Ainsi que Severus l'avait dit, il fit un portoloin après le petit déjeuner après avoir demandé sèchement à tout le monde de vérifier qu'ils étaient habillés très chaudement.

Ils comprirent le pourquoi de cette recommandation - on ne pouvait tout de même pas parler de sollicitude avec le ton employé – lorsque le portoloin les lâcha. Ils étaient arrivés dans une clairière enneigée, l'air était bien plus froid qu'à Poudlard. Ils étaient entourés de sapins majestueux recouverts de neige. Le ciel était bleu, le soleil présent mais incapable de réchauffer cette atmosphère glaciale. Malgré le froid, Hermione se sentait revigorée par cet environnement, ses pensées étaient limpides, elle avait l'impression folle qu'enfin, elle était rentrée chez elle.

- C'est un peu cela mon cœur, lui dit doucement Severus dans leur lien. Pour tous les lendoren, le cercle argenté est leur vraie maison, c'est ici qu'on se sent le mieux.

- C'est pour cela j'imagine qu'on l'appelle le foyer, répondit Hermione pensive.

Les trois autres étaient frigorifiés sur place, mais apparemment cet instant était particulier pour Hermione. Elle rayonnait et pour la première fois, ils virent Severus la prendre en souriant tendrement dans ses bras – Harry et Ron ouvraient des yeux ronds : il savait sourire de la sorte ? – et l'embrasser comme s'il étaient seuls au monde.

Il la tenait encore par les épaules lorsqu'il dit simplement en montrant un petit chemin qui s'enfonçait dans les sapins :

- Voilà notre comité d'accueil qui arrive.

Celui-ci était composé de deux hommes et deux femmes qui semblaient être de l'âge du professeur Gryffin, ainsi que de deux garçons à peine plus âgés qu'eux.

- Bonjour, Erwin, Hermione j'imagine, dit-elle avec un sourire. Elle se tourna un instant vers les trois autres pour ajouter : Harry et Ginny, Ron. Je suis heureuse de vous accueillir au cercle argenté. Je suis Albane, et voici Marcus mon compagnon, Vera et Oleg qui sont aussi compagnons, ainsi que Malko et Erich. Comme vous pouvez le constater, nous ne nous embarrassons pas de formalité ici, et nous nous appelons tous par nos prénoms, n'est-ce pas Erwin ? ajouta-t-elle moqueuse.

Elle semblait avoir une parfaite connaissance de la situation existante entre Severus et les autres à Poudlard. Severus lui jeta un regard noir qu'elle ignora totalement pour se tourner vers Hermione :

- Nous attendions avec impatience de te connaître Hermione. Erwin avait en effet catégoriquement refusé de te faire connaître le cercle argenté dès l'été dernier, à notre grand regret à tous. Mais je pense que tu connais assez son entêtement pour savoir que nous n'avons rien pu faire …

- Oh oui, soupira Hermione, depuis le temps que je le subis son entêtement !

Severus avait froncé les sourcils devant ces critiques non déguisées, mais alors qu'il ouvrait la bouche pour protester, il fut devancé par Albane qui dit :

- Nous allons maintenant vous conduire à vos chalets respectifs. Hermione, Erwin, j'imagine que vous souhaitez passer un peu de temps ensemble avant de venir nous rejoindre ?

Severus hocha la tête et Hermione aussi après un temps d'hésitation et une grimace d'excuses envers Harry, Ron et Ginny.

Severus s'éloigna un peu dans le chemin avant de transplaner avec Hermione simplement devant un chalet en bois situé dans une autre clairière. Hermione se reconnut soudain : c'était leur clairière qu'elle avait vu en rêve si souvent. Elle la reconnaissait, même si elle ne l'avait connue que recouverte d'herbe et qu'elle était maintenant enneigée. Elle se tourna vers Severus l'air incrédule et Severus hocha la tête avec un sourire complice. Il finit par dire :

- Je t'ai fait connaître un peu ton chez toi en rêve avant que tu ne puisses le connaître en vrai. C'était plus facile aussi pour moi plutôt que d'imaginer quelque chose de totalement nouveau.

Hermione pointa du doigt le chalet et dit timidement :

- Alors c'est chez toi ?

- Chez nous maintenant mon cœur, rectifia doucement Severus.

Il semblait plus calme depuis qu'il était au cercle d'argent. Hermione pouvait le sentir à travers leur lien. Elle même se sentait en paix. Poudlard était loin avec toutes ses disputes. Malgré tout, le froid finit par la rattraper et elle frissonna violemment. Severus l'entraîna vers le chalet dont la porte n'était pas fermée. Il y régnait une douce chaleur, signe que quelqu'un avait pris soin d'allumer le feu dans la cheminée avant leur arrivée. Hermione fut surprise de constater la paix que dégageait la pièce : le mobilier était en bois massif clair, des tapis colorés lui donnaient envie de marcher pieds nus dessus, et pour son plus grand plaisir, une bibliothèque couvrait un pan de mur entier.

- C'est toi qui a choisi la décoration ? Demanda-t-elle incrédule.

- Oui, j'espère qu'elle te plaît parce que je m'y sens particulièrement bien.

- C'est tellement différent de ton cachot que jamais …

Elle ne termina pas sa phrase car elle continuait à découvrir quelques petits détails qui la comblaient : un fauteuil qui pourrait facilement les accueillir tous les deux, une table de salle à manger suffisamment grande pour accueillir quelques amis sans être démesurée à deux, des bibelots de décorations qui la fascinaient, elle se sentait déjà chez elle.

- Mon cachot est à l'image du mangemort que j'ai été Hermione, ce chalet est à l'image du lendoren que je suis devenu.

- Il faudra un jour que tu me parles de cela Erwin, mais … pas tout de suite … Je préfère le lendoren largement sans aucun doute …

Severus ne l'emmena pas visiter le reste du chalet, mais lui fit au contraire revêtir de nouvelles bottes fourrées, un nouveau pull et un nouveau manteau, et il fit de même.

- Tu tiens vraiment à me frigorifier dehors ?

- Juste cinq minutes, ensuite tu oublieras le froid. Viens, dit-il en ouvrant la porte.

Ils marchèrent cinq minutes en silence dans la neige. Ils savouraient tous les deux la paix de ces lieux. Lorsqu'ils arrivèrent à la clairière suivante, Hermione comprit pourquoi le foyer était appelé le cercle argenté. Il s'agissait d'un arc de cercle de cascades présentement gelées. Le lac à leurs pieds était aussi gelé. Le tout avait pris la couleur argenté de la glace, mais cela ne paraissait pas froid à Hermione. Elle ne sentait plus le froid, mais n'avais conscience que de la présence d'Erwin derrière elle, qui l'avait à nouveau entouré de ses bras.

- Maintenant, mon cœur, c'est à toi de jouer avec les éléments. Tu es bien plus puissante que moi, mais tu dois m'intégrer dans cette puissance pour la décupler et plier les éléments à ta volonté. Tout ce que tu feras ici n'affectera rien d'autre que cette clairière, tu peux tout expérimenter. Mais avec moi, c'est clair ?

Hermione ne savais pas trop par quel bout commencer, alors elle commença par l'élément avec lequel elle semblait avoir le plus d'affinité : l'air. Elle commençait à diriger les courant d'air comme elle le souhaitait, lorsque Severus la rappela à l'ordre :

- Je ne suis pas là, Hermione. C'est à toi de m'intégrer, je ne peux pas le faire à ta place, c'est à toi de me lier avec toi et ainsi pouvoir coupler nos deux puissances.

- Tu es drôle, toi ! Tu as un mode d'emploi ?

- Absolument pas, lui dit-il tendrement, il paraît que le lien se forme différemment selon chaque couple, et c'est à toi de le trouver.

Au fur et à mesure de ses essais, Hermione pestait car invariablement elle entendait en leitmotiv Severus lui répéter encore et encore qu'il n'était pas lié avec elle. La seule différence par rapport à leurs premiers essais était le calme et la patience de Severus, contrairement aux essais à Poudlard. Le jour commençait à tomber lorsqu'Hermione finit par s'énerver après lui :

- Mais tu le fais exprès, hein, de ne pas te lier ! Ce n'est pas possible, c'est forcément toi qui refuse.

- Non, mon cœur, soupira Severus qui commençait également à trouver le temps long. Je te l'ai dit, si tu veux nouer le lien, étant donné que c'est toi qui dispose du maximum de puissance, je ne pourrai pas t'en empêcher.

- Alors tu viens avec moi, maintenant, hurla Hermione et ils sentirent à cet instant tous les deux le nouveau lien se faire entre eux. Severus était soufflé par la puissance qu'elle dégageait. Elle commença à l'entraîner avec lui dans sa maîtrise de l'air. Elle jouait avec brio avec les courants d'air. Lorsqu'elle commença à ajouter l'eau, des figures se formèrent dans le ciel au gré de leur imagination, formes imprécises au début, qui s'affinaient ensuite. Elle aurait souhaité continué, mais Severus sentit sa fatigue, d'autant que leurs essais leur avait fait sauter le déjeuner.

- Il faut rentrer dîner maintenant mon cœur. Mais d'abord en revanche, il faut que tu me lâches …

Hermione eut du mal à défaire le lien qu'elle avait noué, elle se sentait tellement bien avec lui, mais lorsque ce fut fait, elle avait du mal à tenir sur ses jambes à cause de l'énergie qu'elle avait déployé pour faire le lien.

Severus les transplana au chalet et lui donna immédiatement une potion reconstituante tandis qu'il la découvrait et l'installait confortablement sur un fauteuil.

- Qu'est-ce que tu en as pensé ? Demanda faiblement Hermione

- Tu es impressionnante de puissance Hermione, c'était très agréable de pouvoir faire ce que nous avons fait. En revanche, il va falloir que tu fasses le lien sans avoir besoin de te mettre en colère, et ensuite que tu te dépenses moins dans cette maîtrise. Et de toute façon, il faudra qu'on s'entraîne pas mal pour qu'on arrive à se coordonner.

Hermione sourit faiblement, il restait égal à lui-même sur certains plans. Les compliments étaient toujours assortis d'un certain « Peut mieux faire ». Mais elle savait qu'il avait encore raison : elle se sentait très faible après ces exercices, mais franchement, elle avait plus besoins de câlins que de critiques, même justifiées, en ce moment.

Severus l'avait parfaitement entendu dans le lien, et cela le fit grimacer intérieurement. Cette fusion avait pour l'instant bien affaibli ses défenses.

- Je vais nous chercher à manger et ensuite, tu auras le droit à tous les câlins que tu veux. Enfin, ceux pour lesquels tu auras suffisamment de force bien sûr ! la taquina-t-il gentiment.

Mais Hermione n'avait plus suffisamment de force pour répliquer ce qui encouragea Severus à ne faire qu'un très bref aller-retour aux cuisines.