Cette nuit là, Hermione dormit profondément. Son subconscient l'emmena encore dans sa clairière, confortablement allongée mais elle sentait une présence chaude dans son dos, ainsi qu'un bras délicatement posé sur sa taille. Elle se tendit, mais aussitôt une voix murmura à son oreille :

- Tu ne vas pas me dire que tu n'aimes pas la tendresse, tout de même ?

- Si, mais …

- Alors profites de cela, je n'irai pas plus loin sur ce plan là ce soir. Alors qu'as-tu pensé de ta première journée de cours ?

Hermione prit un temps pour répondre avant de formuler :

- Rogue est bizarre cette année. Je ne sais pas comment cela a fini, mais c'est la première fois depuis six ans que je le vois menacer Malfoy d'une retenue.

- Et le reste de la journée ?

Clairement, son subconscient ne souhaitait pas plus aborder le sujet du professeur de potions. Elle survola alors son cours de métamorphose, de runes anciennes et d'histoire de la magie. Alors qu'elle terminait, elle sentit l'étreinte se refermer doucement sur elle avant que la voix ne murmure :

- Debout marmotte, le petit déjeuner t'attends.

Son réveil la sortit une fois de plus du sommeil, mais Hermione commençait à s'inquiéter. Son subconscient commençait à avoir bon dos. Elle ressentait trop de choses pendant la nuit, elle avait tellement l'impression que tout était vrai. Et si elle était manipulée par Voldemort sans le savoir ? Elle blêmit à cette idée. Après tout, Harry avait été manipulé aussi par des rêves lors de la cinquième année, et Ginny par un journal. Il fallait absolument qu'elle en parle à quelqu'un si cela se reproduisait encore une fois.

Lorsque Severus entra déjeuner dans la grande salle, il arborait un masque d'indifférence, mais fut soulagé intérieurement lorsqu'il aperçut Arlin qui était déjà attablé. Hermione était inquiète et même Potter et les deux Weasley semblaient s'en être aperçus.

- Arlin, demanda-t-il abruptement

- Un souci Severus ?

- Hermione commence à comprendre que ce n'est pas son subconscient qui prend le dessus dans ses rêves. Cette fois à toi de te débrouiller comme tu veux, mais il faut qu'elle comprenne dès aujourd'hui. Si je lui refait le même coup demain matin, elle commencera à en parler à ses amis et je veux encore attendre un peu.

- Tu sais bien qu'il faudra bien au moins que Potter sache, et ce dans un délai pas trop long …

- Ce n'est pas non plus pressé à la minute, je pense qu'on peut attendre au moins l'équinoxe, je te l'ai dit. Elle se renforce, mais mes boucliers peuvent encore tenir jusque là. Après … il faudra voir, dit-il avec un soupir. Cela dépendra d'elle.

Harry, Hermione et Ron étaient parmi les premiers à entrer au cours de défense contre les forces du mal. Ils avaient eu un auror l'année précédente comme professeur, mais celui-ci n'avait pas souhaité enseigner plus qu'une année. Ils avaient néanmoins commencé à apprendre les sorts informulés avec lui en plus des sorts les plus basiques requis pour les aspics. Sans avoir le talent d'enseignement de Lupin, il les avait changé très agréablement d'Ombrage car ils avaient effectué beaucoup de pratique. Ils attendaient de voir comment ce nouveau professeur allait aborder les cours. Ils entrèrent dans un relatif silence dans la classe, le professeur Gryffin se tenait à son bureau et leur fit signe de s'asseoir.

- Bien, aujourd'hui, nous allons nous passer de baguette mais, continua-t-il avec un sourire, ce n'est que pour aujourd'hui. Les cours suivants, celui ou celle qui oubliera sa baguette se retrouvera directement en retenue car je ne conçois pas la défense contre les forces du mal sans baguette pour des sorciers tels que vous.

Ses élèves sourirent, soulagés, un cours de défense contre les forces du mal sans baguette leur rappelait en effet le très mauvais souvenir du crapaud nommé Ombrage. Il leur donnait aussi certaines indications sur la façon dont il tiendrait sa classe. Sûrement aussi fermement que Lupin ou MacGonagall mais sans les manières désagréables de Rogue.

- Nous allons consacrer ce cours à nous connaître les uns les autres. Tout d'abord, je vais vous demander de remplir les questionnaires que voici. Il n'y a pas de notes en jeu, c'est simplement la liste des sorts qui peuvent vous être demandés aux aspics, et je tiens à savoir ce que vous estimez savoir lancer de façon muette ou de façon classique, ce dont vous avez entendu parler sans savoir forcément les lancer, et ceux dont vous n'avez éventuellement jamais entendu parler. Qu'il soit clair que j'attends des réponses franches de votre part, même si cela doit vous apporter plus de devoirs pour rattraper un éventuel retard. Je vous donne vingt minutes pour les finir.

Harry, Ron et Hermione, ainsi que les membres de l'ancienne AD s'aperçurent avec plaisir qu'il maîtrisaient plus de la moitié des autres et qu'ils avaient entendu parler des autres. Vingt minutes plus tard, leurs parchemins s'envolaient vers le bureau de leur professeur.

- Bien, dit-il, j'étudierai vos réponses pour le prochain cours, en attendant je vais vous parler un peu de moi. Oh, non, je ne suis pas un Lockard en puissance, dit-il alors que les mines se rembrunissaient. Qui a entendu parler des Lendoren ?

Un silence complet ponctua cette question. Les regards se tournèrent vers Hermione, mais elle même affichait une moue négative. Elle n'avait jamais entendu parler de ce terme avant.

- Ceci ne m'étonne guère jeunes gens, et cette communauté n'est nullement mentionné dans aucun livre de cette bibliothèque, ni aucune autre bibliothèque auxquelles vous pouvez avoir accès. Bien, les lendoren dont je fais partie forment donc une communauté. Nous sommes des sorciers à part entière, donc nous pouvons maîtriser les mêmes sorts que vous, à une exception de taille : nous ne pouvons user de magie noire, sans aucune exception. Nous avons par contre accès à une autre magie que nous sommes les seuls à pouvoir maîtriser, qui se pratique sans baguette et qui est à l'origine des défenses exceptionnelles que possède votre château.

Tous les élèves le regardaient bouche bée, on aurait entendu une mouche voler dans la salle de classe.

- En effet Goddric Gryffondor, Rowena Serdaigle, Salazar Serpentard et Helga Pouffsouffle étaient en effet tous quatre des lendoren. Ils ont donc puisé dans la magie lendoren pour forger les défenses de ce château. Seuls les lendoren sont capables, donc, de renforcer ces défenses si elles venaient à faiblir.

Il leur donna le temps d'assimiler ces informations avant d'attaquer la partie la plus importante pour lui à ce jour et la raison pour laquelle il avait informé ces jeunes sorciers de sa nature.

- Comment savoir quels sont les lendoren, me direz-vous ? Tout d'abord cela ne vient qu'à la majorité sorcière, soit à dix-sept ans. Le jeune homme reçoit son héritage lendoren en totalité ce jour-là. Peu importe que ces parents soient ou non lendoren, ils ne le sont en général pas d'ailleurs. Il est assez rare que l'enfant d'un couple lendoren soit lui-même lendoren. Le devin de la communauté, en revanche, sait parfaitement nous indiquer quel homme vient de nous rejoindre et nous entreprenons alors son instruction. Pour les jeunes femmes, aussi appelées lendorines, c'est le plus souvent leur compagnon qui se charge de leur instruction. En effet, elles mettent environ neuf mois à prendre possession de leur héritage et sont aidées par leur compagnon pendant ce laps de temps. Les couples lendoren ne se choisissent pas comme vous pouvez en avoir la chance, jeunes gens. Le compagnon reste célibataire, en tout cas sur le papier, dit-il avec un sourire qui fit monter le rouge aux joues de certaines jeunes filles dont Hermione, jusqu'au dix-sept ans de sa compagne. Dès cet instant, ils deviennent un couple à part entière, avec tout ce que cela comporte d'amour bien entendu, mais aussi de désir. Cet amour et ce désir sont tels que je ne connais aucun lendoren qui ait en fin de compte regretté le choix de sa compagne effectué par la magie, moi le premier.

Il laissa ses élèves s'étonner à haute voix, glousser pour certaines, émettre des remarques plutôt polissonnes pour d'autres pendant quelques instants. Les mots qu'il allait employer maintenant allaient être cruciaux. Il fallait qu'Hermione comprenne sans en être effrayée …

- Un couple lendoren, commença-t-il en haussant légèrement la voix pour faire retomber le silence, dispose en outre d'une capacité particulière. Celle de pouvoir communiquer par télépathie entre eux deux, quelle que soit la distance. Ils peuvent également communiquer à travers leurs rêves, de sorte qu'ils ne sont pas obligés d'attendre le réveil de l'autre pour échanger des informations. Il suffit que l'un des deux le veuille et, sans réveiller l'autre, il forge leur lien télépathique et ils peuvent discuter ainsi de ce qu'ils veulent.

Mine de rien, il scrutait le visage d'Hermione pour tenter de savoir si cela lui disait quelque chose. Pour l'instant, seule la curiosité marquait son visage. Il repensa à ce que Severus lui avait dit. Il s'était habilement retranché derrière le subconscient d'Hermione au départ avant de dériver au fur et à mesure, ça c'était sa propre conclusion à lui Arlin, que grandissait son amour pour elle. Il reprit donc :

- Le compagnon peut plus ou moins camoufler ce lien dans les premiers temps après la majorité de sa compagne. La jeune femme a l'impression de revivre ses propres souvenirs, et donc de rêver au sens premier du terme. Ce n'est qu'au fur et à mesure de la montée en puissance magique de la lendorine qu'elle prend conscience qu'elle discute, non pas avec sa propre conscience, mais avec celle de son compagnon.

Hermione le regardait fixement maintenant, la bouche ouverte, l'air légèrement apeuré. Il n'avait pas besoin d'aller plus loin, la balle était désormais dans le camp de Severus.

Hermione resta distraite tout le long des autres cours de la journée, ce qui intrigua fortement Ron et Harry. Certes, elle accomplissait son travail aussi facilement qu'à l'habitude, y compris le difficile sort de révélation du professeur Flitwick qu'elle fut la seule à réaliser, et du premier coup, mais elle semblait ailleurs.

En réalité, elle tremblait intérieurement. C'était impossible, et pourtant cela ressemblait tellement à ce qu'elle vivait. Mais on l'aurait bien avertie non ? Elle n'avait rencontré personne, pourtant …

Elle était tellement absorbée dans ses pensées qu'elle ne vit pas les regards conjoints du professeur Dumbledore, du professeur MacGonagall, du professeur Gryffin et du professeur Rogue qui se posèrent sur elle pendant une bonne partie du dîner.