Severus n'arrivait pas à ouvrir les yeux. La lumière était trop vive et il grimaça. Il n'arrivait pas à bouger. Il entendit des voix au dessus de lui qui chuchotaient des mots incompréhensibles et enfin quelqu'un eut la bonne idée d'éteindre cette fichue lumière pour qu'il arrive à soulever une paupière. On lui glissa un liquide entre les lèvres qu'il avala difficilement, pourtant cela n'avait l'air d'être que de l'eau. Mais il avait l'impression de ne pas avoir bu depuis une éternité. Petit à petit il buvait plus facilement, et commença à pouvoir réellement ouvrir les yeux et tenter de regarder où il était. Le premier visage qu'il vit au dessus de lui était Albane qu'il mit quelques secondes à reconnaître.

Celle-ci comprit son expression d'inquiétude dès qu'il la reconnut vraiment et lui dit immédiatement :

- Lumina est dans tes bras, mais tu dois lui redonner des forces. Votre lien est toujours là Erwin, transfère de la force vers elle. Et toi, bois-ceci maintenant.

A nouveau elle lui donna de l'eau tandis qu'il cherchait Hermione dans leur lien. Pour l'instant ce prénom venait plus facilement que celui de Lumina. Lorsqu'enfin il la trouva, il comprit ce qu'Albane voulait lui dire. Elle avait épuisé quasiment totalement son énergie magique et n'en n'avait plus suffisamment par elle-même pour vivre. Elle ne pouvait vivre que par la force de leur lien. Severus fit comprendre à Albane qu'il savait et referma les yeux. Il lui faudrait partager ses forces pour faire revenir Hermione à la vie.

Severus n'avait aucune idée des heures, ni des jours. Dès qu'il était réveillé, il y avait toujours un compagnon pour lui donner des reconstituants et à manger. Il dormait la plupart du temps pour transférer au mieux son énergie vers Hermione qu'il sentait petit à petit revenir vers lui, même si personne d'autre que lui ne pouvait en avoir conscience. Il n'avait pas conscience de la tempête médiatique soulevée par les événements. La mort de Voldemort avait été célébrée dans tout le pays. Tout le monde avait découvert avec stupeur et l'existence du Dictateur et celle des lendoren. Tout le monde avait été stupéfait de l'état dans lequel se trouvait le château de Poudlard dans un premier temps, de la vitesse de reconstruction de l'autre, même si celle-ci prendrait plusieurs semaines, due à une partie de la communauté lendoren.

Lorsqu'enfin il se réveilla pleinement, il découvrit avec stupéfaction que les compagnons se relayaient à leur chevet, au milieu du cercle argenté même, pour leur administrer des soins au lieu d'être dans un hôpital. Albane accourut lorsqu'elle sut qu'il était pour la première fois en état de parler, au moins quelques minutes :

- Lumina, demanda-t-elle sans autre forme de procès.

- Je pense que cela va aller, murmura-t-il, elle va remonter la pente petit à petit. Elle est moins faible et je peux me garder un peu plus d'énergie.

- Alors tu vas recommencer à t'alimenter, tu auras plus d'énergie à transmettre.

- Cela fait combien de temps ?

- Deux semaines maintenant.

- La communauté ?

- Nous avons perdu … le tiers des couples … dans notre malheur nous avons de la chance, tous les nouveaux célibataires s'en sont sorti, certains blessés, mais rien d'irréparable.

Severus grimaça, c'était sa famille, et le tiers d'entre eux était parti.

- Qui ? Je veux savoir Albane, cela ne sert à rien de me ménager.

- Arlin et Aya. Vera et Oleg …

La litanie des noms comportait vingt noms, dix couples heureux, maintenant unis dans la mort. Après un long moment de silence, Albane dit doucement :

- Tu vas manger et ensuite tu dormiras à nouveau.

- Poudlard ?

- Ceux qui ne vous veillent pas reconstruisent. C'est impressionnant, mais rien d'irréparable je pense, une fois encore.

- Beaucoup de morts ?

- Toujours trop, soupira-t-elle. Y compris parmi les élèves malheureusement car l'aile de Rowena s'est effondrée et les cachots de Salazar ont été noyés.

- Les amis d'Hermione ? Harry ? Ron ? Ginny ?

- Harry est sorti hier de Sainte-Mangouste. Ginny la semaine d'avant de l'infirmerie et Ron n'avait que des égratignures. Ils arriveront ici demain pour les vacances. Ils veulent être près de Lumina, même s'ils savent qu'ils ne peuvent rien faire. Dumbledore veut aussi leur épargner les journalistes et le ministère de la magie, ici, ils pourront se remettre tranquillement, surtout Harry.

Au bout d'une semaine, Severus décréta qu'il était temps pour lui et Hermione de rentrer dans leur chalet. Il avait désormais suffisamment de forces pour rester éveillé plusieurs heures par jour, tout en transmettant de l'énergie à Hermione qui s'éloignait petit à petit des portes de la mort. Sans doute mettrait-elle encore quelques jours à ouvrir les yeux, mais il avait envie d'un peu de calme et d'intimité dans leur chalet. Il commençait à en avoir assez d'être toujours entouré par quelqu'un, il voulait commencer à s'occuper seul d'elle. Même s'il se fatiguait encore assez vite, il était désormais autonome.

A peine était-il confortablement installé dans leur fauteuil préféré avec Hermione nichée contre lui que quelqu'un frappa à la porte. Il leva les yeux aux ciels exaspéré : ne pouvait-il avoir un peu de tranquillité ?

- Entrez, grogna-t-il

Albane entra suivie d'un couple que Severus identifia tout de suite : il savait maintenant à quoi ressemblerait Hermione dans une vingtaine d'année sous son apparence classique. La ressemblance avec sa mère était frappante. Ils affichaient des mines anxieuses et leur regard tomba immédiatement sur Hermione qui était dans ses bras.

- Elle … dort, si l'on peut dire ainsi, dit calmement Severus. Je pense qu'elle arrivera à ouvrir les yeux d'ici quelques jours.

- Et vous …

- Je lui transmets toute l'énergie que je peux pour qu'elle remonte à travers notre lien.

- Que s'est-il passé exactement ?

- Elle a donné tout ce qu'elle a pu de force, d'énergie et de magie, a pris ma propre énergie en supplément pour envoyer au Dictateur suffisamment de lumière et d'amour mêlés qui l'ont consumé et finalement détruit. Il s'en est fallu de très peu de temps que nous n'y arrivions pas. Je me souviens d'avoir vu mourir le Dictateur et puis… plus rien…

- Et après ?

Ce fut Albane qui prit la parole :

- Nous les avons soigneusement gardés dans la position où ils étaient ou presque et emportés dans notre cercle où notre magie est la plus forte. Lumina, enfin Hermione, ne tenait à la vie que dans son lien avec Erwin, et lui-même ne tenait que par sa constitution qui est plus robuste que celle d'Hermione, ce qui est normal puisque c'est un homme. C'est la seule chose qui les a sauvé tous les deux. Erwin reprenant peu à peu des forces, nous pensons qu'Hermione va remonter aussi à son rythme.

Les parents d'Hermione les laissèrent assez rapidement, car ils savaient par Albane que Severus avait lui aussi besoin de beaucoup de repos. Ils étaient rassurés d'avoir vu leur fille et en trois semaines, avaient compris que ni elle, ni son professeur n'étaient maîtres de leur destin, et ils devaient aussi l'accepter comme tel. Ils auraient bien voulu un homme plus jeune pour elle, mais toutes les personnes qu'ils avaient croisées, y compris Harry, Ron et Ginny leur avaient dit que, malgré tout ses défauts, Severus semblait profondément aimer Hermione et, contre toute attente, la rendait heureuse.

Severus savoura cette première nuit ensemble dans leur lit au chalet. Il avait enfin pu mettre Hermione bien contre lui, nus tous les deux comme ils en avaient l'habitude. Il savait que cela lui avait fait aussi du bien à elle car bien qu'elle ne réponde toujours pas dans leur lien, il avait perçu ses émotions les plus profondes et enfin elle se sentait bien, pour la première fois depuis leur affrontement avec le Dictateur. Petit à petit, elle eut moins besoin de sa présence physique aussi et il pouvait s'autoriser à la laisser quelques minutes seule dans leur lit ou confortablement installée dans le fauteuil.

Hermione avait l'impression d'être dans un long tunnel. A un bout du tunnel, la lumière qui l'attendait. Pourtant elle était tirée vers l'obscurité par une voix douce, tentatrice, qui lui parlait d'amour, de bonheur à deux. Elle avait voulu lutter contre cette voix et se laisser aller vers la lumière apaisante. Mais la voix était têtue et ne cédait rien à la lumière. Tour à tour cajoleuse, colérique, elle ne la laissait pas partir vers cette lumière attirante. Et elle prenait de plus en plus de force pour l'éloigner de la lumière, elle finit par sentir des bras autour de son corps qui l'empêchait de partir, et les mots de la voix commencèrent à devenir distincts :

- Allez mon cœur, reviens vers moi. Je ne te laisserai pas partir de toute façon Hermione, tu devras continuer à vivre avec moi pendant de longues années. Viens Lumina, je t'aime mon cœur, réveilles-toi pour reprendre des forces plus rapidement.

Les mots revenaient inlassables et Hermione finit par réaliser qu'il s'agissait bien d'Erwin qu'elle entendait toujours dans leur lien. Elle se rappelait très bien qu'elle ne l'avait plus senti dans leur lien juste avant d'asséner le coup fatal au dictateur et était persuadée qu'elle l'avait tué en exigeant trop de lui. Elle n'avait pu supporter l'idée de vivre sans lui.

- Mon cœur, je suis plus résistant que tu ne le penses, et en bon serpentard que je suis toujours, j'ai du réussir à te cacher un peu de ma force. Oh, pas beaucoup, mais juste de quoi continuer à vivre et te faire vivre. Alors, reprit-il après un temps de silence, tu vas te décider à les ouvrir tes yeux pour me regarder ?

- Erwin, tenta-elle de murmurer pour la première fois depuis bientôt quatre semaines, mais sa gorge était trop sèche pour le mot réussisse à sortir.

Elle dut se forcer à ouvrir ses paupières mais dut les refermer immédiatement car la lumière était trop vive pour elle. Elle sentit des lèvres douces frôler les siennes et une voix lui chuchoter :

- Dors encore mon coeur, la prochaine fois tu pourras faire mieux.

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RAR

vix : le suspens est terminé ou presque …

Saski-Anna : j'espère que ta soif de savoir ce qu'il advient de Severus et Hermione a été étanchée ?

scerena : merci beaucoup de ces compliments.

Alice.C : merci beaucoup de continuer à me suivre !