Lorsque Severus arriva à la table des professeurs ce matin là, il n'était guère plus heureux. Ce que remarqua tout de suite Gryffin qui s'en inquiéta :

- J'étais pourtant sûr qu'elle avait compris hier, Severus !

- Oh, elle a compris, grinça Severus. Seulement entre comprendre et admettre et accepter, il y a apparemment un fossé qu'elle n'est pas du tout décidée à franchir ! Au contraire !

- Et évidemment, tu as tout fait pour la rassurer ?

Alors que Severus le regardait sans comprendre, Arlin Gryffin faillit se prendre la tête entre les mains de désespoir. Pourquoi, mais pourquoi est-ce que le compagnon du couple sûrement le plus puissant que la magie lendoren ait connu depuis bien longtemps avait autant de sensibilité qu'une bûche concernant les jeunes filles ? Il n'avait aucun doute sur la capacité de Severus à apprendre à Hermione à maîtriser ses pouvoirs, si aucun doute sur ses capacités à la soutenir en tant que compagnon lendoren, encore moins sur ses qualités d'amant car il avait largement su profiter de la vie tant qu'il n'avait pas de compagne, mais sur la question de la compréhension des états d'âme des jeunes filles … Il méritait le T de Troll, pas mieux. Et encore, s'il y avait eu une note en dessous …

- Severus, dit-il d'une voix ferme, tu es désespérant sur ce plan là. Que tu ne veuilles pas comprendre les états d'âme de tes élèves, je ne te le reproche pas, mais en ce qui concerne Hermione, c'est de ta compagne dont il s'agit ! Alors si elle a peur de ce qui lui arrive, tu es quand même le mieux placé pour la rassurer non ?

- Mais Arlin, j'essaye de lui apprendre ce qu'elle doit …

- Severus, je ne te parle pas de lui apprendre à maîtriser ses pouvoirs ou l'ensemble de ce qu'elle doit savoir sur notre communauté et votre lien ! Je sais que tu sauras le faire. Je te parle d'avoir l'attitude compréhensive qu'un compagnon doit avoir au regard de ce qu'elle découvre et …

- Mais je suis à la même place, non, se récria Severus. On est deux à avoir un compagnon qui nous tombe dessus et avec lequel il va falloir faire avec, non ?

Arlin secoua la tête et gémit intérieurement, à un tel point que sa compagne Aya qui était à l'autre bout de l'Angleterre s'en inquiéta. Lorsqu'il lui répondit brièvement que dans l'esprit de Severus, Hermione et lui étaient rigoureusement dans la même situation et s'il ne s'en plaignait pas, pourquoi le ferait-elle, sa réponse mentale était autant amusée qu'attristée et navrée pour Hermione, qui selon elle n'avait pas vraiment ce qu'elle méritait, bien qu'elle ne la connaisse pas encore.

Il fut sorti de sa liaison avec sa compagne par Severus qui lui dit d'un ton pressant :

- Dépêche-toi, elle veut te voir pour confirmation de son statut.

Cela confirma les craintes d'Arlin et aviva sa colère envers Severus :

- Tu vas me faire le plaisir Severus d'aller jeter un œil dans un dictionnaire pour apprendre les définitions des mots rassurer, entourer, et donner confiance et de les appliquer à Hermione, et je me fiche pas mal si cela va à l'encontre de ta nature, de tes principes ou je ne sais quoi ! Tu le fais, point final ! Et pas plus tard que ce soir !

Il quitta la table avec un œil si noir que même Dumbledore n'osa demander ce qui s'était passé ou dit entre les deux hommes. Mais clairement, son impression se confirmait. C'était bien Arlin Gryffin qui commandait. Et son maître des potions était particulièrement renfrogné. Il aurait presque plaint les élèves qui allaient se retrouver en cours avec lui aujourd'hui. Les sabliers seraient sans doute plus vides ce soir que ce matin …

Lorsque Gryffin vit Hermione qui l'attendait devant la porte de sa classe, son expression lui dicta de ne surtout rien dire. Hermione faillit se décomposer entièrement lorsqu'il referma soigneusement la porte derrière eux, qu'il lança un collaporta et un sort d'insonorisation. Il savait pourquoi elle était là.

- Je vous accorde, Miss Granger, qu'Erwin n'est pas un modèle de tact, ni de compréhension, dit-il doucement, mais je sais en revanche qu'il sera un bon compagnon pour vous.

- Je n'y arriverai jamais, murmura Hermione alors que les larmes commençaient à déborder de ses yeux.

- J'ai la conviction que si, Miss Granger. Je ne connais aucun compagnon lendoren ni compagne qui ne regrette en fin de compte le choix de notre magie. Je reconnais que les débuts sont plus ou moins difficiles selon les caractères des deux, mais la magie ne choisit jamais au hasard. C'est le compagnon qu'il vous faut et vous êtes la compagne qu'il lui faut.

- Plus ou moins difficile ? Répliqua Hermione amère en le regardant droit dans les yeux.

- Je vous accorde que ce sera peut-être plutôt plus que moins avec lui, lui dit-il avec un petit sourire. Mais il ne faut pas vous décourager, je pense que vous avez toutes les ressources en vous pour parvenir à le faire évoluer de la façon dont vous avez besoin de lui. Il vous faut cependant être malgré tout attentive à ce qu'il va tenter de vous enseigner, mais je sais que vous êtes bonne élève habituellement. Obligez-le simplement à se comporter comme un compagnon et non, mettons, comme un professeur comme il pense qu'il doit être pour vous ?

- Mais comment je fais, moi, avec une tête de mule comme ça ?

Lorsqu'elle vint en cours de métamorphose, malgré son léger retard, le professeur MacGonagall ne dit rien. Elle savait par Severus qu'Hermione venait de comprendre qu'elle était Lendorine en ces termes :

- J'aurai des cheveux blancs avant qu'elle admette qu'elle doit me laisser la guider.

Le professeur MacGonagall était atterrée : Severus continuait à se comporter en professeur avec elle. Du compagnon qu'il était censé être, elle ne voyait rien venir !

Elle vit aux yeux rougis d'Hermione que celle-ci était toujours au bord de la crise de nerfs, alors elle n'allait pas ergoter pour quelques minutes de retard pour une fois.

Hermione suivit son cours de métamorphose sans y prêter vraiment attention. Certes, elle prenait des notes, mais à la fin du cours, elle aurait bien été incapable de dire ce qu'elle avait noté. Par contre, la réussite du sort ne lui avait posé aucun problème comme celui du professeur Flitwick la veille. Harry et Ron la regardaient avec des yeux ronds. D'habitude quand même, quand Hermione était distraite, elle réussissait moins bien ses sorts, surtout quand le professeur MacGonagall leur disait qu'il fallait en moyenne une dizaine de cours pour commencer à avoir un résultat. Et elle avait encore obtenu un résultat parfais dès le premier essai !

Severus avait suivi comme il avait pu, car il avait quand même ses cours à donner, les états d'âme d'Hermione. Comme ils allaient déjeuner, par contre, il pouvait être pleinement à son écoute. Il ne voulait pas la surprendre malgré tout alors qu'elle était entourée et risquer une réaction incompréhensible aux yeux de ses camarades. Lorsque le professeur MacGonagall l'intercepta alors qu'il allait prendre sa place pour déjeuner, avant qu'elle n'ait ouvert la bouche, il lui dit d'un ton las :

- Je sais, Minerva, encore un sort du premier coup. Si vous pouviez arrêter de commencer les nouveaux sorts, franchement, cela me simplifierait un peu la vie. Mais, oui, oui, je vais faire tout ce que je vais pouvoir avec elle !

Il ruminait en mangeant. La rassurer ? C'est pas qu'il ne voulait pas, mais si seulement il savait par où commencer ! Lui à apprendre à maîtriser sa magie, cela ne devrait pas poser un gros problème, elle était naturellement douée et attentive aux explications. Devenir son amant, franchement, au contraire d'être un problème, cela allait se révéler sûrement un immense plaisir. Bon pour l'instant, elle lui semblait un peu coincée, mais quelques nuits en sa compagnie auraient tôt fait de la changer. Bon évidemment, il faudrait qu'elle s'habitue à faire l'amour avec son professeur de potions, mais il suffisait de faire la distinction : en classe, il restait son professeur, en dehors, il serait son amant. Point à la ligne. Peut-être d'ailleurs qu'elle serait plus réceptive à ses arguments s'ils étaient amants, mais pour l'instant, dans l'état où elle était, il savait quand même que si il lui révélait en plus qu'Erwin et son professeur de potions ne faisaient qu'un … Non, non, il ne voulait même pas y penser …

Elle quittait déjà la table ? D'un côté parfait, vu l'heure qu'il était, elle serait seule dès qu'elle aurait franchi les portes de la salle, bon d'un autre, il n'allait pas falloir en plus qu'il surveille son alimentation, non ? Cela dit, il ne tenait pas à ce qu'elle perde les douces rondeurs qu'il devinait sous son uniforme. Des rondeurs placées exactement où il fallait, ni trop, ni trop peu. Rien que d'y penser, il sentait l'aiguillon du désir parcourir son propre corps. Il fit rapidement le lien avec elle et demanda calmement :

- Hermione, on peut parler ?

- De quoi ? De ce que tu veux que je fasse en plus ?

- Et bien, si on recommençait comme il y a quelques jours, par exemple, tiens, quel livre tu as pris à la bibliothèque pour t'endormir le soir ?

- Parce que cela t'intéresse vraiment ? demanda-t-elle d'une voix dubitative.

- Hermione ! Mon cœur, je veux bien faire des efforts, mais il va falloir aussi y mettre un peu du tiens !

- Je ne suis pas ton cœur !

- Oh si tu l'es. Mais … si tu ne veux pas aborder cet aspect de notre relation pour l'instant, au moins verbalement … d'accord … pour l'instant. Mais tu sais bien que ce n'est pas un aspect de notre relation dont nous pourrons nous passer Hermione.

- Je … je ne suis pas … pas prête à …

- Je ne te le demande pas à la minute Hermione, ni même dans les jours à venir. Mais il faut que tu m'accordes ta confiance.

Après un moment de silence entre eux, il reprit :

- Alors ? Ce livre ?

RAR :

Mélisande : effectivement la fic est déjà toute écrite.