles.

La force de l'infiltration décupla l'arrivée de l'eau qui devint un mur liquide inévitable. Affaibli, Pitch fut incapable de crier. Il vit arriver le monstre sans bouger, les yeux ronds, incapable de croire à ce qui lui arrivait. Se prenant de plein fouet l'implacable vérité : Memento mori, tout être doit mourir. Riche ou pas, il n'était qu'un homme. Un homme soumis à la nature. Un homme faible. Un homme sans aucun pouvoir !

Son esprit vogua une dernière fois.

« Depuis sa naissance, Pitch Black était destiné à régner sur le monde.

C'est ce que ses parents lui inculquèrent. Il firent de lui un roi, un dieu. Leur fils unique, l'héritier principal de la fortune des Black, les ultra-riches américains, capables de tout ! On lui enseigna : tu posséderas tout, tu obtiendras tout, tu seras adulé et aimé quoi que tu fasses. Tu seras toujours au-dessus. Tu es un BLACK. Tu es un être supérieur !

Pourri-gâté, encensé, puissant : Pitch devint ce qu'il était prédestiné. Le portrait craché de sa lignée. On n'osa jamais lui dire non. Il réussit à obtenir tout ce qu'il voulut. Tout du moins, jusqu'à elle… Raiponce lui dit non, Raiponce se fut enfuie, Raiponce l'eut défié. Puis, elle le quitta pour toujours et… il ne l'obtint jamais. Elle le ramena à son impuissance. Elle le frappa en plein cœur.

Au fond… c'était peut-être cela qui l'avait attiré chez elle ? Inconsciemment, il voulait qu'on lui dise non. »

La vague de deux mètres engloutit Pitch avec délectation, se répandant dans la pièce en une puissance dévastatrice. L'homme se noya rapidement, les bras tirés en avant, comme pour chercher l'absolution de Raiponce qui ne viendrai jamais. Ses poumons se gorgèrent d'eau, il souffrit le martyr et son cœur s'arrêta en plein supplice. Ses yeux jaunes restèrent exorbités tandis que son corps se raidit rapidement.

De la lignée principale des Black ne restait plus qu'un cadavre oublié qui sombra dans les abysses de son arrogance.


Raiponce, Jack et Cassandra prirent leur respiration et attendirent que le gros de la vague passe. Les filles se faisaient retenir par un Jack au bras déchiré par sa blessure dont le sel accentuait sa douleur. Le jeune homme tint bon et bientôt, l'eau se fit moins puissante. Elle remplit les autres pièces et se délita un peu partout.

Leur dernière chance !

D'un regard, les amants se lancèrent à la nage vers les hauteurs du pont A troué. Ils luttèrent contre l'aspiration, aidant Cassandra, quasi-inerte entre eux deux.

- AHHHHHHHHHHHHHHH !

Raiponce respira l'air frais et aida son amoureux à rejoindre le dernier escalier encore au sec. Ils longèrent le couloir, esquivant les obstacles avant de remonter le plus vite possible à l'air libre.

Astoria Gothel n'était plus là. Elle avait disparu.

Cassandra s'effondra, à bout de forces.

Au loin, Raiponce aperçut les derniers canots se remplir dans une cohue totalement ingérable. Le Titanic s'était presque complètement soulevé par l'arrière, faisant du navire une pente démentielle infranchissable. Jack se posa à genoux, le bras et l'épaule en vrac. Il ne pourrait plus s'en servir, c'était terminé.

- On est enfin… enfin débarrassé d'eux…, haleta-t-il. Mais… tout ça… pour quoi… ?

Les deux mains aplaties sur le sol, Jack s'égosilla d'abattement. Il ne reverrait jamais Emma. Il n'aurait pas une belle maison en forêt avec Raiponce et Cassandra. Il n'aurait pas un beau potager et des fleurs. Pas de belle tentures mauves, noires et bleues. Pas d'avenir. Mais elles… Il devait au moins le leur offrir à elles…

- Jack, rien n'est terminé, il faut rejoindre un des canots. On doit forcer le passage !

- Avec nos blessures, notre faiblesse… C'est impossible et tu le sais…

Cassandra se tortilla sur le sol. La blonde prit aussitôt ce qu'elle avait attrapé à l'infirmerie – mis dans son sac- pour la bander et apposer une compresse imbibée d'eau.

- Cass' ! CASS' ! Reste avec moi !Je t'en supplie !

Les larmes dévalant ses joues, Raiponce lui fit boire un anti-inflammatoire avant de lui frapper les joues pour la garder éveillée.

- Me laisse pas… Pas toi aussi… Par pitié !

Alors que Cassandra lui prenait la main, d'un sourire triste, la sonnerie de l'horloge centrale annonça deux heures du matin. Les deux derniers canots étaient prêts à partir.

Jack le vit et laissa son désespoir s'échapper en un cri du cœur.


NDA :

La vérité a enfin éclatée! Vous vous y attendiez? Il faut dire que j'avais laissé peu de doute sur les derniers chapitres ;) La veuve noire porte bien son nom!

En tout cas Pitch est enfin hors jeu et Gothel a disparue! Mais la lutte n'est pas encore terminé... La mort les regarde de près!