Le silence qui avait suivi son entrée fut soudain rompu par de timides applaudissements qui se transformèrent rapidement en brouhaha indescriptible. Si quelqu'un était entré à cet instant dans la salle commune, il aurait pensé que les Gryffondors venaient de remporter une nouvelle fois la coupe de Quidditch de l'année. Hermione sentit perler à ses paupières quelques larmes, sa maison avait l'air d'être derrière elle. Ils constatèrent rapidement qu'en dépit de ce qu'elle avait fait, Hermione semblait être restée la même, car rapidement elle s'enquit de la compétence du nouveau professeur de potions, Malko Lynch, et du nouveau professeur de sortilèges, Filick Salvage. Ce fut Harry qui prit la parole :
- Franchement Hermione, l'air est redevenu respirable dans le cachot maintenant. J'ai l'impression de bosser aussi dur qu'avant avec Lynch, à la différence qu'il nous épargne tous les sarcasmes.
Hermione eut un sourire franc à cette évocation :
- Et bien tant mieux ! Il sera plus facile ainsi de travailler les potions !
Les autres gryffondors étaient soulagés de cette remarque qui prouvait qu'Hermione ne défendrait pas son compagnon coûte que coûte.
- Non, non, non, vous ne me ferez pas dire qu'il a un caractère en or, ironisa-t-elle. Il a toujours le même caractère de cochon, mais je m'en arrange. Je pense même que si certains ici ont trouvé au cours de ces années que j'étais entêtée, je peux vous dire que cela me sert bien à ne pas me faire piétiner !
La salle commune éclata de rire à cette explication.
- Bon, et le professeurs Salvage aux sortilèges ?
Des ombres passèrent sur les visages, tous regrettaient le minuscule professeur Flitwick maître en sortilèges qui était tombé sous un sortilège impardonnable d'un mangemort.
- Il est aussi bon que Flitwick mais a encore un peu de mal à expliquer les choses, répondit Harry avec un sourire. Mais, lui au moins, il se donne la peine de réexpliquer quand il sent que nous n'avons pas compris.
- Ca va Harry ! Inutile de remuer la plaie dans le couteau ! Dit Hermione en fronçant les sourcils, avant de réaliser que les taquineries de la sorte allaient être nombreuses les prochaines semaines. Mais tant qu'elles resteraient à ce niveau, elles seraient tolérables. Elle soupira, mais esquissa un petit sourire malgré tout.
- Allez, Hermione, ici, tout le monde admet, même si personne ne sait vraiment ce que tu peux lui trouver, enfin, sauf son physique, aux dires des filles. Pouffsouffle et Serdaigle, c'est un peu plus dur, mais les Serpentards, là tu vas en baver.
- Je ne pense pas Harry, qu'ils essayent et je te jure qu'ils apprendront à voler à partir du haut des tour de Poudlard ! Et je ne pense pas qu'ils auront le temps d'apprendre vu la hauteur des tours.
La lueur était implacable dans ses yeux.
- Je n'ai pas choisi. Il n'a pas choisi. Ainsi va le compagnonage lendoren. Mais notre magie ne se trompe pas, nous sommes, en dépit de toutes les apparences et toutes les disputes qui sont sans doute encore au dessus de ce que vous pouvez imaginer, réellement fait l'un pour l'autre. Le ministre et notre chère Ombrage, grinça-t-elle, finiront par le comprendre, et mieux l'admettront, faites-lui confiance sur ce point !
Les sourires fleurirent sur les lèvres. Que ce soit Rogue qui s'en prenne à Ombrage cette fois n'était pas pour leur déplaire.
- Mais, comment allez-vous faire, demanda une voix qui préférait clairement rester anonyme.
- Nous … nous arrangerons, dit Hermione décidée. En attendant, continua-t-elle en se tournant vers Harry, Ron et Ginny, je dois aller à l'infirmerie voir Mme Pomfresh, vous venez avec moi ?
Sur le chemin de l'infirmerie, elle refusait toujours de discuter de quoi que ce soit avec les élèves qui laissaient traîner leurs oreilles, et leur demanda plutôt comment allaient leurs mains. Ils lui montrèrent leur bandage en grimaçant ?
- Vous avez utilisé l'essence de Murlap ? demanda Hermione
- Non, répondit Ginny, nous n'en avions pas !
Hermione secoua la tête, dépitée. Elle leur dit simplement :
- Ombrage jubile pour l'instant, mais nous irons à la porte du château lorsqu'Erwin nous le dira dans l'après-midi. Elle repartira comme il y a deux ans, je vous le promets. Je ne pense pas qu'elle fasse le poids face à lui. Il est très déterminé à prendre enfin, même pour quelques semaines seulement, le poste de professeur de défense contre les forces du mal ! Et il nous fera rattraper le temps perdu, même si cela risque d'être dur à suivre !
- On lui a déjà dit, marmonna Ron, il est quand même moins pire que cette espèce d'immonde crapaud rose …
- J'ai vu qu'en deux ans elle n'avait pas vraiment changé effectivement, dit sombrement Hermione, mais elle a l'air d'être sensible aux courants d'air, elle ne va pas être déçue si jamais elle se décide à rester ici ! Elle sera tellement souvent à l'infirmerie que Dumbledore sera obligé de la remplacer !
Harry, Ginny et Ron pouffèrent, ils imaginaient bien Hermione se déchaîner sur Ombrage.
- Et elle ne risque pas de se douter que c'est toi ?
- Qu'elle s'en doute est une chose, qu'elle le prouve, ça c'en est une autre. Il n'y a que les lendoren qui puissent avoir la certitude que c'est moi, et encore pas les moins puissants. Donc si Erwin est dans le château, il sentira sûrement, éventuellement Malko car je sais qu'il est puissant, je ne suis même pas sûre que Filick puisse le faire … Quant à me dénoncer, Erwin ne le fera pas, et je doute que Malko le fasse aussi …
Lorsqu'elle arriva à l'infirmerie, Mme Pomfresh, après un long moment de stupéfaction, dit d'une voix étranglée :
- Mlle Granger … Mais … que faites-vous ici ? On m'avait dit que vous reviendriez que la semaine prochaine au mieux !
- C'étaient nos plans effectivement, Mme Pomfresh. Mais, nous avons du en changer à cause de cela, dit-elle en pointant du doigt la main de Harry.
- Hermione, non …
- Harry, quelle que soit la raison invoquée, ce ne sont pas des choses acceptables de la part d'un … professeur grimaça-t-elle avec une moue de dégoût.
Mme Pomfresh avait défait le bandage de fortune qui entourait la main d'Harry et contemplait avec horreur ce qui était inscrit sur le dos de sa main.
- Qui vous a fait cela, M. Potter ?
- Le professeur Ombrage, marmonna Harry.
- Je vous demande pardon ?
- Elle m'a mis en retenue et j'ai du écrire des lignes avec sa plume à elle.
- Mais … mais … Quel genre de plume est-ce donc ?
- On n'a pas besoin d'encre, on écrit avec notre sang.
- Mais qu'avez-vous donc fait pour qu'elle vous inflige une telle retenue ?
- C'est la cinquième de la semaine, et j'ai simplement refusé de signer une déclaration qui avait été rédigée pour moi dans laquelle j'indiquais que j'avais vu le professeur Rogue contraindre à plusieurs reprises Hermione à la suivre dans ses appartements privés, et aussi qu'Hermione m'avait confiée que le même professeur l'avait violée à plusieurs reprises.
Hermione était soufflée de constater jusqu'à quel point Ombrage avait pu aller pour tenter d'assouvir sa soif de vengeance. Pendant ce temps, Mme Pomfresh déroulait les chiffons enroulés sur les mains de Ron et de Ginny pour y découvrir avec une rage croissante la même inscription que sur la main de Harry. Elle se dirigea d'un pas rapide vers son bureau pour y prendre les baumes adéquats. Elle pinçait les lèvres tandis qu'elle soignait les trois mains blessées.
- Je suis au regret de vous dire, jeunes gens, que vous garderez une cicatrice.
- Je sais, marmonna Harry, cela fait deux ans et demi que je l'avais déjà, cela ne changera pas grand chose pour moi …
- Quoi ? Cria Mme Pomfresh. Vous voulez me dire qu'elle a déjà fait cela lorsqu'elle était professeur ici ?
- Euh … oui, avoua Harry.
- Et puis-je savoir pourquoi vous n'êtes pas venu me voir à cette époque ? Comme après la première retenue cette semaine ?
Harry ne sut quoi répondre pour cette année. Lorsqu'il était en cinquième année, il en voulait à la terre entière parce que personne ne semblait vouloir le croire lorsqu'il disait que Voldemort était de retour. Seul Dumbledore le croyait, mais il l'évitait et n'avait pas compris pourquoi à cette époque. Et puis cette année, et bien, il n'avait pas voulu parler à Mme Pomfresh du papier d'Ombrage, de même que Ron et Ginny.
- On … on pensait pouvoir attendre le retour d'Hermione et de … Erwin, termina-t-il tout bas.
Mme Pomfresh haussa les yeux aux ciels, mais ne commenta pas.
- Allez manger tous les quatre maintenant, je vais aller parler au directeur.
- Mme Pomfresh, dit calmement Hermione, pourriez-vous attendre, disons, seize heures pour aller voir le directeur ? Je pense que ce sera la meilleure heure pour lui faire part de votre découverte.
- Vous n'allez pas être la seule à revenir aujourd'hui au château, n'est-ce pas Mlle Granger ?
- C'est bien possible, Mme Pomfresh. Mais nous tenons à un certain … effet de surprise …
- Allez vous réussir à nous débarrasser cette enquiquineuse, Mlle Granger ? Dit Mme Pomfresh en souriant.
- Moi ? Non, Mme Pomfresh ! Ce genre de besogne trouve bien plus sa place dans les mains d'un serpentard ! N'est-ce pas votre avis ?
Mme Pomfresh eut un large sourire à cette évocation. Elle avait toujours dit qu'elle n'aurait souhaité pour rien au monde être la cible du professeur Rogue, mais que le professeur Ombrage le soit, ma foi, cela risquait de se transformer en match à sens unique. Elle ne tiendrait pas deux heures face à lui. Elle était étonnée aussi de l'influence que pouvait avoir Hermione sur lui. Car elle se doutait bien que s'ils agissaient aussi vite, c'était que Hermione l'avait poussé à le faire au vu de ce qu'Ombrage avait fait à ses amis.
- Alors c'est entendu , Mlle Granger, je monterai voir le directeur à seize heures seulement.
- Une dernière chose, Mme Pomfresh, Erwin ne souhaite pas que je reprenne mes cours à plein temps au moins pendant deux semaine, enfin, il m'a extorqué la promesse de ne pas le faire, dit-elle entre ses dents serrées, alors pourriez-vous me donner un papier en ce sens sans me cloîtrer à l'infirmerie, s'il vous plait ?
- Et si je vous cloître à l'infirmerie ? La taquina Mme Pomfresh
- Et bien, je pense que vous vous expliquerez directement avec lui, ou alors il transformera l'un de vos lits en un lit deux places …
