Lorsqu'Hermione s'éveilla le lendemain matin, elle mit un temps à réaliser l'endroit où elle se trouvait. En effet Severus s'était réveillé au milieu de nuit et l'avait portée sans la réveiller jusque dans leur lit pour qu'ils terminent la nuit encore plus confortablement. Mais ce n'était pas cela qui l'avait réveillée, c'était le bruit des coups de becs incessants d'une chouette blanche au carreau de leur fenêtre.
Hermione savait qu'Hedwige, la chouette d'Harry qu'elle avait reconnue, ne les laisserait pas tranquille tant qu'elle ne lui aurait pas ouvert. Elle se leva donc sans bruit pour aller lui ouvrir, faisant ainsi rentrer dans la pièce un souffle d'air frais qui lui valut d'entendre un grognement sortir des couvertures :
- Quel est l'imbécile qui nous réveille aussi tôt en envoyant son hibou insistant ?
- C'est Harry, c'est Hedwige sa chouette.
- Mmm, ce n'est pas vrai ! Il me poursuit jusque dans mon lit alors qu'il est à Poudlard !
- Erwin, il y a un problème là-bas !
- Hermione ! Forcément Ron et Harry ont un problème ! Ils doivent faire leurs devoirs sans toi ! Je suis sûr qu'ils te demandent des réponses qu'ils n'arrivent pas à trouver ! Mais là ils exagèrent, je vais leur dire deux mots moi quand nous allons rentrer à Poudlard !
- Erwin, arrête de penser qu'ils sont restés gamins comme cela ! Et regarde plutôt l'état de la lettre ! Et lis le contenu, car elle t'est aussi adressée ! Répliqua Hermione qui semblait furieuse. Et après tu t'habilles car on y va tout de suite à Poudlard, on n'attend pas une seconde de plus !
Severus lui jeta un œil noir tandis qu'elle lui lançait la lettre sur le ventre. Il la prit sans trop se presser mais s'assit d'un seul coup lorsqu'il s'aperçut que la lettre comportait de nombreuses taches de … sang … Il la déplia rapidement pour lire :
Hermione, ErwinJe me résous à vous écrire car j'ai, enfin, nous avons des soucis avec le crapaud. Je vous écris cette lettre après ma cinquième retenue de la semaine avec elle, ma quatrième en même temps que Ron et Ginny. Il est maintenant minuit et quart et nous avons commencé à vingt heures. La phrase du jour était encore : « Je ne dois pas raconter de mensonges », idem pour Ginny et Ron. Je ne vous en dit pas plus, ma lettre parle pour moi, et oui, Erwin, je vais de ce pas me balader dans le château jusqu'à la volière sous ma cape d'invisibilité pour vous envoyer cette lettre.
Harry
Severus comprit immédiatement que avec ou sans son accord, Hermione rentrerait immédiatement à Poudlard. Harry ne disait pas ce qui leur avait valu cette retenue, mais ce genre de retenue était tout de même inacceptable à ses yeux, quelque soit la faute de l'élève. Il soupira, mais se leva. Hermione semblait furieuse tout en faisant sa malle à l'aide de quelques sorts. Elle avait déjà revêtu son uniforme de Poudlard. Après s'être habillé lui-même tandis qu'elle piétinait en l'attendant, il la prit par les épaules :
- Hermione ?
- Allez, dépêches-toi !
- Une minute Hermione. Nous devons déjà revoir notre stratégie en arrivant à Poudlard. Sans quoi, non seulement j'ai l'impression que les retenues de Harry, Ron et Ginny continuerons, mais en plus tu risques de t'y retrouver avec eux, même si la ligne à copier ne sera sûrement pas la même. Quant à moi, je risque de me retrouver à Azkaban. Alors, nous prenons quelques minutes pour revoir ce que nous allons faire et nous chronométrer, d'accord mon cœur ?
Ce ne fut qu'à la mention d'Azkaban qu'Hermione commença à l'écouter.
Hermione était déterminée lorsqu'elle frappa à la porte du château. Elle attendait impatiemment que Rusard lui ouvre la porte. Lorsque celui-ci lui ouvrit enfin, il en resta sans voix dans un premier temps alors qu'elle franchissait les portes du château :
- Mlle Granger ?
- Oui, Monsieur Rusard, c'est bien moi. Je pense qu'il faut que je me présente au directeur, qu'en pensez-vous ?
- Ou … Oui … Bi … Bien sûr. Je vais vous accompagner.
En cette fin de matinée de dimanche, les élèves étaient assez nombreux dans les couloirs et des chuchotements naissaient sur son passage alors qu'elle se dirigeait vers le bureau du directeur avec le concierge. Bientôt tout le château bruissait d'une rumeur qui finit par arriver aux oreilles de Ginny, Ron et Harry qui étaient dans la salle commune des gryffondors : Hermione Granger était de retour, seule, amaigrie, mais la détermination se lisait sur son visage qui avait son apparence habituelle. Ils se regardèrent soulagés, ils avaient du recevoir la lettre portée par Hedwige la nuit même et prendre des mesures en conséquences. Franchement, Erwin en professeur était imbuvable, mais les sarcasmes laissaient moins de trace que les retenues du crapaud. Et ils avaient eu de meilleures notes aux buses que ne laissaient penser leurs notes dans son cachot habituellement, alors …
Le professeur Dumbledore travaillait avec le professeur Mac Gonagall lorsque le concierge vint frapper à sa porte :
- Entrez, Monsieur Rusard, que me vaut le plaisir de votre visite ?
- C'est Mlle Granger, professeur …
- Mlle Granger ?
- Elle vient de frapper à la porte du château et je l'ai accompagnée jusqu'ici …
Le professeur Dumbledore et le professeur Mac Gonagall bondirent sur leurs pieds alors qu'Hermione faisait son entrée dans le bureau du directeur. Le professeur Mac Gonagall ne put s'empêcher d'aller étreindre son élève tant son soulagement de la revoir sur pieds était grand. Le professeur Dumbledore lui posa la main sur l'épaule avec un grand sourire aux lèvres :
- Severus s'est encore montré plus têtu que vous, Mlle Granger ?
- Oui, répondit Hermione gênée par cet insinuation de son directeur, il m'a ramenée dans le monde des vivants.
- Nous ne pensions pas que vous seriez déjà sur pieds, souffla le professeur Mac Gonagall en scrutant son élève.
- En fait, il aurait fallu que j'ai le temps de disposer de deux ou trois semaines de plus pour être vraiment remise, mais un évènement qui s'est passé ici cette dernière semaine m'a décidée à revenir plus tôt que cela.
- Quel événement ? Demanda le professeur Dumbledore étonné.
Hermione fouilla dans son sac et sortit la lettre d'Harry qu'elle tendit sans un mot aux deux professeurs. Lorsque Dumbledore eut finit sa lecture et qu'il releva la tête, elle n'avait jamais vu une expression aussi glaciale sur son visage.
- Elle sera partie d'ici une heure, Mlle Granger.
- Non ! Jeta Hermione. S'il vous plaît, non, professeur, reprit-elle un ton plus bas. Nous voulions que vous sachiez pourquoi moi je revenais ce matin, mais aussi, nous aimerions que vous nous aidiez à nous débarrasser d'elle de façon plus … définitive, en ce qui nous concerne …
Les deux professeurs savaient parfaitement à qui se rapportait le nous. Ils entendirent des pas précipités monter l'escalier en soufflant et Hermione se douta de l'identité de la personne. Elle leur dit simplement :
- S'il vous plait, demandez au ministre et à Ombrage de venir dans votre bureau pour seize heures monsieur le directeur.
- C'est entendu Mlle Granger. Je suis heureux de constater que vous êtes sur pieds, mais je souhaiterais que vous passiez tout même voir Mme Pomfresh, répondit calmement le professeur Dumbledore. Vous pouvez rejoindre vos amis à Gryffondor, maintenant. Ah, professeur Ombrage, que me vaut le plaisir de votre visite ? Je pense que vous aurez à cœur de partager notre joie concernant le retour aux études de Mlle Granger ?
Le professeur Ombrage était à nouveau devant elle, un sourire affable sur les lèvres et un regard froid que lui rendit Hermione sans baisser les yeux. Ce fut le professeur qui finit par détourner son regard la première tout en susurrant :
- Je serai ravie de constater les progrès de Mlle Granger dès demain en cours, n'est-ce pas ?
Hermione ne répondit pas, garda un visage de marbre, y compris lorsque le professeur Ombrage reprit d'un ton chagriné :
- Mon cher Dumbledore, je ne sais pas comment vous faites pour travailler ainsi dans un bureau aussi rempli de courants d'air.
Le professeur Dumbledore et le professeur Mac Gonagall ne durent qu'à leur sang-froid de garder l'intégralité de leur sérieux. Ils n'avaient pas eu le temps de savoir ce que Hermione et Severus avaient préparé, mais entre la puissance de l'une et la ruse de l'autre, certaines personnes risquaient de ne pas être à la noce aujourd'hui !
Hermione retraversa les couloirs emplis d'élèves maintenant, car la rumeur avait non pas couru, mais sprinté dans Poudlard et tout le monde voulait constater de ses propres yeux le retour de la Gryffondor. Les plus audacieux osaient des questions, dont certaines étaient franchement indiscrètes et qui faisaient monter le rouge aux joues d'Hermione, mais elle se contentait de répondre qu'elle se rendait à la tour de Gryffondor pour y retrouver Harry, Ron et Ginny. Lorsqu'elle passa le portrait de la grosse dame, qui ne lui avait même pas demandé le mot de passe sous le coup de l'émotion, elle constata que la tour avait souffert à cause du Dictateur. La salle commune était réduite de moitié, car les dortoirs n'étaient pas intégralement reconstruits. Elle sentait aussi clairement qu'il manquait bien des défenses au château. Les conversations se turent brutalement à son entrée dans la pièce, mais elle fut rapidement entourée par les six bras réunis de Harry, Ron et Ginny qui l'attendaient.
