Un des chapitres qui me tardaient le plus d'écrire et de poster * - *
J'adore écrire du drama, je me demande vraiment si j'ai pas un peu trop de sadisme en moi mdr!
Je vous souhaite une bonne lecture :P
Chapitre 17 : Entre morts et Survivants
- AU SECOURS !
- LES CANOTS VENEZ NOUS CHERCHER !
- A L'AIDE ! REVENEZ ! PITIE !
- Maman ! Maman, j'ai peur !
- Ca va aller, chérie, ça va aller, attendons les sauveteurs !
- Les secours vont arriver !
- J'ai mal ! AIDEZ-MOI ! AHHHHH !
- QUE DIEU NOUS PROTEGE NOUS PAUVRES PECHEURS !
- OUINNNNNN !
Des voix.
Des centaines de milliers de voix résonnaient au beau milieu de l'Atlantique. Esseulées, ignorées, elles imploraient et gémissaient de tous leurs cœurs. Elles espéraient une aide qui ne viendrait pas… Car les canots, bien à l'abri plus loin, avaient trop peur de se faire chahuter et préféraient les abandonner à la mort. Des hommes, des femmes, des enfants… De tous horizons, de toutes classes, condamnés à mourir dans d'atroces souffrances. La peur, l'espoir, la folie et le froid s'entremêlaient dans un grand orchestre plaintif. Les oreilles survivantes écoutèrent, sachant pertinemment que le reste de leur vie serait couverte de ces cris plaintifs et de cauchemars sans fin.
Au fond de l'eau, le Titanic toucha le fond dans un fracas qui dérangea la faune locale. Accompagné de plusieurs cadavres comme d'une parure funèbre, il rendit son dernier soupir en évacuant ses ultimes bulles d'air.
Dans son sillage, Jack et Raiponce se débattaient sous l'eau pour rejoindre la surface. Entre l'eau glacée, leurs corps meurtris et leur faiblesse, le couple peinait à affronter l'aspiration. Main dans la main ils tournoyaient et battaient des jambes sans relâche. La lune fut leur guide tandis que leur gilet de sauvetage furent leur bouée. Grâce à la protection blanche remplie d'air qui les entourait, leur corps fut propulsé lentement vers la surface. Repoussant des obstacles de la main, les poumons à l'agonie, ils s'obstinaient à survivre. Ils fixaient la lumière avec force, nageant à en perdre la raison ! Raiponce sentit son genou vriller et ralentit. Si proche du but… Si proche ! Jack la tirait en continuant avec son bras valide tandis que l'autre flottait misérablement à côté de lui…Grâce à leur gilet, ils réussirent malgré tout à continuer leur chemin, aussi lentement que des poissons blessés, les poumons comprimés désirant sonner le glas.
Enfin, Jack perça la surface après deux coups de pression sur ses jambes. Perdu entre son passé et son présent, l'argenté sortit son trésor de l'eau qui inspira si fort qu'elle s'étouffa à plusieurs reprises. Il la serra fort contre lui pour ne jamais perdre à nouveau cette étreinte chaude et réconfortante.
Soudain, Raiponce disparut à nouveau sous l'eau et il se fit tirer à son tour. Des noyés tiraient sur les cheveux de la blonde pour remonter. La douleur sous le crâne de la comtesse fut insupportable et elle hurla en relâchant son air. Jack, qui n'avait plus son bâton désormais, se mit à frapper des poings et des pieds contre les membres attachés à son soleil. Il martela de coups sans discontinuer et ramena Raiponce à l'air libre.
La blonde vomit de l'eau ingurgitée avant de trembler de tout son corps. D'autres mains tentaient de l'empoigner et de l'utiliser comme d'une bouée. Incapable de se débattre elle se secoua dans tous les sens tandis qu'un homme attrapa sa crinière pour se maintenir à flots. Sur son cuir chevelu, des traces rouges sang commençaient à apparaitre. Jack vit rouge et attrapa une planche qui trainait pour marteler l'inconnu jusqu'à l'inconscience. L'avait-il tué ? Il ne voulait pas le savoir…
- Nage ! Il faut que tu nages ! On doit s'éloigner d'ici !
- Je ne peux pas ! On me tire toujours les cheveux !
L'argenté relâcha sa planche tout en maintenant sa belle au-dessus de l'eau avant de chercher quelque chose d'utile du regard. Il se saisit d'un éclat de verre pour scier ses précieux crins blond qui lui résistèrent dans la main. La blonde inspirait et expirait bruyamment en gémissant de douleur. Elle eut bien cru que son crâne allait se déchirer.
Jack abandonna son idée et se mit à chercher autre chose. Il tenta plusieurs objets en vain, il n'était pas simple de couper des cheveux d'une telle épaisseur… Il se souvint alors du couteau de Cassandra qui avait planté Pitch et du fait qu'il l'avait ramassé instinctivement. Ses longs doigts blanchâtres tâtèrent sa poche ventrale avant de sentir la caresse froide de la lame affutée. Remerciant le ciel qu'il ne soit pas tombé il le sortit et se mit à couper le plus court possible.
Un couple se fit repousser contre Jack au même moment et tentèrent de s'agripper à lui. Sous l'effet de la peur il les attaqua avec la pointe de son couteau et les regarda se couvrir de sang en s'éloignant de lui. Son regard hanté préféra se détourner de la scène pour reprendre son travail et finit enfin par couper la dernière mèche.
La comtesse s'écroula sur lui en gémissant. Elle s'accrocha avec force avant qu'il ne la reprenne par la main.
- Viens ! Ça va nous réchauffer ! Eloignons-nous !
Ses cheveux blonds courts volant dans la brise, Raiponce suivit en nageant comme un petit chien, incapable de faire la brasse tant elle était au bout de ses forces. Le froid mordant la tétanisait autant que lui. Jack ramait pour se frayer un chemin et dut user de la force pour repousser quelques agresseurs qui cherchaient à survivre. Raiponce dut frapper de son pied droit pour empêcher deux femmes de l'agripper tandis qu'elles la suppliaient de les emmener avec elle.
En transe, le couple se mit à s'excentrer de la masse et commença à se rapprocher de l'étendue infini, à nu, de l'océan. Sous la lune pâle et les étoiles, les amants commencèrent lentement à perdre ce qui leur restait d'énergie. Le corps n'arrivait plus à trouver le moindre carburant, il lâcha.
- J'en peux plus…
Raiponce s'arrêta, bien incapable d'aller plus loin. Jack se stoppa à son tour, le regard aussi pâle qu'un mort. Il se lova contre sa chérie et lui frotta le dos par-dessous son gilet pour vainement lui garder un peu de chaleur. Il tourna son regard de tous les côtés, son souffle glacé se répandant dans l'air nocturne.
- Encore un p. effort. Je v. quelque chose là b. !
La blonde approuva et se laissa guider par l'argenté qui remarqua une masse esseulée à la surface. C'était une table qui flottait paisiblement dans son coin.
-M..Monte !
Jack poussa sa chérie qui agrippa, elle ne savait même pas comment, les bords pour se poser dessus. Son compagnon voulut la rejoindre mais le poids la fit basculer. D'un cri ils se retrouvèrent sous l'eau avant de remonter. A l'envers, la table en if avait les bois de pied à l'air.
Ils tentèrent à nouveau de monter à deux sans succès. De nouveau dans l'autre sens, Jack abandonna et poussa Raiponce à monter seule.
- Non… V. avec moi !
- J'peux pas… Ca… pas.
Elle lui tendit la main en laissant une partie de la table immergée par son poids. Jack l'attrapa et se blottit à nouveau contre le bois humide. Se stabilisant avec le bas du corps dans l'eau, ils réussirent à flotter tous les deux et se posèrent sur le flan, totalement immobiles. Le moindre geste leur coûtait la vie.
Reprenant leur souffle, gelés jusqu'aux os comme dévorés de l'intérieur par la morsure du gel, le couple se fixa sans parler. Pendant plusieurs minutes ils plongèrent leurs prunelles l'une dans l'autre. Ils se rendirent compte que plus le temps passait, plus les voix diminuaient jusqu'à conduire à des murmures inaudibles.
Toujours liés par les mains, Jack et Raiponce entendaient la mort chercher son dû et savaient que leur tour n'allait pas tarder.
- L…Les secours vont peut-être v. … Les c. , ils vont…r. nous chercher… Ce… n'est .pas terminé… Déclara Jack en claquant des dents.
Raiponce sourit avec tristesse en baisant ses doigts pâles.
- Ils . Tu le s. aussi bien q. moi. Ce sont lâches.
Jack approuva avec dépit, ses yeux de glaces plongés dans sa lumière. Son soleil. Son bonheur. Il lui caressa ses doigts devenus aussi pâles que les siens et admira ses cheveux courts couverts de glace.
- Tu es si b. . Ca va bien.
- M…merci. Je me sens p. légère.
Elle papillonnait. La fatigue était trop tentante, trop douce.
- Hé, avec moi… t…tu me l'as.l'as promis ! S'insurgea l'argenté.
Raiponce secoua la tête pour se reprendre.
- Je suis…là. Jusqu'au b. .
Elle lui sourit et se rapprocha de Jack pour se blottir, toujours à moitié immergés sur leur table.
Les deux amants écoutèrent le silence de plus en plus prononcé avec une tristesse infinie. Ils ne voulaient pas mourir… Ils voulaient vivre ensemble encore des années. Fonder leur propre foyer, être heureux, connaitre le vrai sens de la vie avant de partir… Mais ils savaient que ce n'était plus possible.
- Je m.m.m'endors… -moi, Jack. -moi, quelque chose.
Presque parti lui aussi, l'argenté revint sur mer et souffla une volute de buée.
- Si on… avait enfant. Tu l'appelerais c. ?
Il n'eut plus la force de tourner les yeux vers elle et préféra regarder le ciel, véritable tableau galactique. Elle non plus ne bougea pas ses yeux de la voute céleste enchanteresse. Elle sourit malgré elle en faisant craquer sa peau en hypothermie.
- Si c'était une f. , je voudrais… un nom de fleur. Et un garçon… un nom… un nom que tu choisirais et qui te re…p. ésenterais.
- Je nous imagine bien t. les deux dans notre maison de forêt. Avec des enfants et…Cassandra qui leur fait des invraisemblables…
- Ce serait… tout elle.
D'un maigre souffle ils rirent et s'imaginèrent la vie qu'ils auraient bien aimé avoir. Le bras gauche de Jack lâcha complètement et sombra dans l'eau. Il ne sentait même plus la froideur de l'océan, c'était pour lui la dernière alarme. Il était trop tard… Sa peau brûlée par endroits, ses griffures et son épaule endolorie semblaient maintenant avoir disparues de son corps. Il ne ressentait plus rien du tout, il ne tremblait même presque plus.
- Et si tu chantais… Ta voix me .
Raiponce papillonna pour résister à l'appel du vide et se concentra sur la berceuse de ses parents. Celle qu'Arianna avait apprise à Frederick qui le lui avait transmis. Une petite comptine pour guérir plus vite, qu'il disait.
« Fleur aux pétales d'ors, répands ta magie, inverse le temps, rends-moi ce qu'il m'a pris. Guéris les blessures, éloigne la pluie. Ce destin impur, rends-moi ce qu'il m'a pris. Ce qu'il m'a pris… »
- C'est si joli. Encore…
Raiponce chanta et Jack l'accompagna en marmonnant doucement les paroles de guérison. Quand l'un ou l'autre s'arrêtait, son compagnon lui donnait un coup de coude pour qu'il continue et ne s'endorme pas.
Lorsque le silence fut total, tout à coup, Raiponce se souvint d'une autre chanson. Une que lui inspira son voyage du cœur à bord du Titanic. Jack l'entendit, le cœur ralentissant dans sa poitrine.
« Si nous avions des ailes comme des oiseaux,
Nous pourrions aller n'importe où.
Même s'il n'y a pas d'endroit où retourner
Je suis sûr que nous pouvons aller partout.
..
Je ne veux pas juste me contenter de vivre...
..
Ce monde est vraiment cruel,
Malgré tout, Je t'aime de tout mon cœur.
Peu importe le prix à payer,
Je continuerai à te protéger.
Même si l'on pense que je me trompe,
Je ne doute pas de mon choix!
La seule chose vraie c'est qu'il faut croire en soi.
..
Je ne veux pas juste me contenter de vivre...
..
Ce monde est vraiment cruel,
Mais même ainsi, je t'aimerai toujours.
Peu importe le prix à payer,
Même si je sacrifie tout.
Je te protègerai, toi,
L'ombre de la personne que j'ai choisie. »
- Comme… c'est beau, murmura Jack. Nous pouvons aller… où nous voulons.
- Oui, tous les deux… on s'envolera n'importe où. Même si pour ça… nous devons attendre de renaitre… Nous sommes…libres.
Jack voulut appuyer sur sa main mais rien ne répondit à son envie. Son cerveau fut incapable de faire bouger le moindre de ses membres. Raiponce non plus.
Seuls sur leur table, ils remarquèrent le silence autour d'eux. Plus une voix, plus une parole, pas même un murmure. Ils soufflèrent ensemble leur buée glacée, dernier signe de vie et se mirent à chantonner la comptine à nouveau. Lentement, faiblement.
- Jack… Jack…
Elle ne réussit pas à le secouer et tourna la tête avec un grand effort. Il la regardait aussi, les yeux tordus vers elle.
- Qu…oi ?
- Je t'aime… mon astre…
- Je… t'aime… pour l'éternité…
Leurs yeux retournèrent sur le ciel après un sourire d'amour et bientôt ils se mirent à clignoter dangereusement. La glace les rendaient de plus en plus lourds.
« Inverse le temps, rends-moi ce qu'il m'a pris… »
Raiponce chantonnait à voix très basse. Elle fermait ses émeraudes de plus en plus longtemps, douloureusement triste de ne plus pouvoir admirer les saphirs de son voisin doucement assoupi dans les bras de Mère-nature.
« Ce destin impur, rends-moi ce qu'il m'a pris… »
Silence. Long et lourd silence.
« Ce qu'il m'a pris… »
Il n'y avait plus que sa buée s'enroulant au-dessus d'elle. Un long filet d'agonie allant rejoindre les étoiles. Dans sa lente mort Raiponce eut des hallucinations. Elle crut voir son souffle se transformer en de magnifiques oiseaux qui volaient dans les cieux, heureux, libres et amoureux. Ils paradaient et s'en allaient vers l'horizon. Les étoiles se mirent à danser pour elle et son cœur se mit à ralentir.
Derniers battements de cils, dernières images d'une voute céleste constellée d'étoiles puis le noir vint la chercher. Elle souffla comme pour se vider les poumons et rejoignit ses parents qui sourirent en la voyant.
Raiponce courut vers eux et sauta dans leurs bras chauds et réconfortants. Elle pleurait et ils lui caressèrent les cheveux.
« Je suis désolée papa, désolée de t'avoir abandonné à cette … »
Il posa un doigt sur ses lèvres bien rosées.
« C'est moi qui me suis trompé. Tu n'as rien à te reprocher, bien au contraire. Je m'excuse de t'avoir laissée entre ses mains et de ne pas avoir vu son vrai visage. Elle t'a détruite. Elle a fait tout ce qu'un père aurait voulu éviter à son enfant… Pardonne-moi… »
« Papa. Je ne t'en voudrai jamais ! Je t'aime plus que tout ! Les seuls que je déteste c'est ceux qui détruisent tout par pur égoïsme. Gothel, Pitch, Edgard, Les Stabbington et tant d'autres encore. C'est eux qui méritent ma haine ! »
Frederick Corona lui sourit tendrement et l'embrassa sur la joue.
« Je suis si fier de toi, ma princesse. Si fier de celle que tu es devenue malgré tout ça ! Tu as toujours eu la force et le côté intrépide de ta maman. C'est ce qui me plaisait le plus à l'époque malgré mes frayeurs ! »
Il rit et Arianna le suivit. Raiponce gloussa à son tour tout en regardant sa maman de plus près. Elle se lova dans ses bras chauds et posa sa tête sur sa poitrine.
D'une caresse, Arianna lui chanta la comptine avant de la contempler.
« Mon bébé… Si tu savais comme j'aurais aimé grandir à tes côtés. Comme j'aurais voulu avoir la force de te mettre au monde dans de bonnes conditions… Et d'éviter tout ça avec cette horrible dame »
« Oh, tu sais, j'ai fini par accepter tout ça, se releva la comtesse. Sans tout ce qu'il m'est arrivé je n'aurais jamais pu rencontrer Jack et vivre la semaine la plus intense de toute ma vie ! Mon cœur est comblé par cette expérience. Je ne regrette plus rien ».
Sa maman et son papa lui sourirent tout en l'invitant dans leurs bras. Raiponce sautilla et les agrippa au cou.
Non loin d'elle, la comtesse repéra Jack avec son papa et sa maman. Sa maman était aussi belle que sur la photo que la blonde avait vue. Une femme simple, d'une blancheur de neige avec des long cheveux argenté lâchés dans le dos. Ses yeux très clairs souriait de tendresse pour son bébé. Le père, d'une grande bonté dans son attitude, souriait à son petit en lui parlant de tout son cœur. Les cheveux bruns, les yeux ambres, il semblait ravit de ce qu'était devenu son enfant.
Jack Frost était aux anges de les revoir avant de détourner les yeux vers celle qui l'aimait et de lui faire un signe.
Raiponce cassa l'étreinte familiale et tira ses deux parents vers Jack et sa famille. Elle tenait absolument à le présenter !
- Où sont les autres canots ?! Mugit Aster avec surprise.
- Ils sont partis plus loin, commenta Thiana d'amertume. Impossible de les rattraper si on veut retourner chercher des survivants…
« Si survivants il y a. On a perdu trop de temps à se regrouper » déplora Sandy.
- C'est pas vrai…
Incrédule, Bunnimond regarda les huit canots présents dont la plupart était bien remplis. C'étaient les derniers partis et ceux les plus fidèles à Aster. Le second se mordit la lèvre tout en regardant la barque de ses amis. Il tiqua. Recula. Et regarda dans toutes les barques.
- Le… Le capitaine… où est… Nicholas ?
La steward fit les yeux ronds et scruta l'embarcation d'Aster.
- Il m'a dit qu'il montait avec toi !
- Non il devait monter… avec… Il n'a pas fait ça ?!
« Je m'en suis douté. Je ne voulais pas le croire mais… »
- Il a coulé avec son navire ! Explosa Thiana en sanglots.
Surpris des passagers vinrent la soutenir quand elle s'effondra au sol, secouée de larmes. Elle hurlait dans ses mains, incapable de croire à la vérité. Son mentor, son modèle, son grand ami de toujours ! Pourquoi faire cela ?! Aster se mordit la lèvre avec force, détournant son regard vers le lieu du naufrage. Il déglutit.
- Il voulait… payer pour son erreur. En prendre toute la responsabilité, reprit l'ancien second avec des trémolos dans la voix. Il voulait nous épargner un procès long et fastidieux de retour sur terre. Faire de lui le grand coupable… Bon sang… C'est injuste !
L'homme sera les poings, incapable d'accepter la vérité. Sandy, de sa petite taille rondelette, lui posa une main dans le dos et tapota. Il pleurait en silence, fixant le même lieu que son ami.
« Il s'est sacrifié pour nous. Et pour ceux qui sont morts… Il a joué au héros jusqu'au bout… C'est tout lui ».
- Je sais ! Je sais…
Aster prit quelques minutes pour reprendre ses esprits. Il devait remplacer le capitaine, il devait accepter son dernier cadeau : prendre sa place et continuer à naviguer pour lui. Bunnimond opina pour lui-même et se retourna en inspirant et expirant un bon coup.
- Allez, pas le temps de s'apitoyer. On doit encore retourner là-bas et sauver le plus de vies possible !
Certains passagers protestèrent mais Aster les assassina du regard, ils n'osèrent plus rien dire. Sandy opina et se prépara à transvaser certains canots entre eux pour faire de la place. Thiana fut incapable de se relever et les regarda faire tous les deux.
Quand ses yeux se posèrent sur une femme enlaidie, blessée et fuyante, elle sentit la colère monter. Astoria Gothel était en vie ! Elle passa près d'elle et se posa au fond d'un autre canot dans le silence le plus religieux qui soit. Elle n'osa même pas croiser son regard. Thiana se retint de faire un scandale. Nicholas, son héros, était mort mais les ordures dans son genre survivaient toujours. Ca la dégoûtait. Elle chercha Pitch Black du regard mais ne le trouva pas. Elle espérait qu'il n'était pas dans un autre canot de sauvetage mais ne se faisait guère d'illusion. Des gens bien qu'elle avait rencontré sur le Titanic ne restait plus que Cassandra... Tant d'autres, des Stewards, étaient morts eux aussi. La peine refit surface et engloutit la colère.
Amorphe, Thiana regarda Cassandra, inerte, avant de la prendre dans ses bras. Son cœur battait toujours mais il était bien faible. Elle la réchauffa de son corps et laissa Aster et Sandy prendre le commandement de l'unique embarcation de sauvetage qui repartit vers les noyés.
On lui confia, avec d'autres, la bonne marche de ceux qui attendaient. Elle accepta sans rechigner en écoutant les rames glisser sur l'eau. Soudain, une main serra la sienne et de petit yeux un peu voilés la regardèrent. Cassandra la fixait en partageant la même douleur au fond des tripes. Thiana la consola en la prenant dans ses bras et en la berçant tendrement.
- Y a-t-il quelqu'un ? Est-ce que quelqu'un m'entend ?! EH OHHH !
Ils étaient enfin arrivés sur le lieu du drame. Des corps. Partout. Tous sans vie dans leur gilet de sauvetage. Les yeux grands ouverts de frayeur, les bouches déformées, la peau aussi blanche que la lune qui se reflétait sur l'eau. Les deux hommes et trois matelots qui les avaient suivi durent user de toutes leurs forces mentales pour ne pas s'effondrer. Encore une image qui allait leur coller à la peau. Sandy se dit que c'était aussi bien que Thiana ne voit pas ça… Elle n'aurait pas supporté.
- Il faut y croire, il faut continuer ! Ne baissons pas les bras !
Aster balança le faisceau de sa lampe dans tous les sens tandis que ses deux compagnons ramaient tout doucement. Sandy et un autre matelot s'occupaient de dégager le voie en prenant les morts pour les pousser lentement plus loin. Ils vérifiaient également si les pouls battaient toujours. Malheureusement, ce fut le néant à chaque fois.
- EH OOOOOHHHHH. Y-a-t-il quelqu'un ?!
Sandy désespérait. Des centaines de corps sans vie passaient entre ses doigts… Son visage se crispant d'avantage devant leur échec.
- On est arrivé trop tard, souffla Bunnimond la gorge serrée. Beaucoup trop tard… Nicholas, pardonne-moi…
« Cherchons encore ! »
Aster approuva et continua à hurler, appeler, espérer. Il y avait plus de mille personnes décédées autour deux, comme si ils voguaient dans un cimetière à ciel ouvert, sans tombe ni fleur. Les visages étaient monstrueux, ils commençaient à se boursouffler à cause de l'eau. C'était un spectacle affligeant mais les deux amis voulurent continuer, encore un peu !
Soudain, un battement de cœur !
- Là ! ICI !
Le matelot et Sandy avait trouvé un homme, carrure assez sportive, caucasien, qui respirait encore. Ils le sortirent de l'eau et l'enroulèrent dans une couverture chaude avant de lui donner à boire de l'eau tiède potable. L'homme reprit connaissance et les remercia du fond du cœur en se pelotonnant dans son bouclier de laine.
Le cœur regonflé d'espoir, Aster et Sandy continuèrent leur route et finirent par sauver trois autres personnes qui avaient eu la présence d'esprit de sauter en dernier et de monter sur des planches de bois ou simplement de la chance. C'était tous des adultes, trois hommes et une unique jeune femme en bonne forme avant le drame. Tous en hypothermie grave et pouvant mourir à tout moment dans leur canot…
Et… ce fut tout.
Sur les milles cinq cents personnes mortes dans l'océan cette nuit-là, seule quatre avait été repêché. Le bilan était si déplorable que personne à bord du canot n'osa prononcer un seul mot. Personne. Ils reprirent leur route et longèrent les corps une dernière fois. Un ou deux de plus ne changerait pas grand-chose mais une vie était une vie et Aster comptait bien essayer de grapiller tout ce qu'il pouvait.
Alors qu'au fond, il le savait, c'était terminé.
- Est que…
Une oreille sortit du brouillard. Elle se tendit.
- …m'entends ?
L'autre s'ouvrit à son tour. Comme enfermées dans un brouillard épais et lointain elles réussirent à entendre une voix. Un appel.
- EH OHHH !
Soudain, une paire d'yeux se rouvrit lentement. Le gel collé sur les cils les firent craquer et ses paupières se décollèrent dans un raclement d'une douleur normalement insupportable. Heureusement, la personne ne sentait plus rien si ce n'était le bruit faible de sa respiration saccadée de gel.
Allongé au beau milieu de l'infini océan Pacifique, la personne semblait perdue. Elle entendait la voix, elle remarqua une présence au loin, des lumières… Dans un état second, elle tourna la tête sans se rendre compte de l'effort qu'elle venait de faire. Sa peau et ses cheveux étaient collés au bois flottant dans une pellicule de glace.
Le temps de faire la mise au point, le naufragé vit danser le faisceau des lampes qui passèrent non loin d'eux. Elle ne comprenait rien du tout et finit par froncer les sourcils, tout du moins ce qui y ressemblait tant son visage était figé dans l'immobilité. Une buée froide sortit de ses lèvres violettes et des doigts rougis par la morsure du gel se déplièrent.
- C…anot…
La silhouette reposa sa tête en position ciel avant que le cerveau , tournant au ralenti, se mette à relier les fils entre eux. Elle retourna sa tête et vit l'embarcation qui dérivait. Ils en avaient fini ici… Ils avaient fait le tour trois fois. Ils n'y avait plus aucun survivant.
- Canot ! Re…ve…
Soudain, un éclair de lucidité traversa Raiponce Corona. Elle était toujours vivante ! Le pourquoi du comment, elle s'en fichait : elle respirait… Bien qu'elle était incapable de sortir de son état comateux, elle savait ce qu'elle devait faire. Monter dans ce fichu canot !
- J…Jack ! J….aaack.
Raiponce sentit son corps se remettre à bouger et ballotta la main de son amant avec force.
Aucune réponse.
Le néant.
La blonde aux cheveux courts décida de forcer son corps à se tourner et dut s'y prendre en plusieurs fois pour basculer vers son âme sœur. Elle tomba alors sur son corps inerte… gelé… endormi.
- Jack…J…ack… Non… Noooon…. NOOOOOON !
Un cri sortit de nulle part, bien plus faible qu'un vrai. Elle voulut pleurer, elle voulut crier à la mort, mais elle ne le pouvait pas… Son corps l'en empêchait.
- Tu… m'avais…promis… murmura-t-elle d'une voix faible.
Fatiguée, Raiponce refusa aussitôt de monter dans le canot s'il n'était pas là avec elle. La voix hachée et tremblante elle lui baisa la main avec force.
- Je t'aime, Jack… Je t'aime tellement…
La blonde décida d'abandonner son unique espoir. Emma Frost ne reverrait jamais son frère et Raiponce laissa son destin entre les mains de Cassandra. A quoi bon continuer à se battre si c'était pour subir une nouvelle déchirure ?
« Ce destin… impur, …rends- …moi ce qu'il m'a pris… »
Raiponce le berçait, incapable de lâcher sa main qui, de toute façon, était collée à la sienne par le gel. Même si elle avait voulu s'enfuir, la prise était bien trop forte pour s'en dégager…
« Ce qu'il m'a pris… »
Elle se pencha sur sa main livide et continua de l'embrasser et de chanter pour son être trépassé.
Le canot s'éloigna, les lumières les quittèrent. Seul le murmure d'une voix d'ange restait donner de la vie à ce cimetière.
Quand la blonde ferma à nouveau les yeux, quelque chose vint la déranger. Elle dut les rouvrir et voulut contempler une dernière fois son amant quand ça recommença. Quoi donc ? Elle n'arrivait pas à savoir. Peut-être une nouvelle hallucination de son esprit ou…
Non… C'était… sa main. Elle bougeait malgré elle.
Ses yeux givrés descendirent sur leurs mains entrelacées et elle vit des doigts bouger. Pas les siens… ceux qui la tenaient. Imagination ? Oui, non… Raiponce voulut en avoir le cœur net. Elle dirigea ses lèvres vers Jack et posa son oreille rougie dessus.
' ssssssss '
C'était lointain, c'était lent, mais c'était existant. Une respiration. Un souffle de vie ! La comtesse se releva aussitôt et le secoua à nouveau.
- J…ACK !
Elle ne savait pas, elle ne comprenait pas, elle avait peur de rêver… Elle le vit alors rouler sur le flanc à force d'être chahuté par la blonde. Elle voulait y croire ! Soudain, elle se rendit compte que le canot était parti. Il était si loin maintenant. Son cœur partit dans les tours et lui offrit un dernier souffle de force.
- Je n'abandonne… pas… Je veux croire en nous !
Raiponce se glissa dans l'eau comme un poids mort. Jack suivit, attaché à la main de Raiponce comme un boulet à une chaine. Le gilet le fit flotter et elle tira sur son corps pour l'emmener avec elle. Elle ne nageait pas, elle essayait juste d'avancer, de trouver comment rejoindre ce point lumineux qui s'éloignait !
- Rev..nez… Re…..nez. !
Si peu de force… Et pourtant tellement d'espoir.
Raiponce grinça des dents et oublia tout. Le froid, la mort, la peur, la sensation de l'eau, le corps qu'elle baladait. Elle fonça, droit devant elle, sans savoir ce qu'elle allait bien pouvoir faire. Elle voulait y croire, c'est tout.
Un mètre, deux mètres, elle avançait, elle recrachait ses poumons, sa vie, pour ce dernier acte. Elle se souvenait parfaitement du rêve offert par son inconscient quand elle pensait être morte. Ses parents, ceux de Jack, lui, souriant, tous se retrouvant. Cela fit bondir son cœur de maigres battement affaiblis. Ils attendraient peut-être encore un peu, finalement ?
Mourir sur place, ou mourir en nageant, le choix était vite fait. Alors elle continuait.
Toujours plus loin, toujours plus lentement. Le bras tendu vers la lumière. Ses cris inaudibles s'envolant dans la brume.
Pour se motiver elle continua de chanter. Elle tira, encore et encore sur ce pauvre Jack inconscient. Mort ou vivant… Il était toujours là, dans sa main.
Soudain, la comtesse buta contre du mobilier. Cela ralentit sa progression et le canot allait trop vite. Était-ce cela qu'on appelait l'ultime torture ? Espérer pour toujours mieux sombrer ? Raiponce secoua la tête à ce genre de pensée et passa entre les meubles.
Elle repoussa des morceaux d'armoires, des valises vides et même du mobilier de cuisine.
- Ah.
Raiponce tourna la tête. Elle aperçut quelque chose luire sur l'eau. La lune se reflétait sur un tuyau métallique rempli d'air à l'intérieur. Un ancien conduit d'aération bouché ! La blonde vira de bord et rejoignit le cylindre congelé avant de se rapprocher de Jack et de sortir le couteau de Cassandra de son polaire. Elle dut s'y reprendre à deux fois car il était collé à l'intérieur. Elle déchira tout sur son passage et se mit à frapper avec force contre le tambour de fer.
Elle ne savait pas si cela fonctionnait mais elle frappa, encore et encore.
Jack ne réagissait pas. Alors, elle hoqueta, mais continua. Ses coups devenaient faibles… Sa force la quittait définitivement.
Elle serra son dernier souvenir de sa sœur et se colla sur le tube. Elle souffla, ayant assumée jusqu'au bout son acte de survie et se recoucha sur son bras. D'une légère voix éraillée elle laissa glisser son dernier cri.
Quelques minutes après, des faisceaux de lumières se posèrent sur eux. Aster Bunnimond pointa du doigt les amants maudits et se mit à leur hurler d'aller plus vite. Il prit lui-même le poste de récupérateur et observa Raiponce et Jack totalement inertes.
- Tu es sûr d'avoir entendu du bruit Sandy ?
« Formel, j'ai une ouïe surdéveloppée je te rappelle ! »
- Je sais bien mais… Mon dieu c'est Jack Frost et Raiponce Corona… !
Son ami stoppa les rames et le rejoignit. Ils regardèrent le couple et se penchèrent pour les attirer à eux. Il ne fut pas simple d'arracher Raiponce du tuyau qui avait déjà fusionné avec sa peau. Ils prirent alors leur pouls, les doigts sur la carotide.
Sandy secoua la tête. Il n'y avait rien.
- Moi je… Attends… SI ! ELLE EST VIVANTE ! AIDEZ-MOI A LA SORTIR DE LA !
Les matelots le rejoignirent et ils tirèrent sur le corps lourd, frigorifié de Raiponce. La pauvre ressemblait à une viande morte en chambre froide, dur et immaculé. Mais quand Aster posa sa main sur sa bouche, il sentit un léger souffle.
- Occupez-vous d'elle ! Ordonna-t-il en aidant Sandy.
Le jeune homme n'arrivait pas à trouver le moindre battement de cœur d'où l'ancien second le sortit de l'eau par respect pour leur ami.
« Je trouve rien, il est mort » affirma-t-il.
Aster fit les vérifications d'usage avant de se rendre compte qu'il était encore un peu chaud à l'intérieur de la bouche.
- ….Il n'est peut-être pas encore perdu…
« QUOI ? »
Aster Bunnimond se souvenait parfaitement de ses cours de secourismes obligatoires pour entrer dans la marine et également effectués lors du service militaire que chaque homme accomplissait plus jeune. Il lui fit un massage cardiaque ainsi que du bouche à bouche avec une précision qui impressionna Sandy. Celui-ci sortit une couverture et enveloppa Jack dedans pour le réchauffer un peu. Le cœur pouvait repartir !
- Allez ! Allez !
L'ancien second appuya, encore et encore. Il souffla tout son air, il pria Nicholas de lui venir en aide. Il craqua les os à les réduire en bouillie pour refaire partir se fichu organe vitale !
Puis. Un souffle sifflant.
La cage thoracique qui se soulève…
Aster se mit à pleurer de joie en regardant la vie qu'il avait ramené d'entre la mort. Elle était faible, fragile mais bien là… Alors, il se dit que, peut-être, tout n'avait pas été vain…
Le canot de sauvetage s'éloigna de la scène d'horreur pour retrouver ses compatriotes, vingt minutes plus tard. Le bilan fit froid dans le dos de tout le monde…
Quand Thiana remarqua la présence de Jack et de Raiponce elle leur sauta dessus et écouta les graves explications d'Aster et de Sandy. Elle opina, malgré tout, heureuse de les revoir et fit tout pour les ramener en vie. D'abord, elle les réchauffa avec Cassandra dans le canot isolé des blessés et les enroula dans plusieurs couvertures. Elle leur fit boire du thé et essuya leur cheveux, visage et leur cou. Totalement inconscients, elle ne put délier les mains du couple qui s'étaient gelées entre elles.
Sur le qui-vive, la jeune femme et Sandy s'occupèrent de vérifier leurs pouls toutes les cinq minute en priant le ciel pour que leur corps ne lâche pas.
Durant leur garde, un des rescapés mourut dans les bras d'Aster qui ne put le réanimer malgré toutes ses tentatives. Dépité, il le couvrit d'un linge en toute dignité. Gagner une vie, en perdre une autre, attendre… la vie, la mort, la survie… Tout ce chamboulait en lui.
Quelques personnes voulant aider se relayaient à leur tour pour essayer de sauver les noyés, sachant pertinemment que cela ne sauverait pas leurs âmes de leur pêché.
Il était 3h30.
La mer n'avait jamais été aussi calme tandis que les canots isolés dérivaient proches du drame.
Le silence était de mise. Personne ne disait mot, pas même les stewards qui attendaient, dans l'espoir que le navire qui avait répondu à l'appel arrive… Et s'il ne venait jamais ? Cette idée traversait l'esprit de tout le monde. Alors chacun se blottissait contre l'autre. Même Astoria Gothel, dans sa profonde solitude, loin d'avoir remarqué la présence du trio, se coucha contre une autre femme. Qui était-elle ? Elle s'en fichait bien, elle voulait juste ressentir de la chaleur. Pas extérieure mais bien intérieure… Quand elle sentit une autre personne pleurer sur sa nuque, la marâtre leva sa main et lui caressa les cheveux. Quelque chose avait été brisé en elle… Son visage n'exprimait plus que le vide.
Pendant que la steward aux cheveux colorés s'occupait de soigner les plaies de Jack déjà désinfectées par le sel marin, une silhouette se découpa dans son champ de vision. Avec ses lentilles elle voyait mieux que la moyenne et tourna la tête sur le côté. Elle reposa la pommade et s'assura une dernière fois que sa compresse tenait avant de prendre les jumelles.
- Il est là ! LE CARPATHIA ARRIVE !
Toutes les têtes se dévissèrent vers l'endroit que pointait la domestique. Aster sentit ses jambes ramollir de soulagement et envoya l'unique fusée qu'il avait pu embarquer pour montrer sa position. Tous les canots se regroupèrent lentement dans la même zone tandis que s'avançait le nouveau colosse de fer.
Le paquebot inespéré fit halte en mettant l'ancre et en tirant ses propre fusées. A son bord, des passagers incrédules et curieux se massèrent pour regarder le spectacle. Plein d'embarcations se dirigeaient vers eux. Ils avaient été mis au courant du sauvetage mais n'en croyaient leurs yeux que maintenant. Ils étaient atterrés et secouaient la tête avec horreur.
Vingt canots arrivèrent avec délivrance tandis que la plupart des passagers tremblaient de joie à l'idée de retourner sur terre et quitter à tout jamais ce cauchemar !
Les hommes du Carpathia lancèrent une échelle et aidèrent Aster, le nouveau commandant, à exfiltrer en premier les blessés graves. Ceux entre la vie et la mort comme Jack, Raiponce et Cassandra qui furent portés et emmenés rapidement dans l'hôpital du navire. Les soignants étaient peu confiants sur la suite mais promirent de faire leur possible pour les sauver. Ils étaient dans une hypothermie si grave, pour ceux sortis de l'eau, qu'ils n'avaient jamais vu ça avant dans leur carrière! Ils se demandaient même comment ils avaient pu survivre aussi longtemps ainsi !
Une fois débarqués les plus graves, on fit lentement monter les autres survivants, quatre par quatre jusqu'à ce que les canots se vident. Astoria attendit patiemment son tour, comme un automate, avant de remarquer la présence d'une embarcation vide hormis deux occupants. Elle vit les jumeaux Stabbington s'étirer et terminer un paquet de chips avant de prendre leur tour sans complexe. Ils étaient donc en vie ceux-là… Finalement cela ne l'étonna guère et elle en eut un rire nerveux.
On fit monter la comtesse à bord et on l'emmena en salle de soins des premières classe. Une femme sympathique lui soigna sa cheville gonflée qui commençait à puruler.
- Une sacrée morsure de dents que vous avez là. Je n'imagine même pas le cauchemar que cela a dû être sur… votre navire.
La veuve noire secoua la tête.
- Croyez-moi, c'était pire que ce que vous pouvez imaginer. Cela dit, cette morsure, ces bleus, je crois que je le méritais.
Ses yeux de glace exprimèrent un brin de culpabilité et d'horreur. L'infirmière ravala ses mots avant de soigner son visage boursouflé de coups. Elle lui administra ensuite un calmant et la laissa se reposer sur un lit moelleux des hautes classes. Astoria croisa ses mains sur son ventre et se mit à penser. Le passé, le présent, l'avenir… tout se mélangeait dans sa tête. Cela la rendait folle !
Pendant ce temps, les derniers passagers posèrent pied à bord, pour la plupart tombant sur le sol de soulagement. Les Stabbington regardèrent les stewards, Aster, Thiana et Sandy monter en dernier et remonter l'échelle avec les autres. Ils furent pris en charge à leur tour avant qu'ils ne racontent leur calvaire et ce qui se trouvait là-bas, à quelques mètres d'eux.
Le capitaine du Carpathia fit alors le bilan grâce à leur récit et laissa un silence planer devant ses conclusions effroyables :
Il y avait eu deux milles deux cents passagers dont huit cent quatre-vingt-neuf membres d'équipages à bord de plus de quarante nationalités différents. Le capitaine et l'Ingénieur-en-Chef étaient morts, la moitié des stewards aussi. Il ne restait à présent en tout et pour tout un peu moins de sept cents survivants dont des blessés ainsi que cinq coincés entre la vie et la mort.
Une tragédie pareille ébranla les membres du Carpathia qui s'activèrent d'autant plus pour s'occuper des survivants. Ils sortirent des listes et se mirent à référencer le plus de monde qu'ils le pouvaient.
Le ciel se mit alors à pleurer en pluie fine comme pour annoncer sa peine.
Le Carpathia prit la route de New York, le sort des naufragés survivants entre ses mains.
J'ai fort hâte de lire vos réactions sur ce chapitre :3
Au passage la chanson que chante Raiponce ( autre que celle de son film) est une traduction française réarrangée de Akuma no Ko ( l'enfant du démon), le générique de fin de la quatrième saisons partie 2 de L'attaque des titans ( anime japonais). Je suis tellement fan de cette chanson et de la signification des paroles! Je vous conseille d'aller l'écouter avec la traduction vostfr :love:. Un vrai chef doeuvre!
A bientôt pour la suite ;)
