Severus eut l'impression de recevoir un poignard en plein cœur. Il dut se retourner brutalement pour ne pas exploser à haute voix contre elle. Sa Hermione ? Attirée par quelqu'un au château ? Il cauchemardait. Arlin aurait-il omis de préciser que les compagnons étaient fidèles l'un à l'autre ? Qu'il était hors de question qu'un autre que lui pose ses mains sur elle ?

- Erwin ? Je pensais que …

- Qui, demanda-t-il âprement. Qui réussit à te faire oublier nos conversations, notre lien, notre clairière, Hermione ? Qui ?

- Il ne m'a rien fait oublier du tout ! Mais il m'attire physiquement d'une façon que je n'ai jamais connue avant !

- Et moi alors ? Tu ne viendras pas me dire que tu n'as pas apprécié ce que nous avons partagé dans notre clairière !

- Mais si j'ai apprécié, et tu le sais, dit Hermione au bord des larmes. Je n'avais jamais été attirée comme cela par quelqu'un ! Jamais tu entends ?

Etant donné qu'elle hurlait dans sa tête, Severus ne pouvait faire qu'entendre et grimacer sous la force de sa voix. Seulement lorsqu'il commença à sentir le vent se lever dans sa classe, il sut qu'il devait vraiment faire quelque chose pour la calmer.

- Hermione, cesse immédiatement d'utiliser ta magie lendoren ! Essayons d'en parler calmement.

Hermione se redressa et vit qu'effectivement il y avait un courant d'air inhabituel dans le cachot, ce qui lui valait évidemment un regard noir de Rogue.

Et voilà maintenant je vais me retrouver avec Rogue sur le dos et j'aurai tout gagné ! Ce type doit être jaloux en plus qu'une fille de moldu dispose d'une magie qu'il ne possédera jamais !

Severus grimaça intérieurement sous la critique. Il allait falloir que cela cesse. Jaloux, oh oui il l'était, et si le garçon par lequel elle était attirée avait le malheur de suivre encore ses cours, il lui promettait d'avance des jours difficiles dans son cachot !

Hermione s'obligea à respirer profondément pour se calmer et le courant d'air s'apaisa de lui-même.

- Comment as-tu su ?

- Je … je l'ai ressenti … Mais là n'est pas le problème Hermione. Qui a l'honneur de t'attirer au point que tu oses me l'avouer ?

Le ton était cinglant et ironique, Severus avait beau s'exhorter à se calmer pour qu'Hermione ne provoque pas de tempête dans son cachot, ce qui aurait été très incongru, il souffrait comme jamais il n'avait souffert à cause d'une femme.

- Je te l'avoue parce que de toute façon, même si je le voulais, il ne pourrait jamais rien se passer entre nous !

- Pourquoi ? Tu es tombée sur l'un des rares garçons ici qui n'aime pas les filles ? Railla-t-il

- Non ! Hurla à nouveau Hermione et la même brise recommença à souffler. Je suis attirée par le cauchemar des cachots des élèves de Poudlard !

Le cauchemar des cachots ? Quel était l'élève qui avait ce surnom ? Il ne voyait pas … Cela devait être un serpentard, mais lequel ? Et pourquoi il ne pourrait jamais rien se passer entre elle et l'un des serpentards. Oh oui, maintenant, il ne se passerait rien, il y veillerait, mais comment pouvait-elle en être sûre ? Bon, d'abord tenter d'avoir son nom, cela lui simplifierait grandement la vie !

- Quel est l'abruti d'élève qui s'est affublé d'un surnom aussi ridicule ? Et calme-toi ! Tu veux tout faire s'envoler ?

- Si seulement c'était un élève, tiens ! dit Hermione en baissant la voix et par là même la brise s'apaisa de nouveau.

- Ce n'est pas un élève ? Demanda Severus incrédule. Mais alors c'est …

- Tu as tout compris, railla-t-elle à son tour. Ta compagne a réussit à s'enticher d'un professeur ! Et pas n'importe lequel, non, ç'aurait été trop simple ! Tant qu'à faire, autant fantasmer sur l'imbécile qui nous sert de professeur de potions, notre bien aimé professeur Rogue !

La voix d'Hermione s'était brisée sur ces derniers mots. Elle s'en voulait terriblement de tout avoir balancé de la sorte, mais c'était plus fort qu'elle, il l'avait poussé à bout.

Severus, lui, était sous le choc. Elle était attirée par lui. Simplement. Douloureusement de son point de vue à elle. Il sentit la morsure de la jalousie refluer de son cœur. Mais il n'avait plus le choix, il fallait qu'il lui dise. Tout de suite. Il commença par forger intérieurement un bouclier qui, l'espérait-il, permettrait de protéger la pièce et empêcher qu'Hermione n'y déclenche un véritable ouragan. Hermione chuchota d'une voix étranglée :

- Comme tu l'auras compris, tu ne risques rien en fin de compte et …

- Tais-toi, maintenant tu vas m'écouter attentivement Hermione et pour une fois m'obéir sans protester. Ce que je vais te dire maintenant va sûrement te mettre dans une colère noire, mais tu vas tout garder pour toi, tu peux me hurler dessus intérieurement, mais tu vas te maîtriser et ne pas utiliser ta magie lendoren, c'est clair ?

- Pourquoi et quel rapport avec …

- Hermione, le rapport est que c'est précisément à moi que tu as piqué, comme tu le dis si bien, la poudre de bicorne et la peau de serpent d'arbre du cap il y a maintenant cinq ans pendant que Harry organisait un chahut dont je me souviens très bien !

Hermione ne put retenir un hoquet à haute voix, ce qui n'échappa pas à Harry qui était juste à côté d'elle. Il la regarda d'un œil inquiet, mais ,vu l'humeur de Rogue, n'osa pas ne serait-ce que chuchoter, d'autant que celui-ci avait précisément braqué son regard sur elle. Hermione risqua un œil vers son professeur qui braquait son regard sur elle. Il lui fit un imperceptible hochement de tête affirmatif et elle baissa les yeux vers son chaudron. Accablée.

Hermione s'accrochait d'une main à sa table et tournait machinalement le contenu de son chaudron de l'autre. Les deux noms tournaient dans sa tête : Erwin, Rogue, Rogue, Erwin. C'était un cauchemar. Un vrai. Elle allait se réveiller dans quelques instants, ou se retrouver dans sa clairière, mais sortir de ce cachot, surtout, sortir de ce cachot. Oh, elle n'avait pas de mal à lui obéir, elle était incapable de parler.

Si c'était la réalité, alors … C'était LUI qui lui avait fait ressentir toutes ces émotions dans la clairière ? Non, surtout ne pas penser à la clairière et à ses caresses si précises. C'était aussi lui qu'elle avait traité d'imbécile au passage, à qui elle avait appris son surnom de cauchemar des cachots, à qui elle avait avoué sa puissante attirance pour … lui-même en fin de compte.

Severus la voyait passer par toutes les couleurs physiquement et mentalement. Elle allait avoir du mal à accepter, mais elle lui avait donné un atout qu'il n'espérait pas. Il ne souhaitait pas abuser de cet atout, il ne l'utiliserait que s'il ne parvenait pas à la raisonner, quoique, à bien y réfléchir …. En plus il était de taille, surtout compte tenu de son expérience à lui et de son inexpérience à elle.

- Hermione, reprit-il doucement

- Tu le savais de puis le début ! Hurla-t-elle, mais la brise ne se déclencha pas.

- Bien sûr, je le savais Hermione, depuis que tu as fêté tes dix-sept ans en juin dernier et …

- Pourquoi ne m'as tu rien dit plus tôt ?

- Regarde ta réaction maintenant ! Tu sais désormais pourquoi effectivement je n'étais pressé de te rencontrer, si on peut dire ainsi, en tout cas de me dévoiler physiquement à toi. Si je t'avais dis quoi que ce soit avant qu'on ait pu apprendre un minimum à se connaître de cette façon, jamais tu ne l'aurais accepté. Fais attention à ce que tu fais ! Ta poudre de corne de bicorne, maintenant ! Tu ne vas pas en plus m'obliger à te mettre des devoirs supplémentaires, non ? Et en plus tu te calmes parce que le bouclier que j'ai mis en place pour éviter que tu ne balayes cette pièce par un ouragan ne tiendra pas longtemps avec ta puissance !

Hermione lui jeta un regard noir, mais elle le fit.

Elle refusa en revanche de revenir sur le sujet, Severus avait beau lui parler sur tous les tons, elle refusait de parler. Elle avait besoin de temps pour assimiler. Devant ce refus têtu, Severus finit par lui dire d'un ton tranchant :

- On en reparle ce soir, Hermione. De vive voix cette fois.

Hermione était tétanisée par cette volonté. Elle ne pouvait pas. C'était impossible. Jamais elle ne pourrait discuter avec lui en face. Et jamais elle ne pourrait revenir en cours dans ce cachot en sachant que son professeur était le même qui l'avait caressée aussi intimement, ne serait-ce qu'en rêve.

A peine Severus eut-il indiqué la fin du cours qu'elle jaillit hors du cachot en laissant la moitié de ses affaires sur sa table à la grande surprise de Harry et de Ron. Harry ramassa rapidement ce qu'elle avait laissé en plus de ses affaires, il ne manquerait plus que Rogue lui mette une punition pour oubli d'affaire dans son cachot. Il ne l'avait encore jamais fait, mais aujourd'hui, vu ce qui s'était passé avec Malfoy, on pouvait tout craindre.