Par un pur hasard que Arlin Gryffin arrivait dans le couloir à ce moment là. Il dut d'abord se baisser pour éviter le projectile Goyle et alors qu'il s'avançait furieux pour mettre en retenue l'élève qui avait osé faire cela, il aperçut Hermione, écroulée par terre, qui tentait de reprendre sa respiration. Elle sentit que quelqu'un l'aidait à se redresser pour prendre appui sur le mur et s'aperçut qu'il s'agissait du professeur Gryffin.

- Que s'est-il passé, demanda-t-il calmement.

- Il m'a … désarmée et après … il … il m'a lancé un doloris

Mais les mots ne sortaient pas, et elle commençait à avoir la mâchoire qui tremblait.

- Et c'est vous qui avez provoqué leur … envol ?

Elle ne put que hocher la tête, honteuse de ne pas avoir plus de courage face à son professeur.

- Comment ?

- Je … j'ai pensé très fort que je voulais qu'ils s'éloignent de moi et … ils se sont envolés …

Gryffin médita un instant, stupéfait. Pas de doute, sa puissance était là, mais il faudrait absolument qu'elle la canalise mieux et qu'elle en soit plus consciente que cela !

- Retournez à vos appartements, lui dit-il doucement, contactez Erwin et racontez-lui. Je me charge de ces trois là. Reprenez votre baguette aussi.

En arrivant à son appartement, Hermione était encore choquée. Les insultes et les coups bas, c'était une chose, mais qu'il ose ce genre de chose froidement dans l'enceinte du château ?

- Erwin ? demanda-t-elle tremblante.

- Que se passe-t-il encore ?

- Malfoy ! Il … il …

- Il quoi Malfoy ? demanda Erwin impatiemment

- Il m'a lancé un doloris dans le chateau, hurla Hermione en retour. Elle savait que c'était douloureux pour lui quand elle hurlait de la sorte, mais au moins cela la soulageait !

- Quoi ? Mais qu'est-ce qui s'est passé ?

- Rien j'étais toute seule, il m'a désarmé au premier coup d'œil et après il m'a dit qu'il voulait s'amuser, termina-t-elle d'un ton dégoûté.

- Et ?

- Et il a lancé le doloris et … j'ai pensé très fort malgré la douleur que je voulais qu'ils s'éloignent de moi, et … ils ont décollé et sont allés s'assommer contre les murs.

- Quelqu'un t'a vu faire cela ?

- Non, mais le professeur Gryffin est arrivé juste alors qu'ils venaient de s'assommer et c'est lui qui m'a dit de te contacter.

Severus serra les dents, il aurait bien voulu aller dire deux mots à Malfoy pour son geste, mais Arlin lui avait coupé l'herbe sous le pied. Il établit un lien plus fort entre eux et les amena dans leur clairière. Au moins là, il pouvait la prendre dans ses bras. Ils restèrent un moment ainsi jusqu'à ce que Hermione se sente mieux. Ses bras étaient son havre de paix dans lequel elle pouvait se ressourcer. Elle finit d'ailleurs par lui avouer en chuchotant :

- J'ai besoin de tes bras.

- Bientôt, mon cœur. J'espère juste que cela ne détruira pas ce que nous avons mis du temps à construire.

- Pourquoi est-ce que cela pourrait le détruire ? Finit par demander Hermione, intriguée.

- Parce que je sais que tu n'apprécieras pas un certain nombre de choses que j'ai pu faire.

- Comme ?

- Tt, tt, répondit-il amusé, non, non, on verra cela le moment voulu. On a déjà suffisamment d'occasion pour se disputer comme cela !

Le lendemain matin, les septièmes années de gryffondors faisaient grise mine au petit déjeuner. Comme le premier jour, commencer une journée par deux heures de potions dans le cachot avec Rogue et les serpentards, franchement, on pouvait trouver mieux ! En arrivant dans les cachots, Malfoy jeta un regard noir à Hermione, il se déplaçait encore lentement, mais il devait néanmoins venir en cours.

Hermione venait à ces cours de plus en plus à reculons. Non pas que Rogue ne soit particulièrement désagréable avec elle, elle devait même reconnaître à contrecoeur qu'il semblait plus juste cette année envers l'ensemble des gryffondors. Certes, il accablait toujours de sarcasmes quiconque faisait une bourde en préparant sa potion, mais Harry avait quand même réussit à décrocher plusieurs fois des « E » avec lui, ce qui était une première dans sa scolarité à Poudlard. Il y avait en fait une seule chose qui embêtait Hermione, mais c'était quelque chose de taille. Elle n'avait parlé qu'à Ginny qui avait ouvert de grands yeux et qui n'avait pas su sur le coup si elle devait en rire ou en pleurer, mais devant l'air accablé d'Hermione et connaissant sa situation, elle avait contenu son rire en se mordant les joues intérieurement. Le problème d'Hermione était le suivant : elle était attiré physiquement par son professeur de potions. Mais, très attirée. A un tel point qu'elle commençait à en rêver non seulement la nuit, mais elle commençait aussi à y penser le jour, indépendamment de ce que pouvait lui faire ressentir Erwin. L'année précédente, elle n'y aurait pas pensé, mais maintenant vu son physique : son visage avait désormais des traits réguliers, le nez aquilin, les yeux noirs soulignés par des sourcils abondants mais sans excès, seuls ses cheveux noirs avaient gardé leur longueur, mais correctement entretenus, et parfois attachés comme Bill Weasley.

Ce matin-là en entrant dans le cachot, elle croisa brièvement son regard, chose qu'elle évitait de faire depuis plusieurs jours maintenant, et elle sentit son cœur s'arrêter de battre un instant avant de commencer à battre la chamade de façon irraisonnée. La potion du jour à réaliser était le polynectar, qu'elle avait déjà réalisée en deuxième année. Elle se rappelait parfaitement de la recette et pouvait donc laisser son esprit vagabonder, ce qui n'était pas fait pour empêcher son esprit de fantasmer sur la bouche de son professeur (ses lèvres qu'elle aurait bien embrassé), ses mains (qu'elle imaginait parfaitement se poser sur son corps sans gêne aucune). Mais qu'est-ce qui lui prenait enfin ? La magie lendoren avait déjà décidé qui devait être son amant, elle lui devait quand même la fidélité, y compris en pensée ! Bon, alors Erwin lui avait demandé de lui faire confiance pour toutes les situations ? Elle allait le motiver à venir la voir en lui avouant purement et simplement qu'elle était attirée par quelqu'un, ici, au château ! Est-ce que c'était tenter de le rendre jaloux pour pouvoir enfin le rencontrer ? Oui, mais pas seulement. C'était aussi lui signaler qu'ils avaient un problème dans leur couple ! Enfin, si on pouvait appeler cela un couple !

Tout en faisant sa potion tranquillement, elle appela donc :

- Erwin ?

- Hermione ? lui fut répondu sur un ton interloqué.

- Il faut qu'on parle de quelque chose d'important.

- Mais … tu n'es pas en cours à cette heure là ?

Severus était sidéré, Hermione risquant de perdre sa concentration pendant un cours pour l'appeler ? En pleine préparation du polynectar ? Voilà qui devait être important.

- Si, je suis même en potions, mais j'ai déjà fait cette potion, alors je peux te parler en même temps que je la fait. Ne t'inquiète pas, mon cher professeur ne verra rien, je reste totalement concentrée …

Comment ça « déjà fait cette potion » ?

- Ton professeur te l'a déjà donné à faire cette potion ? demanda Erwin prudemment à Hermione

- Oh non, mais je l'ai faite en deuxième année avec Harry et Ron.

Hein ? Mais jamais il n'avais donné cela en deuxième année ! Qu'est-ce que c'était encore que cette histoire. Avec Potter et Weasley ? Qu'avaient-ils encore mijoté cette année là ?

- Ah ah ? En deuxième année ? Mais je croyais que tu avais le même professeur de potions depuis ton entrée à Poudlard ?

- Mais oui, ne sois pas idiot, on l'a fait tous seuls cette potion, dans les toilettes de Mimi Geignarde si tu veux tout savoir.

Non merci, là à ce niveau là, Severus n'était plus sûr du tout de vouloir tout savoir. Qu'est-ce qu'ils avaient fabriqué pendant cette deuxième année ? C'était quelle année déjà ? Ah oui, la chambre des secrets. Ils avaient fabriqué la potion dans les toilettes de Mimi Geignarde. Mais pourquoi, et surtout … avec quels ingrédients ?

- Mais, corrige-moi si je me trompe, certains ingrédients ne se trouvent pas partout, et qui plus est ne sont pas vendus aux sorciers de premiers cycle ? Ironisa-t-il

- Tu parles de la corne de bicorne et de la peau de serpent d'arbre du Cap ? Non, mais j'ai été les piquer dans l'armoire de Rogue pendant qu'il était occupé à traiter les élèves atteints d'enflure malencontreuse. Mais ce n'est pas de …

- Juste pour terminer sur ce sujet qui m'éclaire assez brillamment sur certaines de tes frasques passées, l'enflure malencontreuse avait sûrement une origine, non ?

- Oh oui, un pétard lancé par Harry dans le chaudron de cet abruti de Goyle.

Et bien voilà, cela faisait cinq ans qu'il s'en doutait, maintenant il savait. Et il savait en plus pourquoi Potter avait provoqué ce chahut. Il ne fallait plus qu'Hermione lui avoue pourquoi ils avaient fait cela, et il serait comblé, grinça-t-il intérieurement.

Au moment où Severus pensait cela, Malfoy eut la mauvaise idée de confondre deux ingrédients pour le polynectar et se retrouva de ce fait avec un chaudron qui commença à s'enflammer. La fureur provoquée par ce qu'Hermione venait de lui avouer sans le savoir, couplé à la rage de savoir ce qu'elle avait enduré la veille avec Malfoy, fit qu'il prit une décision qui stupéfia la classe :

- Aguamenti. Recurvite. Lança-t-il sur le chaudron du serpentard. Bien, Malfoy, maintenant que vous avez prouvé à la classe entière votre incompétence en matière de fabrication de potions, vous prendrez note que je vous mets en retenue pour une semaine avec Rusard, à raison de quatre heures par jour afin de vous apprendre à être un peu plus attentif dans mes cours. Maintenant, pendant le temps qu'il reste à vos camarades pour continuer leur potion, vous me commencez les premières lignes des quarante centimètres de parchemin que vous me rendrez au prochain cours sur les erreurs à ne pas commettre pendant la fabrication du polynectar.

La classe était médusée, les serpentards en premier. Rogue mettait Malfoy en retenue et quelle retenue pour un simple incendie de chaudron ? Ils replongèrent aussitôt dans leur chaudron, surtout les gryffondors, car ils n'osaient imaginer ce qui les attendaient, eux, si jamais ils faisaient la même erreur que Malfoy.

- Désolé, un contretemps, reprit-il en direction d'Hermione. De quoi voulais-tu parler ?

- De nous. De moi.

Elle avait baissé la voix en disant cela. Comment avouer cela à voix haute ?

- Qu'est-ce qu'il se passe Hermione ?

- Je … je suis … attirée par quelqu'un ici, finit-elle dans un souffle.

RAR

Shérazade : j'ai l'avantage d'avoir déjà tout écrit …