Harry, Ron, Hermione et Ginny se trouvaient dans le même compartiment du Poudlard express. L'année avait été difficile pour Ginny avec la préparation de ses BUSES et son travail de préfète. Elle espérait néanmoins avoir réussi au moins autant de BUSES que Ron l'année précédente (il en avait quand même décroché sept, autant que Harry, mais cependant moins qu'Hermione qui avait décroché « O » à ses dix BUSES). Sa grande satisfaction cette année, au-delà des résultats scolaires qu'elle souhaitait, résultait dans la main chaude qui tenait la sienne. Son cœur lui avait confirmé cette année que Mickaël Corner ou Dean Thomas n'étaient pas les compagnons qui lui convenaient. Elle avait rompu avec le deuxième à la suite d'un match de Quidditch perdu, exceptionnellement, car Harry s'était malencontreusement trouvé sur la trajectoire d'un cognard qui l'avait fait tombé de son balai alors qu'il luttait contre Malefoy pour attraper le vif d'or. Dean Thomas avait traité Harry de tous les noms, ce qu'elle n'avait pas pu supporter.

Elle s'était rendue compte qu'en fait et quoi qu'elle fasse, son cœur refusait de battre la chamade pour quelqu'un d'autre que Harry. Ils s'étaient battus comme des lions qu'ils étaient pour écraser les poufsouffles de plus de six cent points d'écart lors du dernier match, Harry devant impérativement attendre avant d'attraper le vif d'or et empêcher l'attrapeur de poufsouffle de le faire par tous les moyens. Ils avaient réussi, remporté la coupe de Quidditch à la grande colère des serpentards qui y avaient cru jusqu'au bout. C'était à cette occasion, dans l'ivresse de la victoire, que Harry s'était déclaré. Il ne s'était pas contenté de l'étreindre comme chacun des coéquipiers, il l'avait enlacée de façon possessive avant d'embrasser sa bouche sous les yeux de toute l'école.

Ron avait donné l'impression de tomber des nues, tandis qu'Hermione les avait regardé avec un petit air entendu, du genre « Et bien, ce n'est pas trop tôt ! Il était temps que vous vous décidiez ! ». Un instant dans l'année, Ginny avait espéré que Ron et Hermione pourraient sortir ensemble, mais apparemment non. Ils se complaisaient dans les méandres de l'amitié et n'avaient pas l'air de vouloir en sortir. Lorsque Ginny avait franchement posé la question à Hermione, celle-ci était devenue toute rouge, mais lui avait avoué que sortir avec quelqu'un avec lequel elle n'arrivait pas à s'imaginer aller plus loin que de simples baisers, cela ne l'intéressait pas. En un mot comme en cent, elle n'éprouvait pas de désir pour Ron. Ce qui était tout le contraire de Ginny pour Harry. Malheureusement son frère Ron avait l'air de s'être donné pour mission de veiller sur sa vertu. Ce qui faisait qu'Harry et elle n'avaient jamais eu l'occasion d'aller plus loin que de simples baisers et quelques mains passées sous les uniformes de l'école, mais toujours dans la crainte d'être surpris, ce qui pour l'instant ne les enchantaient guère. Ils espéraient tous les deux que cet été au terrier, lorsqu'Harry en aurait terminé avec ce qu'il appelait « la purge du début de l'été », à savoir les semaines passées jusqu'à son anniversaire au 4, Privet Drive, ils pourraient enfin laisser libre cours à leur désir mutuel.

Ron, en voyant la façon dont Ginny regardait Harry, avait eu la lucidité de comprendre qu'Hermione ne le regardait jamais de cette façon. Il s'était donc résigné à ne pas tenter de sortir avec elle. Ils restaient sur le terrain de l'amitié, sans tenter d'aller plus loin. Il regardait d'un air suspicieux sa petite sœur et son meilleur ami, car selon lui, sa petite sœur était bien trop jeune pour expérimenter plus que des baisers avec Harry. Enfin, elle n'avait que seize ans ! A quoi Harry pensait donc ?

Hermione était contente de son année, avec un seul petit pincement au cœur. Aucun garçon, une nouvelle année encore, n'avait fait battre son cœur. Elle commençait à désespérer. Etait-elle normale ? Toutes les autres filles de son année, et aussi presque la totalité des cinquièmes années comme Ginny, avaient eu au moins un petit ami. Pour elle c'était le désert, mis à part le très bref épisode Viktor Krum, mais pouvait-on réellement dire qu'on avait eu un petit ami alors que celui-ci s'était contenté de chastes baisers sur es lèvres ? A aucun moment il n'avait tenté de caresser son corps, était-elle si repoussante ? Il lui semblait à elle qu'elle avait simplement des formes là où il fallait, sans trop, ni trop peu. Bien sûr elle n'avait pas la plastique d'un top modèle, mais bon, la majorité des autres filles non plus, non ?

Ils se séparèrent donc à la sortie du Poudlard Express : Ron et Ginny allaient au terrier, où Harry devait les rejoindre le 31 juillet suivant, jour de sa majorité. Harry était attendu nerveusement par son oncle Vernon, sa tant Petunia et son cousin Dudley. Il étrignit une dernière fois Ginny, avant de lui chuchoter doucement :

- A dans un mois, ma toute belle. Hedwige pourra faire pas mal d'allers-retour. En attendant, tu peux nous prévoir des petites excursions à deux pour le mois d'août, non ?

La lueur qu'elle lisait dans ses yeux répondait parfaitement à l'envie qu'elle ressentait. Elle préparerait donc des occasions pour qu'ils se retrouvent vraiment seuls.

Hermione rentrait chez ses parents pour le mois de juillet. A la fin du mois, ses parents et M. et Mme Wealsey s'étaient mis d'accord pour qu'elle aille au terrier aussi pour l'ensemble du mois d'août. Cela permettrait à Hermione de travailler sa magie en plein air, plutôt que d'être confinée chez ses parents.

Elle était heureuse de retrouver ses parents après une année passée loin d'eux. Elle était tout particulièrement heureuse de retrouver sa mère avec qui elle espérait bien pouvoir parler de son manque d'intérêt flagrant pour les garçons de son école. Ce fut sa mère qui profita d'une séance de shopping entre femmes pour aborder le sujet :

- Hermione, tu es restée bien discrète sur tes amours cette année, ma chérie ?

- Et pour cause, grimaça Hermione, c'était le désert. Je ne peux pas dire que j'ai manqué d'occasion, car j'ai bien senti que certains garçons s'intéressait à moi, mais de mon côté …

Elle ne termina pas sa phrase, dépitée.

- Et cela te rend malheureuse, dit doucement sa mère. Ce n'était pas une question, mais une affirmation. Mme Granger avait appris à déchiffrer les humeurs de sa fille à travers les lettres qu'elles s'envoyaient par hibou. En six ans qu'Hermione avait passé à Poudlard, elle avait en effet passé moins de six mois en ajoutant toutes les périodes bout à bout avec ses parents. Mme Granger le déplorait, mais elle savait aussi Hermione heureuse dans le monde de la magie, ses notes étaient excellentes et d'après ce qu'elle avait compris, elle pouvait encore faire tous les métiers du monde des sorciers.

- Je sais que cela ne va pas forcément te plaire ce que je vais te dire Hermione, mais tu viens seulement de fêter tes dix-sept ans. Il n'est pas anormal à mes yeux que tu n'aies pas encore ressenti d'attraction pour un garçon, bien que je comprenne que tu puisses trouver le temps long. D'après ce que j'ai compris, à Poudlard, il n'y a pas beaucoup de nouveaux arrivants chaque année dans ton année ?

- Non, il n'y en a quasiment jamais. Toute le monde entre en première année et nous nous suivons tous jusqu'en septième année, sauf ceux qui arrêtent au niveau des BUSES.

- Alors cela ne te donne pas beaucoup l'occasion de connaître de nouvelles personnes, comme Viktor que tu avais connu en quatrième année. Lorsque tu en auras terminé avec Poudlard, tu auras sûrement l'occasion de rencontrer plus de gens, plus de garçons et par là même, plus de chance de trouver un garçon qui te plaira …

- Donc, je risque de passer encore une année bien solitaire, marmonna Hermione.

- Tu as Ron et Harry, non ?

- Oui, mais ce n'est pas pareil. En plus Harry sort maintenant avec Ginny, alors il est forcément moins disponible. Et Ron, hormis le Quidditch et les échecs qui le passionnent vraiment, c'est plutôt moi qui lui donne des informations que lui qui papote avec moi …

Elle passa pourtant un mois de juillet très agréable. Ses parents l'emmenèrent dans le sud de la France où elle put attraper un beau bronzage. Elle participait aussi à nombre de soirées, mais là encore, pas un garçon ne pouvait faire battre son cœur plus vite. Une fois elle croisa le regard d'un homme aux yeux noirs et son cœur rata un battement, mais elle fut bousculée, et ne put jamais retrouver cet homme.

Dans le courant du mois de juillet, elle passa avec succès son examen de transplanage. Cela lui avait paru d'ailleurs nettement plus facile que lorsqu'elle faisait ses essais à Poudlard. Comme quoi, avec un peu de détente, tout paraissait plus facile.

Fin juillet arriva vite et elle dit au revoir à ses parents avec un petit pincement au cœur. Elle savait qu'elle resterait un an sans les revoir. Elle les avait déjà prévenu que cette année, aspics obligent, elle resterait à Noël et à Pâques à Poudlard pour étudier et avoir les meilleures notes possibles.

Lorsqu'elle transplana au terrier, elle fut reçue à bras ouverts comme d'habitude par Mme Weasley. M. Weasley la bombarda aussi de questions concernant les nouveautés qu'elle avait vu dans le monde moldu. Il était toujours aussi passionné par ce que les moldus inventaient, même si son travail et ses missions pour l'ordre du Phoenix ne lui laissaient que peu de temps pour assouvir cette passion.