Le silence se fit dans la grande salle alors qu'Hermione entrait encadrée de Harry et Ron. Ginny se tenait aux côtés de Harry. Elle ne s'arrêta pas, n'eut pas un instant d'hésitation et se dirigea vers la table des gryffondors. Elle ne jeta pas un œil à la table des professeurs. Elle ne voulait pas risquer de croiser ni les regards des deux lendorens présents, Malko et Filick, ni celui d'Ombrage. Elle devait tenter de se faire oublier jusqu'à quatre heures de l'après-midi, ainsi qu'elle l'avait dit à Harry, Ron et Ginny. Ils avaient prévu d'aller dans le parc dès la fin du déjeuner. Ils feraient un crochet pour aller chercher leurs affaires de classe et travailler dans le parc s'ils le pouvaient. Car les aspics étaient maintenant dans moins de deux mois.
Ginny avait profité aussi du trajet pour aller dans la grande salle pour lui faire part de certaines rumeurs qui courraient dans le château :
- Je préfère que tu les entendes de ma bouche, avait-elle dit, plutôt que d'entendre des rumeurs déformées et, amplifiées par les fidèles d'Ombrage depuis qu'elle est là, d'ailleurs.
- Parce qu'elle a encore des fidèles, s'insurgea Hermione
- Tous les serpentards sont à sa botte, comme il y a deux ans, Malfoy en tête, tu imagines bien !
- Bon, et c'est quoi encore ces rumeurs ?
- Elle fait courir le bruit qu'Erwin profitait des retenues qu'il infligeait à ses élèves pour … enfin …
- Pour quoi faire, Ginny ? Grinça Hermione entre ses dents, elle commençait à pressentir que la fin de la phrase n'allait pas lui faire plaisir du tout.
- Et bien, pour … profiter d'elles, termina-t-elle en chuchotant.
- Quoi ? Hurla Hermione.
- Ecoute Hermione, je suis certaine que c'est faux, mais il faudra peut-être aussi préparer sa défense là-dessus.
- Il a intérêt à en avoir une de défense, c'est moi qui te le dis !
Hermione sentait la jalousie lui étreindre le cœur. Elle ne voulait pas y croire, mais comme on dit, il n'y a pas de fumée sans feu …
Le message à faire passer était clair : Hermione revenait au château, mais seule, ce qui l'attristait profondément. Hermione leur avait confié rapidement que Severus allait tenter le tout pour le tout cet après-midi dans le bureau de Dumbledore, mais ils devraient attendre d'être à l'abri des regards indiscrets pour en savoir plus. Elle profita du déjeuner pour parler à Severus de la façon dont avançait leur plan :
- Erwin ?
- Ce n'est pas trop tôt, grogna-t-il en retour. Alors tu as vu Dumbledore et Pompom ?
- Oui, je vais bien Erwin. Oui, je te remercie, j'ai été bien accueillie par les élèves de ma maison. Tes serpentards, par contre, si leurs yeux pouvaient lancer des avada kedavra, j'aurais fort à faire avec mon bouclier !
- Hermione ! Quand vas-tu me donner les éléments importants ?
- Mais c'est important pour moi tout cela ! Et encore plus les rumeurs qui courent dans Poudlard !
- Ah non ! Tu ne vas pas me dire que tu commences à t'intéresser aux rumeurs ! Oh, et puis fais ce que tu veux après, mais pour l'instant, réponds à ma question : as-tu vu oui ou non Dumbledore et Pompom ? Leur as-tu fait passer le message ?
- Oui et oui, répondit Hermione glaciale. Maintenant je vais tout de même te faire part d'une rumeur qui court ici, car elle te concerne directement et que l'immonde crapaud te la balancera sûrement cet après-midi quand vous vous verrez.
- Et au ton de ta voix, tu m'en veux en prime ?
- Penses-tu ! J'adore apprendre que tu aurais mis, toujours selon la rumeur bien entendu, la moitié des filles de sixième et de septième année dans ton lit depuis le début de l'année …
- Hein ? Hurla Severus. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
- Il paraît que tu profites des retenues …
- Hermione, ça suffit maintenant. Oui j'ai été aguiché plus souvent que les années précédentes car j'avais repris mon apparence de lendoren. Mais non, depuis que tu as eu tes dix-sept ans, je n'ai été attiré par personne d'autre que toi, c'est clair ? Et je te signale au passage que toutes celles qui ont agi pour que je leur colle une retenue ont été la faire avec Rusard, vu ? Hermione, tu me réponds mon cœur ? Ou il faut que je transplane directement dans la grande salle pour te convaincre ?
- Non, répliqua Hermione affolée, surtout ne fais pas cela. C'est juste que … je ne m'attendais pas à cela … et … c'est vrai ?
- Tout ce que je t'ai dit est vrai mon cœur ! Je n'ai pas vécu comme un moine, comme tu peux t'en douter, jusqu'à tes dix-sept ans, mais depuis, tu es la seule avec qui j'ai fait l'amour. Je ne peux pas te le dire plus clairement, il me semble ?
Hermione sentait la jalousie refluer, et sans rien dire, laissait Erwin sentir ses émotions de peur, de regret de s'être laissée piégée ainsi par de simples rumeurs … Severus ne lui répondit pas plus, mais lui envoya des vagues d'amour et de compréhension. Il était nettement plus doué pour lui faire sentir l'ensemble de son amour que pour lui dire verbalement, même dans leur lien.
Hermione quitta la grande salle avec Harry, Ginny et Ron et, après un rapide crochet par la tour des Gryffondors, ils s'installèrent un peu à l'écart dans le parc. Hermione contemplait horrifiée les ravages dus au dictateur, car si les cachots avaient rapidement être nettoyés, l'aile des Serdaigles n'avait encore recouvré que la moitié de sa hauteur originelle. Elle se sentait encore faible et bien que Harry et Ron lui aient pris les cours qui l'intéressaient, elle ferma rapidement les yeux. Elle se sentait en sécurité entourée par ses amis. Avec un peu de chance, Severus la réveillerait pour qu'elle assiste au départ d'Ombrage.
De son côté, Severus transplana directement dans le bureau de Dumbledore à deux heures de l'après-midi. En effet, une partie de la réussite de leur plan tenait au bon vouloir du directeur malgré tout. Celui-ci sursauta légèrement en compagnie du professeur Mac Gonagall lorsqu'ils entendirent le pop du transplanage, mais ses lèvres s'étirèrent en un franc sourire lorsqu'il reconnu son ancien professeur de potions, puisque tel était son statut maintenant.
- Severus, lui dit-il cordialement, j'avoue que je ne vous attendais que dans deux heures …
- Hermione n'a pas eu le temps de tout vous dire alors ?
- Nous avons été rapidement interrompus par l'arrivée de Mme Ombrage, elle a juste eu le temps de me demander la venue du ministre de la magie et de cette dernière à seize heures. C'est pour cela que je pensais que vous ne viendriez qu'à cette heure là. Mais d'abord comment allez-vous tous les deux ?
- Hermione aurait mérité une bonne semaine, voire deux, de repos supplémentaire, mais hélas, les évènements se sont un peu précipité cette semaine, et me voici en train de voler au secours de Potter ! Je vous jure, c'est le monde à l'envers cette fois-ci !
Les visages de Dumbledore et du professeur Mac Gonagall s'étaient refermés à cette évocation, malgré le trait d'humour de Severus. Savoir qu'un professeur se permettait ce genre de chose dans l'enceinte du château, d'autant que d'après Mme Pomfresh, il s'agissait de la seconde fois pour Harry … Ils étaient outrés et le professeur Mac Gonagall avait refusé d'adresser la parole à son homologue pendant le déjeuner. Elle avait fait la sourde oreille, tout simplement.
- Qu'avez-vous en tête Severus ? Demanda Dumbledore. Et êtes-vous complètement remis ?
- J'ai plus récupéré qu'elle pour l'instant, mais elle a tout de même deux semaines de retard sur moi, donc c'est assez logique. Finalement, elle n'est réveillée que depuis une semaine à peine, c'est pour cela que j'ai réussi à lui extorquer la promesse d'aller voir Pompom pour bénéficier d'un rythme de cours allégé, au moins pendant deux semaines. Je l'aiderai à rattraper son retard. Maintenant, pour ce que j'ai en tête, Albus, cela dépend de l'aide que vous nous accorderez …
- Mon cher Severus, sauf si vous me demandez de faire les pieds aux murs car j'en ai définitivement passé l'âge, mon aide vous aide toute acquise à vous deux, ainsi qu'à Harry, Ron et Ginny. Je trouve totalement anormal le traitement qui vous attend alors que vous nous avez tout simplement sauvé. Il y a tout de même des circonstances où on peut oublier le règlement deux minutes pour se concentrer sur l'essentiel. Alors, dites nous en plus.
Le ministre arriva à l'heure demandée par Dumbledore. Il ne connaissait pas la raison de cette demande, mais après la chute de Voldemort, le ministre était tout de même reconnaissant au directeur pour le travail accompli. Car malgré tout, les pertes étaient moins considérables qu'on aurait pu imaginer, Poudlard était debout et les lendoren le reconstruisait, ce qui n'occasionnait presque aucun frais au ministère, ce qui réjouissait toujours le ministre. Le seul point de dispute était les poursuites dont faisait état le professeur Rogue. Le vieux directeur prenait cela très à cœur, lui, personnellement, le ministre n'avait pas d'état d'âme. Si Dolores Ombrage estimait qu'il y avait matière à poursuite, et bien que le département de la justice statue et rende son verdict. Après tout, maintenant, personne n'en avait plus besoin de ce professeur, non ? Alors s'il devait finir ses jours à Azkaban, quelle importance ?
Il fut surpris en arrivant de constater que non seulement le directeur l'attendait, mais le professeur Mac Gonagall, l'infirmière Mme Pomfresh, également, et cette chère Dolores Ombrage qui n'avait pas hésité un seul instant à abandonner ses importants travaux au ministère pour venir à nouveau enseigner ici, à Poudlard, alors qu'elle y avait été fort mal traitée deux ans auparavant. Après les salutations d'usage, le ministre prit une voix joviale pour demander à Dumbledore :
- Alors, mon cher Dumbledore, comment se porte la reconstruction de Poudlard ?
- Nous avons un souci, monsieur le ministre.
- Un souci ? De quel ordre ? Je croyais que tous les lendorens vous aidaient dans cette tâche ?
- Ils ne m'aident pas monsieur le ministre, ils font, à eux seuls, la reconstruction, précisa Dumbledore d'une voix froide. Et ils décident seuls, du personnel à affecter à cette tâche. Et ils viennent de m'informer qu'ils n'ont personne de disponible pour remonter environ cinq charmes du château : le bouclier anti-transplanage, l'incartable à cette taille, l'invisibilité pour les moldus, toujours pour cette taille, ainsi que deux autres qui permettent à Pourdlard de rester solidement ancré sur le sol au lieu que le lac vienne petit à petit saper les fondations.
- Mais, ils doivent faire venir les personnes capables de remonter ces charmes, s'insurgea le ministre, c'est leur devoir !
- Je pense qu'ils ont payé déjà très cher leur devoir, répliqua Dumbledore glacial, ils ont perdu le tiers de la communauté dans ce combat, ce dont ne peut pas se vanter le ministère qui s'est montré brillant par son absence ce soir là …
- Hum, hum, toussota Ombrage, si je puis me permettre monsieur le directeur, dit-elle d'un ton mielleux, si vous aviez prévenu le ministère de cette attaque, nous aurions été tout disposé à venir en aide à Poudlard.
- Mais je l'ai fait, Mme Ombrage, n'est-ce pas monsieur le ministre ?
